1. Sur ce point, Alice Kaplan, Intelligence avec l’ennemi. Le procès Brasillach, Paris, Gallimard, 2001. Sur d’autres mensonges de Bardèche, voir la conférence d’Anne Simonin, «Un homme de lettres joue à être juriste: Maurice Bardèche invente le révisionnisme», ENS, mercredi 9 mai 2012, en ligne… 2. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 40. 3. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 43. 4. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 49. 5. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 58. 6. Florent Brayard, Comment l’idée vint à M. Rassinier, Naissance du révisionnisme, Fayard, 1996, p. 310. 7. Pierre Birnbaum, «La France aux Français», Histoire des haines nationalistes, Seuil, 1993, p. 112. 8. René Monzat, Enquêtes sur la droite extrême, Le Monde éditions, 1992, p. 182.

Les amis de Rassinier

Maurice Bardèche


Bardèche en 1991
Maurice Bardèche en 1991

Bardèche fut le père du fascisme français d’après guerre et fut pendant cinquante ans la grande figure idéologique et intellectuelle de l’extrême droite française. Il écrivait cependant déjà avant-guerre dans l’hebdomadaire antisémite Je suis partout. Beau-frère et adulateur du collaborationniste Brasillach, antisémite et rédacteur en chef de Je suis partout — Brasillach qui écrivait le 25 septembre 1942: «il faut se séparer des Juifs et ne pas garder les petits» — Bardèche n’a pas supporté la condamnation à mort de Brasillach. Il s’attachera après la guerre à édulcorer radicalement les responsabilités de Brasillach, notamment en mentant sur ce que savait ce dernier des crimes nazis1.

En 1947 Bardèche justifiait dans une lettre à François Mauriac la collaboration avec Hitler2. Ses écrits sont imprégnés d’un racisme et d’un antisémitisme acharné. Il parle des «rêves enfermés dans la cervelle sournoise d’un petit cireur de bottes négroïdes du ghetto de New York»3. Toute sa prose vise à asséner une thèse délirante: les Juifs seraient responsables de la guerre.

Dès 1948 il écrivait un ouvrage antisémite exonérant les nazis de leurs crimes ou en niant la réalité, et faisant porter la responsabilité de la guerre sur «Les Juifs». Plus encore que Rassinier, il est le véritable fondateur du négationnisme en France.

En décembre 1950, Bardèche donne des conférences en Allemagne devant des parterres d’anciens nazis. Il y fait l’apologie de la collaboration4. Bardèche admirait le IIIe Reich et adulait ses hommes5. Il fut, avec l’ancien SS Karl-Heinz Priester, son éditeur en Allemagne, l’un des chefs de file de l’extrême droite européenne des années 1950 et 1960. Fondateur de la revue néo-fasciste Défense de l’Occident, qu’il dirigea pendant 30 ans de 1952 à 1982, il fut un discret mais inlassable propagandiste du négationnisme à l’extrême droite. Bardèche a participé aux principales publications de l’extrême droite française et Européenne, Rivarol, Nation Europa et, bien sûr, Défense de l’Occident.

En 1954, Bardèche avait publié dans Défense de l’Occident de larges extraits d’un article saturé d’ignominies négationnistes de la revue nazie publiée en Argentine Der Weg, que dirigeait alors le nazi Johann von Leers; article dont Rassinier a très vraisemblablement eu vent et utilisé sans citer sa source6.

En 1962 et 1964 Bardèche se fait l’éditeur de Rassinier. Il entretient avec lui une correspondance suivie ainsi qu’avec le nazi Johann von Leers. En 1963, Bardèche constitue avec une brochette d’antisémites pathologiques — notamment Xavier Vallat et Jacques Ploncard d’Assac — une «société des amis d’Edouard Drumont» qui reprend les délires antisémites de Drumont et promeut notamment la validité du faux antisémite fabriqué par la police tsariste au début du siècle, les Protocoles des sages de Sion7

La revue de Bardèche, Défense de l’Occident publie des articles de Rassinier à de nombreuses reprises, mais aussi bien d’autres négationnistes comme le militant extrémiste François Duprat, le néo-nazi Richard Harwood, et bien sûr Faurisson8.

Ce fut Bardèche qui prononça l’éloge funèbre de Rassinier. 


Bibliographie & liens


Notes

1. Sur ce point, Alice Kaplan, Intelligence avec l’ennemi. Le procès Brasillach, Paris: Gallimard, 2001. Sur d’autres mensonges de Bardèche, voir la conférence d’Anne Simonin, «Un homme de lettres joue à être juriste: Maurice Bardèche invente le révisionnisme», ENS, mercredi 9 mai 2012, en ligne…

2. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 40.

3. Valérie Igounet, op. cit, p. 43.

4. Valérie Igounet, op. cit., p. 49.

5. Valérie Igounet, op. cit., p. 58.

6. Florent Brayard, Comment l’idée vint à M. Rassinier, Naissance du révisionnisme, Fayard, 1996, p. 310.

7. Pierre Birnbaum, «La France aux Français», Histoire des haines nationalistes, Seuil, 1993, p. 112.

8. René Monzat, Enquêtes sur la droite extrême, Le Monde éditions, 1992, p. 182.

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