Cliquez pour suivre le lien. 82. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309; cf. Hájková et al., Ravensbrück, 166; Suzanne Hugounencq , «La chambre à gaz de Ravensbrück» , in Voix et visages 176 , 1981, p. 1; cf. Postel-Vinay, «Exterminations», 339 sq. Hájková et Hugounencq avaient travaillé dans la colonne de peintres, qui stockaient du matériel dans cette baraque. 83. Déclaration sous serment de Walter Jahn, 24.4.1947. Nürnb Dok NO-3109 à NO-3111. Jahn indiqua avoir procédé à l’installation électrique de cette chambre à gaz et a ajouté un plan du bâtiment; cf. Postel-Vinay, «Exterminations» , p. 346 sq. 84. Témoignage d’Anna Burda (véhicule à gaz de type locomotive à proximité du camp de jeunes, vue au début de mai 1945), s. d., archives privées de Postel-Vinay; déclaration du Dr Mlada Tauferová (wagon de train aménagé en chambre à gaz à proximité du camp de femmes, vu en mai 1945), 30.6.1969, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 928; déclaration de Margarete Sch. (automobiles de gazage venant d’Auschwitz installées dans la zone de mort d’Uckermark) 14.6.1947, PRO, WO 235/516A, copie in Ebbinghaus, Opfer, 354; déclaration d’Irma Götze (voiture à gaz, propos rapportés en février-mars 1945), 2.6.1966, BStU, ZUV 3 vol. 12, fol. 106 sq.; déclaration de Johanna Himmler (voiture à gaz vue juste après la libération, avec Else Schöpke), 14.3.1966, ibid., fol. 26; déclaration d’Else Schöpke (voiture à gaz, .vue juste après la libération), 25.2.1966, ibid., fol. 81; déclaration de Konrad Noppenberger (voiture à gaz, conversation surprise à l’automne 1944 entre Mme Höß et Schwarzhuber), 23.2.1966, ibid., fol. 41; cf. récapitulation: Kiedrzyńska, Ravensbrück, 109 sq.; ZSL, Gesamtdarstellung, p. 104-110; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 356 sq. 85. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309. 86. Dans une autre déclaration, Suhren a affirmé que l’ordre avait été donné par August Heißmeyer, le Höhere SS. und Polizeiführer du Wehrkreis III, cf. déclaration sous serment de Suhren, 30.12.1945, PRO, WO 235/310. 87. Déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion. 88. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309; déclaration sous serment de Treite, 5.5.1945, ibid. 89. Déclaration sous serment de Salvequart, 23.11.1946, PRO, WO 235/310; Krüger, Bericht; déclaration sous serment de Trksak, 8.11.1949, ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 337. 90. SÚA, KT-OVS, 35/53. Titre dans l’original: «Revenues de Uckermark (1er gaz)»; cf. plus en détail ci-dessous. 91. Déclaration sous serment de Neudeck. 2.12.1947, PRO, WO 235/516A, cité in Ebbinghaus, Opfer, p. 367. 92. Déclaration sous serment de Neudeck, 8.12.1947, PRO, WO 235/51 citée in Ebbinghaus, Opfer, p. 370. · . 93. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309. 94. Kogon et al., Chambres à gaz, p. 205-211; récit d’Abraham et Schlomo Dragon, in Gideon Greif, «Wir weinten tränenlos…» Augenzeugenberichte der jüdischen «Sonderkommandos in Auschwitz», Cologne, 1995, p. 66-69. 95. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 30.8.1946, PRO, WO 235/309. 96. Il n’a pas été possible de préciser de façon incontestable la composition du commando. Certains indices donnent cependant à penser qu’il s’y trouvait quelques Juifs slovaques du transport de Prešov de début novembre 1944. 97. Il s’agit en fait du «commando du crématorium». 98. Kolařík, Lager am See, p. 28. ·. 99. Déclaration de Trksak, 30.4.1969, DÔW, Ravensbrück, dossier 444. 100. Reproduit de façon erronée dans l’original, à la suite d’une transmission orale, sous la forme «Mittweida». Plus de détails à ce sujet dans la section ci-dessous. 101. Buber-Neumann, Gefangene, p. 361 sq. On ne peut exclure qu’il s’agisse d’une autre version de l’incident relaté par Trksak. 102. Hájková et al., Ravensbrück, p. 172 sq.; Kiedrzyńska, Ravensbrück, p. 110 sq.; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 350. 103. Déclaration sous serment de Buchmann, 8.5.46, ARa, 21. Buchmann a ajouté une liste nominale qui semble indiquer que les victimes comprenaient deux Sinti et Roms du «camp tzigane» d’Auschwitz, ainsi que deux femmes déjà internées en KZ depuis 1938 (à Lichtenburg encore). 104. Journal de Marie-Claude Vaillant-Couturier, cité in Les Françaises, p,. 266 sq.; déclaration de Winkelmann, 22/23.1.1947, PRO, WO 235/307, copie trad. in DÖW, Ravensbrück, dossier 84. 105. Déclaration de Minna Lepadies, Témoin de Jéhovah employée au bunker comme informatrice, citée dans Tillion, Ravensbrück, p. 293. 106. Déclaration sous serment de Neudeck, 2.12.1947, PRO, WO 235/326. Hermine Salvini (déclaration du 4.7.1946, DÖW, «Ravensbrück», dossier 146) mentionne elle aussi l’exécution de 50 détenues à la mi-avril et soupçonne qu’elles furent tuées par balle. Olga Körner (Bericht, ARa, 51) parle de 47 femmes abattues le 21 avril. 107. Sur les efforts de discrétion entourant l’opération«14 f 13», cf. chap. VI. . 108. Alors que le document est parfaitement lisible, on trouve souvent dans la littérature l’indication inexacte et fallacieuse de «Mittweida», nom d’un camp satellite pour détenues du KZ de Flossenbürg, qui existait encore à l’époque en question. 109. Reproduit phonétiquement dans l’original sous la forme «Mittwerder». 110. Déclaration sous serment de Neudeck, 2.12.1947, PRO, WO 235/326. Josef Bertl (né en 1924) — graphie exacte de son nom — a certes confirmé qu’il avait souvent reçu des ordres de transport vers Uckermark et en provenance d’Uckermark, mais il a prétendu de manière peu vraisemblable n’avoir pas été informé de leur destination, cf. déclaration de Bertl, 26.9.1974, ZSL 409 AR-Z 78/72, fol. 2476 sq. 111. Déclaration de Romana S., 19.12.1969, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol 900 sq. S., originaire de Poméranie, avait été déportée à Ravensbrück en avril 1940. 112. Déclaration de Herta D., 17.9.1968, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 124. «Mittwerda» désigné par erreur dans l’original sous la forme«Mittwerde». D. (née en 1920) avait été déportée précédemment depuis avril 1942 à Auschwitz; cf. déclaration de Marie-Claude Vaillant-Couturier, 20.1.1946, IMT, vol. 6. p. 227-257, ici p. 253. Vaillant-Couturier, elle aussi déportée précédemment à Auschwitz et employée à l’infirmerie de Ravensbrück a rapporté que des détenues qui travaillaient au service des fichiers lui avaient raconté «que le mot de “Mittwerda” n’existait pas et était utilisé pour désigner la chambre à gaz». 113. «Mittwerda» écrit par erreur avec un seul «t» dans l’original. 114. Déclaration sous serment de Hunger, 10.5.1949, ZSL, MGF, Urteile Suhren fol. 80; cf. la déclaration de même teneur de la prisonnière autrichienne elle aussi employée à l’Arbeitseinsatz, Anna Hand du 16.6.1949, in ibid., fol. 198; déclaration d’Hermine Salvini (secrétaire détenue au bureau du Schutzhaftlagerführer), 4.6.1946, DÖW, Ravensbrück, dossier 146, p. 5; déclaration de Maria Müller. (secrétaire à l’Arbeitseinsatz), 5.7.1949, ARa, 793. 115. Elle se trouve clans AGK, KL Ravensbrück.15. Confronté au document devant le tribunal militaire français de Rastatt, Suhren confirma l’authenticité de sa signature. Il chercha à se tirer d’affaire en affirmant que le camp de Mittwerda en Silésie avait vraiment existé, mais que le transport n’avait pu se faire en raison de l’approche des troupes soviétiques, cf. déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion. 116. Lettre de l’ISD à la Zentralstelle de Ludwigsburg, 12.7.1971, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 1441 sq. La demande d’information se fit dans le cadre d’enquêtes préliminaires sur les crimes nazis au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück et au camp de jeunes d’Uckermark. 117. Déclaration de Maria N., 28.8.1974, ZSL, 409 .AR—Z7 8/72, fol. 2081. 118. Récit de Marguerite B., cité in Les Françaises, p. 197; cf. déclarations sous serment de Marguerite B., s. d. (1949), ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 8; Anise Postel-Vinay, «Pourquoi un langage secret? Comment le décoder?», in réédition des actes du Xe colloque d’Aubazine-Brive,12-14 octobre 1984, Les Chambres à gaz ont existé, Brive-la-Gaillarde, 2000, p. 20-46, ici p. 41 sq. 119. Déclaration sous serment de Charlotte H., s. d. (1948), ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 134 sq.; Déclaration de Charlotte H., 14.5.1948, ibid., fol. 136 sq. H. reconnut elle aussi la ceinture d’Arhel, ainsi que sa tenue de détenue car elle connaissait son matricule. 120. Interview de l’auteur avec Walter Morgenbesser, 9.11.1997. 121. Déclaration de Terezie Moucova, 8.1.1969, DÖW, Best. Rav., dossier 444; cf. déclaration de Božena Simunková, 8.1.1969, ibid. 122. Déclaration d’Erika Buchmann pour le 1er procès de Hambourg, 16.1.1947, ARa, 184. 123. Copie in SÚA, KT-OVS, 35/53 . 124. Les autres indications de nationalités se répartissent comme suit: Belgique (9), Estonie (4), «Reichsdeutsche» et Ukraine (3), Lituanie, «Volksdeutsche», Croatie, Luxembourg, Yougoslavie, Hollande et Italie (deux chacun), ainsi que «Protectorat» et «Reich allemand jusqu’à nouvel ordre» (un chacun). 125. On trouve aussi dans Les Françaises, p. 210, qu’au cours du mois de mars, un groupe de 250 personnes, formé de femmes enceintes ou accompagnées de nourrissons (12 en tout), fut envoyé à la chambre à gaz. 126. Kiedrzyńska, Ravensbrück, p. 214; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 353 sq. Les chiffres indiqués par le commandant Suhren (1 500) et le Schutzhaftlagerführer Schwarzhuber (2 300 à 2 400) respectivement au procès de Rastatt et au 1er procès de Hambourg sont avec certitude trop faibles, cf. déclaration sous serment de Schwarzhuber, 30.8.1946, PRO, WO 235/309; déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion. 127. Déclaration de Hans Althoff 24.2.1971, ZSL, 409 AR-Z 78/72, p. 1377 sq. 128. SÚA, KT-OVS,3 5/53. Titre dans l’original en français (visiblement pas langue maternelle: «Revenues de Uckermark (1er gaz)». La numérotation courante va jusqu’à 500. La page portant les numéros 401-450 manque. 129. Déclaration d’Erika Buchmann pour le 1er procès de Hambourg, 16.1.1947, ARa, 184. Dans la liste des transférées du 14.2.1945, Buchmann note derrière huit noms qu’«entre-temps», (au moment de la rédaction, dix mois après la libération), elles étaient mortes. Aucune de ces femmes ne se trouve sur la «liste de Prague» . Il en va de même du nombre encore plus réduit des survivantes nommément connues de ce transfert. 130. Déclaration de Marie-Claude Vaillant-Couturier, 20.1.1946, IMT, vol. 6, p. 250. 131. Dans l’original, Dr Trommler. 132. Moser/Pol, «Bericht», p. 1. Le nom de Maria Morosowa (née en 1920) se trouve sur la «liste de Prague» à la date du 16 février. Elle avait été déportée le 3 février 1943 à Ravensbrück. 133. Déclaration de Marianne A., ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 658 sq. 134. Récit de Simone Lehouck-Gerbehaye, s. d. (1948), DÖW, Ravensbrück, dossier 111. 135. Il s’agissait par ailleurs de neuf Juives slovaques, cinq Hollandaises, cinq Italiennes, quatre Belges (détenues NN), trois Biélorusses, trois Juives turques, deux Yougoslaves, deux Juives roumaines, ainsi qu’une Lettone, une Lituanienne et une «Volksdeutsche». 136. Registre des naissances du FKL Ravensbrück, ARa, sans cote.

La Chambre à gaz de Ravensbrück

Bernhard Strebel

Ravensbrück. Un complexe concentrationnaire,
Paris: Fayard, 2005

© Bernhard Strebel & Fayard 2005

Présentation par PHDN (cacher...)

PHDN reproduit ici une dizaine de pages tirées de l’important ouvrage de Bernhard Strebel. Les notes sont celles qui figurent dans l’original, et conservent ici leur numérotation.

Présentation par PHDN (voir...)


Chambre à gaz

Aucun des membres de la SS accusés aux différents procès de Ravensbrück — pas plus Suhren et Schwarzhuber que les autres — n’a nié l’existence de la chambre à gaz provisoire installée au début de 1945. Il s’agissait d’une cabane de bois située à proximité immédiate du crématorium, qui avait servi jusque-là d’entrepôt. En janvier 1945, on la transforma en chambre à gaz provisoire; on pouvait y tuer entre 150 et 180 personnes à la fois82. à en croire des détenus du camp d’hommes, on construisit, avant la fin mars 1945, au-delà de l’enceinte du camp, derrière l’infirmerie, une deuxième chambre à gaz double, techniquement perfectionnée. Ce bâtiment de pierre était camouflé sous le nom de «Nouvelle blanchisserie» Mais on n’eut plus le temps de s’en servir83. En outre, plusieurs récits de détenus mentionnent des installations mobiles de gazage (des camions et des wagons de chemins de fer transformés), dont il a cependant été impossible de prouver irréfutablement l’utilisation à Ravensbrück84.

Il n’est plus possible aujourd’hui de déterminer qui exactement prit l’initiative d’installer la chambre à gaz provisoire dans la cabane de bois. Au procès de Hambourg, Schwarzhuber cita un ordre général d’extermination d’Himmler, exigeant la mise à mort de tous les détenus malades et incapables de marcher. Il (Schwarzhuber) aurait déclaré qu’il était bien content d’avoir quitté Auschwitz et ne voulait pas «participer à ça une seconde fois». Suhren aurait alors confié l’exécution de cet ordre à son adjoint Sauer85. Suhren confirma cet entretien avec Schwarzhuber, mais indiqua que l’ordre était venu de Glücks86. En outre, Suhren affirma — il s’agissait après tout de sa responsabilité personnelle dans les gazages — que cet ordre ne lui avait pas été adressé à lui, mais à son adjoint Sauer87. Schwarzhuber et le docteur Treite furent unanimes à affirmer que le motif de l’installation de la chambre à gaz était que les exécutions par balle n’allaient pas assez vite88.

Nous disposons de déclarations divergentes sur le début des gazages. Vera Salvequart, employée comme détenue chargée de fonctions dans le camp de concentration de jeunes en partie évacué, date la première opération de ce genre du 26 janvier 1945. D’après le journal que la prisonnière allemande Gisela Krüger tint clandestinement à Uckermark, elle aurait appris le 9 février ce qui était arrivé aux femmes emmenées la veille. Le récit de Krüger est confirmé par les propos de!’Autrichienne Irma Trksak, selon laquelle les premières sélections pour la chambre à gaz eurent lieu dans la zone de mort d’Uckermark au début du mois de février89. Mais l’indice le plus probant en faveur de la date du 8 février nous est livré par la «Liste de Prague», sur laquelle le transport de la zone de mort vers la chambre à gaz le 8 février porte l’intitulé suivant: «départs d’Uckermark (premier gazage)90».

Les deux seules déclarations contenant quelques détails sur le déroulement des gazages nous viennent du personnel du camp. La gardienne-chef du camp de la mort d’Uckermark, Ruth Neudeck, déclara avoir assisté plusieurs fois à des transports à destination de la chambre à gaz:

«Le camion s’arrêtait toujours à 50 mètres du crématorium. Rapp et son ami faisaient descendre les détenues deux par deux et les conduisaient à l’intérieur du crématorium. Avec les autres gardiennes, je restais à côté du camion jusqu’à ce que les dernières détenues soient entrées dans le crématorium. Puis nous regagnions nos quartiers91.»

Six jours plus tard, Neudeck donna quelques précisions supplémentaires:

«Le soir, quand il faisait noir, les camions de transport arrivaient pour conduire ces femmes aux chambres à gaz. J’ouvrais tout grand et je comptais tout le monde pour vérifier que le nombre y était. Les femmes étaient ensuite chargées dans le camion. Ce chargement se faisait en présence des SS Rapp et Kahler et des gardiennes. Je sais parfaitement que toutes les gardiennes de service à ce moment-là assistaient à ces chargements. Cela concerne Mohnecke, Rabe et les 3 autres gardiennes . Lors du chargement, nous étions obligées de frapper les détenues, parce qu’elles ne voulaient pas monter en voiture. Si certaines étaient trop malades pour grimper dans le camion, les SS les prenaient par les mains et les pieds et les balançaient dedans. Les autres gardiennes frappaient, elles aussi. J’admets avoir personnellement frappé les détenues avec un bâton. Je sais que toutes les autres gardiennes savaient parfaitement où allaient ces transports. Nous en parlions entre nous. Quand les véhicules étaient chargés, les deux SS et moi partions pour le crématorium. Là, nous devions faire entrer les détenues dans un hangar en bois et, en tant que gardienne-chef, je leur donnais l’ordre de se déshabiller entièrement. D’autres SS se trouvaient dans ce hangar; il y en a un dont je me souviens particulièrement bien, Cott, le chef de l’équipe chargée des chiens. Une fois les femmes déshabillées, un SS quelconque, qui s’était déguisé en médecin en enfilant une blouse blanche, arrivait et conduisait les femmes une par une dans un autre hangar. Quand celui-ci était plein, on le verrouillait. Deux détenus devaient monter sur le toit avec une échelle. Je les ai vus jeter quelque chose à l’intérieur. Puis la lucarne était refermée, elle aussi. Quand les deux hommes redescendaient, on faisait tourner les moteurs des camions pour ne pas entendre les cris des femmes. Je suis toujours partie à ce moment-là92.»

Au 1er procès de Hambourg, le Schutzhaftlagerführer Schwarzhuber décrivit le déroulement d’un gazage, le seul, prétendit-il, auquel il eût assisté:

«J’ai assisté à un gazage. On a poussé 150 femmes à la fois dans la chambre à gaz. Le Hauptscharführer Moll leur a ordonné de se déshabiller et leur a dit qu’on allait procéder à un traitement contre les poux. On les a alors introduites dans la chambre à gaz et on a verrouillé la porte. Un détenu portant un masque à gaz est monté sur le toit et a jeté par une ouverture, qu’il a refermée tout de suite après, une boîte de gaz dans la pièce. J’ai entendu des gémissements et des plaintes . Au bout de deux à trois minutes, le silence s’est fait dans la pièce. Je ne saurais dire si les femmes étaient mortes ou étourdies. Je n’étais pas présent au moment où l’on a vidé la pièce93.»

Si l’on songe aux pratiques en usage à Auschwitz, on peut douter que l’on ait chargé des détenus de jeter le gaz toxique à l’intérieur du local, comme l’ont prétendu Neudeck et Schwarzhuber94. Un peu plus tard, ce dernier a complété sa déclaration:

«On a gazé entre 2 300 et 2 400 personnes à Ravensbrück. La chambre à gaz mesurait environ 9 mètres sur 4,5 et pouvait contenir approximativement 150 personnes. Elle se trouvait à cinq mètres à peu près du crématorium. Les prisonnières devaient se déshabiller dans une remise située à trois mètres de la chambre à gaz et étaient introduites dans celle-ci par une petite pièce95.»

Comme à Auschwitz, un commando de onze détenus du camp d’hommes était chargé des travaux liés à la crémation des cadavres96. Quelques membres du «commando du crématorium», un groupe tenu à l’isolement, réussirent pourtant à transmettre des informations sur la chambre à gaz à des détenus qui transportaient les morts du camp d’hommes au crématorium. Le détenu tchèque Emanuel Kolařík s’est fait l’écho de leurs explications:

«À leur arrivée dans la cour, près de la chambre à gaz, on remettait aux femmes un mouchoir et un morceau de savon et on les conduisait dans la moitié gauche de la baraque où elles devaient se déshabiller. Les femmes SS leur disaient qu’elles allaient pouvoir se laver correctement, et qu’ensuite, on leur donnerait des vêtements propres parce que la propreté était le maître mot du camp où on allait les envoyer. Dans certains cas, on disait aux femmes qu’elles allaient partir pour une maison de santé et qu’une fois guéries, elles pourraient rentrer chez elles. À leur arrivée dans les chambres à gaz, les femmes voyaient vraiment des douches, et beaucoup se réjouissaient. […] Une fois que toutes étaient entrées dans la pièce, la SS leur disait: “Lavez-vous bien, vous avez cout votre temps, rien ne presse.” Les malheureuses attendaient l’eau chaude. […] Quelle devait être leur surprise quand au lieu d’eau chaude, elles voyaient du gaz sortir des douches. Quel effroi saisissait ces malheureuses quand elles comprenaient qu’on était en train de les ruer. Certaines perdaient sans doute l’esprit, car on relevait de nombreuses blessures sur les cadavres. Quand on les sortait de la chambre, nous ont dit des détenus juifs obligés de travailler au crématorium, certaines avaient les doigts arrachés d’un coup de dents, les poings serrés autour de grosses touffes de cheveux, les membres griffés ou enlacés au point que les détenus du commando disciplinaire97 n’arrivaient même pas à les détacher. Au bout de 20 minutes, on ouvrait la porte qui donnait sur la cour du crématorium, et les détenus juifs munis de masques [à gaz] devaient sortir les mortes avec des crochets. Tout se passait très vite parce qu’il fallait préparer la chambre pour d’autres victimes.»

Kolařík poursuit en relatant un événement dont un SS et lui furent témoins:

«J’ai eu l’occasion de regarder de l’autre côté de la palissade (à travers la palissade de roseaux) dans la cour du crématorium, où nous allions chercher du matériel de réparation pour les blocs du camp de femmes. Nous avons vu un détenu juif, qui portait un tablier fait d’un sac, obligé de porter les cadavres d’hommes et de femmes et de les empiler devant le four comme des bûches. Ce détenu était déjà tellement insensibilisé qu’il mangeait le pain qu’il avait dans son tablier pendant qu’il allait chercher un nouveau cadavre. Ce spectacle m’a fait vomir et le SS s’est senti mal, lui aussi98.»

Les détenues obtinrent, elles aussi, des informations sur les gazages par le biais de témoins directs, comme le raconte Irma Trksak:

«Un jour, une femme évacuée de Varsovie, qui avait été emmenée pour être gazée, est revenue au camp de jeunes. Elle nous a raconté qu’elles avaient été conduites dans une baraque à l’extérieur du camp principal de Ravensbrück. On leur avait dit de se coucher pour dormir. Dans la nuit, on avait introduit du gaz par une ouverture dans le toit de la baraque. Comme elle n’était pas tout à fait morte, elle était arrivée à s’enfuir avant d’être emportée au crématorium. Mais ne sachant pas où aller, elle était revenue à Uckermark et s’était cachée dans une fosse, dans laquelle on jetait la paille souillée. Mais les chiens avaient retrouvé sa trace et Neudeck avait fait mettre le feu à la paille. La Polonaise est sortie, a été reprise et emmenée. J’ai moi-même assisté à cet événement99.»

Margarete Buber-Neumann relate un incident du même genre:

«On racontait qu’à la faveur du crépuscule, une Polonaise de quarante ans était arrivée à se sauver avant que les femmes ne soient déchargées devant le crématorium. Elle s’était ensuite cachée pendant la nuit près de la “station d’épuration” du camp. Elle avait été reprise le lendemain matin par un SS et conduite au camp. Sous les coups, elle a avoué qu’elle venait du “camp de jeunes”. On l’a isolée des autres pour la faire monter dans le camion de gazage dès le transport suivant Mais elle criait, et on l’entendait de loin: “Ne croyez pas que vous irez à Mittwerda100! On nous conduit au gaz et au crématoire!”101.»

L’arrêt des gazages fait également l’objet de mentions divergentes. De nombreux récits de détenues affirment que le dernier gazage, concernant 350 personnes, eut lieu le 30-31 mars 1945. Les installations intérieures de la chambre à gaz auraient ensuite été détruites par la SS102. La doyenne du bloc des tuberculeuses, Erika Buchmann, déclare en revanche que le 23 avril, on conduisit encore 18 malades de son bloc à la chambre à gaz103. Moyennant quelques désaccords minimes, ses propos sont confirmés aussi bien par la Française Marie-Claude Vaillant-Couturier que par le médecin SS qui participa aux sélections, le Dr Adolf Winkelmann, lequel prétend que l’on procéda à des sélections jusqu’au 25 ou 26 avril104. On peut donc supposer que l’installation intérieure détruite était celle de la deuxième chambre à gaz. En tout état de cause, il est attesté que les onze membres du «commando du crématorium» ne furent conduits au bunker «que» le 25 avril pour y être tués: il s’agissait d’éliminer tous les témoins des gazages massifs105. On ne peut cependant exclure que les détenues sélectionnées dans les derniers jours n’aient pas été assassinées dans la chambre à gaz, mais abattues par balles. Cela correspondrait à la pratique décrite par Neudeck, qui a expliqué qu’on ne recourait à la chambre à gaz qu’à partir d’un nombre suffisamment élevé de détenues106.

Alibi pour la chambre à gaz: Mittwerda, «camp de repos»

La SS s’efforça — vainement, pour finir — de garder le secret sur les gazages, en inscrivant sur des listes d’effectifs établies a posteriori le lieu où étaient censées se trouver les femmes assassinées dans la chambre à gaz: elles avaient été transférées au «Schonungslager Mittwerda», le camp de repos de Mittwerda107. Ce camp n’a jamais existé108.

La déclaration la plus claire à ce sujet nous vient des rangs du personnel SS. La Lagerleiterin du camp de mon d’Uckermark, Neudeck, déclara en 1947:

«Chaque jour, j’établissais une liste de 50 à 60 femmes qui devaient prétendument être transférées au camp de Mittwerda109. Ce camp n’a jamais existé, c’était une invention de Schwarzhuber pour cacher aux détenues qu’elles allaient être gazées. […]

Le même jour, à 18 heures, arrivait un camion qui, en deux voyages, conduisait les détenues à Ravensbrück, à la chambre à gaz. L’Obersturmführer Bertel était responsable de ces transports. Schwarzhuber lui avait donné l’ordre de tenir toujours un camion prêt pour aller chercher les victimes à Uckermark. Bertel était le chef du service des véhicules. Il savait certainement qu’on menait les victimes à la chambre à gaz, car Schwarzhuber l’avait averti. Un après-midi, j’ai moi-même entendu Schwarzhuber dire à Bertel au téléphone: “Bertel, tu sais de quoi je veux parler: on remet ça ce soir.”110.»

Les documents d’enquête de Ludwigsburg contiennent également la déclaration d’une Polonaise qui, en qualité de secrétaire du camp, fut chargée d’établir les «listes pour Mittwerda» dans la zone de mort:

«Une de mes tâches consistait à écrire en gothique les listes des femmes destinées aux chambres à gaz. Les listes étaient établies sur des feuilles de papier qui portaient l’intitulé suivant: “Transfert à Mittwerda/Haute-Silésie”. Comme je savais que les camps de Haute-Silésie, et notamment celui d’Auschwitz, avaient déjà été évacués vers l’Ouest, j’ai compris que c’était une supercherie111.»

Une Juive slovaque, elle aussi employée comme secrétaire, déclara:

«Presque tous les jours, il y avait une sélection pour la chambre à gaz. En fuit, on ne nous disait pas où l’on conduisait ces femmes. Les SS sortaient aussi leurs fiches et on nous demandait d’ajouter une note concernant ces personnes. La désignation officielle était “Transfert à Mittwerda”, mais l’attitude des SS suffisait à nous révéler de quel genre de transfert il s’agissait112.»

Les prétendus transports pour Mittwerda attirèrent l’attention des détenues employées à l’Arbeitseinsatz, car la procédure n’était pas la même que d’habitude, comme le raconte Ilse Hunger:

«L’Arbeitseinsatz avait toujours établi les listes de chaque transport qui partait du camp. Mais voilà que nous avons reçu des listes écrites à la Kommandantur, signées de la propre main de Suhren, commandant du camp, avec la mention “transfert au camp de repos de Mittwerda/Silésie”113, accompagnée de cette remarque: les dossiers et fiches sont à remettre à la Kommandantur. Nous devions, en nous fondant sur ces listes, chercher les fiches correspondantes à l’Arbeitseinsatz; celles-ci étaient remises à la Kommandantur, alors que d’ordinaire, on sortait bien les fiches, mais elles partaient avec le transport. Les détenues concernées par la mention “Transfert au camp de repos de Mittwerda” étaient retranchées des effectifs quotidiens du camp114.»

Comme nous l’avons déjà indiqué à plusieurs reprises, une de ces listes — signée du commandant Suhren et datée du 6 avril 1945 — a été mise de côté par des détenues et a pu être conservée115. Elle contient les noms et les matricules de 496 prisonnières. Dans un certain nombre de cas, nous avons pu exploiter d’autres informations sur certaines de ces personnes. Ces recoupements donnent à penser que, selon toute vraisemblance, l’ensemble des détenues portées sur cette liste ont été assassinées, très probablement après la fin mars, dans la chambre à gaz de Ravensbrück.

En 1971, dans le cadre d’une enquête sur le lieu de résidence d’anciennes détenues du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, la Zentralstelle de Ludwigsburg s’est adressée au Service International des Recherches d’Arolsen. A propos de dix des noms faisant l’objet d’une demande et qui figurent tous sur la «liste de Mittwerda» du 6 avril, le Service International des Recherches a fait savoir que d’après les documents dont il dispose, ces détenues sont mortes le 31 mars 1945 à Ravensbrück116. La plupart étaient très probablement des Juives hongroises. Une des femmes portées sur la «liste de Mittwerda» était Natalia Tulasiewicz, enseignante dans un lycée de Poznan, dont une codétenue polonaise affirme qu’elle avait fait partie de la dernière grande sélection qui eut lieu au camp de femmes (sans doute le 30 mars):

«Elle [Tulasiewicz] avait été gravement malade et ne pouvait plus se déplacer par ses propres moyens. Elle souffrait aussi de troubles de l’équilibre. Avec une autre détenue, je l’avais soutenue par le bras, mais un des SS a remarqué qu’elle vacillait. Alors avec un fil de fer recourbé, il l’a attrapée par sa robe et nous l’a arrachée des bras117.»

Une survivante française du camp de mort d’Uckermark mentionne, elle aussi, la sélection du 30 mars et le départ d’une camarade dont le nom figure sur la «liste de Mittwerda»:

«Eveline Arhel, aux yeux bleus magnifiques, ayant été choisie, s’est débattue tant qu’elle a pu, hurlant, s’agrippant dans le sable avec ses ongles et criant: “Je ne veux pas mourir.” Elle fut emmenée et le lendemain ses camarades, en triant les vêtements des mortes, retrouvèrent son écharpe tricolore, que nous connaissions toutes si bien118.»

Une autre Française confirme ces propos et cite, outre Eveline Arhel, le nom d’une deuxième compatriote, Albertine Bazin, emmenée après la sélection du 30 mars et dont le nom figure sur la «liste de Mittwerda119». Celle-ci comporte également le nom de la Juive slovaque Fani Morgenbesser. Celle-ci avait été déportée en novembre 1944, avec le premier transport «mixte» de Prešov, et séparée de son mari et de son fils de 13 ans, Walter, qui furent conduits au camp d’hommes. Le père et le fils survécurent. Ils revinrent en Slovaquie et apprirent par des détenues slovaques du camp de femmes que Fani avait été conduite au printemps 1945 au «camp de jeunes». Fani Morgenbesser a disparu sans laisser de traces120. Nous connaissons le destin de deux Tchèques grâce à la déclaration de Terezie Moucova, conduite fin janvier au camp d’Uckermark, transférée à nouveau au camp de femmes au bout de quelques semaines, puis sélectionnée une nouvelle fois pour la zone de mort:

«Le mercredi avant Pâques 1945, nous avons été choisies lors de la sélection par un médecin SS, dont je ne connais pas le nom. Simkova et moi avons été mises de côté par Köhler encore une fois, ce qui nous a sauvées. Slabova et Stratilova, la belle-mère du président Svoboda, ont été sélectionnées, transférées au gymnase et conduites le vendredi saint de 1945 à la chambre à gaz. Au moment des sélections, on disait aux femmes qu’elles panaient pour une maison de retraite121.»

Le nom d’Agnes Stratil, alors âgée de 61 ans, et celui d’Antonia Slabova se trouvent sur la «liste de Mittwerda» du 6 avril 1945. Dans 39 cas, les noms et les matricules de la «liste de Mittwerda» recouvrent ceux d’une liste établie clandestinement par la doyenne du bloc de malades 10, Erika Buchmann; selon elle, ces 39 femmes avaient été transférées depuis son bloc au camp de jeunes le 31 mars 1945122. La même observation vaut pour une liste concernant un transfert de 18 femmes du bloc de malades 7 au camp de jeunes, le 31 mars 1945. Les noms de ces femmes se trouvent eux aussi, sans exception, sur la «liste de Mittwerda123».

Une comparaison entre la «liste de Mittwerda» et les registres d’admissions ainsi qu’avec les listes de déportés établies ultérieurement dans différents pays nous livre quelques indications plus précises sur 442 détenues. Les nationalités les plus représentées, et de loin, étaient les Hongroises (147, majoritairement Juives) et les Polonaises (139, dont au moins le tiers, mais probablement nettement plus, avaient été déportées après l’insurrection de Varsovie), suivies par les Françaises (40), les Russes (33), les Juives slovaques (31) et les Tchèques (17, dont quatre de Lidice)124. 117 au moins étaient des détenues juives (essentiellement des Hongroises et des Slovaques ainsi que trois Polonaises du camp de travail forcé — ZAL — de Petrikau); sept au moins étaient des Sinti et des Roms (cinq Hongroises, une Polonaise et une «Allemande du Reich»). Six femmes qui figurent sur la «liste de Mittwerda» avaient, à en croire le registre des naissances, accouché quelques mois ou quelques semaines auparavant à Ravensbrück. Les mentions de ce registre indiquent que les six nouveau-nés moururent quelques semaines après leur naissance; deux dates de décès donnent à penser qu’ils furent gazés en même temps que leurs mères125. Les matricules de détenues permettent également d’établir que la grande majorité des victimes n’était à Ravensbrück que depuis août 1944, et la moitié d’entre elles depuis novembre 1944 seulement. Elles n’étaient que 5% à avoir été déportées à Ravensbrück avant 1944. La femme internée le plus longtemps à Ravensbrück était une Polonaise, arrivée en septembre 1940. Un certain nombre de prisonnières (au moins 71, en majorité des Polonaises et des Juives hongroises) avaient été transférées à Ravensbrück dans le cadre de l’évacuation progressive du camp de concentration d’Auschwitz, 34 détenues venaient d’autres camps de concentration et de leurs camps satellites.

La plus jeune victime identifiable était une Croate de quatorze ans, déponée en novembre 1944 d’Agram à Ravensbrück; la plus âgée était une Polonaise de 73 ans, transférée d’Auschwitz à Ravensbrück fin septembre 1944. Au total, les secrétaires détenues employées à l’Arbeitseinsatz dénombrèrent 3 660 noms portés sur ce genre de listes. Dans la mesure où certains transports en provenance de camps satellites étaient directement conduits à la chambre à gaz et n’étaient donc pas enregistrés sur les «listes de Mittwerda», elles ont estimé entre 5 000 et 6 000 le nombre total des femmes assassinées dans les conditions abominables de la chambre à gaz de Ravensbrück126.

Les registres d’immatriculation du camp d’hommes contiennent derrière 104 noms la mention «Mittwerda 4 avril 1945». L’indice le plus sûr de la mise à mort de ces détenus dans la chambre à gaz nous est livré par les propos du Juif slovaque Hans Althoff. Il évoque la sélection de 110 à 115 détenus, parmi lesquels son père de 62 ans; or la mention susdite figure derrière le nom de celui-ci sur les registres d’immatriculation. Althoff ajoute que la plupart des sélectionnés étaient conduits à la chambre à gaz en passant par le camp de jeunes pour y être exterminés, comme il l’apprit de la bouche d’un des rares rescapés d’Uckermark — un Juif slovaque qui avait été, comme lui, déporté à Ravensbrück avec le premier transport de Prešov début novembre 1944127. Le tiers de ces 104 détenus dont nous savons qu’ils furent assassinés dans la chambre à gaz — il est probable qu’il y en eut davantage — étaient des Polonais (34), 27 autres étaient originaires d’Union soviétique. Il y avait 26 Juifs (15 Slovaques, huit Hongrois, un Grec, un Italien et un Croate), cinq Français, trois Tchèques, trois Italiens et des détenus d’autres nationalités. Il ressort de leurs numéros de détenus que tous (à dix exceptions près) n’avaient été emmenés à Ravensbrück qu’en 1944 et près de la moitié à partir d’octobre 1944 seulement, dont 20 avec le transport «mixte» de Prešov du 10 novembre 1944. La plus jeune victime était un Juif hongrois de 16 ans; la plus âgée un Juif italien de 83 ans. Les deux étaient arrivés à Ravensbrück en janvier 1945.

«La liste de Prague»

La «liste de Prague», que nous avons déjà évoquée à plusieurs reprises, est un inventaire nominal adressé en 1946 par les Archives du Service de Recherches Internationales d’Arolsen aux Archives Centrales Nationales de Prague. La «liste de Prague» est subdivisée en trois parties, affectées à trois transports, du 8 (110 femmes), du 16 (62 femmes) et du 20 février 1945 (328 femmes). Le transport du 8 février porte la mention«départ d’Uckermark (premier gazage)128». D’après une mention du Service de Recherches, la totalité des 450 femmes consignées sur les feuillets de cette liste qui sont parvenus jusqu’à nous moururent à Ravensbrück. Il s’agit selon toute vraisemblance de notes clandestines indiquant les noms et les matricules de détenues conduites en février 1945 depuis le «camp de jeunes» à la chambre à gaz de Ravensbrück. Les notes que la doyenne du bloc des tuberculeuses (bloc 10), Erika Buchmann, prit en cachette mentionnent l’origine des 62 détenues figurant à la date du 16 février. Douze avaient été transférées le 27 janvier depuis «son» bloc, avec 20 autres détenues, dans le camp de mort d’Uckermark, les 50 autres étaient parties le 14 février avec 19 autres femmes129. L’une d’elles était la prisonnière NN française Marie Rubiano (née en 1920), déportée à Ravensbrück le 14 octobre 1944 depuis la prison de Cottbus; dans sa déposition devant le tribunal militaire de Nuremberg, Marie-Claude Vaillant-Couturier a donné un témoignage sur son départ du bloc 10130. Une des rares survivantes parmi les femmes transférées le 14 février au camp de jeunes était Luise Pol. Juste après la libération, elle a raconté ce qui s’était passé trois jours plus tard:

«Le soir, 70 malades ont été convoquées pour le transport. La doyenne de bloc m’a montré une liste que le Dr Trommer131 lui avait remise. “En raison d’une tuberculose pulmonaire, ces détenues ne sont plus aptes au travail et sont destinées au transport”. Parmi elles se trouvait Maria Morosowa — une jeune et jolie Russe à qui j’ai conseillé d’essayer de s’enfuir dans l’obscurité au moment du chargement à la gare. Je lui ai donné ce conseil parce que j’avais le pressentiment qu’on allait exterminer les malades. D’autres malades avaient la même impression. Beaucoup pleuraient132.»

La Hollandaise Marianne A. a déclaré en 1968 avoir été transférée au début de février 1945 au «camp de jeunes». Elle donne le nom de cinq Hollandaises dont elle sait qu’elles furent conduites, le 17 février 1945, depuis Uckermark vers la chambre à gaz. Ces cinq femmes peuvent être identifiées de manière irréfutable sur la «liste de Prague» à la date du 20 février 1945; en effet, A. a également indiqué leur matricule133. L’ancienne prisonnière Simone Lehouck-Gerbehaye décrit le départ du «camp de jeunes» le 8 février 1945 d’une centaine de femmes, pour la plupart âgées et malades, et cite les noms de deux détenues NN, la Belge Louisa Chandoir (née en 1888) et la Française Madeleine de Beaufort, qui se trouvent sur la «liste de Prague» à la date du 8 février 1945134.

Une comparaison avec des listes d’admissions et des listes de déportés établies ultérieurement dans différents pays livre des indications plus précises sur 383 des 450 noms cités en tout. Avec 233 représentantes (dont 132 de Varsovie insurgée), les Polonaises constituaient sans conteste le groupe national le plus important. Elles étaient suivies par les Russes (49), puis par les Françaises (22, dont dix NN), les «Allemandes du Reich» (13) et les Juives hongroises (13)135. 65 étaient arrivées à Ravensbrück en provenance d, Auschwitz, cinq de Majdanek, six venaient du camp de rééducation par le travail (AEL) de Salaspils et 31 des camps satellites des camps de concentration de Buchenwald, Dachau, Sachsenhausen, Neuengamme et Flossenbürg. Là encore, leurs matricules nous permettent de conclure que la grande majorité n’était à Ravensbrück que depuis août 1944. La proportion de détenues (16%) déportée à Ravensbrück à partir de novembre 1944 seulement est nettement plus faible que sur la «liste de Mittwerda». En revanche, les détenues déportées à Ravensbrück avant 1944 (17%) sont proportionnellement plus nombreuses. La plus ancienne détenue de Ravensbrück était en l’occurrence une «Allemande du Reich» de 59 ans, qui s’était vu attribuer le triangle noir des «asociales» lors de son admission en novembre 1939. Une Russe, dont le nom figure sur la«liste de Prague» à la date du 8 février, avait mis au monde le 12 novembre 1944 un petit garçon, décédé le 4 décembre 1944. En l’état actuel de nos connaissances, il semblerait que la victime la plus âgée ait été une Polonaise de 87 ans136. Elle avait été déportée d’Auschwitz à Ravensbrück à la fin du mois de septembre 1944. La plus jeune victime était une Sintezza de douze ans, transférée en août 1944 depuis le «camp tzigane» d’Auschwitz.


Notes.

82. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309; cf. Hájková et al., Ravensbrück, 166; Suzanne Hugounencq , «La chambre à gaz de Ravensbrück» , in Voix et visages 176 , 1981, p. 1; cf. Postel-Vinay, «Exterminations», 339 sq. Hájková et Hugounencq avaient travaillé dans la colonne de peintres, qui stockaient du matériel dans cette baraque.

83. Déclaration sous serment de Walter Jahn, 24.4.1947. Nürnb Dok NO-3109 à NO-3111. Jahn indiqua avoir procédé à l’installation électrique de cette chambre à gaz et a ajouté un plan du bâtiment; cf. Postel-Vinay, «Exterminations» , p. 346 sq.

84. Témoignage d’Anna Burda (véhicule à gaz de type locomotive à proximité du camp de jeunes, vue au début de mai 1945), s. d., archives privées de Postel-Vinay; déclaration du Dr Mlada Tauferová (wagon de train aménagé en chambre à gaz à proximité du camp de femmes, vu en mai 1945), 30.6.1969, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 928; déclaration de Margarete Sch. (automobiles de gazage venant d’Auschwitz installées dans la zone de mort d’Uckermark) 14.6.1947, PRO, WO 235/516A, copie in Ebbinghaus, Opfer, 354; déclaration d’Irma Götze (voiture à gaz, propos rapportés en février-mars 1945), 2.6.1966, BStU, ZUV 3 vol. 12, fol. 106 sq.; déclaration de Johanna Himmler (voiture à gaz vue juste après la libération, avec Else Schöpke), 14.3.1966, ibid., fol. 26; déclaration d’Else Schöpke (voiture à gaz, .vue juste après la libération), 25.2.1966, ibid., fol. 81; déclaration de Konrad Noppenberger (voiture à gaz, conversation surprise à l’automne 1944 entre Mme Höß et Schwarzhuber), 23.2.1966, ibid., fol. 41; cf. récapitulation: Kiedrzyńska, Ravensbrück, 109 sq.; ZSL, Gesamtdarstellung, p. 104-110; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 356 sq.

85. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309.

86. Dans une autre déclaration, Suhren a affirmé que l’ordre avait été donné par August Heißmeyer, le Höhere SS. und Polizeiführer du Wehrkreis III, cf. déclaration sous serment de Suhren, 30.12.1945, PRO, WO 235/310.

87. Déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion.

88. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309; déclaration sous serment de Treite, 5.5.1945, ibid.

89. Déclaration sous serment de Salvequart, 23.11.1946, PRO, WO 235/310; Krüger, Bericht; déclaration sous serment de Trksak, 8.11.1949, ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 337.

90. SÚA, KT-OVS, 35/53. Titre dans l’original: «Revenues de Uckermark (1er gaz)»; cf. plus en détail ci-dessous.

91. Déclaration sous serment de Neudeck. 2.12.1947, PRO, WO 235/516A, cité in Ebbinghaus, Opfer, p. 367.

92. Déclaration sous serment de Neudeck, 8.12.1947, PRO, WO 235/51 citée in Ebbinghaus, Opfer, p. 370. · .

93. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 15.8.1946, PRO, WO 235/309.

94. Kogon et al., Chambres à gaz, p. 205-211; récit d’Abraham et Schlomo Dragon, in Gideon Greif, «Wir weinten tränenlos…» Augenzeugenberichte der jüdischen «Sonderkommandos in Auschwitz», Cologne, 1995, p. 66-69.

95. Déclaration sous serment de Schwarzhuber, 30.8.1946, PRO, WO 235/309.

96. Il n’a pas été possible de préciser de façon incontestable la composition du commando. Certains indices donnent cependant à penser qu’il s’y trouvait quelques Juifs slovaques du transport de Prešov de début novembre 1944.

97. Il s’agit en fait du «commando du crématorium».

98. Kolařík, Lager am See, p. 28. ·.

99. Déclaration de Trksak, 30.4.1969, DÔW, Ravensbrück, dossier 444.

100. Reproduit de façon erronée dans l’original, à la suite d’une transmission orale, sous la forme «Mittweida». Plus de détails à ce sujet dans la section ci-dessous.

101. Buber-Neumann, Gefangene, p. 361 sq. On ne peut exclure qu’il s’agisse d’une autre version de l’incident relaté par Trksak.

102. Hájková et al., Ravensbrück, p. 172 sq.; Kiedrzyńska, Ravensbrück, p. 110 sq.; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 350.

103. Déclaration sous serment de Buchmann, 8.5.46, ARa, 21. Buchmann a ajouté une liste nominale qui semble indiquer que les victimes comprenaient deux Sinti et Roms du «camp tzigane» d’Auschwitz, ainsi que deux femmes déjà internées en KZ depuis 1938 (à Lichtenburg encore).

104. Journal de Marie-Claude Vaillant-Couturier, cité in Les Françaises, p,. 266 sq.; déclaration de Winkelmann, 22/23.1.1947, PRO, WO 235/307, copie trad. in DÖW, Ravensbrück, dossier 84.

105. Déclaration de Minna Lepadies, Témoin de Jéhovah employée au bunker comme informatrice, citée dans Tillion, Ravensbrück, p. 293.

106. Déclaration sous serment de Neudeck, 2.12.1947, PRO, WO 235/326. Hermine Salvini (déclaration du 4.7.1946, DÖW, «Ravensbrück», dossier 146) mentionne elle aussi l’exécution de 50 détenues à la mi-avril et soupçonne qu’elles furent tuées par balle. Olga Körner (Bericht, ARa, 51) parle de 47 femmes abattues le 21 avril.

107. Sur les efforts de discrétion entourant l’opération«14 f 13», cf. chap. VI. .

108. Alors que le document est parfaitement lisible, on trouve souvent dans la littérature l’indication inexacte et fallacieuse de «Mittweida», nom d’un camp satellite pour détenues du KZ de Flossenbürg, qui existait encore à l’époque en question.

109. Reproduit phonétiquement dans l’original sous la forme «Mittwerder».

110. Déclaration sous serment de Neudeck, 2.12.1947, PRO, WO 235/326. Josef Bertl (né en 1924) — graphie exacte de son nom — a certes confirmé qu’il avait souvent reçu des ordres de transport vers Uckermark et en provenance d’Uckermark, mais il a prétendu de manière peu vraisemblable n’avoir pas été informé de leur destination, cf. déclaration de Bertl, 26.9.1974, ZSL 409 AR-Z 78/72, fol. 2476 sq.

111. Déclaration de Romana S., 19.12.1969, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol 900 sq. S., originaire de Poméranie, avait été déportée à Ravensbrück en avril 1940.

112. Déclaration de Herta D., 17.9.1968, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 124. «Mittwerda» désigné par erreur dans l’original sous la forme«Mittwerde». D. (née en 1920) avait été déportée précédemment depuis avril 1942 à Auschwitz; cf. déclaration de Marie-Claude Vaillant-Couturier, 20.1.1946, IMT, vol. 6. p. 227-257, ici p. 253. Vaillant-Couturier, elle aussi déportée précédemment à Auschwitz et employée à l’infirmerie de Ravensbrück a rapporté que des détenues qui travaillaient au service des fichiers lui avaient raconté «que le mot de “Mittwerda” n’existait pas et était utilisé pour désigner la chambre à gaz».

113.«Mittwerda» écrit par erreur avec un seul «t» dans l’original.

114. Déclaration sous serment de Hunger, 10.5.1949, ZSL, MGF, Urteile Suhren fol. 80; cf. la déclaration de même teneur de la prisonnière autrichienne elle aussi employée à l’Arbeitseinsatz, Anna Hand du 16.6.1949, in ibid., fol. 198; déclaration d’Hermine Salvini (secrétaire détenue au bureau du Schutzhaftlagerführer), 4.6.1946, DÖW, Ravensbrück, dossier 146, p. 5; déclaration de Maria Müller. (secrétaire à l’Arbeitseinsatz), 5.7.1949, ARa, 793.

115. Elle se trouve clans AGK, KL Ravensbrück.15. Confronté au document devant le tribunal militaire français de Rastatt, Suhren confirma l’authenticité de sa signature. Il chercha à se tirer d’affaire en affirmant que le camp de Mittwerda en Silésie avait vraiment existé, mais que le transport n’avait pu se faire en raison de l’approche des troupes soviétiques, cf. déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion.

116. Lettre de l’ISD à la Zentralstelle de Ludwigsburg, 12.7.1971, ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 1441 sq. La demande d’information se fit dans le cadre d’enquêtes préliminaires sur les crimes nazis au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück et au camp de jeunes d’Uckermark.

117. Déclaration de Maria N., 28.8.1974, ZSL, 409 .AR—Z7 8/72, fol. 2081.

118. Récit de Marguerite B., cité in Les Françaises, p. 197; cf. déclarations sous serment de Marguerite B., s. d. (1949), ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 8; Anise Postel-Vinay, «Pourquoi un langage secret? Comment le décoder?», in réédition des actes du Xe colloque d’Aubazine-Brive,12-14 octobre 1984, Les Chambres à gaz ont existé, Brive-la-Gaillarde, 2000, p. 20-46, ici p. 41 sq.

119. Déclaration sous serment de Charlotte H., s. d. (1948), ZSL, MGF Suhren/Pflaum, vol. 1, fol. 134 sq.; Déclaration de Charlotte H., 14.5.1948, ibid., fol. 136 sq. H. reconnut elle aussi la ceinture d’Arhel, ainsi que sa tenue de détenue car elle connaissait son matricule.

120. Interview de l’auteur avec Walter Morgenbesser, 9.11.1997.

121. Déclaration de Terezie Moucova, 8.1.1969, DÖW, Best. Rav., dossier 444; cf. déclaration de Božena Simunková, 8.1.1969, ibid.

122. Déclaration d’Erika Buchmann pour le 1er procès de Hambourg, 16.1.1947, ARa, 184.

123. Copie in SÚA, KT-OVS, 35/53 .

124. Les autres indications de nationalités se répartissent comme suit: Belgique (9), Estonie (4), «Reichsdeutsche» et Ukraine (3), Lituanie, «Volksdeutsche», Croatie, Luxembourg, Yougoslavie, Hollande et Italie (deux chacun), ainsi que «Protectorat» et «Reich allemand jusqu’à nouvel ordre» (un chacun).

125. On trouve aussi dans Les Françaises, p. 210, qu’au cours du mois de mars, un groupe de 250 personnes, formé de femmes enceintes ou accompagnées de nourrissons (12 en tout), fut envoyé à la chambre à gaz.

126. Kiedrzyńska, Ravensbrück, p. 214; Postel-Vinay, «Exterminations», p. 353 sq. Les chiffres indiqués par le commandant Suhren (1 500) et le Schutzhaftlagerführer Schwarzhuber (2 300 à 2 400) respectivement au procès de Rastatt et au 1er procès de Hambourg sont avec certitude trop faibles, cf. déclaration sous serment de Schwarzhuber, 30.8.1946, PRO, WO 235/309; déclaration de Suhren, 8.12.1949, MRD, fonds Tillion.

127. Déclaration de Hans Althoff 24.2.1971, ZSL, 409 AR-Z 78/72, p. 1377 sq.

128. SÚA, KT-OVS,3 5/53. Titre dans l’original en français (visiblement pas langue maternelle: «Revenues de Uckermark (1er gaz)». La numérotation courante va jusqu’à 500. La page portant les numéros 401-450 manque.

129. Déclaration d’Erika Buchmann pour le 1er procès de Hambourg, 16.1.1947, ARa, 184. Dans la liste des transférées du 14.2.1945, Buchmann note derrière huit noms qu’«entre-temps», (au moment de la rédaction, dix mois après la libération), elles étaient mortes. Aucune de ces femmes ne se trouve sur la «liste de Prague» . Il en va de même du nombre encore plus réduit des survivantes nommément connues de ce transfert.

130. Déclaration de Marie-Claude Vaillant-Couturier, 20.1.1946, IMT, vol. 6, p. 250.

131. Dans l’original, Dr Trommler.

132. Moser/Pol, «Bericht», p. 1. Le nom de Maria Morosowa (née en 1920) se trouve sur la «liste de Prague» à la date du 16 février. Elle avait été déportée le 3 février 1943 à Ravensbrück.

133. Déclaration de Marianne A., ZSL, 409 AR-Z 78/72, fol. 658 sq.

134. Récit de Simone Lehouck-Gerbehaye, s. d. (1948), DÖW, Ravensbrück, dossier 111. 135. Il s’agissait par ailleurs de neuf Juives slovaques, cinq Hollandaises, cinq Italiennes, quatre Belges (détenues NN), trois Biélorusses, trois Juives turques, deux Yougoslaves, deux Juives roumaines, ainsi qu’une Lettone, une Lituanienne et une «Volksdeutsche».

136. Registre des naissances du FKL Ravensbrück, ARa, sans cote.