Un gradé de l'économat témoigne sur les massacres de Bobruisk

«J’ai assisté à l’exécution avec d'autres cadres cadres administratifs»

Assassinat de Juifs, un spectacle public


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
Reproduction interdite - No reproduction

Document original en allemand / Deutsches Original


En mars 1942, j’étais chef économe et suis arrivé dans le secteur Russie Centre. Ma tâche était de remettre en état les entreprises abandonnées par les Russes, de les diriger et de trouver suffisamment de main d’œuvre. Mes activités m’ont, entre autres, amené à travailler dans les villes de Bobruisk, Borissov, Minsk et Gomel. J’ai séjourné dans ce secteur pendant presque six mois. Puis, vers le mois de septembre 1942, je suis parti pour le Caucase, dans le secteur Sud. Mon grade correspondait à celui d’un lieutenant colonel. Le siège de l’inspection générale de l’intendance était à Borissov, le général Wagner en était le directeur. En ma qualité d’intendant, j’ai rencontré à plusieurs reprises le général v. d. Bach Zelewski.

12 000 à 15 000 Juifs ont été fusillés à Bobruisk à l’époque où il commandait la place. Le premier jour, lorsque les opérations ont commencé, 2500 Juifs exactement (hommes, femmes et enfants) ont été fusillés. J’ai assisté à ces exécutions avec d’autres cadres administratifs. D’une certaine manière, c’était presque un ordre. En effet, une circulaire ou une communication téléphonique nous avait convoqués pour assister au début des opérations. Les administrations devaient, dans la mesure du possible, y envoyer des délégations afin que l’on ne soupçonnât pas que nous pourrions être hostiles au national socialisme. En avril ou en mai 1942, la première opération se déroulait encore à la périphérie de la ville, elle a commencé à 6 h du matin et a duré toute la journée, avec des interruptions parce qu’on devait relever les équipes des pelotons d’exécution, car certains perdaient complètement la tête. Le peloton d’exécution n’était constitué que de policiers en uniforme vert […]

Plusieurs autres opérations ont ensuite succédé à la première jusqu’à ce qu’environ 12 000 à 15 000 personnes soient liquidées. Toutefois, je n’étais pas présent aux exécutions suivantes.

A la suite de ces exécutions, une réunion de travail a eu lieu à Bobruisk au bureau de v.d. Bach Zelewski. Moi même, ainsi que les autres personnes présentes, nous lui avons signalé que nous avions besoin de main d’œuvre masculine, et que de telles mesures nous en privaient. Sur ce, v.d. Bach Zelewski a protesté et a déclaré qu’il accomplissait son devoir de patriote.

Source/QuelleAuss. des Wirtschaftsführers Grabow vom 24.4.59: 202 AR-Z 52/59, Bd.IV, BI. 368f.


Document original en allemand / Deutsches Original

»Hinrichtung in der Art einer Volksbelustigung«
Judenmord als öffentliches Schaustück

»...der Exekution mit anderen Behördenleitern beigewohnt«

Ein Wirtschaftsführer über Massentötungen in Bobruisk

Ich kam im März 1942 als Wirtschaftsführer in das Gebiet Rußland-Mitte. Meine Aufgabe war die Wiederinstandsetzung und Führung der von den Russen zuückgelassenen Betriebe sowie die Besorgung von genügenden Arbeitskräften. Meine Tätigkeit führte mich u. a. in die Orte Bobruisk, Borissow, Minsk bis in die Gegend von Gomel. In diesem Gebiet hielt ich mich etwa ein halbes Jahr auf und kam etwa im September 1942 in den Südabschnitt und den Kaukasus. Mein Rang entsprach einem Oberstleutnant. In Borissow war der Sitz der Wirtschaftsinspektion, Leiter derselben war General Wagner. In meiner Eigenschaft bin ich wiederholt mit dem General v. d. Bach-Zelewski zusammengekommen.

In Bobruisk sind seinerzeit 12000-15000 Juden erschossen worden. Am ersten Tag, als die Aktion begann, wurden genau 2500 Juden (Männer, Frauen und Kinder) erschossen. Dieser Exekution habe ich mit anderen Behördenleitern beigewohnt. Wir wurden in gewissem Sinne dazu kommandiert, und zwar in der Form, daß ein Rundschreiben oder Telefonanruf uns aufforderte, dem Beginn der Aktion beizuwohnen. Es mußten gewissermaßen dann auch von den Ämtern Abordnungen gestellt werden, um nicht den Anschein zu erwecken, man wäre ein Gegner des Nationalsozialismus. Diese Aktion war etwa im April oder Mai 1942, noch im Weichbild der Stadt, und begann früh um 6 Uhr. Sie dauerte den ganzen Tag an mit Unterbrechung, weil die ausführenden Mannschaften, von denen verschiedene durchgedreht waren, abgelöst werden mußten. Das Exekutionskommando bestand nur aus grüner Polizei. […]

Dieser ersten Aktion folgten noch mehrere, bis etwa 12000-15000 Personen vernichtet waren. Bei den weiteren Exekutionen war ich jedoch nicht mehr zugegen.

Nach diesen Exekutionen in Bobruisk war bei v. d. Bach-Zelewski eine Dienstbesprechung. Von mir und anderen Anwesenden wurde er darauf hingewiesen, daß wir Männer als Arbeitskräfte brauchen, die uns durch solche Exekutionen weggenommen werden. Darauf hat v. d. Bach-Zelewski sich dagegen verwahrt und erklärt, er erfülle eine vaterländische Pflicht.

Source/QuelleAuss. des Wirtschaftsführers Grabow vom 24.4.59: 202 AR-Z 52/59, Bd.IV, BI. 368f.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.