Le génocide nazi et les négationnistes
Bernard Comte
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Introduction
Les auteurs qui se proclament "révisionnistes" prétendent nier, sous prétexte de critique historique, la politique hitlérienne d'extermination des Juifs : la dispute autour des chambres à gaz n'est qu'un aspect et un moyen de cette négation globale1.
Ce qu'ils "révisent" c'est l'histoire de l'Allemagne et de l'Europe, pour en extirper la réalité monstrueuse qui la défigure au coeur de notre XXe siècle, l'entreprise que les Nazis appelaient la solution finale du problème juif en Europe, et qu'on hésite à nommer « Holocauste » pour les Israëliens et les Anglo-saxons, anéantissement (Vernichtung) pour les Allemands, extermination ou génocide pour les Français et Shoah pour la conscience juive...
Ce génocide perpétré de 1941 à 1945 est, d'une part, un fait historique, étudié et analysé dans sa genèse, son déroulement, ses méthodes et ses résultats, grâce à des archives et des témoignages nombreux. A travers thèses, colloques et travaux qui forment une énorme bibliothèque, s'exprime le consensus de la communauté internationale des historiens : s'il y a débat sur certains points, comme la genèse de la décision, il n'y en a pas sur les faits, et le nombre des victimes, qui ne sera jamais exactement connu, est évalué par des fourchettes de plus en plus serrées.
Mais ce fait historique est aussi un secret -- "les chambres à gaz, secret d'État" titre d'un livre2 --, secret qui devait rester enfoui sans laisser de traces. Himmler parlait de cette "page glorieuse de notre histoire, une page non écrite et qui ne le sera jamais"3. Terrifiant secret, selon un autre titre4. Secret qui cache une réalité inconcevable, qui a souvent paru trop impensable pour qu'on la croie possible et qui n'a pas fini de nous interroger, nous les Européens héritiers du judéo-christianisme et des Droits de l'Homme.
Rappelons d'abord à grands traits les données historiques avérées, avant de présenter les thèses des "révisionnistes" et de montrer comment elles traduisent un refus de l'histoire et une négation perverse de la vérité.
Notes.1. Voir Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, Seuil, Points Essais,1987. Disponible sur internet: http://www.anti-rev.org/textes/
2. Eugen Kogon, Hermmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz, secret d'État, traduit de l'allemand par Henry Rollet, Seuil, Points Histoire, 1987.
3. Discours secret prononcé par Himmler devant un groupe de généraux et d'officiers SS à Posen le 4 octobre 1943. Tribunal international de Nuremberg, PS 1919, vol. XXIX. in François Bédarida, Le nazisme et le génocide, Pocket, Agora, 1992, p. 43. Pour un extrait plus long de ce discours, ainsi que d'autres documents nazis, voir http://www.phdn.org/negation/documents/volonte.html#himmler.
4. Walter Laqueur, Le terrifiant secret, La "solution finale" et l'information étouffée, Gallimard, 1981.
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