La Négation du Génocide Arménien sur Internet
Par Gilles Karmasyn
Revue d’histoire de la Shoah, no 177-178, janvier-août 2003
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II. Le Web (suite)
C. Sites communautaires et culturels : la négation normalisée.
Il existe de nombreux sites dont le thème est la Turquie, l’actualité et la culture turques. D’autres part, toutes les communautés turques du monde disposent, dès qu’elles sont organisées, de sites Web. Ces sites font systématiquement une place importante à la propagande négationniste. Outre des liens systématiques vers les sites déjà évoqués, les textes sont reproduits et traduits dans les langues de chaque pays où la communauté responsable du site s’est installée.
« Turkes, the voice of Turks »99 est un exemple typique de site Web exhaustif sur la Turquie : actualité politique et sportive, tourisme, santé, histoire, géographie, il s’agit d’un véritable « portail » thématique et international : des pages en français et en allemand sont également disponibles. Dès l’écran d’accueil, les pages niant la réalité du génocide des Arméniens et glosant sur la culpabilité arménienne sont proposées. Sont traités également les sujets kurdes, grecs et chypriotes... On ne sera pas surpris de retrouver le même responsable que pour « Armenian Reality »100... « Turkish Forum » se présente comme l’émanation d’une organisation à but non-lucratif destinée à promouvoir une meilleure compréhension de la république turque et à éclairer l’histoire turque. En pratique, négationnisme et propagandes sur les problèmes kurdes, grecs et chypriotes constituent le plus gros du matériel disponible sur ce site. L’Australian-Turkish Media Group se présente comme une association australienne « à but non lucratif visant à diffuser des informations historiques et culturelles exactes sur la Turquie »101. La première page propose l’habituelle section négationniste. On retrouve les thèmes déjà passés en revue. The Federation Of Canadian Turkish Associations s’est elle aussi dotée d’un site Web102. Elle ne fait pas l’économie d’une section négationniste intitulée « Armenian Issue », proposant deux ensembles de pages, « Armenian forgeries and allegations » et « Perpetuating the Genocide Myth », dont une version pdf est téléchargeable103, sans compter les liens vers les sites négationnistes officiels ou non, déjà cités. The Assembly of Turkish Student Associations in Washington, DC dispose d’un site Web104 doté d’une modeste section négationniste. « Ottoman Souvenir »105 se veut un site par excellence culturelle. Dès la page d’accueil sont proposés les textes négationnistes habituels, notamment une version française des « Allégations arméniennes ». Ce multilinguisme obligé est d’ailleurs caractéristique. Il s’agit de ratisser le plus large possible. On pourrait continuer la liste. Nous nous contenterons d’évoquer un dernier site associatif fédérateur.
Cinquante-quatre associations communautaires turques américaines se sont rassemblées en une association, l’Assembly of Turkish-American Association, dotée d’un site Web106. Dès la page d’accueil, une section « référence » propose le matériel négationniste, qualifiant de « fabrications » documents et témoignages sur le génocide. On y trouve de nombreux textes de Justin McCarthy, dont ses toutes dernières productions, comme une conférence prononcée en 2002 à l’université de Yeditepe d’Istanbul. Intitulée « The First Shot », cette conférence multiplie ad nauseam le motif selon lesquels les Arméniens auraient toujours été les agresseurs (depuis 1796!) et que, si victimes arméniennes il y eut, ce fut à cause des Arméniens107. La dernière phrase de cette conférence est « The guilt is on their heads ». Elle est reproduite sur plusieurs autres sites Web concernant la Turquie108. On trouve également une compilation intitulée « The Armenian Issue Revisited ». Des textes d’auteurs tels que Stanford Shaw, Justin McCarthy, Turkkaya Ataöv, Salahi R. Sonyel, en constituent la matière. Au final, ce sont les Turcs qui ont été victimes d’un génocide : une page s’intitule « Millions of Turks massacred by Armenians »109. Le chiffre avancé est de trois millions... L’expression associative ou culturelle turque semble décidément passer systématiquement par le négationnisme.
D. Sites spécifiquement francophones: négationnisme militant.
Il existe de nombreux sites mineurs, en général des pages « personnelles » traitant de la Turquie et de la culture turque. Elles sont animées par des francophones d’origine turque ou des personnes s’étant découvert une passion pour la Turquie. La grande majorité de ces pages mineures ne contient généralement pas de matériel négationniste, mais renvoie très souvent aux sites officiels déjà cités ainsi qu’aux quatres grands sites francophones sur la Turquie : « Bleu Blanc Turc »110, « Ataturquie »111, « Tête de Turc »112 et « Amoureux de la Turquie »113.
« Bleu Blanc Turc, le site franco-turc » mérite d’être mentionné : le contenu rédactionnel ne contient pas l’habituelle rhétorique négationniste des sites culturels d’envergure. On constatera cependant que la mention des mots « Arméniens » ou « Arménie » est quasiment absente. Par ailleurs, les sections de liens renvoient vers des sites dont la raison d’être est uniquement ou fortement le négationnisme. Une section « Sujets politiques » renvoie à « Amoureux de la Turquie », dont une partie est consacrée à la négation du génocide et surtout à « Tête de Turc », site entièrement négationniste. Ce caractère négationniste du site n’est signalé que sous une forme très édulcorée puisque la description fournie est la suivante : « Les critiques dont la Turquie fait l’objet sont souvent infondées, et pour certaines, non dénuées de préjugés racistes ou de mauvaise foi. www.tetedeturc.com se propose de répondre à ces attaques, avec recul et objectivité ». Les responsables de « Bleu Blanc Turc » adhèrent à la rhétorique négationniste, sans la fournir directement.
Le site « Ataturquie » procède différemment. Il est l’émanation d’une « association socioculturelle » du même nom, fondée en 1989, ayant pignon sur rue et multipliant les liens avec des institutions culturelles ou administratives françaises114. Il s’agit d’un site très important, à la mesure de l’association, comportant plusieurs milliers de pages. Si le site existe depuis 1999, une section sur la « Question arméniennes » n’a été ouverte qu’en 2001, au sein des pages « informations ». La plupart des textes présentés déplorent les différentes reconnaissances officielles du génocide des Arméniens. Une large place est faite à la critique des actions individuelles de personnes luttant parfois très maladroitement contre le négationnisme, cette lutte étant assimilée à de la « censure ». Si l’on peut lire un article paru dans Libération115 plutôt « progressiste », la rhétorique incline nettement vers le négationnisme, notamment avec la traduction française d’un texte de Türkkaya Ataöv, La question Arménienne, Conflit, Traumatisme et Objectivité, évidemment disponible en anglais sur le site du ministère des affaires étrangères turc. Cette traduction semble avoir été effectuée par un membre d’« Ataturquie » puisqu’elle n’est pas disponible sur le site du ministère des affaires étrangères. De plus, des liens conduisent vers « Tête de Turc », site avant tout négationniste. La démarche négationniste est donc assumée, mais marginale dans la mission du site : à la négation du génocide des Arméniens sont consacrées « seulement » une vingtaine de pages Web dont l’accès n’est pas présenté en priorité.
En revanche, la raison d’être du site « Tête de Turc » est uniquement la propagande politique pro-turque et négationniste. Il a été créé en 2000 par une équipe anonyme « composé[e] de Franco-Turcs, Français, et Turcs de France, Belgique, Suisse et Turquie. Des enseignants, des journalistes, des cadres d’entreprise, un médecin et des étudiants forment ce groupe d’une dizaine d’amis de la Turquie »116. Les auteurs se disent bien sûr « apolitiques » et motivés par la seule rectification des préjugés anti-turcs. Ce faisant, ils prétendent procéder « avec recul et objectivité ». Le film Midnight Express est décortiqué, et critiqué. On trouve des sections sur le PKK, Chypre et la Grèce. Mais le matériel le plus important est consacré à la négation du génocide des Arméniens : plus du tiers du site117. L’accès à la section « La question arménienne » fait apparaître un message que l’internaute doit valider pour aller plus avant : « Halte à la négation des atrocités commises par les Arméniens ». Une fois le message validé, un bandeau défile avec le message suivant : « Justice et Vérité pour le peuple turc ! Halte à la falsification de l’Histoire ! »118. Une page propose une liste « des campagnes contre le négationnisme et le révisionnisme arméniens ». Un ensemble de textes répétitifs déclinent les thèmes connus : contestation de la qualification de « génocide » des massacres d’Arméniens, minimisation du nombre de victimes (trois cent mille119), remise en cause des témoignages, accusations diverses contre les Arméniens, relevé minutieux de toutes les mauvaises actions arméniennes, réelles ou non, liste de tous les états, personnalités, ou institutions ayant refusé de reconnaître le génocide des Arméniens. Les affaires négationnistes françaises sont mises à profit. Gilles Veinstein y est présenté ainsi aux cotés de Bernard Lewis : « 2 grands historiens réfutent publiquement la thèse arménienne : Bernard Lewis et Gilles Veinstein ». Chacun fait l’objet d’une très longue page qui reprend les propos à l’origine de leur affaire respective120 et fournit des articles publiés pour la défense des deux turcologues. De nombreux articles critiques sur la reconnaissance du génocide des Arméniens par le parlement français sont également reproduits. On trouve notamment un article de Pascal Boniface, Directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, contenant un propos hallucinant : « Que de 300 000 à 1,5 million de personnes, selon les estimations controversées121 de la partie arménienne ou turque, aient été tués en 1915 par l’armée ottomane (et des éléments kurdes) est un fait historique incontestable »122. Le caractère génocidaire des massacres est explicitement mis en doute123. La notion de « fait historique incontestable » acquiert une élasticité qu’on ne lui soupçonnait pas. La nature de l’article de Pascal Boniface se déduit à l’aune de l’enthousiasme qu’il déclenche chez les négationnistes. Parmi la masse de textes proposés, figurent, reproduits intégralement, des textes négationnistes de Heath Lowry124 et Türkkaya Ataöv125. On notera également un opuscule de Pierre Loti, Les Massacres d’Arménie, « vibrant plaidoyer de Pierre Loti en faveur de ses amis les Turcs »126. Il s’agit en l’occurrence de la plaquette de 1918 et non de l’ouvrage de 1898127. Turcophile enthousiaste depuis son voyage en Turquie en 1877128, Pierre Loti y fait véritablement œuvre de négationnisme129. On notera également des développements, déjà rencontrés sur d’autres sites, « dénonçant » l’antisémitisme arménien130. « Tête de Turc » est le site négationniste francophone par excellence vers lequel renvoient hélas de nombreux sites Web francophones sur la Turquie131.
Dernier site culturel sur la Turquie, « Amoureux de la Turquie » a ceci de particulier qu’il s’agit d’un site personnel, mis en place par un passionné authentique, Reynald Beaufor132, par ailleurs membre d’Ataturquie : « La Turquie par un amoureux du pays et surtout de ses habitants ». Le site propose une centaine de pages de rédactionnel présentant, entre autres, culture, cuisine, géographie, langue, et histoire turques. Malheureusement les sections « Actualité » et « Point de vue » ternissent le tableau. La rubrique « Actualité » met notamment en ligne des articles critiques à l’égard de la reconnaissance officielle du génocide des Arméniens. On y trouve, par exemple, l’article de Pascal Boniface cité plus haut. La lecture de la page « Notre charte » qui condamne le terrorisme et le racisme et fait l’apologie de la liberté d’expression et de « l’Histoire [qui] est la recherche de faits objectifs à partir des documents disponibles de toutes origines, elle n’est pas une science exacte et se prête peu aux certitudes »133, indique que la question du génocide des Arméniens préoccupe beaucoup l’auteur du site. L’avant-propos, qui commence par « Une injuste mauvaise réputation », montre combien la défense de la réputation de la Turquie tient à cœur à Reynald Beaufor. La section « Points de vue » s’attache à cette défense. Midnight Express s’y voit critiqué, la question kurde traitée, les relations avec les Grecs effleurées (on annonce un traitement de la question chypriote), et évidemment le génocide des Arméniens nié, dans la ligne turque la plus officielle. La page consacrée aux « massacres » dont « personne ne nie la réalité » inclut de nombreuses déclarations de bonnes intentions, d’invitation à faire preuve d’esprit critique, prétend ne contester « que » la qualification de génocide, mais s’aligne en réalité sur la rhétorique négationniste de l’historiographie turque : guerre civile avec responsabilité arménienne, crimes arméniens, insistance sur les victimes turques, minimisation du nombre de victimes arméniennes (avec reprise des chiffres de McCarthy), etc.134 Par ailleurs, la page des liens renvoie au site négationniste « Tête de Turc ». La motivation avant tout turcophile de l’adhésion de Reynald Beaufor à la rhétorique négationniste apparaît à la lecture d’une page de présentation personnelle135. On y retrouve un motif présent chez Stanford Shaw et Pierre Loti : une compagne, ou une histoire d’amour avec une femme, turque ou d’origine turque. Quand Eros suscite la dissimulation de Thanatos...
Par le jeu des liens, presque tous les sites traitant de la Turquie mènent aux grands sites Web négationnistes. Des milliers de pages Web sont ainsi liées à ces sites, lesquels se renvoient les uns aux autres, tissant une toile de mensonge et de négation. Malheureusement, le négationnisme n’est pas cantonné à des sites explicitement pro-turcs. De nombreux sites Web usent d’euphémismes ou de formules « prudentes » pour désigner le génocide des Arméniens136. Qu’un site Web comme celui de « Human Right Watch » use de précautions pour désigner les massacres des Arméniens et suggérer qu’il y aurait deux thèses en présence fut pour l’auteur objet de surprise et d’indignation137. Il ne s’agit pas d’un cas isolé138.
E. Listes de discussion et forums sur les sites Web.
« Lieux » d’expression non encore évoqués, les listes de discussion139 et les forums hébergés sur des sites Web présentent deux modes d’expression moins visibles ou moins persistants. Ils sont également à l’occasion utilisés pour diffuser une propagande négationniste. Justin McCarthy et Stanford Shaw sont des contributeurs réguliers de la liste de discussion H-Turk140, hébergée par H-Net, un réseau de listes de discussion historiques141. H-Turk est évidemment un lieu où s’exprime la rhétorique négationniste turque sous sa forme « savante », bien qu’à une fréquence non soutenue. On pourra mentionner la tentative de Stanford Shaw d’intervenir sur une liste consacrée aux génocides, H-Genocide142. En 2001 Stanford Shaw y a publié des articles où il usait, plus ou moins implicitement, d’une rhétorique négationniste. Le fait que ce turcologue, dont le domaine de compétence n’est pas l’étude des génocides, ait jugé pertinent de s’abonner et de participer à la liste H-Genocide relève non d’une démarche universitaire, mais d’une volonté d’« entrisme » et de propagande dans la mesure où il savait parfaitement que le génocide des Arméniens serait un des sujets discutés. Ce fut bien le sujet qu’il (mal)traita.
Le cas des forums de discussion hébergés sur des sites Web143, aujourd’hui très répandus, présente une difficulté de diagnostic. Contrairement aux forums Usenet, il n’existe pas de système d’archives centralisées de ces forums et les articles qui y sont postés ne sont pas forcément conservés ni même indexés par les grands moteurs de recherche. Certains des sites évoqués plus haut proposent des forums où le sujet du génocide des Arméniens n’est jamais abordé que sous l’angle négationniste. Le risque d’une rhétorique négationniste apparaît dès lors qu’un forum sur la Turquie ou l’Arménie existe144. Nous nous contenterons d’évoquer le cas du site Netarmenie, grand site francophone sur la culture et la diaspora arméniennes145. Netarmenie offre un ensemble de forums de discussions qui sont très régulièrement pollués par la rhétorique négationniste d’intervenants postant leurs articles sous pseudonymes. Ce sont évidemment des copier/coller de textes déjà maintes fois mentionnés qui sont reproduits dans ces articles. La reproduction sur des forums de textes négationnistes recopiés sur le Web est monnaie courante dès que la question du génocide des Arméniens est évoquée sur un forum de discussion où sont susceptibles d’intervenir des internautes turcophiles.
F. Annuaires et moteurs de recherche.
Il existe deux types d’outils pour trouver de l’information sur le Web : les annuaires et les moteurs de recherche. Parfois une même société offrira les deux services. Les annuaires sont des services, sous forme de pages Web, répertoriant, par catégories, les sites Web les plus intéressants146. Le plus représentatif, et le plus ancien, de tous les annuaires est Yahoo. Les principaux annuaires offrent des services « nationaux ». Ainsi, Yahoo offre une version américaine, une anglaise, une allemande, une française147. Si la section sur le génocide des Arméniens de la version française n’offre pas de surprise, son équivalent américain propose un lien vers le site négationniste « Turkish forum », sans aucun avertissement. On se félicitera néanmoins que la section histoire concernant la Turquie renvoie à la section sur le génocide des Arméniens. On retrouvera dans les annuaires les sites francophones sur la Turquie non spécifiquement négationnistes, vus plus haut, mais proposant souvent une section ou des liens négationnistes. Le Web Directory de Google mentionne « Tête de Turc » dans les liens politiques pour la France. Dans la mesure où de nombreux sites reproduisent cette catégorie, le lien vers « Tête de Turc » se retrouve autant de fois... Plus scandaleux encore, la section « génocide arménien » de Lycos148 a longtemps proposé trois sites, dont le site de Reynald Beaufor, présenté ainsi : « Certains Turcs ne veulent pas reconnaître le mal fait au peuple arménien. Ici, la parole leur est donnée ». Dans la mesure où les annuaires sont le résultat d’un choix éditorial, on reste pantois devant la décision explicite de donner accès à la propagande négationniste.
Cependant, les annuaires ne constituent pas la méthode la plus utilisée pour chercher de l’information sur le Web. La plupart des internautes utilisent des moteurs de recherche149; cette catégorie d’outils est le principal instrument de propagation potentielle du négationnisme. Dans le cas de la négation de la Shoah, la situation était, à la fin de l’année 2000, catastrophique150. Les recherches sur la Shoah aboutissaient sur une majorité de sites négationnistes151. Dans le cas de recherches sur le génocide des Arméniens, le constat, s’il n’est pas catastrophique, demeure scandaleux : les sites négationnistes sont en bonne place, dans les résultats. C’est le cas avec les versions françaises et américaines de Google, le moteur de recherche le plus utilisé152. Les résultats sur Voilà sont moins mauvais, mais des sites négationnistes apparaissent dès les premières réponses153. Le même constat peut être fait sur d’autres moteurs de recherche154. On notera que certaines expressions comme « question arménienne » ou « 24 avril 1915 » ramènent systématiquement des sites négationnistes. Il existe une forte probabilité pour qu’un internaute candide, désireux de trouver des informations sur le génocide des Arméniens, aboutisse sur des sites négationnistes, même si ceux-ci sont généralement proposés en moins bonne place que dans le cas de recherches sur la Shoah.
Notes.
99. http://www.turkses.com/
100. Macit Karacay
comme l’indique une recherche sur « whois ». 101. http://www.atmg.org/
102. http://www.canturkfed.org/
103. Il s’agit d’un recueil de textes dont des contributions de Justin McCarthy et Stanford Shaw.
104. http://www.atsadc.org/f_issues.html
105. http://www.ottomansouvenir.com/
106. http://www.ataa.org/
107. Une historiographie abondante, déjà citée, permet évidemment de démonter ce retournement d’accusation. On ne peut que citer de nouveau l’excellente étude de Vahakn N. Dadrian, « The Armenian Question and the Wartime Fate of the Armenians as Documented by the Officials of the Ottoman Empire’s World War I Allies: Germany and Austro-Hungary », International Journal of Middle East Studies vol. 34, no. 1, février 2002.
108. theturkishtimes, turkishpress, turkishforum. On peut s’attendre à ce que ce texte soit disséminé de plus en plus largement, comme d’autres textes récents de McCarthy.
109. http://www.ataa.org/spotlight/r_pars_may4.html
110. http://www.bleublancturc.com/
111. http://www.ataturquie.asso.fr/
112. http://www.tetedeturc.com/
113. http://www.turquiefrance.org/.
114. http://www.ataturquie.asso.fr/presentation.htm
115. Ahmet Insel, « Ne nions pas la douleur arménienne », Libération, 05/02/2001.
116. http://www.tetedeturc.com/Auteurs.htm. La déclaration du nom de domaine « tetedeturc.com » a évidemment été faite sous une fausse identité.
117. 201 pages sur les 536 que compte le site, à la date de la rédaction du présent article.
118. http://www.tetedeturc.com/Armenien/La%20q-armenienne.htm. Sur la même page figure un deuxième bandeau où défile le message « Halte au révisionnisme arménien ».
119. Ibid. Le chiffre de 3 millions de victimes turques est cité en comparaison. Dans une autre page (http://www.tetedeturc.com/Armenien/Nombrevictimes.htm) ce sont les chiffres du pamphlet turc de 1982 (voir note 72) qui sont donnés ainsi que ceux de Justin McCarthy (voir note 46). Le site prétend épingler les variations dans les évaluations du nombre de victimes arméniennes et présente des chiffres qui vont du simple au double...
120. Déclarations (« courageuses » selon le qualificatif de « Tête de Turc ») des 16 novembre 1993 et 1er janvier 1994 dans le Monde pour Bernard Lewis, article de l’Histoire n°187, avril 1995 pour Gilles Veinstein. Bernard Lewis a apparemment repris ses propos sur une chaîne américaine en mars 2002, ce dont le site se fait évidemment l’écho. Sur ces affaires, voir notes 17 et 19.
121. C’est moi qui souligne.
122. « Une diplomatie sous influence », Le Figaro, vendredi 26 janvier 2001.
123. Prétendre qu’il y a « controverse » sans rappeler qu’il y a négationnisme de la part de la Turquie relève du silence complice, puisque ce silence suggère que la « controverse » n’est pas tranchée. Pire, Pascal Boniface écrit « II s’agit, pour le moins, d’un massacre et, s’il est avéré qu’il a été effectué en application d’un plan centralisé et organisé par Istanbul, d’un génocide ». A lire Pascal Boniface, il ne serait pas avéré que l’extermination des Arméniens ait été décidée, ce qui laisse pantois tout lecteur de bonne foi qui a fait l’effort de s’informer. On admirera aussi le scénario potentiel où la volonté d’extermination serait avérée, mais où le bilan pourrait n’être que de trois cent mille victimes — on reconnait l’estimation scandaleuse de Stanford Shaw —, puisque c’est un chiffre que Pascal Boniface considère comme potentiellement légitime... Par ailleurs on aura remarqué que Pascal Boniface ne maîtrise décidément pas son sujet puisque les massacres, selon son vocabulaire, seraient limités à la seule année 1915.
124. Il s’agit en l’occurrence de l’ouvrage contestant l’authenticité des mémoires de Henry Morgenthau. Voir note 71, ainsi que 18 et 26.
125. Il s’agit du texte que l’on trouve également sur le site « Ataturquie », La question Arménienne, Conflit, Traumatisme et Objectivité, ainsi que d’une variante du pamphlet 9 questions/9 réponses, cette fois intitulé 8 questions/8 réponses.
126. http://www.tetedeturc.com/Armenien/Loti.htm
127. Les deux portent le même titre, mais le premier, paru en 1898 chez Calmann-Lévy est un ouvrage de plus de 240 pages comportant de violentes charges anti-arméniennes, tandis que le second paru en 1918 est une plaquette de 41 pages.
128. Il y avait vécu une passion amoureuse dont il tira un roman en 1879, Aziyadé.
129. Dans Les Massacres d’Arménie, Loti se défoule sur les Arméniens « funestes et hypocrites délateurs ». Il précise : « Je prétends toutefois que le récit de leurs tueries a toujours été follement exagéré et les détails, enlaidis à plaisir » (p. 22). C’est la troisième fois qu’il prend la plume pour défendre les Turcs. En 1913, il publiait, Turquie agonisante. Son premier Massacres d’Arménie de 1898 était tout simplement une charge raciste anti-arménienne. On remarquera évidemment que Loti, dès lors qu’il minimise les souffrances arméniennes devient « un observateur avisé » quand les nombreux témoignages des personnels diplomatiques sont balayés d’un revers de main...
130. Dans le même temps, des militants pro-palestiniens s’évertuent à montrer à quel point les Juifs en général ou Israël en particulier sont hostiles, ou au mieux indifférents, au sort des Arméniens. On peut être pris de vertige en réalisant que les militants turcophiles et palestinophiles tentent de monter l’une contre l’autre deux communautés par génocides interposés... La stratégie est complétée par des tentatives de présenter le comportement de la Turquie pendant la Seconde guerre mondiale sous le jour le plus favorable possible quitte à forcer le trait. C’est par exemple Stanford Shaw qui s’est attelé à cette tâche dans Turkey and the Holocaust : Tyurkey’s Role in Rescuing Turkish and European Jewry from Nazi Persecution, 1933-1945, New York University Press, 1993. Voir à ce sujet Rouben Paul Adalian, « The Ramifications in the United States of the 1995 French Court Decision on the Denial of the Armenian Genocide and Princeton University », Revue du monde arménien moderne et contemporain tome 3, 1997, p. 105-107.
131. http://turquie.ovh.org, http://muhammet.free.fr/francais.htm, mais aussi « Ataturquie » et « Bleu Blanc Turc »,
132. Le site a plusieurs adresses, http://www.turquiefrance.org/, http://rbeaufor.club.fr/, http://perso.club-internet.fr/rbeaufor/, et, obsolète depuis 2004, http://membres.lycos.fr/rbeaufor/ (initialement multimania).
133. http://www.turquiefrance.org/notre_charte.htm
134. http://www.turquiefrance.org/armeniens.htm
135. http://www.turquiefrance.org/auteur.html
136. L’Encyclopédie Hachette Multimédia, un moment reproduite gratuitement sur yahoo.fr évoque le génocide des Arméniens en des termes plus ou moins prudents: « la Turquie, qui conservait une grande partie de l’Arménie, s’y livra à de terribles massacres, surtout en 1894-1896 et en 1915-1916. » (http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/a/a0005706_p0.html), ou « L’analyse des documents historiques a montré que sur les 2 100 000 Arméniens vivant dans l’Empire ottoman, 1 000 000 ont été massacrés » (http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/cl/cl_731_p0.html). Le mot « génocide » n’apparaît que pour décrire des massacres commis par les « Les Kurdes et les bachi-bouzouks » en 1865...
137. http://www.hrw.org/reports/1999/turkey/turkey993-07.htm
138. Par exemple, sur le site Web de la bibliothèque d’une université de Virginie, une page est consacrée aux génocides. Le génocide arménien y est traité en deux parties : ”Armenian presentation“, ”Turkish presentation“ qui donne une liste de ressources négationnistes turques. : http://www.lib.vt.edu/subjects/slav/genocide.html
139. Mode de communication de groupe sur l’Internet utilisant le courrier électronique. Tout participant d’une telle liste envoie ses communications par courrier électronique vers une adresse générique qui rediffuse immédiatement ces textes vers les boîtes aux lettres personnelles de tous les inscrits sur cette liste. De telles listes peuvent concerner des centaines, voire plus, de membres. L’inscription peut être libre et automatique, ou avoir à passer par un gestionnaire (humain) qui peut accepter ou refuser la demande. Certaines de ces listes peuvent avoir un statut public (lisibles par tous). Certaines listes ont des archives consultables sur le Web.
140. http://www.h-net.msu.edu/~turk/
141. http://www.h-net.msu.edu/
142. La liste est présentée sur une page spécifique : http://www.h-net.msu.edu/~genocide/
143. Ces forums nécessitent d’aller sur les sites Web qui les hébergent.
144. Il en existe sur les principaux « portails », Caramail ou Yahoo.
145. http://www.netarmenie.com/
146. On en trouvera la liste sur http://www.abondance.com/
147. www.yahoo.com, uk.yahoo.com, de.yahoo.com , www.yahoo.fr
148. http://www.lycos.fr/dir/Sciences_humaines/Histoire/Grands_evenements/Genocide_armenien/ Une des versions du site de Reynald Beaufor fut longtemps hébergée par Lycos : http://membres.lycos.fr/rbeaufor/. En 2005, ce n’était plus le cas, et le site de Reynald Beaufor n’était plus proposé par l’annuaire de Lycos.
149. On en trouvera la liste sur http://www.abondance.com/ Les principaux sont sur google.com, voilà.fr, aol.fr. msn.fr.
150. Voir Gilles Karmasyn et alii, « Le négationnisme sur Internet », op. cit., p. 53.
151. Si la situation s’est un peu améliorée ces derniers mois, un très grand nombre de sites négationnistes apparaissent toujours dans les premières places des grands moteurs de recherche.
152. Recherches effectuées en novembre 2002 avec les expressions « génocide arménien », « génocide des arméniens », « massacres des arméniens », « question arménienne », sur http://www.google.com/ et http://www.google.fr/ qui concentrent plus de 50% des recherches sur l’Internet francophone.
154. Altavista, MSN, AOL : , http://www.msn.fr/, http://www.aol.fr/
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14/01/2005