Le tourisme du massacre à Libau en Lettonie (Lijepaja)

«De nombreux spectateurs venaient sur les lieux d’exécution »

Assassinat de Juifs, un spectacle public


Extrait de

Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire
des bourreaux nazis

, ,


Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989.
© Éditions Plon 1989
Reproduction interdite - No reproduction

Document original en allemand / Deutsches Original


Introduction (par PHDN):

Lorsque les troupes nazies pénètrent en Lettonie en juin 1941, plus soixante dix mille Juifs y vivent, principalement dans de grandes villes, comme Riga. Très rapidement des massacres de masse ont lieu ainsi que le rassemblement des Juifs non encore assassinés dans des ghettos. Dans la forêt de Rumbula, non loin de Riga, un centre de mise à mort par balle est installé. Vingt-cinq mille Juifs y sont assassinés les 30 novembre et 8 décembre 1941.

À Libau (Liepāja), deuxième ville de Lettonie, sur la côte de la mer baltique, à 195 kilomètres au sud ouest de Riga, 6 500 Juifs sont encore présents lorsque les troupes allemandes y pénètrent le 29 juin 1941. Meurtres «spontanés» et pillages débutent immédiatement. Des massacres systématiques sont organisés à partir du 4 juillet par les Einsatzkommando 1a et 2 de l’Einsatzgruppe A de Walter Stahlecker. Les forces allemandes s’adjoignent bientôt des auxiliaires lettons, dont le tristement célèbre Sonderkommando commandé par Viktors Arājs. Massacres de masse, ghettoïsation, famine et maladies permettent au nazis et à leurs auxiliaires d’éliminer presque tous les Juifs: en mars 1943, il ne restait plus que 809 Juifs à Liepāja. À la fin de la guerre les survivants sont déportés au Stutthof puis vers d’autres camps allemands. L’Armée Rouge pénètre à Liepāja le 9 mai 1945. Seuls 175 Juifs de Liepāja survivent finalement, dont 33 cachés par des Lettons.

L’un des massacres les plus connus est celui de la plage de Šķēde (ou Shkède), à 15 kilomètres au nord de la ville, commis par trois esquadrons allemands et un letton (le bataillon de police lettone 21) entre le 15 et le 17 décembre 1941. En trois jours, 2749 Juifs, en majorité des femmes et des enfants sont assassinés dans les dunes de la plage de Šķēde. Si ce massacre est plus particulièrement connu, c’est qu’on dispose de photographies prises par un Allemand, illustrant le processus de mise à mort. Le SS-Oberscharführer Carl-Emil Strott (on trouve aussi «Karl Strott»), affecté à Liepāja de juillet 1941 à la fin 1944 se trouve sur la plage de Šķēde pendant une des exécutions de masse de décembre 1941. Jugé à Hanovre en de 1969 à 1971, il sera reconnu coupable «de complicité de meurtre» pour avoir assassiné, dit le jugement, au moins 50 Juifs, et condamné à… sept ans de prison.

L’édition originale en allemand de Pour Eux c’était le bon temps (mais pas l’édition française) présente huit des douze photographies connues, avec des légendes assez laconiques. Nous avons consacré une section spécifique sur PHDN aux douze photographies (dans des versions bien meilleures) en question avec beaucoup plus d’informations que n’en contenait cette version. Aussi n’avons nous pas inclus les photographies de l’ouvrage dans la présente page.

Dans la mesure où les documents choisis par les auteurs de Pour Eux c’était le bon temps ne font entendre que la voix des bourreaux, les photographies du massacre de la plage de Šķēde sont là pour rappeler que ce sont les victimes qui sont centrales dans l’événement. Hélas, absentes de la version française, elles ponctuent d’une violence émotionnelle salutaire les minimisations et échappatoires des bourreaux.

Voir aussi nos liens et complément bibiographiques.


Témoignage de l’interprète Fahrbach de la Sicherheitspolizei à Libau (16 avril 1964)

Je pense pouvoir dire que, les premiers temps, des Juifs étaient passés par les armes tous les quinze jours. Les premières exécutions ont toutes eu lieu dans le secteur situé au sud du phare, et, par la suite, à un nouvel emplacement au nord du port de guerre, dans les dunes. Je n’ai pas eu à participer chaque fois aux exécutions mais assez souvent j’en avais l’ordre. A ce sujet, je souhaiterais signaler, une fois de plus, que, de tout le service, j’étais le seul à ne pas être gradé […]. Les membres de notre poste n’ont fusillé les Juifs qu’au début. Plus tard, nous avions un commando de Lettons, c’étaient eux qui constituaient le peloton.

Source/QuelleAuss. des Dolmetschers Fahrbach vom 16.4.64: 7 AR-Z 18/58, Bd.IX, Bl. 1828.


Témoignage du pilote de la capitainerie du port, Vandrey (17 juillet 1959)

Ma mémoire est souvent très défaillante et j’oublie très vite. Maintenant, si on me demande si je savais qu’on fusillait les Juifs, il faut bien que je dise que Fahlbusch et moi, nous avons une fois reçu l’ordre de participer à des exécutions en tant que spectateurs […] Je me souviens encore que nous devions être tous les deux sur les lieux, le jour dit à 20 h. Nous avons fait l’aller et le retour à pied. Une fois arrivés sur les lieux qu’on nous avait indiqués, plusieurs soldats allemands s’y trouvaient déjà. Ils étaient peut être un peu plus d’une centaine. Je me souviens encore que c’étaient des soldats de la Wehrmacht, pas des SS. A mon avis, je crois pouvoir dire que les hommes de toutes les unités stationnées à Libau avaient reçu l’ordre de se rendre sur les lieux d’exécution.

Source/QuelleAuss. des Bootsführers beim Hafenkapitän, Vandrey, vom 17.7.59: Ebd., Bd. I, B1. 116f.


Témoignage de l’officier de la 2e compagnie du 13e bataillon de réserve de la police compagnie, Rosenstock (7 janvier 1964)

Peu de temps après notre arrivée à Libau (juillet 1941), j’ai entendu dire qu’on fusillait les Juifs; nous étions encore en train d’aménager notre cantonnement. Des fusiliers marins d’un détachement de la base sont passés à côté de notre cantonnement. Quand je leur ai demandé s’ils voulaient nous aider au rangement, ils ont répondu qu’ici on exécutait des Juifs et qu’ils voulaient voir ça […] Quelques jours plus tard — d’après mes souvenirs, c’était le 24 juillet 1941 —, j’ai assisté un samedi aux événements suivants:

La 2e compagnie et les fusiliers marins de la base devaient effectuer une perquisition dans les nouveaux quartiers de Libau, donc au nord du canal. Le lieutenant Haufschild, mon chauffeur et moi, nous avons pris une voiture pour suivre la compagnie qui nous avait devancés. Dans une rue de la ville nouvelle, j’ai vu un camion dans lequel des Juifs étaient accroupis; ils étaient reconnaissables à l’étoile jaune qu’ils portaient sur leurs vêtements, ils étaient gardés par des Lettons en uniforme. Par curiosité, mais aussi pour voir ce qui se tramait, j’ai suivi ce camion avec mon véhicule. Nous avons roulé vers le nord jusque dans le secteur du port de guerre. Ils se sont arrêtés à proximité de la plage. J’y ai vu Kügler [SS Untersturmführer], quelques hommes du SD et un bon nombre de Juifs, assis par terre, sur le terrain. Par groupes d’environ 10 personnes, les Juifs devaient s’avancer vers une fosse. Puis des civils lettons les fusillaient. Autour des lieux d’exécution il y avait de nombreux spectateurs: des Allemands de la marine et des chemins de fer. Je me suis adressé à Kügler et lui ai signalé en insistant bien que c’était intolérable de procéder à des exécutions devant des spectateurs.

Source/QuelleAuss. des Führers der 2. Komp. Pol.Batl. 13, Rosenstock: Auss. vom 7.1.64: Ebd., Bd. VIII, BI. 1629f.


Témoignage du correspondant de guerre Hartmann au sujet des assassins «malheureux» (13 juillet 1965)

En juillet 1941, j’étais en mission en tant que correspondant de guerre de la marine à bord d’un dragueur de mines dans le port de Libau. Un jour, nous étions à bord, quand nous avons entendu des salves tirées à intervalles de quelques minutes. J’ai demandé qu’une chaloupe m’emmène en direction du phare en passant par le port. Comme tous les correspondants de guerre, j’avais sur moi un laissez passer du commandement suprême de la Wehrmacht; le cordon de sécurité constitué d’auxiliaires lettons de la police m’a donc laissé passer le barrage. J’ai été le témoin oculaire d’exécutions. Le déroulement de ces exécutions est bien connu et je n’ai pas besoin d’y revenir.

En tant que journaliste, je m’intéressais surtout aux hommes qui devaient accomplir de tels actes, et j’ai eu l’occasion d’en faire une étude approfondie. La raison (...) est la suivante, j’ai vu pleurer des hommes du SD qui, psychiquement, ne pouvaient pas encaisser les faits. Mais à l’inverse, j’en ai rencontré d’autres qui cochaient systématiquement combien d’hommes ils avaient envoyés à la mort. Au cours de longues conversations, j’ai appris qu’ils avaient été détachés dans ce commando et qu’ils n’avaient pas d’autre alternative que le suicide; d’ailleurs quelques uns d’entre eux se seraient déjà suicidés. Car, s’ils avaient refusé, ils auraient été fusillés ou auraient été mutés dans les commandos disciplinaires où leurs jours auraient été comptés. Quoi qu’il en soit, ils étaient certains de mourir et disaient qu’ils ne survivraient pas à la guerre, car jamais on ne démobiliserait, ni ne renverrait chez eux des hommes ayant un passé aussi chargé. J’ai eu de longs entretiens avec ces hommes. Ils étaient très malheureux [...].

Qui peut juger et désigner aujourd’hui celui qui, comme d’autres, accomplissait sa mission en pleurant, ou celui qui faisait des petites croix ?

Source/QuelleAuss. Kriegsberichter Hartmann vom 13.7.65: Ebd., Bd. X, BI. 2104f.


Témoignage du matelot de première classe Schulz chargé de la surveillance du port (10 septembre 1963)

Depuis quelque temps, j’avais entendu régulièrement des salves tirées dans le secteur du port et je voulais voir ce qui se passait. A la fin de mon service, il devait être entre 17 h et 18 h. j’ai pris un bateau pour aller sur l’autre rive dans la direction d’où j’avais entendu partir les coups de feu. Un autre membre de notre poste était venu avec moi; je ne me rappelle plus son nom. Cela devait être en août 1941. Arrivés de l’autre côté, nous nous sommes rendus aux casemates de l’ancienne citadelle. Nous y sommes restés quelque temps, puis nous avons grimpé sur l’une des casemates afin de mieux voir [...]. J’ai vu une longue fosse, profonde, qui aurait été creusée la veille par les Juifs. Des SS et des policiers lettons en civil, portant un brassard, se tenaient au bord de la fosse. C’était aussi des Lettons qui gardaient les barrages autour des lieux d’exécution. Nous avions une bonne vue sur la fosse, si bien que j’ai pu tout observer.

Cet endroit était à proximité du phare, à environ 1 km. Le terrain était couvert de buissons et le sol était sablonneux. Nous avons regardé les exécutions pendant une demi heure environ. pendant ce laps de temps, 3 ou 4 camions avec 5 hommes ont été convoyés de la ville vers les lieux d’exécution. Pendant le transport, les victimes étaient allongées sur la plate forme du véhicule. Le camion s’est arrêté juste devant la fosse. Puis les victimes ont été déchargées comme du bétail et poussées dans la fosse. C’était le travail des policiers lettons. Ils avaient des matraques à la main et portaient des carabines. Je les ai vus frapper sur les victimes à coups de matraque. Chaque fois, les cinq hommes devaient aller dans la fosse en marchant au pas de l’oie. Puis ils devaient s’aligner dans la fosse en tournant le dos aux 5 tireurs. Les cinq tireurs, armés de carabines, étaient debout tout en haut. Je me souviens exactement qu’un officier SS se tenait au bord de la fosse. En plus, il y avait là quelques SS ou des hommes du SD. L’exécution se déroulait sous la surveillance des SS. Aujourd’hui, je ne me souviens plus exactement qui constituait le peloton d’exécution, si c’étaient des Lettons ou des hommes du SD; mais je crois bien que c’étaient des hommes du SD. Quelqu’un donnait l’ordre, puis les coups de feu claquaient.

Les victimes avaient le visage tourné vers nous. J’ai encore le souvenir qu’après les coups de feu, les victimes s’écroulaient. On leur tirait dans la tête. Le sang giclait. L’officier SS donnait le coup de grâce avec son pistolet. Je m’en souviens encore aujourd’hui […].

Je me rappelle aussi un vieil homme qui portait un manteau blanc, on disait de lui que c’était un prêtre juif. Je tiens aussi à mentionner qu’à part moi, d’autres membres de la Wehrmacht (armée de terre et marine) avaient assisté à cette exécution, à l’époque. Un des soldats qui, lui aussi, avait tout vu, m’a dit que c’était un prêtre juif. Cet homme s’était écroulé sur le chemin de la fosse. Les autres Juifs ont dû le porter jusqu’à la fosse, où il a été fusillé.

Source/QuelleAuss. Oberbootsmaat Schulz vom 10.9.63: Ebd., Bd. VII, BI. 1332 ff.


Témoignage de l’adjudant de la 707e section de défense antiaérienne de la marine Lucan (15 juillet 1959)

[N.d.T:ce récit contient des redondances qui témoignent de l’effort de mémoire, mais aussi d’un désir de dissimulation.]

Deux ou 3 jours avant le transfert de notre unité en France (...), des colonnes de Juifs, hommes, femmes et enfants, sont passées à environ 200 ou 300 mètres, devant notre cantonnement, sur la route qui, au nord de Libau, mène à Windau. C’étaient des personnes de tous âges. La colonne était gardée. Par la suite, nous avons appris que les gardes étaient des SS lettons qui portaient l’uniforme gris verdâtre des hommes du SD. Ces hommes étaient armés de carabines. J’estime que les effectifs du groupe qui est passé sur cette route, devant notre cantonnement, devaient être de 300 à 500 personnes. La colonne a marché sur I ou 2 km en allant vers le nord, en direction d’un petit bois, là où des fosses assez vastes venaient d’être creusées. Je me rappelle avoir vu ces fosses un ou deux jours auparavant — je souhaiterais rectifier: j’ai vu une fosse... Le coin était vallonné et l’on ne voyait rien de notre cantonnement. La fosse se trouvait dans un terrain boisé, couvert d’épicéas. Elle devait faire environ 2 ou 3 mètres de large et peut être 3 mètres de profondeur sur 50 à 75 mètres de long. Je n’ai vu qu’une seule fosse de ce type.

Le jour où le groupe dont je viens de parler est passé devant notre cantonnement, la route était verglacée, et les gens dérapaient sur la chaussée et tombaient sur la glace. Les Juifs n’ont été ni frappés, ni brutalisés. En tout cas, je n’en ai rien vu. J’ai encore en mémoire que ce groupe a été fusillé le jour même, je crois savoir que c’était dans l’après midi. Ensuite, pendant assez longtemps, moi et d’autres hommes de notre unité, nous avons entendu des coups de feu qui provenaient de l’endroit où était la fosse […].

Le lendemain […], je me suis rendu à cheval sur les lieux d’exécution, accompagné d’autres membres de notre unité. En arrivant dans les collines, nous avons constaté que des bras et des jambes des Juifs exécutés pointaient dans la fosse insuffisamment recouverte. En tant qu’officiers, nous avons écrit un rapport à nos supérieurs hiérarchiques, à Libau, pour les informer de ces constatations. A la suite de ce rapport, les corps des Juifs ont été recouverts de sable, conformément au règlement.

Source/QuelleAuss. Adjutant der Marine-Flak-Abt. 707 Lucan vom 15.7.59: Ebd., Bd. I, Bl. 85f.


Libau: courrier du SS commandant de la police de la place, le Dr. Dietrich, daté du 3 janvier 1942, adressé au chef de la police de Livonie, commandant de la Ordnungspolizei à Riga

Les exécutions de Juifs auxquelles nous avons procédé au cours de cette période constituent encore un sujet de conversation pour les populations locales. Un peu partout, on s’apitoie sur le sort des Juifs. Et rares sont les voix qui s’élèvent en faveur de leur extermination. Entre autres, une rumeur circule, selon laquelle les exécutions auraient été filmées afin de rassembler des documents contre les pelotons lettons. Ce matériel devait servir à prouver que ce ne sont pas les Allemands, mais les Lettons, qui ont procédé à ces exécutions.

Source/QuelleSchreiben Kügler vom 31.12.41: ZSt. UdSSR 245 Ac, BI. 89. Schreiben SS- und Polizeistandortführer (Dr. Dietrich) vom 3.1.42: Ebd., BI. 64a.Im Urteil des LG Hannover (a.a.O.) wird von mindestens 2700 Opfern gesprochen.


Document original en allemand / Deutsches Original

»Hinrichtung in der Art einer Volksbelustigung«
Judenmord als öffentliches Schaustück

»Die Exekutionsstelle war von zahlreichen Zuschauern besucht«

Exekutions-Tourismus im lettischen Libau (Lijepaja)

Der Dolmetscher der Sicherheitspolizei in Libau Fahrbach (16 april 1964)

Ich möchte sagen, daß in der ersten Zeit alle 14 Tage Judenerschießungen stattgefunden haben, wenn nicht noch öfter. Alle diese ersten Erschießungen fanden in der Gegend südlich des Leuchtturms statt, später lag die ErschießungssteIle nördlich des Kriegshafens in einer Dünengegend. Ich mußte zwar nicht jedesmal an den Erschießungen teilnehmen, aber befehlsgemäß doch recht häufig. Ich möchte hierbei nochmals erklären, daß ich auf unserer Dienststelle der einzige Mann ohne den geringsten Dienstgrad war. […] Angehörige unserer Dienststelle mußten nur in der ersten Zeit bei Judenerschießungen mitschießen. Später hatten wir ein Lettenkommando, welches das Exekutionskommando stellte.

Source/QuelleAuss. des Dolmetschers Fahrbach vom 16.4.64: 7 AR-Z 18/58, Bd.IX, Bl. 1828.


Ein Bootsführer beim Hafenkapitän, Vandrey (17 july 1959)

Mein Gedächtnis hat stark Not gelitten, und ich vergesse sehr schnell. Wenn ich nun gefragt werde, ob mir von Judenerschießungen etwas bekanntgeworden ist, so muß ich sagen, daß ich einmal mit Fahlbusch den Befehl erhielt, als Zuschauer an einer Judenerschießung teilzunehmen. […] Ich weiß noch, daß wir beide um 20 Uhr des genannten Tages an der Erschießungsstätte sein mußten. Wir sind zu Fuß zur Exekutionsstätte gegangen und auch wieder zurück. Nachdem wir an dem uns genannten Gelände eingetroffen waren, befanden sich dort schon mehrere deutsche Soldaten. Es können diese über hundert Mann gewesen sein. Ich erinnere mich noch daran, daß es Wehrmachtssoldaten und keine SS [waren]. Nach meiner Meinung glaube ich sagen zu können, daß von allen in Libau stationierten Einheiten Männer zu dieser Erschießungsstätte abkommandiert waren.

Source/QuelleAuss. des Bootsführers beim Hafenkapitän, Vandrey, vom 17.7.59: Ebd., Bd. I, B1. 116f.


Der Führer der 2. Kompanie des Reserve-Polizei Bataillons 13, Rosenstock (7 januar 1964)

Schon ganz kurz nach unserem Eintreffen [Juli 1941] in Libau, als wir noch beim Einräumen in unserer Unterkunft waren, hörte ich von Judenerschießungen. Es kamen Marinesoldaten der Schiffsstammabteilung an unserer Unterkunft vorbei. Als ich fragte, ob sie uns beim Einräumen helfen wollten, antworteten sie, daß hier immer Juden erschossen würden, sie wollten sich das ansehen. […] Einige Tage später, es war nach meiner Erinnerung am 24.7.1941, [an] einem Sonnabend, hatte ich folgendes Erlebnis:

Die 2. Kompanie hatte in der Neustadt in Libau, also nördlich des Stadtkanals, gemeinsam mit der Schiffsstammabteilung irgendwelche Durchsuchungen durchzuführen. Ich folgte der schon vorausmarschierten Kompanie mit Leutnant Haufschild und meinem Fahrer in einem Fahrzeug. In einer Straße der Neustadt sah ich einen Lkw, auf dem Juden, die am gelben Flecken auf ihrer Kleidung erkenntlich waren, hockten und die von lettischen Uniformierten bewacht wurden. Aus Neugierde und um zu sehen, was vor sich ging, folgte ich diesem Lkw mit meinem Fahrzeug. Die Fahrt ging nach Norden bis in das Gebiet am Kriegshafen. In Strandnähe wurde halt gemacht. Ich sah dort [SS-Untersturmführer] Kügler mit einigen SO-Leuten und einer Anzahl von Juden, die im Gelände hockten. Die Juden mußten in Gruppen von etwa 10 an einen Graben treten. Sie wurden hier von lettischen Zivilisten erschossen. Die Exekutionsstelle war von zahlreichen deutschen Zuschauern von der Marine und der Reichsbahn besucht. Ich wandte mich an Kügler und wies insbesondere darauf hin, daß es ein unhaltbarer Zustand sei, Erschießungen vor den Zuschauern durchzuführen.

Source/QuelleAuss. des Führers der 2. Komp. Pol.Batl. 13, Rosenstock: Auss. vom 7.1.64: Ebd., Bd. VIII, BI. 1629f.


Ein Kriegsberichter über die »unglücklichen« Mörder, Hartmann (13 july 1965)

Im Juli 1941 war ich im Einsatz als Marine-Kriegsberichter an Bord eines Minensuchschiffes im Hafen von Libau. Eines Tages hörten wir an Bord in Abständen von wenigen Minuten Gewehrsalven. Ich ließ mich über den Hafen in Richtung auf den Leuchtturm rudern. Auf Grund eines Ausweises des Oberkommandos der Wehrmacht, den jeder Kriegsberichter bei sich führte, ließ mich die aufgestellte Postenkette lettischer Hilfspolizisten durch alle Absperrungen durch. Ich wurde Augenzeuge von Judenerschießungen. Der Ablauf einer Judenerschießung ist bekannt, und ich brauche nicht darauf einzugehen.

Als Journalist interessieren mich die Menschen, die ein solches Geschehen vollbringen mußten, und ich hatte Gelegenheit, diese Menschen eingehend zu studieren. Der Grund […] ist der, daß ich SO-Leute weinen sah, da sie dieses Geschehen seelisch nicht verkraften konnten. Hinwiederum sah ich andere, die Strichlisten führten, wie viele Menschen sie in den Tod geschickt hatten. In langen Gesprächen erfuhr ich, daß sie zu diesem Kommando abkommandiert waren, daß ihnen keine Wahl bliebe als Selbstmord, und es hätten schon einige Selbstmord begangen. Denn, wenn sie sich weigern würden, würden sie selbst erschossen oder kämen zu den Sonderkommandos, wo ihre Tage gezählt seien. Der Tod aber sei ihnen gewiß, so sagten sie, sie würden den Krieg nicht überleben, denn solche vorbelasteten Menschen wie sie würde man nie wieder in die Heimat entlassen. Ich habe mich lange mit diesen unglücklichen Menschen unterhalten. […]

Wer will heute darüber richten, wer zu denen gehörte, die weinend ihren Dienst verrichteten, oder zu denen, die Strichlisten führten?

Source/QuelleAuss. Kriegsberichter Hartmann vom 13.7.65: Ebd., Bd. X, BI. 2104f.


Ein Oberbootsmaat der Hafenüberwachung, Schulz (10 september 1963)

Nachdem ich seit einiger Zeit fortgesetzt Gewehrsalven im Hafengebiet gehört hatte, wollte ich einmal sehen, was da los war. Ich fuhr nach Dienstschluß, etwa zwischen 17.00-18.00 Uhr, mit einem Boot zum anderen Ufer, in die Richtung, aus der ich die Schüsse gehört hatte. Mit mir fuhr noch ein Angehöriger unserer Dienststelle, den Namen weiß ich nicht mehr. Es kann etwa im August 1941 gewesen sein. Am anderen Ufer angekommen, begaben wir uns zu den Bunkern der alten Zitadelle. Hier blieben wir eine Zeit und kletterten auf einen Bunker, um besser sehen zu können. […] Ich sah einen langen, tiefen Graben, der angeblich einen Tag vorher von den Juden ausgehoben worden sein soll. Am Graben standen SS-Leute und lettische Polizisten in Zivil mit einer Armbinde. Von den Letten wurde auch die ErschießungssteIle abgesperrt. Zu dem Graben hatten wir gute Sicht, so daß wir alles gut beobachten konnten.

Die ErschießungssteIle lag in der Nähe des Leuchtturmes, etwa 1 km davon entfernt. Das Gelände war mit Büschen bewachsen, und der Boden war sandig. Wir haben etwa 1½ Stunden der Exekution zugesehen. In dieser Zeit wurden 3-4 Lkws mit je 5 Männern aus der Stadt zu der Erschießungssteile gebracht. Die Opfer mußten sich während des Transportes auf die Ladefläche des Wagens legen. Der Lkw fuhr dicht an den Graben heran. Dann wurden die Opfer wie Vieh vom Wagen in den Graben getrieben. Dies hatten die lettischen Polizisten getan. Sie hatten Knüppel in der Hand und trugen Karabiner. Ich habe gesehen, daß die Opfer mit den Knüppeln geschlagen worden sind. Im Gänsemarsch mußten jedes Mal die 5 in den Graben laufen. Dann mußten sie sich aufstellen im Graben, mit dem Rücken zu den 5 Schützen. Die 5 Schützen standen mit ihren Gewehren auf dem Grabenwall. Ich weiß genau, daß am Graben ein SS-Offizier stand. Außerdem waren einige SS- oder SD-Leute dabei. Die Erschießung fand unter der Aufsicht der SS statt. Ich weiß heute nicht mehr genau, aus welchen Leuten das Erschießungskommando bestand, ob dies Letten oder SD-Leute waren; ich glaube aber, daß es SD-Leute waren. Einer gab ein Kommando, und es fiel dann eine Salve.

Die Opfer standen mit dem Gesicht zu uns zu. Ich habe noch genau in Erinnerung, daß nach der Salve die Opfer zusammenbrachen. Sie wurden in den Kopf geschossen. Das Blut spritzte. Der SS-Offizier gab mit seiner Pistole Fangschüsse ab, das habe ich heute noch sehr gut in Erinnerung. […].

Ich erinnere mich noch genau an einen älteren Mann, der einen weißen Mantel trug, von dem man sagte, daß es ein jüdischer Geistlicher war. Ich muß erwähnen, daß außer mir noch andere Wehrmachtsangehörige (Heer und Marine) damals dieser Exekution zugesehen haben. Einer der Soldaten, die zugesehen hatten, sagte mir, daß es ein jüdischer Geistlicher sei. Der Mann war auf dem Wege zum Graben zusammengebrochen. Die anderen Juden mußten ihn zum Graben bringen, wo er erschossen wurde.

Source/QuelleAuss. Oberbootsmaat Schulz vom 10.9.63: Ebd., Bd. VII, BI. 1332 ff.


Ein Adjudant der Marine-Flak-Abteilung 707, Lucan (15 july 1959)

Zwei oder 3 Tage vor dem Abtransport unserer Einheit nach Frankreich […] wurden etwa 200-300 Meter vor der Unterkunft auf der nördlichen Straße von Libau nach Windau Juden - Männer, Frauen und Kindervorbeigeführt. Es waren Personen jeglichen Alters. Die Kolonne stand unter Bewachung. Hinterher haben wir erfahren, daß die Wachmannschaft lettische SS-Leute waren, die deutsche feldgraue SO-Uniform getragen haben. Die Männer waren mit Karabinern bewaffnet. Nach meiner Schätzung war diese Gruppe, die auf der genannten Straße an unserer Unterkunft vorbeigefÜhrt wurde, etwa 300-500 Menschen stark. Der Marsch der Kolonne ging ca. 1-2 km nördlich unserer Unterkunft, wo bereits größere breite Gräben ausgehoben waren, auf ein Wäldchen zu. So wie mir noch in Erinnerung ist, habe ich diese Gräben, ich möchte mich berichtigen, einen Graben, ein bis zwei Tage zuvor gesehen. Das Gelände war wellig und von unserer Unterkunft nicht einzusehen. Die Erschießungsstätte war mit Kiefern bewachsen. Der Graben befand sich in dem bewaldeten Hügelgelände. Der Graben war etwa 2-3 Meter breit, etwa 3 Meter tief und ca. 50 bis 75 Meter lang. Ich habe nur einen solchen Graben gesehen.

An dem Tage, als die obige Gruppe an unserer Unterkunft vorbeigeführt wurde, war Glatteis auf der Straße, und die Leute fielen auf der Straße herum, bzw. auf dem Eis. Geschlagen und mißhandelt sind die Juden nicht worden. Jedenfalls habe ich derartiges nicht gesehen. Es ist mir noch erinnerlich, daß diese Gruppe meines Wissens noch am gleichen Tage, ich glaube am Nachmittag, erschossen wurde. Nicht nur ich, sondern auch übrige Leute unserer Einheit hörten anschließend eine längere Zeit Gewehrschüsse aus Richtung des erwähnten Grabens. […]

Am folgenden Tage bin ich mit mehreren Angehörigen unserer Einheit […] an die Erschießungsstätte zu Pferde geritten. Bei unserer Ankunft an den besagten Hügeln mußten wir feststellen, daß noch Arme und Beine aus dem mangelhaft zugeschütteten Graben der exekutierten Juden herausragten. Von dieser Feststellung machten wir Offiziere eine schriftliche Meldung an unsere vorgesetzte Dienststelle in Libau. Aufgrund unserer Meldung sind die getöteten Juden ordnungsgemäß mit Sand bedeckt worden.

Source/QuelleAuss. Adjutant der Marine-Flak-Abt. 707 Lucan vom 15.7.59: Ebd., Bd. I, Bl. 85f.


Schreiben des SS-und Polizeistandortführers Libau vom 3.1.1942 an den SS-und Polizeiführer Livland, Kommandeur der Ordnungspolizei Riga

Die in der Berichtszeit durchgeführte Exekution der Juden bildet immer noch das Gesprächsthema der hiesigen Bevölkerung. Vielfach wird das Los der Juden bedauert, und es sind zunächst wenig positive Stimmen für die Beseitigung der Juden zu hören. Unter anderem ist das Gerücht im Umlauf, daß die Exekution gefilmt worden sei, um dadurch Material gegen die lettische Schutzmannschaft in Händen zu haben. Dieses Material soll beweisen, daß nicht Deutsche, sondern Letten die Erschießungen vorgenommen hätten.

Source/QuelleSchreiben Kügler vom 31.12.41: ZSt. UdSSR 245 Ac, BI. 89. Schreiben SS- und Polizeistandortführer (Dr. Dietrich) vom 3.1.42: Ebd., BI. 64a.Im Urteil des LG Hannover (a.a.O.) wird von mindestens 2700 Opfern gesprochen.

Ernst Klee / Willi Dreßen / Volker Rieß, »Schöne Zeiten«Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988.


Éléments bibliographiques & liens