1. Vincent Reynouard, Le massacre d’Oradour. Un demi-siècle de mise en scène, Anvers, VHO/ANEC, 1997, p. 175-186 (ci-après Demi-siècle); Oradour. Le cri des victimes, Londres, Sans Concession, 2022, p. 13-16, 150-157, 173-177, 189-193 (ci-après Le Cri des victimes). A noter que d’autres écrivains bien plus honnêtes commettent le même impair sémantique, notamment Michel Baury, qui utilise expressément le mot «maquis» pour qualifier la présence de Résistants à Oradour: Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, Toulouse, Privat, 2018, p. 111-119 et 143-149. 2. Harry Roderick Kedward, «Maquis (histoire d’un mot et d’un mythe)», in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, «Bouquins», 2006, p. 949-951. 3. Attestation du colonel Georges Guingouin du 20 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation du lieutenant-colonel Huart, 10 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation du chef de bataillon Vergnenaigre, 21 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation d’Adrien Aymard, 23 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 4. Voir les rapports mensuels de cette sous-préfecture aux archives départementales de la Haute-Vienne, cote 185 W 1/58. 5. Sous-préfecture de Rochechouart au Préfet de la Haute-Vienne, 8 juin 1944, AD Haute-Vienne, 185 W 1/58. 6. Sous-préfecture de Rochechouart au Préfet de la Haute-Vienne, 28 juin 1944, AD Haute-Vienne, 185 W 1/58. 7. Rapport du Préfet de la Région de Limoges, 15 juin 1944, p. 4, AD Haute-Vienne, 986 W 481. 8. Saint-Paulien, Histoire de la Collaboration, Paris, L’Esprit nouveau, 1964, p. 449. 9. Ibid., p. 450. 10. Reynouard utilise les rapports de la sous-prefecture de Rochechouart dans Demi-siècle, p. 181, sans d’ailleurs référencer correctement l’archive, et le livre de Saint-Paulien dans Demi-siècle, p. 105-106, 134 et 236. 11. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 105. Reynouard cite également le livre de Saint-Paulien p. 106, 134 et 236, sans faire allusion aux indications de Faucher quant à l’absence de maquis à Oradour. 12. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 181. 13. Jean-Jacques Fouché, Oradour, Paris, Liana Levi, 2001, p. 99. 14. Fouché, Oradour, op. cit., p. 104-106 et 125-126. 15. Cf. infra. 16. Fouché, Oradour, op. cit., p. 157. Reynouard tente de faire croire que Mirablon était en mission à Oradour (Le Cri des victimes, p. 150-151), mais rien ne permet de l’établir, faute pour Mirablon d’avoir survécu au massacre. Il est plus probable que Mirablon était en mission à Saint-Junien, lieu de passage de la division «Das Reich» (Robert Pike, Oradour s’est tu. Le destin tragique d’un village français, Paris, Flammarion, 2024, p. 316-317 – trad. de l’anglais). 17. Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit., p. 87. 18. Fouché, Oradour, op. cit., p. 115-119. 19. Voir Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 397-406. 20. Un sous-officier SS, Heinz Barth, témoignera en 1981, lorsqu’il sera poursuivi pour crimes de guerre en Allemagne de l’Est: «Je me rappelle d’une chose, à savoir qu’il y avait un homme qui se fit remarquer quand les hommes enfermés virent que quelque chose d’exceptionnel, c’est-à-dire leur exécution, allait se passer immédiatement. Cet homme tenait dans sa main levée un document qui était barré d’un trait rouge en travers et me signalait qu’il travaillait pour les autorités allemandes. Je le rapportai à mon supérieur. Je ne peux plus dire avec précision si j’en informai le chef de compagnie ou le chef de bataillon. Je dois presque dire que c’était au commandant du bataillon que je l’ai dit car l’expression de son visage était dure, son regard fixe de sorte qu’on avait l’impression qu’il n’était plus un être humain. J’ai fait un effort de mémoire intense et je dirai que la réponse qui me fut donnée avait le sens suivant: on continue comme ça, c’est maintenant trop tard, il en a trop vu, il faut mettre immédiatement l’ordre à exécution.» (cité dans Jean-Paul Picaper, Les ombres d’Oradour. 10 juin 1944, Paris, L’Archipel, 2014, p. 152-153) 21. Arrêté de l’amiral Darlan du 18 avril 1941, AD Haute-Vienne, 986 W 0258. Voir Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 53-60 et 122-126. Paul Desourteaux était-il un adepte de la Révolution nationale? Difficile à dire, dans la mesure où l’incendie du village par les nazis, le 10 juin 1944, a détruit les archives municipales. Signalons cependant que Paul Desourteaux s’était livré pendant quinze ans à une étude historique d’Oradour: son manuscrit, ses notes et les matériaux patiemment rassemblés ont disparu dans le brasier, et lui- même fait partie de la liste des victimes (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, tome LYYYI, Limoges, 1945, p. 39 et p. 74). Le jour du massacre, Paul Desourteaux s’offrira lui-même comme otage, avec ses proches parents. PV d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944 – AD Haute-Vienne, 1517 W 424 et Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 54-57, ainsi que Pierre Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour. Le plus monstrueux crime de guerre, Limoges, Publications du Centre, 1944, p. 29. 22. Franck Delage, Oradour. Ville martyre, Paris, Mellottée, 1945, p. 53. Sur la présence de maquis à plusieurs kilomètres d’Oradour, voir également Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 197-199. 23. Michel Baury, dont il faut louer les efforts de recherche et de publication de documents et de témoignages, suggère certes qu’un maquis était présent à Oradour et cite des extraits de témoignages qui, selon lui, l’établiraient: Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 143-149. Mais une lecture attentive desdits extraits révèle qu’il n’en est rien. Notamment, un des témoins cités, le rescapé Clément Broussaudier, indique expressément que «je savais qu’il n’existait pas de “maquis” ni de groupe armé à Oradour…» (ibid., p. 145). 24. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 175-178 (p. 176 pour la citation). 25. François Duprat, Histoire des SS, Paris, Les Sept Couleurs, 1968, p. 330. Taege recycle l’allégation dans son Wo ist Kain? Enthüllungen und Dokumente zum Komplex Tulle + Oradour, Lindhorst, Askania, 1981, p. 24, 60, 142, 310-311, 343, de même que Reynouard dans Un demi-siècle de mise en scène, op. cit., notamment p. 175-178. 26. Taege, Wo ist Kain?, p. 118, qui s’appuie sur l’ouvrage du Dr. Hans Luther, Der französische Widerstand gegen die deutsche Besatzungsmacht und seine Bekampfung, Tübingen, Institut fur Besatzungsfragen, 1957, p. 76-77. Mais Luther était un ancien membre du MBF, et son ouvrage relève du plaidoyer pro domo, à décharge pour l’occupant nazi, à charge contre la Résistance, quitte à reprendre des éléments de langage des juristes nazis pour prétendre disqualifier la Résistance – voir Gaël Eismann, «Le Militärbefehlshaber in Frankreich: les transformations de la mémoire savante», Histoire@Politique, 2009/3, p. 91: en ligne… 27. Le 18 décembre 1941, Hitler lui-même avait lui-même donné le ton devant Himmler, lequel avait consigné dans son agenda: «Question juive / à exécuter comme partisans» (Peter Witte, Michael Wildt, Martina Voigt, Dieter Pohl, Peter Klein, Christian Gerlach, Christoph Dieckmann et Andrej Angrick, éd., Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941-1942, Hambourg, Christians Verlag, 1999, entrée du 18 décembre 1941, p. 293-294). Les Juifs étaient ainsi devenus les cibles désignées de la lutte contre «les bandes», étant liquidés au moindre incident (sabotage, coups de feu…). L’occupant allemand, y compris la Wehrmacht, les voyait comme les cerveaux des forces maquisardes (Hannes Heer, «The Logic of the War of Extermination. The Wehrmacht and the Anti-Partisan War», in Hannes Heer et Klaus Naumann, dir., War of Extermination. The German Military in World War II. 1941-1944, New York/Oxford, Berghahn Books, p. 92-126, ici. p. 103- 106, et Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, vol. I, Paris, Gallimard, 2006, vol. p. 535-542 et 576-591), les femmes et jeunes filles juives serviraient même comme agitateurs et agents de liaison (BArch, RH 23/237, f. 233: Orstkommandantur II/930, Betr.: Partisanenbekämpfung, 1. Januar 1942, p. 4). La hiérarchie militaire invitait la troupe à se méfier des femmes et des enfants soviétiques, qui pouvaient camoufler leurs origines juives, se livrer à des activités d’espionnage, voire mutiler les militaires allemands (Omer Bartov, L’Armée d’Hitler. La Wehrmacht, les nazis et la guerre, Paris, Hachette, 1999, p. 139-141). En conséquence, les expéditions punitives aboutiront à de nombreux massacres de Juifs par l’armée allemande – voir, à titre d’exemple, Hannes Heer, «De l’extrême normalité: le baron Gustav von Mauchenheim, dit Bechtolsheim, général de brigade de la 707e division. Itinéraire, environnement social et motifs d’un acteur de la «Solution finale»», Revue d’Histoire de la Shoah, 2007/2, no187, p. 143 à 176, en ligne… 28. Cité dans Alrich Meyer, L’occupation allemande en France 1940-1944, Toulouse, Privat, 2002, p. 178. 29. Cité dans Christian Delporte, Philippe Henriot. La résistible ascension d’un provocateur, Paris, Flammarion, 2018, p. 290. 30. Dominique Moncond’huy, «L’Affiche, le Mont-Valérien», in Sylvain Boulouque et Dominique Moncond’huy (dir.), Mélinée et Missak Manouchian, une histoire française, Neuilly, Atlande, p. 67-81 et Denis Peschanski, «De la traque au procès de l’Affiche rouge», in Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanski (éd.), Manouchian. Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens enggés dans la Résistance française, Paris, Textuel, 2023, p. 124-161. 31. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 331-332. 32. «… loin de prêcher la haine ou la guerre civile, Philippe Henriot appelait au contraire les Français à s’unir dans le malheur», et aurait été exécuté par la Résistance, le 28 juin 1944, pour «avoir énoncé, sans haine, des vérités dérangeantes, notamment à propos des bombardements alliés meurtriers», affirmait Reynouard dans une de ses vidéos diffusée en 2018: https://rutube.ru/video/b2aefe3c6ce5c83edd6db0cd8c0fbd2d/. S’agissant de Henriot, Goebbels écrira dans ses carnets, le 8 juin 1944: «C’est un homme énergique, intelligent et déterminé. Il adhère totalement à notre ligne et nous pouvons être satisfaits de sa politique.» Goebbels, Tagebücher, entrée du 8 juin 1944. 33. Sur le traitement des réfugiés espagnols en France pendant la Seconde Guerre mondiale, voir Jean-François Berdah, «“Au service du IIIe Reich” Persécution et exploitation des Républicains espagnols dans la France occupée (1940-1944)», in Christian Camps et Nathalie Sagnes-Alem (dir.), Les camps de réfugiés espagnols en France 1939-1945, Cazouls-lès-Béziers, Editions du Mont, 2019, p. 66-99. 34. Farmer, Oradour 10 juin 1944, op. cit., p. 243. 35. https://mer47.org/wp/oradour-sur-glane-une-victime-espagnole-oubliee/. Sarah Farmer mentionne inexactement que 19 femmes et enfants espagnols sont morts à Oradour (Farmer, Oradour 10 juin 1944, op. cit., p. 239), alors que ce chiffre inclut 2 adultes espagnols, membres du GTE, Juan Tellez, 45 ans (https://maitron.fr/spip.php?article211840, notice TÉLLEZ Juan par Dominique Tantin, version mise en ligne le 13 février 2019, dernière modification le 1er mars 2021), et José Serrano Robles, 29 ans (https://maitron.fr/spip.php?article218724, notice SERRANO ROBLES José par Dominique Tantin, version mise en ligne le 25 août 2019, dernière modification le 25 août 2019). 36. Le Populaire du Centre, 5 octobre 2020: en ligne… 37. Mouvement de Libération nationale, Les Huns à Oradour, Limoges, 1945, p. 40. Borie ajoute dans ses carnets qu’il fabriquait de faux papiers d’identité et distribuait des journaux clandestins et des tracts (Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 30). 38. Les Huns à Oradour, op. cit., p. 42-51; déclaration de Mathieu Borie au Travailleur du Centre, reproduite dans Delage, Oradour. Ville martyre, Paris, Mellottée, 1945, p. 104-107. 39. P.V. d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944, 1207/12, A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424. 40. Déclaration de Mathieu Borie du 3 octobre 1944, Rapport E.O. Munn, source privée et Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Un crime contre l’humanité, Paris, Jourdan, 2021, p. 194-197. 41. L’Echo du Centre, 11 juin 1947. 42. Déposition de Mathieu Borie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 42-44 (fonds ADEIF). 43. Intégralement reproduit par Michel Baury dans Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 27-89. Des extraits différemment rédigés étaient déjà parus dans Paris-Match, no2352 du 23 juin 1994 et Louis Riclafe/Henri Demay (éd.), Paroles de miraculés. 50 après le drame d’Oradour-sur- Glane, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 69-76. 44. Herbet Taege, Wo ist Abel. Weitere Enthüllungen und Dokumente zum Komplex Tulle + Oradour, Lindhorst, Askania, 1985, p. 146. 45. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 180-181; Cri des victimes, p. 147-149 et 190- 193. 46. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 179. Reynouard ajoute plus loin que Mathieu Borie faisait partie des FTP (ibid., p. 180 et 186), mais il se fonde sur le fait que Borie avait signé un de ses témoignages, paru en 1944 dans Le Travailleur français, «Borie Mathieu, Compagnie 2409 – FTPF» (Delage, Ville martyre, op. cit., p. 107). C’est «oublier» que Borie a rejoint ce détachement après le massacre, et que s’il a fait partie des FTP, l’un de ses témoignages a été publié en 1945 par le Mouvement de Libération nationale, concurrent des communistes. Reynouard prétend également citer le témoignage d’un ancien FTP pour corroborer ses allégations, mais ledit témoignage est anonyme, de surcroît uniquement formulé dans un pamphlet négationniste belge (Cédric d’Ars, Oradour-sur-Glane ou l’autre Histoire, Braine l’Alleud, Altair, 1987, p. 13-14). 47. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 50-51… 48. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 113-115: Reynouard prétend réfuter le témoignage de Borie en faisant mine de s’étonner que la foule n’ait pas été paniquée, et qu’en toute hypothèse Borie ne fera pas mention de cet épisode dans sa déposition du 9 novembre 1944. Mais s’il semble exact que Borie n’ait pas avoir fait allusion au meurtre de ce nourrisson dans ses déclarations ultérieures, ce point ne saurait remettre en cause ses indications initiales (ne serait-ce que parce que personne ne semble l’avoir interrogé sur ce point, notamment lors de son audition devant le Tribunal militaire de Bordeaux, qui ne s’étend que sur deux pages, preuve qu’elle a été manifestement expédiée en quelques minutes). Par ailleurs, Reynouard allègue que la foule n’était pas paniquée, ce qui l’amène à déduire qu’elle n’était pas informée de cet épisode, et donc qu’il n’a pas eu lieu: «démonstration» pour le moins légère, qui, surtout… contredit d’autres allégations de ce même Reynouard, qui prétend aussi que la foule avait peur, pour en déduire qu’elle avait quelque chose à se reprocher (Cri des victimes, op. cit., p. 178-182). 49. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 123 ou encore 181-182. 50. Reynouard Demi-siècle, op. cit., p. 182-184 (télécopie reproduite en fin d’ouvrage, non paginé). 51. Courrier australien, 10 juin 1989. 52. Robin Mackness, Oradour. L’or des SS, Genève, Nepal, 1989 (trad. de l’anglais). Une «explication» introuvable dans la documentation allemande, réfutée par les rescapés et les Résistants, sachant que ledit Mackness a cité, en guise de preuve, les déclarations posthumes d’un Résistant anonyme. Len Cotton a vivement critiqué les allégations de Mackness en Australie (Canberra Times, 14 mars et 26 décembre 1988) 53. Courrier australien, 10 juin 1989. Voir également Canberra Times, 5 avril 1992, qui mentionne la rencontre entre Len Cotton et cet ancien SS, sans faire allusion à Oradour. 54. Canberra Times, 5 avril 1992. 55. Canberra Times, 22 décembre 1995. 56. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 271-272. 57. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 182. 58. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 13. 59. Sylvain Compère, «Un ancien lieu de prière, loin des affres de la guerre», La Montagne/Le Populaire du Centre: Juin 1944 en Limousin, juin 2014, p. 55. 60. Luc Bœls, «Les tragédies d’Oradour et de Tulle vues par Alexandre Varenne», «Juin 1944 en Limousin», La Montagne et Le Populaire du Centre, juin 2014, p. 97. 61. Sur cet épisode, voir l’étude, à jour, de Michel Baury, Résistance. Les derniers témoignages, Waterloo, Jourdan, 2019, p. 43-62. Egalement: Pierre Louty (dir.), C’était le maquis…, Neuvic-Entier, La Veytizou NPL, 2007, p. 38-51 et chap. 8, Roger Chastaing, J’étais FTPF en Hate-Vienne, Paris, Editions de l’Amicale de la Veytizou, 1990, p. 120-148 (ebook). 62. Cité dans Georges Beau et Léopold Gaubusseau, R5. Les SS en Limousin, Périgord et Quercy, Paris, Presses de la Cité, 1969 et 1984, p. 223. Voir sa déclaration complète dans https://www.oradour.info/appendix/gerlach1.htm. 63. PV d’audition d’Henri Bouty, 29 novembre 1944, no1207/54, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Un autre témoin, pharmacien et maire-délégué, fera état d’autres réquisitions de logements à Nieul dans la journée du 9 juin 1944 (PV d’audition de Marcel Rivet, 29 novembre 1944, no1207/54, AD Haute-Vienne, 1517 W 424). 64. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4. 65. Verbindungsstab 586, Abt. Ic Tgb.Nr. /44, an den Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Sauberungsaktion des I/SS-Pz.Gren.Rgt.4“ Der Führer” am 10.6.44 in Oradour-sur-Glane, 16.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4. 66. Rapport du Préfet de la Région de Limoges, 15 juin 1944, p. 4, AD Haute-Vienne, 986 W 481, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. 67. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18. Le 20 juin, l’état-major de liaison no586 relate: «Par ailleurs, un Untersturmführer et un homme du régiment blindé SS “D.F.”, tombés aux mains des terroristes dans la région de Nieul (au nord de Limoges), auraient été amenés à Oradour et y auraient été interrogés. Le SS y fut abattu, tandis que l’Untersturmführer parvint à s’enfuir vêtu uniquement de sa chemise et de son caleçon, les mains liées, et à regagner le régiment de Limoges. Il a rapporté avoir également vu dans le village des femmes portant des casques d’acier et armées de fusils.» Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. 1216 /44 an Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Vorgänge in Oradour-sur-Glane, 20.6.1944, p. 1-2, CMO, 1 ETUD 2-4. 68. Saint-Paulien, Histoire de la Collaboration, op. cit., p. 448. 69. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8: en ligne… Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183: en ligne… 70. Incohérences pointées par l’historienne Andrea Erkenbrecher: «Gerlach était-il sur la route avec son chauffeur (Weidinger) ou avec “trois compagnons”, tous tués à Oradour (Stückler)? Diekmann a-t-il seulement été informé par l’état-major du régiment des mésaventures de Gerlach (Weidinger) ou Gerlach lui-même a-t-il instruit le commandant du bataillon “des conditions locales d’Oradour” (Stückler)?» (Andrea Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen. Geschichtsrevisionismus, strafrechtliche V erfolgung, Entschädigungszahlungen und Versöhnungsgesten ab 1949, Oldenbourg, De Gruyter, 2023, p. 101-102). Ajoutons qu’en 1949, Weidinger prétendra que Gerlach aurait été capturé à Oradour même (PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, p. 2, AD Haute-Vienne, 1517 W 484), puis reproduira, 35 ans plus tard, la déclaration de Gerlach de 1951 qui indiquait le contraire (Tulle et Oradour, op. cit., p. 14-17) Reynouard connaît cette dernière incohérence, mais n’en tire évidemment pas la conclusion qui s’impose (Demi-siècle, op. cit., p. 129). 71. L’hebdomadaire raciste et antisémite Rivarol y fera également allusion le 11 janvier 1953 (Jacques Langlois, «La tragédie d’Oradour-sur-Glane»). 72. Cité dans Beau et Gaubusseau, R5, op. cit., p. 224. 73. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 106-110. 74. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 115. 75. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 103. Reynouard, qui reprend à son compte les fumisteries de Taege autant que possible, ne daigne même pas citer ce courrier dans ses propres écrits. 76. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 103-105. Reynouard, Demi-siècle, p. 123 et Le Cri des victimes, p. 142. 77. Ne serait-ce que parce que Georges Beau et Léopold Gaubusseau, pour ne citer qu’eux, l’évoquaient en 1969 dans R5, op. cit. 78. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 122-123. Cri des victimes, p. 142-144. 79. Michel Baury, Résistance. Les derniers témoignages, Paris, Jourdan, 2019, p. 21-41. 80. D’après une communication du Bureau allemand des états de service au négationniste Herbert Taege – Wo ist Abel?, p. 124. 81. Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. /44, an den Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Sauberungsaktion des I/SS-Pz.Gren.Rgt.4“ Der Führer” am 10.6.44 in Oradour-sur-Glane, 16.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4. Le Préfet Freund-Valade n’évoque pas cette indication dans son rapport du 15 juin 1944. 82. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18. 83. Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. 1216 /44 an Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Vorgänge in Oradour-sur-Glane, 20.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4. 84. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8: en ligne… Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183: en ligne… 85. https://www.oradour.info/appendix/dortmund/okrent02.htm. 86. «Je ne sais rien d’une équipe d’ambulanciers allemands assassinés à Oradour dont les corps auraient été au bord de la route. En tout cas, je n’ai vu moi aucun soldat allemand abattu là.» https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 382. Kahn indiquera seulement: «Il me revient à l’esprit qu’avant notre arrêt, nous avions vu sur la route un camion renversé sur son toit dans le fossé, qui avait été considérablement endommagé par des tirs. Autour du véhicule, il y avait des corps, environ huit à dix personnes, en partie brûlés. Pour autant que je me souvienne, ces gens étaient des Français, peut-être des membres de la Milice. En tout cas, je ne me souviens pas qu’il se soit agi de membres des forces armées allemandes.» (Ibid.) Personne d’autre que lui n’évoque ce camion renversé. 87. https://www.oradour.info/appendix/dortmund/okrent01.htm. 88. Otto Weidinger, Tulle und Oradour. Eine deutsch - französische Tragödie, auto-édition, 1984 – trad. française: Tulle et Oradour. Une tragédie franco-allemande, auto-édition, 1984, p. 36 89. PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 90. Notamment Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 14, 20, 254-255, 278. 91. Taege doit ainsi reconnaître que Barth «a nié la découverte d’un transport médical massacré à Oradour ou à proximité» (Wo ist Abel?, op. cit., p. 124). 92. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 277-279 93. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 279. De fait, il n’en fait aucune mention dans Le Cri des victimes. 94. Voir le facsimilé de la fiche SS de Kämpfe dans Gérard Guicheteau, La «Das Reich» et le cœur de la France, Paris, éd. Daniel & Cie, 1974, p. 45. Egalement, Guy Penaud, Oradour-sur-Glane. Un jour de juin 1944 en enfer, La Crèche, Geste Editions, 2014, p. 180-181 et Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 201-205, ainsi que Michael Williams: en ligne… (consulté le 6 janvier 2020). 95. Réquisitoire définitif du commandant Guille, substitut du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Bordeaux, du 12 mars 1951, page 23 – AJM, «Dossier Oradour», Liasse XII. Exposé plus détaillé, à partir de nombreux témoignages, par Michel Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, Waterloo, Jourdan, 2020, p. 65-72, qui relate que, parmi les victimes, un gendarme est abattu et son cadavre est écrasé par un véhicule blindé, et que trois cadavres de maquisards sont incinérés au lance-flammes – peut-être brûlés vifs. 96. Sur ce point, voir Michel Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, Waterloo, Jourdan, 2020, p. 69-127. Egalement, du même auteur, Résistance. Les derniers témoignages, op. cit., p. 63-164. 97. Réquisitoire définitif du commandant Guille, substitut du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Bordeaux, du 12 mars 1951, page non numérotée, entre la page 23 et la page 23bis – AJM, «Dossier Oradour», Liasse XII. Voir également les souvenirs de Paulette Gilet, fille de Pierre Just, l’un des cultivateurs assassinés, dans Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 226-229, ainsi que d’Antoine Malaguise, fils de Pierre Malaguise, l’autre cultivateur abattu, ibid., p. 235-237. Egalement PV d’audition de Léon Vigneron, 25 août 1949, p. 1, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 98. V oir le témoignage de Fernand Laudoueineix dans Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 222-223. Léon Vigneron, interrogé en 1949, fera état de promesses similaires de la part des Allemands: PV d’audition de Léon Vigneron, 25 août 1949, p. 2, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 99. Grenard, Une légende du maquis, op. cit., p. 314; Vickers, Das Reich. 2nd SS Panzer Division Das Reich – Drive to Normandy, June 1944, Barnsley, Pen & Sword, 2000, p. 121-128. Voir également le rapport du commissaire de police judiciaire Félix Hugonnaud du 31 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 100. Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 120-126. Bizarrement, selon le Bureau allemand des états de service (Wehrmachtsauskunftstelle), qui tient un registre des états de service des soldats de l’armée allemande tombés ou non au cours des deux dernières guerres mondiales, le cadavre de Kämpfe aurait été exhumé à Breuilaufa, à une quinzaine de kilomètres d’Oradour-sur-Glane, mais les recherches de Michel Baury établissent qu’il n’en est rien (ibid., p. 131-140). 101. Rapport du commissaire Hugonnaud du 31 août 1949, op. cit., p. 4. AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 102. Aucun des rescapés n’en fait mention. Un ingénieur de la SNCF, Jean Pallier, qui arrivera en soirée à Oradour et établira quelques jours plus tard un témoignage précieux, indiquera que, d’après un survivant qu’il n’a pas vu mais dont les paroles lui ont été rapportées par un témoin digne de foi, qu’un interprète aurait avisé la population du village, avant le massacre, «qu’un commandant allemand portant beaucoup de décorations avait été tué à quelques kms de là» (Témoignage de Jean Pallier reproduit intégralement dans Les Lettres françaises, numéro spécial, 1er août 1944, «Sur les ruines de la morale: Oradour-sur-Glane»). Ce n’est là, cependant et sur ce point précis, qu’un témoignage de deuxième main, que ne corrobore aucun élément. Par ailleurs, Reynouard tente de faire croire que les SS en auraient parlé aux habitants rassemblés sur la place principale à partir de cette citation isolée de Jean Pallier, d’un témoignage du «malgré nous» Charles B. de 1947 par lequel il indiquera que Kahn aurait «demandé aux gens s’il n’y avait pas d’officier allemand caché» (PV d’audition de Charles B., 3 mai 1947, p. 1, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII), et d’un autre témoignage similaire de l’engagé volontaire alsacien Georges-René Boos (Déclaration volontaire du prisonnier de guerre Unterscharführer Georg Boos, 21 avril 1947, p. 1, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII). Mais Charles B. s’est rétracté peu après (PV d’audition de Charles B., 26 août 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII), puis au procès de Bordeaux (Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 20 janvier 1953, p. 5-6), ce dont Reynourd est bien forcé de convenir – Demi-siècle, op. cit., p. 131. Restent les déclarations de Boos de 1947, mais il ne semble pas que ce dernier les ait répétées aux enquêteurs puis lors du procès, ce qui en réduit d’autant la valeur probante. 103. Déclaration de Léon Sage, rapport du commissaire Massiéra du 4 juillet 1944, p. 11 (AD Haute-Vienne, 1517 W 424). Jean Pallier, «Sur les ruines de la morale: Oradour-sur-Glane», op. cit.; déposition Anna Hyvernaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 29 janvier 1953, p. 4; PV d’audition d’Yvonne Gaudy, 25 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Rapport du commissaire Hugonneau, 26 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. 104. Déposition de René Ohl, 10 juillet 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. 105. PV d’audition de Heinz Simstedt, 3 août 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 106. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4. 107. Pierre Limagne, Ephémérides de quatre années tragiques 1940-1944, vol. III: Les assauts contre la Forteresse Europe, Paris, Candide, 1987, p. 2058. 108. Jean Guéhenno, Journal des années noires, Paris, Gallimard, 1947, et Livre de Poche 1968, entrée du 22 juin 1944, p. 481-482. 109. PV d’audition de Jeanne Duqueroix, 7 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 110. Report No. PWIS(H)/KP/113 - SS-Panzer Grenadier Regiment 4 «Der Führer» - Kempton Park Camp 7 July 1944. Public Record Office (Kew): en ligne… 111. PV d’audition de Louis H., 14 décembre 1944, 1207/85, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 112. Déposition de Louis H., 15 décembre 1944, 1207/89, AD Haute-Vienne, 1517 W 524, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Déposition d’Alfred S. du 14 décembre 1944, no1207/86, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. PV d’audition de Fritz Pfeuffer, 13 juin 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. Henri W. indiquera avoir été informé qu’on aurait fait payer à Oradour les tortures infligées à un général allemand (Dépositions d’Henri W. des 1er et 8 septembre 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII). Le prétexte continuera de circuler dans les derniers mois de la guerre au sein de la division «Das Reich» (PV d’audition de Heinz Simstedt, 3 août 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 424). 113. PV d’audition de Heinz Werner, 20 novembre 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. Weidinger reprend les termes d’un «rapport» qu’il avait rédigé en février 1949 (voir Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 69- 74). 114. «Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 2, fonds ADEIF. 115. Talpost, 22 mars 1950 (reproduit en français dans Carrefour, 9 mai 1950). 116. Rapport du commissaire de police judiciaire Félix Hugonnaud du 31 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 117. Cf. notamment Weidinger, Tulle et Oradour, op. cit., p. 23, 25-26, 28-30. 118. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 108-115. 119. Weidinger, Tulle et Oradour, op. cit., p. 32-34. 120. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 111. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 159 (qui cite Taege sur ce point). 121. Laissez-passer no11 du 14 juin 1944, reproduit dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 71 et 126. 122. Une première équipe intervient dès l’après-midi du 14 juin 1944 et dégage trente-sept corps (Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 72). L’une de ses membres, l’assistante sociale Suzanne Lacoste, raconte: «On nous avait dit que des maisons étaient brûlées, qu’il y avait des victimes, témoignera Suzanne Lacoste, assistante sociale, mais malgré tout ce qu’entendaient nos oreilles, nous ne pouvions croire qu’un village entier avait été anéanti en quelques heures. Apercevant la première maison sinistrée, je crus, comme cela avait lieu, hélas! en tant d’endroits de notre Limousin, qu’il s’agissait simplement de quelques édifices détruits en représailles. Mais à mesure que j’avançais dans le bourg, je fus bien obligée de me rendre à l’évidence: par devant, un spectacle de mort: des rangées de maisons détruites; par derrière, antithèse effroyable, des jardins merveilleusement intacts, abandonnés en un clin d’œil par ceux qui, vivants encore une heure auparavant, y avaient laissé leurs outils de travail, toutes les pauvres choses à leur usage quotidien: une veste, une pelle, des chaises, etc… Notre première idée, en arrivant, fut de chercher l’église, car, nous avait-on dit, quelques personnes y avaient péri. Nous pensions trouver encore des femmes et des enfants à soulager dans leur détresse. Hélas! Le cœur étreint, en montant les marches de l’édifice, nous n’aurions cependant jamais pu soupçonner le spectacle d’horreur que nous allions être les premières femmes à contempler. Je n’oublierai jamais cette vision d’épouvante: une église où plus une chaise, plus un banc n’existaient. Ce n’était qu’un amas de cendres où çà et là gisaient les ossements épars: crânes, tibias, bras, un pied d’enfant, seul, au bas de l’autel. Ce pied d’enfant, aux petits doigts qui devaient ravir une maman, quelle émotion pour deux cœurs féminins de le trouver en un tel lieu et dans de telles circonstances. Dans un coin de chapelle, nous découvrons, émues, un reste de drapeau tricolore: ce bleu, ce blanc, ce rouge, sur des cendres grises, quel symbole: symbole de la patrie pour laquelle étaient mortes toutes ces innocentes victimes des hordes nazies. Détail touchant, ce drapeau devait nous servir, les jours suivants, à cravater les bouquets déposés sur les restes des morts, bouquets faits des pauvres fleurs de leurs jardins. Nous approchant de l’autel, nous nous apercevons qu’il avait été profané par les assassins; le ciboire avec les Saintes Espèces avait disparu. Seules nous retrouvons les reliques de la pierre d’autel que nous recueillons pieusement pour les remettre le soir même à Mgr Rastouil, évêque de Limoges.» (in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 183-184). Voir également sa déposition devant le Tribunal militaire de Bordeaux (Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 42-44). 123. Dr. Bapt «Compte-rendu de ma mission à Oradour-sur-Glane les 14-15-16-17 et 19 juin 1944», in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 153-158. Egalement AJM, «Dossier Oradour», Liasse V, et A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424. 124. Déposition du Dr. Bapt, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 35-38. 125. Lettre de Karl Gerlach du 11 septembre 1990, CMO, 1 FP 73. 126. Voir, à titre d’exemple, les déclarations d’un propagandiste allemand reproduite dans Pierre Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour. Le plus monstrueux crime de guerre, Limoges, Publications du Centre, 1944, p. 118-119. 127. https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Trad. française dans Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 382. 128. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 100-115. 129. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 278-279. 130. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 156-162. 131. Guy Pauchou et Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1945, p. 69. 132. Témoignage de la secouriste Suzanne Lacoste dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 185. 133. Pauchou et Masfrand, Vision d’épouvante, op. cit., p. 69. 134. Déposition d’André Petit, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 31. 135. Ibid., p. 32. 136. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 278-282 et Wo ist Abel?, op. cit., p. 111 et 140-141. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 156-159. 137. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 158. Reynouard a pourtant à sa disposition la sténographie du procès de Bordeaux, où est reproduite la déposition de Petit. Il a préféré citer, non pas ce document, mais un article de presse relatant l’audience et reproduisant incomplètement la déclaration du commissaire, ce qui lui permet de faire dire à Petit ce qu’il ne dit pas. 138. Témoignage de Marcel Darthout reproduit dans Pauchou & Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 47-48. Egalement déposition de Clément Broussaudier, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 34, et PV d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944, 1207/12, AD Haute-Vienne, 1517 W 424 (ainsi que Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 63-64). 139. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 140. Déposition de Louise Compain, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14. 141. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4. 142. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18. 143. Voir la fiche d’éléments de langage du 18 juin 1944 retrouvée dans les archives de l’état-major de liaison no586 de Limoges, CMO, 1 ETUD 2-4: «En conséquence, les troupes allemandes sont envoyées à Oradour sur Glane le 10. On leur a tiré dessus à leur arrivée, un soldat a été tué et un deuxième blessé!» Extrait cité par Jean- Paul Pierrot, «L’invention du mensonge», L’Humanité, 8 juillet 1994 https://www.humanite.fr/node/83249. 144. Cité dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit. p. 119. 145. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 8: en ligne… 146. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 252. 147. https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 377-378. 148. https://www.oradour.info/appendix/kahnsta2.htm. 149. https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 377-377. 150. PV d’audition de Heinz Werner, 20 novembre 1947, p. 3, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, p. 1, AD Haute-Vienne, 1517 W 484; Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 2, fonds ADEIF. 151. Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 3, fonds ADEIF. 152. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 252-253. 153. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 279-284. 154. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 253. 155. Déposition de Pierre Tarnaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 26 janvier 1953, p. 16-17. 156. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 281. 157. Attestation de Clément Broussaudier, 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. 158. Cité dans Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 149. 159. Déposition d’Henri W., 1er septembre 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. 160. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 144. 161. Sur les brutalités, allant jusqu’au meurtre, voir, notamment la cote AD Haute-Vienne, 1517 W 424: témoignage de Jacques Garaud, rapport du commissaire Massiéra du 4 juillet 1944, p. 4; PV d’audition d’Aimé Renaud du 3 novembre 1944; PV d’audition de Jeannine Brandy, 3 novembre 1944; PV d’audition de Marcel Belivier, 8 novembre 1944; PV d’audition de Mathieu Borie du 9 novembre 1944; PV d’audition de Clément Broussaudier, 9 novembre 1944; PV d’audition de Jacques Boissou, 10 novembre 1944; PV d’audition d’Armand Senon, 14 novembre 1944, 1207/21, 0094; PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944; PV d’audition de Marie-Anne Deschamps, 20 novembre 1944; PV d’audition de Robert Hébras, 24 novembre 1944, 1207/46; PV d’audition de Pierre Joyeux, 24 novembre 1944 (qui fait précisément état de ces assassinats; voir également son attestation du 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI); PV d’audition de Justin Darthout, 28 novembre 1944; PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944. Egalement, lors du procès de Bordeaux: déposition Hubert Desourteaux, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 9-10; déposition Aimé Renaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 22; déposition Clément Broussaudier, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 31; déposition Yvon Roby, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 39; déposition Mathieu Borie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 42; déposition Jacqueline Claverie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 24 janvier 1953, p. 33; déposition Armand Senon, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 25 janvier 1953, p. 26-27, qui relate qu’une sentinelle faisait avancer à coups de crosse une mère tenant son enfant au cou, terrorisé; il ne fait pas mention de cet incident dans son attestation du 27 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Voir également PV d’audition Jeannine Brandy 3 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Le soldat alsacien enrôlé de force Albert O. indiquera que son supérieur, le sous-officier Steger, a tué une vieille dame (blessant O. à cette occasion): déposition d’Albert O., 21 avril 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. De même, voir les témoignages de Heinz Barth, in Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 150. 162. Yvon Roby indiquera qu’un Allemand lui a dérobé sa bicyclette (PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424). 163. PV d’audition d’Auguste L., 22 novembre 1945, no2808, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. Confirmation par Heinz Barth lors de son procès à Berlin-Est en 1983 (La Montagne, 31 mai 1983). 164. PV d’audition d’Yvonne Gaudy, 25 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Rapport du commissaire Hugonneau, 26 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Le soldat devait être Auguste L., qui sera jugé au procès de Bordeaux (ibid.). 165. Audition de Heinz Barth lors de son procès à Berlin-Est en 1983 (Le Populaire du Centre, 31 mai 1983). 166. Taege, Wos ist Kain?, op. cit., p. 255. 167. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 144-145. 168. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 179. 169. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52. 170. Ibid. 171. Reynouard, Cri des victimes, p. 193 172. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52. 173. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 284-286. 174. Citons quelques exemples. Caché dans un buisson derrière sa maison, Armand Senon relate avoir «entendu la mitraillade qui a duré jusqu’à environ 22 heures»: Déclaration d’Armand Senon du 3 octobre 1944, Rapport E.O. Munn, source privée et Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Un crime contre l’humanité, Waterloo, Jourdan, 2021, p. 201. «Ils ont mitraillé toute la soirée», confirmera Aimé Renaud, qui ajoutera avoir entendu des coups de feu plus épars jusqu’à 4 heures du matin: Déposition d’Aimé Renaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 24 et 27. 175. Plusieurs personnes se rendent au village, pour venir aux nouvelles, récupérer leur progéniture, ou simplement rentrer chez eux, et seront abattues: Marie Ducharlet (déclaration de Martial Brissaud, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Marie Demery, née David, 8 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Martial Machefer, 8 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Martial Brissaud, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI). Mélanie Brun, épouse Milord (déclaration de Marcel Belivier, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», liasse VI). André Foussat (attestation de Pierre Joyeux, 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition de Pierre Joyeux, 24 novembre 1944, no1207/45, AD Haute-Vienne, 1517 W 424; PV d’audition de Jacques Boissou, 10 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424). On retrouvera parfois leurs cadavres: Dr. Bapt, «Compte-rendu de ma mission à Oradour-sur-Glane les 14-15-16-17 et 19 juin 1944», in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 154-157, ainsi que AJM, «Dossier Oradour», Liasse V, et AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Un Waffen SS alsacien, Georges-René Boos (engagé volontaire celui-là), assassine deux femmes qui viennent chercher leurs enfants enfermés dans l’église: PV d’audition de Joseph B., 14 mars 1947, AJM, «Dossier Oradour», liasse XIII. PV d’audition d’Auguste L., 22 novembre 1945, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII; PV d’audition d’Auguste L., 12 juillet 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII (qui évoque trois femmes tuées); PV d’audition d’Auguste L., 20 janvier 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. 176. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 169-170; Le Cri des victimes, op. cit., p. 178-188. 177. Robert Hébras, Oradour-sur-Glane. Le drame heure par heure, Montreuil-Bellay, C.M.D., 1992, p. 14-15. 178. Hivernaud, Petite histoire d’Oradour-sur-Glane, op. cit., p. 42. 179. Ibid. 180. Hébras, Le drame heure par heure, op. cit., p. 16. 181. Voir notamment Pauchou et Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 36, qui citent le témoignage de Mme Lang: «Quel spectacle angoissant, dit-elle, des mères serrent leur bébé dans leurs bras, d’autres les traînent dans des poussettes. Des fillettes pleurent, des femmes sanglotent. Puis, voici les enfants des écoles, garçons et filles. Ils se dirigent vers le lieu de leur supplice. J’entends encore le bruit des petits sabots de ces pauvres gosses frappant la chaussée et scandés par le heurt pesant des bottes de leurs bourreaux.» 182. «Au moment où je partais avec les femmes et enfants, des scènes d’adieux déchirantes ont eu lieu, relatera Marguerite Rouffanche, la seule survivante de ce groupe. Les Allemands ont toléré ou n’ont pu empêcher que nous embrassions les nôtres. Cela s’est passé rapidement. Pour aller à l’église, des Allemands nous ont encadrés de chaque côté.» PV d’audition de Marguerite Rouffanche, 9 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. «Malgré la défense, j’ai tourné la tête pour voir partir la colonne [des femmes et des enfants], indiquera Marcel Darthout. C’était un spectacle bien triste. Des cris déchirants ont été poussés par certaines femmes et enfants. On sentait qu’ils s’inquiétèrent de leurs pères, mari, ou fils. J’ai vu des femmes s’évanouir. D’autres les relevaient pour les entraîner avec la colonne qui partait, bien encadrée d’Allemands armés.» PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944, 1207/76, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 183. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 50-51. 184. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 114. 185. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52. Reynouard le cite dans Cri des victimes, op. cit., p. 181. 186. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Voir également Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14 et Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57. 187. PV d’audition de Camille Senon, 6 décembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 188. Déposition de Camille Senon, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 20. Voir également PV d’audition de Camille Senon, 6 décembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. 189. Déposition d’Emile Demery, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 28. Déposition de Jean Courivaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 9-10. 190. Déposition d’Alfred S. du 14 décembre 1944, no1207/86, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. 191. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4. 192. Limagne, Ephémérides de quatre années tragiques, III, p. 2058. 193. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8: en ligne… Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183: en ligne… L’attestation d’Okrent a été reproduite dans Przybylski et Busse, Mörder von Oradour, op. cit., p. 99-100 ainsi que par Jean-Jacques Fouché, Oradour. La politique et la justice, Saint-Paul, Lucien Souny, 2004, p. 50-51. 194. Sud-Ouest, 2 juin 1983. Fonds Jacques Delarue, F Delta 835-36, 124602. 195. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 380. 196. https://www.oradour.info/appendix/kahnsta2.htm. 197. Bericht zum Kriegstagebuch, 15.1.1943, NARA, T-315, roll. 1875. Idem le 20 janvier (ibid.) et le 29 janvier 1943: «Le groupe Gallas a nettoyé divers villages au nord du lac Jasno, au cours desquels des bandits ont tué 22 personnes. Butin: 6 fusils, grenades à main, munitions, explosifs, 2 traîneaux. De grandes quantités de munitions ont explosé dans des maisons. Pertes propres: 2 blessés.» (ibid.) Autres mentions de munitions qui explosent dans les maisons, manifestement pour «expliquer» la destruction d’un village: Bericht zum Kriegstagebuch, 21.2.1943 (ibid.), 15. 09. 1943 (NARA, T-315, roll 1874), 21.10.1943 (ibid.). 198. Le rapport transmis au commandement militaire à Athènes par la 1ère division allemande de montagne, chargée du massacre du village Comméno le 16 août 1943, mentionnait: «150 ennemis tués, quelques têtes de bétail, armes à main de fabrication italienne. Explosion de grandes quantités de munitions pendant l’incendie du village.» Un précédent rapport, interne à la division, était plus franc, parlant de «150 civils tués». BArch, RH 28-1/102, f. 66 et 68, ainsi que BArch, RH 28-1/188; également NARA, T-315, roll 66. Voir la reproduction en fac-similé des rapports allemands dans Hamburger Institut für Sozialforschung (éd.), Dimensionen des Vernichtungskrieges 1941 bis 1944, Hambourg, Hamburger Edition, 2021, p. 567. Trad. française dans Mark Mazower, Dans la Grèce d’Hitler 1941-1944, Les Belles Lettres, 2002, p. 212 (trad. de l’anglais). 199. BArch RS 2-2/21, Liasse 2/2, f. 99, (voir aussi f. 98): Generalkommando II. SS-Panzerkorps, Ic, Tgb. Nr. 1093/43, Betrifft: Ic-Morgenmeldung, 21.9.1943. 200. Yvon Roby indique que le propriétaire de la carabine était M. Compain, le pâtissier (PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424), mais Robert Hébras ainsi que Jean Darthout imputent ce propos à un autre habitant, M. Lamaud – voir PV d’audition de Robert Hébras, 24 novembre 1944, AD Haute- Vienne, 1517 W 424; déposition de Jean-Marcel Darthout recueillie par Guy Pauchou le 2 décembre 1944 (AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI) reproduite également dans Pauchou et Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 39; PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944, 1207/76, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Le prétexte allemand de la présence d’un dépôt d’armes est également mentionné par Mathieu Borie, qui mentionne avoir entendu une détonation (mais il est bien le seul), qu’il impute à l’explosion d’une grenade allemande (Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 57). 201. Selon Heinz Barth, lors de son procès en 1983, ladite perquisition n’aurait duré que cinq minutes (Le Populaire du Centre, 31 mai 1983). 202. Voir notamment Fouché, Oradour, op. cit., p. 154-159. 203. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 165. 204. PV d’audition de Louis H., 14 décembre 1944, 1207/85, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 205. Déclaration de Paul G., 8 septembre 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. P.V. d’audition de Paul P., 10 octobre 1946, A.J.M., «Dossier Oradour», Liasse VI. 206. Déclaration de Paul G., 8 septembre 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 207. PV d’interrogatoire de Josef B., 26 août 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. 208. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, p. 3, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 209. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 164. 210. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, p. 6, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. 211. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p 165. 212. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 13-14. 213. Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit., p. 118 214. Ibid. 215. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 167-168; Cri des victimes, op. cit., p. 163-172. 216. P.V. d’audition d’Yvon Roby, 16 novembre 1944, 1207/24, A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424. 217. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 171. 218. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Voir également Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14 et Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57. 219. Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57. 220. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 167. 221. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 172.

Thématiques négationnistes

Un village de résistants et maquisards?

Nicolas Bernard

Oradour, 10 juin 1944, un massacre nazi et sa négation

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  1. Oradour, village «terroriste»? Quand les négationnistes inventent un «maquis»
    Qu’est-ce qu’un «maquis»?Pas de maquis à Oradour, selon l’administration de VichyDes Résistants à Oradour – mais pas de maquisDes maquisards sanguinaires venus de l’étranger: une accusation xénophobeLes carnets de Mathieu Borie: un témoignage frauduleusement instrumentalisé par les négationnistesUne filière d’évasion d’aviateurs alliés à Oradour?
  2. Oradour, village «criminel»? Quand les négationnistes transforment les victimes en tortionnaires
    «L’épisode Gerlach»: un mensonge négationniste pour (peut-être) camoufler la préméditation du massacreL’assassinat d’un convoi sanitaire allemand à Oradour: faux mystère et vrai bobard (nazi)La capture d’Helmut Kämpfe: prétexte au carnageDes cadavres allemands dans le village?
  3. Oradour, village «armé»? Quand les négationnistes maquillent un massacre en bataille
    Des coups de feu sur les SS à l’entrée du village?Les brutalités du rassemblement de la population: preuve de l’existence d’un maquis, chez les négationnistesL’inquiétude des habitants: aveu de culpabilité chez les négationnistesUn introuvable dépôt d’armes

Préambule (par PHDN)

Le socle principal, pour ne pas dire unique des rhétoriques négationnistes relatives au massacre d’Oradour, celles qui justifient le massacre des hommes sinon des femmes et des enfants, celles qui absout les Allemand du massacre des femmes et des enfants en en faisant porter la responsabilité sur «la Résistance», consiste à reprendre une série de mensonges produits par les nazis eux-mêmes dès le lendemain du massacre, présentant Oradour-sur-Glane comme un foyer majeur de résistance. Cette thématique est déclinée en diverses propositions parfois (et même souvent) contradictoires entre elles, allant de combats acharnés à Oradour même au maintien en captivité, à Oradour de tel ou tel Allemand, voire en la torture, à Oradour de soldats allemands, l’existence de «dépôts de munitions» (expliquant explosions et incendies), etc. Les discours hypercritiques négationnistes sur tel ou tel aspect du massacre ne peuvent exister que sur ce socle. Comme le démontre ici Nicolas Bernard, il repose sur les premiers mensonges produits par les nazis, mensonges parfaitement classiques dans la communication des nazis entourant leur politique des «villages brûlés», comme l’illustre d’ailleurs Nicolas Bernard dans son ouvrage sur Oradour ou dans la partie historique de la présente section. Les discours négationnistes post-nazis reprendront ces mensonges, en les complétant de falsifications diverses, notamment par la présentation systématiquement arrangée, frauduleuse ou simplement falsifiée des récits des différents acteurs et témoins. La réalité historique parfaitement établie (et documentée par N. Bernard) est bien qu’Oradour était un village français ordinaire, n’abritant aucun «maquis» ni centre de «la Résistance», lieux d’aucune rétention ni torture, ni assassinats d’Allemands, ni d’aucun combat. Les négationnistes mentent. En voici la démonstration.

Introduction

Le discours négationniste n’est qu’une anti-histoire au service d’une idéologie – ici nazie. Ses promoteurs – propagandistes nazis, officiers de la «Das Reich», négationnistes néo-nazis – cherchent à défendre le Troisième Reich et les SS, et non à se livrer à une analyse dépassionnée du massacre d’Oradour-sur-Glane. Ce qui les amène à sombrer dans l’incohérence, en prétendant, d’une part, qu’il n’y a pas eu massacre (ou qu’il est imputable à un coup de folie d’un officier isolé), d’autre part que la tuerie était justifiée.

Dans cette logique, le village doit apparaître pour ce qu’il n’était pas: un «maquis», un «village partisan» qui, dans la logique nationale-socialiste, aurait mérité de disparaître. Pareil discours n’est pas seulement mensonger, mais caractérise aussi une apologie de crime de guerre, dans la mesure où même à supposer qu’Oradour ait possédé un «maquis», ni les conventions internationales, ni même les directives allemandes applicables en France, ne justifiaient une telle horreur.

Cette adhésion à l’idéologie nazie revient également à peindre Oradour et la Résistance, que le discours négationniste confond à dessein, sous les couleurs les plus sombres. Les victimes n’étaient pas seulement des maquisards, mais des «terroristes», planqués et sanguinaires, qui auraient massacré, sur place, des soldats allemands ou s’apprêtaient à le faire. Dans cet imaginaire, le seul massacre perpétré dans ce village, à savoir celui des habitants par les nazis, ne saurait en être un: c’est une bataille entre d’héroïques SS et de lâches maquisards (étrangers et communistes). Bref, les criminels deviennent d’honnêtes gens, et les victimes des criminels.

Il importe donc de rappeler la réalité historique, à savoir que le village d’Oradour-sur-Glane ne constituait précisément pas un «village partisan» (I), et de réfuter les allégations négationnistes selon lesquelles des Allemands y auraient été torturés et/ou assassinés (II), outre que la division «Das Reich» y aurait affronté des «terroristes» que personne n’a jamais vu (III). Pareilles falsifications reposent, comme toujours, sur des mensonges, des omissions, des manipulations de documents et de témoignages, un mépris caractérisé du contexte, et une telle mauvaise foi qu’elles finissent même par… se contredire.

I. Oradour, village «terroriste»? Quand les négationnistes inventent un «maquis»

Les négationnistes, pour transformer Oradour-sur-Glane en «maquis», manipulent aussi bien le vocabulaire que les faits eux-mêmes. A commencer par ceux constatés par l’appareil administratif du régime de Vichy.

Et tout d’abord, un peu de sémantique: qu’est-ce qu’un «maquis»?

Falsifier la réalité suppose ainsi de jouer sur les mots. Et notamment sur celui de «maquis», que les négationnistes se gardent bien de définir, ce qui leur permet d’élargir démesurément l’accusation de «terrorisme»: Reynouard fait notamment d’Oradour un maquis au motif, notamment que le village aurait compris quelques Résistants ou même un réseau d’évasion d’aviateurs alliés1, mais à les supposer même établies, ces dernières allégations ne sauraient caractériser la présence d’un maquis.

C’est ici qu’un effort de sémantique s’impose. Comme l’indique l’historien Harry Roderick Kedward, le terme «maquis» désigne «à la fois un terrain et une organisation»: le terrain, à savoir «la campagne», et l’organisation, à savoir une structure, «groupe de combat» ou «camp»2. Le maquis suppose ainsi une infrastructure, un lieu de regroupement, isolé des villes et des voies de communications pour éviter d’être repéré par l’occupant et les collaborateurs. Aux premiers temps, en 1942-1943, les «maquis» étaient surtout un lieu de refuge, dans la campagne, en forêt, en montagne, des jeunes fuyant le «service du travail obligatoire». En 1943-1944, la plupart se transforment en «maquis opérationnels», armés, de taille diverse, se ravitaillant auprès des populations paysannes adjacentes. Cette période voit alterner des phases de désengagement et de repli (faute de soutien allié) au cours de l’hiver, puis de reconstitution et d’effervescence au printemps, surtout à l’annonce du débarquement allié en Normandie.

Les maquis, on le voit, s’inscrivent dans une phase particulière de l’Occupation et de la Résistance. Apparaissant postérieurement aux réseaux et aux filières d’évasion d’aviateurs alliés/opposants/réfugiés, ils correspondent à des bases clandestines, des lieux de regroupement et d’hébergement de Résistants, à l’écart des villes et des villages. Ces derniers lieux pouvaient à leur tour servir à l’hébergement ou au ravitaillement des maquisards, mais ne constituaient pas en eux-mêmes des «maquis», c’est-à-dire des bases résistantes cohérentes, ne serait-ce que parce que ces villes et ces villages ne répondaient pas à l’exigence de clandestinité dès lors qu’elles pouvaient être habitées de «collabos» et d’indicateurs. En d’autres termes, la présence de Résistants dans un village ou dans une ville n’en faisait pas un maquis «opérationnel», c’est-à-dire un maquis armé: ce qui le faisait, c’était le lieu (caché, éloigné des voies de communications) et l’organisation (armée).

Si l’on applique cette définition à Oradour-sur-Glane, force est d’en déduire que l’éventuelle présence de Résistants dans le village, à la supposer même établie, ne saurait suffire à le caractériser comme maquis, à plus forte raison comme maquis «opérationnel», faute de groupe cohérent reposant sur une infrastructure logistique (notamment un dépôt d’armes). Les négationnistes s’attachent pourtant à semer la confusion, tant par mauvaise foi que par intérêt idéologique: déduire qu’une localité est un maquis du seul fait que des Résistants y résident ou s’y déplacent revient à légitimer les pratiques terroristes de l’occupant nazi, qui considérait l’ensemble de la population comme suspecte, voire coupable, si bien qu’elle méritait, dans cette logique, une répression collective.

Pas de maquis à Oradour, selon l’administration de Vichy

Oradour-sur-Glane ne comprend pas de maquis, c’est-à-dire qu’il ne possède aucune infrastructure servant la Résistance, ni aucun détachement armé qui lui serait rattaché. Les responsables locaux de la Résistance témoigneront de cette réalité3, bien connue également, alors, du régime de Vichy, en l’espèce la sous-préfecture de Rochechouart4. Un rapport paniqué de cette sous-préfecture en date du 8 juin 1944 décrit ainsi des «bandes armées du “maquis” [qui] sont signalées dans toute les directions, circulant à découvert de jour et de nuit et [qui] contrôlent la circulation sur les routes», mais il n’évoque, au titre d’incursions maquisardes dans les communes, qu’une action de la Résistance à Rochechouart et une occupation de Saint- Junien5, laquelle ne sera que temporaire. Le 26 juin, cette même autorité précisera que, «depuis le 8 juin le “maquis” n’a pas fait d’occupation permanente de communes. Cependant, les bandes armées ont continué à se manifester en circulant librement sur les routes, en prenant dans des Etablissement de l’Etat ou chez des particuliers, les denrées, vêtements, matériels dont elles avaient besoin, en perquisitionnant et en enlevant quelques personnes considérées comme adversaires.»6

Bref, les «bandes» circulent, mais n’occupent pas de «communes»: preuve qu’Oradour-sur-Glane n’était pas un «maquis». Le Préfet régional Marc Freund-Valade indiquera ainsi dans son rapport du 15 juin 1944 que «le village d’Oradour-sur-Glane était une des communes les plus tranquilles du département et sa population laborieuse et paisible était connue pour sa modération.»7

Fait significatif, les collaborationnistes français seront du même avis. Un journaliste, Jean- André Faucher, indiquera ainsi à ses amis du Parti populaire français, le mouvement fasciste de Jacques Doriot qu’Oradour-sur-Glane «était un village très tranquille, que je connaissais bien. De toutes les communes de la Haute-Vienne, c’était peut-être la seule qui ne fût pas marquée à gauche. Tout le monde y était plus ou moins sympathisant aux idées de la révolution nationale. Personne n’appartenait à un mouvement de résistance et même les réfugiés espagnols victimes du massacre du 10 juin se tenaient tranquilles.»8 Jean-André Faucher ajoutera: «Il n’est pas vrai que des armes ou des explosifs aient été découverts dans l’église. Rien ne peut expliquer un tel massacre d’innocents.»9

Autre fait à signaler: ces sources, aussi bien les rapports de la sous-préfecture de Rochechouart que les déclarations de Jean-André Faucher, sont parfaitement connues du négationniste Vincent Reynouard10. Mais il procède par dissimulation. Tout d’abord, en effet, il ne cite Faucher que lorsque ce dernier évoque un attentat de la Résistance à Saint-Junien11, et s’abstient d’informer son lecteur que Faucher avait indiqué aux collaborationnistes qu’Oradour ne comprenait pas de détachement maquisard ni de dépôt d’armes.

De même tait-il le fait que, pour le sous-préfet de Rochechouart, le maquis n’occupait aucune commune à compter du 8 juin 1944, et se limite à citer quatre extraits épars de rapports évoquant des cambriolages d’un bureau de tabac à Oradour (24 novembre et 24 décembre 1943), la remise de 55 litres d’essence à des «individus armés» au garage Poutaraud (27 décembre 1943) et, le 5 juin 1944, le «vol par plusieurs individus armés du camion appartenant à M. Milord, marchand de bois à Oradour-sur-Glane»12. Reynouard en déduit que le village n’était pas «tranquille», mais pareils épisodes, d’ailleurs extrêmement rares, prouvent qu’Oradour n’était pas un maquis, sauf à considérer que les maquisards… se voleraient eux-mêmes! Reynouard signe ici, et une fois de plus, son incompétence. Autre stupidité de sa part, il impute ces rapports à Guy Pauchou, alors que ce dernier ne deviendra sous-préfet de Rochechouart qu’à compter du 14 septembre 1944 et que, surtout, lesdits rapports étaient signés de son prédécesseur, Belloc de Chamborant, fonctionnaire de Vichy. Sait-il seulement lire les sources qu’il manipule?

Des Résistants à Oradour – mais pas de maquis

Il ne s’agit pas pour autant de sombrer dans l’excès inverse, et d’en déduire qu’Oradour aurait été maréchaliste. Après tout, plusieurs hommes, ex-prisonniers de guerre évadés ou jeunes susceptibles d’être expédiés en Allemagne pour le travail obligatoire, se trouvent par là même en situation irrégulière13; des Juifs s’y cachent, fuyant les bourreaux nazis et les forces de l’ordre de Vichy14; un résident de Saint-Junien, Mathieu Borie, intervient sur un chantier dans la maison de ses cousins - il est également Résistant, branche non-communiste15; Albert Mirablon, Résistant de longue date (il est membre du réseau Libération Sud depuis sa création en 1941), est également de passage à Oradour pour rendre visite à sa mère, ce 10 juin16; Jean Dupic, négociant en tissus, semble aussi avoir été responsable de la Résistance17; et puis le village connaît le marché noir18.

Mais le village comprend aussi d’autres tendances politiques. Si les maréchalistes ne donnent pas l’impression d’avoir été majoritaires19, le fait est que, le jour du massacre, un homme se signalera aux Allemands, papiers à l’appui, comme travaillant pour les autorités d’occupation – il sera exécuté comme les autres20. Du reste, si Oradour avait élu un maire socialiste, Joseph Beau, en 1935, ce dernier avait été destitué par Vichy en 1941 et c’est un notable marqué à droite, le Dr. Paul Desourteaux, lui-même ancien maire de la commune, qui a été porté à la tête d’une «délégation spéciale» ayant les mêmes pouvoirs qu’un conseil municipal, en 194121. Comment imaginer, dans ces conditions, qu’Oradour ait pu abriter un maquis? D’autant que le bourg était relié à Limoges par un tramway, ce qui n’est pas compatible avec l’intention des Résistants de s’éloigner des voies de communications. Résistants il y avait, mais ils se dissimulaient – tel n’aurait pas été le cas Oradour possédait un maquis.

Comme l’a relaté l’universitaire Franck Delage dès 1945, «on connaît assez maintenant l’organisation des FFI de toutes sortes pour assurer qu’il n’y avait pas de Maquis dans un rayon de 8 kilomètres autour d’Oradour. S’il avait existé aux portes d’Oradour des groupes de Maquis, ceux-ci seraient intervenus courageusement, auraient harcelé les SS sur toutes les lisières du bourg, et alors, sans doute, les choses auraient pris une autre tournure.»22 Tout au plus Oradour comptait-il ses résistants – et peut-être même un groupe clandestin – et ses collabos23. Les négationnistes, toutefois, s’emploient à faire une montagne d’une taupinière. Quitte à révéler, par la même occasion, leur xénophobie.

Des maquisards sanguinaires venus de l’étranger: une accusation xénophobe

Taege et Reynouard prétendent qu’Oradour comprenait des réfugiés «opposants au fascisme (Italiens, Espagnols, juif russe) qui, de façon certaine, rejoignirent les rangs de la Résistance»24. Combien, exactement? Sur ce point, nos plumitifs préfèrent rester muets, car ils préfèrent s’en prendre à ces sanguinaires maquisards «rouges» d’origine espagnole ou russe (et juive, prend soin de préciser Reynouard), ces «maquis composés d’Espagnols rouges [qui] pillèrent, violèrent et massacrèrent dans la région de Limoges»25, et qui, par leurs atrocités, auraient appelé des représailles contre la population civile, notamment à Tulle26.

Ces allégations s’inspirent, en fait, de la propagande germano-vichyste de l’Occupation, qui tentait de dépeindre la Résistance comme une bande de «terroristes» dirigée par des étrangers et des Juifs. A l’instar de ce qu’il pratiquait à l’Est pour justifier la Shoah et des exécutions massives de Soviétiques27, l’occupant nazi prétendait que derrière le maquisard français se cachait le judéo-bolchevique, aidé d’éléments étrangers, forcément criminels, comme l’alléguait, pour se borner à cet exemple, un reportage photographique allemand: «Les chefs des bandes sont des Juifs, des Espagnols rouges réfugiés et des agents britanniques. Ils sont en général bien habillés et munis d’importantes sommes d’argent. Ils recrutent leurs partisans presque exclusivement parmi la pègre oisive.»28

La propagande vichyste en avait rajouté par la voix de son porte-parole Philippe Henriot, dont les allocutions radiophoniques accablaient les «bandes qui, pendant des mois, ont terrorisé le pays et en qui les naïfs et les canailles prétendent incarner le patriotisme français», ces «Français et étrangers mêlés, armée secrète et FTP confondus.»29 Le procès et l’exécution de 23 membres des Francs-Tireurs-Partisans-Main-d’œuvre-immigrée, improprement désignés sous le titre «groupe Manouchian», acompagnés de la publication de la célèbre «Affiche rouge» en février 1944, s’inscrivait dans cette rhétorique antisémite et xénophobe, transformant les Résistants en «terroristes» peu économes du sang français, de par leur ascendance juive ou étrangère30.

En parfait néo-nazi qu’il est, Reynouard reprend expressément à son compte, sur ce point, la propagande d’Henriot31, personnalité collaborationniste qu’il s’efforce également de réhabiliter32. Ce faisant, lui et Taege s’attaquent à ces réfugiés espagnols ayant fui le franquisme à la suite de la guerre civile d’Espagne (1936-1939): internés par la Troisième République, persécutés sous Vichy, ils servaient de main d’œuvre pour l’économie française au sein de «groupements de travailleurs étrangers» (ci-après GTE), ce qui les plaçait sous contrôle de l’Etat33. Un de ces GTE avait été effectivement affecté non loin d’Oradour, mais, écrira l’historienne Sarah Farmer, «au moment du débarquement allié et du massacre d’Oradour, la plupart des travailleurs du GTE avaient été envoyés ailleurs quand ils n’avaient pas simplement réussi à s’échapper. Cependant, quelques-uns survécurent jusqu’à la fin de la guerre dans des fermes non loin d’Oradour.»34 Bref, si un nombre indéterminé de ces travailleurs espagnols, persécutés par Vichy, ont rejoint la Résistance, force est de constater qu’ils ne résidaient pas à Oradour même. Pire encore, les négationnistes se gardent bien de préciser que les seules victimes espagnoles d’Oradour ne sont autres que dix-sept femmes et enfants de ces travailleurs du GTE, assassinés le 10 juin 1944, ainsi que deux autres de ces travailleurs35. En 2020, grâce aux efforts d’un chercheur catalan, David Ferrer Revull, la 19e victime a pu être identifiée, une réfugiée espagnole du nom de Ramona Domínguez Gil, âgée de 73 ans lors du massacre36. Sans doute nos négationnistes prétendront qu’elle serait morte les armes à la main?

Les carnets de Mathieu Borie: un témoignage frauduleusement instrumentalisé par les négationnistes

Mathieu Borie, 33 ans au moment du massacre, fait partie des cinq rescapés du massacre des hommes dans les garages et les granges du village. C’est notamment à lui que les quatre autres ont dû leur survie, dans la mesure où, exerçant la profession de maçon, il a su agrandir le trou d’un des murs de la «grange Laudy», d’où ils ont pu s’échapper. Mathieu Borie était également Résistant, membre des «Mouvements unis de la Résistance», MUR, branche non-communiste de la Résistance créée en 1943. Sa mission consistait à diffuser les journaux clandestins du Mouvement de Libération nationale, comme l’a publiquement indiqué cet organisme dans une brochure parue en 1945 sous le titre Les Huns à Oradour-sur-Glane37.

Mathieu Borie s’est exprimé à plusieurs reprises sur le massacre, que ce soit dans la presse ou des ouvrages décrivant le drame38, devant les enquêteurs judiciaires39, devant l’officier américain Ecto Munn chargé par le haut-commandement allié d’établir un rapport sur la tragédie40, puis pour guider le Président de la République Vincent Auriol lors de sa visite des ruines en 194741, et devant le Tribunal militaire de Bordeaux42. Il a également livré son témoignage dans un cahier de 52 pages abondamment illustrées, composé, semble-t-il, à la Libération43. A chaque reprise, Mathieu Borie décrit l’arrivée des SS, les brutalités infligées aux civils lors du regroupement sur le champ de foire, la séparation des hommes et des femmes, le massacre des hommes, son échappée miraculeuse avec quatre autre rescapés, à travers le bourg en feu. Indéniablement, un tel témoignage pulvérise les allégations d’un Taege ou d’un Reynouard selon lesquelles une bataille aurait opposé les SS aux maquisards à Oradour.

Taege ignore pratiquement ce témoignage, qu’il se borne à signaler comme émanant d’un Résistant44. Reynouard, pour sa part, préfère l’instrumentaliser pour faire croire à l’existence d’un maquis à Oradour45. Pour ce faire, et tout d’abord, il prétend que Borie «faisait partie de la résistance communiste» (alors qu’avant le massacre il œuvrait pour les MUR, non communistes)46, puis ne retient que ce qui l’arrange: quand Borie, dans ses carnets, décrit un couple dont le bébé a été assassiné par les SS pendant la phase de regroupement des civils sur la place principale du village47, Reynouard, bien entendu, le disqualifie et l’accuse d’«invention», quitte à user d’un argumentaire spécieux, et non sans se contredire une fois de plus48 - on y reviendra.

Ce témoin qu’il désigne – à tort – comme affabulateur communiste, Reynouard n’hésite pourtant pas à l’exploiter pour faire croire que, selon les carnets de l’intéressé, un maquis aurait existé à Oradour. Mais lesdits carnets ne soutiennent rien de tel. Borie y fait seulement mention de son activité de Résistant pour les MUR; indique qu’il a quitté son domicile de Saint-Junien le 8 juin 1944 car il s’inquiétait, à juste titre, de l’arrivée des Allemands dans la ville, pour se réfugier près d’Oradour (à Boissournet, où il donnait «des rendez-vous aux volontaires pour rejoindre le maquis, aux réfractaires, pour lesquels je fabriquais de faux papiers d’identité»); précise que deux habitants d’Oradour envisageaient de «partir au maquis»; que Jean Dupic, propriétaire de la maison où une partie des bourreaux SS passeront la nuit du 10 au 11 juin 1944, était «responsable de la Résistance à Oradour-sur-Glane»; qu’un pharmacien était «résistant de mon groupe à Oradour». Il ressort d’un tel témoignage que si des Résistants résidaient à Oradour, l’endroit ne comprenait aucun maquis: sinon, pourquoi des habitants souhaiteraient-ils «partir» et pourquoi aider des volontaires à «rejoindre le maquis», si ledit maquis se trouvait… sur place?

Une filière d’évasion d’aviateurs alliés à Oradour?

Pour tenter d’établir la présence d’un maquis à Oradour, c’est-à-dire d’un groupe de résistance armé, Reynouard fait flèche de tout bois, osant citer des témoignages anonymes49: là encore, le procédé relève de l’escroquerie intellectuelle, dans la mesure où pareils témoignages sont, par nature, invérifiables, ce qui les rend irrecevables. Reynouard y ajoute un témoin nommément cité, cependant, mais là encore, son instrumentalisation camoufle mal sa méthode anti-historique.

Reynouard indique en effet avoir retrouvé en 1996 un vétéran de la Royal Air Force (RAF, armée de l’air britannique) âgé de 84 ans, Len Cotton, qui lui aurait confirmé avoir été hébergé trois jours durant à Oradour par la Résistance. Reynouard n’a jamais interrogé ce témoin de visu, mais a recueilli sa déclaration par télécopie, et prétend l’avoir interrogé au téléphone «par l’intermédiaire d’un ami». A supposer que Reynouard n’ait pas manipulé, falsifié ou inventé les déclarations recueillies, Len Cotton aurait prétendu avoir été abrité à Oradour par la Résistance à la fin de l’année 1942, après que son avion eut été abattu par les Allemands le 25 novembre de cette même année. Cotton aurait ajouté que la fille de Marguerite Rouffanche aurait fait partie de la Résistance50.

Cependant, au-delà des interrogations légitimes que suscite la manière dont Reynouard a recueilli son témoignage, il y a de quoi en douter sur le fond. Len Cotton, en effet, n’est pas un parfait inconnu. L’intéressé, pilote militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, avait également exercé l’activité de reporter de tabloïds, avant d’émigrer en Australie en 1965, où il avait poursuivi son travail de journaliste. Retraité à partir de 1980, Len Cotton indiquera neuf ans plus tard à un journaliste français qu’il s’est alors consacré à l’histoire du massacre d’Oradour-sur-Glane, allant jusqu’à reconstituer une maquette du village dans son jardin51. Cotton est également intervenu dans les médias, dès cette époque, pour réfuter les allégations d’un plumitif britannique, Robin Mackness, selon lequel la «Das Reich» aurait envahi Oradour pour retrouver 600 kilos d’or qu’une poignée de maquisards auraient dérobé à un détachement allemand52

Mais il y a plus. Interrogé par un journaliste français en 1989, Cotton a indiqué s’être pris d’intérêt pour Oradour en 1953, en identifiant un ancien SS autrichien qui s’était réfugié en Angleterre qui s’était fait passer pour un réfugié yougoslave. Il n’indique alors nullement avoir été hébergé dans ce village en 194253. Un autre article retraçant la biographie de Cotton en 1992 ne mentionne pas davantage cet épisode54. Ce n’est que quelques années plus tard, semble-t-il, que Cotton fera état de cette anecdote55.

Par ailleurs, en lisant la télécopie adressée par Cotton à Reynouard, on peut se demander comment l’ancien journaliste britannique a pu connaître – et mémoriser – le nom d’Oradour. D’abord parce qu’il n’était guère prudent, pour des Résistants, d’indiquer à un aviateur allié les noms des localités où il allait être hébergé en attendant d’être exfiltré. Ensuite parce que Cotton indique, dans sa télécopie, qu’il «did not got out in Oradour», qu’il «ne sortait pas à Oradour», car «fear of Vichy collaborators», car il craignait les «collaborateurs de Vichy»: à supposer que Cotton ait dit vrai, Reynouard se garde bien de citer ce passage dans sa «démonstration», et pour cause, car il tend à prouver qu’aucun maquis ne pouvait se trouver à Oradour – puisque, par définition, un maquis ne comprenait aucun «collabo»… Preuve que, là encore, Reynouard ne retient que ce qui l’arrange des témoignages qu’il cite.

Le journaliste Jean-Paul Picaper a noté des invraisemblances cruciales dans le témoignage de Cotton livré à Reynouard:

«Pour cacher les pilotes sauvés avant leur exfiltration, on choisissait des lieux insoupçonnables et l’on n’exhibait pas au grand jour ces grands gaillards rouquins aux yeux bleus ne parlant pas un mot de français. Ils auront traversé le village dans l’obscurité. L’ignorance de la langue française et de la géographie locale ainsi que la peur d’être trahis ou repris sont certainement pour beaucoup dans leurs imprécisions d’après-guerre. Nouvelle péripétie: comme par hasard, souligne-t-on, la fille de Mme Rouffanche en personne leur apportait à manger. Elle faisait partie naturellement de la Résistance, aurait affirmé Len Cotton. Donc sa mère Marguerite aussi. Est-ce une preuve d’appartenance au maquis que d’apporter un saucisson et du pain à un rescapé? Au fait, quel était le prénom de cette jeune fille? Le pilote Cotton s’en souvient-il? M. Cotton a-t-il tout compris, malgré sa méconnaissance du français? Et cette jeune fille parlait-elle anglais? C’est plus qu’improbable. Pour suggérer l’appartenance au maquis de Mme Rouffanche, ce témoignage est bien mince. Comme les négationnistes aujourd’hui, les aviateurs rescapés ont vu partout des maquisards. Pour eux, cela devait être rassurant. Ils doivent encore en voir dans leurs rêves. L’héroïque et belle maquisarde qui apportait du saucisson hante-t-elle toujours les nuits de Mr Cotton? En quoi d’ailleurs l’appartenance improbable, voire impossible de sa fille à la Résistance et l’hébergement transitoire de fugitifs anglo-saxons à Oradour auraient-ils empêché Mme Rouffanche de sauter, près de deux ans plus tard, par la fenêtre de l’église? Il faut avoir l’imagination fertile de M.Reynouard pour en tirer une déduction selon laquelle Mme Rouffanche ne s’est pas trouvée dans l’église, mais qu’on lui a fait apprendre un rôle de rescapée pour qu’elle puisse prétendre l’être.»56

N’en jetons plus. Les déclarations évolutives de Cotton et les invraisemblances de son témoignage suggèrent, à l’évidence, que notre vétéran a enjolivé ses souvenirs, et a vraisemblablement fini par croire, par se convaincre, l’âge venant, qu’il avait été effectivement abrité à Oradour par des Résistants après le crash de son avion, en novembre 1942. En toute hypothèse, on ne saurait déduire d’un tel témoignage qu’un réseau d’aide aux aviateurs alliés était implanté dans le futur bourg martyr. Mais n’accablons pas Cotton. Ce dernier a milité en Australie pour perpétuer la mémoire du massacre, allant jusqu’à réfuter les divagations d’un Robin Mackness: Cotton aurait sans doute été outré s’il avait su que ses déclarations ultérieures seraient instrumentalisées par un militant néo-nazi tel que Vincent Reynouard.

Qu’en est-il donc de cette filière d’évasion? Reynouard évoque, en passant, un propos d’un rescapé du massacre, Aimé Renaud, qui lui aurait indiqué que des pilotes alliés auraient été cachés à Oradour «vers le début de l’année 1943», mais cette citation est invérifiable, donc irrecevable57. Ailleurs, il cite un hors-série de La Montagne et du Populaire du Centre58, qui indique que «l’adhésion au maréchal Pétain, majoritaire au lendemain de l’armistice, décroît au fil des mois. Les maquis installent au fil des mois plusieurs camps dans les monts de Blond, à une quinzaine de kilomètres au nord du village. Des sympathisants radounauds participent même à une filière d’évasion de pilotes alliés.»59 Cette dernière indication ne fait mention d’aucune source. Du reste, Reynouard coupe la suite, et on comprend pourquoi: «Mais rien d’un fief “terroriste” selon la terminologie de l’occupant nazi». Enième citation tronquée, pour les besoins de la cause négationniste!

II. Oradour, village «criminel»? Quand les négationnistes transforment les victimes en tortionnaires

On ne le répètera jamais assez: les négationnistes recyclent la doctrine et la propagande nazie. Dès lors, déguiser Oradour en «village partisan» les amène à reproduire l’imaginaire de l’armée allemande et des SS visant les «francs-tireurs», les «bandits», à savoir que ces derniers, avec l’appui de la population civile, ne respecteraient pas les «lois de la guerre»: ils ne capturent pas, ils «enlèvent» leurs prisonniers, qu’ils maltraitent, torturent ou éliminent.

Or, comme le fait observer dans ses carnets Alexandre Varenne, politicien influent de la Troisième République et fondateur du journal La Montagne (diffusé en Auvergne et dans le Limousin), le 2 juillet 1944, au regard de Tulle et d’Oradour, «les atrocités du maquis – il y en eut, malheureusement – ne sont tout de même pas comparables.»60 Un Allemand tombant entre les mains du maquis pouvait s’en sortir, n’étant pas systématiquement éliminé, tandis que le maquisard capturé par la Wehrmacht, la Sipo-SD, les Waffen SS ou la Milice, était abattu immédiatement ou plus tard, sinon déporté.

La propagande nazie, de même que les SS et les négationnistes, n’en vont pas moins tenter d’exploiter certaines mésaventures, disparitions, voire la mort de soldats et d’officiers allemands dans les jours précédant le massacre d’Oradour-sur-Glane, pour en déduire un fantasmatique rapport de cause à effet avec la tuerie du 10 juin 1944. Insistons là-dessus: de tels épisodes, dont le plus connu n’est autre que la capture, dans la soirée du 9 juin 1944, de l’officier SS Helmut Kämpfe à l’est de Limoges, n’ont aucun lien avec l’extermination d’Oradour, sinon pour servir de prétexte.

«L’épisode Gerlach»: un mensonge négationniste pour (peut-être) camoufler la préméditation du massacre

L’épisode est bien connu et peut être résumé en quelques lignes à peine. Le 9 juin 1944, un SS-Untersturmführer (sous-lieutenant SS) de la division «Das Reich», Karl Gerlach, se voit confier une mission de reconnaissance à l’ouest de Limoges, dans le secteur de Nieul, pour y établir un cantonnement. Malheureusement, lui et son chauffeur sont faits prisonniers près de Nieul par des maquisards, vraisemblablement de «l’Armée secrète». Les deux SS sont confiés à deux membres des Groupes mobiles de réserve (ci-après GMR, police paramilitaire de Vichy) ralliés à la Résistance, puis emmenés, de planque en planque (qui le font passer par le village de Peyrilhac), au «Bois du Roi»; alors que ces GMR s’apprêtent à l’exécuter, Gerlach s’évade et rejoint Limoges, mais son chauffeur est tué61.

Avant de revenir à la postérité de cet incident dans la mémoire du massacre d’Oradour, interrogeons-nous sur la mission initialement confiée à Gerlach, sur laquelle ce dernier n’a pas été des plus diserts. Dans un témoignage énoncé en 1951, ce dernier indiquera que «le 9 juin, au début de la matinée, le colonel Stadler [chef du régiment “Der Führer”] me chargea de préparer des cantonnements, dans la région de Nieul, pour le détachement d’artillerie sur chenilles. En me montrant la carte [son supérieur, chef de régiment, Sylvester Stadler] m’avertit que la Résistance était très active dans ce secteur.»62

Or un cantonnement sera effectivement établi à Nieul le 10 juin au soir, non point pour ces artilleurs, mais pour la compagnie revenant des ruines d’Oradour. Les préparatifs de ce cantonnement ont bel et bien débuté le 9 juin 1944 vers midi, heure à laquelle un petit détachement d’une douzaine de soldats a réquisitionné, sur place, deux classes de l’école ainsi que le logement du directeur de l’établissement, aux fins d’accueillir des troupes devant arriver «le lendemain [10 juin] 10 h», en vérité le 10 juin à 22 h63. Sauf à ce que Stadler ait entre- temps changé d’avis, ces faits suggèrent qu’une atrocité était imaginée, voire projetée, à l’ouest de Limoges au plus tard le 9 juin 1944. Et que Gerlach y a participé, jusqu’à sa capture inopinée.

Toujours est-il que la mésaventure de Gerlach est sans lien avec Oradour: comme il le ressort de témoignages de Résistants, il n’y a pas été capturé, ni n’y a été emmené. Aucun Waffen SS n’en fait mention aux habitants d’Oradour ou aux passagers du tramway de 18 h le 10 juin 1944, ni aucun SS interrogé par la Justice après la guerre. Le rapport du régiment «Der Führer» du 11 juin 1944 communiqué à l’état-major de liaison no586 à Limoges, et qui sert lui aussi une entreprise de camouflage, est également muet sur ce point64.

Pourtant, le 12 juin 1944, l’état-major de liaison no586 à Limoges informe ainsi le Préfet régional du régime de Vichy, Marc Freund-Valade, qu’«un Unterführer et un homme d’une formation SS auraient été capturés par une bande de maquis et emmenés à Oradour. Le SS y aurait été abattu, tandis que le SS Unterführer a réussi à s’échapper et à conduire les troupes à O[radour] (dans le but d’exercer des représailles). On ne sait désormais rien des détails de la fusillade ni de la découverte des corps.»65 Freund-Valade communiquera ce prétexte à Vichy, non sans préciser «qu’aucun témoignage n’a pu vérifier la véracité de ces faits et même s’ils étaient exacts ils ne pourraient ne pourraient en aucune façon justifier un aussi abominable carnage»66.

Mais le bobard se répand, en interne comme à l’attention des Français. «Un sous-lieutenant de la 2. S.S.-Panzer-Division “Das Reich” a été capturé à Nieul (8 kilomètres N.-O. de Limoges) et emmené à Oradour, commente le journal de guerre de l’état-major de liaison no588 à Clermont-Ferrand à la date du 14 juin. Il a pu s’échapper.»67 L’écrivain collaborationniste Maurice-Yvan Sicard, alias Saint-Paulien, évoquera un rapport communiqué par le MBF fin juin, lequel aurait décrit un attentat, «dans la région, mais non à Oradour-sur-Glane», contre un officier d’intendance et son chauffeur, ce qui évoque la capture et l’évasion de Gerlach68. Mais cette rumeur s’ajoute à d’autres rumeurs propagées par les Allemands, si bien que, comme l’a pertinemment compris le Préfet Freund-Valade, elle ne saurait avoir valeur d’explication – et encore moins d’excuse.

Le 4 janvier 1945, le «juge-juriste» de la division «Das Reich», Detlef Okrent, commet une brève attestation rédigée «de mémoire», qui synthétise les «éléments de langage» élaborés en juin 1944: «A Oradour, un SS-Untersturmführer de la Division et son chauffeur avaient été fait prisonniers par les terroristes et amenés enchaînés au village ou avec la participation de la population spécialement aussi de femmes, ils ont été maltraités aussi de façon bestiale. Tandis que le SS-Untersturmführer put se libérer par une ruse, le chauffeur, d’après les constations faites ultérieurement, a été de façon inhumaine torturé à mort.»69

Ce bobard, vraisemblablement composé les 11-12 juin 1944 par la division «Das Reich», va perdurer après la guerre, propagé par les anciens officiers SS non sans incohérences70, puis les négationnistes Taege et Reynouard71. Gerlach y participera, indiquant en 1951 qu’il aurait bel et bien été emmené à Oradour: il aurait entendu ce nom pendant sa détention, puis aurait aperçu, à l’entrée du village où il avait été emmené, une «plaque sur laquelle était écrit “Oradour-sur-Glane”»72. Gerlach collaborera ultérieurement avec Herbert Taege, qui se fera un plaisir de répéter ses allégations mensongères73. Mais les anciens supérieurs hiérarchiques de Gerlach semblent avoir été réticents à l’exposer: le procès-verbal de son interrogatoire de 1951 n’est finalement pas délivré à la Justice française, ce qui suggère que la défense jugeait ses affirmations peu plausibles ou insusceptibles de résister à un supplément d’enquête74.

Et pour cause, car on sait que, ce 9 juin 1944, Gerlach a été emmené, non à Oradour, mais à Peyrilhac, à une dizaine de kilomètres du futur bourg martyr. Pour faire pièce aux nombreux témoignages français qui l’établissent, Taege et Reynouard opposent

Gerlach n’a jamais mis les pieds à Oradour. Mais pour prétendre le contraire, les négationnistes en sont réduits à des manœuvres rhétoriques qui, une fois de plus, signalent leur parfaite mauvaise foi, autant que leur incompétence.

L’assassinat d’un convoi sanitaire allemand à Oradour: faux mystère et vrai bobard (nazi)

Le 8 juin 1944, un camion de la Wehrmacht, transportant une dizaine d’hommes, tombe dans une embuscade des FTP au lieu-dit La Betoulle, à la limite des communes de Breuilaufa et de Berneuil: quatre ou cinq soldats allemands sont tués, (ainsi qu’un Français qu’ils avaient réquisitionné, puis inhumés dans le bois de La Betoulle (leurs corps seront exhumés en 1963 et transférés au cimetière allemand de Berneuil, en Charente-Maritime); cinq ou six autres sont capturés puis fusillés par les maquisards, leurs corps jetés à une rivière puis enterrés dans le bois de La Varogne (à Berneuil)79. L’un de ces militaires allemands tués n’était autre que celui d’un officier-payeur, Paul Plehwe, porté disparu80.

Ce fait ne présente aucun lien de causalité avec le massacre d’Oradour: les lieux d’embuscade et d’inhumation se situent à une quinzaine de kilomètres du village martyr, et aucun Allemand capturé n’a transité par ce lieu. C’est l’occupant qui, dans les jours qui suivent le massacre, va exploiter cet épisode, non sans le grossir démesurément – et progressivement:

Bref, alors qu’un officier-payeur a disparu le 8 juin 1944, et que son corps n’a jamais, semble-t-il, été retrouvé à ce jour, l’occupant fait d’abord état d’une rumeur selon laquelle il a été abattu par la Résistance sans autre précision (12 juin 1944), puis affirme carrément, et mensongèrement, que son cadavre a été retrouvé à Oradour, de surcroît porteur de traces de sévices (14 juin 1944), en attendant que, sept mois plus tard, un cadre de la «Das Reich» n’y ajoute neuf autres cadavres allemands… Là encore, il s’agit bel et bien, en l’espèce, de propagande.

Sans surprise, les négationnistes reprendront cette propagande à leur compte. Dans une déclaration du 9 novembre 1952, Detlef Okrent en rajoutera, alléguant que le chef de la 3e compagnie SS chargée d’exterminer Oradour, Otto Kahn, lui aurait indiqué qu’«une ambulance militaire chargée de blessés a été attaquée près d’Oradour-sur Glane, et tout l’équipage a été tué»85. Malheureusement, ce même Kahn, interrogé par le Parquet de Dortmund en 1962, niera cette déclaration86, si bien qu’Okrent n’en fera plus mention lorsqu’il sera interrogé en 196387

N’importe, Otto Weidinger reprendra ce bobard à son compte vingt ans plus tard, en l’assaisonnant de nouveaux détails sanguinolents: «Le commandant Diekmann aurait trouvé, entre autres, à la sortie d’Oradour-sur-Glane, les restes d’un échelon sanitaire dont tous les éléments, blessés, conducteurs, chefs de voiture, avaient été attachés aux volants de direction et avaient manifestement été brûlés vivants.»88 Weidinger, en l’occurrence, faisait plus qu’enfler la propagande allemande, il modifiait ses propres déclarations initiales de 1949 devant la Justice française, lesquelles n’évoquaient nullement une telle horreur89.

Taege exploite également l’épisode en prétendant s’appuyer sur le témoignage d’un ancien sous-officier Waffen SS de la division «Das Reich», Jœsef Gary, lequel aurait indiqué, en 1978, que les cadavres de soldats allemands d’un convoi médical auraient été retrouvés «près d’Oradour»90. A supposer que Taege n’ait pas falsifié ce témoignage, pareille révélation ne résiste pas à l’examen, dans la mesure où aucun autre soldat SS interrogé par la Justice française, ni même les officiers Kahn ou Barth, n’a confirmé ce propos (sachant que «près d’Oradour» n’est pas «à Oradour»)91.

De son côté, Reynouard reprend le bobard à son compte, citant Weidinger et Okrent92, mais se fait moins affirmatif. C’est que notre homme est bien forcé d’admettre «qu’officiellement aucune carcasse de camion n’a été retrouvée à proximité d’Oradour. De même, aucune preuve matérielle n’existe qui confirmerait la découverte du cadavre de l’officier Plehwe dans le village.»93 N’importe! Puisqu’il ne peut prouver, notre homme préfère insinuer que le «grand complot» camouflerait les preuves…

La capture d’Helmut Kämpfe: prétexte au carnage

A l’instar de la mésaventure de Karl Gerlach, la capture d’un officier SS de la division «Das Reich», Helmut Kämpfe, par la Résistance, dans la soirée du 9 juin 1944, va être utilisée par les négationnistes pour prétendre justifier la venue des SS à Oradour.

Revenons aux faits. Le SS-Sturmbannführer (colonel) Helmut Kämpfe était chef du 3e bataillon du régiment «Der Führer» de la division «Das Reich». Vétéran de la campagne de Russie, il était titulaire de la Croix de Fer de 2e puis de 1ère classe, et de la Croix de Chevalier94. Le 9 juin 1944, dans la foulée de la reprise de la ville de Guéret (au nord-est de Limoges) par la Wehrmacht après sa libération par la Résistance, son bataillon croise par accident de petits groupements de maquisards et les anéantit; 29 Résistants sont tués ou exécutés sommairement à Janaillat, lieu-dit «Le Poteau de Combeauvert»95. Mais dans la sorée, alors que Kämpfe vient de quitter les lieux de ce massacre, et se rend seul en voiture vers le quartier-général de la «Das Reich», à Limoges, il est capturé par des FTP. L’officier SS est aussitôt remis au maquis de Georges Guingouin96.

Dans l’immédiat, aux abords du lieu où l’on retrouve sa voiture vide, les SS abattent deux cultivateurs97. Le soir même, l’état-major de la «Das Reich», pour compléter ses recherches, va jusqu’à libérer un Résistant, Fernand Laudoueineix, pour qu’il leur serve d’intermédiaire avec «le chef des «terroristes»»: cinquante Résistants seront relâchés en échange de Kämpfe libéré sain et sauf98. Mais cette tentative de négociation ne donne rien. Kämpfe est finalement exécuté le 11 ou le 12 juin 1944, vraisemblablement sur ordre de Guingouin, peut-être parce que ce dernier a appris la participation de Kämpfe au massacre de Combeauvert, ou les pendaisons de Tulle, ou le massacre d’Oradour – à moins que le prisonnier n’ait tenté de s’évader99. Le lieu de la mise à mort est tout aussi probablement Cheissoux, à cinquante kilomètres à l’est d’Oradour-sur-Glane100.

Ces faits appellent une déduction, déjà effectuée par la Justice française lors de l’instruction devant conduire au procès de Bordeaux en 1953: «après le massacre d’Oradour-sur-Glane, les Allemands cherchaient encore à le [Kämpfe] faire libérer, ils savaient donc qu’il n’était pas mort.»101 Tout du moins supposaient-ils, le 10 juin 1944, que Kämpfe pouvait encore être en vie.

La capture de Kämpfe va toutefois servir de prétexte à la venue des Allemands à Oradour, ce même 10 juin. Certes, les SS n’en parlent nullement aux habitants après les avoir rassemblés sur le champ de foire102, mais aux passagers du tramway parti de Limoges à 18 h, des soldats de la «Das Reich» affirment être venus faire payer la disparition d’un officier allemand, vraisemblablement Kämpfe103, prétexte qui semble avoir été communiqué ce même jour à la Sipo-SD104, et qui circulera dans les derniers mois de la guerre au sein de la division SS105.

Toutefois, ce prétexte est relativement dédaigné par les autorités allemandes et même par l’officier SS Detlef Okrent dans son attestation du 4 janvier 1945, lesquels insistent plutôt, comme on l’a vu, «l’incident Gerlach» ou la disparition d’un convoi sanitaire. Le rapport d’opérations du régiment «Der Führer» du 11 juin 1944, déjà cité, lequel sert lui aussi une entreprise de camouflage, n’évoque ni la capture de Kämpfe, ni l’hypothèse selon laquelle les SS se seraient déplacés à Oradour pour le retrouver ou le venger106.

La rumeur n’en circule pas moins. Le 13 juin, le journaliste français Pierre Limagne, qui, depuis 1940, consigne jour par jour, à Limoges, les informations officielles et non-officielles sur la guerre et l’Occupation, recense les différentes rumeurs sans les départager, la majorité d’entre elles étant d’inspiration nazie: «D’après certaines versions, il s’agissait de venger un officier allemand tué dans la localité; d’après d’autres, on y aurait trouvé des armes; d’après d’autres encore, l’occupant voulait terroriser le pays par la destruction d’un village et l’extermination de ses habitants, et le nom d’Oradour aurait été tiré au sort.»107 «Oradour-sur-Glane. Ce joli nom était celui d’un petit village aux environs de Limoges, écrit le Résistant Jean Guéhenno dans son journal le 22 juin. Un officier allemand a été tué, il y a une quinzaine de jours. Ils ont rasé le village, mitraillé la population rassemblée, jusqu’à ce que plus rien ne souffle ni ne crie.»108

Plus tard, un agent de la Sipo-SD indique à une jeune femme originaire d’Oradour-sur-Glane, et résidant à Limoges: «Les habitants d’Oradour ont tué des jeunes SS lorsqu’ils étaient arrivés avec leur formation dans cette localité. Des femmes d’Oradour ont ensuite dansé sur le cadavre. Cette formation revenait du front de la Russie et lorsque les camarades ont constaté la mort de l’un des leurs, tué à Oradour, ils en sont écœurés et ont mis le feu au bourg.»109 De même, des soldats de la «Das Reich» capturés par les Alliés racontent également, lors de leurs interrogatoires, que «le bruit courait que [le] Commandant 3ème Bataillon avait disparu du village d’ORADOUR-SUR-GLANE pour cause d’activité partisane le 10 juin 44»110.

Il en ressort que les bruits relatifs à la disparition de Kämpfe circulent surtout dans les rangs allemands, «Das Reich» et Sipo-SD. Lorsqu’ils sont diffusés parmi les Français, ils se confondent avec les autres rumeurs relatives à la capture-évasion de Gerlach ou la disparition de l’officier-payeur Paul Plehwe. Il est vrai que pas plus Gerlach que Plehwe ou Kämpfe n’ont été emmenés à Oradour – et jamais les cadavres des deux derniers n’y ont été retrouvés (et pour cause, le premier a été tué une quinzaine de kilomètres plus loin, tandis que le second était encore en vie, à cinquante kilomètres de là). Difficile, pour les nazis, d’en rajouter, faute de pouvoir exhiber leurs corps à l’attention de leurs photographes de propagande…

Il faut donc attendre l’après-guerre pour que la capture de Kämpfe refasse parler d’elle. Interrogés par la Justice française, des soldats de la «Das Reich» prétendent qu’ils étaient venus à Oradour, soit pour retrouver Kämpfe111, soit pour le venger112. Ces contradictions majeures suggèrent que leurs affirmations s’inscrivent dans des stratégies de défense, d’autant qu’elles n’émanent que d’une partie des SS auditionnés. Mais il n’est pas impossible que ceux des SS qui prétendent avoir appris qu’un officier allemand disparu devait être vengé disent la vérité: le prétexte, on s’en souvient, a été indiqué aux passagers du tramway parti de Limoges à 18 h, il a donc pu être communiqué aux bourreaux pour les motiver à massacrer le village, au nom du principe de solidarité envers les Kameraden.

Ce prétexte d’ordre «managérial» va toutefois être intégré au premier corpus négationniste établi à l’époque par les anciens officiers de la division «Das Reich» pour justifier le massacre. Heinz Werner en 1947 puis Otto Weidinger en 1949, prétendent ainsi qu’avec l’accord de sa hiérarchie, Diekmann se serait rendu à Oradour pour y délivrer Kämpfe, également capturé la veille par la Résistance, du moins y faire des prisonniers destinés à être échangés contre Kämpfe. Non sans se contredire l’un l’autre: chez Weidinger, Diekmann aurait rapporté, le matin du 10 juin 1944, que des indicateurs français l’auraient informé qu’un officier allemand, sans doute Kämpfe, allait être exécuté et brûlé à Oradour, «où se trouvait un état-major du maquis», tandis que Werner, lui, indique seulement que Diekmann aurait rapporté qu’un «PC du maquis se trouvait à Oradour» et qu’il supposait que Kämpfe devait s’y trouver, sans aucune allusion à une exécution imminente de cet officier. Par surcroît, Weidinger décrit Diekmann comme «surexcité», soucieux de délivrer son «ami» Kämpfe, et suggère qu’il aurait agi de manière impulsive, tandis que Werner ne va pas jusqu’à de telles considérations psychologiques113. Leur camarade Albert Stückler, faisant fi de ces apories, mêle ces deux témoignages en une seule version des faits dans son «rapport» de 1949114, qui sera diffusé par la gazette ouest-allemande Talpost en 1950115.

Hélas pour eux, la police française, à la suite des déclarations de Weidinger, va se livrer à sa propre enquête, laquelle discréditera ces allégations dès 1949116. Mais nos vétérans, emprisonnés ou non, n’en ont cure, et répèteront ad nauseam que l’officier SS Diekmann se serait rendu à Oradour pour retrouver Kämpfe117. Le propos leur sert à imputer la responsabilité du massacre à un coup de sang de Diekmann, de manière à exonérer sa hiérarchie, ce qui correspond à un négationnisme «minimal» du carnage118. Du reste, aucun de ces ex- officiers SS n’ira jusqu’à prétendre que le cadavre de Kämpfe aurait été retrouvé à Oradour, Weidinger ira jusqu’à concéder, en 1984, que cet officier aurait été effectivement exécuté par les maquisards à Cheyssoux (mais le 10 juin, et non le 11, ce qui expliquerait, selon lui, pourquoi la Résistance n’a pu le restituer à la division)119.

Les négationnistes néo-nazis Taege et Reynouard, pour leur part, iront encore plus loin, quitte à contredire ces ex-officiers SS: non seulement Diekmann serait parti à Oradour pour retrouver Kämpfe, mais encore aurait-il eu raison de le faire, puisque ledit Kämpfe aurait trouvé la mort à Oradour, et même été jeté dans un four de la «boulangerie Bouchoule»120. Une accusation certes formulée au conditionnel – mode de conjugaison bien pratique –, et qui achève de démontrer que les discours négationnistes font fi de toute cohérence, mais qui nous oblige à aborder une autre falsification: des cadavres allemands auraient été retrouvés dans le village martyr!

Des cadavres allemands dans le village?

Le 14 juin 1944, les autorités allemandes autorisent, jusqu’au 22 juin, l’envoi à Oradour-sur-Glane d’équipes en charge des secours, ainsi que de l’inhumation des victimes, du déblaiement des ruines et des mesures sanitaires indispensables121. Sous la direction du Dr. Bapt, chef du service de santé du département de la Haute-Vienne, et de son adjoint le Dr. Benech, des groupements composés de séminaristes, d’étudiants, de membres de la Croix-Rouge, près de cent-cinquante personnes au total, s’acheminent vers Oradour à partir des 14 et 15 juin122.

Le Dr. Bapt en livrera un rapport d’activité, qui détaille les «emplacements où furent découverts les cadavres humains» dans les ruines d’Oradour:

«Le mardi 13 juin, et dans la matinée du mercredi 14, une équipe composée de cantonniers et de personnes de bonne volonté de Saint-Victurnien était venue relever les cadavres, 35 très exactement furent retirés des décombres par leurs soins. En outre, d’autres victimes furent relevées et transportées ce même jour par les habitants des villages voisins.

Voici très exactement les emplacements où furent retrouvés ces cadavres:

1oBuvette chez M. Mercier, à Puy-Gaillard:

Dans la cave, sous un escalier en pierre, ossements calcinés, vraisemblablement de femme et de nourrisson.

2oHameau de La Brégère:

Un cadavre retrouvé par M. Brun, de Séguières, dans l’après-midi du 14 juin. Il s’agit du corps de Mme Victor Milord.

3oDans la Glane:

Le cadavre de M. Chalard, employé de la C.D.H.V.

4oGrange de M. Bouchoule, boulanger sur le champ de foire, près l’église:

Débris calcinés et ossements d’hommes, femmes et enfants. En outre, un cadavre, tronc et tête en partie calcinés, vraisemblablement d’un homme.

5oSacristie:

Débris calcinés, ossements de femmes et d’enfants en grande quantité.

6oÉglise:

À côté du maître-autel, ossements et débris calcinés dont un pied d’enfant de 6 ans environ, intact.
Dans la 2e chapelle latérale droite, environ un tombereau de cendres et d’ossements de femmes et d’enfants.
Dans un confessionnal, deux cadavres d’enfants de 10 à 12 ans qui ont été retirés, le lundi 12, par les Allemands.

7oCharnier (à côté de la petite porte de l’église):

10 cadavres et des débris humains correspondant à 15 personnes en furent retirés.

8oAppentis sous presbytère:

10 cadavres, dont 8 enfants et 2 femmes, parmi lesquels furent reconnus: Mme Hyvernaud, Mlle Marie-Rose Bastien et les enfants Raymond et Georges Thomas.

9oJardin du presbytère:

Deux fosses isolées avec cadavres de Mme Joyeux, née H. Hyvernaud, et son enfant.

10oGarage Milord: Ossements et débris calcinés. Sept cadavres d’hommes retrouvés par les équipes de Saint-Victurnien.

11oGarage de M. Désourteaux:

Ossements et débris calcinés.

12oBoulangerie Bouchoule:

Cadavre de M. Milord, enlevé par la famille Milord, de Dieulidou, le mercredi 14, après-midi. Cadavre de M. Bouchoule, tronc et tête calcinés, Un cadavre dans l’étouffoir.

13oCharnier jardin Denis:

Environ 25 cadavres d’hommes, dont les cadavres du docteur Désourteaux et de M. Tournier, chef de musique à Limoges. Il fut retrouvé, en outre, dans cette fosse une carte de tabac au nom de M. Denis.

14oChai de M. Denis:

Ossements et débris calcinés de femmes et d’hommes.

15oFerme de M. Picat:

Dans le puits situé dans la cour de la ferme, cadavre d’une femme et autres débris humains.

16oJardin de M. Jean Dupic:

Le cadavre de M. Dupic, enlevé par M. Quériaud, à Cieux, le jeudi 15.

17oJardin de la mairie:

Le cadavre d’un jeune homme de 20 ans, non identifié.

18oHangar de Mme Laudy, née Monnier:

Ossements et débris calcinés.
50 cadavres en partie calcinés uniquement d’hommes furent relevés par les équipes de Saints-Victurnien et enterrés dans la première fosse commune.

19oChemin du cimetière:

Le long du chemin du cimetière à gauche, à hauteur de l’avant-dernière maison, cadavre de M. Poutaraud, garagiste, relevé par son beau-frère, à Limoges.
Plus près du cimetière, les cadavres de MM. René Mercier et Camille Texier.

20oGrange de Mme Laudy, née Monnier (métayer Desbordes):

Le cadavre, tête et tronc calcinés, de Mme Desbordes.
Dans le jardin, cadavre d’une réfugiée lorraine reconnu par M. Désourteaux. Cadavre de M. Thomas, boulanger.

21oRoute des Bordes:

5 cadavres: Raymond Pierre, relevé par sa famille, Faussat, minotier, enlevé par ses parents, Avril Michel, enlevé par M. Laroudie, Lachaud Léonard, enlevé par sa famille, Duvernay, enlevé par sa famille.

22oDans une petite maison à côté de l’église:

Restes calcinés d’une femme, reconnue par M. Ledot père, Mme Devoyon.

23oRemise de M. Beaulieu:

20 à 25 cadavres, dont celui de M. Besson.»123

Ces cadavres sont, bien entendu, victimes du massacre. Jamais le Dr. Bapt n’indique dans son rapport que parmi eux figureraient des corps de soldats allemands ou de miliciens. Il ne prétendra pas autre chose lors de sa déposition devant le Tribunal militaire de Bordeaux le 28 janvier 1953124. Par ailleurs, personne n’ayant parcouru les ruines du village dans les jours suivant le massacre n’indiquera avoir découvert de cadavres allemands ou miliciens. L’ancien Waffen SS Karl Gerlach lui-même, dans un témoignage – intéressé – de 1990, indiquera qu’auraient été découverts à Oradour des munitions, mais n’évoquera aucun cadavre allemand125.

Et pourtant, les négationnistes prétendent que, parmi ces cadavres retrouvés dans le bourg, auraient figuré… des Allemands! L’allégation vise, bien entendu, à faire croire à des atrocités du maquis qui auraient justifié le massacre. Hélas, non seulement s’avère-t-elle mensongère, mais encore signe-t-elle l’imbécillité profonde de ceux qui la profèrent – car, ce faisant, ils se tirent une balle (de très gros calibre) dans le pied.

On se souvient que la propagande allemande avait évoqué, dans les jours suivant le massacre et par l’attestation de l’officier SS Detlef Okrent du 4 janvier 1945, qu’un ou plusieurs cadavres allemands auraient été retrouvés par les SS à Oradour. Mais une telle désinformation n’était pas systématique, et d’autres rumeurs propagées par l’occupant ne décrivaient aucune découverte de cette sorte126. De même, aucun SS interrogé par la Justice française, ouest- et est-allemande ne parlera de cadavres. Otto Kahn, interrogé – libre – par le Parquet de Dortmund en 1962, ira même jusqu’à nier leur existence:

«Je ne sais rien du fait que Diekmann aurait prétendu qu’en approchant d’Oradour nous aurions trouvé des soldats, voire des officiers allemands tués au bord de la route. Cela dit, je précise que je n’ai pas vu la bordure ouest ni la sortie d’Oradour. Mais je n’ai pas vu de cadavres d’auxiliaires en uniformes. Quand la compagnie se rassembla après l’opération, il n’y avait pas d’unités d’auxiliaires des Allemands. C’est certain que je m’en serais rendu compte. Je n’en ai vu aucun sur la route par laquelle nous nous sommes approchés, ni à la sortie du village, ni près du tramway.»127

Seul l’ex-officier SS Albert Stückler en fera état dans son «rapport» précité de 1949, avant de faire machine arrière128. Il faudra attendre les négationnistes néo-nazis Herbert Taege, puis Vincent Reynouard, pour tenter de réhabiliter l’allégation, basculant à nouveau dans le complet n’importe quoi. Ainsi, Herbert Taege est, à notre connaissance, le premier à oser écrire qu’«il y eut aussi des occasions de retrouver les corps de soldats allemands dans le village même: le puits de la propriété Picat et la boulangerie de Bouchoule.»129 Reynouard copie-colle ses allégations dans Un demi-siècle de mise en scène130, mais, curieusement, s’en abstient dans son dernier ouvrage, Le Cri des victimes – comme s’il s’était aperçu du caractère stupide, parce qu’aussi absurde qu’incohérent, d’une telle «thèse» (simple hypothèse de notre part).

N’anticipons pas. Et reprenons: «Un puits renfermant de nombreux cadavres est à signaler dans la ferme de Lauze, chez Picat, écrivent Guy Pauchou et Pierre Masfrand en 1945. Ceux-ci étaient tellement décomposés qu’on n’a pu effectuer aucune identification et qu’on s’est vu dans l’obligation de les laisser en place.»131 Taege en doute, à coup de «peut-être»: «Il pourrait aussi y avoir des hommes parmi les carcasses. On ne peut même pas exclure que des Allemands en fassent partie.» Lui et Reynouard prétendent que l’eau du puits, plus froide que la température extérieure, aurait empêché une putréfaction rapide, de sorte que si les cadavres étaient à ce point décomposés, le fait révélerait qu’ils ont été tués avant le 10 juin 1944. Las! sur ce point précis, non seulement se gardent-ils de citer toute expertise scientifique en la matière, mais encore trouvent-ils le moyen de se contredire l’un l’autre: la température du puits aurait été de 8 degrés, assure Taege, ou de 12 degrés, selon Reynouard…

Point n’est besoin de disserter sur la température des eaux stagnantes pour ridiculiser les négationnistes. Rappelons, en effet, que le Dr. Bapt note dans son rapport, qu’ont été retrouvés le «cadavre d’une femme et autres débris humains», la présence d’un cadavre féminin disqualifiant l’idée que la Résistance aurait jeté dans le puits des soldats allemands ou des miliciens. Taege cite ce passage du rapport sans commentaire, et Reynouard préfère le passer sous silence.

Ils se livrent à une escroquerie identique s’agissant de la «boulangerie Bouchoule». Le Dr. Bapt y relate les découvertes suivantes: «Cadavre de M. Milord, enlevé par la famille Milord, de Dieulidou, le mercredi 14, après-midi. Cadavre de M. Bouchoule, tronc et tête calcinés, Un cadavre dans l’étouffoir.» Ce dernier cadavre a impressionné. Rappelons qu’un étouffoir était un réceptacle cylindrique de petite taille dans lequel le boulanger plaçait la braise qu’il tirait du four. Les premiers visiteurs, voyant le cadavre dans l’étouffoir, en ont déduit qu’il s’agissait d’un enfant132.

Raisonnement hâtif, accéléré par l’émotion? «Pour notre part, écriront Guy Pauchou et Pierre Masfrand en 1945, nous avons constaté, à proximité du four de ce boulanger, l’existence d’un étouffoir encore à moitié rempli de charbon dans lequel on a découvert des ossements humains (vertèbres lombaires), dans un état de carbonisation avancé. En présence de cette trouvaille, il est évident que bien des suppositions sont permises.»133 Au procès de Bordeaux, le commissaire Petit, qui faisait partie des premiers enquêteurs, indiquera: «Etait-ce le cadavre d’une femme, d’un enfant, d’un homme? C’est impossible à dire. C’était quelque chose de rabougri, c’était un tas de charogne.»134 Il ne sera pas davantage en mesure de préciser si ce corps a été tué dans l’étouffoir135.

Impossible de conclure quoi que ce soit, donc, ce qui appelle, chez l’historien, une certaine prudence. Mais pour Taege et Reynouard, ces incertitudes révèleraient, de la part des «autorités françaises», une conspiration dissimulant que ce cadavre serait… celui d’un soldat allemand, et même, peut-être, celui d’Helmut Kämpfe136. Dommage qu’un tel scoop soit simplement affirmé, et pas le moins du monde prouvé. Reynouard va jusqu’à falsifier la déposition du commissaire Petit de 1953 en prétendant que ce dernier rejetterait l’hypothèse que les restes retrouvés dans l’étouffoir seraient ceux d’un homme («De quel droit?», ose-t-il ajouter), alors que Petit, on l’a vu, ne l’excluait nullement137.

Et surtout, prétendre, à partir des exemples du «puits Picat» et de la «boulangerie Bouchoule», que des cadavres allemands auraient été découverts à Oradour, ce qui aurait justifié les représailles exercées, tient de la crétinerie la plus crasse, pour une raison évidente, aveuglante: si tel avait été le cas, les SS n’auraient pas manqué de retirer ces cadavres, pour leur offrir une sépulture décente, au lieu de les laisser sur place. Cette seule circonstance ôte tout caractère sérieux aux falsifications négationnistes qui, en l’occurrence, se vautrent dans le morbide.

III. Oradour, village «armé»? Quand les négationnistes maquillent un massacre en bataille

Village «partisan», village «criminel», Oradour, dans la rhétorique négationniste, mérite des «représailles», comme l’écrira le juge divisionnaire SS Detlef Okrent le 4 janvier 1945. Mais la «pacification» prend parfois l’allure d’une véritable bataille, surtout chez les négationnistes Herbert Taege et Vincent Reynouard. Et peu importe si les interrogatoires de SS comme les témoignages des rescapés démentent formellement la matérialité d’un affrontement. Peu importe, notamment, si, après avoir massacré les hommes dans les granges et les garages, les SS allument un poste de TSF et écoutent de la musique, ce qui étonne si combats il y a eu138. Peu importe si, dans la soirée, des passagers du tramway observent que «les militaires qui nous gardaient et surveillaient le tramway n’avaient pas l’air nerveux»139, et qu’«ici, il y avait des Allemands qui mangeaient, les autres tuaient des poulets. Quelques-uns creusaient une tranchée.»140 Peu importe car là encore, les négationnistes entreprennent de dénaturer de tels témoignages – quand ils daignent les citer.

Des coups de feu sur les SS à l’entrée du village?

Là encore, ce mensonge négationniste vient de la propagande nazie déployée pendant la guerre. Mais cette propagande ne le profère qu’après quelques jours de rodage. Le rapport du régiment «Der Führer» du 11 juin 1944 communiqué à l’état-major de liaison no586 à Limoges, et qui sert lui aussi une entreprise de camouflage, ne mentionne rien de tel141, pas plus que le journal de l’état-major de liaison no588 de Clermont Ferrand142. Il faut attendre le 18 juin pour que l’occupant invente des coups de feu tirés par les Radounauds à l’approche de la colonne SS143. Et encore nos propagandistes peinent-ils à s’accorder, puisque l’un d’eux déclare: «C’était un bourg plein de maquis, un asile du maquis. La veille et le matin même on avait tiré sur des voitures d’officiers allemands. Les Allemands étaient donc en état de légitime défense.»144 Tiens donc, la veille et le matin? Pas en début d’après—midi, à l’arrivée des SS? Peu importe, l’officier SS Detlef Okrent n’aura plus qu’à prétendre, dans son attestation «de mémoire» du 4 janvier 1945: «Déjà, à l’approche la compagnie fut reçue par un feu de fusils et de mitrailleuses.»145

Aucun SS présent à Oradour lors du massacre n’indiquera que leur détachement aurait essuyé des coups de feu à l’approche du village – ni même dedans. Un ancien SS retrouvé par le négationniste Herbert Taege, Jœsef Gary, lui indiquera ainsi ne pas se souvenir de pareils tirs146. Interrogé – libre, pour rappel – par le Parquet de Dortmund en 1962, Otto Kahn indiquera certes avoir entendu des «tirs soudains de mitrailleuses» «après que la colonne fut arrivée dans le village», mais «je ne peux pas dire s’il s’agissait d’armes allemandes ou étrangères.»147 Il précisera lors d’une audition ultérieure, en 1963: «Cette activité de résistance qui aurait eu lieu à cette occasion ne m’est pas connue. Comme je l’ai déjà décrit, à cette époque, on pouvait d’abord constater une agitation considérable sur place, mais cela ne doit pas être considéré comme une résistance.»148 Jamais Kahn n’apercevra de maquisard à Oradour et, du reste, il affirmait, lors de son interrogatoire précité de décembre 1962:

«Nous étions à environ 400 mètres de l’entrée des lieux. Jusqu’alors nous n’avions eu aucun contact avec des forces hostiles, on ne nous avait pas tiré dessus et on ne nous avait opposé aucun obstacle. Lors de notre progression, que j’avais effectuée quant à moi dans une Volkswagen, je n’avais guère aperçu d’être humain. Cela avait presque été une progression de temps de paix bien que compte tenu des troubles rencontrés auparavant nous ayons appliqué des mesures de sécurité de guerre. Même pas des avions n’étaient venus nous ennuyer. Pour ce qui est du temps qu’il faisait, je ne me rappelle pas bien, toujours est-il qu’il ne pleuvait pas et qu’il n’y avait pas d’orage. Il me revient à l’esprit qu’avant notre arrêt, nous avions vu sur la route un camion renversé sur son toit dans le fossé, qui avait été considérablement endommagé par des tirs. Autour du véhicule, il y avait des corps, environ huit à dix personnes, en partie brûlés. Pour autant que je me souvienne, ces gens étaient des Français, peut- être des membres de la Milice. En tout cas, je ne me souviens pas qu’il se soit agi de membres des forces armées allemandes. Je pense que notre colonne atteignit l’extrémité sud du village. À l’exception des corps dont je viens de parler, nous n’avions vu aucune trace de combats, surtout pas de véhicules militaires allemands, ni de cadavres de soldats allemands. On m’a opposé que Diekmann avait dit en 1944 qu’il avait trouvé des cadavres en uniformes allemands terriblement mutilés à l’entrée du village, parmi eux des auxiliaires morts de l’armée allemande en uniformes, tous ces corps trouvés portant des traces de sévices. Je ne sais rien de tout cela. Je puis déclarer avec certitude que j’étais à l’endroit où l’ordre de l’opération fut donné et que je n’ai rien observé de la scène décrite par Diekmann. Dans ce contexte, je tiens à souligner que j’aurais remarqué ces traces, surtout que je roulais dans ma Volkswagen décapotable et que je pouvais observer les alentours de la route. Si ce que Diekmann a décrit était vrai, je n’aurais certainement plus rien objecté contre l’action menée sur le village. Ma réaction fut exactement que cette action, qui n’était pas du tout justifiée par les circonstances générales, n’aurait pas dû être décrétée contre une localité paisible. Après que Diekmann eut planifié l’organisation de l’opération, il me donna l’ordre de rester au stop avec mon véhicule et mon chauffeur pour voir comment les choses avançaient et voir ce qui allait arriver. Sur quoi il mit la colonne en marche en direction du village. […] Lors de notre progression vers Oradour, à peu près à la hauteur du virage où se trouvaient [les corps de] l’unité française, j’avais entendu des tirs isolés qui venaient du Sud, en tout cas d’une direction opposée à celle d’Oradour.»149

De la sorte, Kahn réduisant à néant les allégations formulées après la guerre par d’autres officiels SS de la «Das Reich», tels qu’Heinz Werner, Otto Weidinger et Albert Stückler. Lesquels, il est vrai, ne prétendaient pas avoir directement entendu ces tirs, mais affirmaient que Diekmann, de retour du village, aurait rapporté avoir essuyé des tirs – et se posaient donc en «témoins» de seconde main150. Stückler inventera tout de même une enquête conduite par la division, laquelle aurait prétendument établi qu’une bataille aurait opposé les SS aux maquisards à Oradour avant l’occupation du village151

Taege, on s’en doute, prétend à son tour que les SS auraient essuyé des tirs à Oradour152, de même que Reynouard153. Mais ils se bornent à reprendre les témoignages de rescapés français du massacre qui évoquaient avoir entendu des tirs lors de l’arrivée des SS: ces tirs étaient, à l’évidence, imputables aux envahisseurs nazis, mais Taege ose prétendre qu’il est impossible de distinguer «un tir ennemi d’un tir ami»154… Reynouard, marchant sur ses traces, manipule ces témoignages dans le même sens. Notamment, il cite la déposition d’un rescapé, Pierre Tarnaud, qui déclarera devant le Tribunal militaire de Bordeaux avoir entendu, à l’arrivée des Allemands, «les coups de fusil qui tiraient de tous les côtés»: dont acte, mais jamais Tarnaud n’indique que ces tirs venaient de maquisards, sachant qu’il précisera, à cette occasion, que les SS «marchaient sur Oradour et ils avaient encerclé le bourg»155. Ce n’est là qu’un exemple de manipulation de témoignage, par insinuation.

Reynouard concède tout de même que les Allemands ont bel et bien «tiré sur ceux qui voulaient s’enfuir», mais ne craint pas de préciser que «ceux-ci étaient certainement considérés comme des maquisards»156. Ce faisant, comme nous allons le voir, il légitime la violence déployée par les SS contre les civils, non sans commettre quelques omissions cruciales.

Les brutalités du rassemblement de la population: preuve de l’existence d’un maquis, chez les négationnistes

Lorsqu’il arrive à Oradour-sur-Glane vers 14 h, ce 10 juin 1944, le détachement investit, encercle et coupe le bourg de l’extérieur: franchissant le pont de la Glane, une colonne entre dans la localité par la route du sud-est, celle du tramway, et s’arrête à la sortie ouest; à partir de ces points d’entrée et de sortie, les SS se déploient en arc-de-cercle autour du village; des barrages sont installés sur les routes et chemins, tandis que des groupes de SS se déploient en tirailleurs et cernent le village; une fois ce cordon établi, les soldats s’attaquent aux maisons, tant du bourg que des hameaux avoisinants, et en font sortir les habitants – direction: la place du champ de foire. On mobilise pour l’occasion le tambour de ville, Théophile Depierrefiche157.

D’emblée, le rassemblement révèle des brutalités – jusqu’au meurtre pur et simple. «En cas de tentative d’évasion, il fallait faire usage de son arme», admettra l’officier Heinz Barth158. A peine arrivé dans le village, le commandant de la compagnie SS, Otto Kahn, déclare à ses hommes: «Préparez-vous à faire la guerre.»159 Le négationniste Reynouard, qui cite d’autres déclarations du même genre, assure que «ces paroles peuvent simplement prouver que les gradés craignaient un heurt, dans le village même ou à l’extérieur, avec des maquisards en armes.»160 Allégation inepte: on sait, par les témoignages de Kahn et de Barth, que le détachement avait reçu l’ordre d’anéantir Oradour.

Le comportement des SS témoigne d’une brutalité annonciatrice du massacre. Ils cognent les portes à coups de crosse en criant aux habitants de sortir, n’hésitent pas à molester ou frapper ces derniers – dont une mère portant son enfant au cou –, et même à tirer des coups de feu, voire, déjà, à abattre des civils hors du centre-bourg161, et commencent à détrousser les villageois162. Un SS alsacien enrôlé de force affirmera avoir reçu l’ordre de refouler tout passant vers le champ de foire, et de les exécuter en cas de refus; quant aux personnes hors d’état de se déplacer du fait de leur état de santé, elles devaient être abattues sur place163. Ce même soldat convainc une passante se rendant à Oradour de rebrousser chemin: «Si vous continuez, on va vous tuer.»164

«Les gens avaient peur, se souviendra Heinz Barth; on leur a ordonné de quitter leurs maisons en les poussant et en les insultant; on en faisait de petits groupes qui étaient acheminés vers le champ de foire.»165 Le négationniste Herbert Taege ne s’attarde pas sur cette phase du massacre, concédant laconiquement que «la réunion des villageois n’a sans doute pas été effectuée en douceur»166! Reynouard tait également ces violences167 – ou les nie168. Quitte à tronquer ses citations.

Qu’on en juge. Lors de ce rassemblement, les SS tirent plusieurs coups de feu pour effrayer ou abattre les villageois. Dans ses carnets, Mathieu Borie écrit les avoir interprétés, sur le moment, comme une «riposte» de résistants169. Lisant lesdits carnets, Reynouard croit judicieux de les mentionner, pour faire croire à des heurts entre SS et d’imaginaires maquisards, en toute hypothèse à l’existence d’un maquis – citant notamment ce passage: «Je me disais à moi-même: Quelques-uns qui ne veulent pas suivre et engagent le combat.»170 Reynouard croit triompher: «Si vraiment Oradour n’avait abrité qu’une résistance non armée, jamais une telle réflexion ne lui serait venue à l’esprit.»171 Or, ce négationniste a coupé la suite du témoignage de Mathieu Borie: «Mais ce n’était pas du tout ça. Il s’agissait de ceux qui ne pouvaient pas suivre, que les SS tuaient sur place.»172 Ainsi, alors qu’il ressortait de ce passage des carnets de Mathieu Borie que ce qu’il avait pris pour une lutte armée n’était autre qu’un assassinat de civils par les nazis, de surcroît sous ses yeux, Reynouard a délibérément passé sous silence ce point, qui réfute l’existence d’un maquis et décrit des meurtres sommaires par les SS. Nouvelle preuve de sa malhonnêteté.

Reynouard suggère également que les coups de feu entendus dans le village par des rescapés en fuite ou cachés témoigneraient d’une bataille173. Raisonnement particulièrement frauduleux: comme précédemment, aucun des témoins cités n’a vu de maquisards tirer sur les SS, ni même n’attribuait ces coups de feu à la Résistance174. Et comment des Résistants pourraient-ils se battre des heures durant dans un village aussi minuscule, encerclé et pillé par les nazis? Oradour ressemblait-il à Stalingrad? En fait, ces coups de feu étaient tirés par les SS pour abattre les personnes en fuite ou se rendant sur place pour récupérer leurs enfants175.

L’inquiétude des habitants: aveu de culpabilité chez les négationnistes

Reynouard allègue, en outre, que la population amassée sur le champ de foire aurait eu peur, pour en déduire qu’elle avait quelque chose à se reprocher, et va jusqu’à affirmer que ce fait aurait été dissimulé par le «grand complot»176. Il cite une brochure de Robert Hébras177 ainsi qu’un ouvrage d’Albert Hivernaud178, qui ne font état d’aucune inquiétude particulière, mais ces derniers décrivent ici la phase d’acheminement des habitants vers le champ de foire, lorsque ces futures victimes, «sachant que leur village ne recelait aucun maquis, n’avaient aucune conscience du danger qui les menaçait»179. Il n’en est pas de même lorsque la population, rassemblée à cet endroit, attend son sort, ce qui fait monter l’inquiétude, note Robert Hébras dans ce même témoignage: «Lorsque les enfants arrivèrent au champ de foire, beaucoup de mère les cherchèrent. Toutes se voulaient rassurantes mais, déjà, leur regard dissimulait mal l’angoisse qui commençait à poindre.»180

Cette anxiété grandissante n’a jamais été dissimulée par des récits du massacre181, ce que Reynouard n’ignore nullement. Ainsi, non seulement imagine-t-il frauduleusement une fantasmatique conspiration du silence, mais encore s’abstient-il, tout aussi sciemment, de déterminer une chronologie des événements, susceptible de retracer l’évolution des comportements de la population. En vérité, l’inquiétude régnait chez les civils, selon des degrés variés (plus marquée pour les femmes et les enfants), conséquence des brutalités allemandes lors du rassemblement – brutalités que les négationnistes assimilent, mensongèrement, à des affrontements entre SS et maquisards. La séparation, par les SS, de la foule en deux groupes, femmes et enfants d’un côté, hommes de l’autre, suscitera même des réactions paniquées182.

Que Reynouard fasse de ces craintes un aveu de culpabilité – sans trop s’attarder sur la séparation des hommes et des femmes/enfants – en dit long sur sa mauvaise foi et son imaginaire pro-nazi, qui fait de chaque civil un ennemi. Son argumentaire est, du reste, aussi frelaté que sa prémisse. Car sur ce point également, Reynouard se contredit. Rappelons que Mathieu Borie, dans ses carnets, décrit un couple dont le bébé a été assassiné par les SS pendant la phase de regroupement des civils vers le champ de foire183: Reynouard, on l’a vu, rejette ce passage… au motif que la foule n’aurait (finalement) manifesté aucune inquiétude: «Voilà donc des gens, ose-t-il écrire, que l’assassinat d’un nourrisson n’aurait ni choqués ni même impressionnés!»184 Ce qui ne l’empêche pas de reconnaître ailleurs que cette même foule aurait été inquiète, preuve à ses yeux d’une culpabilité maquisarde. Ni, encore ailleurs, de citer les carnets de ce même Mathieu Borie, lesquels indiquent que, lorsqu’il se dirigeait vers la place principale, «des femmes pleuraient et des hommes étaient inquiets»185… Ainsi, selon les besoins de la cause, la foule est tantôt inquiète, tantôt non, ce qui amène Reynouard à se contredire d’un chapitre à l’autre. L’aporie est sœur jumelle de la mauvaise foi.

Un introuvable dépôt d’armes

Autre fadaise négationniste, répétée depuis huit décennies: le village aurait été truffé d’armes et de munitions, lesquelles auraient explosé lors de l’incendie des habitations. Comme toujours, l’allégation est d’origine nazie. En effet, il ressort des témoignages des rescapés que, le soir même du massacre, les bourreaux amorcent leur désinformation. L’une des passagères du tramway parti de Limoges à 18 h, Louise Compain, relatera que des Allemands «nous ont répondu qu’il avait été découvert un dépôt de munitions américaines et des terroristes.»186 Une autre encore, Camille Senon, fait état d’un prétexte identique187, ajoute qu’un SS lui a même montré une grenade, prétendant que ses camarades en avaient trouvé «dans toutes les maisons»188. L’allégation, proférée à destination de civils alentours189, circule également entre SS190.

Ensuite, le rapport du régiment «Der Führer» du 11 juin 1944 communiqué à l’état-major de liaison no586 à Limoges, assène que «presque dans chaque maison étaient entreposées des munitions»191. Le 13 juin, le journaliste Pierre Limagne, relate que, «d’après d’autres [versions propagées par l’occupant], on y aurait trouvé des armes»192. Et le 4 janvier 1945, le juge-divisionnaire SS de la «Das Reich», Detlef Okrent, prétend que «quand la résistance fut brisée, dans les perquisitions des maisons qui s’ensuivirent un nombre d’important d’armes a été confisqué. A la suite de cela, le village fut incendié. Pendant l’incendie, des détonations se produisirent dans presque toutes les maisons provenant de munitions cachées; ces détonations étaient si fortes que le Commandant dut retirer ses hommes pour leur propre sécurité.» 193

Le caractère mensonger de l’affirmation nazie est facile à prouver: d’abord parce que les rumeurs diffusées par l’occupant allemand n’évoquent pas toutes, loin s’en faut même, de telles munitions, ce qui établit qu’une telle allégation relève de la manipulation; ensuite parce que le rapport d’opérations du régiment «Der Führer» ne recense nullement les armes et munitions découvertes; de même, parce que Heinz Barth a catégoriquement nié la présence, à Oradour, de maquisards et de munitions, contredisant expressément l’attestation de Detlef Okrent du 4 janvier 1945194. Son supérieur Otto Kahn a certes indiqué en décembre 1962 que «l’incendie faisait rage dans Oradour, on entendait de temps à autre des explosions reliées à des crépitements comme un feu d’artifice. Je suppose que des munitions stockées dans les maisons explosaient», mais il se limite à le supposer195, et niera ultérieurement que des munitions ou des explosifs auraient été découverts dans le village196.

Au demeurant, le prétexte ne date pas d’hier. L’occupant, quel que soit le théâtre d’opérations, justifie quasi-systématiquement de la même manière les destructions d’immeubles et de localités au titre de la lutte «contre les bandes». Citons, à titre d’exemple, le «journal de guerre» de la 281e division allemande de sécurité, affectée en Russie, en date du 15 janvier 1943: «Les localités de Tserkovje, Pischuli et Tomssino sont prises et incendiées en qualité de bases de partisans. De nombreuses munitions ont explosé dans les maisons. Pertes ennemies: 26 morts, 1 blessé. Pertes propres: 1 mort, 3 blessés. Butin: 10 fusils, 1 sac de munitions, 4 chevaux.»197 Idem à Comméno, en Grèce (16 août 1943)198, ou à Boves, en Italie (19 septembre 1943)199. Le procédé opère, là encore, une requalification de la réalité amenant retournement de la responsabilité: le village n’en est pas un, c’est un dépôt de munitions; sa destruction n’est pas imputable à l’incendie déclenché par les nazis, mais au fait même que tous ses habitants seraient réputés terroristes, puisque toutes leurs maisons auraient été transformées en entrepôts d’armes illicites.

Or, le comportement des SS au village, quelques heures auparavant, dément une telle découverte. Aux hommes rassemblés sur le champ de foire, les Allemands avaient prétexté l’existence d’un dépôt de munitions pour justifier leur venue, leur avaient demandé où ils se trouvaient, puis si quelqu’un possédait des armes individuelles. Un habitant avait répondu qu’il possédait une carabine, mais les SS s’en étaient désintéressés200. Quant à leur perquisition, elle n’a pas duré plus de quelques minutes, de l’aveu de Heinz Barth201.

Ladite perquisition tendait, manifestement, au pillage. Un pillage discipliné, méthodique, car il ne donnait pas lieu à une ruée totalement désordonnée sur les victuailles et le bétail, mais faisait l’objet de stocks, emmenés par camions à Nieul202. Un fait qui dérange singulièrement Vincent Reynouard, lequel brandit une poignée de témoignages de soldats alsaciens incorporés de force interrogés par la Justice française203, à savoir Louis H., qui prétendait, le 16 décembre 1944, n’avoir eu connaissance d’aucun pillage, mais alléguait également n’avoir été présent qu’aux abords du bourg, non dans le bourg lui-même, ce qui réduit quelque peu la valeur probante de ses indications204; Paul G., qui affirmait, en 1945 et 1946, ne pas avoir constaté de pillage pendant le massacre205 mais qui admettait tout de même que Kahn avait «pris la voiture automobile» d’un civil206 (ce que Reynouard se garde bien de préciser); Josef B., qui alléguait également n’avoir «vu personne piller, le capitaine Kahn l’avait défendu»207, ce qui peut seulement impliquer que personne n’a pillé pour son compte; Jean-Pierre E., qui indiquait le 24 septembre 1945, que leur supérieur leur avait interdit de dérober des billets de banque, ce qui n’avait pas empêché deux de ses camarades d’emporter d’une maison, l’un un briquet, l’autre «une collection de pièces de monnaie» (preuve de pillage que Reynouard concède) ni la compagnie d’emmener d’Oradour «une voiture automobile, conduite intérieure, peinte en bleu», attribuée à Diekmann (ce que, cette fois, Reynouard passe sous silence)208.

Jamais Reynouard ne fait mine de s’interroger sur le caractère incomplet voire intéressé de telles déclarations, alors qu’il doit admettre que d’autres «malgré nous» ont avoué la matérialité des pillages209. Ce qui ne l’empêche pas de qualifier «l’accusation» d’«invraisemblable dans une armée réputée pour son ordre et sa discipline»… Il est vrai que Jean-Pierre E. évoquait le 24 septembre 1945 des pillages perpétrés par la «Das Reich» ailleurs qu’à Oradour210: Reynouard, là encore, préfère taire cette révélation, ne retenant que ce qu’il souhaite des témoignages qu’il exploite211.

Reynouard se livre à semblables manipulations pour prétendre qu’un maquis armé se terrait à Oradour et que le «fait» aurait été caché au grand public. Ainsi fait-il croire qu’un rescapé du massacre, Marcel Darthout se serait contredit d’un témoignage à l’autre: «… depuis soixante-dix ans, on répétait que le bourg n’avait connu aucune activité de résistance. Six mois après la tragédie, un survivant, Marcel Darthout, avait raconté: “Aucun dépôt [d’armes] ne fut signalé, et pour cause, il n’y en avait pas dans le village qui était parfaitement tranquille et où chacun s’occupait uniquement de son petit commerce ou de la culture de ses terres.” Soixante- dix ans plus tard toutefois, ce même Marcel Darthout confia: “Oui, bien sûr, il y avait des armes à Oradour, mais sûrement pas des stocks d’armes comme veulent bien l’écrire les négationnistes afin de faire peser les raisons du massacre sur la Résistance.”»212

Mais il n’est pas besoin d’une lecture attentive pour s’apercevoir que Marcel Darthout ne s’est nullement contredit: il nie, et n’a cessé de nier, non pas la présence d’armes à Oradour, mais de dépôt d’armes. C’est, en l’occurrence, Reynouard qui fait preuve de malhonnêteté en procédant, une fois de plus, par glissement sémantique. Marcel Darthout, lui n’a jamais contesté que des habitants possédaient des armes, soit conservées de la Grande Guerre, soit destinées à la chasse, comme il l’indiquera à Michel Baury en février 2015:

«Mon père avait un revolver dans la cave. Je suis descendu à la cave, peu avant l’arrivée des Allemands dans la maison, pour cacher le revolver sous un tas de pommes de terre qui se trouvait là pour notre consommation. Ce revolver était une arme de la dernière guerre 14-18… Mon père était chasseur. Il avait aussi un fusil et une carabine. Le fusil, qui était un fusil Gras (arme de gierre 14-18 de calibre 16 mm), était accroché sur le mur, en haut à l’extérieur. Après le massacre, j’ai retrouvé le revolver sous le tas de patates. Je l’ai toujours. Le fusil a brûlé, mais un copain de la Forêt me l’a restauré en remplaçant la crosse carbonisée et le ressort du mécanisme interne. J’ai même pu chasser avec cette arme, par la suite, et j’ai même tué deux lièvres. Mais mes blessures étaient un véritable handicap pour ce genre d’exercice et j’ai abandonné la chasse très vite. Le fusil a été repris par mon frère, survivant du massacre.»213

C’est au cours de cette même interview par Michel Baury que Marcel Darthout a indiqué: «Oui, bien sûr, il y avait des armes à Oradour, mais sûrement pas des stocks d’armes comme veulent bien l’écrire les négationnistes afin de faire peser les raisons du massacre sur la Résistance.»214 Preuve que Reynouard, fidèle à ses habitudes, a délibérément extrait de son contexte une citation pour en déduire ce qu’elle n’impliquait pas, car des armes individuelles à Oradour ne font pas un maquis, ni même un dépôt.

Reynouard s’acharne également à enfoncer des portes ouvertes, si l’on ose dire, en s’efforçant de démontrer (quitte à mobiliser un pompier anonyme) que certains immeubles d’Oradour auraient été détruits, non seulement par le feu, mais aussi par des explosions215. Vaine démonstration, car personne ne le conteste, dans la mesure où les explosions ont pu être causées par les grenades lancées par les SS; par des bonbonnes de gaz; et même par les armes individuelles des Radounauds qu’évoque Marcel Darthout. Reynouard, bien entendu, n’accorde, ne peut accorder aucun crédit à ces explications pourtant évidentes, et attribue ces explosions à l’armement de la Résistance.

Comment? D’abord en citant le témoignage d’un autre rescapé, Yvon Roby, recueilli par la Justice en 1944, lequel indique avoir entendu «des coups de canon» dans le bourg, ajoutant: «Tout a tremblé autour de nous»216. Mais Yvon Roby, âgé de 18 ans, n’avait aucune expérience militaire, et en toute hypothèse ne faisait que tenter de décrire les sons qui lui parvenaient. Reynouard, lui, en déduit que «de façon évidente [sic], ces “coups de canon” qui faisaient tout trembler ne pouvaient être des explosions de grenades incendiaires; ils provenaient de dépôts de munitions qui explosaient.»217 Pourquoi pas des grenades? Et pourquoi les SS ne possèderaient-ils que des grenades incendiaires? Reynouard ne l’explique pas. Comme ailleurs, l’affirmation fait office de démonstration.

Reynouard ajoute un autre témoignage, celui d’une passagère du tramway parti de Limoges à 18 h, Louise Compain, qui a indiqué, dans ses témoignages, que les SS lui avaient déclaré avoir découvert un dépôt de munitions à Oradour, et avoir tout fait sauter, attirant son attention sur des explosions218. «Nous entendions les maisons s’écrouler en un vacarme effrayant, mais à aucun moment nous ne percevions le bruit de bombes ou d’explosifs», ajoutait-elle en 1944219: passage gênant, que Reynouard coupe dans son premier pamphlet de 1997220, mais «accepte» en 2022, cette fois en faisant de Louise Compain, pâtissière de 23 ans au moment des faits, un agent du «grand complot», qui aurait tenté de «cacher» ces explosions «tout en révélant ce que les Waffen SS leur avaient dit»221! Comprenne qui pourra.


Notes.

1. Vincent Reynouard, Le massacre d’Oradour. Un demi-siècle de mise en scène, Anvers, VHO/ANEC, 1997, p. 175-186 (ci-après Demi-siècle); Oradour. Le cri des victimes, Londres, Sans Concession, 2022, p. 13-16, 150-157, 173-177, 189-193 (ci-après Le Cri des victimes). A noter que d’autres écrivains bien plus honnêtes commettent le même impair sémantique, notamment Michel Baury, qui utilise expressément le mot «maquis» pour qualifier la présence de Résistants à Oradour: Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, Toulouse, Privat, 2018, p. 111-119 et 143-149.

2. Harry Roderick Kedward, «Maquis (histoire d’un mot et d’un mythe)», in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, «Bouquins», 2006, p. 949-951.

3. Attestation du colonel Georges Guingouin du 20 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation du lieutenant-colonel Huart, 10 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation du chef de bataillon Vergnenaigre, 21 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Attestation d’Adrien Aymard, 23 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

4. Voir les rapports mensuels de cette sous-préfecture aux archives départementales de la Haute-Vienne, cote 185 W 1/58.

5. Sous-préfecture de Rochechouart au Préfet de la Haute-Vienne, 8 juin 1944, AD Haute-Vienne, 185 W 1/58.

6. Sous-préfecture de Rochechouart au Préfet de la Haute-Vienne, 28 juin 1944, AD Haute-Vienne, 185 W 1/58.

7. Rapport du Préfet de la Région de Limoges, 15 juin 1944, p. 4, AD Haute-Vienne, 986 W 481.

8. Saint-Paulien, Histoire de la Collaboration, Paris, L’Esprit nouveau, 1964, p. 449.

9.Ibid., p. 450.

10. Reynouard utilise les rapports de la sous-prefecture de Rochechouart dans Demi-siècle, p. 181, sans d’ailleurs référencer correctement l’archive, et le livre de Saint-Paulien dans Demi-siècle, p. 105-106, 134 et 236.

11. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 105. Reynouard cite également le livre de Saint-Paulien p. 106, 134 et 236, sans faire allusion aux indications de Faucher quant à l’absence de maquis à Oradour.

12. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 181.

13. Jean-Jacques Fouché, Oradour, Paris, Liana Levi, 2001, p. 99.

14. Fouché, Oradour, op. cit., p. 104-106 et 125-126.

15. Cf. infra.

16. Fouché, Oradour, op. cit., p. 157. Reynouard tente de faire croire que Mirablon était en mission à Oradour (Le Cri des victimes, p. 150-151), mais rien ne permet de l’établir, faute pour Mirablon d’avoir survécu au massacre. Il est plus probable que Mirablon était en mission à Saint-Junien, lieu de passage de la division «Das Reich» (Robert Pike, Oradour s’est tu. Le destin tragique d’un village français, Paris, Flammarion, 2024, p. 316-317 – trad. de l’anglais).

17. Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit., p. 87.

18. Fouché, Oradour, op. cit., p. 115-119.

19. Voir Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 397-406.

20. Un sous-officier SS, Heinz Barth, témoignera en 1981, lorsqu’il sera poursuivi pour crimes de guerre en Allemagne de l’Est: «Je me rappelle d’une chose, à savoir qu’il y avait un homme qui se fit remarquer quand les hommes enfermés virent que quelque chose d’exceptionnel, c’est-à-dire leur exécution, allait se passer immédiatement. Cet homme tenait dans sa main levée un document qui était barré d’un trait rouge en travers et me signalait qu’il travaillait pour les autorités allemandes. Je le rapportai à mon supérieur. Je ne peux plus dire avec précision si j’en informai le chef de compagnie ou le chef de bataillon. Je dois presque dire que c’était au commandant du bataillon que je l’ai dit car l’expression de son visage était dure, son regard fixe de sorte qu’on avait l’impression qu’il n’était plus un être humain. J’ai fait un effort de mémoire intense et je dirai que la réponse qui me fut donnée avait le sens suivant: on continue comme ça, c’est maintenant trop tard, il en a trop vu, il faut mettre immédiatement l’ordre à exécution.» (cité dans Jean-Paul Picaper, Les ombres d’Oradour. 10 juin 1944, Paris, L’Archipel, 2014, p. 152-153)

21. Arrêté de l’amiral Darlan du 18 avril 1941, AD Haute-Vienne, 986 W 0258. Voir Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 53-60 et 122-126. Paul Desourteaux était-il un adepte de la Révolution nationale? Difficile à dire, dans la mesure où l’incendie du village par les nazis, le 10 juin 1944, a détruit les archives municipales. Signalons cependant que Paul Desourteaux s’était livré pendant quinze ans à une étude historique d’Oradour: son manuscrit, ses notes et les matériaux patiemment rassemblés ont disparu dans le brasier, et lui- même fait partie de la liste des victimes (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, tome LYYYI, Limoges, 1945, p. 39 et p. 74). Le jour du massacre, Paul Desourteaux s’offrira lui-même comme otage, avec ses proches parents. PV d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944 – AD Haute-Vienne, 1517 W 424 et Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 54-57, ainsi que Pierre Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour. Le plus monstrueux crime de guerre, Limoges, Publications du Centre, 1944, p. 29.

22. Franck Delage, Oradour. Ville martyre, Paris, Mellottée, 1945, p. 53. Sur la présence de maquis à plusieurs kilomètres d’Oradour, voir également Pike, Oradour s’est tu, op. cit., p. 197-199.

23. Michel Baury, dont il faut louer les efforts de recherche et de publication de documents et de témoignages, suggère certes qu’un maquis était présent à Oradour et cite des extraits de témoignages qui, selon lui, l’établiraient: Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 143-149. Mais une lecture attentive desdits extraits révèle qu’il n’en est rien. Notamment, un des témoins cités, le rescapé Clément Broussaudier, indique expressément que «je savais qu’il n’existait pas de “maquis” ni de groupe armé à Oradour…» (ibid., p. 145).

24. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 175-178 (p. 176 pour la citation).

25. François Duprat, Histoire des SS, Paris, Les Sept Couleurs, 1968, p. 330. Taege recycle l’allégation dans son Wo ist Kain? Enthüllungen und Dokumente zum Komplex Tulle + Oradour, Lindhorst, Askania, 1981, p. 24, 60, 142, 310-311, 343, de même que Reynouard dans Un demi-siècle de mise en scène, op. cit., notamment p. 175-178.

26. Taege, Wo ist Kain?, p. 118, qui s’appuie sur l’ouvrage du Dr. Hans Luther, Der französische Widerstand gegen die deutsche Besatzungsmacht und seine Bekampfung, Tübingen, Institut fur Besatzungsfragen, 1957, p. 76-77. Mais Luther était un ancien membre du MBF, et son ouvrage relève du plaidoyer pro domo, à décharge pour l’occupant nazi, à charge contre la Résistance, quitte à reprendre des éléments de langage des juristes nazis pour prétendre disqualifier la Résistance – voir Gaël Eismann, «Le Militärbefehlshaber in Frankreich: les transformations de la mémoire savante», Histoire@Politique, 2009/3, p. 91: https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2009-3-page-91.htm.

27. Le 18 décembre 1941, Hitler lui-même avait lui-même donné le ton devant Himmler, lequel avait consigné dans son agenda: «Question juive / à exécuter comme partisans» (Peter Witte, Michael Wildt, Martina Voigt, Dieter Pohl, Peter Klein, Christian Gerlach, Christoph Dieckmann et Andrej Angrick, éd., Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941-1942, Hambourg, Christians Verlag, 1999, entrée du 18 décembre 1941, p. 293-294). Les Juifs étaient ainsi devenus les cibles désignées de la lutte contre «les bandes», étant liquidés au moindre incident (sabotage, coups de feu…). L’occupant allemand, y compris la Wehrmacht, les voyait comme les cerveaux des forces maquisardes (Hannes Heer, «The Logic of the War of Extermination. The Wehrmacht and the Anti-Partisan War», in Hannes Heer et Klaus Naumann, dir., War of Extermination. The German Military in World War II. 1941-1944, New York/Oxford, Berghahn Books, p. 92-126, ici. p. 103- 106, et Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, vol. I, Paris, Gallimard, 2006, vol. p. 535-542 et 576-591), les femmes et jeunes filles juives serviraient même comme agitateurs et agents de liaison (BArch, RH 23/237, f. 233: Orstkommandantur II/930, Betr.: Partisanenbekämpfung, 1. Januar 1942, p. 4). La hiérarchie militaire invitait la troupe à se méfier des femmes et des enfants soviétiques, qui pouvaient camoufler leurs origines juives, se livrer à des activités d’espionnage, voire mutiler les militaires allemands (Omer Bartov, L’Armée d’Hitler. La Wehrmacht, les nazis et la guerre, Paris, Hachette, 1999, p. 139-141). En conséquence, les expéditions punitives aboutiront à de nombreux massacres de Juifs par l’armée allemande – voir, à titre d’exemple, Hannes Heer, «De l’extrême normalité: le baron Gustav von Mauchenheim, dit Bechtolsheim, général de brigade de la 707e division. Itinéraire, environnement social et motifs d’un acteur de la «Solution finale»», Revue d’Histoire de la Shoah, 2007/2, no187, p. 143 à 176, en ligne…

28. Cité dans Alrich Meyer, L’occupation allemande en France 1940-1944, Toulouse, Privat, 2002, p. 178.

29. Cité dans Christian Delporte, Philippe Henriot. La résistible ascension d’un provocateur, Paris, Flammarion, 2018, p. 290.

30. Dominique Moncond’huy, «L’Affiche, le Mont-Valérien», in Sylvain Boulouque et Dominique Moncond’huy (dir.), Mélinée et Missak Manouchian, une histoire française, Neuilly, Atlande, p. 67-81 et Denis Peschanski, «De la traque au procès de l’Affiche rouge», in Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanski (éd.), Manouchian. Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens enggés dans la Résistance française, Paris, Textuel, 2023, p. 124-161.

31. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 331-332.

32.«… loin de prêcher la haine ou la guerre civile, Philippe Henriot appelait au contraire les Français à s’unir dans le malheur», et aurait été exécuté par la Résistance, le 28 juin 1944, pour «avoir énoncé, sans haine, des vérités dérangeantes, notamment à propos des bombardements alliés meurtriers», affirmait Reynouard dans une de ses vidéos diffusée en 2018: https://rutube.ru/video/b2aefe3c6ce5c83edd6db0cd8c0fbd2d/. S’agissant de Henriot, Goebbels écrira dans ses carnets, le 8 juin 1944: «C’est un homme énergique, intelligent et déterminé. Il adhère totalement à notre ligne et nous pouvons être satisfaits de sa politique.» Goebbels, Tagebücher, entrée du 8 juin 1944.

33. Sur le traitement des réfugiés espagnols en France pendant la Seconde Guerre mondiale, voir Jean-François Berdah, «“Au service du IIIe Reich” Persécution et exploitation des Républicains espagnols dans la France occupée (1940-1944)», in Christian Camps et Nathalie Sagnes-Alem (dir.), Les camps de réfugiés espagnols en France 1939-1945, Cazouls-lès-Béziers, Editions du Mont, 2019, p. 66-99.

34. Farmer, Oradour 10 juin 1944, op. cit., p. 243.

35.https://mer47.org/wp/oradour-sur-glane-une-victime-espagnole-oubliee/. Sarah Farmer mentionne inexactement que 19 femmes et enfants espagnols sont morts à Oradour (Farmer, Oradour 10 juin 1944, op. cit., p. 239), alors que ce chiffre inclut 2 adultes espagnols, membres du GTE, Juan Tellez, 45 ans (https://maitron.fr/spip.php?article211840, notice TÉLLEZ Juan par Dominique Tantin, version mise en ligne le 13 février 2019, dernière modification le 1er mars 2021), et José Serrano Robles, 29 ans (https://maitron.fr/spip.php?article218724, notice SERRANO ROBLES José par Dominique Tantin, version mise en ligne le 25 août 2019, dernière modification le 25 août 2019).

36. Le Populaire du Centre, 5 octobre 2020: https://www.lepopulaire.fr/oradour-sur-glane-87520/actualites/l-historien-david-ferrer-revull-raconte-comment-il-a-retrouve-la-643e-victime-du-massacre-d-oradour-sur- glane_13847570/.

37. Mouvement de Libération nationale, Les Huns à Oradour, Limoges, 1945, p. 40. Borie ajoute dans ses carnets qu’il fabriquait de faux papiers d’identité et distribuait des journaux clandestins et des tracts (Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 30).

38.Les Huns à Oradour, op. cit., p. 42-51; déclaration de Mathieu Borie au Travailleur du Centre, reproduite dans Delage, Oradour. Ville martyre, Paris, Mellottée, 1945, p. 104-107.

39. P.V. d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944, 1207/12, A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424.

40. Déclaration de Mathieu Borie du 3 octobre 1944, Rapport E.O. Munn, source privée et Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Un crime contre l’humanité, Paris, Jourdan, 2021, p. 194-197.

41.L’Echo du Centre, 11 juin 1947.

42. Déposition de Mathieu Borie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 42-44 (fonds ADEIF).

43. Intégralement reproduit par Michel Baury dans Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 27-89. Des extraits différemment rédigés étaient déjà parus dans Paris-Match, no2352 du 23 juin 1994 et Louis Riclafe/Henri Demay (éd.), Paroles de miraculés. 50 après le drame d’Oradour-sur- Glane, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 69-76.

44. Herbet Taege, Wo ist Abel. Weitere Enthüllungen und Dokumente zum Komplex Tulle + Oradour, Lindhorst, Askania, 1985, p. 146.

45. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 180-181; Cri des victimes, p. 147-149 et 190- 193.

46. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 179. Reynouard ajoute plus loin que Mathieu Borie faisait partie des FTP (ibid., p. 180 et 186), mais il se fonde sur le fait que Borie avait signé un de ses témoignages, paru en 1944 dans Le Travailleur français, «Borie Mathieu, Compagnie 2409 – FTPF» (Delage, Ville martyre, op. cit., p. 107). C’est «oublier» que Borie a rejoint ce détachement après le massacre, et que s’il a fait partie des FTP, l’un de ses témoignages a été publié en 1945 par le Mouvement de Libération nationale, concurrent des communistes. Reynouard prétend également citer le témoignage d’un ancien FTP pour corroborer ses allégations, mais ledit témoignage est anonyme, de surcroît uniquement formulé dans un pamphlet négationniste belge (Cédric d’Ars, Oradour-sur-Glane ou l’autre Histoire, Braine l’Alleud, Altair, 1987, p. 13-14).

47. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 50-51…

48. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 113-115: Reynouard prétend réfuter le témoignage de Borie en faisant mine de s’étonner que la foule n’ait pas été paniquée, et qu’en toute hypothèse Borie ne fera pas mention de cet épisode dans sa déposition du 9 novembre 1944. Mais s’il semble exact que Borie n’ait pas avoir fait allusion au meurtre de ce nourrisson dans ses déclarations ultérieures, ce point ne saurait remettre en cause ses indications initiales (ne serait-ce que parce que personne ne semble l’avoir interrogé sur ce point, notamment lors de son audition devant le Tribunal militaire de Bordeaux, qui ne s’étend que sur deux pages, preuve qu’elle a été manifestement expédiée en quelques minutes). Par ailleurs, Reynouard allègue que la foule n’était pas paniquée, ce qui l’amène à déduire qu’elle n’était pas informée de cet épisode, et donc qu’il n’a pas eu lieu: «démonstration» pour le moins légère, qui, surtout… contredit d’autres allégations de ce même Reynouard, qui prétend aussi que la foule avait peur, pour en déduire qu’elle avait quelque chose à se reprocher (Cri des victimes, op. cit., p. 178-182).

49. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 123 ou encore 181-182.

50. Reynouard Demi-siècle, op. cit., p. 182-184 (télécopie reproduite en fin d’ouvrage, non paginé).

51.Courrier australien, 10 juin 1989.

52. Robin Mackness, Oradour. L’or des SS, Genève, Nepal, 1989 (trad. de l’anglais). Une «explication» introuvable dans la documentation allemande, réfutée par les rescapés et les Résistants, sachant que ledit Mackness a cité, en guise de preuve, les déclarations posthumes d’un Résistant anonyme. Len Cotton a vivement critiqué les allégations de Mackness en Australie (Canberra Times, 14 mars et 26 décembre 1988)

53.Courrier australien, 10 juin 1989. Voir également Canberra Times, 5 avril 1992, qui mentionne la rencontre entre Len Cotton et cet ancien SS, sans faire allusion à Oradour.

54.Canberra Times, 5 avril 1992.

55.Canberra Times, 22 décembre 1995.

56. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 271-272.

57. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 182.

58. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 13.

59. Sylvain Compère, «Un ancien lieu de prière, loin des affres de la guerre», La Montagne/Le Populaire du Centre: Juin 1944 en Limousin, juin 2014, p. 55.

60. Luc Bœls, «Les tragédies d’Oradour et de Tulle vues par Alexandre Varenne», «Juin 1944 en Limousin», La Montagne et Le Populaire du Centre, juin 2014, p. 97.

61. Sur cet épisode, voir l’étude, à jour, de Michel Baury, Résistance. Les derniers témoignages, Waterloo, Jourdan, 2019, p. 43-62. Egalement: Pierre Louty (dir.), C’était le maquis…, Neuvic-Entier, La Veytizou NPL, 2007, p. 38-51 et chap. 8, Roger Chastaing, J’étais FTPF en Hate-Vienne, Paris, Editions de l’Amicale de la Veytizou, 1990, p. 120-148 (ebook).

62. Cité dans Georges Beau et Léopold Gaubusseau, R5. Les SS en Limousin, Périgord et Quercy, Paris, Presses de la Cité, 1969 et 1984, p. 223. Voir sa déclaration complète dans https://www.oradour.info/appendix/gerlach1.htm.

63. PV d’audition d’Henri Bouty, 29 novembre 1944, no1207/54, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Un autre témoin, pharmacien et maire-délégué, fera état d’autres réquisitions de logements à Nieul dans la journée du 9 juin 1944 (PV d’audition de Marcel Rivet, 29 novembre 1944, no1207/54, AD Haute-Vienne, 1517 W 424).

64. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4.

65. Verbindungsstab 586, Abt. Ic Tgb.Nr. /44, an den Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Sauberungsaktion des I/SS-Pz.Gren.Rgt.4“ Der Führer” am 10.6.44 in Oradour-sur-Glane, 16.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4.

66. Rapport du Préfet de la Région de Limoges, 15 juin 1944, p. 4, AD Haute-Vienne, 986 W 481, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI.

67. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18. Le 20 juin, l’état-major de liaison no586 relate: «Par ailleurs, un Untersturmführer et un homme du régiment blindé SS “D.F.”, tombés aux mains des terroristes dans la région de Nieul (au nord de Limoges), auraient été amenés à Oradour et y auraient été interrogés. Le SS y fut abattu, tandis que l’Untersturmführer parvint à s’enfuir vêtu uniquement de sa chemise et de son caleçon, les mains liées, et à regagner le régiment de Limoges. Il a rapporté avoir également vu dans le village des femmes portant des casques d’acier et armées de fusils.» Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. 1216 /44 an Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Vorgänge in Oradour-sur-Glane, 20.6.1944, p. 1-2, CMO, 1 ETUD 2-4.

68. Saint-Paulien, Histoire de la Collaboration, op. cit., p. 448.

69. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_2176525c3d71b2b45fcf51aebfd61429. Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_f43a54599d88943f3f189c48a9f83839.

70. Incohérences pointées par l’historienne Andrea Erkenbrecher: «Gerlach était-il sur la route avec son chauffeur (Weidinger) ou avec “trois compagnons”, tous tués à Oradour (Stückler)? Diekmann a-t-il seulement été informé par l’état-major du régiment des mésaventures de Gerlach (Weidinger) ou Gerlach lui-même a-t-il instruit le commandant du bataillon “des conditions locales d’Oradour” (Stückler)?» (Andrea Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen. Geschichtsrevisionismus, strafrechtliche V erfolgung, Entschädigungszahlungen und Versöhnungsgesten ab 1949, Oldenbourg, De Gruyter, 2023, p. 101-102). Ajoutons qu’en 1949, Weidinger prétendra que Gerlach aurait été capturé à Oradour même (PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, p. 2, AD Haute-Vienne, 1517 W 484), puis reproduira, 35 ans plus tard, la déclaration de Gerlach de 1951 qui indiquait le contraire (Tulle et Oradour, op. cit., p. 14-17) Reynouard connaît cette dernière incohérence, mais n’en tire évidemment pas la conclusion qui s’impose (Demi-siècle, op. cit., p. 129).

71. L’hebdomadaire raciste et antisémite Rivarol y fera également allusion le 11 janvier 1953 (Jacques Langlois, «La tragédie d’Oradour-sur-Glane»).

72. Cité dans Beau et Gaubusseau, R5, op. cit., p. 224.

73. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 106-110.

74. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 115.

75. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 103. Reynouard, qui reprend à son compte les fumisteries de Taege autant que possible, ne daigne même pas citer ce courrier dans ses propres écrits.

76. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 103-105. Reynouard, Demi-siècle, p. 123 et Le Cri des victimes, p. 142.

77. Ne serait-ce que parce que Georges Beau et Léopold Gaubusseau, pour ne citer qu’eux, l’évoquaient en 1969 dans R5, op. cit.

78. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 122-123. Cri des victimes, p. 142-144.

79. Michel Baury, Résistance. Les derniers témoignages, Paris, Jourdan, 2019, p. 21-41.

80. D’après une communication du Bureau allemand des états de service au négationniste Herbert Taege – Wo ist Abel?, p. 124.

81. Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. /44, an den Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Sauberungsaktion des I/SS-Pz.Gren.Rgt.4“ Der Führer” am 10.6.44 in Oradour-sur-Glane, 16.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4. Le Préfet Freund-Valade n’évoque pas cette indication dans son rapport du 15 juin 1944.

82. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18.

83. Verbindungsstab 586, Abt. Ic, Tgb.Nr. 1216 /44 an Hauptverbindungsstab 588 Clermont-Ferrand, Betr. Vorgänge in Oradour-sur-Glane, 20.6.1944, p. 1, CMO, 1 ETUD 2-4.

84. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_2176525c3d71b2b45fcf51aebfd61429. Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_f43a54599d88943f3f189c48a9f83839.

85.https://www.oradour.info/appendix/dortmund/okrent02.htm.

86.«Je ne sais rien d’une équipe d’ambulanciers allemands assassinés à Oradour dont les corps auraient été au bord de la route. En tout cas, je n’ai vu moi aucun soldat allemand abattu là.» https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 382. Kahn indiquera seulement: «Il me revient à l’esprit qu’avant notre arrêt, nous avions vu sur la route un camion renversé sur son toit dans le fossé, qui avait été considérablement endommagé par des tirs. Autour du véhicule, il y avait des corps, environ huit à dix personnes, en partie brûlés. Pour autant que je me souvienne, ces gens étaient des Français, peut-être des membres de la Milice. En tout cas, je ne me souviens pas qu’il se soit agi de membres des forces armées allemandes.» (Ibid.) Personne d’autre que lui n’évoque ce camion renversé.

87.https://www.oradour.info/appendix/dortmund/okrent01.htm.

88. Otto Weidinger, Tulle und Oradour. Eine deutsch - französische Tragödie, auto-édition, 1984 – trad. française: Tulle et Oradour. Une tragédie franco-allemande, auto-édition, 1984, p. 36

89. PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

90. Notamment Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 14, 20, 254-255, 278.

91. Taege doit ainsi reconnaître que Barth «a nié la découverte d’un transport médical massacré à Oradour ou à proximité» (Wo ist Abel?, op. cit., p. 124).

92. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 277-279

93. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 279. De fait, il n’en fait aucune mention dans Le Cri des victimes.

94. Voir le facsimilé de la fiche SS de Kämpfe dans Gérard Guicheteau, La «Das Reich» et le cœur de la France, Paris, éd. Daniel & Cie, 1974, p. 45. Egalement, Guy Penaud, Oradour-sur-Glane. Un jour de juin 1944 en enfer, La Crèche, Geste Editions, 2014, p. 180-181 et Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 201-205, ainsi que Michael Williams: https://www.oradour.info/ruined/chapter3.htm#Kämpfe (consulté le 6 janvier 2020).

95. Réquisitoire définitif du commandant Guille, substitut du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Bordeaux, du 12 mars 1951, page 23 – AJM, «Dossier Oradour», Liasse XII. Exposé plus détaillé, à partir de nombreux témoignages, par Michel Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, Waterloo, Jourdan, 2020, p. 65-72, qui relate que, parmi les victimes, un gendarme est abattu et son cadavre est écrasé par un véhicule blindé, et que trois cadavres de maquisards sont incinérés au lance-flammes – peut-être brûlés vifs.

96. Sur ce point, voir Michel Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, Waterloo, Jourdan, 2020, p. 69-127. Egalement, du même auteur, Résistance. Les derniers témoignages, op. cit., p. 63-164.

97. Réquisitoire définitif du commandant Guille, substitut du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Bordeaux, du 12 mars 1951, page non numérotée, entre la page 23 et la page 23bis – AJM, «Dossier Oradour», Liasse XII. Voir également les souvenirs de Paulette Gilet, fille de Pierre Just, l’un des cultivateurs assassinés, dans Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 226-229, ainsi que d’Antoine Malaguise, fils de Pierre Malaguise, l’autre cultivateur abattu, ibid., p. 235-237. Egalement PV d’audition de Léon Vigneron, 25 août 1949, p. 1, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

98. V oir le témoignage de Fernand Laudoueineix dans Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 222-223. Léon Vigneron, interrogé en 1949, fera état de promesses similaires de la part des Allemands: PV d’audition de Léon Vigneron, 25 août 1949, p. 2, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

99. Grenard, Une légende du maquis, op. cit., p. 314; Vickers, Das Reich. 2nd SS Panzer Division Das Reich – Drive to Normandy, June 1944, Barnsley, Pen & Sword, 2000, p. 121-128. Voir également le rapport du commissaire de police judiciaire Félix Hugonnaud du 31 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

100. Baury, Oradour-sur-Glane. La falsification allemande, op. cit., p. 120-126. Bizarrement, selon le Bureau allemand des états de service (Wehrmachtsauskunftstelle), qui tient un registre des états de service des soldats de l’armée allemande tombés ou non au cours des deux dernières guerres mondiales, le cadavre de Kämpfe aurait été exhumé à Breuilaufa, à une quinzaine de kilomètres d’Oradour-sur-Glane, mais les recherches de Michel Baury établissent qu’il n’en est rien (ibid., p. 131-140).

101. Rapport du commissaire Hugonnaud du 31 août 1949, op. cit., p. 4. AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

102. Aucun des rescapés n’en fait mention. Un ingénieur de la SNCF, Jean Pallier, qui arrivera en soirée à Oradour et établira quelques jours plus tard un témoignage précieux, indiquera que, d’après un survivant qu’il n’a pas vu mais dont les paroles lui ont été rapportées par un témoin digne de foi, qu’un interprète aurait avisé la population du village, avant le massacre, «qu’un commandant allemand portant beaucoup de décorations avait été tué à quelques kms de là» (Témoignage de Jean Pallier reproduit intégralement dans Les Lettres françaises, numéro spécial, 1er août 1944, «Sur les ruines de la morale: Oradour-sur-Glane»). Ce n’est là, cependant et sur ce point précis, qu’un témoignage de deuxième main, que ne corrobore aucun élément. Par ailleurs, Reynouard tente de faire croire que les SS en auraient parlé aux habitants rassemblés sur la place principale à partir de cette citation isolée de Jean Pallier, d’un témoignage du «malgré nous» Charles B. de 1947 par lequel il indiquera que Kahn aurait «demandé aux gens s’il n’y avait pas d’officier allemand caché» (PV d’audition de Charles B., 3 mai 1947, p. 1, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII), et d’un autre témoignage similaire de l’engagé volontaire alsacien Georges-René Boos (Déclaration volontaire du prisonnier de guerre Unterscharführer Georg Boos, 21 avril 1947, p. 1, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII). Mais Charles B. s’est rétracté peu après (PV d’audition de Charles B., 26 août 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII), puis au procès de Bordeaux (Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 20 janvier 1953, p. 5-6), ce dont Reynourd est bien forcé de convenir – Demi-siècle, op. cit., p. 131. Restent les déclarations de Boos de 1947, mais il ne semble pas que ce dernier les ait répétées aux enquêteurs puis lors du procès, ce qui en réduit d’autant la valeur probante.

103. Déclaration de Léon Sage, rapport du commissaire Massiéra du 4 juillet 1944, p. 11 (AD Haute-Vienne, 1517 W 424). Jean Pallier, «Sur les ruines de la morale: Oradour-sur-Glane», op. cit.; déposition Anna Hyvernaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 29 janvier 1953, p. 4; PV d’audition d’Yvonne Gaudy, 25 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Rapport du commissaire Hugonneau, 26 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII.

104. Déposition de René Ohl, 10 juillet 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI.

105. PV d’audition de Heinz Simstedt, 3 août 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

106. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4.

107. Pierre Limagne, Ephémérides de quatre années tragiques 1940-1944, vol. III: Les assauts contre la Forteresse Europe, Paris, Candide, 1987, p. 2058.

108. Jean Guéhenno, Journal des années noires, Paris, Gallimard, 1947, et Livre de Poche 1968, entrée du 22 juin 1944, p. 481-482.

109. PV d’audition de Jeanne Duqueroix, 7 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

110. Report No. PWIS(H)/KP/113 - SS-Panzer Grenadier Regiment 4 «Der Führer» - Kempton Park Camp 7 July 1944. Public Record Office (Kew). En ligne:
https://www.oradour.info/appendix/pow-report01.htm.

111. PV d’audition de Louis H., 14 décembre 1944, 1207/85, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

112. Déposition de Louis H., 15 décembre 1944, 1207/89, AD Haute-Vienne, 1517 W 524, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Déposition d’Alfred S. du 14 décembre 1944, no1207/86, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. PV d’audition de Fritz Pfeuffer, 13 juin 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. Henri W. indiquera avoir été informé qu’on aurait fait payer à Oradour les tortures infligées à un général allemand (Dépositions d’Henri W. des 1er et 8 septembre 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII). Le prétexte continuera de circuler dans les derniers mois de la guerre au sein de la division «Das Reich» (PV d’audition de Heinz Simstedt, 3 août 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 424).

113. PV d’audition de Heinz Werner, 20 novembre 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. Weidinger reprend les termes d’un «rapport» qu’il avait rédigé en février 1949 (voir Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 69- 74).

114.«Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 2, fonds ADEIF.

115.Talpost, 22 mars 1950 (reproduit en français dans Carrefour, 9 mai 1950).

116. Rapport du commissaire de police judiciaire Félix Hugonnaud du 31 août 1949, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

117. Cf. notamment Weidinger, Tulle et Oradour, op. cit., p. 23, 25-26, 28-30.

118. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 108-115.

119. Weidinger, Tulle et Oradour, op. cit., p. 32-34.

120. Taege, Wo ist Abel?, op. cit., p. 111. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 159 (qui cite Taege sur ce point).

121. Laissez-passer no11 du 14 juin 1944, reproduit dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 71 et 126.

122. Une première équipe intervient dès l’après-midi du 14 juin 1944 et dégage trente-sept corps (Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 72). L’une de ses membres, l’assistante sociale Suzanne Lacoste, raconte: «On nous avait dit que des maisons étaient brûlées, qu’il y avait des victimes, témoignera Suzanne Lacoste, assistante sociale, mais malgré tout ce qu’entendaient nos oreilles, nous ne pouvions croire qu’un village entier avait été anéanti en quelques heures. Apercevant la première maison sinistrée, je crus, comme cela avait lieu, hélas! en tant d’endroits de notre Limousin, qu’il s’agissait simplement de quelques édifices détruits en représailles. Mais à mesure que j’avançais dans le bourg, je fus bien obligée de me rendre à l’évidence: par devant, un spectacle de mort: des rangées de maisons détruites; par derrière, antithèse effroyable, des jardins merveilleusement intacts, abandonnés en un clin d’œil par ceux qui, vivants encore une heure auparavant, y avaient laissé leurs outils de travail, toutes les pauvres choses à leur usage quotidien: une veste, une pelle, des chaises, etc… Notre première idée, en arrivant, fut de chercher l’église, car, nous avait-on dit, quelques personnes y avaient péri. Nous pensions trouver encore des femmes et des enfants à soulager dans leur détresse. Hélas! Le cœur étreint, en montant les marches de l’édifice, nous n’aurions cependant jamais pu soupçonner le spectacle d’horreur que nous allions être les premières femmes à contempler. Je n’oublierai jamais cette vision d’épouvante: une église où plus une chaise, plus un banc n’existaient. Ce n’était qu’un amas de cendres où çà et là gisaient les ossements épars: crânes, tibias, bras, un pied d’enfant, seul, au bas de l’autel. Ce pied d’enfant, aux petits doigts qui devaient ravir une maman, quelle émotion pour deux cœurs féminins de le trouver en un tel lieu et dans de telles circonstances. Dans un coin de chapelle, nous découvrons, émues, un reste de drapeau tricolore: ce bleu, ce blanc, ce rouge, sur des cendres grises, quel symbole: symbole de la patrie pour laquelle étaient mortes toutes ces innocentes victimes des hordes nazies. Détail touchant, ce drapeau devait nous servir, les jours suivants, à cravater les bouquets déposés sur les restes des morts, bouquets faits des pauvres fleurs de leurs jardins. Nous approchant de l’autel, nous nous apercevons qu’il avait été profané par les assassins; le ciboire avec les Saintes Espèces avait disparu. Seules nous retrouvons les reliques de la pierre d’autel que nous recueillons pieusement pour les remettre le soir même à Mgr Rastouil, évêque de Limoges.» (in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 183-184). Voir également sa déposition devant le Tribunal militaire de Bordeaux (Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 42-44).

123. Dr. Bapt «Compte-rendu de ma mission à Oradour-sur-Glane les 14-15-16-17 et 19 juin 1944», in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 153-158. Egalement AJM, «Dossier Oradour», Liasse V, et A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424.

124. Déposition du Dr. Bapt, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 35-38.

125. Lettre de Karl Gerlach du 11 septembre 1990, CMO, 1 FP 73.

126. Voir, à titre d’exemple, les déclarations d’un propagandiste allemand reproduite dans Pierre Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour. Le plus monstrueux crime de guerre, Limoges, Publications du Centre, 1944, p. 118-119.

127.https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Trad. française dans Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 382.

128. Erkenbrecher, Oradour und die Deutschen, op. cit., p. 100-115.

129. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 278-279.

130. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 156-162.

131. Guy Pauchou et Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1945, p. 69.

132. Témoignage de la secouriste Suzanne Lacoste dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 185.

133. Pauchou et Masfrand, Vision d’épouvante, op. cit., p. 69.

134. Déposition d’André Petit, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 28 janvier 1953, p. 31.

135.Ibid., p. 32.

136. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 278-282 et Wo ist Abel?, op. cit., p. 111 et 140-141. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 156-159.

137. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 158. Reynouard a pourtant à sa disposition la sténographie du procès de Bordeaux, où est reproduite la déposition de Petit. Il a préféré citer, non pas ce document, mais un article de presse relatant l’audience et reproduisant incomplètement la déclaration du commissaire, ce qui lui permet de faire dire à Petit ce qu’il ne dit pas.

138. Témoignage de Marcel Darthout reproduit dans Pauchou & Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 47-48. Egalement déposition de Clément Broussaudier, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 34, et PV d’audition de Mathieu Borie, 9 novembre 1944, 1207/12, AD Haute-Vienne, 1517 W 424 (ainsi que Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 63-64).

139. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

140. Déposition de Louise Compain, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14.

141. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4.

142. TMI, vol. YYYVII, doc. F-257, p. 18.

143. Voir la fiche d’éléments de langage du 18 juin 1944 retrouvée dans les archives de l’état-major de liaison no586 de Limoges, CMO, 1 ETUD 2-4: «En conséquence, les troupes allemandes sont envoyées à Oradour sur Glane le 10. On leur a tiré dessus à leur arrivée, un soldat a été tué et un deuxième blessé!» Extrait cité par Jean- Paul Pierrot, «L’invention du mensonge», L’Humanité, 8 juillet 1994 https://www.humanite.fr/node/83249.

144. Cité dans Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit. p. 119.

145. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 8:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_2176525c3d71b2b45fcf51aebfd61429.

146. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 252.

147.https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 377-378.

148.https://www.oradour.info/appendix/kahnsta2.htm.

149.https://www.oradour.info/appendix/kahnsta1.htm. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 377-377.

150. PV d’audition de Heinz Werner, 20 novembre 1947, p. 3, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition d’Otto Weidinger, 4 mai 1949, p. 1, AD Haute-Vienne, 1517 W 484; Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 2, fonds ADEIF.

151. Rapport» d’Albert Stückler, février 1949, «Die 2. SS-Panzer-Division «Das Reich» in Frankreich vom Februar – Juli 1944», Teil II, Anlage 7, «Vorgänge in Limoges und Oradour sur Glane (8.-10 Mai 1944)», p. 3, fonds ADEIF.

152. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 252-253.

153. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 279-284.

154. Taege, Wo ist Kain?, op. cit., p. 253.

155. Déposition de Pierre Tarnaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 26 janvier 1953, p. 16-17.

156. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 281.

157. Attestation de Clément Broussaudier, 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI.

158. Cité dans Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 149.

159. Déposition d’Henri W., 1er septembre 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII.

160. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 144.

161. Sur les brutalités, allant jusqu’au meurtre, voir, notamment la cote AD Haute-Vienne, 1517 W 424: témoignage de Jacques Garaud, rapport du commissaire Massiéra du 4 juillet 1944, p. 4; PV d’audition d’Aimé Renaud du 3 novembre 1944; PV d’audition de Jeannine Brandy, 3 novembre 1944; PV d’audition de Marcel Belivier, 8 novembre 1944; PV d’audition de Mathieu Borie du 9 novembre 1944; PV d’audition de Clément Broussaudier, 9 novembre 1944; PV d’audition de Jacques Boissou, 10 novembre 1944; PV d’audition d’Armand Senon, 14 novembre 1944, 1207/21, 0094; PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944; PV d’audition de Marie-Anne Deschamps, 20 novembre 1944; PV d’audition de Robert Hébras, 24 novembre 1944, 1207/46; PV d’audition de Pierre Joyeux, 24 novembre 1944 (qui fait précisément état de ces assassinats; voir également son attestation du 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI); PV d’audition de Justin Darthout, 28 novembre 1944; PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944. Egalement, lors du procès de Bordeaux: déposition Hubert Desourteaux, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 9-10; déposition Aimé Renaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 22; déposition Clément Broussaudier, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 31; déposition Yvon Roby, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 39; déposition Mathieu Borie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 42; déposition Jacqueline Claverie, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 24 janvier 1953, p. 33; déposition Armand Senon, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 25 janvier 1953, p. 26-27, qui relate qu’une sentinelle faisait avancer à coups de crosse une mère tenant son enfant au cou, terrorisé; il ne fait pas mention de cet incident dans son attestation du 27 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI. Voir également PV d’audition Jeannine Brandy 3 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Le soldat alsacien enrôlé de force Albert O. indiquera que son supérieur, le sous-officier Steger, a tué une vieille dame (blessant O. à cette occasion): déposition d’Albert O., 21 avril 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. De même, voir les témoignages de Heinz Barth, in Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 150.

162. Yvon Roby indiquera qu’un Allemand lui a dérobé sa bicyclette (PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424).

163. PV d’audition d’Auguste L., 22 novembre 1945, no2808, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII. Confirmation par Heinz Barth lors de son procès à Berlin-Est en 1983 (La Montagne, 31 mai 1983).

164. PV d’audition d’Yvonne Gaudy, 25 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Rapport du commissaire Hugonneau, 26 mai 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse XIII. Le soldat devait être Auguste L., qui sera jugé au procès de Bordeaux (ibid.).

165. Audition de Heinz Barth lors de son procès à Berlin-Est en 1983 (Le Populaire du Centre, 31 mai 1983).

166. Taege, Wos ist Kain?, op. cit., p. 255.

167. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 144-145.

168. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 179.

169. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52.

170.Ibid.

171. Reynouard, Cri des victimes, p. 193

172. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52.

173. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 284-286.

174. Citons quelques exemples. Caché dans un buisson derrière sa maison, Armand Senon relate avoir «entendu la mitraillade qui a duré jusqu’à environ 22 heures»: Déclaration d’Armand Senon du 3 octobre 1944, Rapport E.O. Munn, source privée et Michel Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Un crime contre l’humanité, Waterloo, Jourdan, 2021, p. 201. «Ils ont mitraillé toute la soirée», confirmera Aimé Renaud, qui ajoutera avoir entendu des coups de feu plus épars jusqu’à 4 heures du matin: Déposition d’Aimé Renaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 22 janvier 1953, p. 24 et 27.

175. Plusieurs personnes se rendent au village, pour venir aux nouvelles, récupérer leur progéniture, ou simplement rentrer chez eux, et seront abattues: Marie Ducharlet (déclaration de Martial Brissaud, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Marie Demery, née David, 8 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Martial Machefer, 8 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; déclaration de Martial Brissaud, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI). Mélanie Brun, épouse Milord (déclaration de Marcel Belivier, 7 juillet 1947, AJM, «Dossier Oradour», liasse VI). André Foussat (attestation de Pierre Joyeux, 30 novembre 1944, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI; PV d’audition de Pierre Joyeux, 24 novembre 1944, no1207/45, AD Haute-Vienne, 1517 W 424; PV d’audition de Jacques Boissou, 10 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424). On retrouvera parfois leurs cadavres: Dr. Bapt, «Compte-rendu de ma mission à Oradour-sur-Glane les 14-15-16-17 et 19 juin 1944», in Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 154-157, ainsi que AJM, «Dossier Oradour», Liasse V, et AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Un Waffen SS alsacien, Georges-René Boos (engagé volontaire celui-là), assassine deux femmes qui viennent chercher leurs enfants enfermés dans l’église: PV d’audition de Joseph B., 14 mars 1947, AJM, «Dossier Oradour», liasse XIII. PV d’audition d’Auguste L., 22 novembre 1945, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII; PV d’audition d’Auguste L., 12 juillet 1946, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII (qui évoque trois femmes tuées); PV d’audition d’Auguste L., 20 janvier 1948, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII.

176. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 169-170; Le Cri des victimes, op. cit., p. 178-188.

177. Robert Hébras, Oradour-sur-Glane. Le drame heure par heure, Montreuil-Bellay, C.M.D., 1992, p. 14-15.

178. Hivernaud, Petite histoire d’Oradour-sur-Glane, op. cit., p. 42.

179.Ibid.

180. Hébras, Le drame heure par heure, op. cit., p. 16.

181. Voir notamment Pauchou et Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 36, qui citent le témoignage de Mme Lang: «Quel spectacle angoissant, dit-elle, des mères serrent leur bébé dans leurs bras, d’autres les traînent dans des poussettes. Des fillettes pleurent, des femmes sanglotent. Puis, voici les enfants des écoles, garçons et filles. Ils se dirigent vers le lieu de leur supplice. J’entends encore le bruit des petits sabots de ces pauvres gosses frappant la chaussée et scandés par le heurt pesant des bottes de leurs bourreaux.»

182.«Au moment où je partais avec les femmes et enfants, des scènes d’adieux déchirantes ont eu lieu, relatera Marguerite Rouffanche, la seule survivante de ce groupe. Les Allemands ont toléré ou n’ont pu empêcher que nous embrassions les nôtres. Cela s’est passé rapidement. Pour aller à l’église, des Allemands nous ont encadrés de chaque côté.» PV d’audition de Marguerite Rouffanche, 9 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. «Malgré la défense, j’ai tourné la tête pour voir partir la colonne [des femmes et des enfants], indiquera Marcel Darthout. C’était un spectacle bien triste. Des cris déchirants ont été poussés par certaines femmes et enfants. On sentait qu’ils s’inquiétèrent de leurs pères, mari, ou fils. J’ai vu des femmes s’évanouir. D’autres les relevaient pour les entraîner avec la colonne qui partait, bien encadrée d’Allemands armés.» PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944, 1207/76, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

183. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 50-51.

184. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 114.

185. Baury, éd., Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 52. Reynouard le cite dans Cri des victimes, op. cit., p. 181.

186. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Voir également Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14 et Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57.

187. PV d’audition de Camille Senon, 6 décembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

188. Déposition de Camille Senon, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 20. Voir également PV d’audition de Camille Senon, 6 décembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424.

189. Déposition d’Emile Demery, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 28. Déposition de Jean Courivaud, Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 9-10.

190. Déposition d’Alfred S. du 14 décembre 1944, no1207/86, AJM, «Dossier Oradour», Liasse V.

191. Fac-similé reproduit dans L’Humanité, 3 février 1953. Egalement CMO, 1 ETUD 2-4.

192. Limagne, Ephémérides de quatre années tragiques, III, p. 2058.

193. SS Ausbildungsgruppe Süd Gericht, Tgb Nr. 4/45, «Tötung franz. Staatsangehöriger ohne Urteil», 4.1.1945, Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, RF Exhibit 392, H-4569, p. 7-8:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_2176525c3d71b2b45fcf51aebfd61429. Traduction française in Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg, French Document Book: Extermination of Innocent Populations, H-5051, p. 182-183:
https://virtualtribunals.stanford.edu/catalog/mt839rq8746aspace_f43a54599d88943f3f189c48a9f83839. L’attestation d’Okrent a été reproduite dans Przybylski et Busse, Mörder von Oradour, op. cit., p. 99-100 ainsi que par Jean-Jacques Fouché, Oradour. La politique et la justice, Saint-Paul, Lucien Souny, 2004, p. 50-51.

194.Sud-Ouest, 2 juin 1983. Fonds Jacques Delarue, F Delta 835-36, 124602.

195. Picaper, Les ombres d’Oradour, op. cit., p. 380.

196.https://www.oradour.info/appendix/kahnsta2.htm.

197. Bericht zum Kriegstagebuch, 15.1.1943, NARA, T-315, roll. 1875. Idem le 20 janvier (ibid.) et le 29 janvier 1943: «Le groupe Gallas a nettoyé divers villages au nord du lac Jasno, au cours desquels des bandits ont tué 22 personnes. Butin: 6 fusils, grenades à main, munitions, explosifs, 2 traîneaux. De grandes quantités de munitions ont explosé dans des maisons. Pertes propres: 2 blessés.» (ibid.) Autres mentions de munitions qui explosent dans les maisons, manifestement pour «expliquer» la destruction d’un village: Bericht zum Kriegstagebuch, 21.2.1943 (ibid.), 15. 09. 1943 (NARA, T-315, roll 1874), 21.10.1943 (ibid.).

198. Le rapport transmis au commandement militaire à Athènes par la 1ère division allemande de montagne, chargée du massacre du village Comméno le 16 août 1943, mentionnait: «150 ennemis tués, quelques têtes de bétail, armes à main de fabrication italienne. Explosion de grandes quantités de munitions pendant l’incendie du village.» Un précédent rapport, interne à la division, était plus franc, parlant de «150 civils tués». BArch, RH 28-1/102, f. 66 et 68, ainsi que BArch, RH 28-1/188; également NARA, T-315, roll 66. Voir la reproduction en fac-similé des rapports allemands dans Hamburger Institut für Sozialforschung (éd.), Dimensionen des Vernichtungskrieges 1941 bis 1944, Hambourg, Hamburger Edition, 2021, p. 567. Trad. française dans Mark Mazower, Dans la Grèce d’Hitler 1941-1944, Les Belles Lettres, 2002, p. 212 (trad. de l’anglais).

199. BArch RS 2-2/21, Liasse 2/2, f. 99, (voir aussi f. 98): Generalkommando II. SS-Panzerkorps, Ic, Tgb. Nr. 1093/43, Betrifft: Ic-Morgenmeldung, 21.9.1943.

200. Yvon Roby indique que le propriétaire de la carabine était M. Compain, le pâtissier (PV d’audition d’Yvon Roby, 15 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424), mais Robert Hébras ainsi que Jean Darthout imputent ce propos à un autre habitant, M. Lamaud – voir PV d’audition de Robert Hébras, 24 novembre 1944, AD Haute- Vienne, 1517 W 424; déposition de Jean-Marcel Darthout recueillie par Guy Pauchou le 2 décembre 1944 (AJM, «Dossier Oradour», Liasse VI) reproduite également dans Pauchou et Masfrand, Oradour-sur-Glane. Vision d’épouvante, op. cit., p. 39; PV d’audition de Jean-Marcel Darthout, 7 décembre 1944, 1207/76, AD Haute-Vienne, 1517 W 424. Le prétexte allemand de la présence d’un dépôt d’armes est également mentionné par Mathieu Borie, qui mentionne avoir entendu une détonation (mais il est bien le seul), qu’il impute à l’explosion d’une grenade allemande (Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit.. p. 57).

201. Selon Heinz Barth, lors de son procès en 1983, ladite perquisition n’aurait duré que cinq minutes (Le Populaire du Centre, 31 mai 1983).

202. Voir notamment Fouché, Oradour, op. cit., p. 154-159.

203. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 165.

204. PV d’audition de Louis H., 14 décembre 1944, 1207/85, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

205. Déclaration de Paul G., 8 septembre 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 484. P.V. d’audition de Paul P., 10 octobre 1946, A.J.M., «Dossier Oradour», Liasse VI.

206. Déclaration de Paul G., 8 septembre 1945, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

207. PV d’interrogatoire de Josef B., 26 août 1947, AJM, «Dossier Oradour», Liasse VII.

208. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, p. 3, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

209. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 164.

210. PV d’audition de Jean-Pierre E., 24 septembre 1945, no2384, p. 6, AD Haute-Vienne, 1517 W 484.

211. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p 165.

212. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 13-14.

213. Baury (éd.), Oradour-sur-Glane. Le récit d’un survivant, op. cit., p. 118

214.Ibid.

215. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 167-168; Cri des victimes, op. cit., p. 163-172.

216. P.V. d’audition d’Yvon Roby, 16 novembre 1944, 1207/24, A.D. Haute-Vienne, 1517 W 424.

217. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 171.

218. PV d’audition de Louise Compain, 3 novembre 1944, AD Haute-Vienne, 1517 W 424, et AJM, «Dossier Oradour», Liasse V. Voir également Sténographie du procès de Bordeaux, audience du 27 janvier 1953, p. 14 et Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57.

219. Poitevin, Dans l’enfer d’Oradour, op. cit., p. 57.

220. Reynouard, Demi-siècle, op. cit., p. 167.

221. Reynouard, Cri des victimes, op. cit., p. 172.

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