Wilhelm Kube, commissaire général de Ruthénie à l’attention de Hinrich Lohse, commissaire du Reich dans les territoires de l’Est

31 juillet 1942

«Éliminer définitivement la juiverie»

Documents sur les persécutions dans le district de Ruthénie


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
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Document original en allemand / Deutsches Original


Préambule (PHDN):

Le document présenté ici fait déjà l’objet d’une autre page de PHDN dans une traduction différente et nous en proposons les fac-similés de l’original.


Wilhelm Kube à Hinrich Lohse, Minsk, 31 juillet 1942

Wilhelm Kube
Wilhelm Kube

Confidentiel.

Objet: lutte contre les francs tireurs et opérations juives dans le district de Ruthénie.

Lors des accrochages qui ont eu lieu avec la résistance en Ruthénie, nous avons constaté que la juiverie est l’un des principaux protagonistes au sein de cette organisation, et ceci tant dans les anciens territoires polonais que soviétiques du district, et qu’à l’Est, elle travaille avec la résistance polonaise et avec l’Armée rouge de Moscou. Par conséquent, en raison du danger économique que cela représente, le traitement de tous les Juifs des provinces ruthènes est une affaire politique qui ne devrait pas être résolue selon des critères économiques, mais uniquement politiques. Après de longs entretiens avec le SS Brigadeführer Zenner et un homme extrêmement compétent, le SS Obersturmbannführer Strauch, docteur en droit, directeur du SD, nous avons, au cours des dix dernières semaines, liquidé environ 55000 Juifs. Dans la région de Minsk, la juiverie a été complètement anéantie sans que l’on ait risqué de manquer de main d’œuvre. 16000 Juifs ont été liquidés dans les alentours de Lida, peuplés surtout de Polonais, et 8000 à Slonim, etc. Dans les environs de Glebokie, les dispositions que nous avions prises en vue de la liquidation des Juifs ont été perturbées; on vient de nous informer que le groupe d’armée de l’arrière avait empiété sur nos compétences. Les services de l’armée ont liquidé 10000 Juifs sans prendre contact avec nous, mais de toute façon, nous avions prévu leur élimination. Les 28 et 29 juillet, nous avons liquidé 10000 Juifs environ dans la ville de Minsk, dont 6500 Juifs russes, surtout des vieillards, des femmes et des enfants; les autres étaient inaptes au travail, ils avaient été expédiés à Minsk sur ordre du Führer en novembre dernier et venaient principalement de Vienne, Brünn, Brême et Berlin.

La région de Sluzk a également été débarrassée de quelques milliers de Juifs, tout comme les environs de Novogrodek et de Vileika. En ce qui concerne Baranovitchi et Hanzevitchi, des mesures radicales sont imminentes. 10000 Juifs environ vivent encore dans la seule ville de Baranovitchi, 9000 d’entre eux seront liquidés le mois prochain.

Dans la ville de Minsk, il reste encore 2600 Juifs d’Allemagne. Par ailleurs, 6 000 Juifs et Juives russes y sont encore en vie. Au moment où se déroulaient les opérations, ils constituaient la main d’œuvre des unités qui les employaient. Même dans l’avenir, Minsk gardera la plus forte proportion de main d’œuvre juive; ceci étant provisoirement nécessaire car des industries d’armement y sont concentrées et que les chemins de fer y sont chargés d’une mission spécifique. Dans toutes les autres régions, le SD et moi même, nous avons fixé le nombre de Juifs affectés au service du travail à 800 au maximum, ce nombre pouvant éventuellement être réduit à 500 de sorte qu’une fois les opérations annoncées terminées, il n’en restera plus que 8600 à Minsk et environ 7000 dans les 10 régions restantes, y compris les environs de Minsk, qui sont déjà exemptes de Juifs. Il n’y aura donc plus aucun danger de voir la résistance s’appuyer sur les Juifs. En ce qui nous concerne, le SD et moi même, nous préférerions évidemment pouvoir éliminer définitivement tous les Juifs des districts ruthènes dès que la Wehrmacht n’aura plus d’exigences économiques. Nous tiendrons provisoirement compte des besoins indispensables de la Wehrmacht qui est le principal employeur de la juiverie.

Nos opinions sur la juiverie sont sans équivoque, mais dans les provinces ruthènes, le SD est, en plus, chargé d’une mission pénible et doit conduire les convois de Juifs venant du Reich à destination. Ceci exige des hommes du SD un surcroît d’efforts physiques et psychiques et les soustrait aux tâches qu’ils ont à accomplir dans les provinces ruthènes.

Je serais donc très reconnaissant envers le commissaire du Reich de faire son possible pour qu’il arrête d’envoyer d’autres transports de Juifs sur Minsk, du moins jusqu’à ce que les dangers liés à la résistance soient définitivement écartés. Il faut que le SD s’engage à cent pour cent dans la lutte contre les francs tireurs et contre les organisations de la résistance polonaise, qui mobilisent toutes les forces des unités du SD dont les effectifs ne sont pas très importants.

Immédiatement après la fin des opérations juives de Minsk, le SS Obersturmbannführer Strauch m’a annoncé qu’il était indigné de voir que soudain un transport de 1 000 Juifs originaires de Varsovie venait d’arriver pour l’aviation locale sans que le Reichsführer SS [N.d.T.: Himmler] en ait donné l’ordre et sans que le commissaire général en ait été informé.

Je prie le commissaire du Reich, en tant qu’instance suprême des territoires de l’Est (un télégramme vient d’être rédigé), de faire cesser ces transports. Le Juif polonais, au même titre que le Juif russe, est un ennemi de la germanité. C’est un élément politiquement dangereux et les risques encourus dépassent de loin la valeur que le Juif peut avoir en tant qu’ouvrier qualifié. Les services de la Wehrmacht, de l’armée de terre ou de l’aviation ne peuvent, sous aucun prétexte, importer des Juifs venant de Pologne ou d’ailleurs dans une région dépendant de l’administration civile, sans autorisation du commissaire du Reich. Ces Juifs menacent notre travail politique et la sécurité du district. En cela, nous nous sommes mis d’accord, le commandant du SD pour les provinces ruthènes et moi même, pour que tout convoi de Juifs qui n’aurait pas été ordonné ou annoncé par nos supérieurs hiérarchiques soit immédiatement liquidé afin d’empêcher que les troubles ne se poursuivent en Ruthénie.

Le commissaire général
des territoires ruthènes
Signé: Kube

Source/Quelle: Kube am 31.7.42 an Lohse: Nbg. Dok., PS-3428.


Document original en allemand / Deutsches Original

»das Judentum endgültig beseitigen«
Dokumente zur Verfolgung im Generalbezirk Weißruthenien

»… Landser auf Dächern und Podesten saßen, um diesem Schauspiel zuzusehen«

Der Generalkommissar für Weißruthenien, Wilhelm Kube, am 31.7.1942 an den Reichskommissar für das Ostland, Hinrich Lohse

Wilhelm Kube
Wilhelm Kube

Geheim!

Betreff: Partisanenbekämpfung und Judenaktion im Generalbezirk Weißruthenien

Bei allen Zusammenstößen mit Partisanen in Weißruthenien hat es sich herausgestellt, daß das Judentum sowohl im ehemals polnischen wie auch im ehemals sowjetischen Teil des Generalbezirks zusammen mit der polnischen Widerstandsbewegung im Osten und den Rotarmisten Moskaus im Osten Hauptträger der Partisanenbewegung ist. Infolgedessen ist die Behandlung des Judentums in Weißruthenien angesichts der Gefährdung der gesamten Wirtschaft eine hervorragend politische Angelegenheit, die infolgedessen auch nicht nach wirtschaftlichen, sondern nach politischen Gesichtspunkten gelöst werden müßte. In eingehenden Besprechungen mit dem SS-Brigadeführer Zenner und dem hervorragend tüchtigen Leiter des SD, SS-Obersturmbannführer Dr. jur. Strauch, haben wir in Weißruthenien in den letzten 10 Wochen rund 55.000 Juden liquidiert. Im Gebiet Minsk-Land ist das Judentum völlig ausgemerzt, ohne daß der Arbeitseinsatz dadurch gefährdet worden ist. In dem überwiegend polnischen Gebiet Lida sind 16000 Juden, in Slonim 8000 Juden usw. liquidiert worden. Durch einen dorthin bereits berichteten Übergriff des Rückwärtigen Heeresgebietes sind die von uns getroffenen Vorbereitungen für die Liquidierung der Juden im Gebiet Glebokie gestört worden. Das Rückwärtige Heeresgebiet hat, ohne Fühlung mit mir zu nehmen, 10000 Juden liquidiert, deren systematische Ausmerzung von uns sowieso vorgesehen war. In Minsk-Stadt sind am 28. und 29. Juli rund 10000 Juden liquidiert worden, davon 6.500 russische Juden — überwiegend Alte, Frauen und Kinder — der Rest bestand aus nichteinsatzfähigen Juden, die überwiegend aus Wien, Brünn, Bremen und Berlin im November des v. J. nach Minsk auf den Befehl des Führers geschickt worden sind.

Auch das Gebiet Sluzk ist um mehrere tausend Juden erleichtert worden. Das Gleiche gilt für Nowogrodek und Wilejka. Radikale Maßnahmen stehen noch für Baranowitschi und Hanzewitschi bevor. In Baranowitschi leben allein in der Stadt noch rund 10000 Juden, von denen 9000 Juden im nächsten Monat liquidiert werden.

In Minsk-Stadt sind 2.600 Juden aus Deutschland übrig geblieben. Außerdem sind noch sämtliche 6.000 russische Juden und Jüdinnen am Leben, die als Arbeitseinsatz während der Aktion bei den sie beschäftigenden Einheiten verblieben sind. Minsk wird auch in Zukunft noch immer den stärksten Judeneinsatz behalten, da die Zusammenballung der Rüstungsbetriebe und die Aufgaben der Eisenbahn das vorläufig notwendig macht. In sämtlichen übrigen Gebieten wird die Zahl der zum Arbeitseinsatz kommenden Juden vom SD und mir auf höchstens 800, nach Möglichkeit aber auf 500, festgesetzt, sodaß wir nach Beendigung der noch angekündigten Aktionen in Minsk 8600 und in den 10 übrigen Gebieten, einschließlich des judenfreien Gebietes Minsk-Land, etwa 7000 Juden übrig behalten. Die Gefahr, daß die Partisanen sich in Zukunft noch wesentlich auf das Judentum stützen können, besteht dann nicht mehr. Mir und dem SD wäre es natürlich das liebste, nach Wegfall der wirtschaftlichen Ansprüche der Wehrmacht, das Judentum im Generalbezirk Weißruthenien endgültig zu beseitigen. Vorläufig werden die notwendigen Ansprüche der Wehrmacht, die in der Hauptsache Arbeitgeber des Judentums ist, berücksichtigt.

Zu dieser eindeutigen Einstellung dem Judentum gegenüber kommt noch die schwere Aufgabe für den SD in Weißruthenien immer wieder neue Judentransporte aus dem Reich ihrer Bestimmung zuzuführen. Das nimmt die materiellen und seelischen Kräfte der Männer des SD über Gebühr in Anspruch und entzieht sie ihren Aufgaben, die im Raume Weißrutheniens selbst liegen.

Ich wäre daher dankbar, wenn der Herr Reichskommissar es ermöglichen könnte, weitere Judentransporte nach Minsk wenigstens solange zu stoppen, bis die Partisanengefahr endgültig überwunden worden ist. Ich brauche den SD im hundertprozentigen Einsatz gegen die Partisanen und gegen die polnische Widerstandsbewegung, die beide alle Kräfte der nicht überwiegend starken SD-Einheiten in Anspruch nehmen.

Nach Beendigung der Minsker Judenaktion meldet mir heute Nacht mit gerechter Empörung SS-Obersturmbannführer Dr. Strauch, daß plötzlich ohne Weisung des Reichsführers SS und ohne Benachrichtigung des Generalkommissars ein Transport von 1.000 Juden aus Warschau für den hiesigen Luftgau eingetroffen sind.

Ich bitte den Herrn Reichskommissar (bereits durch Fern-schreiben vorbereitet), derartige Transporte als höchster Hoheitsträger im Ostland zu unterbinden. Der polnische Jude ist genau wie der russische Jude ein Feind des Deutschtums. Er stellt ein politisch gefährliches Element dar, dessen politische Gefahr weit das übertrifft, was er als Facharbeiter wert ist. Unter keinen Umständen können in einem Gebiet der Zivilverwaltung Wehrmachtsdienststellen des Heeres oder der Luftwaffe ohne Genehmigung des Herrn Reichskommissars aus dem Generalgouvernement oder anderswoher Juden hier einführen, die die gesamte politische Arbeit und die Sicherung des Generalbezirks gefährden. Ich bin mit dem Kommandeur des SD in Weißruthenien darin völlig einig, daß wir jeden Judentransport, der nicht von unseren vorgesetzten Dienststellen befohlen oder angekündigt ist, liquidieren, um weitere Beunruhigungen in Weißruthenien zu verhindern.

Der Generalkommissar für Weißruthenien
gez. Kube

Source/Quelle: Kube am 31.7.42 an Lohse: Nbg. Dok., PS-3428.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.