Les pogroms de Kovno, juin 1941, témoignages & rapports

Massacres, voyeurisme et photographies

«Les rires et les bravos »

Les pogroms de Lituanie et de Kauen (Kowno)


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
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Document original en allemand / Deutsches Original


Rapport du colonel D. von Bischoffshausen (14 avril 1959)

Au début de la campagne de Russie, l’état major du groupe d’armée Nord — maréchal von Leeb — était stationné à «Waldfrieden», une station climatique située à environ 10 km de Insterburg (du 21 juin au ler juillet 1941).

En tant qu’ordonnance de l’état major, j’avais reçu l’ordre de me rendre à Kowno auprès de l’état major de la 16e Armée et d’établir le contact pour qu’il préparât les quartiers du groupe d’armée. Je suis arrivé sur les lieux dans la matinée du 27 juin. En traversant la ville, je suis passé devant une station service qui était encerclée par une foule dense. Parmi les personnes rassemblées se trouvaient de nombreuses femmes qui hissaient leurs enfants au dessus de leur tête pour qu’ils puissent mieux voir, certaines étaient montées sur des chaises ou sur des caisses. Les applaudissements qui déferlaient à intervalles réguliers, les bravos et les rires m’ont fait d’abord supposer qu’il s’agissait d’une célébration de la victoire ou d’une sorte de manifestation sportive. Pourtant, lorsque j’ai demandé ce qui se passait ici, on m’a répondu que «le casseur de têtes de Kowno» était à l’œuvre. Que les collaborateurs et les traîtres y subissaient enfin leur juste châtiment! Mais en m’approchant, je suis devenu le témoin oculaire des scènes les plus épouvantables que j’eusse jamais vues en deux guerres mondiales.

Sur un terre plein bétonné, devant la station service, j’ai vu un homme d’environ 25 ans, blond, de taille moyenne, en train de se reposer et s’appuyant sur une matraque de bois, grosse comme le bras, qui lui arrivait jusqu’à la poitrine. 15 à 20 morts ou agonisants gisaient à ses pieds. Un tuyau d’arrosage laissait couler de l’eau en permanence qui évacuait le sang dans une bouche d’égout. Une vingtaine d’hommes se tenaient juste à quelques pas derrière lui, gardés par quelques civils en armes, et attendaient leur supplice, muets et résignés. Un signe bref de la main, le suivant s’avançait et était matraqué avec une bestialité incroyable à coups de massue de bois. Les cris d’enthousiasme des spectateurs accompagnaient chaque coup.

J’ai ensuite appris de l’état major qu’il avait déjà connaissance de ces exécutions en masse et que, bien entendu, celles ci avaient provoqué le même effroi et la même indignation que chez moi. Pourtant, on m’a expliqué qu’il s’agissait apparemment d’actes spontanés de la population lituanienne et de représailles contre les traîtres et les collaborateurs du temps de l’occupation russe; et qu’il fallait par conséquent considérer ces atrocités comme un simple conflit de politique intérieure dont l’administration lituanienne devrait elle même venir à bout, et qu’en «haut lieu», on avait donné l’ordre de ne pas faire intervenir la Wehrmacht. Ces massacres publics venaient d’être interdits et l’on espérait que cette interdiction suffirait à ramener l’ordre et le calme.

Le soir même (27 juin), j’étais l’hôte de l’état major. Au cours du dîner, un officier d’état major auprès du commandant de la région militaire (le général de brigade Busch) s’est présenté pour rapporter que les massacres auraient recommencé en ville. Le général Busch a répliqué qu’il s’agissait de conflits relevant de la politique intérieure lituanienne et que, pour l’instant, il était dans l’incapacité d’entreprendre quoi que ce soit contre ces agissements, d’autant plus qu’on le lui avait interdit, mais qu’il espérait qu’on lui remettrait d’autres directives sous peu. Toute la nuit, nous avons entendu des coups de feu et des salves d’armes automatiques, ce qui a fait supposer que les exécutions se poursuivaient hors de la ville, vraisemblablement dans les anciennes fortifications.

Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben Kovno: meurtres collectifs devant des soldats allemands, tolérés par la hiérarchie militaire

Le lendemain, dans les rues, je n’ai vu aucune exécution comparable à celles auxquelles j’avais assisté la veille. Mais en revanche, de longues colonnes, chacune d’environ 40 à 50 hommes, femmes et enfants que l’on avait raflés dans les maisons et que des civils en armes poussaient à travers les rues. Une femme est sortie de l’une de ces colonnes, s’est jetée à genoux devant moi, les mains tendues, elle m’a supplié de l’aider et d’avoir pitié d’elle avant d’être repoussée de la manière la plus brutale. On m’a raconté que l’on emmenait tous ces gens à la prison de la ville. Je pense cependant que leur trajet les conduisait directement sur les lieux d’exécution.

Kowno: Juden werden von litauischen Kriminellen durch die Straßen getrieben Kovno: meurtres collectifs devant des soldats allemands, tolérés par la hiérarchie militaire

Lorsque je pris congé de l’état major, le commandant me chargea de faire un rapport auprès de mon groupe d’armée sur les événements de Kowno. Je me souviens de l’indignation et de l’inquiétude avec lesquelles mon rapport y fut accueilli. Mais là aussi, on croyait pouvoir encore espérer qu’il s’agissait réellement d’une simple affaire de politique intérieure. Par ailleurs, j’y appris également qu’en haut lieu, on avait interdit de prendre une quelconque mesure d’ordre militaire. Car l’affaire relevait exclusivement du ressort du «SD».

L’état major du groupe d’armée installa son cantonnement le 1er juillet à Kowno et le calme revint dans la ville. Pourtant, les rafles et l’évacuation des civils étaient un spectacle quotidien. Les gardes portaient maintenant une sorte d’uniforme de milicien de fabrication allemande. Des membres du «SD» se trouvaient également parmi eux; le «SD», comme je l’ai appris par la suite, serait entré en activité à Kowno dès le 24 juin.

Source/Quelle: Bericht Oberst a.D. von Bischoffshausen vom 19.4.59 an ZSt.: 207 AR-Z 14/58, BI. 297 ff.


Témoignage du photographe Wilhelm Gunsilius (11 novembre 1958)

Au début de la campagne de Russie, dans la matinée du 22 juin 1941, mon unité a été déplacée à Gumbinnen. Nous y sommes restés jusqu’au mardi suivant, le 24 juin 1941. Ce mardi là, j’ai reçu mon ordre de marche avec un détachement avancé qui devait aller de Gumbinnen à Kowno; j’y suis arrivé dans la matinée du mercredi 25 juin 1941 à la tête d’une unité de l’armée. Ma mission était de préparer les cantonnements pour les détachements qui nous suivaient. Ma tâche avait été considérablement facilitée parce que nous avions pris des photos aériennes de Kowno et déjà déterminé le pâté de maisons qui reviendrait à notre unité.

Il n’y avait plus aucun combat notoire en ville. Dans l’après midi, à proximité du cantonnement convenu, j’ai constaté la présence d’un attroupement dans la cour d’une station service clôturée sur trois côtés et qui, du côté rue, était verrouillée par une muraille humaine. J’ai assisté à la scène suivante: à gauche, dans un coin de la cour, il y avait un groupe d’hommes âgés de 30 à 50 ans. Ils devaient être 45 ou 50, gardés par quelques civils qui les tenaient en respect. Les civils étaient armés de fusils et portaient un brassard; c’est ainsi qu’ils figurent sur les photos que j’ai prises à l’époque. Un jeune homme, il devait s’agir d’un Lituanien […], les manches retroussées, était armé d’une barre à mine en acier. Chaque fois, il tirait un homme du groupe et l’assommait à coups de barre à mine en lui assenant un ou plusieurs coups derrière la tête. C’est ainsi qu’en l’espace de trois quarts d’heure, il a tué 40 à 50 personnes. J’ai pris une série de photos des corps […].

Après les avoir tous massacrés, le jeune homme a posé sa barre de côté, est allé chercher un harmonica, s’est campé sur l’amoncellement de cadavres et a joué l’hymne national lituanien. J’en connaissais la mélodie et des curieux m’ont expliqué qu’il s’agissait de l’hymne national. Le comportement des civils présents sur les lieux (femmes et enfants) était invraisemblable, car, dès qu’un homme était tombé, ils se mettaient à applaudir, et dès qu’ils entendaient l’hymne national, ils chantaient et frappaient des mains. Au premier rang se tenaient des femmes avec des enfants en bas âge dans leurs bras qui ont assisté à cette scène jusqu’à la fin. Je me suis renseigné auprès de ceux qui parlaient allemand pour savoir ce qui se passait, et on m’a expliqué la chose suivante: les parents du jeune homme qui venait de matraquer les autres avaient été sortis de leur lit et arrêtés il y a deux jours, puis ils avaient été fusillés sur le champ parce qu’on les soupçonnait d’être des nationalistes, et maintenant, le jeune homme se vengeait. Une quantité de corps gisaient à proximité; ces hommes, selon les témoignages des civils, avaient été tués deux jours auparavant par les commissaires du peuple et par les communistes en déroute.

J’étais encore en train de discuter avec des civils quand un officier SS s’est adressé à moi et m’a demandé de lui remettre mon appareil photo. J’ai pu refuser, car premièrement, c’était un appareil de service, et deuxièmement, j’avais un laissez passer du commandement suprême de la 16e Armée, qui indiquait que je pourrais photographier partout. J’ai expliqué à cet officier qu’il ne pourrait avoir cet appareil qu’en passant par le maréchal Busch. Sur ce, j’ai pu partir sans problèmes.

Source/Quelle: Auss. des Fotographen Gunsilius vom 11.11.58: 207 AR-Z 14/58, BI. 133 ff.


Rapport du brigadier Röder attaché à la boulangerie de la 562e compagnie (8 juillet 1959)

L’été 1941, j’étais affecté à la boulangerie de la 562e compagnie, laquelle était incorporée à la 16e Armée, j’avais le numéro de matricule 07048. Juste avant le début de la guerre contre la Russie, nous étions cantonnés à Rastenburg. C’est à cet endroit que nous avons été témoins du début de la campagne de Russie, le dimanche 22 juin 1941. Le 23 juin 1941, nous avons passé la frontière germano russe près de Wirballen. Le jour même, nous sommes arrivés à Kowno en fin d’après midi, puis nous avons installé notre cantonnement dans une caserne russe dont je ne connais pas le nom. Pendant la traversée de la ville, bien avant que nous ayons atteint notre cantonnement, j’ai vu une foule attroupée sur une place en pleine ville. J’ai arrêté mon véhicule pour aller voir ce qui se passait. A cause d’un mur et de la foule des gens qui traînaient là, il a fallu que je grimpe sur mon véhicule pour avoir une vue d’ensemble de la scène. Alors j’ai vu que des civils lituaniens frappaient avec des instruments en métal sur d’autres civils jusqu’à ce que ceux ci ne donnent plus signe de vie. Comme je ne savais pourquoi on assommait ces gens avec autant de cruauté, interrogé un adjudant infirmier qui se trouvait à côté de moi, mais que je ne connaissais pas personnellement. Il m’a dit que les personnes lynchées étaient toutes des Juifs que les Lituaniens auraient appréhendés en ville et qu’ils auraient transportés sur la place. Quant aux cogneurs, il s’agirait de détenus lituaniens libérés. On ne m’a pas dit pourquoi on massacrait ces Juifs. A l’époque, je ne pouvais pas non plus me faire une quelconque idée des persécutions des Juifs parce que je n’en avais pas encore entendu parler. Quant aux spectateurs, il s’agissait presque uniquement de soldats allemands qui assistaient à ces atrocités par curiosité.

Quand je suis arrivé sur la place où on lynchait les Juifs, il devait déjà y avoir 15 cadavres ou blessés graves sur le sol. 5 anciens prisonniers lituaniens étaient en train de frapper sur d’autres Juifs. D’après ce que j’ai pu distinguer, certains prisonniers portaient des chemises blanches et des pantalons foncés, les autres des survêtements sombres. Comme j’étais photographe amateur, j’ai pris deux clichés de cet événement exceptionnel du haut de mon véhicule. Ma pellicule étant terminée, je l’ai retirée de l’appareil pour en mettre une autre. Au même moment, un homme de la Wehrmacht, un gradé, probablement un officier payeur, m’a interpellé et m’a fait remarquer qu’on n’avait pas le droit de photographier ce genre d’événements. J’ai dû lui décliner mon identité et lui donner le nom de mon unité, puis il m’a confisqué l’appareil. J’ai pu sauver les photos du fait que je venais d’ôter le film. Sur les agrandissements que j’ai faits moi même, on distingue nettement ces 5 ex détenus lituaniens, des matraques à la main, en train de frapper sur des Juifs gisant déjà au sol. Des membres des «Corps francs» lituaniens, portant un brassard, sont reconnaissables sur la photo. Ceux ci amenaient continuellement d’autres Juifs sur la place, où les anciens détenus les frappaient à mort. Les Juifs qui gisaient à terre n’étaient pas tous morts sur le coup. Dès qu’on les poussait sur la place, on les frappait sans discernement sur la tête ou au visage jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et s’écroulent. Puis les forçats les matraquaient jusqu’à ce qu’ils ne donnent plus signe de vie. Ensuite on ramenait d’autres Juifs sur la place et on les tuait de la même manière. En tout, je suis resté environ 10 minutes sur les lieux où se déroulaient ces événements, puis je suis parti, j’ai poursuivi ma route. Tout le temps que je suis resté sur la place, j’ai été témoin du lynchage de 10 à 15 Juifs […].

Avant d’être tués, les Juifs priaient et marmonnaient quelque chose, certains blessés graves qui étaient au sol ont même continué à prier.

Source/Quelle: Auss. des Gefreiten der Bäckereikompanie Röder vom 8.7.59: 2 AR-Z 21/58, BI. 3647 ff.


Rapport de l’adjudant chef Lesch affecté à la boulangerie de la 562e compagnie (8 juillet 1959)

Au début de la guerre contre la Russie, en 1941, j’étais adjudant chef à la boulangerie de la 562e compagnie qui dépendait de la 16e Armée. Au début de 1941, on nous a transférés de France en Prusse orientale. Juste avant le début de la guerre, nous étions cantonnés à Rastenburg. Si je me souviens bien, nous avons passé la frontière le 23 ou le 24 juin 1941 dans les environs de Stallupönen, puis nous avons pris la route de Kowno (Kaunas). Aujourd’hui, je ne peux plus dire la date exacte de notre entrée dans Kowno, mais nous sommes probablement arrivés deux ou trois jours après la prise de la ville. Pour autant que je le sache, toute mon unité y est entrée; il n’avait pas été nécessaire de détacher un commando à l’avant. Nous avons établi notre cantonnement dans une ancienne caserne russe et nous avons commencé sur le champ à faire le pain pour ravitailler les troupes. C’était sans doute le lendemain de notre entrée dans Kowno; un chauffeur de mon unité m’a raconté que dans les environs immédiats, sur une place en ville, on lynchait les Juifs. Là dessus je me suis rendu à l’endroit qu’il m’avait décrit; j’ai souvenir d’y avoir rencontré d’autres membres de mon unité, ou plutôt ils y étaient allés avec moi. C’était une place pavée, qui faisait peut être vingt mètres de coté. L’un des côtés de la place donnait directement sur la rue; sur deux côtés, elle était bordée de maisons. Dans le fond de la place il y avait un terrain vague, peut être un parc.

J’ai vu des civils, certains en manches de chemise, d’autres portant une veste, armés de barres de fer; ils frappaient d’autres civils à mort. Je ne pouvais pas distinguer s’il s’agissait de Juifs. A l’époque, j’ai entendu quelqu’un faire remarquer qu’il s’agissait de commerçants juifs, qui, avant l’arrivée des Allemands,auraient escroqué des Lituaniens. J’ai interrogé les soldats quise trouvaient dans les environs et j’ai entendu dire qu’on lyn¬chait les victimes pour assouvir un désir personnel de vengeance. Quand je suis arrivé sur la place, il y avait approximativement 15 à 20 cadavres. Puis les Lituaniens les ont enlevés et ont nettoyé les flaques de sang avec un tuyau d’arrosage. J’ai demandé où on emportait les corps, et j’ai appris qu’on les transportait au cimetière. J’ai vu les Lituaniens attraper les cadavres par les mains et par les pieds et les traîner à l’écart. Ensuite, on tirait, on poussait et on projetait un autre groupe de délinquants sur la place, et les civils armés de barres de fer les tuaient tout simplement, sans faire d’histoires. J’ai regardé le lynchage d’un groupe de délinquants, mais j’ai dû détourner la tête parce que je ne pouvais plus voir cela. Ce procédé m’a semblé extrêmement atroce et brutal. Tout le temps que l’on tapait sur ces gens, les Lituaniens et de nombreux soldats allemands regardaient. Les soldats ne s’en sont pas mêlés, ils n’ont ni approuvé ni protesté. Du côté des civils lituaniens, on a entendu des bravos et des encouragements.

Source/Quelle: Auss. des Hauptfeldwebels der Bäckereikompanie Lesch vom 8.7.59: 2 AR-Z 21/58, BI. 3657 f


Rapport de Schmeink, autre membre de la boulangerie de la 562e compagnie (2 août 1960)

Au milieu de la place, il y avait une fosse qui servait à laver les voitures. Sur le côté, quelqu’un, avec un tuyau, arrosait les gens qui gisaient au sol et qui, parfois, pouvaient encore se redresser, alors on recommençait à les frapper avec un objet en acier. J’en ai même vu qui se servaient de lames de ressorts.

Je […] me suis approché au moment où ces hommes étaient à terre et où on les arrosait. Puis on emportait les cadavres. Et ensuite tout recommençait comme avant. Dans ce groupe de 70 hommes environ, les croque morts étaient désormais les victimes. Ils devaient se placer en demi cercle autour de la fosse. Ensuite ils étaient roués de coups. Il devait y avoir 6 personnes qui cognaient […]. Bien sûr, j’ai demandé qui étaient les hommes qui tapaient. Il se serait agi de patriotes lettons. Je n’arrivais vraiment pas à réaliser. Ceux qui étaient autour et formaient le cordon portaient un brassard et une carabine. On n’a pas tiré un seul coup de feu. La place était envahie par des soldats de la Wehrmacht, des curieux; j’en étais, moi aussi. Nous ne pouvions pas réaliser, puis, au bout d’un moment, nous nous sommes éloignés.

D’après les faits que j’ai pu observer, je suis arrivé au moment où les corps gisaient au sol et où les suivants étaient en train de se faire lyncher. J’ai dû m’en aller parce que je ne pouvais plus regarder; mes camarades sont partis en même temps que moi.

Source/Quelle: Auss. eines weiteren Angehörigen der Bäckereikompanie (Schmeink) vom 2.8.60: 204 AR-Z 21/58, B1116.


Témoignage de l’infirmier Hippier (11 novembre 1958)

Il y avait un fort à environ 150 m de mon cantonnement. D’après la carte, je pense qu’il s’agissait du Fort VII. En vérité, j’avais cru, jusqu’à présent, qu’il n’y avait qu’un fort à Kowno. De mon cantonnement, mes camarades et moi, nous avons entendu des fusillades pendant la nuit. Le lendemain et les jours suivants, nous avons fait des investigations. Nous avons escaladé les murs d’enceinte du fort, et à nos pieds, nous avons vu une foule de gens gardés par des SS et des hommes du SD en armes. En ce qui concerne les gardes, il ne s’agissait que d’Allemands, pas de Lituaniens. Au cours d’une de ces pérégrinations, le technicien, dont je ne me rappelle plus le nom, a pris des photos avec son appareil […]. A l’époque, nous n’avons assisté à aucune exécution dans la journée. Mais nous avons entendu qu’on fusillait pendant la nuit. Dans la journée, on transportait tous ces gens, des hommes, des femmes et des enfants de Kowno, dans ce fort. D’après ce dont je me souviens, il ne s’agissait que de Juifs, du moins c’est ce qu’on racontait en ce temps là.

On jetait les corps des fusillés dans des entonnoirs creusés par des explosions qui faisaient environ 15 m de diamètre et, à mon avis, 3 ou 4 m de profondeur. On recouvrait chaque couche de cadavres avec de la chaux vive. A l’époque, on racontait que c’était toujours les Juifs qui suivaient qui jetaient ceux qui venaient d’être fusillés dans la fosse et qu’ils devaient les recouvrir de sable. Moi même, je suis resté une fois à côté d’un de ces entonnoirs, mais comme tout était recouvert de sable, je n’y ai vu aucun cadavre.

Lors d’une de mes rondes, à l’intérieur du fort, je me suis égaré parce que j’ignorais les chemins d’accès. C’est alors qu’une Juive, qui, à mon avis, devait avoir à peu près trente ans, s’est mise en travers de moi. Une balle lui avait traversé les deux joues et la blessure était extrêmement enflée. En voyant la croix rouge sur mon brassard, elle m’a demandé un pansement; j’allais lui en donner un et j’étais en train de chercher la trousse de secours que je portais toujours sur moi quand une sentinelle en armes, un SS ou un homme du SD, s’est dirigée vers moi et m’a sommé de disparaître aussi vite que possible, disant que la Juive n’avait plus besoin de pansement. Puis l’Allemand en uniforme l’a repoussée vers l’intérieur.

A l’époque, cette histoire m’avait secoué et j’en avais discuté avec mes camarades qui eux aussi étaient ébranlés. En ce temps là, il aurait été absurde et même dangereux de résister à un SS car ils étaient très stricts. L’homme en uniforme m’avait menacé de m’abattre sur le champ si je continuais à avancer. A l’occasion de mes rondes dans ce fort, j’estime avoir vu au moins 2000 personnes des deux sexes et de tous âges, qui toutes étaient destinées à être fusillées. Elles ont sûrement été passées par les armes. Quant à la foule que l’on voit sur la photo, elle ne représente qu’une partie à cause du cadrage.

Source/Quelle: Auss. des Sanitätsdienstgrades Hippier vom 11.11.58: 207 AR-Z 14/58, BI. 125 ff.

Kowno: Fort VII. Hier wurden über 3000 Juden erschossen. Kowno: Fort VII. Hier wurden über 3000 Juden erschossen. Kovno: le Fort VII où ont été assassinés plus de 3000 Juifs

Source/Quelle: Auss. eines weiteren Angehörigen der Bäckereikompanie (Schmeink) vom 2.8.60: 204 AR-Z 21/58, B1116.


Document original en allemand / Deutsches Original

»Bravo-Rufe und Lachen«
Massenmord in Kowno - begafft und photographiert

Zeugen und Berichte

Bericht eines Oberst (D. von Bischoffshausen) - 14 april 1959

Der Stab der Heeresgruppe Nord - Generalfeldmarschall Ritter von Leeb -lag vor Beginn des Rußlandfeldzuges (vom 21.6. bis 1.7.41) in »WaIdfrieden«, einem etwa 10 km von Insterburg entfernten Luftkurort.

Als Adjutant (IIa) dieses Stabes erhielt ich den Befehl, den Stab der in Kowno liegenden 16. Armee aufzusuchen und in Verbindung mit diesem für den Stab der Heeresgruppe dort Quartier vorzubereiten. Am Vormittag des 27. Juni traf ich dort ein. Auf der Fahrt durch die Stadt kam ich an einer Tankstelle vorüber, die von einer dichten Menschenmenge umlagert war. In dieser befanden sich auch viele Frauen, die ihre Kinder hochhoben oder, um besser sehen zu können, auf Stühlen und auf Kisten standen. Der immer wieder aufbrausende Beifall - Bravo-Rufe, Händeklatschen und Lachen - ließ mich zunächst eine Siegesfeier oder eine Art sportliche Veranstaltung vermuten. Auf meine Frage jedoch, was hier vorgehe, wurde mir geantwortet, daß hier der »Totschläger von Kowno« am Werk sei. Kollaborateure und Verräter fänden hier endlich ihre gerechte Bestrafung! Nähertretend aber wurde ich Augenzeuge wohl des furchtbarsten Geschehens, das ich im Verlaufe von zwei Weltkriegen gesehen habe. -

Auf dem betonierten Vorplatz dieser Tankstelle stand ein mittelgroßer, blonder und etwa 25jähriger Mann, der sich gerade ausruhend auf einen armdicken Holzprügel stützte, der ihm bis zur Brust reichte. Zu seinen Füßen lagen etwa 15 bis 20 Tote oder Sterbende. Aus einem Wasserschlauch floß ständig Wasser und spülte das vergossene Blut in ein Abflußgully. Nur wenige Schritte hinter diesem Manne standen etwa 20 Männer, die - von einigen bewaffneten Zivilisten bewacht -, in stummer Ergebenheit auf ihre grausame Hinrichtung warteten. Auf einen kurzen Wink trat dann der Nächste schweigend vor und wurde auf die bestialischste Weise mit dem Hölzknüppel zu Tode geprügelt, wobei jeder Schlag von begeisterten Zurufen seitens der Zuschauer begleitet wurde.

Beim Armeestab erfuhr ich sodann, daß diese Massen-Exekutionen dort bereits bekannt waren, und daß diese selbstverständlich das gleiche Entsetzen und die gleiche Empörung wie bei mir hervorgerufen hatten. Ich wurde jedoch darüber aufgeklärt, daß es sich hier anscheinend um ein spontanes Vorgehen der litauischen Bevölkerung handle, die an Kollaborateuren der vorausgegangenen russischen Besatzungszeit und an Volksverrätern Vergeltung übe. Mithin müßten diese grausamen Exzesse als rein innerpolitische Auseinandersetzungen angesehen werden, mit denen - wie auch »von oben« angeordnet worden sei - der litauische Staat selber, daß heißt, ohne Eingreifen der deutschen Wehrmacht, fertig zu werden hätte. - Die öffentlichen Schau-Hinrichtungen wären bereits verboten worden, und man hoffe, daß dieses Verbot ausreiche, um Ruhe und Ordnung wieder herzustellen. -

Am gleichen Abend (27.6.) war ich Gast des Armeestabes. Während des Abendessens trat ein Offizier des Armeestabes an den Oberbefehlshaber (Generaloberst Busch) heran und meldete diesem, daß die Massenmorde in der Stadt erneut begonnen hätten. General Busch erwiderte hierauf, daß es sich hier um innerpolitische Auseinandersetzungen handele, daß er momentan machtlos sei, dagegen vorzugehen, zumal ihm dies verboten worden sei, daß er aber hoffe, schon in Kürze andere Anweisungen von oben in Händen zu haben. - Die ganze Nacht hindurch waren Gewehr- und M.G.-Salven zu hören, die auf weitere Erschießungen außerhalb der Stadt, wahrscheinlich in den alten Festungsanlagen, schließen ließen.

Kowno: Massenmord, Von deutschen Soldaten besichtigt und vom Armeestab geduldet Kowno: Massenmord, Von deutschen Soldaten besichtigt und vom Armeestab geduldet

Am nächsten Tag sah ich keine solchen Hinrichtungen mehr in den Straßen, wie ich diese am Vortage erlebt hatte. Stattdessen aber wurden lange Kolonnen von jeweils 40 bis 50 Männern, Frauen und Kindern, die man aus ihren Wohnungen zusammengetrieben hatte, von bewaffneten Zivilisten durch die Straßen getrieben. Aus einer dieser Kolonnen trat eine Frau heraus, warf sich vor mir auf die Knie, und bat mit erhobenen Händen, bevor sie in rüdester Weise zurückgestoßen werden konnte, um Hilfe und um Erbarmen. Man sagte mir, daß diese Menschen in das Stadtgefängnis geführt würden. Ich nehme jedoch an, daß deren Weg unmittelbar zur Hinrichtungsstätte geführt hat.

Kowno: Massenmord, Von deutschen Soldaten besichtigt und vom Armeestab geduldet Kowno: Massenmord, Von deutschen Soldaten besichtigt und vom Armeestab geduldet

Bei meiner Abmeldung vom Armeestab beauftragte mich der Oberbefehlshaber, die in Kowno herrschenden Zustände der Heeresgruppe zu melden. Ich erinnere mich, mit welcher Empörung, aber auch mit weicher Besorgnis meine dementsprechende Meldung bei der Heeresgruppe aufgenommen wurde. Aber auch hier glaubte man noch hoffen zu können, daß es sich tatsächlich um rein innerpolitische Angelegenheiten handelte. Im übrigen erfuhr ich nun auch hier, daß es von oberer Stelle verboten sei, von militärischer Seite aus irgendwelche Maßnahmen zu ergreifen. Dies sei ausschließlich Aufgabe des »SD«.

Nachdem der Heeresgruppenstab am 1.7. in Kowno Quartier bezogen hatte, war es in der Stadt selber ruhiger geworden. Das tägliche Zusammentreiben und Abführen von Zivilisten gehörte jedoch zur täglichen Erscheinung. Die Wachmannschaften trugen jetzt eine Art Milizuniform deutscher Herkunft. Unter diesen befanden sich auch Angehörige des »SO«, der - wie ich später erfahren habe - seine Tätigkeit schon am 24.6. in Kowno aufgenommen haben soll.

Source/Quelle: Bericht Oberst a.D. von Bischoffshausen vom 19.4.59 an ZSt.: 207 AR-Z 14/58, BI. 297 ff.


Bericht eines Photographen (Wilhelm Gunsilius) - 11 november 1958

Zu Beginn des Rußlandfeldzuges am Morgen des 22.6.1941 bin ich mit meiner Einheit nach Gumbinnen verlegt worden. Dort verblieben wir bis zum kommenden Dienstag, den 24.6.1941. An jenem Dienstag wurde ich mit einem Vorkommando von Gumbinnen aus nach Kowno in Marsch gesetzt. Dort kam ich mit der Spitze einer Heereseinheit im Laufe des Mittwoch vormittags (25.6.1941) an. Meine Aufgabe bestand darin, Quartier für die nachfolgende Gruppe zu machen. Meine Aufgabe wurde mir dadurch wesentlich erleichtert, weil wir auf vorher gemachten Luftbildern in Kowno bereits schon bestimmte Häuserblocks für unsere Einheit festgelegt hatten.

Wesentliche Kampfhandlungen in der Stadt fanden nicht mehr statt. In der Nähe meines ausgemachten Quartiers stellte ich am Nachmittag eine Menschenansammlung fest in einem nach drei Seiten umfriedeten Hof einer Tankstelle, der nach der Straße durch eine Menschenmauer abgeschlossen war. Dort fand ich folgendes Bild vor: In der linken Ecke des Hofes war eine Gruppe von Männern im Alter zwischen 30 und 50 Jahren. Es müßten etwa 45-50 Personen gewesen sein, die von einigen Zivilisten zusammengetrieben und im Schach gehalten wurden. Die Zivilisten waren mit Gewehren bewaffnet und trugen Armbinden, wie sie auf den Bildern, die ich damals machte, abgebildet sind. Ein junger Mann, es muß sich um einen Litauer gehandelt haben […], mit aufgekrempelten Hemdsärmeln, war mit einer eisernen Brechstange bewaffnet. Er zog jeweils einen Mann aus der Gruppe heraus, erschlug ihn mit der Brechstange durch einen oder mehrere Hiebe auf den Hinterkopf. Auf diese Weise hat er innerhalb einer dreiviertel Stunde die ganze Gruppe von 45-50 Personen erschlagen. Von diesen Erschlagenen machte ich eine Reihe von Aufnahmen. […].

Nachdem alle erschlagen waren, legte der Junge die Brechstange beiseite, holte sich eine Ziehharmonika, stellte sich auf den Berg der Leichen und spielte die litauische Nationalhymne. Die Melodie war mir bekannt, und ich wurde von Umstehenden belehrt, daß es sich um die Nationalhymne handle. Das Verhalten der anwesenden Zivilpersonen (Frauen und Kinder) war unwahrscheinlich, denn nach jedem Erschlagenen fingen sie an zu klatschen, und bei Beginn des Spiels der Nationalhymne wurde gesungen und geklatscht. Es standen Frauen in der VOrdersten Reihe mit Kleinkindern auf den Armen, die den ganzen Vorgängen bis zum Ende beigewohnt haben. Ich erkundigte mich bei Deutschsprechenden, was hier vorginge, dabei wurde mir folgendes erklärt: Die Eltern des Jungen, der die anderen erschlagen hat, seien vor zwei Tagen aus dem Bett verhaftet und sofort erschossen worden, weil sie als Nationalisten verdächtig waren, und das hier sei jetzt die Rache des jungen Mannes. Ganz in der Nähe lag eine Reihe toter Menschen, die nach Aussage der Zivilpersonen zwei Tage vorher von abrückenden Kommissaren und Kommunisten getötet worden waren.

Solange ich mich noch mit Zivilpersonen unterhielt, wurde ich von einem SS-Offizier angesprochen, der mir meine Kamera abverlangte. Ich konnte ihm dies verweigern, da ich erstens eine Dienstkamera hatte, und zweitens einen Sonderausweis vom Armeeoberkommando 16, der besagte, daß ich überall fotografieren durfte. Ich erklärte dem Offizier, daß er diese Kamera nur über Generalfeldmarschall Busch erreichen könnte. Daraufhin konnte ich ungehindert gehen.

Source/Quelle: Auss. des Fotographen Gunsilius vom 11.11.58: 207 AR-Z 14/58, BI. 133 ff.


Bericht eines Gefreiten der Bäckereikompanie 562 (Röder) - 8 juli 1959

Ich gehörte im Sommer 1941 als Gefreiter der Bäckereikompanie 562, Feldpostnummer 07048, an, welche der 16. Armee zugeteilt war. Kurz vor Kriegsbeginn mit Rußland lagen wir in Rastenburg. Dortselbst erlebten wir auch am Sonntag, den 22.6.1941, den Beginn des Rußlandfeldzuges. Am 23.6.1941 überschritten wir bei Wirballen die deutsch-russische Grenze. Noch am gleichen Tage kamen wir spät nachmittags in Kowno an, wo wir in einer russischen Kaserne, deren Namen mir nicht bekannt ist, Quartier bezogen. Während der Fahrt durch die Stadt Kowno, noch bevor wir unser Quartier erreicht hatten, sah ich auf einem Platz innerhalb der Stadt eine Menschenansammlung. Ich hielt mein Fahrzeug an, um nachzusehen, was dort los sei. Wegen der Menge der umherstehenden Personen und einer Mauer, mußte ich auf mein Fahrzeug klettern, um den Schauplatz überblicken zu können. Dabei sah ich dann, wie von litauischen Zivilpersonen mit verschiedenen Schlagwerkzeugen auf eine Anzahl von Zivilisten eingeschlagen wurde, bis diese keine Lebenszeichen mehr von sich gaben. Da ich nicht wußte, warum diese Personen auf solch grausame Weise erschlagen wurden, fragte ich einen neben mir stehenden Sanitätsfeldwebel, welcher mir persönlich nicht bekannt war. Er sagte mir, die erschlagenen Personen seien alle Juden, welche von den Litauern in der Stadt aufgegriffen und zu diesem Platz gebracht worden seien. Bei den Schlägern handelte es sich um entlassene litauische Zuchthäusler. Warum diese Juden erschlagen wurden, habe ich nicht erfahren. Ich konnte mir damals auch keine eigenen Gedanken über Judenverfolgungen machen, weil ich davon noch nichts gehört habe. Bei den zuschauenden Personen handelte es sich fast ausschließlich um deutsche Soldaten, welche aus Neugierde dem grausamen Geschehen zuschauten.

Als ich damals zu dem Platz kam, wo die Juden erschlagen wurden, mögen etwa 15 Leichen oder Schwerverletzte auf dem Platz gelegen haben. Es waren etwa 5 entlassene litauische Zuchthäusler gerade dabei, weitere Juden zu erschlagen. Die Zuchthäusler trugen, soweit ich sie erkennen konnte, teils weiße Oberhemden und dunkle Hosen, teils dunkle Trainingsanzüge. Da ich Fotoamateur war, habe ich von diesem einmaligen Ereignis, auf meinem Fahrzeug stehend, 2 Aufnahmen gemacht. Da der Film gerade durchbelichtet war, habe ich denselben dem Apparat entnommen, um einen neuen einzulegen. Im gleichen Augenblick wurde ich von einem Wehrmachtsbeamten im Offiziersrang, vermutlich ein Zahlmeister, gestellt und darauf hingeweisen, daß man von solchen Ereignissen keine Aufnahmen machen dürfe. Ich mußte ihm meine Personalien und meine Einheit angeben, und er hat mir den Apparat abgenommen. Die Lichtbilder konnte ich nur dadurch retten, daß ich den Film bereits entnommen hatte. Auf den von mir gefertigten Lichtbildern [ ... ) sind deutlich 5 litauische Zuchthäusler zu erkennen, welche die Schlagwerkzeuge in den Händen tragen und gerade auf die am Boden liegenden Juden einschlagen. Teilweise sind auch noch Angehörige des litauischen »Freikorps« abgebildet, welche am linken Arm eine Armbinde trugen. Diese brachten laufend weitere Juden zu dem Platz, wo sie ebenfalls von den Zuchthäuslern erschlagen wurden. Die auf dem Boden liegenden Juden waren nicht alle gleich tot. Sie wurden, nachdem sie zum Platz geführt waren, ganz wahllos auf den Kopf oder ins Gesicht geschlagen, so daß sie zunächst benommen waren und zu Boden stürzten. Dann wurde von den Zuchthäuslern solange auf sie eingeschlagen, bis sie kein Lebenszeichen mehr von sich gaben. Dann wurden wieder andere Juden zu dem Platz geführt und diese auf die gleiche Weise ebenfalls erschlagen. Ich hielt mich insgesamt etwa 10 Minuten am Ort des grausamen Geschehens auf und ging dann weiter bzw. setzte meine Fahrt fort. Solange ich mich an dem Platz aufhielt, war ich Zeuge, wie etwa 10 bis 15 Juden erschlagen wurden […].

Bevor sie erschlagen wurden, haben die Juden gebetet und vor sich hingemurmelt. Auch die schon auf dem Boden liegenden schwerverletzten Juden haben teilweise noch vor sich hingebetet.

Source/Quelle: Auss. des Gefreiten der Bäckereikompanie Röder vom 8.7.59: 2 AR-Z 21/58, BI. 3647 ff.


Bericht des Hauptfeldwebels der Bäckereikompanie 562 (Lesch) - 8 juli 1959

Ich war zu Beginn des Rußlandkrieges im Jahre 1941 Hauptfeldwebel der Bäckereikompanie 562, welche der 16. Armee unterstand. Im Frühjahr 1941 wurden wir von Frankreich nach Ostpreußen verlegt. Kurz vor Kriegsbeginn lagen wir in Rastenburg. Wenn ich mich recht erinnere, haben wir am 23. oder 24.6.1941 bei Stallupönen die Grenze überschritten und sind dann Richtung Kowno (Kaunas) gefahren. Das genaue Datum unseres Einrückens in Kowno kann ich heute nicht mehr sagen, doch sind wir vermutlich 2 oder 3 Tage nach der Einnahme der Stadt in Kowno eingetroffen. Die gesamte Einheit rückte meines Wissens in Kowno ein, ein besonderes Vorkommando war nicht erforderlich. Wir haben in einer alten russischen Kaserne Quartier bezogen und gleich angefangen, Brot herzustellen, um die Truppe zu versorgen. Vermutlich 1 Tag nach unserem Einrücken in Kowno wurde ich von einem Kraftfahrer meiner Einheit davon unterrichtet, daß auf einem ganz in der Nähe befindlichen Platze innerhalb der Stadt Juden erschlagen würden. Daraufhin begab ich mich zu dem beschriebenen Platze, wo sich nach meiner Erinnerung noch weitere Angehörige unserer Einheit eingefunden hatten, bzw. mit mir dorthin gegangen waren. Es war ein Platz in der Größe von etwa 20 Metern im Quadrat, der gepflastert war. Eine der Seiten des Platzes grenzte direkt an die Straße an, 2 Seiten waren von Häusern umgeben. Die Hinterfront des Platzes schloß an freies Gelände, vielleicht an einen Park, an.

Ich sah, daß dort Zivilisten, teilweise in Hemdsärmeln, teilweise in anderer Oberbekleidung, mit Eisenstangen bewaffnet andere Zivilisten totschlugen. Ob es sich bei den Opfern um Juden handelte, konnte ich nicht unterscheiden. Es ist aber damals die Bemerkung gefallen, es wären Juden, welche vor dem Einmarsch der Deutschen bei Geschäften die Litauer betrogen hätten. Von den in der Nähe befindlichen Soldaten, welche ich befragte, hörte ich, daß die Opfer aus persönlichen Rachegelüsten erschlagen worden seien. Als ich zu dem Platz kam, lagen dort schätzungsweise 15-20 Leichen. Diese wurden dann von den Litauern weggeräumt, und der Platz wurde mit einem Wasserschlauch von den Blutlachen gesäubert. Auf meine Frage, wo die Leichen hingebracht würden, erfuhr ich, daß diese zum Friedhof gebracht würden. Ich sah, wie die Litauer die Leichen an Händen und Beinen anfaßten und wegschleppten. Anschließend wurde wieder eine Gruppe von Delinquenten auf den Platz getrieben und gestoßen und von den mit Eisenstangen bewaffneten Zivilisten ohne größere Umstände einfach totgeschlagen. Ich habe bei der Erschlagung einer Gruppe von Delinquenten zugesehen und mußte mich dann wegwenden, weil ich dies nicht mehr mit ansehen konnte. Mir erschien dieser Vorgang äußerst grausam und brutal. Solange diese Personen erschlagen wurden, haben viele deutsche Soldaten und auch Litauer zugeschaut. Die Soldaten mischten sich in das Geschehen nicht ein, weder durch Zustimmung noch durch Ablehnung. Von den litauischen Zivilisten hörte man Zustimmungs- und Aufforderungsrufe.

Source/Quelle: Auss. des Hauptfeldwebels der Bäckereikompanie Lesch vom 8.7.59: 2 AR-Z 21/58, BI. 3657 f


Bericht eines weiteren Angehörigen der Bäckereikompanie 562 (Schmeink) - 2 august 1960

In der Mitte des Platzes war eine Senke zum Waschen der Wagen. Seitwärts spritzte einer mit einem Schlauch Wasser auf die am Boden liegenden Menschen, die sich teilweise wieder aufrichten konnten, dann aber erneut mit einem Eisengegenstand geschlagen wurden. Ich habe beobachten können, wie man mit Federblättern zuschlug.

Ich bin […] hinzugekommen, als die Menschen am Boden lagen und bespritzt wurden. Dann kam die Forttragung der Leichen. Es wiederholte sich dann alles erneut. Aus der Gruppe der etwa 70 Männer waren die Leichenträger nun die neuen Opfer. Sie mußten sich um die Senke steilen und zwar im Halbkreis. Sie wurden dann von allen Seiten erschlagen. Es können 6 Personen gewesen sein, die geschlagen haben. […] Ich habe natürlich gefragt, wer die Männer wären, die zuschlugen. Es sollte sich um lettische Freiheitskämpfer handeln. Ich konnte dies nicht begreifen. Die umstehenden Absperrleute hatten Armbinden an und trugen Karabiner. Geschossen wurde auf keinen Fall. Der Platz war umstellt mit neugierigen Wehrmachtsangehörigen, so war es auch mit mir. Wir konnten dies nicht fassen und haben uns nach einiger Zeit entfernt.

Ich habe den Vorfall soweit beobachten können, daß ich ankam, als die Leichen dort lagen und dann die nächsten erschlagen worden sind. Ich mußte dann den Platz verlassen, weil ich nicht mehr zusehen konnte. Meine Kameraden sind mitgegangen.

Source/Quelle: Auss. eines weiteren Angehörigen der Bäckereikompanie (Schmeink) vom 2.8.60: 204 AR-Z 21/58, B1116.


Bericht eines Sanitätsdienstgrades (Hippier) - 11 november 1958

Etwa 150 m von meinem Quartier entfernt befand sich ein Fort. Anhand der Karte glaube ich zu erkennen, daß es sich um Fort VII handelte. Bisher war ich allerdings der Meinung, daß es in Kowno nur ein Fort gab. Von meinem Quartier aus hörte ich wie auch meine Kameraden in der Nacht Schüsse. Wir gingen anderntags und in den folgenden Tagen der Sache nach, kletterten auf die Wälle des Forts und sahen unter uns Menschenansammlungen, die von bewaffneten SS- oder SD-Leuten bewacht wurden. Bei den Bewachungsmannschaften handelte es sich nur um Deutsche, nicht um Litauer. Bei einer dieser Besichtigungen hat dann der technische Inspektor, an dessen Namen ich mich nicht erinnere, mit seiner Kamera diese Bilder gemacht. […] Wir haben damals bei Tag keine Erschießungen mit angesehen. Wie wir hörten, erfolgten diese Erschießungen in der Nacht. Am Tage wurden die Personen, es handelte sich um Männer, Frauen und Kinder, aus Kowno in dieses Fort gebracht. Meiner Erinnerung nach handelte es sich nur um Juden, zumindest sprach man damals nur von solchen Personen.

Die Leichen der Erschossenen wurden in einem großen Sprengtrichter, der etwa einen Durchmesser von 15 m hatte und meiner Schätzung nach 3-4 m tief war, geworfen. Jede Lage der Leichen wurde mit Chlorkalk zugedeckt. Erzählt hat man damals, daß immer die nachfolgenden Juden die vorher Erschossenen in den Sprengtrichter geworfen [haben) und mit Sand zudecken mußten. Ich stand selbst einmal an diesem Sprengtrichter, konnte aber keine Leichen sehen, da alles mit Sand zugedeckt war.

Bei einem meiner Besichtigungsgänge durch dieses Fort habe ich mich einmal in Unkenntnis der Zugänge gewissermaßen verirrt. Bei dieser Gelegenheit lief mir eine meiner Meinung nach etwa 30 Jahre alte Jüdin über den Weg. Sie war durch beide Backen geschossen worden, und die Schußwunde war erheblich angeschwollen. Sie bat mich, da sie meine Rotkreuzbinde sah, um einen Verband, den ich ihr auch geben wollte. Ich bemühte mich, mein mitgeführtes Verbandspäckchen aus meinem Rock zu holen, als ein SS- oder SO-Posten mit Gewehr auf mich zukam und mich aufforderte, ich sollte so schnell wie möglich hier verschwinden, die Jüdin brauche auch kein Verbandspäckchen mehr. Die Jüdin wurde dann von dem uniformierten Deutschen wieder zurückgetrieben.

Ich war damals über dieses Erlebnis sehr erschüttert, und ich habe mich hierüber auch mit meinen Kameraden unterhalten, die ebenfalls erschüttert waren. Es wäre damals für mich sinnlos und gefährlich gewesen, mich gegen den SS-Mann aufzulehnen, denn diese waren sehr rigoros. Der Uniformierte bedrohte mich damals, wenn ich nicht weitergehen würde, dann würde er mich über den Haufen schießen. Anläßlich meiner Besichtigungen des genannten Forts habe ich meiner Schätzung nach mindestens 2000 Personen verschiedenen Alters und Geschlechts gesehen, die alle zur Erschießung bestimmt waren und sicherlich auch erschossen wurden. Bei den auf den Bildern dargestellten Personen handelte es sich lediglich um Teilausschnitte.

Source/Quelle: Auss. des Sanitätsdienstgrades Hippier vom 11.11.58: 207 AR-Z 14/58, BI. 125 ff.

Kowno: Fort VII. Hier wurden über 3000 Juden erschossen. Kowno: Fort VII. Hier wurden über 3000 Juden erschossen. Kowno: Fort VII. Hier wurden über 3000 Juden erschossen

Source/Quelle: Auss. des Sanitätsdienstgrades Hippier vom 11.11.58: 207 AR-Z 14/58, BI. 125 ff.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.