Richard Williamson
un fanatique sans limite
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Richard Williamson, évêque intégriste appartenant à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (abrégée dans ce qui suit en «FSSPX») s’est fait connaître du grand public fin 2008 par une interview où il reprenait les mensonges négationnistes. Nous avons analysé en détail cette interview sur PHDN et relevé les très nombreuses malveillances, malhonnêtetés et marques d’incompétence de Richard Williamson, dont ce n’était pas la première sortie négationniste: dès 1989, il avait déjà ouvertement défendu les falsifications négationnistes.
L’objet du présent article est de fournir un contexte idéologique aux déclarations négationnistes de Williamson en examinant le contenu plus général de son discours car, au delà du négationnisme, Richard Williamson s’est très abondamment exprimé. Nous avons pu constater, comme dans le cas de son discours négationniste, que les médias s’arrêtaient à des dénonciations de principe et que les seules démonstrations disponibles, du moins en français, étaient des démonstrations d’indignation bien pensante. Nous avons choisi de puiser aux, et de citer largement les propos de Richard Williamson, ces derniers, étalés sur près de vingt ans, se trouvaient aisément sur la toile — quelques tentatives de camouflage ont eu lieu depuis fin 2008 — mais n’ont jamais fait, à notre connaissance, l’objet d’un exposé en français.
En juin 1990, Richard Williamson ordonnait devant Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la FSSPX, douze nouveaux prêtres. Dans son homélie, Williamson louait le «beau racisme» de Mgr Lefebvre1, allusion à des propos tenus par Mgr Marcel Lefebvre le 14 novembre 1989 contre les musulmans de France2. Lefebvre y prophétisait le kninapping en masse des femmes et filles de France par les Musulmans, propos pour lesquels il fut condamné le 12 juillet 1990 par la 17e chambre correctionnelle de Paris3. Le racisme de Williamson est directement illustré par ses recommandations et ses préoccupations. Ainsi dans sa lettre du 1er septembre 2002, Williamson recommande chaudement l’Aida Parker Newsletter, une feuille sud-africaine favorable à l’Apartheid, créée par la Police Secrète de l’Etat sud-africain au temps de l’Apartheid. Williamson avait été le premier prêtre de la FSSPX à se rendre en Afrique du Sud en 1978 et il y fit de nombreux séjours entre 1978 et 19834. Malgré ces liens avec l’Afrique du Sud, on cherchera en vain dans toute le prose de Williamson la moindre allusion critique à l’Apartheid…
Les conceptions théologiques de Richard Williamson, quant à elles, ressortent du pire des fanatismes. Un antijudaïsme hystérique qui recycle les formes les plus virulentes de l’antisémitisme chrétien n’est hélas qu’un des aspects de l’antisémitisme de Williamson, dont même la forme racialiste n’est pas absente. Paranoïa, complot de domination mondiale, manipulation des banques, des politiques, des médias, le tout mélangé dans des «analyses» géopolitiques où se retrouvent millénarisme apocalyptique, «antisionisme» et antisémitisme moderne et antique. Une performance ininterrompue dans les lettres pastorales de Williamson depuis le début des années 1990 et que l’on trouvait jusque très récemment sur l’Internet sur les sites officiels de la FSSPX, jamais aucune critique n’ayant été émise par cette institution à propos du contenu de ces lettres. Par ailleurs, l’ensemble des ces notions, antisémitisme, racisme, sexisme, négationnisme, était explicitement transmis dans le séminaire de la FSSPX dont Richard Williamson était responsable5.
Dans une lettre de novembre 1991, où il assumait déjà son négationnisme, Williamson, afin d’illustrer les manipulations des «vils médias» fait une citation qu’il prête implicitement à «ceux» qui manipulent eux-mêmes les médias. Voici cette citation que fait Williamson:
«“Il est indispensable de dégrader les relations des gens avec leurs gouvernements dans tous les pays de façon à épuiser l’humanité en dissensions, haine, combats, jalousie, de façon à ce que les goyim ne voient d’autre issue que de se réfugier dans notre souveraineté dans l’argent et tout le reste.”(Pr. 10)»
Un peu plus bas, Williamson fustigeant l’irruption des homosexuels dans la vie publique illustre encore une fois son propos d’une citation qu’il prête à «ceux» qui en sont à l’origine:
«“Dans les pays connus pour être progressistes et éclairés nous avons créé une littérature insensée, dégoûtante et abominable.”(Pr. 14)»6
Les seules indications fournies quant à l’origine de ces citations sont les précisions, entre parenthèse, «Pr. 10» et «Pr. 14». Quelle est la source de Williamson ? Tout simplement le célèbre faux antisémite fabriqué par la police secrète russe au début du XXe siècle, les Protocoles des Sages de Sion7 !
Rappelons que cette fabrication a joué un rôle majeur dans l’élaboration de l’antisémitisme d’Hitler et dans la propagande antisémite du régime nazi, qui l’a employée notamment afin de justifier l’assassinat des Juifs d’Europe. On peut voir ainsi Williamson nier le génocide et utiliser l’un des principaux instruments rhétoriques qui ont permis le génocide ; un tour de force…
L’utilisation par Williamson des Protocoles est antérieure, comme l’ont remarqué d’autres avant nous, puisqu’il n’hésite pas à en recopier un passage dès novembre 1990, faisant des Juifs les fossoyeurs de l’Eglise Chrétienne, sans, semble-t-il citer sa source8. Combien d’autres «citations» cachées dans les lettres antérieures de l’évêque ?
Williamson sera tout à fait explicite quant à son adhésion à l’authenticité des Protocoles (adhésion qui relève d’une psychopathologie antisémite radicale), dans sa lettre de mai 2000, où il écrit:
«Dieu a mis les Protocoles des Sages de Sion […] entre les mains des hommes pour les hommes qui voudraient connaître la vérité, mais peu sont dans ce cas.»9
Cette lettre de mai 2000 élabore par ailleurs un scénario complotiste à coté duquel le Da Vinci Code passerait pour manquer d’imagination: les Juifs («les complôteurs internationaux qui visent la domination du monde par l’argent», la référence aux Protocoles suffisant à élucider la périphrase, n’était les obsessions antisémites de Williamson) auraient financé Hitler pour abattre Staline qui avait trahi la «cause internationaliste», mais comme Hitler aurait «libéré l’Allemagne de leur contrôle», «ils» auraient finalement soutenu Staline… Dans un scénario délirant, Williamson fait de Staline et Hitler des marionnettes qui échappent à leurs maîtres (juifs), Hitler étant présenté positivement comme le «libérateur» de l’Allemagne !
En 2008, Williamson confirmait aux Catholic Herald qu’il tenait les Protocoles pour authentiques10. Sa hiérarchie au sein de la FSSPX déclara qu’elle n’avait pas de «politique» quant à l’authenticité des Protocoles…
Les délires de Williamson sont cependant bien antérieurs. En février 1991, Williamson écrit:
«Ne devons nous pas alors craindre que, ainsi que la Second Guerre mondiale qui prétendait rendre le monde propice à la démocratie, l’a en fait rendu propice au Communisme (c’est-à-dire à sa prise de pouvoir en Europe de l’Est), la Guerre du Golfe qui prétend être menée afin de défendre le Koweit […] soit en fait destinée à abattre d’une seule pierre les deux ou trois obstacles à l’avancée du Socialisme International ? […] Cependant, derrière la guerre du Golfe et même derrière la Russie, ne doit-on pas, troisièmement, craindre la figure de l’Anté-Christ ? Avant que les hostilités soient terminées, attendons-nous à ce qu’Israël envisage de «résoudre» le problème palestinien en déposant le Roi Hussein de Jordanie, en transformant la Jordanie en un état client des Palestiniens et en y transportant tous les Palestiniens de Gaza et de la Rive Occidentale [la Cisjordanie], afin de «faire de la place» pour les immigrants juifs de Russie […] Cependant, jusqu’à ce qu’ils [les Juifs] redécouvrent leur vraie vocation messianique, on doit s’attendre à ce qu’ils continuent de s’agiter fanatiquement, en accord avec leur fausse vocation messianique de domination mondiale, à préparer le trône de l’Anté-Christ à Jérusalem. Ainsi nous pouvons craindre qu’ils continuent de jouer leur rôle majeur dans l’agitation à l’Est et dans la corruption à l’Ouest […] Les anciennes nations chrétiennes doivent blâmer leur libéralisme seul pour avoir autorisé la libre circulation au sein de la Chrétienté des ennemis du Christ. [Nous nous souvenons] que Anas et Caiphas [les grand-prêtres juifs] ont incité mais pas obligé Judas à trahir Jésus et que la trahison de l’Apôtre fut un crime bien pire que le déïcide des Juifs»11
La vision d’une Rome corrompue, infiltrée, aux mains des disciples de l’Anté-Christ (dont les buts seraient incarnés par Vatican II) est exprimée par Williamson en décembre 1991:
«Rome ne peut s’empêcher de surveiller la Société [Sacerdotale de Saint Pie X] […] [parce que] de tels groupes sont le principal obstacle contre les progrès de l’Anté-Christ. A notre époque, à l’approche de la fin du monde, les infinies Sagesse et Justice de Dieu ont permis à Ses ennemis d’acquérir le contrôle des affaires du monde. Ces ennemis considèrent qu’ils sont aujourd’hui sur le point d’atteindre leur Gouvernement Unique Mondial, […] les «Unimondiaux» se devaient d’infiltrer Rome et de la conduire vers les buts de l’Anté-Christ. Avec Vatican II, ils y ont largement réussi, comme ses conséquences le démontrent continuellement. […] Rome n’est clairement pas sur une ligne de défense de la Foi Catholique, mais sur une ligne de destruction de la Foi Catholique et de l’Eglise Catholique Eternelle. Cependant, pour précipiter tous les Catholiques dans les griffes du Gouvernement Mondial Unique, pour les transformer de disciples du Christ en disciples de l’Anté-Christ, Rome doit les tromper»12
En juin 1994:
«Les Juifs de la Synagogue actuelle sont-ils les descendants d’Abraham ? Les Juifs talmudiques13 sont les descendants spirituels des pharisiens, auxquels notre Seigneur avait déjà dit en son temps, “si vous êtes les enfants d’Abraham, accomplissez la mission d’Abraham”[…]. Les Juifs qui rejettent Jésus rejettent par là même Abraham»14
En avril 1995, Williamson se livre à une analyse des causes du génocide des Tutsis au Rwanda. Après avoir fait, en une rhétorique que ne renieraient pas les colonialistes du XIXe siècle, une description nostalgique et buccolique de la merveilleuse évangélisation, selon lui, des populations indigènes par les catholiques blancs au début du XXe siècle, il fait porter la responsabilité de la catastrophe sur l’irruption de la modernité au sein du Catholicisme. Il élargit son propos et affirme entre autre que:
«La démocratie égalitaire, en vertu de laquelle les hommes sont souverains et égaux entre eux, est un virus mortel»15
Le pêché originel de la contagion de la «démocratie égalitaire» au sein de l’Eglise est, selon Williamson, la publication par Pie XI de l’Encyclique «Quias Primas» en 1925 et l’excommunication de l’Action Française l’année suivante…
Les conceptions de Williamson laissent systématiquement pantois. Il prend ainsi, après une condamnation toute rhétorique de ses actes, la défense du criminel en série Theodore Kaczynski, dit «Unabomber» dans ses lettres du 6 juin 1996, 1er février 1997 et 2 avril 1998. Cette défense, et en quoi elle est en contradiction avec la théologie chrétienne ont été analysés ailleurs16
Dans le numéro de mai 1997 d’une revue intégriste catholique australienne, Richard Williamson écrit un article sur «Les Juifs dans les temps futurs». Il y expose sa doctrine:
«Leurs graves défauts les ont rendus odieux aux nations parmi lesquelles ils étaient établis. Tout cela nous conduit à penser que les Juifs sont les artisans les plus actifs de la venue de l’Anté-Christ.»17
Richard Williamson sait aussi s’illustrer dans une veine qu’on a peine à qualifier autrement que «comique»: dans une lettre de novembre 1997, Richard Williamson, commet une très violente diatribe contre la comédie musicale «La mélodie du bonheur», dont l’actrice principale, Julie Andrews avait auparavant incarné Mary Poppins. La médolie du bonheur est le divertissement familial hollywoodien par excellence, bien pensant, sucré, rempli de chansons et de bons sentiments, particulièrement anodin. Mais Richard Williamson le qualifie entre autres, dans sa lettre, de «virtuellement pornographique»18…
En février 2000, critiquant les «repentances» successives de Jean-Paul II à propos de l’Inquisition, de la condamnation de Galilée et de l’antijudaïsme chrétien, Williamson défend, en un seul propos tout à fait époustouflant, ces trois comportements de l’Eglise:
«L’Inquisition a rendu des services extraordinaires à la civilisation occidentale (alors appelée Chrétienté) en identifiant ces hérétiques qui en étaient les pires ennemis. La condamnation de Galilée a été élaborée non pour barrer la route à la vérité scientifique mais à son arrogance personnelle au nom de la science, arrogance qui a n’a depuis cessé de nuire à l’image de la “science”. Et la condamnation de la Synagogue, qui est la religion non d’Abraham et Moïse, mais celle d’Anas et Caiphas [les grands prêtres qui ont, selon Williamson, poussé Judas à trahir Jésus], n’est qu’une simple légitime défense de la part de l’Eglise catholique, car les descendants spirituels de ces deux assassins judiciaires de Jésus Christ n’ont cessé depuis 2000 ans d’œuvrer dans la haine contre le Corps Mystique du Christ, l’Eglise Catholique.»19
En mars 2000, Williamson écrit:
«De la même façon que les Grand-Prêtres et les Anciens [Juifs] haïssaient Jésus à mort, mais avaient besoin d’un Apôtre pour le trahir, nous pouvons reprocher aux Juifs et aux Franc-maçons et à leurs semblables de s’ingénier à la destruction de l’Eglise, mais il leur a fallu des hommes d’église de l’intérieur pour effetctuer concrètement la trahison et la destruction. […] Coupons quelques oreilles de quelques Juifs et Franc-maçons»20
Le 2 avril 2000, Williamson écrit:
«Les Juifs ne sont plus le peuple d’une Alliance valide ; en fait, n’importe quelle pratique religieuse issue de leur alliance morte, parce qu’elle espère en un Messie à venir, est au moins objectivement un pêché mortel, puisque le Messie est venu. Deuxièmement, depuis 2000 ans, les Juifs ont de façon répétée cherché à détruire l’Eglise Catholique et à enlever le Christ à la Chrétienté […] En priant pour que l’Eglise se prête à une “fraternité authentique” avec ces gens, est-ce que le Pape [Jean-Paul II] prend en compte les leçons de ces deux millénaires ?»21
Dans le même texte, Williamson, après avoir de nouveau déploré les repentances sur Pape sur le racisme et l’antisémitisme, expose, entre autres, sa conception de la place des femmes et des non-blancs dans l’ordre du monde:
«Depuis Eve, Dieu a voulu que les hommes commandent aux femmes […]. Depuis Noé, les fils de Japhet sont destinés, à de amples exceptions près, à commander aux fils de Cham et à occuper les tentes des fils de Sem22[…] Le problème du monde contemporain, c’est que les mâles gentils [non juifs] le dirigent, mais qu’ils le dirigent en dehors de la foi catholique comme [au contraire de ce qu’] ils sont supposés faire, parce qu’ils ont perdu leur foi, et comme juste punition de leur apostasie, ils sont accablés par la révolte des non-blancs, des non-gentils [les Juifs] et des non-mâles […]»23.
Il ne s’agit pas d’«accidents» rhétoriques. Richard Williamson enseignait dans le cadre du séminaire dont il était responsable aux Etats-Unis que «les femmes n’étaient pas des créatures rationnelles» et que «l’homme blanc a été créé par Dieu pour dominer les races esclaves»24. Il est remarquable de constater que l’ancien humoriste Dieudonné a choisi de dire toute l’admiration qu’il avait pour Richard Williamson. Que ce dernier juge l’homme blanc supérieur à l’homme noir destiné à l’esclavage sous la conduite du premier ne semble pas gêner Dieudonné pourtant prompt à fustiger le racisme anti-noir25. Après tout, Williamson est un négationniste et un antisémite; cela a l’air d’être suffisant pour mériter l’estime de Dieudonné…
Le 1er octobre 2001, à peine trois semaines après les attentats du 11 septembre 2001, Richard Williamson écrit:
«Politiquement, derrière les terroristes arabes, on trouve très probablement les architectes putatifs du Nouvel Ordre Mondial, qui utilisent depuis longtemps les Etats-Unis comme instrument pour atteindre leur contrôle planétaire. Il y a de cela longtemps, ils ont planifié trois Guerres Mondiales afin d’atteindre leur objectif. Ce sont eux qui ont provoqué le naufrage du “Lusitania” et l’attaque de Pearl Harbor afin de plonger les USA dans le deux premières. A présent, ils semble qu’ils utilisent également les Arabes. Humainement, ils sont intelligents. Ils sont même diaboliquement intelligents […]
Lorsque les Catholiques espagnols se montrèrent faibles dans les années 700, Dieu autorisa les Juifs à trahir l’Espagne au profit des Arabes26 Lorsque les Catholiques espagnols furent véritablement catholiques, Dieu leur permis en 1492 de reprendre l’Espagne aux Arabes, puis leur permis de créer un empire catholique dans les Amériques. […] Les Juifs présentent un cas semblable. Dès 200, le père de l’Eglise et auteur Tertulien remarquait que lorsque la foi catholique s’affermit, le pouvoir juif décline, alors que lorsque la foi catholique faiblit, le pouvoir juif se fortifie. Pendant le moyen-âge catholique, les Juifs étaient relativement impuissants et ne pouvaient pas atteindre la Chrétienté, mais comme les Catholiques sont devenus au cours des siècles de plus en plus faibles dans leur foi, surtout depuis Vatican II, les Juifs se sont rapprochés de plus en plus de la réalisation de leur objectif pseudo-messianique de domination mondiale.»27
Il faut souligner que Williamson n’est pas un pur dogmatique. Il sait changer d’avis. Ainsi, il reviendra sur son interprétation initiale du 11 septembre 2001, qui voyait des manipulateurs judéo-maçons derrière les attentats. En effet, il a rapidement éliminé la composante arabe des attentats et soutient désormais qu’il s’agit d’une manipulation «américaine»28.
Le 1er septembre 2002, Richard Williamson se lâche (une fois de plus) dans le registre “on nous cache tout on nous dit rien”…:
«On sait que, voici plus d’un siècle, la Judéo-maçonnerie a décidé de trois Guerres mondiales afin d’asseoir sa domination globale. La Judéo-maçonnerie a suscité les deux premières Guerres mondiales par des mensonges. […] La Première Guerre mondiale a permis d’établir la Société des Nations maçonnique à Genève et la révolution communiste en Russie, et a anéanti de nombreuses monarchies catholiques, en particulier l’empire catholique austro-hongrois. Et le traité de Versailles maçonnique qui clôt la Première Guerre mondiale a délibérémment pavé le chemin vers la Seconde Guerre mondiale […] En fait, la Seconde Guerre mondiale a établi l’Organisation des Nations Unies maçonnique, a énormément promu le socialisme aux USA et dans les “démocraties” occidentales, fait anéantir les “démocraties” de l’Est par le Communisme […] Par des mensonges, la Judéo-maçonnerie est en train de préparer la Troisième Guerre mondiale […]. La Seconde Guerre mondiale [a été] déclenchée par les US sous prétexte de la prétendue traîtrise des Japonais à Pearl Harbor […] Et de la même façon que nous savons aujourd’hui, en 2002, avec certitude, que nos gouvernements et nos médias ne nous ont dit qu’une fraction de la vérité en 1941 sur les véritables responsabilités de l’attaque de Pearl Harbor, nous saurons un jour que ceux qui sont réellement responsable pour l’attaque des Twin Towers ne sont certainement pas ceux désignés par nous gouvernements et nos médias. […]
Pearl Harbor et les Twin Towers sont des exemples classiques de la façon dont les démocraties modernes doivent être dirigées par des mensonges et nous voici avec un troisième grand mensonge politique derrière la crise économique, et ce mensonge c’est que la “démocratie” consiste est une forme acceptable de gouvernement. […] En tout état de fait, si dans une démocratie occidentale aujourd’hui, un politicien ose un mot, par exemple, contre la sécurité sociale ou contre les Juifs, il sait qu’on le fera taire et voter contre lui aux prochaines élections. En d’autres mots, les politiciens sont virtuellement contrôlés par l’opinion publiques, laquelle et fabriquée par les médias, lesquels sont contrôlés au plus près par une poignée de Judéo-maçons, le mêmes qui contrôlent la finance et les gouvernements.»29
En novembre 2005, Williamson commet une analyse des émeutes qui avaient eu lieu dans les banlieues françaises. Il en fait une lecture raciste et étend son analyse aux rapports entre «Juifs» et «hommes blancs» (les premiers n’appartenant manifestement pas à la seconde catégorie):
«Aussi quand les hommes blancs abandonne la défense des Juifs, afin de prendre soin d’autres races et de mener leurs femmes […], il est absolument naturel qu’ils soient punis respectivement par la domination de la finance juive, par le refus des races non-blanches de les suivre et par un féminisme rampant.»30
En mars 2008, Richard Williamson a traité de l’antisémitisme…:
«Depuis que les juifs se sont rendus responsables de la crucifixion de notre Seigneur Jésus Christ […], ils ont, en tant que race et en tant que religion, toujours avec de nobles exceptions, continué de le rejeter jusqu’à aujourd’hui […] Plus près de nous, c’est un fait historique que l’élaboration et les débuts du Communisme, par exemple, afin d’éloigner l’humanité de Dieu et de remplacer son Royaume par un paradis fabriqué de la main de l’homme, était largement de leur fait. […] Ils traitent d’“antisémite” quiconque se dresse contre n’importe quelle forme de leur athéisme [godlessness].»31
Il n’est, à notre connaissance, aucune «théorie de complot» à laquelle Williamson n’adhère, aucun poncif antisémite, sexiste, raciste qu’il n’ait explicitement repris pendant de longues années au sein de la FSSPX dont il était l’un des principaux leaders. Jamais, jamais, la FSSPX ne s’est démarquée des propos de Williamson. Le «scandale» de l’interview négationniste de 2008, qui surgit au moment où le Pape Benoît XVI cherche coûte que coûte à réintégrer les intégristes schismatiques au sein de l’Eglise vaticane, cache un scandale bien plus grave: Benoît XVI ne trouve aucun inconvénient à réintégrer au sein de l’Eglise des fanatiques dont il ne peut prétendre ignorer les doctrines archi-rétrogrades, antisémites, sexistes et racistes. Le négationnisme de Williamson, aussi choquant soit-il, est tout à fait marginal dans ce contexte.
Notes
1. «Ordination de 12 prêtres traditionnalistes fidèles de Mgr Marcel Lefebvre», La Presse, samedi, 30 juin 1990, p. A16.
2. «Dans une conférence de presse à Paris Mgr Lefebvre affirme que les musulmans devraient “rentrer chez eux”», Le Monde, 16 novembre 1989, p. 16.
3. Maurice Peyrot, «Au tribunal de Paris Mgr Lefebvre condamné pour “diffamation religieuse” envers la communauté musulmane», Le Monde, 14 juillet 1990, p. 10. Le procès était sans doute en cours au moment des déclarations de Richard Williamson, ce qui explique peut-être sa sortie…
4. Society of St. Pius X — Southern Africa, «A simple Sketch History the Society of Saint Pius X in South Africa», décembre 2005, http://web.archive.org/web/20070129221548/http://www.sspxafrica.com/documents/2005_December/SSPX_in_South_Africa.htm, reproduit également ici: http://sspxsa.blogspot.com/2009/02/simple-history-of-catholicism-and.html
5. Voir à ce propos le témoignage d’un ancien séminariste de la FSSPX de Winona alors sous la responsabilité de Williamson, J. Christopher Pryor, «Traditional Catholicism and the Teachings of Bishop Richard Williamson», Journal for the Study of Antisemitism, 2009, vol. 1, n. 2. En ligne: http://www.jsantisemitism.org/pdf/jsa_1-2.pdf. Ce récit est tout simplement hallucinant. Outre les divagations dont le présent texte fait état, Williamson adhérait également à , et faisait enseigner, des théories délirante sur le Sida. Par ailleurs, Williamson faisait intervenir devant des élèves du séminaire des illuminés antisémites et négationnistes.
6. Richard Williamson, «Slacks II», 3 novembre 1991, Toutes les versions en ligne de cette lettre ont été soigneusement détruites début 2009.
7. Voir sur PHDN: http://www.phdn.org/antisem/protocoles/index.html
8. «The Bishop and the Protocols», http://sspx.agenda.tripod.com/id77.html, qui cite http://www.stas.org/publications/letter/1990/November/November.shtml. Il est en fait probable que l’absence de source ne soit qu’un toilettage de la version mise en ligne de la lettre de Williamson. Il semble qu’il ait été tout à fait explicite dans l’original, comme le suggère la citation du même passage par Thomas Sparks, un intégriste faisant l’éloge du traitement des Juifs par Williamson en 2001 (Thomas Sparks, «SSPX AND THE JEWS», 12 décembre 2001, groupe de discussion yahoo «Catholic», aujourd’hui inexistant, reproduit par John Loughnan sur son site web, http://jloughnan.tripod.com/sparwill.htm)
9. Richard Williamson, «Our Lady of Fatima», lettre du 1er mai 2000, http://web.archive.org/web/20050215163046/http://www.stas.org/publications/letter/2000/May/May.shtml
10. Anna Arco, «Lefebvrists face crisis as bishop is exposed as “dangerous” anti-Semite», Catholic Herald, 5 mars 2008, http://www.catholicherald.co.uk/articles/a0000226.shtml
11. Richard Williamson, Lettre pastorale du 1er février 1991, http://web.archive.org/web/20020718183939/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/February1-1991.htm
12. Richard Williamson, Lettre pastorale du 1er décembre 1991, http://web.archive.org/web/20010823080614/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/December1-1991.htm
13. Le syntagme «juif talmudique» est le fort marqueur lexicologique d’un antisémitisme “classique”.
14. Richard Williamson, Lettre pastorale du 7 juin 1994, http://web.archive.org/web/20071103055428/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/June7-1994.htm
15. Richard Williamson, «Democratism in the Catholic Church», 5 avril 1995, http://www.sspxseminary.org/publications/letter/1995/April/April.shtml, http://web.archive.org/web/20010219182210/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/April5-1995.htm
16. Fringe Watch, «Bp. Williamson: Unabomber Theology Revisited», 12 décembre 2006, http://fringewatcher.blogspot.com/2006/01/bp-williamson-unabomber-theology.html. Fringe Watch a par ailleurs décrit les accointances de Williamson avec certains milieux de l’extrême-droite radicale américaine dans «The Politics of Bishop Richard Williamson», Fringe Watch, 25 janvier 2006, http://fringewatcher.blogspot.com/2006/01/politics-of-bishop-richard-williamson.html
17. Richard Williamson, «The Jews in the Latter Times», Catholic http://nla.gov.au/nla.cat-vn1607792, mai 1997, Melbourne (Australie), cité par Thomas Sparks, «SSPX AND THE JEWS», 12 décembre 2001, groupe de discussion yahoo «Catholic» (aujourd’hui inexistant), reproduit par John Loughnan sur son site web, http://jloughnan.tripod.com/sparwill.htm. Thomas Sparks est lui-même un intégriste qui se réjouit des sorties antisémites de Williamson qu’il tient pour exemplaires…
18. Richard Williamson, Lettre du 7 novembre 1997, http://web.archive.org/web/20010223034448/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/November7-1997.htm. Richard Williamson semble être obsédé par La Mélodie du Bonheur comme le souligne un ancien séminariste de la FSSPX de Winona alors sous la responsabilité de Williamson, J. Christopher Pryor, «Traditional Catholicism and the Teachings of Bishop Richard Williamson», Journal for the Study of Antisemitism, 2009, vol. 1, n. 2, p. 235. En ligne: http://www.jsantisemitism.org/pdf/jsa_1-2.pdf. Christopher Pryor émet l’hypothèse que ce qui dérange Williamson dans ce film c’est simplement que les «méchants» sont des nazis et que le personnage positif est une femme.
19. Richard Williamson, «The Jubilee Year», 6 février 2000, http://www.stas.org/publications/letter/2000/February/February.shtml (page supprimée…), http://web.archive.org/web/20071103055140/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/February6-2000.htm
20. Richard Williamson, «Bishop Williamson’s Letters to Friends and Benefactors», 1er mars 2000, http://web.archive.org/web/20071103055508/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/March1-2000.htm http://web.archive.org/web/20020730230838/http://www.sspxafrica.com/documents/2000_April/Bishop_Williamson.htm
21. Richard Williamson, «The Pope’s Millennial Apology», 2 avril 2000, http://web.archive.org/web/20010219182344/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/April2-2000.htm, http://www.sspx.ca/Communicantes/Jan2001/The-Popes-millenial-apology.htm, http://web.archive.org/web/20021114074209/http://sspxafrica.com/documents/2000_June/Bishop_Williamson.htm
22. Dans une géographie biblique fondamentaliste, cela signifie, pour faire court, que les Européens blancs doivent commander aux Noirs et plus largement aux population du tiers monde, mais aussi à imposer leur volonté aux Juifs et aux Arabes, les deux étant explicitement hors du «monde blanc». Le discours ici exposé est raciste et colonialiste et prétend tirer sa légitimité de la Bible, dont il fait en réalité une lecture dévoyée.
23. Voir note 20.
24. J. Christopher Pryor, «Traditional Catholicism and the Teachings of Bishop Richard Williamson», Journal for the Study of Antisemitism, 2009, vol. 1, n. 2, p. 239.
25. Interview de Dieudonné dans Rivarol, no 2990, 11 mars 2011. Rivarol est un hebdomadaire d’extrême droite radicalement raciste. Cela ne gêne pas non plus Dieudonné. Les propos de Dieudonné sur Williamson méritent d’être rapportés intégralement: «Un autre personnage pour lequel j’ai beaucoup d’estime et de considération, c’est Mgr Williamson. Je suis d’ailleurs allé le rencontrer à Londres où il vit replié, en paria. Le courage qu’il a manifesté montre qu’il est à mes yeux un vrai et un grand homme d’Eglise. Sa démarche est christique. Mgr Williamson est un résistant, un homme qui inspire le respect. A l’opposé de tout carriérisme qui n’est hélas pas rare chez les ecclésiastiques, il a renoncé à tout pour ses convictions. L’Eglise devrait s’inspirer de son exemple ; elle retrouverait de l’énergie et de la force.». Qualifier un négationniste, un antisémite et un raciste hystérique pro-apartheid tel que Williamson, de «résistant» est tout simplement une ignominie.
26. il s’agit ici d’un motif antisémite très ancien, attribuant aux Juifs la livraison de Tolède aux Musulmans en 711. Voir à ce sujet, Alisa Meyuhas Ginio, «Juifs, Goths et musulmans dans la péninsule ibérique médiévale», Les routes d’al-Andalus: patrimoine commun et identité plurielle, UNESCO, 2001. http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001233/123370F.pdf. C’est la chute de Tolède qui ouvre l’Espagne aux musulmans en 711, mais les Juifs n’y ont pas pris part, au contraire des cas de Cordoue ou Grenade. Or c’est la chute de Tolède qui fut décisive, c’est donc celle-là qu’il «faut» attribuer aux Juifs… Rappelons que l’Espagne wisigothique se caractérisait par une persécution féroce contre les Juifs.
27. Richard Williamson, Lettre de Winona, 1er octobre 2001, «WTC, The Scourge of Sin», http://web.archive.org/web/20020514140658/http://sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/October1-2001.htm. Le texte continue en déclinant notamment le contrôle juif des médias, autre canard antisémite…
28. Dès octobre 2001, en visite à Bordeaux, Williamson déclarait qu’il n’y avait aucune preuve que Ben Laden fut responsable des attentats. Cité par «The Politics of Bishop Richard Williamson», Fringe Watch, 25 janvier 2006, http://fringewatcher.blogspot.com/2006/01/politics-of-bishop-richard-williamson.html. L’adhésion de Williamson aux délirantes théories faisant des attentats du 11 septembre 2001 un vaste complot de l’intérieur se trouve abondamment dans ses écrits ou ses intervensions audio et vidéo.
29. Richard Williamson, «State of the Nations. Three Layers of lies», 1er septembre 2002, http://web.archive.org/web/20071103055852/http://www.sspx.ca/Documents/Bishop-Williamson/September1-2002.htm
30. Richard Williamson, «Denial of Christ Creates Chaos», The Daily Catholic, vol. 16, no. 288, lundi 14 novembre 2005, http://www.dailycatholic.org/issue/05Nov/nov14lit.htm. Il s’agit d’une publication intégriste particulièrement virulente, proche du sedevacantisme
31. Richard Williamson, «False Anti-semitism», Dinoscopus, blog de Richard Williamson, 1er mars 2008, http://dinoscopus.blogspot.com/2008/03/false-anti-semitism.html