Rapport de Stahlecker, commandant des groupes spéciaux A

15 octobre juin 1941

«… au début, ce n’est pas si facile de déclencher un pogrom»

Les pogroms de Lituanie et de Kauen (Kowno)
«Aprés chaque lynchage, ils se mettaient à applaudir»


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
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Document original en allemand / Deutsches Original


Le meurtrier au baton de Kovno Un nationaliste lituanien, pose avec la barre métallique qu’il a utilisée pour assassiner des Juifs. Kovno, 27 juin 1941. Les photographies qui illustrent le rapport Stahlecker sur la présente page ont été prises par des soldats allemands lors du pogrom du 27 juin à Kovno.

Conformément aux ordres reçus, le 23 juin 1941, deuxième jour de la campagne de l’Est, le groupe A s’est mis en marche pour rejoindre ses positions après avoir remis les véhicules en état. Le groupe d’armée Nord, comprenant la 16e et la 18e Armée, plus l’escouade blindée IV, avaient reçu leur ordre de marche la veille. Il s’agissait maintenant d’établir d’urgence le contact avec le commandement de l’armée, mais aussi avec les responsables de l’arrière. Il faut avant tout insister sur le fait qu’en général, la collaboration avec la Wehrmacht a été bonne; dans des cas isolés, très bonne; et très étroite, presque cordiale, avec le quatrième escadron de blindés du général de brigade Höppner. Les malentendus qui, durant les premiers jours, troublaient les rapports avec certaines instances, ont été pour la plupart dissipés dans le cadre de mises au point entre personnes […].

Kovno. Les Juifs sont menés dans les rues par des criminels lituaniens Kovno. Les Juifs sont menés dans les rues par des criminels lituaniens

De même, dès les premières heures qui suivirent l’invasion, et malgré l’importance des difficultés rencontrées, nous avons incité les forces antisémites autochtones à organiser des pogroms. Conformément aux ordres reçus, la Sicherheitspolizei était fermement résolue à régler le problème juif par tous les moyens. Mais il était important, du moins dans l’immédiat, qu’elle ne se montrât pas dans le contexte de ces missions d’une extraordinaire dureté, ce qui aurait pu faire du bruit dans les milieux allemands. Il fallait que l’on prouve à l’extérieur que c’était les populations locales qui avaient pris elles mêmes ces initiatives, que c’était une réaction naturelle contre l’oppression juive subie pendant des décennies et contre la terreur instaurée dans le passé par les communistes.

Compte tenu du périmètre que nous avions à couvrir et de la multiplicité des tâches policières qui nous incombaient, dès le début, nous avons eu pour objectif de faire participer les populations fiables à la lutte contre les éléments nuisibles, en particulier contre les Juifs et les communistes dans leur propre pays. Outre la synchronisation des premiers actes délibérés de nettoyage spontané que nous traiterons dans le détail dans un autre contexte, il a fallu prendre des dispositions pour que les éléments fiables fussent impliqués dans cette tâche de nettoyage afin d’en faire les auxiliaires permanents de la Sicherheitspolizei. Il a fallu en même temps tenir compte des circonstances disparates en divers endroits de notre périmètre d’action.

Kovno. Les Juifs sont menés dans les rues par des criminels lituaniens Kovno. Les Juifs sont menés dans les rues par des criminels lituaniens

En Lituanie, dès le début de la campagne de l’Est, des forces d’activistes nationalistes se sont regroupées pour former ce qu’ils appellent des unités de patriotes, afin d’intervenir activement dans la lutte contre le bolchevisme. Selon les renseignements fournis, elles ont eu des pertes de 4000 hommes

A Kauen, quatre groupes relativement importants se sont constitués avec lesquels un détachement des commandos a immédiatement établi le contact. Ces groupes n’avaient pas de commandement unique. Au contraire, chaque groupe essayait de supplanter l’autre, d’avoir des liens aussi étroits que possible avec la Wehrmacht afin d’être appelé par la suite à participer à des actions contre l’armée soviétique pour en tirer profit ultérieurement, au moment de la restructuration de l’État de Lituanie, et pouvoir reconstituer une nouvelle armée (lituanienne). Tandis que, pour des raisons politiques, nous n’avons pas envisagé l’engagement militaire des patriotes, nous avons constitué une troupe d’auxiliaires efficaces à partir des éléments fiables issus de ces groupes indisciplinés; dans un premier temps, ce groupe comptait 300 hommes, dont le commandement a été confié au journaliste lituanien Klimatis. Ce groupe a été engagé pour poursuivre les opérations de pacification non seulement à Kauen même, mais dans plusieurs localités lituaniennes. Il a accompli sans faire d’histoires les tâches qui lui incombaient, sous la surveillance permanente des commandos spéciaux de la Sécurité, et plus particulièrement: la préparation et la réalisation des opérations de liquidation de grande envergure […].

Kovno. Juifs battus à mort par des Lituaniens Kovno. Des Juifs battus à mort par des Lituaniens devant des soldats allemands qui regardent et photographient

Prenant en considération que les populations des pays baltes ont enduré les pires souffrances durant la période où ces pays, annexés par l’U.R.S.S., étaient sous la domination du bolchevisme et de la juiverie, on pouvait supposer qu’après la libération de l’occupation étrangère et le retrait de l’Armée rouge, ils mettraient eux mêmes la plupart de leurs adversaires restants hors d’état de nuire. La tâche de la Sicherheitspolizei devait être de déclencher le passage à l’acte, de leur indiquer la voie à suivre afin d’atteindre le plus rapidement possible l’objectif fixé, soit le nettoyage de la région. Il était non moins important pour l’avenir de créer un état de fait, preuves à l’appui, démontrant que les populations, une fois libérées, prenaient elles mêmes l’initiative d’agir avec une extrême dureté contre leurs adversaires bolcheviques et juifs, sans que l’on puisse déceler les moindres instructions allemandes.

C’est en Lituanie, à Kauen, que l’on y est parvenu pour la première fois, grâce à l’intervention des patriotes. Dans un premier temps, à notre grande surprise, ce n’a pas été si facile de déclencher un vaste pogrom. Klimatis, le commandant du groupe de patriotes cité ci dessus, auquel on a surtout fait appel, a réussi à amorcer le pogrom à la suite des renseignements que lui avait donnés un petit commando avancé en mission à Kauen, sans que, de l’extérieur, on puisse déceler que les autorités allemandes aient pu donner des instructions ou des ordres. Au cours du premier pogrom, dans la nuit du 25 au 26 juin, les patriotes lituaniens ont liquidé plus de 1500 Juifs, détruit ou incendié plusieurs synagogues et réduit en cendres un quartier juif comportant environ 60 habitations. De la même manière, au cours des nuits suivantes, 2300 Juifs ont été mis hors d’état de nuire. En Lituanie, à plusieurs endroits, des actions semblables ont eu lieu suivant le même modèle qu’à Kauen, bien que ces dernières aient été de moindre ampleur, puis elles ont pris de l’extension et ont visé les derniers communistes restants.

Les services de la Wehrmacht, qui dans le cadre de ces opérations ont fait preuve d’une grande compréhension, nous ont communiqué que ces nettoyages se passaient sans incidents. Il est évident, a priori, que ces pogroms ne pouvaient être menés à bonne fin qu’au cours des premiers jours suivant l’occupation […].

Source/Quelle:»Einsatzgruppe A, Gesamtbericht bis zum 15. Oktober 1941«, von Franz Walter Stahlecker, Führer der Einsatzgruppe A. Nbg. Dok. 180-L.


Document original en allemand / Deutsches Original

»…nach jedem Erschlagenen fingen sie an zu klatschen«
Judenpogrome in Kauen (Kowno) und im übrigen Litauen

»…zunächst nicht einfach ein Judenpogrom in Gang zu setzen«

Bericht des Führers der Einsatzgruppe A Stahlecker

Le meurtrier au baton de Kovno Der Totschläger von Kowno. Kowno, 27 juni 1941

Die Einsatzgruppe A marschierte befehlsgemaß am 23.6.1941, dem zweiten Tage des Ostfeldzuges, nachdem die Fahrzeuge in einsatzfähigen Zustand versetzt worden waren, in den Bereitstellungsraum ab. Die Heeresgruppe Nord mit der 16. und 18. Armee und der Panzergruppe 4 hatte tags zuvor den Vormarsch angetreten. Es handelte sich nun darum, in aller Eile persönlich mit den Armeeführern wie auch mit dem Befehlshaber des rückwärtigen Heeresgebietes Fühlung aufzunehmen. Von vornherein kann betont werden, daß die Zusammenarbeit mit der Wehrmacht Im allgemeinen gut, in Einzelfällen, wie z. B. mit der Panzergruppe 4 unter Generaloberst Höppner, sehr eng, ja fast herzlich war. Mißverständnisse, die in den ersten Tagen mit einzelnen Stellen entstanden waren, wurden durch persönliche Aussprachen Im wesentlichen erledigt […].

Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben

Ebenso wurden schon in den ersten Stunden nach dem Einmarsch, wenn auch unter erheblichen SChwierigkeiten, einheimische antisemitische Kräfte zu Pogromen gegen die Juden veranlaßt. Befehlsgemäß war die SIcherheitspolizei entschlossen, die Judenfrage mit allen Mitteln und aller Entschiedenheit zu losen. Es war aber nicht unerwlinscht. wenn sie zumindest nicht sofort bei den doch ungewöhnlich harten Maßnahmen. die auch in deutschen Kreisen Aufsehen erregen mußten, in Erscheinung trat. Es mußte nach außen gezeigt werden, daß die einheimische Bevölkerung selbst als natürliche Reaktion gegen jahr2ehntelange Unlerdruckung durch die Juden und gegen den Terror durch die Kommunisten In der vorangegangenen Zeit die ersten Maßnahmen von sich aus getroffen hat.

Angesichts der Ausdehnung des Einsatzraumes und der Fülle der sicherheitspolizeilichen Aufgaben wurde von vornherein angestrebt, daß die zuverlässige Bevolkerung selbst bei der Bekämpfung der Schädlinge in ihrem Lande - also insbesondere der Juden und Kommunisten - mitwirkt. Uber die Steuerung der ersten spontanen Selbsrreinigungsaktionen hinaus, auf die in anderem Zusammenhang noch näher eingegangen wird, mußte Vorsorge getroffen werden, daß zuverlässige Kräfte in die Säuberungsarbeit eingespannt und zu ständigen Hilfsorganen der Sicherheitspohzei gemacht wurden. Hierbei mußte den verschieden gelagerten Verhaltnissen in den einzelnen Teilen des Einsatzraumes Rechnung getragen werden.

Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben

In Litauen haben sich bel Beginn des Ostfeldzuges aktivistische nationale Kräfte zu sogenannten Partisaneneinheiten zusammengefunden, um in den Kampf gegen den Bolschewismus aktiv einzugreifen. Nach ihrer eigenen DersteIlung hetten sie dabei 4000 Gefallene.

In Kauen hatten sich vier größere Partisenengruppen gebildet, mit denen das Vorauskommando sofort Fühlung aufnahm. Eine einheitliche Führung dieser Gruppen war nicht vorhanden, Vielmehr versuchte jede, der anderen den Rang abzulaufen und mit dBrWehrmacht in möglichst enge Verbindung zu kommen, um künftig zu einem militärischen Einsatz gegen die Sowjetarmee herangezogen zu werden und hieraus bei der späteren staatlichen Neugestaltung Litauens Kapital zu schlegen und eine neue llitauische] Armee aufstellen zu konnen. Während ein militarischer Einsatz der Partisanen aus politischen Grunden nicht in Betracht kam. wurde in kurzer Zeit aus den zuverlassigen Elementen der undisziplinierten Partisanengruppen ein einsatzfähiger Hilfstrupp in Stärke von zunachst 300 Mann gebildet, dessen Fuhrung dem litauischen Journalisten Klimetis übertragen wurde. Diese Gruppe ist im weiteren Verlauf der Befriedigungsarbeiten nrcht nur in Kauen selbst, sondern in zahlreichen Orten Litauens emgesetzt worden und hat die ihr zugewiesenen Aufgaben, insbesondere Vorbereitung und Mitwirkung bei der Durchführung großerer Liquidierungsaktionen, unter ständiger Aufsicht des EK ohne wesentliche Anstände gelöst. […]

Kovno. Juifs battus à mort par des Lituaniens Kowno: Juden werden von Litauern öffentlich erschlagen. Deutsche Soldaten stehen dabei und fotographieren

Auf Grund der Erwägung. daß die Bevölkerung der baltischen Länder wahrend der Zeit ihrer Eingliederung in die UdSSR unter der Herrschaft des Bolschewismus und des Judentums eufs Schwerste gelitten hatte. war anzunehmen. daß sie nach der Befreiung von dieser Fremdherrschaft die nach dem Rückzug der Roten Armee im Lande verbliebenen Gegner in weitgehendem Maße selbst unschlidlich machen würde. Aufgabe der SiCherheitspolizei mußte es sein, die Selbstreinigungsbestrebungen In Gang zu setzen und in die richtigen Bahnen zu lenken, um das gesteckte Säuberungsziel so schnell wie möglich zu erreichen. Nicht minder wesentlich war es, für die spätere Zeit die feststehende und beweisbare Tatsache zu schaffen, daß die befreite Bevölkerung aus sich selbst heraus zu den härtesten Maßnahmen gegen den bolschewistischen und jüdischen Gegner gegriffen hat, ohne daß eine Anweisung deutscher Stellen erkennbar ist.

In Litauen gelang dies zum ersten Mal in Kauen durch den Einsatz der Partisanen. Es war überraschenderweise zunächst nicht einfach, dort ein Judenpogrom größeren Ausmaßes in Gang zu setzen. Dem Führer der oben bereits erwähnten Partisanengruppe, Klimatis, der hierbei in erster Linie herangezogen wurde, gelang es, auf Grund der ihm von dem in Kauen eingesetzten kleinen Vorkommando gegebenen Hinweise ein Pogrom einzuleiten, ohne daß nach außen irgendein deutscher Auftrag oder eine deutsche Anregung erkennbar wurde. Im Verlaufe des ersten Pogroms in der Nacht vom 25. zum 26.6. wurden über 1500 Juden von den litauischen Partisanen beseitigt, mehrere Synagogen angezündet oder anderweitig zerstört und ein jüdisches Wohnviertel mit rund 60 Häusern niedergebrannt. In den folgenden Nächten wurden in derselben Weise 2300 Juden unschädlich gemacht. In anderen Teilen Litauens fanden nach dem in Kauen gegebenen Beispiel ähnliche Aktionen, wenn auch in kleinerem Umfange, statt, die sich auch auf zurückgebliebene Kommunisten erstreckten.

Durch Unterrichtung der Wehrmachtsstellen, bei denen für dieses Vorgehen durchweg Verständnis vorhanden war, liefen die Selbstreinigungsaktionen reibungslos ab. Dabei war es von vornherein selbstverständlich, daß nur die ersten Tage nach der Besetzung die Möglichkeit zur Durchführung von Pogromen boten […].

Source/Quelle:»Einsatzgruppe A, Gesamtbericht bis zum 15. Oktober 1941«, von Franz Walter Stahlecker, Führer der Einsatzgruppe A. Nbg. Dok. 180-L.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten« Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.