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LES PREUVESLa première preuve est que Kramer parle dans ses seconds aveux de 86 corps, et pas de 87. Il semble donc au courant du nombre fait qu'une victime a été tuée pour n'avoir pas voulu malgré la force entrer dans la chambre à gaz et que son corps n'était pas utilisable. Evidemment ceci pourrait lui avoir été dit par la personne l'interrogeant, aussi nous n'insisterons pas. Par contre, il dit dès le premier interrogatoire que les victimes provenaient d'Auschwitz: or il n'a pu le savoir que par son courrier, ou en constatant que les prisonniers étaient tatoués sur l'avant-bras. Kramer était commandant à Auschwitz auparavant et connaissait donc cette particularité. Quand Kramer dit que les victimes venaient d'Auschwitz, ceci donne beaucoup de poids à la fois à ses aveux et aux courriers de l'Ahnenerbe que nous citons plus loin. Les 86 corps avaient été tous été décapités. Ils étaient mélangés à une soixantaine d'autres cadavres d'origine connue, des prisonniers russes décédés au camp de Mutzig qui eux avaient été transportés ouvertement à l'Hôpital Civil. La plupart des corps avaient été découpés à la scie, à l'exception de 16 d'entre eux dont 3 femmes, dont les corps se trouvaient dans le fond des cuves. Ainsi pour l'un d'eux, une femme d'une vingtaine d'années, l'autopsie retrouvait "sur l'avant-bras gauche, du côté externe, [..] tatoué en points bleus, le chiffre 42 329. Au-dessous est tatoué un triangle, la pointe en bas." Tous les corps retrouvés à la morgue de Strasbourg avaient un numéro tatoué sur l'avant-bras: ou plutôt la grande majorité avait une pièce de peau manquante à l'endroit précis où le tatouage aurait dû se trouver. Pendant longtemps, une seule des victimes encore intacte a pu être identifiée. Serge Klarsfeld y est arrivé grâce à une photo prise par un policier pendant une autopsie où le numéro était lisible. Il a pu ensuite retrouver dans les pièces d'Auschwitz le matricule de Menachem Taffel face à son nom qui y avait été noté lors d'un passage dans une 'infirmerie. Aussi aberrant que ça puisse sembler, le gouvernement français n'a apparemment pas cherché à retrouver le nom des victimes à partir de la liste des numéros relevés par Henrypierre. Pire encore, dans les années 1990 le gouvernement ne communiquait même pas à Hans Joachim Lang, pourtant recommandé par le ministre de la justice allemande, cette fameuse liste; Hans Joachim Lang ne l'a eue que par le musée de l'Holocauste de Washington où s'en trouvait une copie au détour d'un dossier. Le 21 novembre 2003 à Strasbourg il donnait lecture des 86 noms des victimes, à l'occasion d'un colloque sous l'égide du Cercle Menachem Taffel, où il racontait son très long travail pour ces victimes. Nous conseillons aux germanophones de lire Die Namen der Nummern, malheureusement non traduit en français à ce jour. On pourrait donc dire que les efforts des Nazis pour masquer leur crime ont continué à faire effet pendant 60 ans, grâce à une curieuse loi sur le droit du public à accéder aux archives. Les préparateurs disaient avoir été pris par le temps et n'avoir pu démembrer tous les corps. Les efforts de Henrypierre qui avait reporté les chiffres sur les pièces anatomiques ont été inutiles, d'autant que beaucoup s'étaient effacés. Un exemple de masquage délibéré des chiffres de tatouage: on voit que l'avant-bras droit a une partie manquante: la peau correspondant au tatouage est excisée.
De plus, le camp du Struthof tenait ses statistiques quant aux décès et aux entrées, et ces registres ont été récupérés également. Les Allemands étant très ordonnés, nous pouvons immédiatement constater l'anomalie correspondant aux gazages des juifs en août 44: alors que les Allemands tenaient une comptabilité serrée des morts du camp avec leur cause (même quand il s'agissait de pendaisons, par ordre de Himmler), il y a un silence complet quant à ces meurtres et à leur cause uniquement pour les deux semaines en question (il n'y a que deux exceptions à cette règle: le meurtre sans jugement de quatre espions franco-britanniques, et l'assassinat d'environ 150 partisans quand le camp a été évacué début septembre 1944). Le registre des entrées Le «Bautagebuch» est une preuve accablante pour l'existence de gazages au Struthof. Il s'agit d'un registre où chaque semaine étaient consignés, les entrées, les sorties, les transferts et bien évidemment les décès survenus au camp. Les Allemands n'ont pas oublié de noter les entrées et les sorties des 87 juifs en provenance d'Auschwitz. Sur ce registre et au revers, de chaque page, étaient consignées les cause des décès, même les plus déshonorantes ou compromettantes après la guerre si jamais les Allemands avaient pensé qu'ils la perdraient: ainsi, un prisonnier qui a tenté de s'évader, est noté comme ayant été pendu sur l'ordre d'Himmler («By order of Supreme Chief of the SS ..), alors qu'évidemment les conventions internationales signées également par les nazis l'interdisaient sans procès régulier. Mais les 87 juifs n'ont droit à aucune explication au revers du «Bautagebuch». Non plus que lors de l'exécution de quatre espions alliés sans jugement et de 150 à 200 résistants (lors de l'évacuation du camp).
Notez les 30 «Juden» de la colonne Abgang dans la semaine du 14 août 1943. Ce sont les femmes du convoi. Vous pouvez maintenant voir les 57 Juden du «Bautagebuch»de la semaine du 21 août: ce sont les hommes assassinés dans la chambre à gaz.
Le décompte est plus que précis puisqu'il tient compte de l'homme abattu d'une balle dans la tête pour n'avoir pas voulu rentrer dans la chambre à gaz (le 87ème homme non livré à l'Institut). Et les raisons sont absentes des versos du Bautagebuch (par exemple de la semaine du 14):
Les morts de la semaine ont tous une explication, par exemple un ordre de Himmler. Les juifs n'en ont aucune, ce qui est totalement exceptionnel. | ||||
Last modified: May 27, 2009
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