Un dictionnaire du génocide
Einsatzgruppen
et Opérations mobiles de tuerieUn officier allemand achève des femmes et des enfants du ghetto de Mizocz en octobre 1942
Einsatzgruppen : Groupes d’action
Unités chargées des massacres de civils, principalement juifs, en territoires conquis.
Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne. Des « Einsatzgruppen » suivent l’armée. Il s’agit de détachements chargés de missions spéciales derrière la ligne de front : l’assassinat de l’intelligentsia polonaise par fusillades.
Le 22 juin 1941, Hitler envahit l’URSS. C’est l’opération Barbarossa. Des unités indépendantes du commandement militaire sont encore une fois chargées de tâches spéciales en pays conquis, derrière le front. Cette fois, il s’agit de l’extermination des Juifs soviétiques. Le même nom est utilisé pour désigner certaines des unités chargées d’accomplir ce crime : les Einsatzgruppen (3000 hommes organisés en quatre groupes principaux, A, B, C, D). Ils furent très loin d’êtres les seules unités chargées de ce que Raul Hilberg appelle les «opérations mobiles de tuerie» et le sol soviétique ne fut pas le seul théâtre des massacres à ciel ouvert, systématiques, d’hommes, de femmes et d’enfants juifs. S'y ajoutent, des bataillons de Police (dépendant de Himmler, 12 bataillons au début de Barbarossa, environ 7000 hommes, que rejoindront 11 bataillons supplémentaires), la brigade de cavalerie SS, deux brigades d’infanterie SS, en tout près de 30 000 hommes, tous placés sous l’autorité directe de Himmler. Ils furent par ailleurs rapidement renforcés d’auxiliaires locaux, au total 33 000 hommes ukrainiens et baltes, placés sous les ordres des unités allemandes. La Wehrmacht offrait non seulement un support logistique complet aux opérations mobiles de tueries, mais prêtait régulièrement ses propres troupes pour faire la chasse aux Juifs, les amener sur leurs lieux d’assassinats, ou les garder. Tous ces hommes opérèrent non seulement dans les territoires soviétiques mais aussi en Pologne et dans les Pays baltes.
La méthode consistait à emmener la population juive d’une ville ou d’un village suffisamment loin de l’agglomération, de faire creuser par les futures victimes des fosses (ou d’utiliser des fosses existantes ou naturelles) dans lesquelles elles étaient ensuite assassinées au fusil ou au fusil mitrailleur. Des camions à gaz ont également été utilisés. Si, dans de nombreux cas, les unités chargées de ces massacres se déplacèrent vers leurs victimes, un certain nombre de lieux furent aménagés en véritables centres de mise à mort de façon à y organiser localement les massacres par balles de toutes les populations juives des environs. Ce fut le cas de Babi Yar, des forêts de Ponary, de Maly Trostinets, des forts de Kovno, des forêts de Bikernieki et Rumbula, où plusieurs dizaines milliers de personnes furent assassinées en chacun de ces lieux sur des périodes de quelques jours à quelques mois. De tels massacres par balles eurent lieu de 1941 à 1944.
Avec l’assassinat dans les chambres à gaz des centres de mises à mort industrielles, les opérations mobiles de tuerie furent le principal moyen utilisé en application de la politique d’assassinat des Juifs d’Europe par les nazis. Aujourd’hui on estime au minimum à 1,5 millions de victimes le bilan des opérations mobiles de tuerie.
Compléments et développements :
Les Einsatzgruppen, une introduction : un essai de Yale F. Eideken qui présente de façon plus détaillée ce que fut l’action des Einsatzgruppen en URSS. Lire…
Le «Rapport Jäger» : Rédigé par le SS-Standartenführer (Colonel) Jäger, commandant d’un des Einsatzkommandos (l’E.K.3), il fournit une comptabilité sanglante et détaillée des «opérations» de son unité. Lire…
Le rapport de Kube à Lohse du 31 juillet 1942. Lire…
Extraits des rapports des Einsatzgruppen. Lire…
Introduction au Rapport Jäger, par Yale F. Edeiken. Lire…
Philippe Marguerat, «Le IIIe Reich, l’invasion de l’URSS et le génocide juif (juin-juillet 1941)», Revue Historique, no. 597, janvier-mars 1996. Lire…
Une présentation du contexte, de la méthodologie et des conclusions de l’article de Philippe Marguerat mentionné ci-dessus. Lire…
Un bilan sur une carte: reproduction d'une carte extraite d'un rapport allemand, fournissant les totaux des tueries dans les Pays baltes et une partie de l’URSS au début de 1942. Lire…
Liens :
En français: ![]()
Des photos : le site de François Schmitz présente des photos prises par les bourreaux pendant les massacres. Suivre le lien… ![]()
L’article sur les Einsatzgruppen de Nicolas Bernard sur le site Le Monde en Flammes, consacré à la Seconde Guerre mondiale. Suivre le lien… En anglais: ![]()
The Einsatzgruppen Archives : le site web, de Ken Lewis, le plus complet sur le sujet. Suivre le lien… ![]()
L'histoire du le 101e bataillon de réserve de la police d'ordre. Page (en anglais) de Struan Robertson consacrée à cette unité qui a participé aux opérations mobiles de tuerie (qui fait l'objet de l'ouvrage de Christopher Browning cité ci-dessous). Suivre le lien… ![]()
Documents sur les Einsatzgruppen : les nombreux fichiers du projet Nizkor sur les Einsatzgruppen. Suivre le lien… ![]()
Les Einsatzgruppen : documentation rédigée par le Jewish Student Online Research Center. Riche et accessible. Suivre le lien… ![]()
L’article sur les Einsatzgruppen tiré de l’Encyclopedia of the Holocaust. Très pertinent. Suivre le lien… ![]()
La page sur les Einsatzgruppen, riche en documents, du Musée de l’Holocauste de Washington. Suivre le lien… ![]()
Une page très complète sur les opérations mobiles de tuerie. Nombreux documents. Suivre le lien… ![]()
Informations et documents relatifs au procès des Einsatzgruppen à Nuremberg. Suivre le lien… ![]()
Autres documents relatifs au procès des Einsatzgruppen à Nuremberg. Suivre le lien…
Photos: ![]()
Exécutions sommaires de civils. Suivre le lien… ![]()
Brève présentation, avec notamment une carte des principaux massacres. Suivre le lien… Bibliographie :
- Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, particulièrement le chapitre 7.
- Christopher Browning, Des hommes ordinaires: le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, les Belles lettres, 1994. Réédition, 2002.
- Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux «C’était le bon temps». La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990.
- Michael Prazan, Einsatzgruppen: Sur les traces des commandos de la mort nazis, Paris: Éd. du Seuil, 2010. La table des matière est en ligne…
- Ronald Headland, Messages of Murder, A Study of the Reports of the Einsatzgruppen of the Security Police and the Security Service, 1941-1943, Rutherford: Fairleigh Dickinson University Press, 1992.
- Richard Rhodes, Masters of Death : The SS-Einsatzgruppen and the Invention of the Holocaust, Knopf, 2002.
- Helmut Krausnick et Hans-Heinrich Wilhelm, Die Truppe des Weltanschauungskrieges : Die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD 1938-1942, Deutsche Verlags-Anstalt, 1981.
- Philippe Marguerat, «Le IIIe Reich, l’invasion de l’URSS et le génocide juif (juin-juillet 1941)», Revue Historique, no. 597, janvier-mars 1996.
- Christian Ingrao, «Violence de guerre et génocide. Le cas des Einsatzgruppen en Russie», Les Cahiers de la Shoah 2003, vol. 7, no. 1.
- Christian Ingrao, «Conquérir, aménager, exterminer», Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2/2003 (58e année).
- Alfred Streim, «The Tasks of the SS Einsatzgruppen», Simon Wiesenthal Annual, vol. 4, 1988. Charles B. Burdick, «Tradition and Murder in the Wehrmacht», Simon Wiesenthal Annual, vol. 4, 1988. Il s’agit de deux comptes-rendus de l’ouvrage de Krausnick et Wilhelm cité ci-dessus. Helmut Krausnick a répondu au compte-rendu de Alfred Streim dans le Simon Wiesenthal Annual, vol. 6, 1990. Dans le même numéro, Streim a répondu à la réponse de Krausnick.
- Richard Breitman, «Himmler's Police Auxiliaries in the Occupied Soviet Territories», Simon Wiesenthal Annual, vol. 7, 1991.
- Richard Breitman, Official Secrets: what the Nazis planned, what the British and the American knew, Hill and Wang, 1998. Surtout chapitres 2 à 5.
- Wolfgang Curilla, Die deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland : 1941 - 1944 , Paderborn: F. Schöningh, 2006
- Wolfgang Curilla, Der Judenmord in Polen und die deutsche Ordnungspolizei 1939-1945, Paderborn: F. Schöningh, 2011.
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