Antisionisme et antisémitisme:
avertissement


Une section «antisionisme» dans un ensemble de pages consacrées à l’antisémitisme appelle, hélas, une mise au point.

La critique d’une politique donnée de l’Etat d’Israël, à un moment donné ne saurait en aucun cas être considérée automatiquement comme la manifestation d’un préjugé antisémite. Les responsables de PHDN considèrent que la situation catastrophique dans laquelle se trouvent Israéliens et Palestiniens relève de responsabilités largement partagées et que le seul horizon possible est celui d’une paix entre deux Etats indépendants, Israël et un Etat palestinien, chacun avec Jérusalem pour capitale, Israël ayant démantelé les colonies et s’étant retiré sur les frontières de 1967, à quelques ajustements de frontière près, aussi marginaux que nécessaires. Le chemin pour y parvenir ne saurait faire l’économie de la critique de la politique d’Israël ou de celle de l’Autorité palestinienne.

La persistance, la vigueur d’un antisémitisme toujours renouvelé, l’existence des antisémites sont des réalités tristement évidentes, comme l’illustre la nécessité du présent site. Il aurait été pour le moins surprenant et paradoxal qu’Israël, en tant qu’Etat des Juifs, échappe à la vindicte des antisémites. L’«antisionisme» (entendu ici de la façon la plus générale comme la critique d’Israël) est donc «naturellement» un vecteur privilégié de l’antisémitisme. Il faut se rappeler que c’était un des axes favoris de l’antisémitisme soviétique post-stalinien.

Il serait grotesque de prétendre que les antisémites évitent soigneusement de s’en prendre à Israël. Il serait particulièrement naïf de penser que les antisémites qui utilisent la critique d’Israël sont assez stupides pour ne pas essayer de dissimuler, le plus souvent, la nature antisémite de leurs motivations. Il existe donc une critique d’Israël qui est motivée par l’antisémitisme, qui est de nature antisémite, tout en essayant, avec plus ou moins de succès, de camoufler cette nature. Ceux qui voudraient soutenir que toute critique d’Israël est automatiquement, consubstantiellement, à l’abri d’une motivation ou d’une forme antisémite seraient aussi aveugles, ou de mauvaise foi, que ceux qui prétendent que toute critique d’Israël est nécessairement motivée par l’antisémitisme. Ce serait comme prétendre que les négationnistes qui travestissent leurs discours sous les oripeaux d’un discours historique se sauraient être antisémites parce que leur discours a l’apparence d’un discours historique. Dans les deux cas, une telle dénégation, si elle n’est pas la manifestation d’un aveuglement douteux, peut évidemment relever d’une stratégie antisémite. Soulignons notamment qu’une critique d’Israël qui se donne comme objectif implicite ou explicite la destruction d’Israël relève aujourd’hui presque à coup sûr de l’antisémitisme.

Dans le même temps, le fait que des antisémites usent de la critique d’Israël pour faire passer leur discours de haine ne saurait disqualifier toute critique d’Israël. Comme la politique de n’importe quel Etat, celle d’Israël peut, et doit, faire l’objet d’un examen critique. Mais les critiques de bonne foi doivent se garder de faire leurs les argumentaires et les stratégies rhétoriques des antisémites. Il semble hélas que certains évitent de moins en moins cet écueil. Des militants pro-palestiniens de bonne foi adoptent parfois des discours relevant de l’antisémitisme, sans même se rendre compte qu’ils usent d’une rhétorique antisémite. La présente section se veut un moyen de les aider à éviter de tomber dans ce piège en identifiant les personnes et «argumentaires» motivés par l’antisémitisme.

La description la plus pertinente, à laquelle nous adhérons, de ce qui relève de l’antisémitisme dans une critique «antisioniste» a été donnée par Ilan Greilsammer, dans un texte paru dans Libération le 24 septembre 2003: «La pente savonneuse de l’antisémitisme».

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