Le commissaire du secteur de Sluzk, Heinrich Carl, à l’attention du commissaire de la province de Minsk

30 octobre 1941

«Les cadavres s’entassaient dans les rues»

Documents sur les persécutions dans le district de Ruthénie


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. éditions Plon, 1989.
© éditions Plon 1989
Reproduction interdite - No reproduction

Document original en allemand / Deutsches Original


Introduction (par PHDN):

La population de 7500 Juifs qui vivent dans la ville de Sluzk (Slutsk ou encore Sloutsk/Sloutzk), au sud de Minsk, en Biélorussie, se voit augmenter avec les réfugiés venant de Pologne arrivés entre 1939 et 1941. Sluzk tombe aux mains des Allemands le 26 juin 1941, sans que les Juifs aient eu le temps de fuir. La première action d’assassinat collectif se déroule les 27 et 28 octobre 1941. Le contexte et les circonstances de ce massacre sont exposées dans l’article de Hannes Heer cité dans notre complément bibliographique.

L’administration civile allemande n’a pas prêté son concours immédiat aux massacres de masse de juifs perpétrés par diverses unités partout ou dès le début. Elle a souvent préféré l’exploitation économique bien que, très souvent, elle a apporté aussi une aide déterminante à la mise en place des meurtres de masse. Dans des témoignages d’après-guerre, certains acteurs ont présenté leurs «réserves» comme une réticense de principe (c’est le cas de Heinrich Carl dans ses dépositions en 1959), mais cela doit être pris avec précaution. Le responsable de l’administration civile de Sluzk, le Gebietskommissar Heinrich Carl, semble avoir été hostile aux politiques antijuives mises en œuvre à l’automne 1941, avant tout pour des raisons de méthode et non de principe. Toutefois, sa correspondance donne à voir les événements de ces semaines fatales.

Le document dont la lettre de Heinrich Carl (au Gebietskommissar de Minsk Wilhelm Kube) est tiré fut présenté à Nuremberg sous la référence PS-1104 et est consultable en ligne sur Gallica dans sa version originale. Il a fait l’objet d’une présentation lors de la journée du 20 décembre 1945 du procès de Nuremberg (également en ligne sur Gallica). L’ensemble de la correspondance présentée dans cette section peut être complétée par la documentation publiée dans l’étude de Helmut Heiber (voir bibliographie).

Voir aussi nos liens et complément bibiographiques.


Une mère juive avant son assassinat Une mère juive avant son assassinat

Confidentiel
Objet: opérations contre les Juifs

Me référant à notre conversation téléphonique du 27 octobre 1941, je me permets de vous confirmer les faits suivants par écrit:

Dans la matinée du 27 octobre, vers 8 heures, un lieutenant du 11e bataillon de la police, venant de Kauen (Lituanie), s’est présenté comme étant l’aide de camp du commandant du bataillon de la Sicherheitspolizei. Ce lieutenant a déclaré que le bataillon de police avait pour mission de procéder d’ici deux jours à la liquidation de tous les Juifs vivant à Sluzk. Le commandant du bataillon était déjà en route avec son unité, soit un effectif de 4 compagnies, dont deux de patriotes lituaniens, et cette opération devait commencer immédiatement. Là dessus, j’ai répondu à ce lieutenant que, quoi qu’il en soit, je devais d’abord parler de cette opération avec le commandant. Environ une demi heure plus tard, le bataillon de police est entré dans Sluzk. Conformément à mon désir, je me suis entretenu avec le commandant du bataillon dès son arrivée.

J’ai d’abord expliqué au commandant qu’il serait presque impossible de réaliser l’opération sans préparatifs préalables, car tous les Juifs avaient été envoyés au travail et l’on risquait une pagaille incroyable. Qu’il aurait été de son devoir de prévenir au moins un jour à l’avance. je lui ai demandé de reporter les opérations au lendemain. Mais il a refusé en me faisant remarquer qu’il devait intervenir partout et dans toutes les villes et qu’il ne disposait que de deux jours en ce qui concernait Sluzk. D’ici deux jours, la ville de Sluzk devrait être débarrassée de ses Juifs. Lorsque je lui ai signalé que la liquidation ne pouvait se faire de manière arbitraire, il a vigoureusement protesté. Une grande partie des Juifs vivant encore à Sluzk étaient des artisans ou des familles d’artisans. Et cette main d’œuvre juive était absolument indispensable pour la stabilité économique. Je lui ai ensuite signalé qu’il n’y avait absolument pas d’artisans ruthènes et que toutes les entreprises vitales devraient fermer leurs portes si on liquidait tous les Juifs. Pour conclure notre entretien, j’ai ajouté que tous les artisans et spécialistes, dans la mesure où ils étaient indispensables, possédaient des papiers d’identité et qu’il n’était pas question de les faire sortir des usines. Puis nous avons décidé que tous les Juifs encore présents dans la ville devaient être transportés dans le ghetto afin de les sélectionner, ceci surtout par égard pour les familles d’artisans que je voulais préserver. Deux hommes de mon personnel devaient être chargés de la sélection. Le commandant ne s’étant pas opposé à mon projet, il m’a fallu croire que les opérations se dérouleraient comme convenu.

Quelques heures après le début des opérations, nous avons eu à faire face aux pires difficultés. J’ai été obligé de constater que le commandant n’avait absolument pas respecté nos accords. Malgré notre convention, tous les Juifs, sans exception, avaient été arrêtés dans les usines et les ateliers, puis transportés. Toutefois, certains d’entre eux avaient été dirigés vers le ghetto où j’en ai sélectionné un bon nombre, tandis que la plupart avaient été directement chargés dans des camions puis tout simplement liquidés à la sortie de la ville. Peu de temps après midi, les premières plaintes nous sont parvenues de toutes parts, car les entreprises ne pouvaient plus tourner, toute leur main d’œuvre juive ayant été supprimée. Comme le commandant avait repris la route pour Baranovitchi, j’ai réussi, après avoir longtemps cherché, à entrer en liaison avec son suppléant, un capitaine; j’ai exigé qu’il fasse immédiatement interrompre les opérations car elles n’avaient pas été menées conformément à mes instructions et parce que l’on ne pourrait plus remédier aux préjudices économiques déjà causés. Le capitaine a été très surpris de m’entendre défendre ces positions et a déclaré qu’il avait reçu l’ordre du commandant de débarrasser la ville de tous les Juifs sans exception, comme il l’avait déjà fait dans d’autres villes, qu’il devait procéder à ce nettoyage pour des raisons politiques et que nulle part les mobiles économiques n’avaient joué de rôle. Mais en raison de mon intervention énergique, il a tout de même interrompu les opérations dans la soirée.

En ce qui concerne le déroulement, je regrette vivement de devoir signaler que cela frisait le sadisme. La ville a offert un spectacle épouvantable. La police allemande, mais surtout les patriotes lituaniens, ont chassé les populations juives, mais aussi ruthènes, de leurs appartements avec une brutalité indescriptible. Les coups de feu claquaient dans toute la ville et les cadavres des Juifs fusillés s’entassaient dans certaines rues. Les Ruthènes ont eu le plus grand mal à se dégager de cet encerclement. Mis à part le fait que la population juive, parmi laquelle on comptait les artisans, a été brutalisée avec cruauté sous les yeux des Ruthènes, qui ont été également frappés à coups de matraques de caoutchouc et de crosses de fusils, on ne pouvait plus guère parler d’une opération contre les Juifs, cela ressemblait plutôt à une révolution. Mes hommes et moi même, nous avons passé toute la journée, sans interruption, à nous interposer pour tenter de sauver ce qui pouvait encore être sauvé. Il m’est arrivé d’avoir été littéralement obligé de tirer les policiers allemands et les patriotes lituaniens des usines, en les menaçant de mon revolver. Ma gendarmerie qui accomplissait la même mission a dû quitter les rues à plusieurs reprises pour éviter les fusillades et pour ne pas tomber elle même sous les balles. Le spectacle dépassait les limites de l’atroce. Dans l’après midi, de nombreuses voitures encore attelées se trouvaient dans les rues sans propriétaire, si bien que j’ai dû demander à la municipalité de s’occuper immédiatement de ces véhicules. Comme on a pu le constater par la suite, il s’agissait de véhicules juifs chargés par la Wehrmacht de transporter des munitions. On les avait tout simplement fait descendre des voitures pour les emmener sans se préoccuper des véhicules.

Je n’étais pas présent aux exécutions qui ont eu lieu en dehors de la ville. Je ne peux par conséquent rien dire quant à leur brutalité. Mais il semble suffire que j’insiste sur le fait que longtemps après que du sable ait été jeté, des blessés survivants aient réussi à se frayer un chemin hors des fosses. En ce qui concerne le préjudice j’ai remarqué que la tannerie avait été la plus touchée. Vingt six ouvriers qualifiés y travaillaient. Quinze d’entre eux, les meilleurs spécialistes, ont été fusillés. Quatre personnes ont sauté du camion pendant le transport et se sont échappées, tandis que sept autres ont pris la fuite et n’ont pas été recensées. Actuellement, l’entreprise ne fonctionne que tant bien que mal. Cinq personnes travaillaient à la charronnerie. Quatre charrons ont été fusillés et l’entreprise est obligée de se maintenir avec un seul ouvrier. D’autres artisans sont portés manquants, des menuisiers, des forgerons, etc. Mais jusqu’à présent, il m’a été impossible d’avoir une vue d’ensemble de la situation.

Comme je l’ai indiqué au début, les familles des artisans devaient, elles aussi, être épargnées. Mais actuellement, il semble que plusieurs personnes manquent dans presque toutes les familles. Des informations nous parviennent de partout dont il ressort que dans une famille, c’est l’artisan lui même, dans une autre la femme, et dans la suivante des enfants qui ont disparu. Donc presque toutes les familles ont été dispersées. Il est permis de douter que, dans de telles circonstances, la main d’œuvre restante ait encore envie de travailler et travaille comme il faut, surtout qu’aujourd’hui encore certains d’entre eux se promènent avec le visage ensanglanté à la suite des mauvais traitements subis.

La population ruthène qui nous faisait entièrement confiance en est toute déconcertée. Bien qu’elle soit intimidée et n’ose pas exprimer librement son opinion, on entend déjà dire que cette journée ne figure pas parmi les jours de gloire de l’Allemagne et qu’elle restera inoubliable. Je pense que cette opération a réduit à néant tout ce que nous étions parvenus à faire au cours des derniers mois et qu’il va falloir attendre longtemps avant que nous puissions regagner la confiance de la population.

Pour conclure, je me sens contraint et force de vous signaler que lors de ces opérations, le bataillon de police s’est livré à un pillage inadmissible, et ceci non seulement dans les demeures juives, mais aussi dans les maisons des Ruthènes. Ils ont emporté tout ce qui pouvait être utile, les bottes, du cuir, des tissus, de l’or et autres objets de valeur. Selon des témoignages d’hommes de la Wehrmacht, certains ont arraché les montres des bras des Juifs, leur ont ôté leurs bagues des doigts de la manière la plus brutale en pleine rue et en public. Un officier comptable a communiqué une information selon laquelle la police aurait exigé d’une fillette juive qu’elle aille immédiatement chercher 5000 roubles et que son père serait ensuite relâché. On a dit que cette fillette a réellement parcouru toute la ville pour se procurer cette somme.

Dans le ghetto, la police a forcé les portes de certaines bicoques qui avaient été clouées par l’administration civile pour dévaliser les biens juifs qui s’y trouvaient. A la caserne où l’unité logeait, des fenêtres et des portes ont été arrachées pour faire un feu de camp. Mardi matin, bien que j’aie eu une explication avec l’ordonnance du commandant à cause de ces pillages, et qu’il m’ait promis qu’aucun policier ne pénétrerait dans la ville, j’ai été contraint, quelques heures plus tard, d’arrêter deux patriotes lituaniens en armes, car ils avaient été surpris en train de piller. Dans la nuit de mardi à mercredi, le bataillon a quitté la ville en direction de Baranovitchi. La population a manifesté son soulagement lorsque la nouvelle s’est répandue dans la ville.

Voilà en ce qui concerne le rapport. Je vais me rendre prochainement à Minsk pour discuter à fond de cette affaire. En ce moment, je ne suis pas en mesure de poursuivre les opérations juives. Il faut d’abord que le calme revienne. J’espère pouvoir rétablir l’ordre aussitôt que possible et relancer l’économie. Par ailleurs, je vous serais reconnaissant de bien vouloir m’accorder une faveur: «Épargnez moi dans l’avenir, épargnez moi et éloignez ce bataillon de police.»

Signé: Carl.

Source/Quelle: Auss. des Heeresrichters beim Oberkommando der 6. Armee, Dr. Neumann, vom 8.10.65: Js 4/65 GStA Ffm., LO Ausgeschiedene Zeugen.


Document original en allemand / Deutsches Original

»In den Straßen häuften sich die Leichen«
Dokumente zur Verfolgung im Generalbezirk Weißruthenien

»… Landser auf Dächern und Podesten saßen, um diesem Schauspiel zuzusehen«

Der Gebietskommissar Sluzk am 30. 10. 1941 an den Generalkommissar in Minsk

Jüdische Mutter vor der Erschießung Jüdische Mutter vor der Erschießung

Geheim!
Betr.: Judenaktion

Unter Bezugnahme auf die am 27. Oktober 1941 erfolgte fernmündliche Meldung teile ich Ihnen nunmehr schriftlich mit:

Am 27.10. morgens gegen 8 Uhr erschien ein Oberleutnant des Polizeibataillons Nr. 11 aus Kauen (Litauen), der sich als Adjudant des Bataillonskommandeurs der Sicherheitspolizei vorstellte. Der Oberleutnant erklärte, daß das Polizeibataillon den Auftrag erhalten hätte, hier in der Stadt Sluzk in zwei Tagen die Liquidierung sämtlicher Juden vorzunehmen. Der Bataillonskommandeur sei mit seinem Bataillon in Stärke von 4 Kompanien, davon 2 Kompanien litauische Partisanen, im Anrollen, und die Aktion müsse sofort beginnen. Hierauf gab ich dem Oberleutnant zur Antwort, daß ich auf alle Fälle die Aktion zunächst mit dem Kommandeur besprechen müßte. Etwa eine halbe Stunde später traf das Polizeibataillon in Sluzk ein. Wunschgemäß hat dann auch die Aussprache mit dem Bataillonskommandeur sofort nach Eintreffen stattgefunden.

Ich erklärte zunächst dem Kommandeur, daß es nicht gut möglich sei, ohne vorherige Vorbereitung die Aktion durchzuführen, da alle auf Arbeit geschickt seien und es ein furchtbares Durcheinander geben würde. Es wäre zumindest seine Pflicht gewesen, einen Tag vorher Bescheid zu geben. Ich bat dann darum, die Aktion um einen Tag zu verschieben. Er lehnte dieses jedoch ab, mit dem Bemerken, daß er überall in allen Städten die Aktion durchzuführen habe, und für Sluzk nur zwei Tage zur Verfügung stünden. In diesen beiden Tagen müßte die Stadt Sluzk unbedingt frei von Juden sein. Ich erhob sofort schärfsten Protest dagegen, indem ich hervorhob, daß eine Liquidierung der Juden nicht willkürlich erfolgen dürfe. Ein großer Teil der noch in der Stadt vorhandenen Juden bestehe aus Handwerkern, resp. [= bzw.] Handwerkerfamilien. Diese jüdischen Handwerker könnten aber einfach nicht entbehrt werden, da sie zur Aufrechterhaltung der Wirtschaft unentbehrlich seien. Ich wies weiter darauf hin, daß weißruthenische Handwerker sozusagen überhaupt nicht vorhanden wären, daß also sämtliche lebenswichtigen Betriebe mit einem Schlage stillgelegt werden müßten, wenn alle Juden liquidiert würden. Am Schluß unserer Aussprache erwähnte ich noch, daß alle Handwerker und Spezialisten, soweit sie unentbehrlich seien, Ausweise in Händen hätten, und daß diese nicht aus den Betrieben herauszuholen seien. Es wurde weiterhin vereinbart, daß alle noch in der Stadt vorhandenen Juden zwecks Sortierung, insbesondere wegen der Handwerkerfamilien, die ich ebenfalls nicht liquidieren lassen wollte, zunächst in das Ghetto gebracht werden sollten. Mit der Sortierung sollten zwei meiner Beamten beauftragt werden. Der Kommandeur widersprach keineswegs meiner Auffassung, so daß ich im besten Glauben sein mußte, daß die Aktion auch so durchgeführt würde.

Einige Stunden nach Beginn der Aktion stellten sich aber schon die größten Schwierigkeiten heraus. Ich mußte feststellen, daß der Kommandeur sich überhaupt nicht an unsere Abmachungen gehalten hatte. Sämtliche Juden ohne Ausnahme wurden trotz der Vereinbarung aus den Betrieben und Werkstätten herausgeholt und abtransportiert. Ein Teil der Juden wurde allerdings über das Ghetto geleitet, wo noch viele von mir erfaßt und aussortiert worden sind, während aber ein großer Teil direkt auf Lastwagen verladen und außerhalb der Stadt ohne weiteres liquidiert worden ist. Kurz nach Mittag kamen bereits von allen Seiten Klagen darüber, daß die Betriebe nicht mehr laufen könnten, weil man sämtliche jüdischen Handwerker entfernt hatte. Da der Kommandant nach Baranowitschi weitergefahren war, habe ich mich nach langem Suchen mit dem stellvertretenden Kommandeur, einem Hauptmann, in Verbindung gesetzt, mit der Forderung, die Aktion sofort einzustellen, da nicht nach meiner Anweisung gehandelt worden sei und der bis jetzt angerichtete Schaden in wirtschaftlicher Hinsicht überhaupt nicht wieder gutzumachen sei. Der Hauptmann war sehr erstaunt über die von mir vertretene Ansicht und erklärte, daß er vom Kommandeur den Auftrag bekommen hätte, die ganze Stadt von Juden ohne Ausnahme freizumachen, wie sie das auch in anderen Städten getan hätten. Diese Säuberung müßte aus politischen Gründen erfolgen, und wirtschaftliche Gründe hätten noch nirgends eine Rolle gespielt. Auf mein energisches Eingreifen hat er dann aber doch gegen Abend die Aktion eingestellt.

Was die Durchführung der Aktion anbelangt, muß ich zu meinem tiefsten Bedauern hervorheben, daß letztere an Sadismus grenzte. Die Stadt selbst bot während der Aktion ein erschreckendes Bild. Mit einer unbeschreiblichen Brutalität, sowohl von Seiten der deutschen Polizeibeamten wie insbesondere von den litauischen Partisanen, wurde das jüdische Volk, darunter aber auch Weißruthenen, aus den Wohnungen herausgeholt und zusammengetrieben. Überall in der Stadt knallte es, und in den einzelnen Straßen häuften sich die Leichen der erschossenen Juden. Die Weißruthenen hatten größte Not, sich aus der Umklammerung zu befreien. Abgesehen davon, daß das jüdische Volk, darunter auch die Handwerker, furchtbar roh vor den Augen des weißruthenischen Volkes brutal mißhandelt worden ist, hat man das weißruthenische Volk ebenfalls mit Gummiknüppeln und Gewehrkolben bearbeitet. Von einer Judenaktion konnte schon keine Rede mehr sein, vielmehr sah es nach einer Revolution aus. Ich selbst bin den ganzen Tag ununterbrochen mit allen meinen Beamten dazwischen gewesen, um zu retten, was zu retten war. Mehrfach habe ich buchstäblich mit gezogenem Revolver die deutschen Polizeibeamten wie auch die litauischen Partisanen aus den Betrieben herausdrängen müssen. Auch meine eigene Gendarmerie war mit dem gleichen Auftrag eingesetzt, mußte aber vielfach wegen der wilden Schießerei die Straßen verlassen, um nicht selbst erschossen zu werden. Das ganze Bild war überhaupt mehr als grauenvoll. Nachmittags standen in den Straßen herrenlos eine größere Anzahl Panjewagen mit Pferden herum, so daß ich die Stadtverwaltung beauftragen mußte, sich sofort um die Fahrzeuge zu kümmern. Wie nachher festgestellt wurde, handelte es sich um jüdische Fahrzeuge, die von der Wehrmacht den Auftrag hatten, Munition zu fahren. Man hatte sie einfach von den Wagen heruntergeholt und abgeführt, ohne sich auch nur um die Fahrzeuge zu kümmern.

Bei der Erschießung vor der Stadt bin ich nicht zugegen gewesen. Über die Brutalität kann ich daher nichts sagen. Es dürfte aber auch genügen, wenn ich hervorhebe, daß Erschossene längere Zeit nach Zuwerfen der Gräber sich wieder herausgearbeitet haben. Bezüglich des wirtschaftlichen Schadens bemerke ich, daß die Gerberei am tollsten betroffen worden ist. Hier arbeiteten 26 Fachleute. Allein 15 beste Spezialisten sind davon erschossen. Vier weitere sind auf dem Transport vom Wagen gesprungen und entkommen, während sieben durch die Flucht nicht erfaßt worden sind. Der Betrieb läuft heute nur notdürftig weiter. In der Stellmacherei arbeiteten fünf Stellmacher. Hiervon sind allein vier Stellmacher erschossen, während der Betrieb jetzt mit einem Stellmacher aufrecht erhalten werden muß. Es fehlen noch weitere Handwerker wie Tischler, Schmiede usw. Es ist mir aber bis heute nicht möglich gewesen, eine genaue Übersicht zu bekommen.

Wie ich bereits zu Anfang erwähnt habe, sollen die Handwerkerfamilien ebenfalls verschont bleiben. Heute sieht es aber so aus, daß fast in allen Familien einige Personen fehlen. Von überall gehen Meldungen ein, woraus ersichtlich ist, daß in der einen Familie der Handwerker selbst, in der anderen Familie die Frau und in der nächsten Familie wieder Kinder fehlen. So sind fast alle Familien auseinandergerissen. Ob unter diesen Umständen die nachgebliebenen Handwerker noch mit Lust bei der Arbeit sind und auch dementsprechend schaffen, dürfte sehr zweifelhaft sein, zumal sie z. T. noch heute wegen der Brutalität mit blutiggeschlagenen Gesichtern herumlaufen.

Das weißruthenische Volk, welches volles Vertrauen zu uns gewonnen hatte, steht fassungslos da. Obgleich sie verschüchtert sind und nicht wagen, ihre freie Meinung zu sagen, hört man aber doch schon die Ansicht vertreten, daß dieser Tag kein Ruhmesblatt für Deutschland darstellt und daß dieser Tag unvergessen bleibt. Ich bin der Ansicht, daß durch diese Aktion vieles zunichte gemacht worden ist, was wir in den letzten Monaten erreicht hatten, und daß es lange dauern wird, bis wir das verlorene Vertrauen der Bevölkerung wiedergewinnen werden.

Abschließend sehe ich mich gezwungen, darauf hinzuweisen, daß von dem Polizeibataillon während der Aktion in unerhörter Weise geplündert worden ist, und zwar nicht nur in jüdischen Häusern, sondern genauso in den Häusern der Weißruthenen. Alles Brauchbare wie Stiefel, Leder, Stoffe, Gold und sonstige Wertsachen haben sie mitgenommen. Nach Angaben von Wehrmachtsangehörigen wurden den Juden öffentlich auf der Straße die Uhren von den Armen gerissen, die Ringe in brutalster Weise von den Fingern gezogen. Ein Oberzahlmeister erstattet die Meldung, wonach ein jüdisches Mädchen von der Polizei aufge fordert worden sei, sofort 5000 Rubel zu holen, dann würde ihr Vater freigelassen. Tatsächlich soll dieses Mädchen überall herumgelaufen sein, um das Geld zu besorgen.

Auch innerhalb des Ghettos sind die einzelnen Baracken, die von der Zivilverwaltung vernagelt und mit jüdischem Inventar versehen waren, von der Polizei aufgebrochen und ausgeraubt worden. Sogar aus der Kaserne, in der die Einheit untergebracht war, sind für das Lagerfeuer Fensterrahmen und Türen herausgebrochen worden. Obgleich ich am Dienstagvormittag wegen der Plünderung noch eine Aussprache mit dem Adjutanten des Kommandeurs hatte, und mir im Laufe der Unterredung versprochen wurde, daß kein Polizist weiterhin die Stadt betreten würde, sah ich mich verschiedene Stunden später noch gezwungen, zwei litauische Partisanen in voller Bewaffnung zu verhaften, da sie beim Plündern angetroffen wurden. In der Nacht vom Dienstag auf Mittwoch hat das Bataillon in Richtung Baranowitschi die Stadt verlassen. Offensichtlich war das Volk nur einmal froh darüber, als diese Nachricht durch die Stadt ging.

Soweit der Bericht. Ich werde demnächst nach Minsk kommen, um einmal mündlich die Angelegenheit durchzusprechen. Z. Zt. bin ich nicht in der Lage, die Judenaktion weiter durchzuführen. Es muß erst einmal wieder Ruhe eintreten. Ich hoffe, die Ruhe sobald wie möglich wiederherstellen zu können und trotz der Schwierigkeiten auch die Wirtschaft wieder zu beleben. Nur einen Wunsch bitte ich mir noch zu erfüllen: »Verschonen Sie mich in Zukunft vor diesem Polizeibataillon!«

gez. Carl

Source/Quelle: Auss. des Heeresrichters beim Oberkommando der 6. Armee, Dr. Neumann, vom 8.10.65: Js 4/65 GStA Ffm., LO Ausgeschiedene Zeugen.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.


Eléments bibliographiques & liens