Extraits du rapport du 25 janvier 1942, rédigé par le Gebietskommissar Gerhard Erren

30 octobre 1941

«Cette opération m’a débarrassé des bouches inutiles»

Documents sur les persécutions dans le district de Ruthénie


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
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Document original en allemand / Deutsches Original



Rapport de situation de Gerhard Erren du 25 janvier 1942 (extraits)

La ville de Slonim offre le spectacle d’un ensemble disparate de quelques bons bâtiments de pierre, de nombreuses habitations utilisables et construites en bois et d’une multitude de huttes en rondins, insalubres et bancales. Il n’existe pas de véritable quartier résidentiel pouvant être utilisé pour héberger les Allemands. Un tiers de la ville est totalement détruit. Par ailleurs, un flot de réfugiés étant arrivé à Slonim, la ville était déjà surpeuplée à mon arrivée et les conditions de logement y étaient souvent catastrophiques. L’opération contre les Juifs menée le 13 novembre a sensiblement amélioré la situation, il nous a été possible de vider une rue entière et d’y installer des locaux et des appartements pour les services. Nous continuons à nettoyer cette rue et le quartier environnant afin de préparer les lieux pour le futur point d’appui de la SS. Sachant qu’à longue échéance les collaborateurs ne seront efficaces que si le cadre de vie est soigneusement organisé et structuré. Dès le premier jour, je me suis arrangé pour que chaque homme ait non seulement un logement correct, soit bien nourri, mais aussi pour que tout un art de vivre incarne la culture allemande et soit à la mesure de notre réputation. Les salles du personnel peuvent abriter tous les hommes des services allemands qui y prennent leurs repas ensemble, y compris les officiers spéciaux et la police. La tenue correcte est de rigueur et nous faisons en sorte que ceux qui manquent d’éducation apprennent rapidement les bonnes manières et adoptent une attitude à l’égard du personnel de service local qui l’oblige à respecter les Allemands, la race des seigneurs.

A mon arrivée, la région de Slonim comptait dans les 25000 Juifs, dont environ 16000 pour la seule ville de Slonim, soit plus de deux tiers de l’ensemble de la population. Il a été impossible d’instaurer un ghetto car nous ne disposions ni de fil de fer barbelé ni de possibilités d’y poster des sentinelles. Par conséquent, j’ai immédiatement pris des dispositions pour préparer une opération de plus grande envergure. Nous avons commencé par la confiscation des biens pour pourvoir en mobilier et en divers ustensiles tous les services allemands, y compris les cantonnements de la Wehrmacht (...). Les objets inutilisables pour les Allemands ont été remis à la ville afin qu’ils soient vendus à la population; la recette a été attribuée à la caisse de l’administration. Puis, nous avons recensé tous les Juifs selon leur âge et leur profession; nous avons sélectionné tous les artisans et les ouvriers qualifiés, ils ont reçu des papiers d’identité spéciaux et ont été logés à part. L’opération effectuée par le SD le 13 novembre m’a débarrassé des bouches inutiles; et les quelque 7000 Juifs encore présents dans la ville de Slonim sont tous attelés au travail; ils travaillent avec docilité parce qu’ils ont constamment peur de la mort; au printemps, ils seront de nouveau sélectionnés afin de réduire encore leur nombre.

Pendant un certain temps, la Wehrmacht a systématiquement nettoyé le terrain en rase campagne, mais malheureusement dans les localités de moins de mille habitants seulement. Dans les villes du Rayon [district administratif en U.R.S.S., N.d.E.], toute la juiverie sera éliminée dès qu’elle aura achevé les travaux pour les communications entre l’Est et l’Ouest; une exception sera faite pour les artisans et les ouvriers qualifiés les plus indispensables.

Étant donné que la Wehrmacht n’est plus disposée à effectuer des opérations en rase campagne, je vais rassembler tous les Juifs de la région dans deux ou trois villes du Rayon, les regrouper dans des équipes de travail afin d’en finir avec le marché noir et le soutien que les Juifs apportent aux francs tireurs. La main d’œuvre juive la plus qualifiée devra transmettre son savoir, sous surveillance, à des apprentis intelligents dans des écoles techniques, afin qu’un jour les Juifs ne soient plus indispensables dans l’artisanat et que l’on puisse les en écarter.

Source/Quelle: Nbg. Dok. PS-1104. Lagebericht Slonim (Gerhard Erren) vom 25. 1.42: ZSt. Verschiedenes, Bd.25, BI. 126 ff.


Témoignage de Alfred Metzner, chauffeur et interprète de Gerhard Erren (18 septembre 1947)

J’avais un fouet ou un pistolet à la main et participais au chargement et au déchargement. On poussait les hommes, les enfants et les mères dans les fosses. On a commencé par assommer les enfants puis on les a jetés dans la fosse à coups de pied […]. Quelques ignobles sadiques faisaient partie de ce commando d’extermination. Ainsi, par exemple, certains ont pris plaisir à tirer dans le ventre de femmes enceintes, puis les ont jetées dans la fosse […]. Avant les exécutions, les Juifs devaient se soumettre à une fouille approfondie […] on a vérifié s’ils ne cachaient ni bijoux ni objets de valeur dans leur anus ou les organes génitaux.

Source/Quelle: Auss. Metzner vom 18.9.47: ZSt. Polen 91, Bild 8.


Document original en allemand / Deutsches Original

»Die Aktion befreite mich von unnützen Fressern«
Dokumente zur Verfolgung im Generalbezirk Weißruthenien

»… Landser auf Dächern und Podesten saßen, um diesem Schauspiel zuzusehen«

Aus dem Lagebericht des Gebietskommissars Gerhard Erren vom 25.1.1942


Aus dem Lagebericht des Gebietskommissars Gerhard Erren vom 25.1.1942

Die Stadt Sionim stellt ein wahlloses Durcheinander von einigen guten Steinbauten, vielen brauchbaren Holzhäusern und einer Menge von abbruchreifen, windschiefen Blockhütten dar. Einheitlich gut erhaltene geschlossene Stadtteile, die sich als Wohnviertel für Deutsche eignen würden, gibt es nicht. Ein Drittel der Stadt ist völlig zerstört. Dadurch, sowie durch starken Flüchtlingszustrom, war Sionim bei meiner Ankunft stark übervölkert, die Wohnverhältnisse teilweise katastrophal. Die Judenaktion vom 13.11. schaffte fühlbare Abhilfe; es wurde möglich, eine Straße völlig zu räumen und für Deutsche Dienststellen und Wohnungen herzurichten. Diese Straße mit dem umliegenden Viertel wird weiterhin gesäubert und für den zukünftigen SS-Stützpunkt vorbereitet. Unter der Voraussetzung, daß dauernde höchste Einsatzfähigkeit meiner Mitarbeiter durch sorgfältigste Betreuung in der Gestaltung der gesamten Lebenshaltung erfolgen kann, habe ich vom ersten Tag an dafür gesorgt, daß jedes Gefolgschaftsmitglied nicht nur ordentlich wohnt und ausreichend ernährt wird, sondern auch der ganze Lebensstil deutsche Kultur und repräsentatives Ansehen verkörpert. Unser Gefolgschaftsheim vereinigt in getrennten Räumen bei gemeinsamen Mahlzeiten alle Gefolgschaftsmitglieder der deutschen Dienststellen einschließlich Sonderführer und Polizei. Der äußere Zuschnitt ist so gehalten, daß auch Leute mit weniger Kinderstube bald zu Formen erzogen werden, die schon durch ihre äußere Haltung dem bedienenden einheimischen Personal Achtung vor deutschen Herrenmenschen aufzwingen.

Bei meiner Ankunft zählte das Gebiet Sionim ca. 25000 Juden, davon allein in der Stadt Sionim ca. 16000, also über zwei Drittel der gesamten Stadtbevölkerung. Ein Ghetto einzurichten war unmöglich, da weder Stacheldraht noch Bewachungsmöglichkeiten vorhanden waren. Daher traf ich von vornherein Vorbereitungen für eine künftige größere Aktion. Zunächst wurde die Enteignung durchgeführt und mit dem anfallenden Mobilar und Gerät sämtliche deutsche Dienststellen einschließlich Wehrmachtsquartiere ausgestattet. […] Für Deutsche unbrauchbares Zeug wurde der Stadt zum Verkauf an die Bevölkerung freigegeben und der Erlös der Amtskasse zugeführt. Dann folgte eine genaue Erfassung der Juden nach Zahl, Alter und Beruf, eine Herausziehung aller Handwerker und Facharbeiter, ihre Kenntlichmachung durch Ausweise und gesonderte Unterbringung. Die vom SD am 13.11. durchgeführte Aktion befreite mich von unnötigen Fressern; und die jetzt vorhandenen ca. 7000 Juden in der Stadt Sionim sind sämtlich in den Arbeitsprozeß eingespannt, arbeiten willig aufgrund ständiger Todesangst und werden im Frühjahr genauestens für eine weitere Verminderung überprüft und aussortiert.

Das flache Land wurde eine Zeitlang großzügig von der Wehrmacht gesäubert; leider nur in Orten unter 1000 Einwohnern. In den Rayonstädten [= unterster Verwaltungsbezirk in der UdSSR; d. Hrsg.] wird nach der Durchführung der Hilfsarbeiten für die Ost-West-Bewegung das Judentum bis auf die notwendigsten Handwerker und Facharbeiter ausgemerzt werden.

Da die Wehrmacht nicht mehr bereit ist, Aktionen auf dem flachen Lande durchzuführen, werde ich die gesamten Juden des Gebietes in zwei oder drei Rayonstädten zusammenfassen, nur in geschlossenen Arbeitskolonnen einsetzen, um damit endgültig Schleichhandel und Partisanenunterstützung durch Juden auszurotten. Die besten Fachkräfte unter den Juden müssen unter Aufsicht in meinen Handwerkerschulen ihre Kunst intelligenten Lehrlingen weitergeben, um einmal den Juden auch im Handwerk entbehrlich zu machen und auszuschalten.

Source/Quelle: Nbg. Dok. PS-1104. Lagebericht Slonim (Gerhard Erren) vom 25. 1.42: ZSt. Verschiedenes, Bd.25, BI. 126 ff.


Aussage Alfred Metzner, Fahrer und Dolmetscher des Gebietskommissars (18.9.1947)

Ich hatte dabei eine Peitsche oder Pistole in der Hand und war bei dem Aufund Abladen beteiligt. Die Männer, Kinder und Mütter wurden in die Gruben gestoßen. Dabei wurden Kinder erst erschlagen und dann mit Füßen [voran] in die Gruben geworfen. […] Bei dem Vernichtungskommando waren mehrere gemeine Sadisten, so wurden z. B. schwangere Frauen zum Vergnügen in die Bäuche geschossen und anschließend in die Gruben geworfen. […] Vor der Exekution mußten sich die Juden einer Leibesvisitation unterziehen, dabei […] [wurden] After und Geschlechtsteil nach Wert- und Schmucksachen untersucht.

Source/Quelle: Auss. Metzner vom 18.9.47: ZSt. Polen 91, Bild 8.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.