Notes du commandant en chef des opérations à l’Est, Johannes Blaskowitz

16 juin 1940

«Brutalité outrancière dans les rangs de notre précieux matériel humain»

Occupation de la Pologne


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
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Document original en allemand / Deutsches Original


photo de pendaisons de Juifs à Olkusz Ce qui est accompli pour le peuple et la patrie est toujours bon Ce qui est accompli pour le peuple et la patrie est toujours bon

Le commandant en chef
Région militaire Est
Quartier général, château de Spala, le 6 2 40

1. Situation politique et militaire:

Dans la zone industrielle de Kamienna, nous avons constaté pour la première fois l’existence d’un vaste réseau organisé de rebelles et de saboteurs. Les principaux responsables de cette organisation se recrutent parmi les membres de (l’ancienne) armée polonaise. Nous sommes encore en train d’examiner le matériel humain trouvé lors de nombreuses arrestations. Dans un premier temps, la Staatspolizei ne prévoit pas d’autres arrestations afin qu’ultérieurement l’anéantissement de toute l’organisation ne soit pas compromis.

Le danger qu’elle représente nous contraint à définir notre position quant à la manière de traiter le peuple polonais.

Ce serait faire fausse route que de massacrer quelques dizaines de milliers de Juifs et de Polonais car, compte tenu de la masse que représente toute la population, nous ne pourrons ni détruire la nation polonaise ni éliminer les Juifs. Au contraire, la façon dont se déroulent les massacres entraîne de graves préjudices, complique les choses et rend la situation bien plus critique qu’elle ne l’aurait été si l’on avait agi en réfléchissant et en allant droit au but. Ce qui a pour conséquences:

  1. Nous livrons du matériel à la propagande ennemie sans avoir réfléchi que ce matériel peut avoir la plus grande efficacité dans le monde entier. Jusqu’à présent, tout ce que les stations de radio étrangères ont rapporté n’est qu’une part infime de ce qui s’est passé dans la réalité. Il va falloir s’attendre à ce que l’étranger fasse de plus en plus de tapage et cause des préjudices politiques majeurs; d’autant plus que ces atrocités ont réellement eu lieu et que rien ne pourrait venir contredire les faits.
  2. Les actes de violence contre les Juifs qui se sont déroulés au vu et au su de tout le monde éveillent chez les catholiques polonais non seulement une aversion profonde mais aussi un sentiment de pitié pour les populations juives, auxquelles jusqu’alors les Polonais étaient plus ou moins hostiles. On risque d’aboutir à bref délai au résultat suivant: dans les territoires de l’Est, nos ennemis héréditaires, le Polonais et le Juif, bénéficiant du soutien de l’Église catholique, et mus par la haine du bourreau, se rallieront et se tourneront en premier lieu contre l’Allemagne.
  3. Il est inutile de rappeler encore une fois le rôle de la Wehrmacht qui est contrainte d’assister sans bouger à ces crimes, et dont la réputation, surtout auprès des populations polonaises, pourrait être affectée de manière irréparable.
  4. Pourtant les préjudices graves qui peuvent résulter de la pagaille actuelle, puis toucher par la suite la communauté nationale allemande, ont pour cause la brutalité outrancière et la déchéance morale qui, en un court laps de temps, se sont répandues comme une épidémie dans les rangs du meilleur matériel humain allemand.

Si des individus haut placés dans la SS et la police réclament la violence et la brutalité et en font même l’éloge en public, les brutes seront bientôt les seules à régner. Nous sommes surpris de la rapidité avec laquelle certains sympathisants et des déséquilibrés caractériels se retrouvent pour donner libre cours à leurs instincts bestiaux et pathologiques, comme c’est le cas en Pologne. Il n’est plus guère possible de les réfréner, car ils semblent se sentir d’office autorisés et habilités à commettre toutes sortes d’atrocités.

Pour endiguer cette épidémie, la seule possibilité serait de remettre, d’urgence, au commandement de l’armée et aux tribunaux militaires les coupables et les acolytes. (…)

Source/Quelle: »Vortragsnotizen für einen Vortrag beim Oberbefehlshaber des Heeres am 15.2. in Spala« ZSt. USA Film 7, Bild 550ff. Das Dokument wird auch als »Denkschrift Blaskowitz« bezeichnet.


Document original en allemand / Deutsches Original

Notizen des Oberbefehlshabers Ost, Johannes Blaskowitz

Der Oberbefehlshaber Ost Hauptquartier Schloß Spala, den 6.2.40

I. Militärpolitische Lage:

Im Industriegebiet Kamienna ist zum ersten Male das Bestehen einer weitverzweigten Aufstands- und Sabotageorganisation festgestellt. Hauptträger der Organisation sind Angehörige des ehemaligen polnischen Heeres. Das bei zahlreichen Verhaftungen vorgefundene Material wird zur Zeit noch gesichtet. Die Staatspolizei sieht zunächst von weiteren Verhaftungen ab, um die spätere Zerstörung der Gesamtorganisation nicht zu gefährden.

Die sich hiermit aufzeigende Gefahr zwingt, zur Frage der Behandlung des polnischen Volkes allgemein Stellung zu nehmen.

Es ist abwegig, einige 10000 Juden und Polen, so wie es augenblicklich geschieht, abzuschlachten; denn damit werden angesichts der Masse der Bevölkerung weder die polnische Staatsidee totgeschlagen noch die Juden beseitigt. Im Gegenteil, die Art und Weise des Abschlachtens bringt größten Schaden mit sich, kompliziert die Probleme und macht sie viel gefährlicher, als sie bei überlegtem und ziel bewußtem Handeln gewesen wären. Die Auswirkungen sind:

  1. Der feindlichen Propaganda wird ein Material geliefert, wie es wirksamer in der ganzen Welt nicht gedacht werden kann. Was die Auslandssender bisher gebracht haben, ist nur ein winziger Bruchteil von dem, was in Wirklichkeit geschehen ist. Es muß damit gerechnet werden, daß das Geschrei des Auslandes stetig zunimmt und größten politischen Schaden verursacht, zumal die Scheußlichkeiten tatsächlich geschehen sind und durch nichts widerlegt werden können.
  2. Die sich in aller Öffentlichkeit abspielenden Gewaltakte gegen Juden erregen bei den religiösen Polen nicht nur tiefsten Abscheu, sondern ebenso großes Mitleid mit der jüdischen Bevölkerung, der der Pole bisher mehr oder weniger feindlich gegenüber stand. In kürzester Zeit wird es dahin kommen, daß unsere Erzfeinde im Ostraum - der Pole und der Jude, dazu noch besonders unterstützt von der kath. Kirchesich in ihrem Haß gegen ihre Peiniger auf der ganzen Linie gegen Deutschland zusammenfinden werden.
  3. Auf die Rolle der Wehrmacht, die gezwungen ist, diesen Verbrechen tatenlos zuzuschauen, und deren Ansehen besonders bei der polnischen Bevölkerung eine nicht wieder gut zu machende Einbuße erleidet, braucht nicht nochmal hingewiesen zu werden.
  4. Der schlimmste Schaden jedoch, der dem deutschen Volkskörper aus den augenblicklichen Zuständen erwachsen wird, ist die maßlose Verrohung und sittliche Verkommenheit, die sich in kürzester Zeit unter wertvollem deutschen Menschenmaterial wie eine Seuche ausbreiten wird.

Wenn hohe Amtspersonen der SS- und Polizei Gewalttaten und Brutalität verlangen und sie in der Öffentlichkeit belobigen, dann regiert in kürzester Zeit nur noch der Gewalttätige. Überraschend schnell finden sich Gleichgesinnte und charakterlich Angekränkelte zusammen, um, wie es in Polen der Fall ist, ihre tierischen und pathologischen Instinkte auszutoben. Es besteht kaum noch die Möglichkeit, sie im Zaum zu halten; denn sie müssen sich mit Recht von Amts wegen autorisiert und zu jeder Grausamkeit berechtigt fühlen. Die einzige Möglichkeit, sich dieser Seuche zu erwehren, besteht darin, die Schuldigen und ihren Anhang schleunigst der militärischen Führung und Gerichtsbarkeit zu unterstellen. […]

Source/Quelle: »Vortragsnotizen für einen Vortrag beim Oberbefehlshaber des Heeres am 15.2. in Spala« ZSt. USA Film 7, Bild 550ff. Das Dokument wird auch als »Denkschrift Blaskowitz« bezeichnet.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten« Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.