Auschwitz - Extraits du journal du médecin SS, Dr. Kremer

«Au foyer des officiers, la nourriture est succulente»


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
Reproduction interdite - No reproduction

Document original en allemand / Deutsches Original


sélection des Juifs à l’arrivée à Auschwitz Sélection des Juifs vers les chambres à gaz à l’arrivée à Auschwitz

Introduction par PHDN

PHDN consacre une section très riche à Auschwitz, elle complètera ou servira d’introduction aux documents présentés ici:
https://phdn.org/histgen/ausschwiz/index.html

L’historien Maxime Steinberg présente ainsi le Journal de Kremer: «Médecin au camp pendant une courte période — du 29 août au 18 novembre l942 —, il y prenait part aux “actions spéciales” contre les déportés à leur descente du train. Chaque fois, il le notait dans son journal, chronique quotidienne des faits qui le concernaient personnellement et où il était directement impliqué. Ses commentaires d’époque sont frappants. Le document dévoile “le camp de l’extermination”. Le médecin S.S. y découvre un “enfer” avec des “scènes épouvantables” atteignant “le comble de l’horreur”. Dans l’après-Auschwitz, les notes prises à l’époque des faits […] furent une pièce à conviction, et en premier lieu contre leur auteur. L’ancien médecin S.S. fut jugé, en 1947, à Cracovie, au procès de 40 S.S. de la garnison S.S. du camp de concentration d’Auschwitz: le tribunal suprême polonais le condamna à mort. A 64 ans, criminel d’Auschwitz le plus âgé, il ne fut pas exécuté. Treize ans après, c’était, en République fédérale, la cour d’assises de Munster qui, à son retour — notes de 1942 à l’appui — le condamnait à 10 ans de prison: à 77 ans, la peine était de pure forme, elle n’excéda pas celle qu’il venait de purger en Pologne. Quatre ans plus tard, l’octogénaire comparaissait, avec son journal de guerre, à titre de témoin à charge dans l’affaire Mulka et consorts, les 20 S.S. du camp d’Auschwitz jugés de 1963 à 1965 devant la Cour d’assises de Francfort.»

Ce qui frappe également dans ce journal, ce sont les annotations banales, les remarques sur les bons repas que Kremer prend à Auschwitz, au milieu des «sélections», et les nombreux détails prosaïques. Il faut souligner par ailleurs que Kremer a toujours confirmé, lors de tous les procès, la nature des «actions spéciales» qu’il énumère dans son journal, à savoir les «sélections» pour envoyer la majorité des Juifs arrivés se faire assassiner dans les chambres à gaz et une minorité entrer dans le camp afin d’y servir d’esclaves concentrationnaires, comme l’illustrent les extraits de dépositions de Kremer lors du procès de 1947, qui figurent dans la présente section.



«Nous avons eu du vin rouge de Bulgarie et de l’eau de vie de prune de Croatie». Extraits du journal du médecin SS, Dr Kremer

8 août 1942

Détaché à l’hôpital militaire SS de Prague du 15 août 1942 jusqu’à la fin des vacances universitaires.

Vendredi 14 août 1942

Départ pour Prague: de Münster à 20 h 40, Osnabrück à 0 h 57, arrivée à Dresde à 10 h 12, départ de Dresde à 11 h 22, arrivée à Prague à 15 h 15.

15 août 1942

Beau temps ensoleillé à partir de Dresde. De la gare principale à l’hôpital militaire SS de Podol par le tramway, présentation dans le bureau du chef, le Sturmbannführer Dr Fietsch. Hébergement dans une chambre de malade au 3e étage (N° 344).
Médecins, etc.
Aide de camp: Hstf.* Koebel, pharmacien.
Directeur administratif: Stubf.* Dorn.
Chirurgie: Stubf.* Winne, de Danzig, élève de Liek.
Médecine interne: Stubf.* Leppel de Cologne.
Dermato.: Stubf.* Inden, de Dusseldorf.
Ophtalmo: Oberscharf.* Frederking, de Langendreer.
Radio. Ostuf.* Jung, d’Aix la Chapelle.
Neurologie: Ostuf.* Jansen.

* N.d.T.: abréviations: Hstf: Hauptsturmführer, Stubf: Sturmbannführer, Oberscharf: Oberscharführer, Ostuf: Obersturmführer

Dimanche 16 août 1942

Une demi journée de visite guidée à travers la ville avec Oschf. [Oberscharführer] Frederking et sa femme, de Langendreer. Puis une tasse de moka dans un café (1,50 RM).

20 août 1942

Soirée au mess avec les meilleurs vins de la réserve et médecin de garde.

21 août 1942

Commande d’une casquette d’officier SS auprès du Reichskleiderkasse [bureau des économats du Reich] de la SS à Berlin par estafette, mais n’ai rien obtenu.

24 août 1942

Acheté du papier, des lunettes et une ceinture […].

27 août 1942

Le Brigadeführer Gentzken est de passage, il part pour l’hôpital militaire de Karlsbad. Il a raconté que Goebbels en personne désavouait l’intellectualisme, que les universités étaient de plus en plus désertées et qu’il y avait maintenant un ministère de la démographie.

28 août 1942

Envoyé à Berlin pour acheter une casquette; au moment de partir, le service d’admission m’informe que l’officier de service veut me parler. Celui ci me fait part, au nom du Hstf. Koebel, que je ne dois pas prendre le départ pour Berlin.

29 août 1942

Kommandierung It. F.L. HSSZ 2150 28 août 1942.1833 NO 1565, détaché à Auschwitz, car un médecin y serait tombé malade.

30 août 1942

Départ de Prague 8 h 15 en passant par Böhmisch Trübau, Olmütz, Prerau, Oderberg. Arrivée au KL d’Auschwitz à 17 h 36. Mis en quarantaine au camp à cause de nombreux cas de maladies contagieuses (typhus, malaria, diarrhées) […].
Reçois des instructions très strictes de la part du médecin de la garnison, le Hauptsturmführer Uhlenbrock. Je suis hébergé dans le foyer de la Waffen SS dans une chambre d’hôtel (26).

31 août 1942

Climat tropical, 38° à l’ombre, poussière et d’innombrables mouches! Au foyer des officiers, la nourriture est succulente. Ce soir, par exemple, nous avons eu du foie d’oie mariné à 0,40 RM et des tomates farcies, de la salade de tomate, etc. L’eau est polluée. On nous donne donc gratuitement de l’eau gazeuse (Mattoni). Première vaccination contre le typhus. Photos pour mon laissez passer du camp.

1er Septembre 1942

Ai demandé à Berlin par écrit qu’on m’envoie une casquette d’officier, un ceinturon et des bretelles. Cet après midi, un block a été gazé au cyclon B contre les poux.

2 septembre 1942

Assiste pour la première fois à une opération spéciale (Sonderaktion) à 3 heures du matin. Comparé à cela, il me semble que l’Enfer de Dante n’est qu’une comédie. Ce n’est pas en vain que l’on nomme Auschwitz le camp de l’extermination!

3 septembre 1942

Pour la première fois, je suis malade, atteint des maux qui touchent tout le monde ici, les diarrhées, les vomissements, des coliques et des douleurs qui apparaissent par crises. Comme je n’ai pas bu une seule goutte d’eau, ca ne peut pas provenir de là. Comme ceux qui ne mangent que du pain blanc (régime) sont eux aussi tombés malades, cela ne peut pas non plus être la faute du pain. C’est vraisemblablement ce climat continental malsain, cet air sec et tropical, la poussière et toute la vermine (mouches).

4 septembre 1942

Contre la diarrhée: bouillie et infusion de menthe pendant une journée, puis régime pendant une semaine. Prendre régulièrement du charbon et de la tannalbine. Amélioration sensible.

5 septembre 1942

Aujourd’hui à midi, présent à une opération spéciale dans le F.K.L. [Frauen Konzentrationslager. N.d.E.**] (musulmans). La pire des horreurs dans l’horreur. Hschf.*** Thilo — médecin de la troupe — a raison. Dans la soirée, vers 8 heures, de nouveau une Sonderaktion*, un groupe venant de Hollande. Les hommes se disputent pour participer à ces exécutions à cause de la ration supplémentaire qui leur est allouée, c’est à dire 20 cl de schnaps, 5 cigarettes, 100 g de charcuterie et du pain. De service aujourd’hui et demain (dimanche).

** N.d.T.: camp de concentration des femmes.
*** N.d.T.: Hauptscharführer

[PHDN: «musulmans» est une mauvais traduction en français de l’argot des camps «Muselmänner», mot inexistant en allemand qui serait selon Primo Levi, la contraction de Muschel Mann («hommes-coquillages» car ils étaient souvent prostrés, recroquevillés en raison de leur extrême mauvais état général). Pour d’autres, l’origine serait Mühsal, misère ou peine en allemand. «musulman» en allemand se serait dit «Moslim».]

6 septembre 1942

Aujourd’hui dimanche, déjeuner succulent: soupe à la tomate, 1/2 poulet, des pommes de terre et du chou rouge (20 g de graisse), un dessert et une merveilleuse glace à la vanille. Après le déjeuner, présentation du nouveau médecin de la place, l’Obersturmführer Wirths, né à Waldbröl. Le Sturmbannführer Fietsch de Prague était l’ancien médecin de son régiment.
Cela fait maintenant une semaine que je suis au camp et je n’ai pas encore débarrassé ma chambre de toutes ses puces, malgré les insecticides (Cuprex), etc. J’ai eu comme une impression de fraîcheur lorsque j’ai fait ma visite de présentation à l’aide de camp du commandant. Sur la porte de son bureau j’ai lu une grande inscription tracée sur une feuille de papier, indiquant: «Descendez de vélo». Du reste, une curieuse maxime est accrochée dans le secrétariat du poste des SS:
«Si dans la vie tu tires mille fois le bon numéro, C’est vu, c’est approuvé, on passe à côté. Mais jamais le plus petit des cafards ne l’oubliera Si une seule fois tu tires à côté.»
Ce soir, à 8 heures: Sonderaktion* à l’extérieur.

* N.d.T. lit.: opération spéciale, autre terme pour Sonderbehandlung, exécution dans la chambre à gaz.

7 septembre 1942

Deuxième vaccination contre le typhus. Aujourd’hui, temps pluvieux et plus frais.

9 septembre 1942

Ce matin, j’ai reçu une excellente nouvelle de mon avocat de Münster, le Dr. Hallermann, qui m’annonce que je suis divorcé de ma femme depuis le 1er de ce mois. Je revois le monde en couleurs; le voile noir qui obscurcissait ma vie est levé! Assiste un peu plus tard au châtiment corporel de 8 détenus et à une exécution au petit calibre en tant que médecin […].
Ai reçu du savon en paillettes et deux savonnettes. A midi, devant le poste des SS, un civil s’est précipité vers mon vélo comme s’il allait commettre un attentat; il s’est mis à courir à côté de moi et m’a demandé de lui dire si je n’étais pas le Regierangsrat Hemm de Breslau, auquel je ressemblerais énormément. Il a dit qu’il était au front avec lui pendant la Première Guerre mondiale. Combien de sosies ai je donc dans le monde ? Assiste à une Sonderaktion dans la soirée (4e fois).

10 septembre 1942

Assiste à une Sonderaktion dans la soirée (5e fois).

11 septembre 1942

Aujourd’hui, l’Obersturmführer Lolling en visite au camp; lorsqu’il s’est présenté, j’ai appris que je remplaçais le Hauptscharführer Kitt qui se trouve en ce moment en convalescence dans l’Obersalzberg.

14 septembre 1942

La maladie d’Auschwitz pour la seconde fois: température: 37,8. Aujourd’hui, ai reçu la 3e et dernière piqûre contre le typhus.

17 septembre 1942

Ai commandé un manteau d’hiver, taillé sur mesure, à l’économat de Berlin: taille 48, longueur totale 133, épaules 22, bras 51, longueur totale des manches 81, tour de poitrine 107 tour de taille 100, tour des hanches 124. Ai joint mon ticket dé commande d’uniforme. Aujourd’hui, j’ai visité le camp des femmes à Birkenau avec le Dr Meyer [médecin du camp].

20 septembre 1942

Dimanche après midi, aujourd’hui, entre 3 et 6 h. concert donné par l’orchestre des détenus sous un soleil splendide: dirigé par le chef d’orchestre de l’Opéra de Varsovie. 80 musiciens. A midi, on nous a servi du rôti de porc et le soir une limande frite.

21 septembre 1942

Ai écrit à la préfecture de police de Cologne (service de la police judiciaire) à cause d’Otto. Ce soir, ragoût de canard. Dr Meyer m’a raconté qu’un traumatisme (nasal) était héréditaire dans la famille de son beau père.

23 septembre 1942

Ce soir, j’étais présent à la 6e et à la 7e Sonderaktion. Ce matin, l’Obergruppenführer Pohl et sa suite sont arrivés à la maison des SS. Une sentinelle était postée devant la porte; c’est la première fois que quelqu’un m’a présenté les armes. Le soir à 20 heures, dîner avec l’Obergruppenführer Pohl au foyer des officiers, un vrai repas de fête. Il y a eu du brochet frit à volonté, du vrai café, une excellente bière et des petits pains garnis.

25 septembre 1942

Le Gruppenführer Grawitz visite le poste et le camp. Il veut savoir ce qu’un médecin prescrit en premier dans tous les cas de maladies contagieuses. Je ne sais vraiment pas quoi lui répondre, car il est bien difficile de donner une réponse d’ordre général. Et qu’en pense t il ? Vous n’en croirez pas vos oreilles: un laxatif — comme si le médecin pouvait intervenir à l’aide de laxatifs dans tous les cas de rhume, d’angine, de diphtérie, sans compter le typhus! On ne peut vraiment pas schématiser la médecine de la sorte, sauf que, quelques jours auparavant, ce jeune médecin sans expérience a prescrit de l’huile de ricin à l’aveuglette pour un cas de perforation d’ulcère à l’estomac; le patient y a laissé sa peau.

27 septembre 1942

Aujourd’hui, dimanche après midi, soirée entre camarades de 16 à 20 h au foyer des SS et dîner: bière à volonté et charcuterie fumée. Discours du commandant Höss et spectacle musical et théâtral.

28 septembre 1942

Assiste cette nuit à la 8e Sonderaktion. Hstuf. Aumeier a répondu à ma question et m’a raconté que le K.Z. d’Auschwitz avait une longueur totale de 12 km et faisait 8 km de large, soit une surface de 22000 arpents, dont 12000 seraient cultivés et 2000 seraient consacrés à des étangs et réserves de pêche.

3 octobre 1942

Aujourd’hui, j’ai fixé du matériel vivant tout frais provenant d’un foie, d’une rate et d’un pancréas humains, puis j’ai fixé des poux de malades du typhus fixés dans l’alcool. A Auschwitz, des rues entières sont ravagées par le typhus. Ce matin, j’ai donc fait faire la première injection de sérum contre le typhus abdominal. L’Obersturmführer Schwarz est atteint du typhus.

6 octobre 1942

Ostuf. Entress a eu un accident de moto. Ai fait le pansement; le commandant Höss a fait une chute de cheval; Ostuf. Wirths n’est pas encore de retour.

7 octobre 1942

Assiste à la 9e Sonderaktion (femmes de l’extérieur et musulmanes). Wirths est de nouveau sur place. Remplacement d’Entress au camp des hommes (présentation du médecin, etc.).

[PHDN: «musulmans» est une mauvais traduction en français de l’argot des camps «Muselmänner», mot inexistant en allemand qui serait selon Primo Levi, la contraction de Muschel Mann («hommes-coquillages» car ils étaient souvent prostrés, recroquevillés en raison de leur extrême mauvais état général). Pour d’autres, l’origine serait Mühsal, misère ou peine en allemand. «musulman» en allemand se serait dit «Moslim».]

9 octobre 1942

Ai envoyé un colis contenant 9 livres de savon de ménage d’une valeur de 200 RM à Münster. Temps pluvieux.

10 octobre 1942

Prélèvement de matériel frais vivant d’un foie, d’une rate et d’un pancréas, fixé. Faire faire des fac similés de timbres par les détenus. Ai chauffé ma chambre pour la première fois. Les cas de typhus et de typhus abdominal se multiplient, le camp est toujours en quarantaine.

11 octobre 1942

Aujourd’hui dimanche, à midi, il y a eu du lièvre rôti, une cuisse de bonne taille accompagnée de Klösse* et de chou rouge pour 1,25 RM.

* N.d.T.: spécialité d’Allemagne et d’Europe centrale, sorte de boule bouillie à base de farine.

12 octobre 1942

2e vaccination contre le typhus, violentes réactions dans la soirée (fièvre). J’ai malgré tout encore assisté à une Sonderaktion dans la nuit; 1 600 personnes venant de Hollande. Des scènes épouvantables devant le dernier Bunker! (Hössler!). C’était ma 10e Sonderaktion.

13 octobre 1942

Ustuf.** Vetter est arrivé, Stubaf.** Cäsar est également atteint du typhus, sa femme vient d’en mourir il y a quelques jours. Assiste à une exécution pénale, puis à l’exécution de 7 civils polonais.

** N.d.T.: Ustuf: Untersturmführer; Stubaf: Sturmbannführer.

14 octobre 1942

Mon manteau d’hiver est arrivé de Berlin (taille 52), prix 50 RM. Sur suggestion des services sanitaires, on me réclame au rectorat de Münster au début du semestre d’hiver.

15 octobre 1942

Cette nuit, nous avons eu le premier givre; l’après-midi a été ensoleillé et chaud. Prélevé du matériel frais et vivant provenant du foie, de la rate et du pancréas d’un malade atteint de jaunisse.

16 octobre 1942

Savon, savon en paillettes, nécessaire de couture. Ce midi, j’ai envoyé le 2e colis d’une valeur de 300 RM à Frau Wizemann afin qu’elle me le garde. Au camp, j’ai fait photographier un Juif syndactyle [syndactylie = qui a les doigts soudés entre eux]; le père et l’oncle présentent la même malformation.

17 octobre 1942

Assiste à une exécution pénale et à 11 exécutions. Prélèvement de matériel vivant frais d’un foie, d’une rate et d’un pancréas après injection de pilocarpinine. Suis allé à Nikolaï avec Wirths, il venait de m’annoncer que je devrais rester plus longtemps.

18 octobre 1942

Dimanche matin, j’ai assisté à la 11e Sonderaktion par un temps froid et humide (des Hollandais). Scènes effroyables, trois femmes suppliaient pour qu’on les laisse en vie.

19 octobre 1942

Je suis allé à Kattowitz avec l’Ostuf. Wirths et Frau Höss pour acheter des épaulettes pour mon manteau d’hiver. Retour en passant par Nikolaï.

24 octobre 1942

6 femmes de la révolte de Budy expédiées avec un vaccin (Klehr).

25 octobre 1942

Aujourd’hui dimanche, par un splendide temps automnal, excursion à vélo pour Budy en passant par Roisko. Wilhelmy est de retour de son voyage en Croatie (eau de vie de prune).

31 octobre 1942

Le temps est splendide depuis presque quinze jours, ce qui jour après jour donne l’occasion de prendre des bains de soleil dans le jardin du foyer SS. Même les nuits sont claires et relativement douces. Comme Thilo et Meyer sont en permission chez eux, on m’a chargé d’exercer la fonction de médecin de la troupe. Ai demandé une permission de 5 jours à cause d’une visite obligatoire à mon service de l’hôpital militaire SS de Prague.

1er novembre 1942

Aujourd’hui dimanche, après le service au poste, surtout des prises de sang dans les veinules, suis parti d’Auschwitz à 13 h 01 avec l’express pour Prague. En route, il a plu; le train était bondé. Arrivée à Prague le soir, à 22 h 30, OU il a fallu que je me repère dans un noir d’encre en prenant plusieurs tramways pour enfin arriver à l’hôpital militaire où mon amie infirmière s’est occupée de moi sur une «ottomane» qui servait de couche dans le bureau du Dr Schreiber.

2 novembre 1942

Le Dr Schreiber m’a sorti très tôt de mes rêves et m’a arraché à ma modeste couverture de cheval. Après un petit déjeuner au foyer des officiers, j’ai envoyé mon 3e colis à Münster d’une valeur de 300 RM; il contient des bottes et de la confiture de pommes. Ensuite, présentation chez le chef, Stubaf. Fietsch, puis le plat du jour à la «Deutsches Haus» (Graben). Plus tard, je suis allé chercher mes bottines (32 RM) dans la Gerstengasse et retour au foyer des officiers à 17 h 30 pour me mettre devant une potée de première classe, copieuse en viande […].

3 novembre 1942

Après le petit déjeuner, ai pris le 17 pour aller au marché où je me suis acheté des boutons pression et surtout une râpe à pommes de terre épatante. Puis je suis retourné dans le centre ville, où je me suis commandé une paire de lunettes pour les conférences pour 14,50 RM; ensuite je suis rentré déjeuner à la «Deutsches Haus». A 3 heures, je suis allé au cinéma Viktoria, en face, pour voir «Andreas Schlüter». J’ai été littéralement fasciné par l’élégance de la décoration de cette salle et dois avouer que je n’ai jamais vu de cinéma semblable. Le film a été tourné avec énormément de moyens et Heinrich George y était excellent comme acteur. Il a de nouveau montré qu’un créateur qui ne compte que sur lui même ne reçoit pas d’autrui la reconnaissance qui lui est due; pour finir, les méchancetés et les intrigues le détruisent. Le mot de la fin m’a profondément touché à cause de mes expériences personnelles: «la vie passe, mais l’œuvre reste».

4 novembre 1942

Ce matin, j’ai d’abord essayé de prendre des photos du château de Prague vu du bâtiment de l’Oberlandrat et du pont des Remparts. Le soleil était capricieux. Puis je suis allé faire des courses dans la vieille ville. J’ai trouvé un stylo à plume pour 7,50 RM et un sac à main de femme à 14,35 RM dans les environs du Altstätter Ring. A 1 h 30, je suis retourné à l’hôpital pour le déjeuner. On m’a annoncé que je devais laisser ma chambre parce qu’un Ostubaf. voulait s’y installer. Il s’agissait d’un malade de la II b. le service des accidentés; j’ai donc transporté ma valise dans sa chambre. Après le repas, par mesures de précautions, il a jeté un coup d’œil dans ma chambre et est immédiatement revenu sur sa décision. Donc, j’ai pu redéménager ma valise à l’étage. Il s’agissait de l’Oberstubaf. Deutsch; il m’a raconté que le Stubaf. Fietsch avait été médecin de son régiment. En réponse à ma question, il m’a dit qu’il connaissait aussi l’Ostuf. Wirths et m’a demandé de le saluer de sa part. Il m’a dit qu’il était assez flappi et avait toutes sortes de problèmes avec sa femme et ses enfants.
Un peu après le déjeuner, je suis retourné en ville, ai photographié la place Venceslas vue du Musée national et l’église Thein. J’ai pris mes lunettes, puis je suis allé voir le film de Willy Forst, «Opérette», qui remportait un énorme succès et que l’on jouait déjà depuis deux semaines à «l’Astra» sur la place Venceslas. Maria Holst jouait le premier rôle féminin, elle était délicieuse. Je suis sorti plein d’enthousiasme de ce cinéma, lui aussi aménagé avec beaucoup d’élégance. On ne peut faire qu’une chose à la fois: soit aimer, soit travailler, pas les deux en même temps. Si le succès est là, alors on se sent comme un alpiniste qui a atteint le sommet, on est à la fin de l’ambition, seul. En tout cas, ce film avec la scène de Makart et ses airs de Strauss, ses revues fascinantes et somptueuses, m’a totalement enthousiasmé.

5 novembre 1942

Ce matin, remise du 4e colis d’une valeur de 300 RM, destiné à Frau Wızemann. Contenu: un sac à main de femme et un stylo à plume, des lunettes, etc., bottines, papier à lettres, chemises brunes, râpe à pommes de terre, etc. J’ai fait ensuite quelques courses en ville, ai pris mon déjeuner à la «Deutsches Haus». Temps morne et pluvieux. Le soir, j’ai fait les bagages pour le retour, demain, et j’ai passé la soirée au mess, où je me suis mis un litre entier d’un merveilleux vin rouge de Bulgarie derrière la cravate, ce qui m’a rendu passablement gai. Je n’ai retrouvé mon lit qu’à minuit.

6 novembre 1942

L’infirmière m’a réveillé à 6 heures du matin; peu après, j’étais déjà à la gare (par les trams 21 et 7), je suis monté dans l’express à destination de Mährisch Ostrau à 8 h 10. A Prerau, j’ai pris le rapide Vienne Cracovie et m’étais à peine installé dans un compartiment de 2e classe qu’un major est venu me tenir compagnie, nous sommes restés seuls pendant presque tout le reste du voyage; il m’a raconté ce qu’il avait vécu au front et m’a serré la main au moment des adieux. Durée du voyage entre Prague et Auschwitz: 9 heures. Une fois sur place, je me suis immédiatement rendu au foyer des offıciers, où une fois de plus j’ai mangé copieusement.

8 novembre 1942

Cette nuit, j’ai participé à deux Sonderaktionen par un temps d’automne triste et pluvieux (12e et 13e). Ce matin, j’ai salué le Hschaf.* Kitt au poste, c’est un de mes anciens élèves originaire d’Essen. Encore une autre Sonderaktion dans l’après midi, donc la 14e à laquelle j’ai participé jusqu’à présent. Soirée agréable et tranquille au foyer des officiers invités par Wirths, désormais Hstuf. Il y avait du vin rouge de Bulgarie et de l’eau de vie de prune.

* N.d.T.: Hauptscharführer.

10 novembre 1942

Aujourd’hui, première chute de neige, il a gelé pendant la nuit.

13 novembre 1942

Matériel vivant frais (foie, rate et pancréas) provenant d’un détenu juif âgé de 18 ans, fortement atrophié et photographié auparavant: préparé comme d’habitude le foie et la rate dans une solution, et le pancréas dans une autre (détenu N° 68030).

14 novembre 1942

Aujourd’hui samedi, spectacle de variétés au foyer (épatant). Les chiens danseurs ont remporté un franc succès, ainsi que les coqs nains qui se mettaient à cocoder sur ordre, l’homme dans la boîte et le groupe de cyclistes.

15 novembre 1942

Ai assisté à une exécution capitale dans la matinée.

16 novembre 1942

Ai envoyé un colis de savon de ménage (6 kg environ) d’une valeur de 300 RM à Mia et à Gretchen.

17 novembre 1942

Ai envoyé une petite valise à Frau Wızemann (5e colis) d’une valeur de 300 RM. Contenu: (14 kg), deux bouteilles d’eau de vie ordinaire, vitamines et fortifiants, lames de rasoir, savon de toilette et savon à raser, thermomètre, pinces coupe ongles, de la teinture d’iode, des solutions dans l’alcool à 90°, des clichés radioscopiques, de l’huile de foie de morue, de la papeterie, des enveloppes, des parfums, de la laine à repriser, des aiguilles, de la poudre dentifrice, etc. Bourrasques de neige dans la soirée qui ont transformé les routes en un véritable marécage. Préparatifs pour le départ pour Prague, demain.
Au poste: Jambor, Brauner, Biedermann, Wilks; Klehr et Scherpe à l’infirmerie, tous «d’anciens combattants des barbelés» et des «vieux renards de K.Z.». Le Stabsscharführer Ontl est arrivé à me convaincre de lui donner mon ticket d’uniforme pour un pantalon de cheval. Le pharmacien, le Hauptsturmführer Kroemer, a fait preuve d’une grande camaraderie en me procurant les réactifs dont j’ai besoin. Le dentiste, Sauther, a été muté à Minsk.

18 novembre 1942

Suis parti pour Prague à 13 h 30 en passant par Oderberg, Mährisch Ostrau (changement), Prerau, Olmütz; je suis arrivé à 22 h 11 et ai tout de suite trouvé une correspondance pour l’hôpital militaire. L’infirmière Anna s’est arrangée pour que je puisse m’installer dans mon ancienne chambre.

19 novembre 1942

Après m’être présenté chez le médecin chef et avoir pris mon petit déjeuner, suis allé chercher ma valise à la gare, puis déjeuner à la «Deutsches Haus». L’après midi, remise des vêtements d’uniformes qu’on m’avait prêtés; faire les valises.

20 novembre 1942

Petit déjeuner, adieux à Himstedt qui vient de Hameln et est le suppléant du médecin de la garnison, au Stubaf. Matz de Stettin, au Stubaf. Kütner, au Hschf. Dredding, à l’Ustuf. Fasching, au Hstuf. Koerber et aux autres. Ustuf. Jung, le radiologue, m’a promis de belles radiographies pour mes cours. Une fois mon billet pris, mes bagages ont été transportés à la gare de Hibermor. Départ à 16 h 13 en passant par Dresde, Leipzig, Hanovre, Osnabrück, arrivée à Münster à 6 h 38.

24 novembre 1942

Pour la première fois dans les nouveaux locaux d’anatomie, du côté du Westring.

Source/QuelleTagebuch Kremer (Kopie): AR-Z 37/58, Sonderband Kremer. Dem LG Münster, das gegen Kremer verhandelte (6 Ks 2/60), lag nur eine Kopie vor. Sie befindet sich heute im Staatsarchiv Münster (Staatsanwaltschaft Münster, Nr. 157). Die Kopie wurde anläßlich der Verhandlung mit dem Original aus Auschwitz verglichen. Kremer hatte aber zuvor schon die Kopie als seine Aufzeichnungen anerkannt.


Témoignage de Johann Paul Kremer, lors d’un interrogatoire, le 18 juillet 1947 à Cracovie

C’était particulièrement désagréable de gazer les femmes décharnées du camp des femmes, celles qu’on avait l’habitude d’appeler les «musulmans». Je me souviens avoir une fois participé au gazage d’un de ces groupes de femmes en plein jour. Je ne pourrais plus dire quel était l’effectif du groupe. Quand je suis arrivé a proximité du Bunker, elles étaient assises sur le sol tout habillées. Comme elles portaient des uniformes usés de détenues, on ne les avait pas fait entrer dans le baraquement servant de vestiaire, elles se sont déshabillées à l’air libre. A voir la conduite de ces femmes, j’en ai déduit qu’elles avaient conscience du sort qui les attendait, elles pleuraient et suppliaient les SS de les laisser vivre; malgré tout, elles ont été refoulées dans les chambres à gaz, puis gazées. En tant qu’anatomiste, j’ai vu des choses horribles, j’avais souvent affaire à des cadavres; cependant, ce que j’ai vu jadis n’est comparable à rien d’autre. A l’époque, le 5 septembre 1942, j’avais écris dans mon journal ce que je ressentais: »La pire des horreurs dans l’horreur. Le Hauptscharführer Thilo avait raison quand il me disait que nous nous trouvions à l’anus mundi (l’anus du monde).» J’ai utilisé cette définition parce que je ne pouvais m’imaginer chose plus atroce et plus horrible

[PHDN: «musulmans» est une mauvais traduction en français de l’argot des camps «Muselmänner», mot inexistant en allemand qui serait selon Primo Levi, la contraction de Muschel Mann («hommes-coquillages» car ils étaient souvent prostrés, recroquevillés en raison de leur extrême mauvais état général). Pour d’autres, l’origine serait Mühsal, misère ou peine en allemand. «musulman» en allemand se serait dit «Moslim».]

Source/QuelleAuszüge aus den polnischen Verhören: KL Auschwitz in den Augen der SS, Katowice 1981 (Schriftleiter: Dr. Jadwiga Bezwinska), S.213 (18.7.47).


Témoignage de Johann Paul Kremer, lors d’un interrogatoire, le 30 juillet 1947 à Cracovie

Dans mon journal, j’évoque à plusieurs endroits les prélèvements de matériel humain vivant afin de l’examiner. Cela est arrivé de la manière suivante: depuis très longtemps déjà, je m’intéressais aux transformations de l’organisme humain dues à la dénutrition. A Auschwitz, j’en ai parlé avec Wirths qui m’a déclaré que, pour ces expériences, je pourrais prélever du matériel frais et vivant sur les détenus qui avaient été éliminés avec une injection d ’acide phénique. Pour sélectionner les sujets qui convenaient, je me rendais au dernier Block à droite (Block 28), là où les détenus qui se présentaient subissaient un examen médical Au cours de ces examens, les médecins détenus exposaient la maladie du patient au médecin SS et expliquaient de quel mal le détenu souffrait. Le médecin SS décidait si le malade avait des chances de guérir ou s’il était déjà inapte au travail, s’il allait au baraquement infirmerie, s’il devait être traité de manière ambulatoire, ou s’il devait être liquidé. Des officiers SS emmenaient ceux que le médecin SS destinait à ce dernier groupe. Le médecin SS y rangeait surtout ceux pour qui le diagnostic était: «affaiblissement général». J’observais ces détenus dans le détail et lorsque l’un d’eux m’intéressait à cause de son état de dénutrition, je donnais l’ordre à l’infirmier de me réserver ce patient et de me dire à quelle date ce malade serait tué par injection.

A la date fixée par l’infirmier SS, les malades que j’avais sélectionnés étaient reconduits dans le même Block; on les transportait dans une salle située de l’autre côté du couloir, juste en face de celle où avaient lieu les examens et la sélection. On y allongeait le malade encore vivant sur la table de dissection. Je m’approchais de la table et interrogeais le malade sur divers détails importants pour mes recherches. Par exemple, son poids avant la détention, combien de poids il avait perdu en détention, s’il avait pris un quelconque médicament ces derniers temps. Dès que j’avais reçu ces informations, l’infirmier s’approchait du malade et le tuait en lui faisant une injection dans la région du cœur. A ma connaissance, on utilisait exclusivement des injections d’acide phénique. La mort survenait immédiatement après l’injection. Je n’ai jamais fait moi‑même d’injection mortelle.

Source/QuelleAuszüge aus den polnischen Verhören: KL Auschwitz in den Augen der SS, Katowice 1981 (Schriftleiter: Dr. Jadwiga Bezwinska), S.218f (30.7.47).



Document original en allemand / Deutsches Original

»Verpflegung im Führerheim ausgezeichnet«

Auschwitz - Tagebuch des SS-Arztes Dr. Johann Paul Kremer


sélection des Juifs à l’arrivée à Auschwitz Juden, bei der Ankunft für die Gaskammer selektiert.



»Es gab bulgarischen Rotwein und kroatischen Zwetschenschnaps«. Aus dem Tagebuch des SS-Arztes Dr. Kremer

8 August 1942

Vom 15.8.42 bis zur Beendigung der Semesterferien zum SS-Lazarett Prag kommandiert.

Freitag, 14.8.42

Abfahrt nach Prag: Münster ab 20.40, Osnabrück ab 0.57, Dresden an 10.12, Dresden ab 11.22 Prag an 15.15.

15 August 1942

Von Dresden ab schönes sonniges Wetter. Vom Hauptbahnhof mit der Strassenbahn nach dem SS-Lazarett Podol und Vorstellung beim Chef, Sturmbannführer Dr. Fietsch. Unterbringung in einem Patientenzimmer im 3. Stock (No.344).
Ärzte etc.
Adjutant: Hstf. Koebel, Apotheker,
Verwaltungschef: Stubf. Dorn,
Chirurgie: Stubf. Winne aus Danzig, Liek-Schüler,
Innere: Stubf. Leppel aus Köln,
Haut: Obstuf. Inden aus Düsseldorf,
Augen: Oberscharf. Frederking aus Langendreer,
Röntgen: Obstuf. Jung aus Aachen,
Nerven: Obstuf. Jansen,

Sonntag, 16.8.42

Halbtägige Rundfahrt durch die Stadt zur Stadtbesichtigung mit Oschf. Frederking und Frau aus Langendreer. Danach im Kaffee eine Tasse Mokka (1.50 RM).

20 August 1942

Kasinoabend aus den alten Weinbeständen und gleichzeitig Arzt vom Dienst.

21 August 1942

Bestellung einer SS-Führer-Mütze von der Reichskleiderkasse der Schutzstaffel in Berlin durch Boten, der aber nichts erreicht.

24 August 1942

Papier, Brille und Gürtel gekauft. […]

27 August 1942

Brigadeführer Gentzken zu Besuch auf der Durchfahrt nach Karlsbad im Lazarett. Redete von einer Desavouierung des Intellektualismus namentlich durch Goebbels, von einer allmählichen Verödung der Hochschulen und von einem Ministerium für Bevölkerungspolitik.

28 Augustus 1942

Zum Mützeneinkauf nach Berlin geschickt, werde ich beim Weggehen von der Aufnahme informiert, dass der Führer vom Dienst mich zu sprechen wünscht. Dieser teilt mir im Auftrage von Hstuf. Koebel mit, dass ich nicht nach Berlin reisen soll.

29 August 1942

Kommandierung lt. F.L.HSSZ 2150 28.8.42 1833 No.1565 zum KZ Auschwitz, da angeblich dort ein Arzt wegen Krankheit ausgefallen ist.

30 August 1942

Abfahrt Prag 8.15 über Böhmisch Trübau, Olmütz, Prerau, Oderberg. Ankunft im KL Auschwitz 17.36. Im Lager wegen zahlreicher Infektionskrankheiten (Fleckfieber, Malaria, Durchfälle) Quarantäne. […] Erhalte streng geheimen Instruktionsbefehl durch den Standortarzt Hauptsturmführer Uhlenbrock und werde im Haus der Waffen-SS in einem Hotelzimmer (26) untergebracht.

31 August 1942

Tropenklima bei 38° im Schatten, Staub und unzählige Fliegen! Verpflegung im Führerheim ausgezeichnet. Heute abend gabs z.B. saure Entenleber für 0.40 RM, dazu gefüllte Tomaten, Tomatensalat usw. Wasser ist verseucht, dafür trinkt man Selterswasser, das unentgeltlich verabfolgt wird (Mattoni). Erste Impfung gegen Flecktyphus. Photographische Aufnahme für den Lagerausweis.

1 September 1942

Von Berlin schriftlich Führermütze, Koppel und Hosenträger angefordert. Nachmittags bei der Vergasung eines Blocks mit Zyklon B gegen die Läuse.

2 September 1942

Zum 1. Male um 3 Uhr früh bei einer Sonderaktion zugegen. Im Vergleich hierzu erscheint mir das Dante'sche Inferno fast wie eine Komödie. Umsonst wird Auschwitz nicht das Lager der Vernichtung genannt!

3 September 1942

Zum 1. Male an den hier im Lager jeden befallenden Durchfällen mit Erbrechen und kolikartigen anfallsweisen Schmerzen erkrankt. Da ich keinen Tropfen Wasser getrunken, kann es hieran nicht liegen. Auch das Brot kann es nicht schuld sein, da auch solche erkranken die nur Weissbrot (Diät) zu sich genommen haben. Höchstwahrscheinlich liegt's an dem ungesunden kontinentalen und sehr trockenen Tropenklima mit seinen Staub- und Ungeziefermassen (Fliegen).

4 September 1942

Gegen die Durchfälle: 1 Tag Schleimsuppen und Pfefferminztee, dazu Diät für eine Woche. Zwischendurch Kohle und Tannalbin. Schon erhebliche Besserung.

5 September 1942

Heute nachmittag bei einer Sonderaktion aus dem FKL. (Muselmänner)[Frauen Konzentrationslager; d. Hrsg.]: das Schrecklichste der Schrecken. Hschf. Thilo - Truppenarzt - hat Recht, wenn er mir heute sagte, wir befänden uns hier am anus mundi. Abends gegen 8 Uhr wieder bei einer Sonderaktion aus Holland. Wegen der dabei abfallenden Sonderverpflegung, bestehend aus einem fünftel Liter Schnaps, 5 Zigaretten, 100 g Wurst und Brot, drängen sich die Männer zu solchen Aktionen. Heute und morgen (Sonntag) Dienst.

6 September 1942

Heute Sonntag ausgezeichnetes Mittagessen: Tomatensuppe, 1/2 Huhn mit Kartoffeln und Rotkohl (20 g Fett). Süssspeise und herrliches Vanilleeis. Nach dem Essen Begrüssung des neuen Standortarztes, Obersturmführer Wirths, der aus Waldbröl gebürtig ist. Sturmbannführer Fietsch in Prag war sein ehemaliger Regimentsarzt.
Nun bin ich eine Woche im Lager, doch bin ich die Flöhe in meinem Hotelzimmer noch immer nicht völlig wieder los trotz aller Gegenmassnahmen mit Flit (Cuprex) etc.
Einen erfrischenden Eindruck hat es bei mir gewonnen, als ich dem Adjutanten des Kommandanten meinen Antrittsbesuch machte und über seinem Arbeitszimmer die grosse auf Papier gemalte Inschrift: »Radfahrer absteigen« las. Übrigens hängt auch in der Schreibstube unseres SS-Reviers der bemerkenswerte Spruch:
   Hast Du im Leben tausend Treffer,
   Man sieht's, man nickt, man geht vorbei;
   Doch nie vergisst der kleinste Kläffer,
   Schiesst Du ein einzig Mal vorbei.
Abends um 8 Uhr wieder zur Sonderaktion draussen.

7 September 1942 

Zweite Impfung gegen Flecktyphus. Heute regnerisches und kühleres Wetter

9 September 1942

Heute früh erhalte ich von meinem Rechtsanwalt in Münster, Prof. Dr. Hallermann, die höchst erfreuliche Mitteilung, dass ich am 1. d.M. von meiner Frau geschieden bin. [Randbemerkung: … sehe wieder Farben; ein schwarzer Vorhang ist von meinem Leben weggezogen!] Später als Arzt bei der Ausführung der Prügelstrafe an 8 Häftlingen und bei einer Erschiessung durch Kleinkaliber zugegen. […]
Seifenflocken und 2 Stück Seife erhalten. Mittags springt vor dem SS-Revier ein Civilist mein Rad wie ein Attentäter an, läuft neben mir her und bittet mich, ihm doch zu sagen, ob ich nicht Regierungsrat Hemm aus Breslau sei, mit dem ich eine ganz unglaubliche Ähnlichkeit habe. Er sei mit diesem Herrn im 1.Weltkriege im Feld zusammen gewesen. Wieviele Doppelgänger habe ich eigentlich in der Welt? Abends bei einer Sonderaktion zugegen (4. Mal).

10 September 1942

Morgens bei einer Sonderaktion zugegen (5. Mal).

11 September 1942

Heute Obersturmbannführer Lolling im Lager, bei dessen Vorstellung ich erst erfuhr, dass ich Hauptscharführer Kitt vertrete, der jetzt zur Erholung auf dem Obersalzberg sich befindet.

14 September 1942

Zum 2. Male die Auschwitzer Krankheit; Temperatur 37.8. Heute die 3. und damit letzte Spritze gegen Fleckfieber erhalten.

17 September 1942

In Berlin bei der Kleiderkasse Allwettermantel bestellt nach Schneidermassen: Bis Taille 48, Ganze Länge 133, Halber Rücken 22, Bis Ellenbogen 51, Ganze Ärmellänge 81, Oberweite 107, Taillenweite 100, Gesäß 124. Uniformbezugsschein dafür beigegeben, d.h. für einen Uniform-Wetterschutzmantel. Heute mit [Lagerarzt] Dr. Meyer das Frauenlager Birkenau besucht.

20 September 1942

Heute Sonntagnachmittag von 3-6 Uhr Konzert der Häftlingskapelle in herrlichem Sonnenschein angehört: Kapellmeister Dirigent der Warschauer Staatsoper. 80 Musiker, Mittags gabs Schweinebraten, abends gebackene Schleie.

21 September 1942

Wegen Otto an das Polizeipräsidium Köln (Abt. Kriminalpolizei) geschrieben. Abends Entenklein. Dr. Meyer erzählt mir von einer Vererbung eines Traumas (Nase) in der Familie seines Schwiegervaters.

23 September 1942

Heute Nacht bei der 6. und 7. Sonderaktion. Morgens ist Obergruppenführer Pohl mit Gefolge im Hause der Waffen-SS eingetroffen. Vor der Tür steht eine Posten, welcher als erster seinen Präsentiergriff vor mir macht. Abends um 20 Uhr Abendessen mit Oberscharführer Pohl im Führerheim, ein wahres Festessen. Es gab gebackenen Hecht, soviel jeder wünschte, echten Bohnenkaffee, ausgezeichnetes Bier und belegte Brötchen.

25 September 1942

Gruppenführer Grawitz im Revier und Lager. Bei der Visite will er von mir wissen, was der Arzt bei allen Infektionskrankheiten zu allererst verordnet. Darauf weiss ich ihm wirklich keine Antwort zu geben, da sich das doch in dem Sinne nicht ganz allgemein angeben lässt. Und was meinte er? Man höre und staune: Ein Abführmittel! - Als wenn der Arzt bei jedem Schnupfen, jeder Angina, Diphtherie mit Abführmitteln eingreifen würde - geschweige denn beim Abdominaltyphus! So lässt sich die Medizin nun doch nicht schematisieren, ganz abgesehen davon, dass der junge unerfahrene Revierarzt noch einige Tage [vorher] ein frisches perforiertes Magenulkus durch das blinde Verordnen von Rizinus um die Ecke gebracht hatte.

27 September 1942

Heute Sonntagnachmittag, 16-20 Uhr, Kameradschaftsabend im Gemeinschaftshaus mit Abendessen, Freibier und Rauchwaren. Rede des Kommandanten Höß und musikalische sowie theatralische Darbietungen.

28 September 1942

Heute Nacht bei der 8. Sonderaktion zugegen. Hstuf. Aumeier erzählt mir auf Befragen, dass das KZ Auschwitz eine Länge von 12 km und eine Breite von 8 km habe und 22000 Morgen Gross sei. Hiervon seien 12000 Morgen unter dem Pflug und 2000 Morgen Fischteiche.

3 Oktober 1942

Heute lebendfrisches Material von menschlicher Leber und Milz sowie vom Pankreas fixiert, dazu in absolutem Alkohol fixierte Läuse von Fleckfieberkranken. In Auschwitz liegen ganze Straßenzüge an Typhus darnieder. Habe mir deshalb heute früh die erste Serumspritze gegen Abdominaltyphus verabfolgen lassen. Obersturmführer Schwarz an Fleckfieber erkrankt!

6 Oktober 1942

Ostuf. Entress auf seinem Motorrad verunglückt. Verband angelegt, der Kommandant Höß vom Pferde gestürzt; Ostuf. Wirths noch immer nicht zurück.

7 Oktober 1942

Bei der 9. Sonderaktion (Auswärtige und Muselweiber) zugegen. Wirths wieder zur Stelle. Vertretung von Entress im Männerlager (Arztvorstellen usw.).

9 Oktober 1942

1. Paket mit 9 Pfd. Schmierseife mit 200,- RM Wert nach Münster abgeschickt. Regenwetter.

10 Oktober 1942

Lebendfrisches Material von Leber, Milz und Pankreas entnommen und fixiert. Faksimilestempel von Häftlingen anfertigen lassen. Zum 1. Male das Zimmer eingeheizt. Noch immer Fälle von Flecktyphus und Typhusabdominalis. Lagersperre geht weiter.

11 Oktober 1942

Heute Sonntag gab's zu Mittag Hasenbraten - eine ganz dicke Keule - mit Mehlklösen und Rotkohl für 1,25 RM.

12 Oktober 1942

2. Schutzimpfung gegen Typhus; danach abends starke Allgemeinreaktion (Fieber). Trotzdem in der Nacht noch bei einer Sonderaktion aus Holland (1600 Personen) zugegen. Schauerliche Scene vor dem letzten Bunker! (Hößler!) Das war die 10. Sonderaktion.

13 Oktober 1942

Ustuf. Vetter angekommen. Stubaf. Cäsar ebenfalls an Typhus erkrankt, nachdem seine Frau vor einigen Tagen daran gestorben ist. Bei einem Strafvollzug zugegen und danach bei der Exekution von 7 polnischen Civilisten.

14 Oktober 1942

Wetterschutzmantel (Größe 52) von Berlin erhalten, Preis 50.- RM. Auf Anregung vom Sanitätsamt beim Rektorat in Münster nach dem Beginn des Wintersemesters angefragt.

15 Oktober 1942

Heute Nacht ist draussen der erste Reif gefallen; nachmittags wieder sonnig und warm. Lebendfrisches Material von Leber, Milz und Pankreas von einem Ikterischen [Gelbsüchtigen] entnommen.

16 Oktober 1942

Heute Mittag das 2. Paket mit 300,- RM Wert an Frau Wizemann zum Aufheben abgeschickt. Seife, Seifenflocken, Nähmittel. Im Lager einen syndaktylen Juden photographieren lassen (Vater und Onkel dasselbe Leiden).

17 Oktober 1942

Bei einem Strafvollzug und 11 Exekutionen zugegen. Lebendfrisches Material von Leber, Milz und Pankreas nach Pilocarpininjektion entnommen. Mit Wirths nach Nikolai gefahren; vorher eröffnete er mir, daß ich länger bleiben müsse.

18 Oktober 1942

Bei nasskaltem Wetter heute Sonntagmorgen bei der 11. Sonderaktion (Holländer) zugegen. Grässliche Scenen bei drei Frauen, die ums nackte Leben flehen.

19 Oktober 1942

Mit Ostuf. Wirths und Frau Höß nach Kattowitz gefahren zum Einkauf von Schulterstücken für den Wettermantel. Zurück über Nikolai.

24 Oktober 1942

6 Frauen von der Budyer Revolte abgeimpft (Klehr).

25 Oktober 1942

Heute, Sonntag, bei wunderschönem Herbstwetter Radtour über Roisko nach Budy. Wilhelmy von seiner Fahrt nach Kroatien wieder zurück (Zwetschenschnaps).

31 Oktober 1942

Seit etwa 14 Tagen wunderschönes Herbstwetter, welches tagaus tagein im Garten des Hauses der Waffen-SS zu Sonnenbädern Veranlassung gibt. Selbst die klaren Nächte sind verhältnismäßig mild. Weil Thilo und Meyer auf Heimaturlaub, bin ich mit den Funktionen des Truppenarztes betraut. Wegen notwendiger Reise zu meiner Dienstbehörde 5-tägigen Urlaub zum SS-Lazarett Prag beantragt.

1 November 1942

Heute, Sonntag, nach dem Revierdienst, hauptsächlich Blutentnahme in Venülen, um 13.01 von Auschwitz mit D-Zug nach Prag abgefahren. Unterwegs gibts Regen; der Zug ist überfüllt. Abends gegen 22.30 Uhr Ankunft in Prag, wo ich mich im Stockdunkeln über mehrere Straßenbahnen schliesslich bis zum SS-Lazarett vorarbeite und oben von meiner bereits bekannten Schwester auf einer »Ottomanne» zum Nachtlager verpackt wurde im Dienstzimmer von Dr. Schreiber.

2 November 1942

Schon frühzeitig werde ich von Dr. Schreiber aus den Träumen und aus dem primitiven Pferdedeckenlager gerissen. Nach Frühstück in der Führerheimküche Aufgabe des 3. Paketes mit Stiefeln und Apfelkompott nach Münster mit 300,- RM Wert. Darauf Vorstellung beim Chef Stubaf. Fietsch, und anschließend Stammgericht im »Deutschen Haus« (Graben). Später Abholung meiner Zugstiefel (32,- RM) in der Gerstengasse und Rückfahrt zum erstklassigen Eintopfessen um 17.30 Uhr im Führerheim mit reichlich Fleisch. […]

3 November 1942

Nach dem Frühstück mit der 17 hinaus zum Markt, wo ich mir Druckknöpfe und vor allem eine piekfeine Kartoffelreibe erhamsterte. Von da zurück ins Zentrum, wo ich mir eine Vorlesungsbrille für 14,50 RM bestellte und dann im »Deutschen Haus« wieder zu Mittag speiste. Um 3 Uhr besuchte ich dann gegenüber die Viktorialichtspiele, um mir »Andreas Schlüter« anzusehen. Ich war förmlich überrascht von der höchst vornehmen und geschmackvollen Ausstattung dieses Raumes und muß gestehen, daß ich wohl nie ein zweites so elegant ausgestattetes Kino erlebt habe. Der Film war mit einem ungeheuren Aufwand gedreht worden und wurde von Heinrich George ganz hervorragend gespielt. Er zeigte wieder, wie ein ganz auf sich selbst eingestellter schaffender Mensch in diesem Leben den gebührenden Lohn seiner Mitmenschen nicht findet und schließlich an Intrigen und Anfeindungen zugrundegeht. Tief traf mich deshalb aus eigener Lebenserfahrung das Schlußwort: »Das Leben geht vorüber; ewig bleibt das Werk.«

4 November 1942

Heute früh zunächst versucht, einige Aufnahmen von der Prager Burg vom Oberlandratsgebäude und der Mauerbrücke aus zu machen. Besonnung war sehr launisch. Darauf zum Einkauf in die Altstadt, wo ich in der Nähe des Altstätter-Rings einen Füller für 7,50 RM und eine Damentasche für 14,35 RM erstand. Anschließend zurück zum Eintopfessen im Lazarett um ½1 Uhr. Hier wurde mir mitgeteilt, daß ich mein Zimmer räumen müsse, da dort ein Ostubaf. Wohnung nehmen wolle. Es handelte sich um einen Patienten von 11 b, auf der Unfallstation, in dessen Zimmer ich dann meine Koffer beförderte. Nach dem Essen hatte er aber der Vorsicht halber mal einen flüchtigen Blick in mein Zimmer geworfen und sofort von diesem Tausch Rückstand genommen. So konnte ich dann mit meinen Koffern wieder nach oben ziehen. Es handelte sich um Ostubaf. Deutsch, der mir erzählte, daß Stubaf. Fietsch sein Regimentsarzt gewesen sei. Auf meine Frage kannte er auch Ostuf. Wirths gut und trug mir viele Grüße an ihn auf. Er sei, wie er sich ausdrückte, etwas weichlich und habe mit Frau und Kindern allerhand Kummer.
Nach dem Mittagessen ging ich dann später wieder in die Stadt, photographierte den Wenzelsplatz vom Landesmuseum aus sowie die Thein-Kirche. Nun holte ich meine Brille ab und dann gings in den Willy-Forst- Film »Operette«, welcher einen Riesenerfolg zu verzeichnen hatte und in der »Astra« am Wenzelsplatz schon die zweite Woche lief. Auch die weibliche Hauptrolle wurde von Maria Holst ganz vorzüglich gegeben. Ich war ganz begeistert, als ich dieses auch wieder ganz vorzüglich und vornehm ausgestattete Lichtspielhaus verließ: Man kann nur eines - entweder lieben oder arbeiten; beides zugleich geht nicht. - Ist der Erfolg da, dann geht es einem wie dem Bergsteiger, der den Gipfel erreicht hat: das Streben ist zu Ende, man ist einsam und allein. Jedenfalls hat mich der Film mit seiner Makart-Szene, seinen Straußschen Operetten und seinen raffiniert prunkvollen Revuen restlos begeistert.

5 November 1942

Morgens Aufgabe des 4. Paketes mit 300,- RM Wertangabe an Frau Wizemann. Inhalt: Damentasche mit Füller, Brillen usw., Zugstiefei, Schreibpapier, Braunhemden, Kartoffelreibe usw. Dann einige Einkäufe in der Stadt und Mittagessen im »Deutschen Hause«. Trübes, regnerisches Wetter. Abends Einpacken für die morgige Abreise um 8 Uhr und Kasinoabend, wo ich mir einen vollen Liter eines wunderbar schmekkenden bulgarischen Rotweins hinter die Binde goß, der mich so richtig in Stimmung brachte. Erst nach 12 Uhr suchte ich mein Lager auf.

6 November 1942

Früh um 6 Uhr wurde ich von der Schwester geweckt und bald darauf war ich schon am Bahnhof (Elektrische 21 und 7), wo ich um 8.10 Uhr den Schnellzug nach Mährisch-Ostrau bestieg. In Prerau stieg ich in den Schnellzug Wien-Krakau und hatte kaum ein Abteil 2. Klasse betreten, als ein Generalmajor sich zu mir gesellte, mit dem ich fast die ganze weitere Fahrt allein war, und der mir von seinen Fronteriebnissen erzählte und beim Abschied die Hand drückte. Dauer der Fahrt Prag-Auschwitz über 9 Stunden. An Ort und Stelle begab ich mich sofort ins Führerheim, wo ich mich mal wieder so richtig rundherum satt aß.

8 November 1942

Heute Nacht bei 2 Sonderaktionen teilgenommen, bei regnerischem und trübem Herbstwetter (12. und 13.). Vormittags Hschaf. Kitt, einen aus Essen stammenden Schüler von mir, im Revier begrüßt. Nachmittags noch eine Sonderaktion, also die 14., die ich bisher mitgemacht habe. Abends gemütliches Zusammensein im Führerheim, von dem nunmehrigen Hstuf. Wirths eingeladen. Es gab bulgarischen Rotwein und kroatischen Zwetschenschnaps.

10 November 1942

Heute 1. leichter Schneefall und in der Nacht Frost.

13 November 1942

Lebendfrisches Material (Leber, Milz und Pankreas) von einem vorher photographierten stark atrophischen jüdischen Häftling von 18 Jahren entnommen: Fixiert wie stets, Leber und Milz in Carnoy [Fixierlösung] sowie Pankreas in Zenker [Fixierlösung] (Häftl. No. 68030).

14 November 1942

Heute, Sonnabend, Varietevorstellung im Gemeinschaftshause (ganz groß!). Besondere Freude erregten die tanzenden Hunde und die beiden auf Kommando krähenden Zwerghähne, der verpackte Mensch und die Radfahrgruppe.

15 November 1942

Vormittags bei einem Strafvollzug zugegen.

16 November 1942

Ein Paket Schmierseife (rund 12 Pfd.) mit 300,- RM Wert an Mia und Gretchen abgeschickt.

17 November 1942

Kleiner Koffer an Frau Wizemann abgeschickt (5. Paket) mit 300,- RM Wertangabe. Inhalt: (14 kg!) 2 Flaschen Konsumbranntwein, Vitamin- und Stärkungspräparate, Rasierklingen, Wasch- und Rasierseifen, Thermometer, Nagelzangen, Jodflaschen, Präparate in 90%igem Alkohol, Röntgenbilder, Lebertran, Schreibsachen, Umschläge, Parfüms, Stopfwolle, Nadeln, Zahnpulver usw., usw. Abends Schneegestöber, das die Straßen in Sumpf und Morast verwandelt hat. Vorbereitung zur morgigen Abfahrt nach Prag.
Im Revier: Jambor, Brauner, Biedermann, Wilks, und im Krankenbau: Klehr und Scherpe, alles alte »Stacheldrahtkämpfer« und »KZ. Hasen«. Stabsscharführer Ontl. schwätzt mir einen Bezugschein für eine Breecheshose [= Reithose, d.Hg.] ab. Der Apotheker, Hauptsturmführer Kroemer, hat sich bei der Bereitstellung der notwendigen Reagenzien stets sehr kameradschaftlich erwiesen. Sauther, der Zahnarzt, ist nun nach Mi

18 November 1942

Heute Mittag 13.20 über Oderberg, Mährisch-Ostrau (umsteigen), Prerau, Olmütz nach Prag abgefahren, wo ich um 22.11 eintraf und guten Anschluss zum Lazarett hatte. Hier sorgte Nachtschwester Anna, daß ich wieder mein früheres Zimmer beziehen konnte.

19 November 1942

Nach Meldung beim Chefarzt und Frühstück Abholung des Koffers vom Bahnhof und dann Mittagessen im »Deutschen Hause«. Nachmittags Abgabe der mir leihweise überlassenen Uniformstücke an die Kammer und Packen der Koffer.

20 November 1942

Frühstück, Verabschiedung vom stellv. Standortarzt Himstedt aus Hameln, Stubaf. Matz aus Stettin, Stubaf. Küttner, Hschf. Dreddling, Ustuf. Fasching, Hstuf. Koerber u.a. Ustuf. Jung, der Röntgenarzt, stellt mir schöne Röntgenaufnahmen für meine Vorlesung in Aussicht. Nach Ausstellung des Fahrscheines wird das Passagiergut zum Hibernerbahnhof gebracht. Abfahrt 16.13 über Dresden, Leipzig, Hannover, Osnabrück. Ankunft in Münster 6.38.

24 November 1942

Zum 1. Male in der neuen Anatomiebaracke am Westring.

Source/QuelleTagebuch Kremer (Kopie): AR-Z 37/58, Sonderband Kremer. Dem LG Münster, das gegen Kremer verhandelte (6 Ks 2/60), lag nur eine Kopie vor. Sie befindet sich heute im Staatsarchiv Münster (Staatsanwaltschaft Münster, Nr. 157). Die Kopie wurde anläßlich der Verhandlung mit dem Original aus Auschwitz verglichen. Kremer hatte aber zuvor schon die Kopie als seine Aufzeichnungen anerkannt.


SS-Arzt Dr. Kremer in einem Verhör am 18.7.1947 in Kraków

Besonders unangenehm war die Vergasung der ausgemergelten Frauen aus dem Frauenlager, die allgemein als »Muselmänner« bezeichnet wurden. Ich erinnere mich, daß ich einmal beim Vergasen einer solchen Frauengruppe am Tage teilnahm. Wie groß diese Gruppe war, kann ich nicht angeben. Als ich in die Nähe des Bunkers kam, saßen sie angekleidet auf der Erde. Da sie in abgetragener Lagerkleidung waren, wurden sie nicht in die Ausziehbaracke gelassen, sondern zogen sich im Freien aus. Aus dem Benehmen dieser Frauen schloß ich, daß sie sich darüber klar waren, welches Schicksal sie erwartete, da sie bei den SS Männern um ihr Leben flehten und weinten; jedoch wurden sie in die Gaskammern gejagt und vergast. Als Anatom hatte ich viele schreckliche Sachen gesehen, ich hatte viel mit Leichen zu tun gehabt, jedoch das, was ich damals sah, ließ sich mit nichts vergleichen. Unter den Eindrücken, die ich damals empfing, schrieb ich am 5.9.1942 eben in mein Tagebuch: »Das Schrecklichste der Schrecken. HauptscharführerThilo hat recht, wenn er mir heute sagte, wir befänden uns hier am anus mundi«, an der Aftermündung der Welt. Diese Bezeichnung gebrauchte ich deshalb, weil ich mir gar nichts Abscheulicheres und Schrecklicheres vorstellen konnte.

Source/QuelleAuszüge aus den polnischen Verhören: KL Auschwitz in den Augen der SS, Katowice 1981 (Schriftleiter: Dr. Jadwiga Bezwinska), S.213 (18.7.47). Den Hrsg. lagen Kremers Auss. in der beglaubigten Übersetzung aus dem Polnischen vor, die der Gerichtsdolmetscher verfaßt hat. Die 1981 in Katowice abgedruckten Auss. Kremers sind jedoch sprachlich präziser. Es handelt sich offensichtlich um Kremers in Deutsch verfaßte Aussagen. Dem LG Münster lagen die ins Polnische übersetzten Auss. vor, die ins Deutsche rückübersetzt wurden.


Dr. med. Kremer in einem Verhör am 30.7.1947 in Kraków

In meinem Tagebuch erwähne ich an einigen Stellen das Entnehmen von lebendfrischem Menschenmaterial zu Untersuchungszwecken. Dies geschah auffolgende Weise: Schon seit langem interessierte ich mich für die Veränderungen im menschlichen Organismus infolge von Hunger. In Auschwitz stellte ich diese Sache Wirths vor, der mir erklärte, daß ich für diese Untersuchungen lebendfrisches Material von denjenigen Häftlingen entnehmen könne, die durch Phenolinjektionen getötet würden. Zum Auswählen entsprechender Objekte ging ich in den letzten Block auf der rechten Seite (Block 28), wo die Untersuchungen der sich meldenden kranken Häftlinge stattfanden. Im Laufe dieser Untersuchungen stellten die Häftlingsärzte dem SS-Arzt die Kranken vor und bezeichneten die Krankheit, an der betreffender Häftling litt. Der SS-Arzt entschied darüber, ob dieser Kranke Aussicht auf Genesung versprach, oder ob er schon arbeitsunfähig sei, ob er im Krankenbau bzw. ambulatorisch zu behandeln oder ob er liquidiert werden solle. Die vom SS-Arzt für diese zweite Gruppe Bestimmten nahmen die SS-Dienstgrade mit und führten sie ab. Zu dieser Gruppe zählte der SS-Arzt vor allem diejenigen, für die er die allgemeine Diagnose »allgemeine Körperschwäche« stellte. Die Häftlinge dieser Gruppe beobachtete ich genau, und wenn einer von ihnen infolge weitgehenden Hungerzustandes mich interessierte, befahl ich dem Sanitäter, einen solchen Kranken für mich zu reservieren und mir den Termin anzugeben, an dem dieser Kranke durch die Injektion getötet würde.

An dem vom SS-Sanitäter angegebenen Termin wurden diese von mir ausgesuchten Kranken in eben diesen letzten Block zurückgeführt, dort in den auf der anderen Seite des Korridors gelegenen Saal gebracht, und zwar gegenüber demjenigen, in dem die Untersuchungen vor sich gegangen waren, bei der ein solcher Häftling ausgesucht worden war. Dort legte man den Kranken noch lebend auf den Sektionstisch. Ich trat an den Tisch heran und fragte den Kranken nach verschiedenen, für meine Untersuchungen wesentlichen Einzelheiten. So z. B. nach seinem Körpergewicht vor seiner Inhaftierung, wieviel er seit seiner Inhaftierung abgenommen habe, ob er in der letzten Zeit irgendweiche Medikamente eingenommen hätte usw. Nach Erhalt dieser Informationen trat ein Sanitätsdienstgrad an den Kranken heran und tötete ihn durch eine Injektion in die Herzgegend. Wie mir bekannt ist, wurden zum Töten ausschließlich Phenolinjektionen benutzt. Nach einer solchen Injektion trat der Tod sofort ein. Ich selbst habe niemals tödliche Injektionen verabfolgt

Source/QuelleAuszüge aus den polnischen Verhören: KL Auschwitz in den Augen der SS, Katowice 1981 (Schriftleiter: Dr. Jadwiga Bezwinska), S.218f (30.7.47).

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.