Lettres de Karl Kretschmer,
SS Obersturmführer (SK 4a)«Du travail pratique pour notre Führer»
L’extermination des Juifs au jour le jour
Extrait de
Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazisErnst Klee, Willy Dressen, Volker Riess
Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989Reproduction interdite - No reproduction
Document original en allemand / Deutsches Original
- Lettre du 27 septembre 1942 à sa femme
- Lettre non datée
- Lettre du 7 octobre 1942 à sa famille
- Lettre du 15 octobre 1942 à sa famille
- Lettre du 19 octobre 1942 à sa famille
Lettre du 27 septembre 1942 à sa femme
No 6 Dimanche, 27 septembre 1942
Ma chère Soska,
Tu es sans doute inquiète de ne pas avoir reçu de lettre depuis le lundi 21 septembre 1942. Mais je ne pouvais vraiment pas écrire plus tôt. J’ai, d’une part, parcouru encore une fois des kilomètres (cette fois ci en voiture, 2 jours passés dans la poussière et les cahots), et d’autre part, je suis malade. Je me sens mal et suis déprimé. Comme je souhaiterais être auprès de vous. Ce que l’on voit ici ne rend ni dur ni sentimental. Je ne suis plus dans la région de Stalingrad, mais un peu plus au nord, au milieu du front. Pas directement sur le front, mais assez près pour qu’un jour une bombe me tombe dessus. Que je la reçoive ici ou à Karlsruhe, cela revient au même. D’après ce que je sais, les Anglais vous ont épargnés. J’espère que cela va durer. D’après ce que je connais de la Russie, tout l’or du monde ne vaut pas mon cher pays. Si je pouvais faire une prière, je demanderais à la Providence de vous protéger vous et mon pays, juste pour moi. Quand nous serons tous réunis, ce sera merveilleux. Tu dois être étonnée que je t’écrive cela.
Comme je te l’ai dit, je suis d’humeur lugubre. Il faut que je me maîtrise. Le spectacle des morts (parmi eux des femmes et des enfants) n’est pas particulièrement stimulant. Mais aujourd’hui, nous menons cette guerre pour l’existence ou la non existence de notre peuple. Vous autres, au pays, vous ne le sentez pas trop, Dieu soit loué. Mais les bombardements montrent bien ce que l’ennemi nous prépare s’il en a la force. Le front vit cela, à chaque pas. Mes camarades se battent littéralement pour l’existence de notre peuple. Ils font ce que l’ennemi ferait. Je crois que tu me comprends. Étant donné qu’à notre avis, cette guerre est une guerre contre les Juifs, ce sont les Juifs qui sont les premiers à la sentir. En Russie, il n’y a plus de Juifs là où il y a des soldats allemands. Tu peux t’imaginer qu’il va me falloir quelque temps avant que je surmonte cela. Je te prie de ne pas en parler à Frau Kern.
Qui plus est, je suis malade (diarrhée, fièvre, frissons). Ici, tout le monde passe par là. L’adaptation à la nourriture, et en plus, pas d’eau. Dès qu’on a laissé les grandes villes de Russie occidentale derrière soi, on arrive dans la steppe à perte de vue. L’Afrique ne peut être pire. La campagne est horrible. Partout la poussière, la poussière encore et encore. Les hommes végètent, apathiques. Les destructions seront bientôt réparées, car les maisons ne sont faites que de quelques poutres et de planches. Tout le reste est en torchis, c’est la nature qui le fournit. Les toits sont couverts de paille et de foin, puis on étale ensuite de l’argile dessus. Le soleil cuit l’ensemble pour en faire une masse solide. Comme, en plus, il y a beaucoup de calcaire, ils badigeonnent le tout en blanc et c’est fini. Ce sont les femmes qui font tout le travail. Les hommes que l’on peut encore apercevoir doivent s’occuper d’une quelconque manière, là où on ne les voit pas. En ce moment, tout le monde crache ici, les petits comme les grands. On voit les gens se remplir la bouche de graines de tournesol et c’est parti. Toute la journée. Comme des perroquets. Dans les villes, j’ai encore rencontré tant soit peu de civilisation, mais il n’en reste plus rien dans les campagnes. Tout y est primitif. Je me demande sans cesse d’où Staline a bien pu sortir sa puissance de feu et son armement. Il se peut que toute la population n’ait travaillé que pour la guerre pendant ces vingt ans. Ce n’est pas pensable autrement.
C’est tout à ce sujet. Maintenant, passons à la nourriture. Je t’ai toujours dit que le soldat ne mourait jamais de faim. Mais il y a un accroc à cela. Nous tirons le ravitaillement des campagnes. Quand on a laissé derrière soi les champs d’Ukraine et qu’on arrive dans la steppe, on trouve bien moins de choses, de beurre par exemple. Le commandement de l’armée vient à la rescousse en envoyant des conserves. Moi, j’ai eu de la chance, parce que, compte tenu de la difficulté de notre travail, nous avons pu acheter un supplément en ravitaillement. Acheter est erroné, l’argent ne vaut rien, on échange. Le hasard veut que nous soyons en possession de vêtements usagés, ils sont très recherchés ici. Ces guenilles appartenaient à des gens qui ne sont plus en vie. Tu n’as donc pas besoin de m’envoyer de vêtements ou autres. Ce que nous avons ici suffira encore pendant des années. Procure moi du sel, de préférence des paquets de sel blanc de chez Kaisers[N.d.T. Chaîne de magasins d’alimentation]. Quand je viendrai en permission, je voudrais en emporter au moins 15 kilos. C’est plus précieux que de l’or, ici.
Je t’ai écrit que je pourrai peut être te procurer un chat persan. Ce ne sera pas possible. D’une part, parce que je ne suis plus dans la région, et parce que les Juifs qui en faisaient le commerce ne sont plus en vie, et, d’autre part, parce que beaucoup de gens veulent en avoir. De plus, j’ai entendu dire que certains ont payé une fortune pour en avoir. Alors, moi je ne marche pas. Peut être que la chance nous sourira. C’est ma sixième lettre. Aujourd’hui, j’ai envoyé les colis n° 2 (du beurre) et n° 3 (deux boîtes de sardines, deux balles de caoutchouc, un sachet de thé et deux rouleaux de bonbons pour les enfants) […].
Dès qu’il aura commence à faire froid, et si quelqu’un vient en permission, j’en profiterai pour t’envoyer une oie. Ici, elles sont plus de 200 à cancaner aux alentours, il y a aussi des vaches, des veaux, des porcs et des dindes. Nous vivons comme des princes. […] aujourd’hui, c’est dimanche, nous avons eu de l’oie rôtie (1/4). Ce soir, il y aura du pigeonneau. J’étale une épaisse couche de beurre sur mon pain. Nous sucrons au miel parce qu’il n’y a pas de sucre. Envoie moi des boîtes vides, pas trop grandes, avec un couvercle (elles ne doivent pas peser plus de 100 g). Nous les emplissons et nous les soudons. Nous pouvons envoyer autant de colis de I kg que nous voulons. Avec les timbres que je te joins, tu peux m’envoyer un paquet de I kilo. Je suis en train de reprendre les affaires. En ce moment, je compte de l’argent par caisses, plus de 110 000 RM en roubles […].
Protège bien les enfants
J’ai le cœur triste
Tendrement
Ton Karl.
S’il te plaît, envoie moi chaque jour le Führer et les autres journaux. On ne trouve rien ici.
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff. Les mises en italique ne figurent pas dans les originaux, mais dans les transcriptions des lettres par la police de Karlsruhe en 1945.
Lettre non datée
Lettre non datée
[…] Dès qu’il commencera à faire froid, ne t’étonne pas si un jour tu reçois un colis avec une oie. Si un camarade part en permission, il l’emportera et t’enverra le paquet. Même si tu devais recevoir un colis venant de Hongrie, prends le. J’ai prêté de l’argent à des Allemands hongrois qui se sont engagés dans les SS et leur ai donné l’adresse de la maison. Ils y penseront quand ils partiront en permission. Tu vois, je m’occupe bien de vous. Tu as certainement déduit du discours de Göring que nous avons l’autorisation d’envoyer des colis. Le Führer le permet. La conséquence de cette décision pourrait être que même si la population crève de faim ici, nous trouverons toujours de quoi manger. Mais nous n’avons pas besoin d’aller jusque là. Ce serait la pire des cruautés. Ici, il faut que nous soyons durs, sinon, nous risquons de perdre la guerre. Il n’y a pas de place pour la pitié, sous quelque forme qu’elle soit. Vous, les femmes et les enfants, là bas au pays, vous n’aurez à escompter ni clémence ni pitié s’il advenait que l’ennemi s’imposât. C’est à cause de cela que nous faisons le ménage partout où c’est nécessaire. A part cela, le Russe est docile, simple et obéissant. Il n’y a plus de Juifs.
Jusqu’à présent, je vous ai envoyé les colis suivants:
1) Boites de viande, de poisson, des bonbons.
2) Boîtes de beurre.
3) 2 sardines à l’huile, 2 bonbons, 2 balles, 1 paquet de thé.
4) Boîtes de beurre.
5) Beurre.
6) Sardines à l’huile, 1 boîte de poisson, 1 savon. 7) 1 boîte de pâté.
8) Le colis d’anniversaire de Volkmar: 800 g de chocolat français.
9) Beurre.
10) Beurre.
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
Lettre du 7 octobre 1942 à sa famille
No 8 Mercredi, le 7 octobre 1942
Chère Sonja, chers enfants,
Cela fait déjà un mois que j’ai dû vous quitter. Je me sens très triste et très seul. En ce moment, il pleut à verse. De toute façon, le monde est bien morne. La ville est un trou horriblement triste. Même les chemins sont en mauvais état. Il faut toujours faire drôlement attention en marchant. Tout ce qu’a pu faire ou construire le Russe est du travail bâclé, tout n’est fait que superficiellement. Plus tard, il nous faudra à nous, Allemands, des dizaines d’années pour mettre de l’ordre là dedans […].
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
Lettre du 15 octobre 1942 à sa famille
No 11 Koursk, le 15 octobre 1942
Ma femme chérie, chers enfants,
Vous allez être étonnés de recevoir une lettre de moi venant du Reich. Mais c’est parce qu’un permissionnaire l’a emportée et l’a envoyée. De plus, je lui remets un paquet (8 kg), qu’il enverra de Coblence. Il contient: 5 kg de beurre, 2,5 kg de farine de froment et I morceau de savon de Marseille […].
Quant à ma vie actuelle, je peux dire qu’elle se déroule avec une certaine régularité. Nous avons une petite maison qui ressemble à celle de la Gartenstrasse, mais elle est un peu moins belle, elle n’a pas d’enduit. Tout est crasseux et mal construit. Autrefois, 40 familles environ habitaient ici. Ils ont dû nous laisser la place. Moi, j’ai maintenant un deux pièces. La salle de séjour est mon bureau et le trésor de guerre (150 000 RM), je dors dans la cuisine. Je chauffe de la cuisine. Jusqu’à présent nous n’avons pas eu de grands froids, donc c’est supportable. Nous transportons du bois en quantité incroyable. J’espère qu’il suffira pour tout l’hiver. Ce sont les prisonniers qui le coupent et qui l’entassent. Par conséquent, je tiens le coup. Si seulement vous étiez auprès de moi, alors tout serait merveilleux. Le réveil est à 6 heures. Mais je me réveille toujours plus tôt, parce que, jusqu’à présent, je n’ai jamais pu dormir plus de 5 heures, bien que parfois j’aille me coucher avant les autres.
A 7 heures, on nous sert le café (du pain à volonté, un carré de beurre, environ 60 g. parfois de la compote ou du faux miel). Quand nous aurons terminé le déménagement, nous aurons toujours du vrai miel. Il m’arrive de manger 4 tartines. Ensuite, on travaille jusqu’à midi. Le déjeuner est toujours bon, riche en viande et en graisse (nous avons notre propre bétail: des porcs, des moutons, des veaux et des vaches). Comme nous avons récupéré pas mal de pommes de terre, les repas sont copieux. Nous avons fait des bocaux de tomates et de cornichons. Chez lui, notre cuisinier exerçait profession parallèle, il tenait une épicerie fine et il s’y entend à la perfection. Je mange jusqu’à trois assiettées, selon mon gré. Puis nous recommençons à travailler jusqu’à 18 heures. Le soir, nous mangeons chaud: des pommes de terre sautées (que l’on met crues dans la graisse) avec des œufs brouillés, ou froid: du pain et de la charcuterie. Vous voyez, on s’occupe de notre bien être physique. Nous recevons le ravitaillement de la Wehrmacht, il n’est pas extraordinaire, mais cela suffit, et nous nous procurons le supplément nous mêmes. Je crois qu’il y en aura assez pour l’hiver. En ce moment, il y a 600 oies qui font un vacarme incroyable dans la ferme. J’espère que votre ou vos oies de Noël sont parmi elles. Je l’apporterai moi même si tout va bien. Sinon, je vais m’arranger pour que vous la receviez à temps.
Nous passons nos soirées à jouer aux cartes, à picoler ou à discuter avec le chef. Il faut que je sois souvent avec le chef. S’il veut jouer aux cartes, prendre un café ou un schnaps, il faut toujours que quelques officiers soient auprès de lui. Alors, on ne peut plus s’isoler. Je crois que j’ai réussi à faire bonne impression. Bien sûr, j’étais fatigué les premiers jours et très vite crevé. Ensuite, j’ai réussi à tenir plusieurs nuits et à être le dernier à quitter le terrain.
En ce qui concerne les fusillades, je t’ai déjà raconté que, là aussi, je n’ai pas le droit de défaillir. En gros, ils ont déclaré qu’ils avaient enfin obtenu un vrai mec comme directeur administratif, l’ancien ayant été un trouillard. C’est ainsi qu’on juge les gens ici. Tout autrement que chez nous. Mais vous pouvez avoir confiance en votre papa. Il pense sans cesse à vous et ne tire pas outre mesure. C’est ainsi que nous vivons. Nous ne mettons jamais le nez dehors, sauf pour quelques séances de cinéma, sorties au théâtre ou invitations dans d’autres services ou chez les officiers. Il ne se passe absolument rien en ville. Les dimanches sont exactement comme les jours de la semaine. Comme c’est bien, chez vous à la maison. Que devient mon jardin ? […].
C’est bien que M. Kern doive partir pour la France. Je crois qu’il serait trop sensible pour aller à l’Est. Cependant, les hommes changent ici. On sera bientôt capable de voir du sang; seul, le boudin n’est pas apprécié chez nous.
Bon, je vous embrasse tous. J’espère que mes colis (10 paquets) vous parviendront prochainement. Pour l’instant, je ne peux plus rien expédier car on n’a plus le droit de vendre. Mais ce que je vous ai envoyé vous suffira bien pour quelque temps. D’ici là, l’occasion se représentera.
J’espère que le colis de Wurzel arrivera à temps pour son anniversaire. Ce serait une immense joie.
Plein de grosses bises aux enfants.
Pour leur chère maman, un très très long baiser.
Vous êtes tout pour moi,
Votre papa.Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
Lettre du 19 octobre 1942 à sa famille
De la caserne, le 19 octobre 1942
A mes chers enfants et à leur chère maman,
Je vous écris rapidement pour que vous ne pensiez pas que votre papa vous a oubliés. J’ai beaucoup de travail en ce moment. Mais j’espère que d’ici deux semaines, cela sera plus calme. Alors on aura fait le ménage dans la baraque et je pourrai répartir mon travail et vivre un peu à ma guise. Si seulement on n’avait pas toujours à tourner autour de ces messieurs. Samedi, ça a encore duré toute la nuit. Et le lendemain, on est fatigué et abattu pendant toute la journée. Mais notre chef est compréhensif, il n’exige pas l’impossible, dans l’ensemble, il est très accommodant. Dimanche, nous avons festoyé. On a eu de l’oie rôtie. J’en ai mangé de la froide le matin au petit déjeuner, à midi et dans l’après midi. Puis le soir, j’ai pris du poisson. Le meilleur des rôtis n’a plus de goût à la longue. Surtout ne vous faites pas de soucis pour nous. Comme je vous l’ai déjà expliqué, notre travail exige que nous mangions et buvions bien. Sinon nos nerfs craquent. Votre papa va bien faire attention et garder la mesure. Tout n’est pas bien beau ici. Je préférerais dormir. Cette semaine, je suis l’officier de service et dois effectuer plusieurs contrôles de nuit. Dans notre secteur, nous ne pouvons pas trop faire confiance aux Russes. Mais rien ne s’est passé jusqu’à présent, ils ont bien trop de respect pour nous. Notre réputation est pire que celle de la G.P.U. ou de leur ancienne Tcheka. [La G.P.U., la police politique d’U.R.S.S., avait succédé à la Tcheka en 1922. N.d.E.]
Si seulement je pouvais être auprès de vous. La vie est morne et ennuyeuse. A part ces quelques exceptions, je passe toute la journée enfermé. Même le skat[N.d.T.: jeu de cartes très prisé dans les pays de langue allemande] ne me fascine plus comme au début. Je pense beaucoup à vous et j’espère que les premiers colis sont enfin arrivés. Je serais très heureux que le paquet de Wurzel arrive à temps. J’ai déjà un cadeau de Noël pour ma petite Dagi Muckerle[N.d.T.: diminutif de Dagmar et expression signifiant «ma puce» en patois d’Allemagne du Sud], si je viens moi même; sinon, ce sera son cadeau d’anniversaire. Mais maman n’a pas le droit de vendre la mèche (un vélo d’enfant, d’occasion, mais je le fais réparer). Je crois qu’elle sera très contente. Mais elle ne l’aura que si elle est gentille et fait bien les courses.
J’ai confié toutes sortes de vœux à mes camarades qui partent en permission. Et j’espère qu’un jour les enfants recevront les chaussures venant du protectorat. Maman doit accepter tous les paquets, même s’ils viennent de la part d’étrangers. Je ne donne notre adresse qu’à ceux dont je sais qu’ils tiennent leurs promesses. Chez nous, les camarades viennent de toutes les régions de Gross Deutschland[N.d.T.: Grande Allemagne: comprenant les territoires perdus par l’Allemagne après le traité de Versailles]. Il y en a toujours un qui peut se procurer quelque chose sans enfreindre les lois. Mais surtout n’ébruitez pas trop la chose. Dagi aussi doit s’habituer à ne pas trop en parler dans la rue. Certes, nous avons l’autorisation d’envoyer des colis. Mais les gens sont bien trop jaloux pour qu’on en parle. 10 petits colis viennent de partir, plus deux gros paquets qui viennent d’Allemagne et une surprise. Quant à la surprise, je ne sais pas si cela marchera. Les camarades sont partis dans le plus grand secret, je n’ai pas pu leur parler. Mais ce sont des hommes qui tiennent leurs promesses. Il se peut même que l’un d’entre eux vienne en personne vous transmettre mon bonjour. Comme ils passent par Berlin, ils iront voir les parents à Reinickendorf. Tu vois, je pense aussi à la grand mère, même si je n’écris pas souvent. Jusqu’à présent les parents ont reçu des lettres, un colis de beurre, I paquet de cigarettes. Ce sera difficile de se procurer des choses pour l’hiver. Mais vous allez sans doute tenir un bon moment avec tout ce que je vous ai déjà envoyé. Quant à nous, nous n’avons pas eu de veine, nous avons mis du miel dans deux gros tonneaux qui avaient contenu de l’essence. Les Russes nous avaient certifié qu’ils avaient été parfaitement nettoyés et rincés à l’eau chaude, mais ce truc a une odeur de pétrole, il est immangeable. Ça sent le sabotage. Si nous pinçons les gars, nous les abattons sans merci.
Depuis, nous sommes allés deux fois au cinéma et une fois au théâtre. Nous sommes reconnaissants de toute forme de divertissement. J’ai reçu les dix premières lettres de votre maman, mais les lettres numéro 2 et 9 manquent, le paquet n° 1 est arrivé. Ne m’envoyez pas tant de choses, pas de colis de Noël non plus parce que je vais essayer de venir en permission. Mais actuellement, nous ne pouvons pas encore en parler parce qu’il est encore trop tôt et que moi, le novice, je n’ai pas à exprimer mes désirs. Les hommes ne sont pas partis en permission depuis longtemps et en prennent une dès que possible. C’est pourquoi, à Noël, il va y avoir un creux dont je vais profiter. Mais à vrai dire, les fêtes de Noël ne sont pas très prisées en tant que fêtes religieuses. Nous fêtons le solstice d’hiver. S’il devait y avoir trop de problèmes au sujet de ma permission, il faudrait que votre maman écrive une lettre de réclamation et tombe malade, afin que je doive partir pour régler les problèmes d’urgence. Mais il faudra que tu t’exprimes de manière à ce que je le remarque et que je n’aie pas trop d’inquiétude à me faire. Mais nous ne sommes qu’à la fin octobre, et, comme je viens de le dire, nous ne pouvons pas encore prendre de décision en ce qui concerne Noël.
Est ce que les enfants sont sages ? Est ce que Muckerle travaille bien à l’école ? Est ce que Volkmar ne fait plus pipi au lit ? Il est en train de devenir un petit homme et n’a plus le droit de faire cela. Est ce qu’ils se lavent bien les mains et les dents ? Il ne faut pas être désordonné. Maintenant, il faut que Dagi s’habitue à rester sagement assise et à ne plus mettre ses coudes sur la table. Quand elle sera grande et sera une vraie jeune fille allemande, elle parcourra le monde. Et elle sera un exemple pour tout le monde. Les autres peuples remarquent immédiatement là où est la faiblesse et ils en profitent. Ça commence par les petites choses et ça finit avec les grandes. Donc, il faut, là aussi, faire un effort sur soi et être vigilant. La destinée a voulu que nous, les Allemands, nous soyons le peuple de l’avenir. L’avenir dépend de la manière dont nous éduquons nos enfants et dont ils se positionnent par rapport à la cause, il faut aussi savoir si tous les hommes tombés à la guerre ne sont pas morts pour rien. Apprends donc à Dagi à bien travailler et à toujours obéir à ses parents et à ses maîtres. Seul, celui qui se discipline lui même peut juger et commander les autres. La petite va maintenant avoir 8 ans et doit bientôt arriver à comprendre tout cela. Elle va découvrir le monde et connaîtra la joie […].
D’après les derniers rapports de la Wehrmacht, vous avez toujours été tranquilles et vous êtes descendus dans les abris, sans qu’il y ait d’attaque aérienne. J’espère que ça continuera et que vous serez épargnés. Les vitres resteront aux fenêtres et il ne fera pas trop froid. Salue bien le préfet de ma part. Dis lui que j’ai beaucoup de travail et que je n’arrive pas à trouver le temps d’écrire. Si tu penses qu’il est nécessaire de fréquenter sa femme, tu peux être gentille avec elle et rapporter une demi livre de temps en temps. Mais si tu ne le fais pas, ce n’est pas grave. J’ai rencontré ici d’autres personnes qui, plus tard, me feront venir à Berlin (s’ils tiennent parole, ce qu’il ne faut pas toujours croire); donc nous gardons l’espoir. En tout cas, ici, ils ont déjà remarqué que je sais y faire. C’est le principal. Jusqu’à présent, ils n’ont eu que des nouilles comme employés administratifs et ont cru pouvoir se comporter de la même manière avec moi. Certains ont été très surpris, d’autres très satisfaits, car partout on aime bien les employés compétents. En ce qui me concerne, j’en tire toujours quelque chose parce que, comme tu l’as constaté, les camarades aiment bien me rendre service.
Si nous ne nous faisions pas tant de soucis ridicules sur nos activités dans ce pays, ma mission serait formidable et ce serait donc un succès dans la mesure où je peux vous aider. Comme je te l’ai déjà écrit, j’approuve ma dernière mission et je considère qu’elle est juste, même si elle a des conséquences, et l’expression: penser à des bêtises est injustifiée. C’est plutôt de la faiblesse que de ne pas pouvoir voir des cadavres humains, et le meilleur moyen de la surmonter est d’y aller souvent. Alors, ça devient une habitude. J’ai hâte de savoir comment tu as accueilli ma lettre du 13 octobre. Il aurait peut être mieux valu que je ne l’écrive pas ou que je le fasse plus tard. Car plus on réfléchit à une chose, plus on en arrive à la conclusion que pour nous, c’est le seul acte qui soit absolument nécessaire pour la sécurité de notre peuple et pour notre avenir. Donc, je ne veux plus y penser et ne plus écrire à ce sujet. Je te fais de la peine inutilement. Nous, les hommes du front, nous trouverons bien la bonne voie. Nous sommes pleins de notre foi en le Führer, elle nous donne la force d’accomplir cette tache difficile et ingrate. Car partout où nous allons, on nous regarde de travers. Mais cela ne doit pas nous détourner de nos convictions, car tout cela est nécessaire.
Il se fait tard. Je vais conclure. Ma lettre partira demain matin, le 20 octobre. Si nous avons de la chance, elle sera chez vous le 25. Elle doit vous prouver que toutes mes pensées tournent autour de vous. Vous êtes toute ma vie privée.
Toute mon affection.
Je vous embrasse,
votre papa.Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
Document original en allemand / Deutsches Original
»...praktische Arbeit für unseren Führer«
Judenmord als öffentliches SchaustückBriefe des SS-Obersturmführers Karl Kretschmer (SK 4a)
den 27.9.1942
Nr. 6 Sonntag, 27.9.1942
Meine liebe Soska!
Du wirst ungeduldig sein, weil Du von mir seit Montag, den 21.9.42, keinen Brief bekommen hast. Ich konnte aber wirklich nicht eher schreiben. Einmal weil ich in der Zwischenzeit wieder Tausend Kilometer gereist bin (diesmal im Auto, 2 Tage Staub und Schuckelei) und zum andern, weil ich krank bin. Mir ist elend und trostlos zu Mute. Wie gerne würde ich bei Euch sein. Was man hier sieht, macht entweder roh oder sentimental. Ich bin nicht mehr in der Gegend von Stalingrad, sondern mehr nach Norden, in der Mitte der Front. Nicht direkt an der Front, aber soweit dicht genug, daß mich eines Tages doch eine Fliegerbombe treffen kann. Es bleibt sich aber gleich, ob ich sie hier bekomme oder in Karlsruhe. Soviel, wie ich bisher weiß, seid Ihr von den Engländern verschont worden. Hoffentlich bleibt es weiterhin dabei. Mein schönes Heim ist mir nach meinen bisherigen Rußland-Kenntnissen nicht mit Gold aufzuwiegen. Wenn ich beten könnte, würde ich die Vorsehung bitten, mir Euch und die Heimat zu erhalten. Es wird später wieder herrlich sein, wenn wir vereinigt sind. Du wirst Dich wundern, daß ich Dir das schreibe.
Meine Stimmung ist, wie gesagt, sehr düster. Ich muß mich erst selbst überwinden. Der Anblick der Toten (darunter Frauen und Kinder) ist auch nicht aufmunternd. Wir kämpfen aber diesen Krieg heute um Sein oder Nichtsein unseres Volkes. Ihr in der Heimat spürt es Gott sei Dank nicht zu sehr. Die Bombenangriffe haben aber gezeigt, was der Feind mit uns vorhat, wenn er die Macht dazu hat. Die Front erfährt es auf Schritt und Tritt. Meine Kameraden kämpfen buchstäblich um das Sein unseres Volkes. Sie machen dasselbe, was der Feind machen würde. Ich glaube, Du verstehst mich. Da dieser Krieg nach unserer Ansicht ein jüdischer Krieg ist, spüren die Juden ihn in erster Linie. Es gibt in Rußland, soweit der deutsche Soldat ist, keine Juden mehr. Du kannst Dir vorstellen, daß ich erst einige Zeit benötige, um dies zu überwinden. Sprich bitte nicht zu Frau Kern darüber.
Krank bin ich auch (Durchfall, Fieber, Schüttelfrost). Es soll hier jeder durchmachen. Die Umstellung in der Ernährung, noch dazu kein Wasser. Wenn man die großen Städte West-Rußlands hinter sich hat, kommt man in die unendliche Steppe. Afrika kann nicht schlimmer sein. Das Land ist furchtbar. Nur Staub, Staub und nochmals Staub. Die Menschen vegetieren dahin. Die Zerstörungen des Krieges sind bald wieder ausgebessert, denn die Häuser bestehen ja nur aus einigen Balken und Brettern. Alles andere aus Lehm, den die Natur liefert. Das Dach wird mit Stroh und Heu gedeckt und ebenfalls Lehm darauf geschmiert. Die Sonne brennt alles zu einem Klumpen fest. Da es außerdem viel Kreide gibt, wird alles noch weiß angepinselt, und fertig ist alles. Alle Arbeiten machen Frauen. Die Männer, die auch zu sehen sind, müssen sich irgendwie betätigen, wo man sie nicht sieht. Zur Zeit spuckt hier alles, Groß und Klein. Man sieht die Leute den Mund voller Sonnenblumenkerne nehmen, und dann geht es los. Den ganzen Tag. Wie die Papageien. In den Städten habe ich noch etwas Kultur angetroffen. Auf dem Lande ist nichts mehr zu sehen. Alles primitiv. Ich weiß nur noch nicht, wo Stalin die Kriegsmacht und Ausrüstung herbekommen hat. Es kann nur sein, daß das gesamte Volk die ganzen 20 Jahre lang nur für den Krieg gearbeitet hat. Anders ist es nicht denkbar.
Soviel über diese Angelegenheit. Nun zum Essen. Ich habe Dir immer gesagt, der Soldat hungert nicht. Die Sache hat nur einen Haken. Die Ernährung wird aus dem Lande bezogen. Wenn man die reichen Felder der Ukraine hinter sich hat und in die Steppen kommt, gibt es verschiedenes weniger, z. B. Butter. Die Heeresführung hilft dann durch Konserven. Ich selber habe Glück gehabt, weil wir nur in Anbetracht unserer schweren Arbeit Lebensmittel zukaufen können. Kaufen ist falsch, das Geld gilt nicht, es wird getauscht. Wir sind zufällig im Besitz von Lumpen, die sehr begehrt sind. Hier bekommen wir alles. Die Lumpen gehörten den Menschen, die heute nicht mehr leben. Du brauchst mir also keine Kleidungsstücke oder ähnliches schicken. Was wir hier haben, reicht noch für Jahre. Besorge mir Salz, und zwar abgepacktes, weißes Salz von Kaisers-Kaffee. Wenn ich auf Urlaub komme, will ich mindestens 30 Pfund mitnehmen. Es ist kostbarer als Gold.
Ich schrieb Dir, daß ich Dir vielleicht einen Persianer besorgen kann. Das wird nichts werden. Einmal bin ich nicht mehr in der Gegend. Außerdem leben die Juden nicht mehr, die damit handelten, und zum anderen, es wollen noch mehr Leute so etwas haben. Ferner habe ich gehört, daß Vermögen dafür gezahlt worden sind. Da kann ich nicht mitmachen. Vielleicht ist uns das Glück doch hold. Dieses ist der 6. Brief. Heute habe ich das Päckchen Nr. 2 (Butter) und 3 (2 Büchsen Ölsardinen, 2 Gummibälle, 1x Tee und 2 Rollen Bonbons für die Kinder) abgeschickt. […]
Nach Einsetzen der Kälte bekommst Du gelegentlich, wenn jemand auf Urlaub fährt, eine Gans. Wir sehen hier über 200 Stück herumschnattern, dazu Kühe, Kälber, Schweine, Hühner und Puten. Wir leben wie die Fürsten […]. Heute am Sonntag, gab es Gänsebraten (%). Am Abend gibt es Täubchen. Die Butter streiche ich dick aufs Brot. Gesüßt wird mit Honig, weil kein Zucker vorhanden ist. Schicke mir leere Büchsen mit Deckel (nicht über 100 Gramm schwer) aber keine großen. Sie werden hier gefüllt und verlötet. Wir können Päckchen bis zu 1 Kg. in beliebigen Mengen versenden. Für die beiliegende Briefmarke kannst Du mir ein Paket bis zu 1 Kg. senden. Ich bin jetzt dabei, die Geschäfte zu übernehmen. Zur Zeit zähle ich Geld kistenweise, über 110 000.- RM in Rubeln […].
Hüte mir die Kinder
Mit Wehmut im Herzen
in Liebe
Dein Karl.Schicke mir bitte täglich den Führer und die anderen Zeitungen. Hier gibt es nichts.
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff. Die Hervorhebungen stammen nicht von Kretschmer. Es handelt sich um Unterstreichungen bei der Abschrift der Briefe im Jahre 1945 durch die Polizeidirektion Karlsruhe.
Datum unbekannt
[Datum unbekannt]
[…] Wenn jetzt die Kälte einsetzt, brauchst Du Dich nicht zu wundern, wenn Du eines Tages ein Paket mit einer Gans erhältst. Wenn ein Kamerad auf Urlaub geht, nimmt er sie mit und schickt das Paket ab. Auch wenn Du ein Paket aus Ungarn bekommen solltest, nimm es ab. Ich habe Deutschen aus Ungarn, die freiwillig bei der SS dienen, Geld geliehen und ihnen meine Heimatanschrift dazu. Wenn sie auf Urlaub fahren, wollen sie daran denken. Du siehst, ich sorge für euch. Aus der Göring- Rede hast Du ja auch sicherlich entnommen, daß es uns gestattet ist, Päckchen zu schicken. Der Führer billigt es. Die letzte Konsequenz würde so weit gehen, daß das Volk hier vor Hunger krepieren kann, wir würden uns schon das Essen holen. Ganz so schlimm braucht es ja nicht zu kommen. Es wäre nur die letzte Härte. Hart müssen wir hier draußen sein, sonst verlieren wir den Krieg. Mitleid in irgend einer Form ist nicht am Platze. Ihr Frauen und Kinder in der Heimat hättet, wenn der Feind sich durchsetzen sollte, keine Gnade oder Mitleid zu erwarten. Deshalb räumen wir auf, wo es not tut. Sonst ist der Russe willig, einfältig und gehorsam. Juden gibt es hier nicht mehr.
Bisher habe ich folgende Päckchen geschickt: Für Euch:
1) Fleischbüchse, Fische, Bonbons.
2) Butterdose.
3) 2 Ölsardinen, 2 Bonbons, 2 Bälle, 1 mal Tee.
4) Butterdose
5) Butterdose
6) Ölsardine, 1 Fisch, 1 Seife
7) 1 Wurstbüchse
8) Volkmars Geburtstagspäckchen: 800 gr. franz. Schokolade
9) Päckchen Butterdose
10) Päckchen Butterdose
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
den 7. Oktober 1942
No 8 Mittwoch, 7. Oktober 1942
Liebe Sonja, liebe Kinder!
Nun ist es schon einen ganzen Monat her, daß ich Euch verlassen mußte. Ich bin ganz traurig und einsam. Zur Zeit regnet es heftig. Da ist die Welt sowieso trübe. Die Stadt ist ein furchtbar trauriges Kaff. Nicht einmal die Fußwege sind in Ordnung. Beim Gehen muß man immer tüchtig aufpassen. Alles, was der Russe gemacht oder gebaut hat, ist nur halbe Arbeit, und alles nur äußerlich. Wir Deutschen werden hier später noch Jahrzehnte hindurch für Ordnung sorgen müssen […].
Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
den 15.10.1942
No 11 Kursk, den 15.10.1942
Geliebte Frau, liebe Kinder!
Ihr werdet überrascht sein, von mir einen Brief aus dem Reich zu erhalten. Es kommt aber daher, daß ein Urlauber ihn mitnimmt und dann abschickt. Außerdem gebe ich dem Urlauber ein Paket (8 Kg.) mit, das er in Koblenz aufgeben soll. Es enthält: 5 kg Butter, 2,5 kg Weizenmehl und 1 Stück Kernseife. […].
Von meinem heutigen Leben kann ich Dir berichten, daß es einigermaßen regelmäßig verläuft. Wir haben ein Häuschen, ähnlich wie in der Gartenstr., nur nicht so schön, mit Beschlag belegt. Alles dreckig und verbaut. Ungefähr 40 Familien wohnten hier früher. Sie mußten für uns Platz machen. Ich selber habe jetzt eine Zweizimmerwohnung. Der Wohnraum ist mein Arbeitsraum mit Kriegskasse (150 000.- RMl, und in der Küche schlafe ich. Geheizt wird von der Küche aus. Bisher war noch keine große Kälte, so daß es auszuhalten ist. Holz fahren wir in rauhen Mengen heran. Hoffentlich reicht es über den Winter aus. Die Gefangenen müssen es klein machen und aufstapeln. Ich kann es also aushalten. Wenn Ihr nur bei mir wäret, dann wäre es wunderschön. Um 6.00 Uhr ist Wecken. Ich bin aber schon immer früher wach, weil ich bisher noch nicht länger als 5 Stunden habe schlafen können, obwohl ich manchmal schon früher schlafen gehe.
Um 7.00 gibt es Kaffee (Brot, so viel jeder will, Butter ein Klecks, ca. 60 gr., manchmal Mus oder Kunsthonig, wenn unser Umzug erst durchgeführt ist, gibt es immer richtigen Honig). Ich esse jedesmal 4 Stullen. Dann wird gearbeitet bis 12.00. Zu Mittag gibt es stets gutes Essen, viel Fleisch, viel Fett (wir haben eigenes Vieh, Schweine, Hammel, Kälber und Kühe). Da wir auch viele Kartoffeln organisiert haben, kann jeder reichlich essen. Tomaten und Gurken haben wir selber eingelegt. Unser Koch ist im Nebenberuf zu Hause Feinkosthändler und versteht alles ausgezeichnet. Je nach Lust und Laune esse ich bis drei Teller voll. Dann wird wieder bis 18.00 gearbeitet. Zum Abendbrot gibt es entweder warm: Bratkartoffeln (roh in die Schüssel mit Fett) mit Rühreiern oder sonstigen Speisen, oder kalt mit Brot und etwas Wurst. Ihr seht, für unser leibliches Wohl ist gesorgt. Wir bekommen die Wehrmachtsverpflegung, die nicht übermäßig, aber ausreichend ist, und besorgen uns daneben etwas Zusatz. Ich glaube, es reicht alles über den Winter. Augenblicklich machen 600 Gänse auf dem Hof großen Krach. Eure Weihnachtsgans (Gänse?) werden hoffentlich dabei sein. Wenn es geht, bringe ich sie selber. Wenn nicht, werde ich schon dafür sorgen, daß ihr sie rechtzeitig erhaltet.
Den Abend verbringen wir dann entweder mit Kartenspiel, Saufen oder Zusammensitzen mit dem Chef. <>Ich muß viel beim Chef sein. Wenn er Kartenspielen, Kaffeetrinken oder Schnapstrinken will, müssen einige Führer [bei] ihm sein. Da kann man sich nicht absondern. Ich glaube, ich habe soweit einen guten Eindruck gemacht. Die ersten paar Tage war ich allerdings müde und schnell fertig. Dann ist es mir aber gelungen, die Nächte durchzuhalten und als Letzter das Feld zu verlassen.
Über die Schießerei habe ich Dir schon berichtet, daß ich auch hier nicht versagen durfte. Im Großen und Ganzen haben sie erklärt, daß sie jetzt endlich als Verwaltungsführer einen Kerl bekommen hätten, nachdem der frühere ein Feigling gewesen sei. So werden hier die Menschen beurteilt. Anders, als bei uns. Ihr könnt aber Vertrauen auf Euren Papa haben. Er denkt stets an Euch und schießt nicht über das Maß hinaus. So ist unser Leben. Wir kommen nicht aus dem Bau heraus, bis auf Kinobesuche, Theater oder Einladungen bei Dienststellen oder Offizieren. In der Stadt ist absolut nichts los. Der Sonntag ist genau wie der Wochentag. Wie schön ist es doch bei Euch zu Hause. Was macht mein Garten? […].
Daß Herr Kern nach Frankreich kommen soll, ist nett. Ich glaube, für den Osten wäre er zu weich. Jedoch, hier ändern sich die Menschen. Blut kann man dann schon bald sehen, nur Blutwurst ist bei uns nicht beliebt.
Nun seid schön gegrüßt. In der nächsten Zeit werden meine Päckchen (10 Päckchen, 2 Pakete) hoffentlich eintreffen. Ich kann vorläufig nichts mehr schicken, da nichts verkauft werden darf. Was ich Euch geschickt habe, wird ja eine Weile reichen. Bis dahin kommt wieder eine Gelegenheit.
Hoffentlich kommt das Päckchen für Wurzel noch zum Geburtstag zurecht. Ich würde mich riesig freuen.
Für die Kinder viele Küßchen und Grüße.
Für die liebe Mutti einen langen und innigen Kuß.
Ihr seid mein Alles
Euer Papa.Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
den 19. Oktober 1942.
O. U., den 19. Oktober 1942.
Liebe Mutti! Liebe Kinder!
Ich will Euch schnell einen Brief schreiben, damit Ihr nicht denkt, der Papa hat Euch vergessen. Ich habe augenblicklich sehr viel zu tun. Ich hoffe aber, daß es sich in zwei Wochen gelegt haben wird. Dann ist der Laden aufgeräumt,und ich kann ein bißchen nach meiner Berechnung leben und mir die Arbeit einteilen. Wenn man nur nicht immer um die hohen Herren herum sein müßte. Sonnabend ging es wieder die Nacht hindurch. Den ganzen Tag danach ist man müde und abgespannt. Dabei ist unser Chef insofern zugänglich, als er nicht das unmöglichste verlangt und auch sonst sehr gefällig ist. Am Sonntag haben wir geschmaust. Es gab Gänsebraten. Ich habe zum Frühstück, zum Mittag, kalt zum Nachmittag, Gänsebraten gegessen. Am Abend aß ich dann Fisch. Der beste Braten schmeckt auf die Dauer nicht. Überhaupt braucht Ihr Euch keine Sorgen zu machen, daß wir hier schlecht leben. Unser Dienst verlangt es, wie ich es Euch ausführlich beschrieben habe, daß wir gut essen und trinken. Sonst gehen unsere Nerven durch. Euer Papa wird schon sehr aufpassen und Maß und Ziel halten. So schön ist das alles gar nicht. Ich würde viellieber schlafen. In dieser Woche habe ich Offizier vom Dienst und muß in der Nacht mehrere Kontrollen machen. Wir können den Russen in unserer Gegend nicht allzusehr trauen. Bisher ist aber nichts passiert, sie haben zu großen Respekt vor uns. Wir sind berüchtigter als ihre alte Tscheka oder GPU. [Die GPU, die politische Polizei der UdSSR, war 1922 aus der Tscheka hervorgegangen; d. Hrsg.]
Wenn ich nur wieder schon bei Euch wäre. Das Leben ist sehr eintönig und öde. Den ganzen Tag hocke ich bis auf die paar Ausnahmen in der Bude. Selbst das Skatspielen ist nicht mehr reizvoll wie am Anfang. Ich denke an Euch sehr viel und hoffe, daß in der Zwischenzeit nun endlich die ersten Pakete bei Euch eingetroffen sein werden. Am meisten Freude würde ich haben, wenn das Paket für Wurzel zur rechten Zeit eintreffen würde. Für die liebe Dagi-Muckerle habe ich entweder schon ein Weihnachtsgeschenk, wenn ich selber komme, oder sonst ein Geburtstagsgeschenk. Die Mutti darf es aber nicht verraten (ein Kinderfahrrad, alt, wird hergerichtet). Ich glaube, die Freude wird groß sein. Sie bekommt es aber nur, wenn Sie immer lieb ist und viel einholen geht.
Meinen Kameraden, die in Urlaub fahren, habe ich so allerlei Wünsche mit auf den Weg gegeben. Da werden hoffentlich eines Tages sogar Schuhe aus dem Protektorat für die Kinder eintreffen. Die Mutti soll alle Pakete annehmen, auch wenn sie von fremden Menschen kommen sollten. Ich gebe nur denen unsere Heimatadresse, von denen ich weiß, daß sie Wort halten. Bei uns sind Kameraden aus ganz Groß-Deutschland. Der eine oder der andere kann doch immerhin etwas besorgen, ohne gegen die Gesetze zu verstoßen. Ihr sollt nur keinen großen Tam-Tam davon machen. Auch Dagi muß sich angewöhnen, daß sie nicht so viel auf der Straße davon spricht. An und für sich ist es ja erlaubt, daß man Pakete schickt. Der Neid der Menschen ist aber doch zu groß, daß man am besten nicht davon spricht. Für Euch sind bis jetzt 10 kleine Kilopäckchen abgegangen. Außerdem zwei große Pakete aus Deutschland und eine besondere Überraschung. Ob die letzte Überraschung klappen wird, weiß ich nicht. Die Kameraden sind bei Nacht und Nebel abgefahren. Ich konnte sie nicht mehr sprechen. Es waren aber Männer, die ihr Versprechen halten werden. Es kann sogar sein, daß einer bei Euch persönlich einen Gruß von mir ausrichtet. Da sie über Berlin kommen, werden sie auch bei den Eltern und in Reinickendorf vorsprechen. Du siehst, ich denke also auch an die Oma. Auch wenn ich nicht so oft schreibe. Die Eltern haben von mir bisher ein Butterpäckchen, 1 Zigarettenpäckchen und den besonderen Gruß erhalten. Die Besorgerei wird für den Winter schlecht werden. Ihr werdet aber mit dem, was ich Euch bisher geschickt habe, schon eine Weile auskommen. Wir selber haben großes Pech gehabt. Wir haben zwei große Fässer, in denen vorher Öl und Benzin war, mit Honig gefüllt. Obwohl die Fässer nach Angaben der Russen tadellos gesäubert und hinreichend mit warmen Wasser ausgespült worden sein sollten, schmeckt das ganze Zeug sehr stark nach Petroleum und ist ungenießbar. Das riecht nach Sabotage. Wenn wir die Kerle erwischen, werden sie ohne Gnade umgelegt. […]
Wir waren in der Zwischenzeit schon zweimal im Kino und einmal im Theater. Wir sind hier dankbar für jede Abwechslung. Von Mutti habe ich bis jetzt die Briefe Nummer eins bis zehn, ohne 2 und 9, dazu das Päckchen Nummer 1 erhalten. Schickt mir nur nicht zu viel. Auch Weihnachtspäckchen nicht, weil ich versuchen werde, auf Urlaub zu kommen. Bis jetzt kann man darüber noch nicht reden, weil es zu früh ist und ich als Anfänger überhaupt keine Wünsche vortragen darf. Die Männer hier sind aber alle lange nicht auf Urlaub gefahren und fahren jetzt, so schnell es geht. Dadurch entsteht Weihnachten eine Lücke, die ich ausnützen werde. Dabei ist das Weihnachtsfest als sozusagen kirchliches Fest nicht allzu beliebt. Wir feiern die Wintersonnenwende. Wenn es ganz schlimm mit dem Urlaub kommen sollte, muß mir die Mutti Klagebriefe schreiben und krank werden, so daß ich dringend nach dem Rechten sehen muß. Du mußt Dich aber so ausdrücken, daß ich es merke, und nicht unnötige Angst auszustehen brauche. Vorläufig haben wir erst Ende Oktober und können, wie gesagt, nicht über Weihnachten beratschlagen.
Sind die Kinder auch immer schön artig? Lernt Muckerle auch gut? Macht Volkmar nicht mehr das Bettchen naß? Er wird doch schon ein großer Mann und darf so etwas nicht mehr tun. Wie steht es mit dem Händewaschen und Zähneputzen? Nur nicht liederlich werden. Auch muß sich Dagi jetzt angewöhnen, bei Tisch artig zu sitzen und nicht den Ellenbogen aufzustützen. Wenn sie später groß ist, wird sie als deutsches Mädel viel in der Welt herumkommen. Alle Leute werden sie beobachten und von ihr lernen. Die fremden Völker merken sofort, wo eine Schwäche vorhanden ist und nützen diese dann aus. Bei kleinen Dingen fängt es an, und mit großen hört es auf. Also auch hier an sich arbeiten und immer aufpassen. Wir Deutsche sind nun einmal nach dem Willen des Schicksals das Volk der Zukunft. Wie wir unsere Kinder erziehen und wie sie sich zur Sache stellen, davon hängt die Zukunft ab, ob die vielen Gefallenen nicht umsonst gestorben sein werden. Also bring es der Dagi [bei]: viel Lernen und immer gehorsam zu den Eltern und in der Schule sein. Nur wer sich selber in der Zucht hat, kann über andere urteilen oder herrschen. Das Mädel wird jetzt 8 Jahre und muß so langsam Verständnis für solche Dinge aufbringen. Sie wird die Welt kennenlernen und viel Freude haben. […]
Nach den Wehrmachtsberichten der letzten Zeit habt Ihr entweder immer Ruhe gehabt oder brauchtet nur in den Bunker zu gehen, ohne daß Angriffe auf Euch erfolgten. Hoffentlich bleibt Ihr auch weiterhin von Angriffen verschont. Dann bleiben auch die Fensterscheiben drin, und es wird nicht zu kalt. Dem Polizeirat bestelle einen schönen Gruß von mir. Ich hätte viel Arbeit und käme nicht zum Schreiben. Wenn Du es für nötig hältst, mit der Frau zu poussieren, dann kannst Du Dich ja anbiedern und mal ein halbes Pfund rüberbringen. Wenn nicht, soll es mir recht sein. Ich habe hier schon andere Herren kennengelernt, die mich später einmal nach Berlin holen werden (wenn sie Wort halten, was man nicht immer glauben kann), wir haben also Hoffnung. Jedenfalls haben sie hier schon alle gemerkt, daß ich meine Sache verstehe. Das ist die Hauptsache. Bisher hatten sie als Verwaltungsbeamten nur Pflaumen gehabt und glaubten, dementsprechend mit mir umgehen zu können. Sie waren teils sehr erstaunt, teils sehr zufrieden, denn ein tüchtiger Verwaltungsbeamter wird überall gern gesehen. Für mich selber springt auch etwas dabei heraus, denn die Kameraden erfüllen mir gern meine Wünsche, wie Du schon auch noch erleben wirst.
Wenn nicht die dummen Gedanken über die Tätigkeit von uns hier im Lande wären, wäre der Einsatz hier für mich wunderschön und hätte auch insofern Erfolg, als ich Euch gut unterstützen kann. Da ich Dir ja schon schrieb, daß ich den letzten Einsatz und die daraus entstehende Konsequenz für richtig halte und bejahe, ist der Ausdruck: Dumme Gedanken, eigentlich auch nicht zutreffend. Es ist vielmehr eine Schwäche, keine toten Menschen sehen zu können, die man am besten dadurch überwindet, indem man öfter hingeht. Dann wird es zur Gewohnheit. Ich bin gespannt, wie Du meinen Brief vom 13. 10. aufgenommen hast. Es wäre vielleicht besser gewesen, ich hätte ihn nicht oder erst später geschrieben. Denn je mehr man sich die Sache überlegt, desto mehr kommt man zum Schluß, daß es für uns die einzige Tat ist, die unbedingt zur Sicherheit unseres Volkes und unserer Zukunft erforderlich ist. Ich will also nicht mehr daran denken und auch nicht mehr davon schreiben. Ich mache Dir nur unnütz das Herz schwer. Wir Männer hier an der Front werden schon den richtigen Weg gehen. Der Glaube an den Führer erfüllt uns und gibt uns Kraft zu unserer schweren und undankbaren Aufgabe. Denn überall, wo wir hinkommen, werden wir etwas schräg angesehen. Das soll uns auch nicht von der Erkenntnis abbringen, daß es notwendig ist.
Es ist spät geworden. Ich werde schließen. Morgen früh, am 20.10., geht der Brief noch weg. Wenn wir Glück haben, kann er zum 25. bei Euch sein. Er soll Euch zeigen, daß meine ganzen Gedanken um Euch kreisen. Ihr seid Inhalt meines privaten Lebens.
Euch gelten meine besten Grüße
und alle meine Liebe
Euer Papa.Source/Quelle 204 AR-Z 82/59, BI. 7 ff.
Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten« Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.