Le camion à gaz

«Trouver un système de mise à mort plus efficace»

Les hommes des Einsatzgruppen éreintés
par le rythme des exécutions


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
Reproduction interdite - No reproduction

Texte original en allemand / Deutsches Original


Introduction (par PHDN):

Aux assassinats par balles lors de fusillades en masse des Juifs, les nazis ont souhaité adjoindre d’autres techniques de mise à mort. Forts de leur expérience d’assassinats par gazages pratiqués dans le cadre de l’élimination physique des handicapés (opération «T.4.»), ils ont mis au point le meurtre par gazage dans des camions, le plus souvent mobile, dès l’automne 1941. C’est la première étape dans la mise au point de ce qui deviendra les chambres à gaz. Néanmoins, ni les camions à gaz, ni les chambres à gaz ne remplaceront les assassinats par balles, ils ne feront que compléter l’éventail des moyens de la tuerie. PHDN propose une section consacrée aux camions à gaz, avec des études scientifiques, des documents originaux, des témoignages et une bibliographie.



Témoignage du docteur ès lettres August Becker, inspecteur des véhicules de gazage (26 mars 1960)

J’ai été affecté au programme d’euthanasie dans le service dirigé par Victor Brack à la chancellerie du Führer. J’exerçais la fonction d’expert en matière de gazage pour l’extermination des malades mentaux dans les hôpitaux et centres spécialisés. Étant donné que ces opérations venaient d’avoir été suspendues peu de temps avant, pour des motifs que je ne saurais dire. [On a cessé d’utiliser le gaz, mais les assassinats ont continué par voie médicamenteuse. N.d.E.] En raison d’une conversation privée entre le Reichsführer SS, Himmler, et Brack, le chef du service, j’ai été muté au bureau central de la sécurité du Reich, le R.S.H.A. [N.d.T. Reichssicherheitshauptamt], à Berlin. Himmler voulait que les hommes qui seraient disponibles à la suite de l’interruption de l’euthanasie, et qui comme moi étaient des spécialistes du gazage, fussent affectés à des opérations de plus grande envergure à l’Est. La raison invoquée était la suivante: à l’Est, les commandants des groupes spéciaux se plaignaient de plus en plus fréquemment qu’à la longue, les hommes des pelotons d’exécution n’étaient pas de taille à supporter les efforts mentaux et psychiques qu’exigeaient ces exécutions à la chaîne. J’ai appris que des hommes de ces commandos ont même été internés dans des asiles psychiatriques et qu’il fallait donc trouver un système de mise à mort plus efficace. C’est pour cette raison qu’en décembre 1941, je suis arrivé au R.S.H.A., Bureau II, dans le service de Rauff. Le suppléant de Rauff était le capitaine Pradel; par la suite, il a été promu major.

En effet, le grade de Pradel était assimilé à celui d’un SS, mais il se faisait appeler Major. Au début, je n’avais pas de contacts personnels avec Pradel. Quand, en décembre 1941, j’ai été muté auprès de Rauff, ce dernier m’a expliqué la situation en disant que les efforts mentaux et psychiques que devaient fournir les pelotons d’exécution dépassaient les limites du tolérable et que c’était la raison pour laquelle on venait d’entamer les opérations de gazage. Il m’a dit que ces camions et leurs chauffeurs étaient déjà sur place ou en route pour rejoindre les groupes spéciaux. Quant à moi, ma mission était clairement définie, je devais vérifier le travail des divers pelotons utilisant ce type de véhicules à l’Est. Ce qui signifiait que j’avais à contrôler le processus de l’extermination et si tout se passait conformément aux ordres; je devais porter une attention particulière aux techniques utilisées par ces véhicules. Ici, il me faut ajouter que deux types de camions de gazage étaient opérationnels: «L’Opel Blitz» de 3,5 tonnes et le grand «Camion acide» qui, à ma connaissance, faisait 7 tonnes. En raison de la mission que Rauff m’avait confiée, je suis parti pour l’Est à la mi-décembre; mon objectif était […] le groupe A (Riga), afin de rejoindre les voitures spéciales, en l’occurrence, les camions de gazage.

Mais le 14 décembre 1941, j’ai eu un accident de voiture près de Deutsch Eylau. En raison de cet accident, j’ai été admis à l’hôpital catholique de Deutsch Eylau et j’ai pu en sortir après convalescence le 23 ou le 24 décembre 1941. J’ai le souvenir exact de cette date parce qu’à Noël j’étais en famille à Berlin.

Le 4 ou le 5 janvier, j’ai reçu un message de Rauff me demandant de me présenter à son bureau. On me donnait l’ordre de partir immédiatement, cette fois ci pour me rendre à Simferopol et prendre directement contact avec le groupe D, dans le sud (Otto Ohlendorf). A l’origine, je devais d’abord prendre un avion, mais ça n’a pas marché à cause du gel. J’ai donc pris le train le 5 ou le 6 janvier 1942 pour Nikolaïev, via Cracovie et Fastow. De Nikolaïev, je me suis envolé dans l’avion du Reichsführer SS pour Simferopol (Crimée). Dans le cadre de cette mission, j’ai voyagé pendant trois semaines environ et me suis présenté auprès du commandant du groupe spécial D, Otto Ohlendorf, en janvier 1942. Je suis resté avec ce groupe jusqu’en avril 1942, puis j’ai inspecté chaque groupe jusqu’à ce que j’atterrisse à Riga où se trouvait le groupe A.

A Riga j’ai appris du Standartenführer Potzelt, le suppléant du commandant en chef de la sécurité et du SD de Riga, que les trois camions de gazage disponibles ne suffisaient plus au commando spécial de Minsk et que d’autres véhicules étaient par conséquent nécessaires. Potzelt m’a aussi appris qu’il s’agissait, à Minsk, d’un camp d’extermination des Juifs. Avec un hélicoptère, excusez mon erreur, non, je suis parti pour Minsk dans un Fieseler Storch du groupe. Le Hauptsturmführer Rühl, le commandant du camp d’extermination de Minsk, avec lequel j’avais négocié à Riga, était dans le même avion que moi. Rühl avait une requête, il voulait que je lui procure d’autres véhicules car ils n’arrivaient plus à suivre le rythme exigé. Étant donné que je n’étais pas compétent en matière d’approvisionnement en camions, j’ai dit à Rühl qu’il fallait qu’il transmette sa demande au service de Rauff.

Ayant vu à Minsk à quel petit jeu on jouait et que des êtres humains des deux sexes étaient exterminés en masse, j’en ai eu marre, et trois jours plus tard, ça devait être en septembre 1942, je suis parti pour Berlin via Varsovie en camion.

Arrivé à Berlin, j’ai voulu me présenter au service de Rauff. Mais Rauff n’était pas là; Pradel, son suppléant, le remplaçait; entre temps, il avait été promu au grade de major. C’est lui qui m’a accueilli […]. Au cours d’un entretien personnel qui a duré à peu près une heure, je lui ai décrit les méthodes de travail des camions de gazage, en les critiquant parce que les «délinquants» n’étaient pas gazés, mais étouffaient à la suite d’une erreur de réglage commise par les équipes techniques. Je lui ai raconté que ces gens vomissaient et urinaient sur eux. Pradel a écouté mon histoire sans dire un mot. A la fin de notre entretien, il s’est contenté de dire que je devrais lui remettre un rapport écrit et détaillé à ce sujet. Il m’a demandé de me rendre à la caisse afin de faire calculer les frais occasionnés par mon déplacement.

Source/Quelle: Auss. Becker vom 26.3.60: 9 AR-Z 220/59, Bd. I, BI. 194 ff.


Témoignage du SS-Standartenführer Walter Rauff (18 juin 1972, au Chili)

Je ne peux pas dire qu’à l’époque j’avais des scrupules à utiliser les camions de gazage. Pour moi, ce qui était prioritaire, c’était que ces exécutions qui exigeaient des efforts considérables de la part des hommes qui y procédaient cessent; l’utilisation des camions de gazage résoudrait donc le problème.

Source/Quelle: Auss. Rauff vom 28.6.72 in der Botschaft der Bundesrepublik Deutschland in Santiago de Chile: 11415 AR 1310/63 - E 32, BI. 545.


Témoignage de Wilhelm Findeisen (29 septembre 1967)

On m’a dit que toutes nos activités et que même la voiture étaient secrets. Il était formellement interdit de photographier le camion et j’ai reçu l’ordre de ne laisser personne en approcher. Puis j’ai été affecté au SK 4a du groupe spécial C […]. Quand nous sommes arrivés à Kiev, le camion n’a pas été mis en service tout de suite. A ce moment là, ils faisaient encore des opérations isolées. Je n’avais rien à voir avec ces opérations parce que j’étais chauffeur. Un soir, plusieurs officiers sont apparus et ont choisi quelques hommes qui ont dû les suivre. Ils sont allés dans un appartement, chez des privés, et ont pris un professeur et sa fille. Ces gens ont été conduits à proximité d’un terrain vague où on avait creusé une fosse.

Les hommes, c’est à dire les officiers, ont donné l’ordre de fusiller ces deux personnes. L’un des officiers m’a dit: «Findeisen, tirez leur une balle dans la nuque!» J’ai refusé de faire ça, et les autres, eux aussi, ont refusé. Je pense que la jeune fille avait peut être 18 ou 19 ans. L’officier a abattu ces gens parce que les autres refusaient de le faire. Bien sûr, il nous a traités de lâches, mais s’il ne l’avait pas fait, rien ne se serait passé.

A Kiev, c’était la première fois qu’on mettait le camion en service. Ma mission était uniquement de conduire. On a chargé le camion au poste, 40 personnes environ sont montées dedans. Il y avait des hommes, des femmes et des enfants. A l’époque, il fallait que je leur dise qu’on les emmenait sur le lieu de travail *. On avait une petite échelle et les gens ont été poussés à l’intérieur. Ensuite, on a verrouillé la porte et branché le tuyau.

J’ai traversé la ville pour en sortir du côté des défenses antichars. Une fois là bas, nous avons ouvert les portes. C’était le travail des prisonniers. Les cadavres ont été jetés dans les fossés anti chars […].

Source/Quelle: Auss. Findeisen vom 29.9.67: 208 AR-Z 269/60, Bd.31, BI. 12ff.


Extrait d’un rapport du Dr. August Becker, le 5-6-1942, au SS Obersturmbannführer Rauff

A titre d’exemple, 97000 unités ont été traitées par trois camions en opérations à partir de décembre 1941, sans que l’on signale de défaillance sur les véhicules.

Source/Quelle: Becker am 5.6.42 an Rauff: ZSt. USA Film 1, Bild 9.


Extrait d’un rapport du Dr. August Becker, le 16 mai 1942, au SS Obersturmbannführer Rauff

Par ailleurs, j’ai ordonné que, pendant les gazages, tous les hommes se tiennent à bonne distance des véhicules afin que dans l’éventualité d’un échappement de gaz, leur santé ne subisse aucun préjudice. A cette occasion, je souhaiterais attirer votre attention sur le point suivant: dans divers commandos, on demande aux hommes de décharger les camions après les gazages. J’ai fait remarquer aux commandants des commandos spéciaux concernés que ce travail pourrait ultérieurement nuire à la santé morale et physique de nos hommes, même si ce n’est pas dans l’immédiat.

Source/Quelle: Becker am 16.5.42 an Rauff: Nbg. Dok. PS-501.


Témoignage de Friedrich Zopp, membre du commando spécial SK 6 sur une mission effectuée avec les camions de gazage à Stalino et à Rostov (28 & 29 juin 1962)

A Stalino, j’ai assisté aux premières exécutions le lundi de Pâques 1942. Je suis sûr que c’était le lundi de Pâques parce que je me rappelle qu’après l’exécution, j’ai retrouvé quelques œufs peints à l’intérieur du camion. Il s’agissait d’un gazage par camion. Quelques centaines de personnes ont été gazées. On chargeait des hommes, des femmes et des enfants. Mais tous, et de loin, n’ont pas été gazés ce lundi là. Je pense avoir été sur place très tôt le matin, peut être vers 7 h. jusque vers 10 h 30: le moment où notre mission s’est achevée pour la journée. Au total, j’ai dû charger et décharger 4 voitures […].

C’étaient sans aucun doute des Juifs. D’après la composition des groupes et leur nombre, il ne pouvait s’agir que de Juifs. Il n’y avait sûrement pas autant de pillards ni de saboteurs. C’est surtout la présence d’enfants qui m’amène à cette conclusion.

Les Juifs devaient monter tout habillés dans les camions, les hommes, les femmes et les enfants n’ont pas été séparés, ils montaient ensemble. Selon mes estimations, il fallait que 60 personnes y grimpent à l’aide d’une échelle. On n’avait pas l’impression que les Juifs savaient qu’ils allaient être gazés. Une fois les portes verrouillées, nous roulions soit devant, soit derrière le camion jusqu’à un puits de mine désaffecté. Le camion ne pouvait pas s’arrêter juste devant le puits et il fallait que nous tirions les corps du camion et que nous les traînions jusqu’à l’entrée pour les jeter dans la mine qui était à une distance d’environ 8 m […].

Après l’ouverture des portes, un nuage de fumée s’échappait. Dès qu’il s’était dissipé, nous pouvions commencer notre sale travail. C’était épouvantable. On voyait qu’ils avaient eu une agonie atroce. Certains avaient encore les doigts pincés sur le nez. Il fallait arracher les morts les uns des autres. C’est la première fois que j’ai constaté qu’un homme, ça peut peser très lourd.

[Camion de gazage en mission à Rostov:]
La «prison» n’était pas très éloignée du cantonnement, par conséquent, elle était en plein centre de Rostov. Le camion de gazage arrivait et nous devions, une fois de plus, boucler le quartier [&hellip].

Alors, les détenus juifs montaient dans les camions. Ils gardaient tous leurs vêtements. C’est la milice qui allait les chercher. Tous ensemble, les hommes, les femmes et les enfants, ils grimpaient dans les camions. Il faut aussi que j’ajoute que les Juifs étaient presque morts de soif. A ma connaissance, ils n’avaient été raflés que la veille au soir par la milice. L’aération ne devait pas être au point dans les caves, il devait y faire très chaud, ce qui explique l’état dans lequel ils étaient, et pourtant, ils n’y étaient restés qu’une nuit. Au sujet de ce chargement, je me souviens encore d’une chose: j’ai été bouleversé quand une Juive s’est soudain écriée que son père était mort d’une attaque. Mais personne ne s’en est préoccupé outre mesure et la famille a chargé le corps de l’homme dans le camion. Nous l’avons bien tassé, comme d’habitude, donc 40 à 60 personnes y sont montées.

Ensuite, je me rappelle que je suis allé chercher deux seaux d’eau et les ai fait porter au camion; mais ça a presque provoqué une bagarre. Un Juif, il s’agissait d’un Autrichien connaissant parfaitement l’allemand, s’est levé, puis il a commencé à faire la distribution. Tout s’est passé normalement, les Juifs qui étaient déjà dans le camion versaient une gorgée d’eau à ceux qui étaient encore en bas. Quand ils ont eu tous bu, il est monté en dernier, puis on a fermé le camion. Après, mes souvenirs s’estompent un peu; je pense que nous avons roulé assez longtemps jusqu’à un puits de mine où nous avons déchargé le camion.s

Bon, je me rappelle que j’ai dit quelque chose comme: «Vous vous êtes modernisés et vous avez fait tout le boulot en route.» En effet, les Juifs étaient déjà tous gazés quand le camion est arrivé à la mine. A Stalino, le gazage ne commençait qu’une fois sur place.

Là bas, à Rostov, nous avons ouvert le camion comme d’habitude, à la seule différence que c’était tout de suite en arrivant à la mine. Nous devions, comme d’habitude, tirer les morts du camion. C’était le spectacle habituel. Je vous en prie, épargnez moi, ne me demandez pas de raconter toujours les mêmes détails.

Ce jour là, je n’ai participé qu’à un chargement, celui que je viens de décrire, mais à plusieurs déchargements, peut être 4 ou 5.

C’était comme ça, nous, à la «décharge», nous restions à la mine et le camion repartait seul pour la «prison». Là bas il y en avait d’autres du commando qui surveillaient le chargement.

Je sais qu’entre les chargements, le chauffeur du camion avait à faire un énorme travail de nettoyage dans l’habitacle parce que les gazés devenaient incontinents. Vu sous cet angle, le déchargement du camion de gazage n’avait rien d’agréable. Je me souviens que ce jour là, les exécutions ont pris fin vers midi.

Je ne sais pas si d’autres exécutions ont eu lieu le même jour. A mon avis, les caves avaient été vidées quand nous avons arrêté.

Réponse à une question subsidiaire: Je suis sûr et certain d’être arrivé le 19 septembre 1942 à Rostov. Pourquoi je me souviens encore de cette date? Je ne le sais pas exactement. Non, il ne s’est rien passé de spécial ce jour là.

Source/Quelle: Auss. Friedrich Zopp vom 28. und 29.6.62: 11 204 AR-Z 15/60, S.81f (Stalino) und 87 f (Rostow).


Témoignage de Anton Lauer, 9e bataillon de réserve de la police (4 juin 1964)

Deux camions de gazage étaient en service. Je les ai vas de mes propres yeux. Ils entraient dans la cour de la prison, et les Juifs, hommes, femmes et enfants, devaient passer directement de leur cellule dans le camion. Je sais comment ces camions étaient à l’intérieur. Ils étaient recouverts de tôle de claies de bois. Les gaz d’échappement étaient conduits dans l’habitacle. Aujourd’hui, je les entends encore cogner et crier: « Chers Allemands, laissez nous sortir! »

Source/Quelle: Auss. Lauer vom 4.6.64: 204 AR-Z 269/60, Bd. XI, BI. 2390.


Texte original en allemand / Deutsches Original

»Eine neue und bessere Tötungsart finden …«
Die Gaswagen

Zeugen und Berichte



Aussage Dr. phil. August Becker, Inspekteur der Gaswagen (26 märz 1960)

In der Dienststelle des Oberdienstleiters Viktor Brack in der Kanzlei des Führers (KdF) war ich bis etwa 1941 in dem Euthanasieprogramm miteingeschaltet. Ich fungierte als Fachmann in Vergasungsfragen bei der Vernichtung von Geisteskranken in den Heil- und Pflegeanstalten. Da diese Aktion kurz vorher eingestellt worden ist, den Grund hierzu kann ich nicht sagen [die Vergasungen wurden eingestellt, die Morde gingen mit Medikamenten weiter; d. Hrsg.). wurde ich aufgrund einer persönlichen Aussprache zwischen dem Reichsführer SS Himmler und Oberdienstleiter Brack dem Reichssicherheitshauptamt (RSHA) in Berlin überstellt. Himmler wollte die bei der Euthanasie freiwerdenden Leute, die Fachleute in der Vergasung waren wie ich, für die groß anlaufende Vergasungsaktion im Osten einsetzen. Der Grund hierzu war folgender: Die führenden Männer der Einsatzgruppen im Osten beklagten sich in zunehmendem Maße, daß die Erschießungskommandos den seelischen und moralischen Belastungen dieser Massenerschießungen auf die Dauer nicht gewachsen seien. Ich weiß davon, daß Leute dieser Kommandos selbst in die Irrenanstalten kamen, und daß man daher eine neue und bessere Tötungsart finden mußte. Daher kam ich auch im Dezember 1941 zum RSHA, Amt 11, in die Dienststelle Rauff. […] Stellvertreter von Rauff war der damalige Hauptmann und spätere Major Pradel.

Pradel hatte zwar auch einen SS-Angleichungsdienstgrad, er nannte sich aber Major. Mit Pradel kam ich zunächst nicht in einen persönlichen Kontakt. Als ich im Dezember 1941 zu Rauff überstellt wurde, erklärte mir dieser die Lage mit den Worten, daß die seelischen und moralischen Belastungen der Erschießungskommandos nicht mehr tragbar seien und daß deshalb die Vergasungsaktion gestartet worden sei. Er sagte, daß zu den einzelnen Einsatzgruppen bereits die Gaswagen mit den Fahrern unterwegs bzw. dort eingetroffen seien. Ich selbst hatte den klaren dienstlichen Auftrag, die Arbeit mit den Gaswagen bei den einzelnen Einsatzgruppen im Osten zu überprüfen. Das heißt, ich hatte zu überwachen, daß die in den Gaswagen vorgenommenen Massentötungen ordnungsgemäß verliefen, wobei ich insbesondere auf die technische Arbeitsweise dieser Wagen mein Augenmerk richtete. Dabei möchte ich erwähnen, daß zwei Arten von Gaswagen im Einsatz waren: »Opel-Blitz« 3,5 Tonner und der große »Saurerwagen« mit meines Wissens 7 Tonnen. Aufgrund dieses dienstlichen Auftrages von Rauff fuhr

ich Mitte Dezember 1941 nach dem Osten mit dem Ziel, zur Einsatzgruppe A (Riga) […] [zu gelangen], um dort auf die Einsatzwagen bzw. Gaswagen zu stoßen.

Am 14.12.1941 hatte ich aber einen Autounfall bei Deutsch-Eylau. Aufgrund dieses Unfalles kam ich in das katholische Krankenhaus nach Deutsch-Eylau und wurde nach Genesung am 23. oder 24. Dezember 1941 entlassen. Dies weiß ich genau, weil ich an Weihnachten bei meiner Familie in Berlin war.

Am 4. oder 5.1.1942 erhielt ich die Nachricht von Rauff, mich bei ihm zu melden. Dort erhielt ich den Auftrag, sofort loszureisen und zwar diesmal direkt zur Einsatzgruppe D im Süden (Otto Ohlendorf) nach Simferopol. Ich sollte zuerst mit dem Flugzeug fliegen, dies klappte aber nicht wegen Vereisung. So fuhr ich mit der Bahn am 5. oder 6.1.1942 über Krakau, Fastow nach Nikolajew. Von dort aus flog ich mit der Maschine des Reichsführers SS nach Simferopol (Krim). Ich war für diese Reise etwa drei Wochen unterwegs und meldete mich etwa Januar 1942 bei dem Chef der Einsatzgruppe D, Otto Ohlendorf. Bei dieser Gruppe verblieb ich bis Anfang April 1942 und reiste dann die einzelnen Einsatzgruppen ab, bis ich oben in Riga bei der Gruppe Alandete.

In Riga erfuhr ich von dem Standartenführer Potzelt, dem Stellvertreter des Befehlshabers der Sicherheitspolizei und des SD Riga, daß das Einsatzkommando (EK) Minsk mit den drei dort verfügbaren Gaswagen nicht auskäme und deshalb weitere Wagen dort benötigt würden. Dabei erfuhr ich auch von Potzelt, daß es sich in Minsk um ein jüdisches Vernichtungslager handelte. Mit einem Hubschrauber, ich berichtige mich, mit einem Fieseier Storch der Einsatzgruppe flog ich nach Minsk. Mit mir flog der Hauptsturmführer Rühl, der Leiter des Vernichtungslagers Minsk, mit dem ich in Riga verhandelt hatte. Rühl stellte dann dort das Ansinnen an mich, für weitere Wagen zu sorgen, da sie mit den Vernichtungen nicht nachkämen. Da ich für Gaswagenanforderungen nicht zuständig war, verwies ich Rühl an die Dienststelle Rauff. Da ich in Minsk gesehen habe, was dort gespielt wurde und daß Menschen beiderlei Geschlechtes massenhaft vernichtet wurden, habe ich die Schnauze voll bekommen und bin drei Tage später, es mag etwa im September 1942 gewesen sein, mit einem Lkw über Warschau nach Berlin zurückgefahren.

In Berlin wollte ich mich bei der Dienststelle Rauff melden. Rauff war jedoch nicht da, sondern dessen Stellvertreter, der mittlerweile zum Major beförderte Pradel empfing mich. [ ... 1 Ich schilderte Pradel in etwa einem einstündigen persönlichen Gespräch die Arbeitsweise der Gaswagen und übte Kritik, weil die Delinquenten nicht vergast, sondern durch die verkehrte Einstellung der Bedienungsmannschaften erstickt worden sind. Ich habe ihm erzählt, daß dabei die Menschen erbrochen und unter sich gemacht hätten. Pradel hörte sich die Sache an, ohne ein Wort zu sagen. Zum Schluß unserer Unterredung sagte er nur, daß ich über diese Sache einen eingehenden schriftlichen Bericht machen solle. Er verwies mich anschließend zwecks Abrechnung meiner Dienstreise an die Kasse.

Source/Quelle: Auss. Becker vom 26.3.60: 9 AR-Z 220/59, Bd. I, BI. 194 ff.


Aussage SS-Standartenführer Walter Rauff (18 Juni 1972, Chile)

Ob ich damals Bedenken gegen den Einsatz der Gaswagen hatte, kann ich nicht sagen. Für mich stand damals im Vordergrund, daß die Erschießungen für die Männer, die damit befaßt waren, eine erhebliche Belastung darstellten und daß diese Belastung durch den Einsatz der Gaswagen entfiel.

Source/Quelle: Auss. Rauff vom 28.6.72 in der Botschaft der Bundesrepublik Deutschland in Santiago de Chile: 11415 AR 1310/63 - E 32, BI. 545.


Aussage Wilhelm Findeisen (29 september 1967)

Mir wurde gesagt, daß die ganze Tätigkeit und der Wagen selbst Geheimsache seien. Es wurde ausdrücklich verboten, den Wagen zu fotografieren, und ich habe Befehl gehabt, niemand an den Wagen heranzulassen. Ich kam dann zu dem SK 4a der Einsatzgruppe c. […]. Der Wagen wurde nicht gleich eingesetzt, als wir nach Kiew kamen. Als wir ankamen, machten sie nur Einzelaktionen. Ich hatte mit diesen Einzelaktionen nichts zu tun, weil ich Fahrer war. Eines Abends erschienen mehrere Offiziere und bestimmten einige Leute, die mitkommen müßten. Sie gingen in eine Privatwohnung und holten dort einen Professor und seine Tochter. Diese Leute wurden dann in die Nähe eines freien Platzes geführt, wo eine Grube ausgehoben war.

Die Leute, d. h. die Offiziere, befahlen dann, diese beiden Personen zu erschießen. Der eine Offizier sagte zu mir: »Findeisen, erschießen Sie die Leute durch Genickschuß!« Ich weigerte mich, dies zu tun, wie auch die anderen Beamten sich weigerten. Ich schätzte das Mädchen vielleicht auf 18-19 Jahre. Der Offizier erschoß die Leute, weil die anderen sich weigerten, selbst. Er hat uns zwar als Feiglinge beschimpft, aber sonst hat es nichts gegeben.

In Kiew war auch der Gaswagen zum ersten Mal eingesetzt. Ich habe dabei lediglich die Aufgabe gehabt, den Wagen zu fahren. Der Wagen wurde auf der Dienststelle beladen. Es wurden etwa 40 Personen eingeladen. Es waren Männer, Frauen und Kinder dabei. Ich mußte den Leuten damals sagen, sie würden zum Arbeitseinsatz gebracht. Es war eine kurze Leiter angestellt worden, und die Leute wurden hineingeschoben. Dann wurde die Wagentür abgeriegelt, der Schlauch angeschlossen...

Ich fuhr durch die Stadt nach außerhalb bis zu den Panzergräben. Dort wurde das Fahrzeug geöffnet. Dies mußten Gefangene tun. Die Leichen wurden in die Panzergräben geworfen. […]

Source/Quelle: Auss. Findeisen vom 29.9.67: 208 AR-Z 269/60, Bd.31, BI. 12ff.


Dr. August Becker am 5.6.1942 an SS-Obersturmbannführer Rauff

Seit Dezember 1941 wurden beispielsweise mit 3 eingesetzten Wagen 97000 verarbeitet, ohne daß Mängel an den Fahrzeugen auftraten

Source/Quelle: Becker am 5.6.42 an Rauff: ZSt. USA Film 1, Bild 9.


Dr. August Becker am 16.5.1942 an SS-Obersturmbannführer Rauff

Außerdem ordnete ich an, bei den Vergasungen alle Männer vom Wagen möglichst fernzuhalten, damit sie durch eventuell ausströmende Gase gesundheitlich nicht geschädigt werden. Bei dieser Gelegenheit möchte ich auf folgendes aufmerksam machen: Verschiedene Kommandos lassen nach der Vergasung durch die eigenen Männer ausladen. Die Kommandeure der betreffenden Sonderkommandos habe ich darauf aufmerksam gemacht, welch ungeheure seelische und gesundheitliche Schädigungen diese Arbeit auf die Männer, wenn auch nicht sofort, so doch später haben kann.

Source/Quelle: Becker am 16.5.42 an Rauff: Nbg. Dok. PS-501.


Friedrich Zopp, Ein Mitglied des SK 6 über den Einsatz von Gaswagen in Stalino und Rostow (28 & 29 juni 1962)

Die erste Exekution in Stalino habe ich am Ostermontag 1942 erlebt. Es war mit Sicherheit am Ostermontag, weil ich mich noch genau daran erinnere, daß ich nach der Exekution einige gefärbte Eier in der Unterkunft vorfand. Es handelte sich um eine Vergasung mittels Gaswagen. Vergast wurden einige hundert Personen. Es waren Männer, Frauen und Kinder, die man verlud. Es wurden an diesem Ostermontag bei weitem nicht alle vergast. Ich meine, daß ich von der Frühe an, es mag gegen 7.00 Uhr gewesen sein, bis etwa gegen 10.30 Uhr, wo die Aktion beendet war für diesen Tag, 4 Wagen mit be- und auch entladen mußte. […].

Es waren ohne Zweifel Juden. In dieser Zusammensetzung und solcher Anzahl konnte es sich nur um Juden handeln. Plünderer und Saboteure in dieser Anzahl gab es ja wohl nicht. Vor allem läßt die Anwesenheit der Kinder mit Sicherheit diesen Schluß zu.

Die Juden mußten in voller Bekleidung in den Wagen steigen. Es fand keine Aussonderung statt. Männer, Frauen und Kinder mußten einsteigen. Ich schätze doch, daß immer so 60 Personen in den Wagen klettern mußten. Sie mußten über eine Treppe in den Wagen steigen. Es hatte wohl nicht den Anschein, daß die Juden wußten, daß sie vergast wurden. Wir fuhren dann, nachdem die Türe geschlossen war, entweder vor oder hinter dem Gaswagen her zu einem stillgelegten Kohlenschacht. Der Gaswagen konnte nicht bis ganz an den Schacht heranfahren, und wir mußten die Leichen aus dem Wagen ziehen und an den Schacht, der etwa 8 Meter entfernt war, zerren und in diesen werfen. […].

Nach Öffnen der Türe zog zunächst eine Rauchwolke ab. Nachdem diese verzogen war, konnten wir mit unserem schäbigen Handwerk beginnen. Es war furchtbar. Man sah, daß sie einen fürchterlichen Todeskampf hinter sich hatten. Teilweise hatten sie noch die Nase mit den Fingern zugehalten. Man mußte die Toten auseinanderzerren. Ich habe hierbei erstmals festgestellt, wie schwer ein Mensch sein kann.

[[Gaswageneinsatz in Rostow:]
Das »Gefängnis« war nicht sehr weit von der Unterkunft entfernt und demnach wohl mitten in Rostow. Der Gaswagen fuhr vor, und wir mußten wieder die Stelle absichern.[…]

Die inhaftierten Juden mußten nun in den Wagen steigen. Sie blieben bei voller Bekleidung. Sie wurden von der Miliz herausgeholt. Männer, Frauen und Kinder bestiegen gemischt den Wagen. Erwähnen muß ich hier, daß die Juden fast verdurstet waren. Sie waren meines Wissens erst am Abend vorher zusammengetrieben worden. Dieses hat die Miliz gemacht. In dem Keller muß es mit der Be- und Entlüftung schlecht ausgesehen haben, auch muß es dort sehr warm gewesen sein. Daher der Zustand der Juden, obwohl sie erst eine Nacht dort einsaßen. Ich habe von dieser Beladung folgendes in guter Erinnerung: Erschütternd war, als eine Jüdin aufschrie, daß ihr Vater an einem Schlaganfall verstorben sei. Man hat sich aber nicht weiters darum gekümmert, und der verstorbene Mann wurde von seinen Angehörigen mit in den Wagen verladen. Der Gaswagen wurde wie üblich gut voll gemacht, also 40-60 Personen wurden verladen.

Weiter habe ich in Erinnerung, daß ich zwei Kübel mit Wasser holte und diese an den Wagen bringen ließ. Da es fast zu einer Schlägerei kam, bot sich ein Jude, es handelte sich um einen Österreicher mit sehr guten deutschen Sprachkenntnissen, an, der dann die Verteilung des Wassers vornahm. Es ging so vonstatten, daß der Jude von unten aus den bereits im Wagen befindlichen Juden jeweils einen Schluck Wasser reichte. Als alle versorgt waren, mußte er als letzter in den Wagen steigen, und der Wagen wurde dann geschlossen. Es verwischt sich nun etwas, wie es im einzelnen weiterging. Ich meine, daß es nach einer längeren Fahrt an einem Schacht zur Entladung des Wagens kam.

Ich habe nun in Erinnerung, daß ich noch sagte in etwa: »Ihr seid ja schon moderner geworden und habt die Sache schon auf dem Wege nach hier erledigt.« Es war nämlich so, daß die Juden schon vergast waren, als der Wagen am Schacht ankam. In Stalino setzte die Vergasung erst am Schacht ein.

Der Wagen wurde hier, also in Rostow, wie üblich geöffnet, nur mit dem Unterschied, daß dieses sofort nach Eintreffen am Schacht geschah. Wir mußten auf die übliche Art und Weise die Toten aus dem Wagen zerren. Es waren die üblichen Bilder. Bitte verschonen Sie mich, immer wieder Einzelheiten hiervon zu erzählen.

Ich habe an diesem Tag nur an einer Beladung - die bereits geschilderte -, aber an mehreren Entladungen, es mögen 4-5 gewesen sein, teilnehmen müssen.

Es war wohl so, daß wir - die »Entlader« - an dem Schacht blieben und der Gaswagen alleine zum »Gefängnis« zurückfuhr. Dort waren eben andere des Kommandos, die die Beladung beaufsichtigten.

Ich weiß, daß zwischen jeder Beladung der Fahrer des Wagens eine Menge Arbeit mit der Reinigung des Innern des Fahrzeuges zu tun hatte, weil die darin Vergasten alles unter sich ergehen ließen. Die Entladung eines Gaswagens war aus dieser Sicht heraus nichts Schönes. Ich meine, daß es mit der Exekution dieses Tages gegen Mittag zu Ende war.

Ob an diesem Tag weitere Vergasungen stattgefunden haben, weiß ich nicht. Ich meine auch, daß der Keller ausgeräumt war, als die Vergasung an diesem Tag eingestellt wurde.

Auf Befragen: Ich weiß mit Sicherheit, daß ich am 19. September 1942 nach Rostow gekommen bin. Wieso ich dieses Datum heute noch so genau weiß, habe ich nicht mehr in Erinnerung. Keineswegs hatte ich an diesem Tage ein besonderes Ereignis erlebt.

Source/Quelle: Auss. Friedrich Zopp vom 28. und 29.6.62: 11 204 AR-Z 15/60, S.81f (Stalino) und 87 f (Rostow).


Aussage Anton Lauer, Polizei-Reserve-Bataillon 9 (4 juni 1964)

Es waren zwei Gaswagen im Einsatz. Ich habe sie selbst gesehen. Sie fuhren in den Gefängnishof, und die Juden, Männer, Frauen und Kinder, mußten von der Zelle direkt in den Wagen einsteigen. Ich kenne auch die Gaswagen im Innern. Sie waren mit Blech beschlagen und mit einem Holzrost belegt. Die Auspuffgase wurden in das Innere des Wagens geleitet. Ich höre heute noch das Klopfen und die Schreie von den Juden: »Liebe Deutsche, laßt uns raus«

Source/Quelle: Auss. Lauer vom 4.6.64: 204 AR-Z 269/60, Bd. XI, BI. 2390.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.