Le Négationnisme sur Internet
Genèse, stratégies, antidotes
Par Gilles Karmasyn,
en collaboration avec Gérard Panczer et Michel FingerhutRevue d’histoire de la Shoah, no 170, sept-déc. 2000
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Sommaire
Présentation de la version web
L’étude qui est présentée dans les pages qui suivent a été publiée dans le numéro de décembre 2000 de la Revue d’Histoire de la Shoah. La présente version en est la reproduction fidèle à quelques variations minimes près. Elle bénéficie de la mise en place des liens hypertexte cités, mais aussi de nombreux autres liens pertinents qui ne pouvaient apparaître dans la version papier. Les notes de bas de page ont été renumérotées. La pagination originale n’a pas été reproduite. L’article a été structuré en une quinzaine de parties (directement accessibles depuis le sommaire) dont ni les intitulés ni la numérotation n’apparaîssent dans la version papier. Certains liens figurant dans la version papier sont devenus obsolètes. Ils n’ont pas été modifiés dans le texte. Cependant, si une page web équivalente existe, l’activation du lien renverra vers la version à jour (et par conséquent différente de l’adresse lue à l’écran), sinon le lien n’a pas été activé. Bien évidemment, entre la date de la mise en ligne sur le web de l’article (juillet 2001) et celle de votre lecture, d’autres liens peuvent être devenus obsolètes (merci de nous le signaler). Enfin quelques rares coquilles ont été corrigées.
On peut signaler que le 21 novembre 2000, sur France Culture, Ariane Bouissou donnait un compte-rendu de la présente étude dans sa revue de presse culturelle.
Six mois après la parution de cette étude, il faut souligner que la situation a évolué: elle est devenue plus grave.
[2022: L’article est désormais présenté en une seule page web. En date du 25 janvier 2022, tous les liens ont été vérifiés et mis à jour. L’émergence du «web 2.0» et des réseaux sociaux a fait advenir une situation bien pire que ce que nous craignions il y a vingt ans. Ces vingt dernières années mériteraient une nouvelle étude tant les pratiques, sinon les discours, négationnistes, ont connu un bouleversement (à leur profit). Seule demeure inchangée l’inefficacité des politiques publiques et des réactions institutionnelles.]
1. Introduction
«Le discours négationniste nie la politique d’extermination nazie à l’encontre des Juifs d’Europe. Il s’agit d’une double négation: d’une part, la négation de la volonté d’extermination du IIIe Reich et, par là même, de l’emploi de la chambre à gaz homicide […] d’autre part, la négation de l’anéantissement systématique, massif et industriel de la communauté juive1»
«“Maintenant, c’est réglé!”. Je leur demande ce qui est réglé. Ils me répondent: “Notre possibilité de nous exprimer. Nous ne voyons pas comment on pourrait nous empêcher de nous exprimer sur Internet”. […] Je me tiens au courant de ce qui se fait sur Internet (le grand spécialiste étant Serge Thion)2»
À la suite de l’introduction à ses écrits révisionnistes (1974-1998), Robert Faurisson3 déclare:
«La rumeur nous dit qu’un nombre croissant de textes du professeur Faurisson se trouvent sur Internet, ce qui ne laisse pas d’étonner leur auteur qui n’utilise, pour sa part, qu’un vieux stylo-plume4»
Sur le site web de Raeto West, proche de l’écrivain négationniste britannique David Irving (cf. infra), et défenseur du négationnisme, on trouve une traduction en anglais de l’introduction de l’ouvrage de Faurisson. à la fin, on peut lire: «Original plain text English translation emailed by Faurisson’s sister5»
La sœur de Faurisson transmet les textes de son frère aux sympathisants et Faurisson prétend être surpris6? Présence effective des négationnistes sur l’Internet et dénégation stratégique et hypocrite de toute responsabilité sont intimement liées.
En 1936, une des premières émissions de télévision fut la retransmission du discours d’ouverture des Jeux olympiques par Hitler. Les nazis ont su tout autant exploiter la radio. Les activistes de toutes les sectes sont souvent parmi les premiers à utiliser, lorsqu’ils en ont les moyens, les nouveaux médias. Le Liberty Lobby de Willis Carto7, par ailleurs co-fondateur de l’Institute for Historical Review8, principale officine négationniste anglo-saxonne, revendiquait, en 1989, 147 stations de radio sur le territoire américain, pour 1,5 million d’auditeurs9. Les médias traditionnels continuent d’être la cible des extrémistes. Cependant l’Internet est devenu ces dernières années l’enjeu le plus important pour les propagandistes de haine.
Mais l’Internet est-il un média? Quelles formes en constituent des moyens de communication, des moyens d’information, des moyens de diffusion? On ne traitera pas ici de ces questions, mais il convient de constater qu’il est difficile de ne pas mentionner leur existence et leur pertinence. On pourra se reporter aux ouvrages de Dominique Wolton10. Conservons déjà à l’esprit certains ordres de grandeur: à l’automne 1998, il y avait, en France, un million d’ «internautes», quatorze millions de minitels et vingt-trois millions de téléviseurs11…
Le contenu disponible sur l’Internet n’est pas original en soi. Une nouveauté apportée par l’Internet, réside dans le fait que n’importe qui peut s’y faire diffuseur: avec l’Internet plus de problème de moyens pour informer. Ou désinformer. Une autre nouveauté tient aux vitesses de diffusions et d’accès à ces contenus. Pour Patrick Moreau:
«L’essentiel dans le phénomène Internet est la mise à disposition immédiate de l’information pour qui la cherche, et ce que cela veut dire pour nos normes de droit et les capacités d’investigation des autorités de police et de justice12».
Enfin une troisième nouveauté tient à la possibilité de «délocaliser» la source physique d’émission de cette information. N’importe qui, depuis la France, peut disposer d’une page web physiquement hébergée aux USA, ou aux îles Caïmans.
L’Internet13, qui existe depuis 30 ans, n’a atteint le grand public qu’au cours des dix dernières années, avec une véritable explosion depuis 1994. Avec quelques milliers de francs, voire gratuitement pour les édudiants et les lycéens de plus en plus nombreux, ou pour les employés d’entreprises équipées, on peut disposer d’un accès à l’Internet, c’est-à-dire des diverses formes de communications qu’il permet, courrier électronique, listes de discussions, forums de discussions, IRC, web14.
Pour des sommes tout aussi modiques, n’importe qui peut répandre ses discours sur le «réseau des réseaux» et espérer des milliers de lecteurs dans le monde entier, de façon quasi instantanée. Les personnes connectées peuvent échanger, où qu’elles soient, des informations avec un bon degré de confidentialité. Le contrôle en est rendu difficile par le caractère hautement décentralisé du réseau.
Les fanatiques de tous poils ont fait de l’Internet leur instrument de prédilection à la fois comme outil de communication entre eux, et comme média de propagande.
Antisémitisme et négationnisme ont donc trouvé «naturellement» en l’Internet leur terrain et moyen d’expression favori. Cette étude a pour but de présenter comment les négationnistes l’utilisent. Elle n’est ni l’étude du négationnisme en tant que tel, ni une introduction à l’Internet, deux sujets, pour lesquels il existe des bibliographies abondantes.
Avant d’entamer ce gros plan sur un des aspects les plus répugnants de l’usage de l’Internet, il convient de rappeler qu’il ne s’agit pas de pousser des cris d’orfraie contre ce média, ni contre son contenu en général. Sur les dizaines de millions de pages, sur les milliers de listes et de forums de discussions, seul un petit nombre dispense un contenu haineux. Et à mesure que le temps passera, les diffuseurs de haine et de falsifications retrouveront, d’un point de vue statistique, la place qui est la leur dans la société civile: infime. Cependant, pour l’instant, nous sommes dans une phase critique où ce rééquilibrage n’a pas encore eu lieu. Le problème provient du fait que, sur l’Internet, le degré de visibilité, n’est plus forcément en rapport avec la représentativité ou le sérieux des vues exprimées.
2. «Préhistoire» de l’activisme sur ordinateurs
À la fin des années 1980, aux états-Unis, des groupuscules racistes, principalement des «suprémacistes blancs», proposaient des numéros de téléphone aboutissant à des répondeurs diffusant leur propagande. Tom Metzger15, fondateur de la White Aryan Resistance (WAR), après un passage par le Ku Klux Klan, diffusait des émissions pour la télévision par câble. Son organisation était déjà, et est toujours, une grande utilisatrice des répondeurs. Les messages qui y sont diffusés vont jusqu’à des menaces de mort à peine déguisées16. La WAR a eu une importante influence sur les skinheads américains et canadiens dans les années 1980 et au début des années 1990. En 1984, Tom Metzger fondait le premier Bulletin Board System (BBS*) d’une organisation raciste. Les possesseurs d’ordinateurs individuels, encore rares à l’époque, qui s’y connectaient y trouvaient textes, programmes et messageries racistes.
Louis Beam fut Grand Dragon du Ku Klux Klan et l’un des responsables de son organisation paramilitaire, les Knights of the Ku Klux Klan17. En 1981 il devenait «ambassadeur» des Aryan Nations18, une organisation proto-nazie prônant haine et violence, dans la mouvance «Christian Identity»19. Au milieu des années 1980, Beam a organisé un réseau de BBS racistes qui permettaient aux activistes de rester en contact et de se tenir au courant de leur «actualité». On pouvait y trouver une liste de cibles d’assassinats (politiciens, policiers, militant des droits de l’homme, etc.) avec attribution de points à l’assassin selon l’importance de la personne assassinée20…
En 1993 on découvrait en Allemagne l’existence d’un réseau de BBS néo-nazis, le réseau «Thule21». Mille cinq cents activistes s’y maintenaient en contact, échangeant informations, dates, plans de bombes, cibles potentielles, photos et coordonnées de militants antifascistes22. Il s’agissait d’un véritable outil de coordination des groupuscules néo-nazis allemands, opérationnel depuis l’automne 199223, en même temps qu’un outil de camouflage, à une époque où la police n’avait pas encore appris à faire face à ce genre d’utilisation des ordinateurs24. Rand C. Lewis écrit qu’en 1993, le courrier électronique était devenu le moyen de communication privilégié des groupuscules néo-nazis25. En fait, les groupes néo-nazis allemands utilisaient l’outil informatique depuis longtemps déjà, notamment le minitel allemand, le BTX26. Des réseaux de BBS néo-nazis ont existé dans toute l’Europe27.
On constate que ces premières expériences étaient le fait des franges les plus extrémistes de groupes véhiculant une haine tendance «nationaliste-raciste-mythologique», et pas encore «antisioniste-antisémite-négationniste»28. Cette tendance se déploiera avec l’Internet. Et là aussi ce seront encore les franges les plus radicales, celles qui agissent aussi par d’autres moyens qui occuperont le terrain de la propagande raciste, antisémite et négationniste.
On constate également, que les premières expériences d’utilisation d’ordinateurs par les activistes de la haine étaient plutôt orientées vers des usages internes. Il s’agissait moins de faire de la propagande vers un public qui, de toute façon, ne disposait majoritairement pas encore de l’outil informatique, que de permettre aux membres de tous ces groupuscules d’échanger des informations et de coordonner leurs activités. Il s’agissait moins d’un choix que d’une conséquence du type de technologie employée. Sur l’Internet, ce type d’utilisation demeure aujourd’hui encore extrêmement important, notamment via l’utilisation du courrier* électronique29 et des listes de diffusion* privées.
Il faut cependant signaler dès à présent le premier BBS négationniste, à vocation «externe», le «Banished CPU», créé en 1991 par «Maynard» alias de Dan Gannon. Ce BBS était en fait une officine de l’IHR (cf infra.), basée à Portland où Gannon avait l’habitude de distribuer des tracts négationnistes. Il deviendrait, à l’heure de l’Internet, joignable à partir du réseau. Gannon proposait sur son BBS les pamphlets de l’IHR, dont il inonderait bientôt les forums de discussion (cf infra.).
3. Débuts des propagandes de haine sur internet
L’Internet comme technologie de remplacement des premiers BBS.
L’utilisation de BBS perdure même avec la généralisation de l’Internet. Mais les modes de communication que procure l’Internet au travers de son premier outil, le courrier électronique, permettent de rendre des services analogues. Il existe des dizaines de milliers de listes* de diffusion, dont les membres — de quelques individus à des milliers, selon la liste — communiquent par courrier électronique30. L’une des plus connues dans le petit monde raciste et nationaliste est celle de Stormfront, dans laquelle les participants discutent, communiquent, coordonnent et échangent des informations pratiques et des ressources sur des thèmes liés au nationalisme et au suprémacisme blanc, principalement américain, mais aussi nord européen et mythologique, incluant donc des sujets secondaires consacrés à l’antisémitisme et au négationnisme. On y trouve parfois quelques participants français, en général très minoritaires. Il est bien évident que la nature privée de ces forums empêche d’en faire un recensement, mais ce mode de communication est bien approprié aux échanges de cette nature recherchant en général la discrétion. Dans le même esprit, on peut s’abonner à nombre de publications électroniques racistes que l’on reçoit ainsi directement dans sa boîte aux lettres de courrier électronique. Patrick Moreau en a donné une liste non exhaustive31. On y retrouve tous les acteurs des mouvements suprémacistes blancs, Ku Klux Klan, Aryan nations, etc., ainsi que la publication électronique d’Ernst Zündel, principal négationniste canadien, sur lequel nous reviendrons. évoquons ici l’IRC (Internet Relay Chat), bien qu’il soit postérieur aux forums de discussion. Il s’agit d’un mode de communication interactive32 permettant de créer instantanément des forums, d’y réunir autant de participants que l’on le souhaite ou d’en limiter l’accès, d’y «dialoguer» en temps réel (à l’aide du clavier), d’y échanger des photos ou d’autres fichiers informatiques, ces forums disparaissant dès le départ du dernier participant. Connu notamment pour ses forums à caractère sexuel33, il sert aussi de moyen de rencontre à des néo-nazis, skins et autres individus et groupes de ces mouvances, de façon beaucoup plus discrète. La violence des propos qui y sont tenus est telle qu’on peut considérer que l’IRC sert «au défoulement psychanalytique des utilisateurs34».
Ces modes de communications sont encore dans le prolongement des premiers BBS, destinés aux échanges internes. L’Internet permet d’autres approches que les extrémistes ont su mettre à profit. Pour Kenneth Stern:
«L’Internet, étant donnée sa capacité à véhiculer folles rumeurs et spéculations gratuites à grande vitesse, est le média idéal pour nourrir les théories du complot. Car, bien qu’il s’agisse du média le plus démocratique, il ne fournit pas les moyens de contrôle et d’équilibre des formes traditionnelles: rédacteurs en chefs de journaux, équipes de direction des radios et stations de télévision. Même les auteurs de feuilles racistes devaient prendre des décisions éditoriales sur ce qui aurait pu les gêner35».
4. Racismes et négationnisme sur les forums de discussion
Les forums de discussion; «usenet» et l’essor des propagandes de haine et de négation.
Bien avant l’avènement du web, les principaux modes d’échanges et de communication sur l’Internet étaient strictement «textuels». Il s’agissait du courrier électronique, des listes de diffusion évoquées ci-dessus, et surtout des forums36 de discussion. Au moment où l’utilisation d’Internet se généralisait, mais ne connaissait pas encore l’explosion de la deuxième moitié des années 1990, ces modes de communication étaient utilisés par les activistes pour les échanges internes et de plus en plus pour la propagande vers un public dont le nombre allait grandissant. Le «lieu» de diffusion de cette propagande fut au début des années 1990, et demeure souvent, les forums de discussion. Ce mode de communication est apparu sur les réseaux bien avant le web, et continue à être un véhicule important de discussion publique sur tout sujet (professionnel ou autre). Les négationnistes ont commencé à y envoyer leur propagande (en anglais, principalement) dans les forums consacrés à l’histoire.
Les tactiques de propagande sur les forums de discussion ont été explicitées par un militant raciste américain, Milton J. Kleim, dans un texte à usage interne intitulé «Des tactiques et de la Stratégie pour Usenet». Milton J. Kleim écrivait notamment:
«Usenet offre d’énormes opportunités pour l’Aryan Resistance de disséminer notre message auprès des candides et des ignorants. L’état ne peut pas encore nous empêcher de "promouvoir" nos idées et nos organisations sur Usenet… Il est temps MAINTENANT de vous saisir de cette arme qu’est le Net, et de vous en servir avec science et intelligence tant que vous pouvez encore le faire librement… Chaque "cyber-guerrier" doit obtenir la liste des tous les forums de discussion disponible sur son système et rechercher la liste de ceux qui conviennent à nos articles37.»
La première opération d’envergure de négationnisme a concerné la négation du génocide arménien38. Un individu, ou un groupe se présentant sous l’identité de «Serdar Argic39» a, pendant deux ans de 1992 à 1994, littéralement inondé les forums de discussion d’articles niant la réalité du génocide arménien. Dans certains forums de discussion consacrés à l’histoire, aux Arméniens ou à la Turquie, mais parfois aussi dans des forums sans lien apparent avec ces sujets, dès que le thème semblait abordé, des dizaines d’articles négationnistes étaient envoyés, toujours plus ou moins les mêmes, contenant les poncifs classiques de cette négation-là (délires accusant les Arméniens de génocide contre les Turcs et autres falsifications habituelles). L’entité «Argic» ne répondait pas aux courriers électroniques, ni aux réponses à ses articles autrement que par de nouvelles salves de la même propagande. La nuisance que représentait Serdar Argic était telle qu’il fut considéré comme la sixième «personne» la plus malfaisante de Usenet*. On n’a jamais pu savoir avec certitude qui était («étaient»?) Serdar Argic, mais il semble bien que l’entité Serdar Argic ait été «téléguidée» par des intérêts turcs. Un employé d’ATT, Hasan B Mutlu a été accusé d’être Argic sans que cela soit définitivement prouvé (en fait, il aurait pu être victime d’un piratage), puis le responsable d’un site internet hébergé dans le Minnesota, un certain Ahmet Cosar. D’autres «argicologistes» soutiennent qu’il s’agissait en fait d’un programme analysant les articles parus sur les forums à la recherche de mots clés déclenchant l’envoi d’articles négationnistes. Ceci expliquerait certaines bizarreries: Ken Arromdee signait ses articles d’une citation évoquant la dinde de Noël («turkey» en anglais). Ces articles déclenchaient systématiquement des réponses de Serdar Argic… En 1994, du jour au lendemain, c’était fini. Pour certains, parce que Cosar avait quitté l’université du Minnesota, et pour d’autres, parce que le gouvernement turc aurait décidé de cesser d’utiliser cette méthode de propagande. Quoi qu’il en soit, avec Argic l’Internet entrait dans l’ère de la propagande de masse, haineuse, difficilement contrôlable et dont on a du mal à identifier les responsables…
Presque à la même époque où sévissait Serdar Argic, la négation du génocide juif connaissait une campagne de propagande d’ampleur comparable, sur les forums de discussion. Son auteur était Dan Gannon, responsable du BBS négationniste «Banished CPU», qu’il avait créé en 1991. Gannon a repris la technique «Argic» en inondant les forums de discussion historique, sur l’Allemagne, sur le judaïsme, d’une avalanche de tracts et longues ratiocinations négationnistes, produites essentiellement par l’Institute for Historical Review40, et déjà disponible sur son BBS. Il offrait ainsi au matériel négationniste sa première plate-forme électronique publique sur l’Internet. Contrairement à Serdar Argic dont on n’a jamais été sûr de l’identité, Dan Gannon, même s’il a envoyé ses articles sous de nombreuses identités (Ralph Winston, Maynard, Foxy Roxy, Pete Faust…) tout en niant être l’auteur des articles en question, a toujours clairement pu être identifié comme l’auteur de cette campagne qui n’a jamais véritablement cessé. La nuisance41 induite par Dan Gannon a eu plusieurs conséquences. Un certain nombre de personnes dégoûtées par cette propagande, ont entrepris de la réfuter systématiquement. Les articles de Gannon étaient ainsi suivis de réfutations en bonne et due forme certes, mais qui contribuaient également au «bruit» engendré par Gannon. Le seuil de tolérance des lecteurs de ces forums ayant été dépassé — non pas par les contenus, mais plutôt par la méthode consistant à envoyer une masse de textes, souvent répétés — ceux-ci furent relégués dans un forum consacré au négationnisme42, disponible aussi sur l’Internet français43. La propagande négationniste, la plupart du temps accompagnée d’articles «purement» antisémites et de beaucoup de propagande anti-israélienne, y trouve aujourd’hui une tribune pour s’exprimer; Dan Gannon et de nombreux autres propagandistes y déploient leurs falsifications, mais ne «polluent» plus, ou plus trop, les autres forums de discussion. Une sorte d’accord tacite s’est établi entre la «communauté internet» et les propagandistes: pourvu qu’ils réservent leurs excès à des forums dédiés, on ne les empêche pas de s’exprimer. Dès le début des années 1990, Tom Marcellus, alors directeur de l’IHR avait identifié les forums et les messageries électroniques comme un moyen d’atteindre des millions de lecteurs dans le monde entier44. Fin 1992 début 1993, des textes négationnistes étaient diffusés sur un réseau informatique européen reliant entre eux des centres sociaux autogérés45.
5. Les forums francophones
Racisme, antisémitisme et négationnisme sur les forums de discussion francophones
Les textes négationnistes francophones sont apparus à partir de l’été 1995, précédés par une série de blagues antisémites et racistes émises à partir de la Belgique dans un forum francophone consacré à l’humour46. De là, le phénomène se déplace vers deux autres forums francophones généralistes47, avec l’apparition de plusieurs autres négationnistes belges48 et canadiens49, avec quelques incursions de négationnistes non-francophones européens50 ou autres.
Quant aux participants français ou émettant à partir de la France, ils s’expriment de façon plus discrète, au vu des lois en vigueur51, ou alors utilisent des «serveurs d’anonymisation»52 situés à l’étranger (états-Unis, Pays-Bas, Finlande ou ailleurs) pour émettre impunément. On doit noter tout de même que ce type de discours devient de plus en plus explicite, avec une indifférence croissante de la majorité des lecteurs pour les contenus de ce genre. Quant aux fournisseurs (français) d’accès Internet de ces individus, ils ne répondent pas aux plaintes, en général, mettant en doute l’efficacité réelle de tous les projets idéalistes d’«autorégulation» proposés par quelques associations de militants pour la «liberté de l’expression» (et du commerce) sur l’Internet.
Il faut noter que l’indifférence, ou l’accoutumance croissante aux discours racistes et négationnistes dans les forums francophones suit la même évolution que pour les discours racistes. En 1995, certains propos n’auraient pu être impunément tenus. En 1999, quelqu’un pouvait multiplier, sans conséquence, des interventions sur le forum fr.soc.politique, du genre:
«Mais ils NE sont PAS comme les autres!!! à part ceux qui ne "pensent" pas en juifs et pour lesquels j’ai le même respect que mes concitoyens, les autres se mettent tout de suite en bande comme les francs-maçons qui, quand l’un d’eux est attaqué crie "à moi, la veuve!" et tous les autres rappliquent53…»
Le même intervenant a écrit, tout aussi impunément:
«Il s’agit là de leur principal fonds de commerce. Après avoir fait de l’argent sur les banques européennes et américaines avant 39, ils ont fait de l’argent sur leurs morts après 4554.»
Et encore, à propos des noirs américains:
«Et bien s’ils sont "si" malheureux que cela, qu’ils retournent en Afrique! En plus, ils choperont le sida55.»
Ou encore:
«La mère Veil est une immonde pouffiasse qui, je le répète, est à l’origine d’une loi qui a tué plus de Français qu’Hitler. Son passé de déportée, non seulement ne lui sert pas d’excuse, mais au contraire la fait mettre au ban des humains car elle, au moins, devrait savoir ce qu’est l’assassinat d’innocents. Elle nous a montré que cela ne lui avait pas servi de leçon…et qu’elle pouvait même en donner sur ce thème! Quant à ton allusion sur sa "douloureuse" captivité, je n’étais heureusement pas là pour pouvoir témoigner, mais quand on voit cette grosse truie, elle n’a pas dû beaucoup souffrir de malnutrition car les vrais prisonniers n’avaient pas besoin d’aller suivre des régimes amaigrissants dans les centres de thalassothérapie pour s’empiffrer homards, langoustes, fruits de mer, tournedos et filets… ce qu’elle faisait régulièrement quand elle était présidente du conseil européen56!»
Il faut remarquer deux choses: le forum fr.soc.politique s’est transformé en cloaque qui sert d’exutoire à tous les extrémistes qui peuvent y tenir leurs discours de haine, principalement anti-arabes et anti-immigrés, sans être inquiétés: c’est, de fait, et non de droit, une zone de non-droit; mais ce forum n’est absolument pas représentatif de la plus grande partie des forums de discussion francophones, qui fonctionnent sur des bases saines, hormis fr.soc.histoire, régulièrement envahi par les négationnistes, les partisans du régime de Vichy, ou encore des thuriféraires du régime nazi. Propos antisémites, violemment anti-israéliens, discours de zélateurs du Front National, théories racistes dignes du pire eugénisme des années trente se déploient régulièrement sur fr.soc.politique et, dans une moindre mesure, fr.soc.histoire, sans toutefois «polluer» les autres forums francophones.
On a pu lire sur le forum fr.soc.histoire la présentation suivante, quasi-«révisionniste», de l’Affaire Finaly57:
«Putain! Quel culot! "séquestrés"! Vous êtes vraiment un beau représentant de la secte du mensonge dans toute son horreur! Le révisionnisme illustré! La pauvre femme avait recueilli des orphelins dont les parents avaient été victimes de la guerre et des étrangers israéliens à idéologie racialiste sont venus lui enlever avec la complicité de la justice! Pour les emmener à l’étranger. ça rappelle un peu les mœurs de certains Allemands ou certains Algériens plus récemment. Y a vraiment pas plus menteur que les idéologues racialistes de l’odieuse secte qui finit toujours par cracher sur ceux qui secourent ses membres58.»
Ce genre de réécriture de l’histoire est plus difficile à mettre en œuvre pour le génocide juif, car pénalisée, et n’est alors tentée que par de rares, mais acharnés, individus. La très grande majorité de ceux qui interviennent le font en s’attaquant de façon incantatoire à la loi Gayssot59, sous prétexte de défense de la liberté d’expression. Les mêmes tiennent, par ailleurs des discours directement inspirés par le Front National. Certains utilisent dans leurs articles dénonçant la loi Gayssot les tics langagiers de l’extrême droite60, voire des conventions directement dictées par les négationnistes. Ainsi tel intervenant qui prend régulièrement la défense des négationnistes poursuivis par la justice française, commence souvent ses articles par l’ «avertissement» suivant:
«Avertissement: ce message est diffusé sous le régime de la loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot, qui a supprimé la liberté de recherche historique, réintroduit le délit d’opinion, et considérablement restreint la liberté d’expression en France61.»
Cet intervenant utilise des orthographes volontairement faussées, telles «mémouare», et, plus marquée, «médiat». L’ajout du «t» à «média» est une convention préconisée par le négationniste Pierre Guillaume62. D’autres personnes, dont Roger Garaudy, utilisent plus ou moins régulièrement la même orthographe. Cette frange frileuse reste malgré tout sur le bord de la fosse négationniste et n’y pénètre jamais. D’autres encore, un peu moins nombreux, font du négationnisme par la bande, avec autant de constance que de mauvaise foi. Ce sont de faux candides qui pratiquent ce que l’historien allemand Eberhard Jäckel appelait «la misérable pratique de l’insinuation». Bien qu’Eberhard Jäckel ait utilisé cette expression à l’occasion de l’Historikerstreit63, son analyse vaut ici pleinement:
«Il est des discussions qui tirent tout leur charme de ce qu’on se garde de dévoiler trop clairement le fond de sa pensée. Au lieu de procéder par un enchaînement de questions et de réponses, on présente ses affirmations sous la forme d’un catalogue de questions, indiquant ainsi quels sont les points qui ne peuvent ou doivent être étayés. Ceux qui sont pris à ce jeu répliquent, sur un ton où se mêlent candeur et irritation, qu’il est tout de même permis de poser des questions… Or, la question était en fait une affirmation larvée. Ceux qui se présentent ainsi comme des interrogateurs se sont simplement dérobés à la tâche d’étayer leurs propos, laissant le soin de convaincre à quelques formulations au conditionnel64.»
Le 1er août 1996, on pouvait lire sur fr.soc.divers, suite à un article antisémite65 à relents négationnistes, ce qui suit:
«En revanche je ne te suis pas sur ce qui précède: entre 6 et 8 millions, le problème ne change pas; entre des millions et 250.000, je trouve quand même que la question change, non dans son fondement, mais en tous cas dans sa dimension, car alors cela signifierait qu’il n’y a pas eu extermination. Dès lors c’est la signification qui s’en trouve changée.
Voila à mon avis le vrai débat, sur lequel je me permet — c’est mon droit — de souhaiter un débat sérieux et calme entre historiens.
Qu’il soit clair que telle n’est pas ma formation, ni ma compétence, et donc que je n’émets aucune opinion sur le sujet, que je m’exclus de ce travail, même si — en tant que citoyen — mon intelligence est avide de connaître66.»Un an plus tard la même personne, comme on lui demandait si elle n’avait rien lu, répondit:
«Tout Rassinier, tout Faurisson, tout Richard Harwood… tu en veux d’autres? Actuellement, je recherche le dernier Garaudy, mais ma librairie préférée n’arrive pas à l’obtenir67»
Dans un article posté le même jour, elle devait se déclarer «pro-révisionniste convaincu68». Et dans le même article elle écrivait:
«Mais pourquoi l’Allemagne paie des sommes annuelles calculées sur 6 millions de mort à l’état d’Israël? Pourquoi le Mouvement Sioniste International revendique-t-il dès après guerre le chiffre de 6 millions de juifs exterminés dans des chambres à gaz69?»
La première affirmation reprenait un mensonge sur le mode de calcul des indemnités versées par l’Allemagne à Israël70, mensonge proféré pour la première fois par Rassinier71 il y a plus de trente ans, repris par Harwood72, et qui fait depuis partie de l’«arsenal» négationniste. Quand à la deuxième affirmation, il s’agissait également d’un mensonge classique négationniste, personne n’ayant affirmé que 6 millions de Juifs ont été exterminés dans des chambres à gaz. Par la suite l’auteur de ces articles allaient multiplier défense et illustrations du négationnisme n’hésitant pas, à l’occasion, à puiser dans des ouvrages antisémites. Il affirmait ainsi le 10 juillet 1997:
«Car vous ne pouvez ignorer que le Talmud dit: "Que celui qui verse du sang chrétien offre un sacrifice à Dieu" et que ce fut le premier tribunal talmuldique de ST.Petersbourg en 1917, à la révolution russe, qui envoya à la mort des milliers de chrétiens russes73»
La source de cette monstruosité était rien moins que la préface à la troisième édition en français, en 1924, d’un classique de l’antisémitisme du XIXe siècle, Le juif talmudiste de l’Abbé Auguste Rohling74, ouvrage principalement consacré aux meurtres rituels, l’ignominie antisémite source de tant de mensonges et de persécutions.
La litanie des mensonges et des falsifications se poursuit jusqu’à aujourd’hui. L’un des derniers épisodes fut la reprise, par le même auteur, de la propagande antisémite de Goebbels sur Theodore Kaufman75, propagande régulièrement exploitée depuis la guerre par les néo-nazis et les négationnistes.
Il est d’autres personnes qui reprennent les falsifications négationnistes, presque toujours sous forme de questions ou d’insinuations, le plus souvent dans le cadre d’un discours antisémite. Il faudrait encore de nombreuses pages pour en venir à bout. Qu’il suffise de mentionner que, régulièrement, de nouveaux intervenants proposent des formes plus ou moins édulcorées de propagande négationniste. Le plus souvent ils ne font que recopier, généralement sans le dire, le matériel qu’ils trouvent sur les sites web négationnistes. Depuis 1995, c’est en effet sur le Web que se trouve le matériel de propagande raciste, antisémite et négationniste. La plupart des intervenants sur les forums de discussion sont des «amateurs», des «sympathisants», dont les interventions ne rencontrent qu’un faible écho. Car finalement, le lectorat des forums de discussion, surtout celui des forums où se déploient les propagandes de haine, comme fr.soc.politique est assez réduit. L’impact des articles négationnistes ou proto-négationnistes que les «sympathisants» postent sur les forums ne doit pas être surévalué, même s’il est de toute façon inadmissibles que de tels propos puissent être tenus publiquement. Les vrais activistes sont sur le Web.
6. Premiers sites web racistes
Le World Wide Web: enjeu et instrument privilégié de la propagande négationniste.
Le World Wide Web est devenu pour beaucoup un synonyme d’Internet. L’«explosion» du Web date de 1994-1995. Dès lors, on voit apparaître, comme des champignons après la pluie, un nombre croissant de sites extrémistes émanant d’individus, de groupuscules ou d’associations, dont la propagande trouve ainsi son principal mode de diffusion publique et de visibilité. D’abord aux états-Unis et principalement nationalistes et racistes (suprémacistes blancs76 principalement, et incidemment antisémites), ils s’étendent à d’autres pays (Canada, Europe du Nord) sous couvert de liberté d’expression, nourris de «mythes aryens» à tendance plus antisémite, négationniste et philo-germanique, puis servent d’asile à des courants de pensée amis dans leur racisme (et parfois à l’opposée sur l’éventail politique), venant de pays dans lesquels des lois interdisent ce genre d’expression, principalement de France et d’Allemagne.
Le premier site web ouvertement néo-nazi, et aujourd’hui encore l’un des principaux, apparaît en mars 1995, celui du Stormfront, fondé par Don Black77, un ancien dirigeant du Ku Klux Klan. Le design graphique en évoque ouvertement la symbolique nazie. Le contenu également, qui vise à la «préservation de la race blanche». Dialectique nazie, mais aussi rubriques négationnistes sont au programme78. Depuis, tous les extrémismes ont leurs sites web. Si le nombre exact de tel sites, qui n’est pas la meilleure mesure de leur impact, est difficile à connaître avec précision, il se monte sans doute à plusieurs centaines, voire un peu plus d’un millier79. Certaines catégories nous intéressent ici plus particulièrement.
Sites nationalistes, skinheads, néo-nazis…
Ils représentent la grande majorité des sites extrémistes. S’ils comprennent assez souvent des éléments antisémites (la plupart du temps de tendance pathologiquement paranoïaque80) et négationnistes, ils se contentent le plus souvent de renvoyer, par des liens, aux sites web spécifiquement négationnistes81. On évitera ici de dresser un bestiaire de ces sites en majorité anglo-saxons, pour cependant nous intéresser à leur composante francophone.
On trouve peu de sites nationalistes franco-français, et la plupart sont assez discrets et réservés, quand bien même ils sont situés hors du territoire français. Par un détournement de vocabulaire, ils qualifient de «génocide européen», «génocide volontairement caché» et «ethnocide82» la baisse de natalité en France, voire l’immigration83. Le «devoir de mémoire84» s’applique à «la liste des méfaits perpétrés par Israël à l’encontre du peuple palestinien», etc.
Un réseau créé par le référencement mutuel de sites de ce type relie ainsi d’autres groupes d’extrême droite français ou francophones présents sur l’Internet, parmi lesques on citera: Le libre journal de la France courtoise, de Serge de Beketch; Le Flambeau, organe du PNFE, Terre et peuple, le site de l’idéologue néo-païen Pierre Vial85, Le site des résistants au Nouvel Ordre Mondial86, Devenir, revue nationaliste-révolutionnaire (belge) d’information et de formation, antisioniste et ouvertement, Unité Radicale, de mouvance «nationale révolutionnaire, particulièrement venimeux et volumineux, et enfin Fraction Hard-Core Identitaire.
Ce dernier groupe, fondé en 1994 à Nice, est composé de cinq musiciens de «rock hard core, death, black metal» et nationaliste, et se définit ainsi: «Aux confins du nouvel ordre mondial, dominé par le lobby américano-sioniste, une fraction d’insoumis s’est regroupée derrière l’étendard identitaire. Renégats du système, ils ont engagé une lutte sans merci contre ses plus fidèles serviteurs. […] Nos principales références restent toutefois Sorel, Blanqui, Drieu la Rochelle, Jûnger, les frères Strasser sans oublier Che Guevara et le sous-commandant Marcos».
On peut les rapprocher des groupes carrément violents, notamment les CHS (Charlemagne HammerSkins), groupuscule français skinhead violent, raciste, antisémite et négationniste, ayant des liens avec des mouvements similaires en Grande Bretagne et ailleurs en Europe. Ils avaient ouvert un site chez AOL en France, rapidement supprimé mais qui avait mis en émoi certains grands magazines et laissé indifférent d’autres journaux, site transféré ultérieurement au Canada sur le serveur fédératif de Bernard W. Klatt, fermé depuis.
Quant au Front National français, qui possède son propre site Web87, il se garde bien d’avoir un discours ouvertement raciste ou négationniste, mais est référencé par les principaux serveurs de ce type dans leurs rubriques de serveurs «nazis, racistes et révisionnistes» et y est qualifié de «national-socialiste»88…
7. Les sites négationnistes
Sites négationnistes, surabondance et redondance
Le nombre de sites web négationnistes est apparemment peu élevé, environ une vingtaine89, par rapport à celui de tous les sites fournissant une propagande de haine. Il faut cependant remarquer qu’un nombre beaucoup plus élevé consacre des pages à l’affaire Garaudy, le plus souvent favorables à ce dernier. On citera notamment le site Terre et Peuple90, déjà mentionné. Les sites traitant de Garaudy y adjoignent en général des textes négationnistes et antisémites. Ainsi, le site d’Al Ahram (organe du gouvernement égyptien), parlant du «mythe de l’Holocauste91» dans le cadre de l’affaire Garaudy, le site Support Garaudy établi au Qatar92, voire le Web Café de San José93.
La plupart des sites web négationnistes sont anglophones. Mais on trouvera des sites en italien, en allemand, espagnol, arabe, indonésien, flamand, et bien sûr en français. Les principaux sites anglophones proposent des traductions. On constatera que la grande majorité de ces sites sont des émanations d’activistes du négationnisme de longue date. Il y a très peu de nouveau venus. La zoologie des sites web négationnistes ne fait que reprendre celle des membres les plus important de la secte94. Tous les sites reproduisent ad nauseam à peu près les mêmes matériaux: pamphlets antisémites, antisionistes, dénonciations d’un complot juif de domination mondiale, parfois les Protocoles des Sages de Sion, classiques de la «littérature» négationniste, pleurnicheries et martyrologie «révisionnistes» (sur l’air de «regardez donc toutes les misères qu’on nous fait»). Ils ne manquent pas de multiplier les liens les uns vers les autres, ainsi que vers des sites extrémistes de toutes natures. Ils ont d’autre part quasiment tous une activité commerciale de vente de pamphlets et d’ouvrages. Le négationnisme est aussi une affaire d’argent.
L’un des premiers sites web négationnistes fut celui de Ersnt Zündel. Zündel95 est l’un des principaux négationnistes au monde, et un grand ami de Faurisson. Ernst Zündel, est un nazi auto-proclamé. Il est le co-auteur, avec Georges Dietz, un ancien Banhführer de la Hitlerjugend, d’un ouvrage intitulé The Hitler We Loved and Why (publié par White Power Publications…), sous le pseudonyme de Friedrich Christhof96. Zündel a utilisé le pseudonyme de Friedrich Christhof pour plusieurs parutions dont un pamphlet organisant la «recherche des bases d’OVNI de Hitler dans l’Antarctique». Zündel fait partie, avec Georges Dietz des fondateurs du «White Power movement»97. A partir de 1976, Ernst Zündel inonde la planète, et notamment l’Allemagne, de publications négationnistes et faisant l’apologie d’Hitler et du IIIe Reich. Dès 1981 il est l’un des principaux fournisseurs de propagande néo-nazie en Allemagne98. Les tentatives de poursuites contre lui ne furent finalement pas couronnées de succès99. Dès 1985 Faurisson était témoin de la défense en faveur de Zündel. C’est Faurisson qui fait financer par Zündel le rapport pseudo-scientifique de l’escroc américain Fred Leuchter100, dont les négationnistes ont longtemps fait des gorges chaudes101. En 1991, Zündel est l’organisateur d’un congrès néo-nazi en Allemagne.
Entre 1993 et 1995, Zündel distribuait un programme radiophonique et télévisuel hebdomadaire intitulé «Another Voice For freedom102», à des stations à travers tous les Etats-Unis103. C’est Tom Metzger (voir supra) qui a aidé Zûndel a faire ses premiers pas sur l’Internet en 1995104. Sur le site web d’Ersnt Zûndel, le Zündelsite, on trouve aujourd’hui l’opuscule de Richard Harwood, les multiples «rapports» de Fred Leuchter, de nombreux pamphlets et «introductions» au négationnisme, des traductions de ces pamphlets en Allemand, en Français, en Russe, Roumain, Hongrois, Portugais, Suédois, des extraits d’une littérature qui se veut «antisioniste», une section consacrée à Garaudy, ainsi que l’intégralité des articles de la très française Revue d’histoire révisionniste105. Au total, l’équivalent de plusieurs dizaines de volumes de propagande de haine.
A partir de la fin des années 1970, et au cours des années 1980, les négationnistes tentent de présenter visage plus respectable en posant à la scientificité. L’Institute for Historical Review106 californien, qui regroupe d’anciens SS, des négationnistes, des racistes et des néo-nazis, organise des conférences «révisionnistes» depuis 1979107. Il publie également un journal qui prétend offrir une façade scientifique, le Journal of Historical review (JHR). Négation de la moindre culpabilité ou responsabilité nazie dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale (les responsables sont les Alliés et les Juifs108…), ratiocinations sur les atrocités alliées, négationnisme, antisémitisme plus ou moins explicite sont au programme de cette publication. Dès 1995109, Greg Raven, directeur adjoint de l’IHR permettait l’accès à des pamphlets négationnistes par FTP110. De 1996 à 1998, Greg Raven mettait le matériel de l’IHR à disposition sur ses pages web personnelles. Depuis 1998 l’IHR a son propre site web, géré par Greg Raven. On y retrouve la quasi intégralité des articles publiés dans le JHR depuis 20 ans, soit plusieurs centaines d’articles, des opuscules d’Harwood, Zündel, Faurisson, une traduction anglaise de Rassinier, et la reproduction de l’ouvrage de Theodore Kaufman111 (cf. supra). Plusieurs milliers de pages de négationnisme et d’antisémitisme.
Bradley R. Smith112 vient de plus loin qu’il n’aimerait le faire croire113. Dans les années 1980, il éditait Prima Facie, une publication négationniste et antisémite114. Puis Smith rejoignit l’IHR où il collabora à sa lettre d’information, avant de lancer un projet de radio au sein de l’IHR. Au début des années 1990, il fonde, avec Mark Weber115, le Comitee for Open Debate Of the Holocaust (CODOH). Bradley Smith s’est principalement illustré par ses tentatives, souvent réussies, de faire paraître des encarts négationnistes dans les journaux d’étudiants116. Il nie aujourd’hui ses liens avec l’IHR117. Il tente de se donner un aspect raisonnable et raisonnant. La lecture de ses protestations de bonne foi et de bonnes intentions a un coté quasi-mielleux. Cette impression disparaît bien vite à la lecture de ce qui se trouve sur son site web.
Sur le site du codoh, on trouve les nombreuses «réflexions» de Bradley Smith lui-même, ainsi qu’une autobiographie118, une section consacrée à «la liberté intellectuelle» — en fait un ensemble de textes sur les «persécutions» subies par les négationnistes -, et une section «révisionniste» proposant de nombreuses sous-sections classées par thèmes, entre autres: «atrocités alliées», «chambres et camions à gaz», «Sionisme, Stalinisme et Holocauste». Dans cette section, on trouve l’opuscule négationniste de Garaudy, divers textes soutenant pêle-mêle la complicité «sioniste» avec les bolcheviques, avec les nazis, etc. Une masse ahurissante de textes antisémites sous couvert d’«antisionisme». Le site web met un point d’honneur à suivre l’actualité politique proche-orientale: tout est interprété au prisme d’une théorie où les Israéliens sont assimilés à des nazis cherchant à dominer toute la région, sinon le monde, Israël étant la conséquence directe du «mensonge d’Auschwitz». Le site du codoh propose un forum de discussion sur le site web même. De nombreuses rubriques sont consacrées à la culpabilité des Alliés dans le déclenchement et la conduite de la Seconde Guerre mondiale. L’innocence nazie y est quasiment consubstantielle. Plusieurs rubriques sont consacrées à des négationnistes particuliers, dont Faurisson et Irving. Une vaste section «internationale» propose des textes en Allemand, Danois, Polonais, Norvégien, Russe, Espagnol, Suédois, Turc, Arabe et Français: des textes de Faurisson, Garaudy, Serge Thion (notamment les Chroniques du Temps Irréparable), Eric Delcroix, Henri Roques, mais aussi des traductions d’opuscules de Mark Weber, Carlos Porter, etc. Des centaines de pages en français pour des milliers de pages en anglais, sans compter les autres langues, dont on n’a donné ici qu’un très bref aperçu. En outre, Bradley Smith offre à Russ Granata, un éditeur négationniste, de la place sur le site web du codoh, pour le propre site web de Granata, qui propose évidemment des «essais» et des annonces et vente d’ouvrages négationnistes, de cassettes audio de la même eau, des «documents» dont le programme du parti nazi.
John C. Ball, contributeur occasionnel au JHR, s’est spécialisé dans l’analyse des photos. Sa méthodologie hypercritique rejoint celle de Porter. Il multiplie les «analyses» de photos et de plans. Il en déduit que les témoins mentent ou que les photos sont trafiquées. Son «sérieux» a été démontré à l’occasion d’une opération interneto-médiatique pour le moins ratée. John C. Ball prétend, entre autres, que les photos aériennes d’Auschwitz où l’on aperçoit des bâtiments de gazage et de crémation ont été trafiquées par la CIA. Méthode classique des négationnistes: quand un élément n’est vraiment pas réinterprétable, on décrète que c’est un faux. Il a écrit un ouvrage sur le sujet119. Et a offert $100 000 (cent mille dollars) à quiconque pourrait prouver que ce qu’il avançait était faux. Cette offre, ce défi120, fut pendant un moment la première chose que l’on voyait apparaître sur son site web. Sans doute Ball comptait que personne ne relèverait son «défi». Il se trompait. Des personnes habituées à la rhétorique négationniste ont donc envoyé leur proposition à John C. Ball par courrier recommandé, puis ont essayé de le contacter par tous les moyens possibles, poste, courrier électronique, etc. John C. Ball demeura injoignable, comme envolé. Pendant trois mois il avait disparu. Au bout de trois mois, la proposition des $100 000 avait disparu du site web, le «défi» avait cessé d’exister. Sans un mot d’explication aucun. Pas le moindre121.
L’écrivain britannique David Irving présente un cas intéressant. Il n’a pas toujours été négationniste et, s’il n’a jamais été historien, n’en n’a pas moins été longtemps considéré, par les médias, comme un spécialiste des archives du IIIe Reich122. Ses thèses extrêmement - au sens propre - iconoclastes le placent depuis plus de trente ans en marge de l’historiographie123. Dès 1977 il soutenait124 qu’Hitler n’avait pas été au courant de la Solution Finale125 et (d’une façon quelque peu contradictoire) avait même essayé de l’arrêter126. En fait, dès ses premiers ouvrages Irving avait été stigmatisé pour ses manipulations et ses falsifications127. Irving fréquente depuis longtemps les conférences de l’IHR (au moins depuis 1983) et les rassemblements et associations de l’extrême-droite128. Il est aussi un contributeur régulier au Journal of Historical Review129. Dès 1985 il témoignait en faveur de Zündel. La «conversion» d’Irving au négationnisme date de 1988, de sa lecture du «rapport» Leuchter130. Mais cela faisait longtemps qu’Irving «sympathisait» avec le milieu négationniste et était courtisé par Faurisson131. En 1989, Irving publie et préface l’édition britannique du «rapport» Leuchter132. Il est devenu depuis un négationniste à part entière. Il énonce devant des parterres néo-nazis des histoire «drôles» et des calembours sur le génocide juif. On les épargnera ici au lecteur. David Irving dispose depuis plusieurs années d’un site web où il permet de télécharger plusieurs de ses ouvrages, où il distille sur des centaines de pages sa défense du IIIe Reich, son antisémitisme et son négationnisme. Ces pages sont particulièrement perverses dans la mesure où Irving maîtrise la «forme» savante des publications historiques, ton modéré, citations, références apparemment précises, notes de bas de page, etc. De plus, le négationnisme d’Irving se concentre uniquement, explicitement sur les chambres à gaz d’Auschwitz, et implicitement sur celles de Chelmno, Sobibor, Treblinka, mais Irving «concède» par «honnêteté», les massacres commis par les Einsatzgruppen, voire ceux commis dans les camions à gaz. Il niera évidemment le caractère systématique, et décidé par la hiérarchie nazie, de ces massacres en employant une rhétorique «révisionniste» classique. Irving consacre, entre autres, des pages à Faurisson et Leuchter. Un ensemble très important de pages sont regroupées sous l’intitulé «les controverses d’Auschwitz», principal objet de la négation d’Irving. Sa démarche doit tout à l’hypercritique et à des falsifications plus ou moins subtiles133. Il multiplie les photos de dirigeants nazis, les réinterprétations frauduleuses de documents, il y déploie avec compétence tout l’arsenal de la méthodologie négationniste. Cependant ces pages d’apologie du IIIe Reich et de négation sont noyées dans ce qui constitue le principal sujet d’intérêt de Irving: Irving lui-même, sa vie, son œuvre, ses misères134. Irving propose de nombreuses rubriques où s’étale une paranoïa maladive. Il appelle les Juifs «nos ennemis traditionnels», et intitule une section «Origines de l’antisémitisme». C’est avant tout un répertoire de mauvaises actions dont les auteurs sont identifiés par leur judéïté, de réactions, émanant de personnes identifiées comme juives, contre la propagation des thèses négationnistes, contre les néo-nazis, et contre Irving, qui y voit, bien-sûr, un complot. Irving y donne des liens vers des sections sur les «crimes juifs» («sous le communisme», «pendant l’occupation allemande», «après la Seconde Guerre mondiale», «au Moyen-Orient») sur un site web particulièrement haineux, «Les Archives ukrainiennes». Il en ressort que ce qui cause l’antisémitisme aux yeux d’Irving…, c’est la lutte des Juifs contre l’antisémitisme! Le tout est présenté sous la bannière de la défense de la liberté d’expression.
Dans l’aire anglophone, il faudrait encore parler en détail de plusieurs autres sites web. De celui de Carlos Porter, site hébergé en Grande Bretagne, spécialisé dans la dénonciation du Procès de Nuremberg et qui considère que le génocide est une fabrication judéo-soviétique. Son site multilingue propose un paradigme des excès hypercritiques pratiqués par les négationnistes. On y trouve plusieurs textes en français, dont le texte fondateur du négationnisme de Maurice Bardèche135, des collaborations avec le néo-nazi négationniste français Vincent Reynouard, et des traductions de ses propres productions. Encore un réservoir de plusieurs dizaines de textes, à dominante paranoïaque. Sur le site web de l’éditeur britannique, l’Historical Review Press136, éditeur historique de Richard Harwood, le négationnisme ne cache pas l’antisémitisme. On retrouve du Faurisson, le «rapport» Leuchter, Mein Kampf, un livre de 1938 sur les meurtres rituels juifs, La question juive de Eugen Dühring, un ouvrage de Dietrich Eckart137, Bolchevism, from Moses to Lenin. L’Historical Review Press propose également un énorme catalogue de livres et pamphlets racistes, antisémites et négationnistes à commander. Sur le site web «Revisionism», on trouve encore les «rapports» Leuchter, les opuscules de Richard Harwood, Kaufman, Rassinier, des interview de Zündel et Irving. Le site de Michael Hoffman II138 propose du matériel raciste, antisémite (resucée des délires de l’antijudaïsme chrétien sur le Talmud), une rubrique sur «L’holocauste israélien contre les Palestiniens», et bien évidemment une rubrique négationniste.
Il existe plusieurs sites web négationniste en allemand139 (outre les sections allemandes des sites déjà mentionnés). Cependant, un site se détache particulièrement depuis quelque temps, par la masse de textes qu’il fournit et la personnalité de son principal animateur. Il s’agit du flamand VHO140, une officine proprement nazie, créée en 1985 par les frères Siegfried et Herbert Verbeke et Jeanine Colson, la compagne d’un vieux nazi, André van Hecke. Siegfried Verbeke est un pilier de l’extrême droite flamande et négationniste de longue date141. L’orientation en est immédiatement ultra-antisémite et ultra-négationniste. C’est au VHO que le négationniste et néo-nazi français Vincent Reynouard142 édite la plupart de ses opuscules, certains en collaboration avec Carlos Porter. Le VHO a son propre site web dont l’animateur est Germar Rudolf. Germar Rudolf était étudiant en chimie en 1991, et sympathisant d’extrême droite143, raison pour laquelle l’avocat du négationniste et ancien général Otto Ernst Remer le contacta, dans le but de rédiger une «expertise» sur les chambres à gaz d’Auschwitz dans le cadre d’un procès intenté contre Remer. Rudolf a donc marché dans les traces de Leuchter et rédigé une «expertise» dans le but de démontrer «l’impossibilité technique» des meurtres par gazages à Auschwitz. Son «rapport» ne fait que reprendre, et s’appuyer sur, les classiques négationnistes, et constitue une escroquerie scientifique, pierre supplémentaire dans le jardin déjà bien encombré des négationnistes. Il a quasiment remplacé Leuchter (devenu entre temps de moins en moins présentable) dans le cœur des négationnistes. Depuis son «rapport», Germar Rudolf a multiplié les publications négationnistes en Allemand sous divers pseudonymes, s’affublant de titres universitaires qu’il ne possède pas et se citant lui-même en guise de référence… En 1997, il était condamné par une cour de justice allemande. Rudolf s’est enfui et réfugié en Grande-Bretagne d’où il gère le site web nazi du VHO. Sont reproduits sur ce site des dizaines d’ouvrages en allemand d’inspiration nazie et/ou négationniste, dont la plus grande part de la production de Rudolf, en partie également traduite en anglais et en français. Des dizaines d’articles extraits de journaux d’extrême-droite et négationnistes en allemand, mais aussi la quasi totalité des articles de JHR. L’équivalent de plusieurs milliers de pages. Le site propose également un index par auteur avec accès à plus de 2500 textes dans toutes les langues, et situés sur la plupart des sites négationnistes déjà mentionnés.
On n’a cependant pas décrit les plus importants des sites négationnistes. Il nous faut ici présenter l’islamiste marocain réfugié en Suède, Ahmed Rami. Rami fut à la fin des années 1960 un jeune officier marocain proche du général Oufkir, qu’il «arabisa»144. Raouf Oufkir, le fils du général, rapporte que Rami était «un fou furieux, un jeune Kadhafi», dont l’idole était Nasser. C’était aussi un antisémite virulent145. Ahmed Rami disait d’Hitler qu’il «aurait du achever son œuvre» d’extermination des Juifs146. En 1972, la tentative d’assassinat d’Hassan II par Oufkir échoue. Oufkir sera «suicidé». Rami s’exilera en Suède où il prétendra, afin d’obtenir l’asile politique, avoir participé au coup d’état d’Oufkir. En 1987, il fonde Radio Islam avec David Janzon, membre du Sveriges Nationella Förbund, un vieux groupuscule nazi. Il y diffuse en continu de la propagande antisémite, néo-nazie et négationniste. Certaines des émissions de Rami reprennent mot pour mot des articles du Stürmer de Julius Streicher147. Rami cotoit les néo-nazis. Il est condamné à six mois de prison en 1990. A sa sortie de prison, il se rend en Iran pour une «conférence internationale pour le soutien de la révolution palestinienne» où il s’exprime devant des centaines de journalistes arabes et iraniens148, il se rend aussi aux conférences de l’IHR, invite plusieurs fois Faurisson dont il devient l’ami149. Radio Islam cesse d’émettre entre 1993 et 1995. Les émissions reprennent en 1996150 et Rami inaugure son site web. Dans son numéro d’avril 1996, Rivarol en faisait la publicité151. Ce site web est un site fédérateur: outre le site même de Radio Islam, il héberge quantités d’autres publications, dont le principal et énorme site web négationniste en français, celui de l’AAARGH152 de Pierre Guillaume153 et Serge Thion.
Le site même d’Ahmed Rami, reprend de façon exhaustive ses obsessions, ce en plus de dix langues, dont le français est l’une des plus représentée. Il est l’illustration de la remarque de Valérie Igounet: «L’imbrication de la propagande négationniste et de la propagande fondamentaliste antisioniste est exemplaire. Les soubassements rhétoriques d’Ahmed Rami, nouvel héros de cette contestation, intègrent des thèses islamistes ultra-radicales imprégnées d’antisionisme et d’antisémitisme154». Le tout est d’une violence inouïe. On y trouvera, la plupart temps aussi en français, outre les habituelles rubriques narcissiques de Rami sur Rami lui-même, la panoplie complète de l’antisémite moderne: Protocoles des Sages de Sion (en huit langues), le pamphlet antisémite d’Henry Ford, The International Jew, des extraits des délires antisémites de Luther, ceux du leader noir américain Farrakhan, mais aussi La Question juive de Karl Marx, des listes de Juifs (dans la finance, dans les médias, dans la diplomatie), d’innombrables caricatures antisémites dignes des pires heures de l’antisémitisme nazi et des discours de Drumont, des dénonciations paranoïaques de la domination juive mondiale (la France, comme les Etats Unis, est un pays «occupé» par les Juifs… on parle de «mafia juive», du «terrorisme juif», etc.), des critiques hystériques et mortifères d’Israël. Coté négationnisme, Rami offre, outre un panégyrique de Faurisson, plusieurs ouvrages de Garaudy, des versions françaises des opuscules de Jurgen Graf155 et Richard Harwood (par ailleurs proposé en cinq autres langues), l’introduction aux écrits révisionnistes de Faurisson, Vérité historique ou vérité politique de Serge Thion, mais aussi de nombreux et divers textes de Faurisson, Serge Thion et d’autres auteurs moins connus, mais non moins véhéments. On trouvera aussi un tract, co-signé par La Vieille Taupe, prenant la «défense» de Brigitte Bardot (en 1996), et dont la version originale (cf infra) appelait au meurtre de Mouloud Aounit, alors président du MRAP. On ne peut dresser ici une liste exhaustive des ignominies du site d’Ahmed Rami, tant par souci de place que par limite de la capacité de résistance des auteurs, sinon des lecteurs. Ahmed Rami fournit des liens vers d’autres sites dont le point commun est l’antisémitisme (tel ce site web site intégriste catholique antisémite d’une rare virulence, «Holywar»156) et le négationnisme.
Rami héberge ainsi qu’on l’a dit, plusieurs autres sites web, dont des sites web néo-nazis allemands et suédois, le site du parti russe antisémite d’extrême-droite, le Pamyat, un site web de textes iconoclastes (humour pédophile de Pierre Louÿs, pamphlets antisémites de Céline, textes de Jean Genet157) une copie intégrale du site web d’Ernst Zündel, le site négationniste de Pedro Varela (en espagnol), membre important du CEDADE158, une page consacrée aux textes de Serge Thion, négationnistes ou non, dont plusieurs de ses textes sur le Cambodge.
8. Le site de Guillaume et Thion
L’aaargh, le site «exhaustif» de Pierre Guillaume et Serge Thion
Si la masse de textes négationnistes en français peut paraître impressionnante sur le site d’Ahmed Rami, elle demeure faible par rapport à celle fournie par l’aaargh.
On trouve sur le site de l’aaargh plusieurs catégories de textes: - Les intégrales: la majorité des «classiques» négationnistes, tous les ouvrages de Rassinier159, les deux ouvrages «révisionnistes» et antisémites de Maurice Bardèche160, la traduction de l’opuscule de Richard Harwood, des ouvrages de Faurisson161, Serge Thion162, Carlos Porter163, Garaudy164, Eric Delcroix165, Jürgen Graf166, André Chelain et Henri Roques167. Des ouvrages cherchant à disculper les SS des massacres d’Oradour et de Tulle sont également proposés, comme celui de Weininger168, ou celui du néo-nazi Reynouard169, édité par le VHO. - Les aspects «techniques»: principalement les «rapports» Leuchter et Rudolf et toute une littérature s’y rapportant, ainsi que les productions négationnistes du fasciste Carlo Mattogno170. - Les archives de la Vieille Taupe: tous ses bulletins depuis 1995 (véritable chronique du négationnisme dans le monde et des heurs et malheurs de Pierre Guillaume), des lettres envoyées par Pierre Guillaume, des défenses de Brigite Bardot, Garaudy, Papon et quelques autres, les textes fondateurs du négationnisme de l’ultra-gauche171, plusieurs opuscules de Guillaume172, des textes fascistes roumains173, des textes extraits des Annales d’histoire révisionniste , dont l’article fleuve de Carlo Mattogno174. - Les archives Faurisson: innombrables textes de Faurisson de 1977 à 1999. Quelques uns constituent son fond de commerce depuis plus de vingt ans: négation des chambres à gaz, négation de l’authenticité du journal d’Anne Frank; les autres ne sont que la longue litanie des déboires faurissoniens, lettres dont Faurisson inonde médias, journalistes, historiens et hommes politiques. - Les archives Rassinier: outre les ouvrages déjà cités, on y trouve des textes parus dans une revue libertaire, Défense de l’Homme, ainsi qu’un corpus de textes sur Rassinier. Il s’agit, comme toujours d’alimenter la geste rassinienne, et de dresser du guru posthume de la secte un portrait falsifié et héroïsé175. - Les Communiqués du Temps Irréparable, rédigés, pour la plupart, par Serge Thion, et d’abord diffusés sur Internet par Serge Thion (cf. Infra).
Cette liste n’est en rien exhaustive. D’autre part, on n’en finirait pas de répertorier les propos insultants à l’égard de tous ceux qui font de l’histoire ou qui combattent les négationnistes. Ils imprègnent la majorité de textes de Guillaume, Thion et Faurisson, mais aussi un «dictionnaire biographique» que l’on peut trouver sur le site de l’aaargh. Signalons encore que le site de l’aaargh reproduit sans la moindre autorisation un certain nombre de textes critiquant les négationnistes, notamment des articles du Monde, de Libération, de l’Express, du Nouvel Observateur, Marianne, des textes de Pierre Vidal-Naquet et Nadine Fresco (recopiés sur un site web ayant les droits de reproduction). Il s’agit moins de donner l’impression que les animateurs de l’aaargh pratiquent un quelconque «débat» que de «capturer» les internautes qui trouveraient ces textes à l’aide de moteurs de recherche (cf. infra).
En volume, pour ce que cela signifie, l’aaargh aligne au total plusieurs dizaines de milliers de pages de ratiocinations négationnistes.
La responsabilité de Pierre Guillaume dans le site aaargh est évidente pour quiconque lit régulièrement le site, ses mises à jours, quasiment en temps réel, et les «Archives de la Vieille Taupe». Une conversation «en confiance» avec Pierre Guillaume suffit également… D’autre part, Pierre Guillaume s’était associé en 1996 avec Ahmed Rami, pour la diffusion d’un tract de «soutien» à Brigite Bardot, tract qui s’achevait par un appel au meurtre à l’encontre de Mouloud Aounit, alors président du MRAP176. On trouvait notamment ce tract à la Librairie Roumaine du Savoir, à Paris, dernier repaire de Pierre Guillaume et diffuseur d’ouvrages négationnistes et fascistes. A la fin de ce tract, on pouvait lire:
«Qu’Allah réserve aux musulmans qui le trahissent, et se soumettent à ceux qui s’opposent à lui, tel Mouloud Aounit, président du Mrap, et à ceux qui usurpent la défense de l’Islam, le sort des moutons de l’Aid».
Sur le site de l’aaargh, dans l’archive de la Vielle Taupe, on peut lire aujourd’hui une «version corrigée» du tract:
«Qu’Allah, dans sa miséricorde, préserve les musulmans qui le trahissent, et se soumettent à ceux qui s’opposent à Lui, tel Mouloud Aounit, président du Mrap, et tous ceux qui usurpent la défense de l’Islam, du sort des moutons à l’Aïd.
Version corrigée, à la suite du jugement du 2 avril 1999 de la 17e chambre du tribunal de Paris, condamnant à juste titre la version initiale, où notre juste colère était insuffisamment maîtrisée. (Nous avions imprudemment écrit: Qu’Allah réserve aux musulmans [qui]177, le sort des moutons à l’Aid .) Paris, le 14 avril 1999»Ahmed Rami a corrigé la version du tract qui se trouve sur son site, dans le même sens, sans préciser qu’il l’avait corrigé et pourquoi.
9. Serge Thion: le passage à l’Internet.
La responsabilité de Serge Thion, extrêmement actif dans le milieu négationniste depuis 1978178, est moins «évidente» au premier abord. Mais il suffit d’avoir suivi les publications papier de Serge Thion ainsi que ses interventions sur Internet, d’abord depuis son adresse e-mail au CNRS179. Depuis le début des années 1990, Serge Thion multiplie les publications180 éditées par «Le Temps Irréparable». Il a notamment publié deux revues photocopiées aux contenus, entre autres, négationnistes, La Gazette du Golfe et des banlieues et Global Patelin, cette dernière à partir de 1995, directement alimentée par Internet et l’alimentant. Comme cela était souvent mentionné181, Le Temps irréparable est domicilié à l’adresse de Serge Thion lui-même. Le Temps irréparable, c’est Serge Thion. En 1995 Serge Thion se voit doté par le CNRS d’une adresse e-mail à la MSH: thion@msh-paris.fr. Il diffuse, à partir de cette adresse des textes sur le Cambodge dont il stipule qu’on peut se les procurer au Temps irréparable, toujours à son adresse personnelle182. En novembre 1995, dans le numéro 10 de La Gazette du Golfe et des banlieues Serge Thion/Le Temps irréparable, proposait la vente de disquettes comportant de nombreux textes, dont des textes négationnistes183. Et il ajoutait: «pour nous conformer au vœu du gouvernement, nous porterons ces textes sur le réseau Internet et nous presserons des CD-ROM184». Il allait accomplir la première moitié de ce programme avec diligence et constance. En janvier 1996, il mentionne son adresse e-mail professionnelle dans l’une des publications du Temps irréparable, Global Patelin185. En mars et avril 1996, Serge Thion envoie deux articles négationnistes186, sur une liste de discussion publique, depuis son adresse e-mail professionnelle à la MSH.
Au printemps 1996, Serge Thion prend un abonnement Internet chez Club-internet187. Depuis sa nouvelle adresse, Serge Thion continue à discuter du Cambodge188, et parallèlement envoie (à des journalistes et à des particuliers) par e-mail des «Communiqués du Temps irréparable» à connotations fortement négationnistes. En mai 1996, Serge Thion mentionne sa nouvelle adresse e-mail dans le numéro 4 de Global Patelin189. C’est l’époque de l’affaire Garaudy. Dans ce même numéro se trouve le premier volet des «Chroniques des événements survenus dans le Royaume de frénésie», texte relatant l’affaire Garaudy du point de vue négationniste. Les deuxième et troisième volets de ces «Chroniques» paraîtront dans les numéros 5 et 6 de Global Patelin, pendant l’été 1996. Simultanément, ces textes sont mis sur l’Internet. Cela est clairement énoncé dans Global Patelin, dès le premier volet: «Cette chronique est sur Internet» écrit Serge Thion190. Et de donner les adresses, sur les sites web du codoh et d’Ahmed Rami, où on peut la trouver. Dans le numéro 5 de Global Patelin, Serge Thion publie un texte intitulé «Abolir la Loi Gayssot». Là encore le texte est simultanément mis à disposition sur le web et ce fait est signalé par Thion qui en donne l’adresse sur le site d’Ahmed Rami.
De sa nouvelle adresse, Serge Thion envoie, fin 1996, un article négationniste à une liste de discussion sur la Shoah191. Les «Communiqués du Temps irréparable» sont disponibles sur le web, sur les sites web du codoh et de l’aaargh, actif depuis quelques mois. Début 1997, les «Communiqués» en question semblent émis depuis une nouvelle adresse au nom de l’aaargh. En fait, c’est bien Thion, depuis son abonnement chez Club-internet, qui continue à les diffuser192. En mai 1997, Club-internet, suite aux plaintes des destinataires des «Communiqués» de Serge Thion, ferme le compte tempus/Serge Thion. En 1997, la page d’accueil de la version anglaise de l’aaaargh, stipulait que son «secrétariat international» était «for the time beeing in the hands of LE TEMPS IRREPARABLE». Suivait, pour contact, l’adresse email de l’aaargh. Dans le bulletin no 57, qui date de 1997, de l’Adelaïde Institute, un autre site web négationniste, le site de l’aaargh est présenté comme étant le site de Serge Thion. Aujourd’hui encore, sur sa page de liens négationnistes, Michael Hoffman II, donne l’adresse du site de Serge Thion: l’aaargh.
Serge Thion poursuit son activisme négationniste sur l’Internet et ailleurs. Dans le bulletin no 88 (février 1999) de l’Adelaide Institute, parait un entretien téléphonique de Serge Thion, donné à l’occasion d’un «congrès révisionniste». Les «Communiqués du Temps irréparable» continuent d’être diffusés. Pendant le mois d’avril 2000, «l’actualité du négationnisme» répertoriée par l’aaargh a temporairement porté comme intitulé: «Global Patelin». Cette mention a aujourd’hui disparu…
10. Stratégies des négationnistes
Les stratégies des négateurs-internautes
Le cas de Serge Thion révèle une stratégie commune à certains négationistes qui sévissent sur l’Internet, le camouflage. Il fut progressif dans le cas de Thion qui nierait évidemment toute responsabilité quant au site de l’aaargh (l’anonymat de ses animateurs est d’ailleurs revendiqué). Il entre parfois en conflit avec un désir de «continuité» et de revendication de paternité (comme cette mention provisoire de «Global Patelin» sur la page d’actualité de l’aaargh). Mais la prudence prévaut. Le camouflage existe depuis le début chez Faurisson, parfaitement conscient et acteur de la diffusion de ses textes sur l’Internet, fut-ce par l’intermédiaire de sa sœur. Il est aussi, aujourd’hui présent chez Ernst Zündel qui prétend, afin d’échapper à la justice du Canada, ne pas être responsable du site web «Zündel», géré, aux états-Unis, par une de ses collaboratrices, Ingrid Rimland. Les négationnistes américains, eux, n’ont pas besoin de ces stratagèmes. Aux états-Unis, il est peut-être interdit de brûler le drapeau américain, mais pas de dire que les Juifs ont inventé leurs morts… Le camouflage consiste aussi à taire ses origines idéologiques. C’est typiquement le cas de Zündel, de l’IHR ou de Bradley Smith. Sans parler de David Irving. Il s’agit de se rendre présentable.
Le camouflage peut parfois prendre une allure très concrète. Ainsi, dans le cas de Jean Plantin, jeune éditeur d’une revue, Akribeïa, qualifée par Pierre Guillaume dès 1996 de «révisionniste193», dont le contenu essayait, en vain, de rester en bordure du négationnisme sans y verser. Jean Plantin a été jugé et condamné à Lyon en 1999194. Il s’agissait pour la clique négationniste de faire croire que Plantin sortait de nulle part, était un nouveau venu, presque un candide. La grande presse a d’ailleurs avalé et reservi cette tromperie sans sourciller. Or, dès le premier numéro des Annales d’Histoire révisionniste, en 1987, c’est Jean Plantin qui traduisait l’article de Mattogno, ainsi que cela était mentionné à la fin de l’article195. Mais cette mention disparait de la version Internet, sur l’aaargh, du texte de Mattogno, alors que Thion et Guillaume font toujours figurer les mentions de collaboration des textes reproduits. Il s’agit bien de «protéger» Plantin lors de son procès.
Cependant, si l’on camoufle les antécédents et les responsabilités, il faut se faire connaître. On voit ainsi des négationnistes faire de l’entrisme dans des associations d’internautes, comme ils l’avaient fait dans des associtations de libres penseurs. Dès 1995, Greg Raven (responsable du site de l’IHR), s’était procuré la liste des abonnnés à une liste de discussion sur la Shoah, et les avait abreuvés de sa propagande. En 1999, André Chelain tentait de participer à cette même liste de discussion afin de distiller du «révisionnisme». Serge Thion avait déjà tenté l’opération sur une liste de discussion bibliothéconomique.
A l’évidence, l’intérêt principal de l’Internet pour les négationnistes européens196, est de pouvoir diffuser leurs discours, et de contourner la législation. En France, la loi Gayssot avait baillonné les négationnistes. Ils n’avaient plus de possibilité d’expression publique hors l’organisation de scandales. Il y a ici une première innovation par rapport à cette situation. Avant l’Internet, même les «sympathisants» avaient quelques difficultés à accéder à du matériel de propagande négationniste. La législation française confinait les publications négationnistes aux mailing privés et aux tiroirs de quelques librairies d’extrême droite. Aujourd’hui, ce matériel est immédiatement accessible. Il n’y a plus aucun effort à faire, même pas financier. Une première victoire a été obtenue par les négationnistes: ils atteignent tous ceux qui veulent l’être. Une première conséquence en fut l’apparition d’articles négationnistes sur les groupes de discussion francophones. C’est aussi le quotidien du forum de discussion anglo-saxon consacré au négationnisme. Le plus souvent, des «sympathisants» vont sur un site web négationniste, recopient tel passage de tel opuscule et déversent le résultat de leur «reco-pillage» sur le forum, sans dire, évidemment qu’ils ont recopié.
Cependant l’Internet constitue moins un moyen de communication «interne», comme pour les groupuscules néo-nazis, qu’un outil de propagande externe. Ce n’est finalement pas le public des sympathisants que les négationnistes visent. Leur cible, ce sont les candides, le grand public, pas les racistes. La correction par Rami et Guillaume du tract appelant au meurtre de Mouloud Aounit relève de cette stratégie. Dans le but de séduire ce public, les négationnistes ripolinent leur dialectique et leurs sites: ils font assaut de déclarations quasi-humanistes. L’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme figure sur la plupart des pages du site de l’aaargh. Le codoh prétend défendre la «liberté intellectuelle». Tous les sites négationnistes se réclament de l’antiracisme (le site d’Ahmed Rami se déclare «contre tout racisme, surtout le racisme juif»). Tous se réclament de la liberté d’expression. Il n’est pas une campagne pour la liberté d’expression sur l’Internet à laquelle ils ne participent. Ils réclament un «débat». Les textes négationnistes camouflent, autant que faire se peut, leur antisémitisme et leurs falsifications sous une forme pseudo-scientifique, des protestations de bonne foi et de nécessaire «scepticisme». Les candides peuvent s’y laisser prendre.
Ce toilettage et les présentations alléchantes ne suffisent cependant pas. Il y a des centaines de milliers de sites web. Des centaines de millions de pages web. Il s’agit pour les négationnistes d’attirer le public vers leurs pages. Il existe deux types de moyen pour trouver de l’information sur le Web. Les annuaires et les moteurs de recherche. Parfois une même société offrira les deux services. Les annuaires sont des services, sous forme de pages web, répertoriant, par catégories, les sites web les plus intéressants. Le plus représentatif, et le plus ancien, de tous les annuaires est Yahoo. Les principaux annuraires offrent des services «nationaux». Ainsi, Yahoo offre une version américaine, une version anglaise, une allemande, une française197. A la rubrique «Holocauste» de la version française de Yahoo, on ne trouvera pas de site web négationniste. Non plus que pour la version allemande. Par contre, les versions américaines et anglaises offrent une catégorie «revisionism» qui donne la listes des principaux sites web négationnistes. L’annuaire de Altavista offre une catégorie «Holocaust denial». Ce n’est pas le cas de la version française d’Altavista. Aucun annuaire francophone ne fournit de site web négationniste. Soulignons le fait que le contenu des annuaires est toujours un choix, une sélection éditoriale, censée fournir à l’internaute les sites web les plus pertinents. Même dans les régions où le négationnisme n’est pas pénalisé, rien n’oblige à présenter des sites web négationnistes. Ainsi l’annuraire de Excite198 ne le fait pas. On reste sans voix devant le fait que des annuaires anglophones présentent, par choix, les sites négationnistes. Quoiqu’il en soit, les annuaires francophones199 ne sont pas un moyen d’accès aux sites web négationnistes.
Cependant, les annuaires ne sont pas la méthode la plus utilisée pour chercher de l’information sur le web. La plupart des «internautes» utilisent des moteurs de recherche; et les moteurs de recherche sont le principal instrument de propagation du négationnisme. Il suffit de tester la version internationale du moteur de recherche Altavista pour constater qu’avec des mots clés comme «chambres à gaz», «génocide juif», etc., la majorité des pages web francophones ramenées sont situées sur des sites négationnistes. Autrement dit, n’importe quel lycéen, curieux, candide qui aura l’idée d’utiliser cet outil pour trouver des informations sur la Shoah a une forte probabilité d’être orienté vers le négationnisme. Ce constat vaut pour tous les moteurs de recherche anglo-saxons. Il semble que du coté des moteurs de recherche francophones quelques très maigres progrès aient été accomplis. Certains moteurs de recherche, parmi les plus utilisés, même francophones200, sont coupables d’orienter leurs utilisateurs en priorité vers les sites web négationnistes. On peut parler de situation catastrophique.
Les moteurs de recherche sont bien à l’esprit de ceux qui gèrent et alimentent les sites négationnistes. La raison principale pour laquelle Thion et Guillaume ont appelé leur site l’aaaargh était sans doute pour permettre à leur site d’apparaître dans les premières réponses ramenées par les moteurs de recherche201. La raison pour laquelle Thion et Guillaume recopient des textes et des articles anti-négationnistes, qui parfois se trouvent sur des sites web sur la Shoah ou contre le négationnisme, est simplement de multiplier les chances qu’un internaute aboutisse chez eux, et non sur un site normal. Que le texte par lequel le candide aura abouti sur le site de l’aaargh soit critique à l’égard du négationnisme importe peu. Ils auront fait découvrir leur site, et leurs discours à une personne de plus. La multiplication des mêmes textes, voire la copie entière de sites négationnistes sur d’autres sites négationnistes relève de la même stratégie «de masse»: faire en sorte que toute recherche sur des thèmes ayant trait à la Shoah ramène du matériel négationniste. Il faut faire ce constat lucide: les négationnistes ont en partie réussi.
On prendra garde à ne pas voir chez les négateurs qui sévissent sur l’Internet que des esprits malades. Ils scrutent avec méticulosité les médias sur tout ce qui a trait au génocide. Ils lisent les listes et les forums de discussion qui traitent du sujet, ils lisent les sites web de ceux qui les combattent. Ils sont très peu nombreux. Ils ont peu de sites web. Ils les alimentent continuellement de nouveaux textes. Ils font cela à temps complet, déploient l’énergie du fanatisme et ont, en volume et pour ce qui est de la langue française, submergé le web.
Si les négationnistes francophones sont obligés de focaliser leur stratégie sur le web, il ne faut pas oublier que c’est malgré tout un pis aller. Que leur problème demeure l’interdit qui leur barre l’accès aux grands médias, ce que n’est pas l’Internet, où l’on observe une multiplication, un éclatement des lieux d’information. Partout les négationnistes recherchent un visibilité médiatique traditionnelle. Bradley Smith alimente un scandale permanent en faisant publier ses textes dans la presse étudiante américaine. Les négationnistes francophones tentent régulièrement de déclencher de nouveaux scandales. L’affaire Garaudy fut leur dernier vrai succès. Une honte pour la corporation des journalistes qui se sont faits gratuitement la caisse de résonnance de leur propagande. Pierre Guillaume a échoué à distribuer les falsifications de Rudolf sur Auschwitz et celles de Reynouard sur Oradour. Aujourd’hui ils tentent de créer un scandale par la distribution de tracts dans quelques lycées. Il appartient tant aux autorités, par le blocage des publications négationnistes, qu’aux journalistes en évitant de se laisser piéger par les foulards rouges du scandale que des négationnistes agitent périodiquement devant eux, de ne pas faire leur jeu. Les négationnistes cherchent avant tout à faire parler d’eux. Que ce soit en bien ou en mal leur importe peu. Faisons en sorte de n’avoir plus qu’un seul problème à affronter, il est aujourd’hui suffisament grave, celui de l’Internet.
11. Lutter par le droit et la technique
Quelle(s) lutte(s) contre les négationnistes de l’Internet?
Le Droit
Le laxisme proprement écœurant des fournisseurs d’accès quant aux agissements de certains de leurs abonnés ne doit pas faire oublier certaines évidences: les discours racistes, antisémites, négationnistes sont illégaux, même sur l’Internet, que ce soit sur les forums de discussion ou sur le Web, même si un site web est physiquement situé à l’étranger.
Cet article n’est pas le lieu d’une discussion juridique, mais on peut rappeler qu’une jurisprudence est en train de se constituer, qui confirme la compétence des tribunaux français pour juger des infractions commises sur le web, même à partir de l’étranger202.
Outre qu’il n’existe aucune instance internationale de régulation des contenus de l’Internet (si tant est que cela soit souhaitable), l’une des difficultés principales réside dans le fait que le négationnisme et les discours de haine ne sont pas pénalisés aux USA, voire même en Grande Bretagne. Force est de constater que les hébergeurs américains réagissent peu ou pas lorsqu’on leur signale l’existence de sites haineux. Ils se retranchent derrière «la liberté d’expression» pour laisser en place sites web antisémites et négationnistes. Ainsi, Frontiernet qui héberge un site antisémite, «Jew Watch», a argué, après plainte, du fait que sa charte, qui exclue pourtant les matériaux «hautement offensants», ne désigne par cette expression que les matériaux obscènes comme des photos de bestialité ou de pédophilie. Comme quoi «hautement offensant» ne désigne pas le contenu pourtant parfaitement antisémite de «Jew Watch»… Après cette argutie, la clause excluant les matériaux «hautement offensants» a disparu de la charte de Frontiernet203…
En 1996, le gouvernement américain a tenté de façon maladroite de réglementer les contenus «obcènes» sur l’Internet par le Communications Decency Act, rejeté par la Cour Suprême américaine en 1997. Une version révisée connue sous le nom de Child Online Protection Act (COPA), élaborée en 1998, interdit la distribution de contenus dangereux pour les mineurs. Le législateur américain vise en fait explicitement la pornographie mais certainement pas les discours racistes, antisémites et apparentés204.
Par ailleurs, sur les réseaux informatiques le problème de la preuve demeure difficile à résoudre. Les responsables du réseau néo-nazi allemand Thule n’ont jamais pu être poursuivis205. En 1998, Faurisson était poursuivi pour des textes qui se trouvent sur l’aaargh. Il a été relaxé au motif que la preuve qu’il était responsable de la mise sur le web de ces textes ne pouvait être apportée206. On a vu que c’est sa sœur qui sert d’intermédiaire. Il faut faire un sort au mythe de l’impunité. Certes la preuve est difficile à apporter. Mais elle est parfois possible, comme nous l’avons démontré dans le cas de Serge Thion. En fait elle doit résulter d’un travail d’enquête minutieux. Encore faut-il que la volonté politique d’effectuer ce travail existe. Elle existe dès lors qu’il s’agit de mettre fin aux agissements des pédophiles. Il faudrait, qu’enfin, elle existât pour mettre fin aux agissements des négationnistes francophones, qui sont connus, sur l’Internet.
La technique
Que les sites web négationnistes existent ne signifie pas qu’on puisse forcément y accéder. En fait, il faut dénoncer un mythe technique, celui de la prétendue impossibilité à empêcher d’accéder à des sites web clairement identifiés. Les principaux sites de propagation de haine sur l’Internet ont leur propre nom de domaine. Effectuer un filtrage, en amont, de l’utilisateur final de ces sites est techniquement possible. Il ne s’agit, en définitive, que de volonté politique, en l’occurence d’absence de volonté politique. Nous ne doutons pas que si quelque site web pédophile existait, et qu’on ne puisse interrompre à la source, les autorités publiques et les acteurs de l’Internet français sauraient faire en sorte d’en interdire l’accès… Ajoutons encore à l’intention de ceux qui soutiendraient qu’il n’existe pas de solution technique parfaite, qu’aucun dispositif ne l’est jamais, même en matière de législation sur la presse écrite. N’importe quelle solution éliminant les principaux sites haineux serait suffisante. De telles solutions existent. Aucun dispositif ne permet d’empêcher complètement que la drogue n’entre en France. Ce n’est cependant pas une raison pour ne pas mettre en place des dispositifs qui rendent cette arrivée beaucoup plus difficile.
L’Australie vient de mettre en place une législation draconienne pour lutter contre les contenus délictueux sur l’Internet. Elle fait porter une partie de la responsabilité du blocage des sites web délictueux sur les fournisseurs d’accès207, même pour les contenus situés hors de l’Australie. Cette législation est en vigueur depuis le 1er janvier 2000 et les fournisseurs australiens se sont dotés d’un code leur permettant de la suivre.
Hors l’interruption de la diffusion et de la transmission, on peut encore mettre en place des dispositifs de filtrage à l’arrivée. Il existe plusieurs produits qui permettent de ne pas afficher certains sites web lorsqu’on tente d’y accéder. Généralement de tels dispositifs sont destinés à protéger les enfants de la pornographie208. Mais ils peuvent tout à fait servir à eviter d’accéder aux sites de propagande de haine. La mise en place de tels dispositifs chez les particuliers relève d’une volonté individuelle qu’il faut encourager, donc d’une information à grande échelle. En revanche, étant donné la volonté politique de faire utiliser l’Internet par les élèves des lycées et collèges, il est indispensable que l’état mette ce genre d’outil en place dans les établissements d’enseignement scolaire.
Comme on le voit les solutions techniques existent, et leur mise en place ne relève que d’une volonté politique et d’un effort d’information.
12. Lutter par l’éducation et l’histoire
L’éducation
Cela va sans dire; nous le dirons donc: l’enseignement de ce que fut la Shoah constitue la première protection contre le négationnisme. Cette protection sera d’autant plus efficace que les modalités de cet enseignement seront pertinentes. Il n’appartient pas aux auteurs du présent article de participer à une problématique dont le succès du livre de Jean-François Forges209 souligne l’actualité. Nous renvoyons à l’article de Dominique Borne sur l’enseignement de la Shoah à l’école210. Certains acteurs du monde pédagogique ont pris conscience de ces enjeux. En témoigne le succès du séminaire sur l’enseignement de la Shoah qui s’est tenu en juillet 2000 au CDJC.
Il demeure qu’il est un domaine où lycées et collèges peuvent préparer utilement les élèves, celui du discernement quant à la qualité et à la nature de ce qu’ils risquent de trouver sur l’Internet. On ne pourra qu’encourager une présentation aux lycéens et collégiens des dangers auxquels ils s’exposent en utilisant sans discernement l’Internet. On aura soin d’indiquer aux élèves les moteurs de recherche spécialisés. De tels moteurs n’indexent pas tout le contenu du Web, mais seulement une liste, parfois importante, de sites web traitant d’un domaine. Encore reste-t-il à développer et promouvoir de tels moteurs, et qu’ils aient une matière suffisamment importante pour être utile… Une telle politique de préparation des élèves à l’Internet doit être élaborée à un niveau national.
L’Histoire de la Shoah sur l’Internet
La masse de textes négationnistes sur l’Internet et l’impact démesuré qu’ils prennent via l’utilisation des moteurs de recherche, nécessite une réaction urgente. Le principal antidote contre cette anti-histoire211, c’est l’histoire elle-même. Il convient de mettre à disposition sur l’Internet des textes et des documents sur l’histoire et l’historiographie de la Shoah et la déportation, des textes s’adressant à des publics variés, du candide à l’universitaire en passant par les élèves des lycées et collèges.
La situation de l’Internet anglophone est de ce point de vue assez bonne. Il existe, en anglais, un nombre très important de sites web de qualité consacrés à l’histoire de la Shoah. On regrettera cependant que les institutions sont souvent assez réticentes pour mettre les textes intégraux de leurs publications, ne serait-ce ceux des années passées, sur le web. On trouvera une liste des principaux sites sur la page de liens du site «anti-rev»212. On pourrait écrire un article intitulé «l’Histoire de la Shoah sur l’Internet». On constaterait que la situation est bonne quant au nombre et à la qualité des sites web en anglais. Nous renvoyons en l’occurence, pour ce qui est des site web anglophones, à la page de liens citée ci-dessus. Notons que le site web du centre Simon Wiesenthal met à la disposition du public et du chercheur l’intégralité des sept volumes des Simon Wiesenthal Annual,213, parution d’excellente tenue sur l’histoire de la Shoah. Dans le même esprit, signalons les Documents on the Holocaust214 sur le site web de Yad Vashem.
La situation de l’Internet francophone a longtemps été catastrophique. Elle n’est plus que lamentable. Face à la masse des textes négationnistes en français, on ne compte que quelques sites web dont les plus riches sont le fait de particuliers et non d’institutions. La plupart des sites institutionnels se contentent de donner des informations pratiques et de se présenter.
Signalons le site web du CDJC215, celui de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation216, qui fournit une bonne introduction synthétique. Celui de l’Union des Résistants et Déportés Juifs de France217 fournit, seulement au format PDF hélas (car non visible par les moteurs de recherche), les derniers numéros de sa Lettre218. C’est déjà beaucoup. Quelques rares sites web se démarquent. D’abord celui de Vincent Chatel et Gord McFee, «Les Camps oubliés219». Il étudie en détail de nombreux camps, en donne la liste et propose de nombreux textes sur l’histoire de la Shoah. Ensuite, le site web de David Natanson220 présente la Shoah à travers de nombreux documents, thèmes spécifiques et les cas très concrets de sa propre famille. Le site de Michel Fingerhut «Ressources documentaires sur le génocide nazi et sa négation»221, fut initialement créé en 1995 à l’occasion des premières manifestations de négationnisme en français sur les forums de discussion. Il propose la mise en ligne de textes intégraux initialement publiés dans des monographies, des recueils ou des journaux. Y figurent notamment les textes de Pierre Vidal-Naquet et Nadine Fresco sur le négationnisme. Le corpus des textes présents sur ce site est l’un des plus importants avec celui du site de Dominique Natanson. On mentionnera également le site web du Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah222.
S’il y a un certain nombre de «petits» sites, avec quelques pages, mais aussi de nombreuses pages pédagogiques au contenu assez synthétique et globalement redondant, au total les quelques sites évoqués pèsent bien peu face à l’offensive de masse permanente des négationnistes.
Les individus, sauf à y sacrifier leur vie et leur emploi du temps, ainsi que font les négationnistes, n’ont pas les mêmes moyens que ces fanatiques. Pourtant, il faut mettre en ligne les monographies «classiques» de l’histoire de la Shoah et de la déportation, les actes des colloques, les œuvres de Hilberg et Browning. Il faut également mettre sur le web des reproductions de documents originaux, le contenu des sources primaires. Tout cela demande beaucoup de moyens et de temps. Seules des institutions en ont la capacité. Il est impératif de créer des programmes de mise en ligne des études et des documents. Il le faut pour mettre à disposition du grand public des instruments de qualité et pour combattre les sites négationnistes par la quantité des textes fournis. Là encore il manque une volonté politique.
Quand bien même les moyens seraient fournis, d’autres difficultés peuvent surgir. Quelques éditeurs refusent de donner les droits de certains ouvrages fondamentaux. Si l’on comprend leur frilosité, elle n’en est pas moins infondée: les auteurs peuvent en témoigner, lorsqu’ils rencontrent un texte intéressant sur le web, ils en achètent la version publiée si celle-ci existe. Le livre demeure le meilleur moyen de lecture. Une reproduction sur le web peut souvent être un bon moyen de promotion.
Notons enfin que l’Internet offre la possibilité de palier à la relative pauvreté de l’historiographie francophone sur la Shoah et le nazisme. La publication de traductions d’études classiques en anglais ou en allemand peut se faire à moindre frais sur le Web. La disponibilité de ces classiques en français, et sur le web, serait un outil supplémentaire, à la fois pour les étudiants et les historiens, mais aussi dans l’optique de la lutte contre les négationnistes. Il est indispensable et urgent d’entreprendre ces travaux de traduction et de mise en ligne.
13. Réfuter les négationnistes.
Étude et réfutation des négationnistes
L’histoire de la Shoah, si elle demeure le principal moyen de lutter contre le négationnisme, n’est pas le seul. Et, à nos yeux, il n’est pas suffisant, quand bien même le programme évoqué ci-dessus serait accompli. Il ne s’agit pas, pour les historiens de bâtir une histoire de la Shoah en fonction du négationnisme. Michael Marrus écrit avec raison:
«s’il est important de comprendre [l’]activité [des négationnistes], je ne vois pas pourquoi ils devraient définir le programme des historiens de l’Holocauste, pas plus que les théoriciens d’une "Terre plate" ne définissent le programmes des astronautes223»
Aussi doit-on distinguer étude et réfutation des négationnistes de l’histoire de la Shoah, les premières devant s’abreuver de la dernière. Il faut d’abord rendre disponible ce que l’on sait des négationnistes et du négationnisme. Cet article en est une l’illustration paradigmatique. Le public susceptible d’être atteint par la propagande négationniste sur l’Internet doit pouvoir trouver, sur l’Internet, les moyens de comprendre qui sont ces personnes à l’origine de la propagande négationniste, quelles sont leurs véritables motivations et quelle est la nature de leurs méthodes. Le site de Michel Fingerhut évoqué plus haut224, offre le meilleur exemple de ce qu’il faut faire, en mettant en ligne les principales études publiées sur le négationnisme et les négationnistes. Il faut souligner que ce site est le fruit d’une initiative privée. D’autres études non encore présentes sur le site ne sont qu’en attente de l’autorisation des éditeurs, voire simplement de temps pour travailler à leur mise en ligne… Dans le même esprit, le site web d’Amnistia, «Négationnistes: les Eichmann de papier»225, a entrepris de façon très militante de mettre en lumière les activités et les complicités négationnistes en France. Les pages web «Pratique de l’histoire et dévoiements négationnistes»226 participent de cette «transparence» ; il s’agit de rappeller que le négationnisme est avant tout un discours, un type de discours (hypercritique, falsifications, paranoïa, etc.), mis au service d’un postulat: la non-existence du génocide juif.
Nous pensons que cette approche, pour une fois véritablement démystificatrice, s’il elle est nécessaire, ne saurait être suffisante. Pierre Vidal-Naquet avait déclaré qu’on ne discutait pas avec les négationnistes, mais sur les négationnistes. Nous pensons pour notre part que cela demeurera toujours vrai, car il n’est nulle discussion, ou débat possible avec les falsificateurs. Dans la mesure où les négationnistes trahissent et pervertissent toutes les règles d’une saine pratique historienne, on ne saurait avoir avec eux le moindre échange sur le terrain historique. Il en est du négationnisme comme du créationnisme227. Stephen Jay Gould, célèbre paléontologue qui a beaucoup combattu les créationnistes disait à propos des «débats» publics que les créationnistes recherchent, comme les négationnistes:
«Le débat est une forme d’art. Il s’agit de sortir victorieux de la confrontation. Il ne s’agit pas de découvrir la vérité. Le débat relève d’un certain nombre de règles et de procédés qui n’ont absolument rien à voir avec l’établissement des faits […] Ils [les créationnistes] sont très bons à ce jeu là. Je ne pense pas que je pourrais avoir le dessus dans un débat contre les créationnistes228»
On ne discutera donc évidemment pas avec les négationnistes. Pourtant il ne faut pas se voiler la face: aujourd’hui le grand public peut être exposé, est exposé aux affabulations négationnistes. Lorsque la législation suffisait à contenir le discours négationnistes, la posture du silence suffisait, de part la seule existence des études de Pierre Vidal-Naquet, Nadine Fresco et Alain Finkelkraut229. Ce n’est plus le cas. Si la plus grande partie du corpus traitant d’astronomie sur l’Internet était constitué d’affirmations soutenant à coups d’argumentaires frelatés, mais abondants, que la Terre est plate ou est le centre de l’univers, il serait impensable de laisser cela sans réponse. Nous appelons «réponse» le fait de démonter la mécanique, de démasquer la falsification, d’exhiber la méthode de manipulation des faits par les négationnistes. Il s’agit toujours de réfuter le fond du discours et d’exhiber la perversion de la forme. Pierre Vidal-Naquet écrit, dans un louable souci écologique, que «si, chaque fois qu’un "révisionniste" produit une nouvelle affabulation, il fallait lui répondre, les forêts du Canada n’y suffiraient pas230». Cette position n’est plus efficace à l’heure où n’importe qui peut, par le biais de l’Internet, être involontairement happé par «l’argumentaire» négationniste. Peut-on se contenter de renvoyer à Pierre Vidal-Naquet lorsqu’une falsification négationniste est «balancée» sur un forum de discussion ou sur le web? C’est faire un pari bien risqué sur le bagage philologique, politique et historique du lecteur. N’oublions pas que si l’on a l’impression de connaître l’histoire du génocide, parce qu’on en entend beaucoup parler, on en ignore généralement les modalités et le déroulement. Qui a lu Hilberg? Les négationnistes jouent sur cet écart réel entre une connaissance effective assez faible et une impression, erronée, de bien connaître. S’il est vrai qu’une lecture avancée de la production historienne la Shoah (mais aussi sur le nazisme) suffit à réfuter les falsifications négationnistes, qui s’attelle à ce genre d’entreprise? Il faut donc extraire la substantifique moëlle du travail des historiens pour réfuter les négationnistes. Dès 1991 Roger Eatwell écrivait:
«On peut soutenir que la discussion de telles affirmations [négationnistes] pourrait à la foi les légitimer, dans le sens qu’elles pourraient être considérées comme dignes d’être débattues, et augmenter l’exposition aux thèses négationnistes de ceux qui, autrement, n’auraient pas été au courant de leur existence. Cette politique [du silence] peut avoir été la meilleure lorsque de tels travaux [sic] étaient rares, mais leur récente multiplication rend vitale une réponse plus spécifique231»
Dès le début de l’offensive négationniste sur l’Internet, des individus décidés et exemplaires ont entrepris ce travail de démontage. Ils ont d’abord contré les falsifications répandues par les Dan Gannon et autres fanatiques antisémites sur alt.revisionism. Nous profitons de la rédaction de cet article pour citer, de façon non exhaustive, les noms de quelques unes de ces personnalités remarquables: Ken McVay, Chuck Ferry, Danny Keren, Jamie Mc Carthy, John Morris, Michael P. Stein, Yale F. Edeiken, Ken Lewis, Gord McFee, Richard J. Green, Patrick J. Groff. On peut dire que leur persévérance, leur pugnacité, leur sérieux et leur rigueur ont permis de contenir dans une certaine mesure les délires négationnistes, ceux proférés en anglais en tous cas. La preuve de leur succès se lit dans le fait que les négationnistes ont créé sur l’un de leur site web, leur propre forum de discussion, différent de alt.revisionism, contrôlé et censuré par eux. Car ils savent que sur alt.revisionism, ils verront toujours leurs délires soumis à l’analyse dévastatrice des personnes citées ci-dessus, entre autres.
Mais il faut être réaliste: démonter «l’argumentaire» est un travail considérable. Une falsification négationniste s’énonce en une phrase. Elle se réfute et se démonte en vingt. C’est la raison même pour laquelle un débat est impossible. Néanmoins, il est aujourd’hui nécessaire d’effectuer ce travail.
Il l’est en grande partie sur deux sites web remarquables, en anglais, celui de Ken McVay, «Nizkor»232, et celui du «Holocaust History Project»233. Les équipes de ces deux projets portent le fer au cœur des falsifications négationnistes et accomplissent un travail de fond très efficace. Le «corpus» des mensonges négationnistes, s’il est très volumineux, n’en est pas moins fini. La majeure partie de ce corpus, en tous cas en anglais, est réfuté sur les deux sites cités. Il convient également de mentionner un site web qui combat le négationnisme par la dérision: le «Mad Revisionnist234» a décidé de prouver que la Lune n’existait pas, pas plus que l’Acropole; ou que le naufrage du Titanic était une invention hollywoodienne. Il y parvient de façon fort convaincante en utilisant la méthologie «révisionniste»…
En français, hélas, l’entreprise de démontage des mensonges négationnistes n’est entamée, sur l’Internet, que sur un seul site, et de façon modeste235. Certes les textes de Pierre Vidal-Naquet, disponibles sur le web, ont montré la voix. Mais il reste presque tout à faire. On peut, on doit, traduire en français, les analyses les plus pertinentes de Nizkor et du Holocaust History Project. On peut, on doit prendre les textes de Rassinier, de Faurisson et consorts, et démonter leurs mensonges un par un. C’est faisable. Florent Brayard et Nadine Fresco ont déjà bien avancé sur ce chemin. Pour que les négationnistes ne puissent se réclamer de l’imposteur Rassinier, il «suffit» de le décortiquer, serait-ce ligne à ligne. La lutte contre les négationnistes sur l’Internet passe aujourd’hui aussi par ce long chemin.
Conclusion?
Rappelons encore une fois que nous n’avons qu’effleuré les questions des sites web racistes, d’extrême droite, antisémites, encore plus nombreux que les sites web négationnistes. La problématique demeure comparable.
Pour ce qui est du négationnisme, quel est l’impact de l’existence, voire de la domination des sites web négationnistes sur le public? Aujourd’hui on ne le mesure pas. Mais on peut être sûr qu’il sera de plus en plus important, à mesure que le nombre d’utilisateurs de l’Internet augmentera et que son utilisation deviendra familière. Si rien n’est fait. L’Internationale négationniste existe sur l’Internet. Pas de «complot», mais une collaboration effective, des liens réciproques, la copie et la recopie des mêmes textes, l’organisation d’une véritable bibliothèque négationniste multilingue et à échelle mondiale. N’importe quel fanatique d’extrême droite peut aller chercher du matériel négationniste et le répandre anonymement sur des forums de discussion236, par courrier électronique, voire en faire des tracts. N’importe quel collégien ou lycéen cherchant, sur l’Internet, des informations sur la Shoah aboutira majoritairement sur les sites web négationnistes. On peut agir. Il le faut. Il faut s’en donner les moyens. Rapidement.
Glossaire
courrier électronique ou email
Mode de communication personnelle ou de groupe sur l’Internet qui permet à un expéditeur d’envoyer un texte vers une, ou plusieurs, boîtes à lettres électroniques. Celles-ci sont en général privatives: seul le possesseur d’un code d’accès (similaire à la fonction de la clé d’une boîte aux lettres dans un immeuble) peut y lire les informations qui y sont arrivées, et se servir de l’adresse de cette boîte pour envoyer du courrier.
listes de diffusion ou forums privés
Mode de communication de groupe sur l’Internet utilisant le courrier électronique. Tout participant d’une telle liste envoie ses communications par courrier électronique vers une adresse générique qui rediffuse immédiatement ces textes vers les boîtes aux lettres personnelles de tous les inscrits sur cette liste. De telles listes peuvent concerner des centaines, voire plus, de membres. L’inscription peut être libre et automatique, ou avoir à passer par un gestionnaire (humain) qui peut accepter ou refuser la demande. Certaines de ces listes peuvent avoir un statut public (lisibles par tous).
Web, WWW, serveur WWW, site web
Mode de publication sur l’Internet. Un serveur WWW (ou encore: serveur web; ou encore: site web) est un ordinateur connecté à l’Internet offrant un accès (par le protocole HTTP) à des documents (textes, images, vidéo, son), organisés et reliés entre eux par des liens hypertextuels: certaines parties du texte peuvent être de couleur différente ou soulignés, et lorsque l’utilisateur clique sur cette portion de texte, un autre document est chargé à l’écran, venant ou non du même serveur. Ces liens entre documents, sur un même serveur et entre des serveurs différents, crée le WWW ou World-Wide Web, «toile [d’araignée] mondiale». Pour y avoir accès, il faut être connecté à l’Internet et posséder un navigateur (voir ce terme). Ces documents ne peuvent être ajoutés, modifiés ou enlevés du serveur que par une personne autorisée possédant un compte sur ce serveur. Analogie: affiches dans une vitrine. Un serveur web peut se trouver physiquement n’importe où dans le monde. En principe, n’importe quel ordinateur connecté à l’Internet pourra y avoir accès.
hypertexte, lien hypertextuel
Documents composés de plusieurs fichiers ne se trouvant pas forcément sur le même ordinateur. Si, dans un livre, les pages et les chapîtres se succèdent séquentiellement (il faut arriver à la fin d’une page pour passer à la suivante), il arrive souvent que l’on puisse passer du milieu d’un document hypertextuel vers un autre document hypertextuel (analogie: une note de bas de page au milieu d’une page de livre).
navigateur ou browser
Logiciel (ou application) permettant à un utilisateur de se connecter à des serveurs WWW pour y lire des documents hypertextuels et de passer d’une «page» à l’autre, selon le fil de sa lecture, et d’un serveur à un autre, d’où le terme navigateur (on dit aussi: butineur, browser…).
forums publics ou, forums de discussions, ou groupes de discussion, ou news ou Usenet
Mode de communication thématique publique sur l’Internet rappelant les dazibaos. Tout utilisateur de l’Internet peut écrire un texte destiné à un ou plusieurs forums. Ce texte circulera automatiquement sur les ordinateurs de l’Internet participant de ce mode de communication (la plupart) et y sera stocké dans une sorte de boîte aux lettres publique: tout utilisateur de cet ordinateur pourra donc lire tous les textes qui sont destinés à ce forum et qui sont arrivés sur son ordinateur ou sur celui de son centre serveur, sans avoir à le transférer lui-même d’un autre ordinateur, dans le même pays ou à l’étranger. Certains forums sont d’accès libre: on peut y écrire sans contrôle, tandis que certains possèdent un éditeur (ou moderator en anglais) qui reçoit toutes les contributions et décide ou non de les publier. Il existe un forum consacré au négationnisme, appelé alt.revisionism dans lequel circulent des textes anti- et pro-négationnisme, voire négationnistes tout court, et disponibles sur la plupart des ordinateurs en France. Les gestionnaires de ces ordinateurs peuvent choisir de rejeter un forum ou de l’accepter. Le nombre de forums disponibles est de l’ordre de plusieurs milliers, voire dizaine de milliers. Certains sont internationaux (et généralement en anglais), tandis que d’autres sont plutôt locaux à un pays.
Bulletin Board System (BBS)
Service physiquement hébergé sur un ordinateur connecté au réseau téléphonique, auquel d’autres ordinateurs peuvent se connecter à l’aide d’un modem. Une fois la connection établie, le BBS peut fournir des textes ou des forums de discussion privés, interne au BBS en question. L’accès à certaines parties peut en être protégé par un mot de passe. Cette forme d’échanges entre ordinateurs disparait au profit des serveurs Web qui peuvent offrir les mêmes services.
Internet Relay Chat (IRC)
Mode de communication interactive (Chaque participant voit immédiatement tout message émis par quelque autre participant, comme sur certains serveurs Minitel conviviaux, roses ou non) permettant de créer instantanément des forums, d’y réunir autant de participants que l’on le souhaite ou d’en limiter l’accès, d’y "dialoguer" (à l’aide du clavier), d’y échanger des photos ou d’autres fichiers informatiques, ces forums disparaissant dès le départ du dernier participant.
moteur de recherche
Il s’agit d’un type de service permettant de trouver les sites web par mots clés. Un moteur de recherche permet d’effectuer une recherche sur des mots clés. La réponse fera apparaître toutes les pages web contenant les mots recherchés. En fait, elle fera apparaître toutes les pages web contenant les mots recherchés et connues du moteur de recherche. Les moteurs de recherche doivent préalablement parcourir et indexer les pages web afin de permettre aux utilisateurs de les retrouver. Les plus performants sont ceux qui indexent le plus efficacement le plus grand nombre de pages web. S’ils ne sont pas exhaustifs, les «grands» moteurs de recherche offrent une bonne couverture de l’Internet.
Notes.* Gilles Karmasyn est spécialiste en systèmes d’informations. Il effectue des recherches sur l’histoire de la Shoah et le négationnisme depuis plusieurs années. Il est responsable du site web «phdn»: http://www.phdn.org/. Gérard Panczer est enseignant chercheur à l’université Claude Bernard (Lyon I). Il collabore au site web «amnistia»: http://www.amnistia.net/. Michel Fingerhut pratique l’informatique depuis 1966, l’Internet depuis 1979, et diffuse des ressources documentaires sur le génocide nazi, sa négation et sujets connexes depuis qu’il a «rencontré» le négationnisme en 1984. Il est responsable du site web «anti-rev»: http://www.anti-rev.org/
1. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 14.
2. Robert Faurisson, interviewé par Valérie Igounet, le 9 avril 1996.
3. Sur Robert Faurisson, le négationnisme et les «méthodes» négationnistes on renverra à l’ouvrage plus que jamais indispensable, de Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, Points Seuil, 1995. 1ère éd., La Découverte, 1987. Les textes de Pierre Vidal-Naquet se trouvent également sur le web à l’adresse suivante: http://www.anti-rev.org/textes/
4. Robert Faurisson, écrits révisionnistes (1974-1998), Robert Faurisson, 1999, tome I, p. LVII. Il s’agit d’une édition privée hors commerce. Dans cette logohrée négationniste en quatre tomes, Faurisson se compare, notamment, à l’ultra-collaborationniste et antisémite virulent Henri Labroue (tome I, p. XLVII). Sur Labroue, voir Claude Singer, «Henri Labroue ou l’apprentissage de l’antisémitisme», dans L’antisémitisme de Plume. 1940-1944 études et documents, sous la direction de Pierre-André Taguieff, Berg International éditeurs, 1999.
5. «Version brute du texte de la traduction anglaise envoyée par courrier électronique par la sœur de Faurisson». Site web de Raeto West, 1999. Les auteurs du présent article ont décidé de ne fournir aucune adresse de site web négationniste. S’ils avaient traité de pédophilie, il n’eût pas été plus envisageable de donner des moyens d’accès à du matériel pédophile.
6. La sœur de Robert Faurisson, Yvonne Schleiter, collabore depuis longtemps en toute discrétion et en toute efficacité avec son frère. Voir Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 589. Faurisson le dit explicitement dans une lettre à Ersnt Nolte du 15 mai 1993 (citée dans écrits révisionnistes, op. cit., tome IV, p. 1508). Yvonne Schleiter est en contact régulier avec les négationnistes du monde entier. Elle a donné des interviews à Ernst Zündel, Michael Hoffman II; Jurgen Gräf lui a dédicacé un ouvrage… On peut supposer sans risque que l’envoi à Raeto West par la sœur de Faurisson du texte cité, n’est pas le fruit d’une «initiative». Par contre, on peut supposer que la mention par Raeto West du rôle de la sœur de Faurisson est une «bourde» de sa part…
7. Fondé en 1958 par Willis Allison Carto, le Liberty Lobby est devenu l’un des principaux organismes de propagande d’extrême droite aux états-Unis. Voir Ciaran O Maolain, The Radical Right, a world directory, Harlow - Longman, 1987, p. 373-374. Voir aussi Aurel Braun, Stephen Scheinberg (ed.), The extreme right: freedom and security at risk, Westview Press, 1997, p. 63 et suiv.
8. Sur l’IHR, voir note 40.
9. Aurel Braun, Stephen Scheinberg, op. cit., p. 64.
10. Voir notamment Dominique Wolton, Internet et après?, une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, 1999.
11. Dominique Wolton, op. cit., p. 86. Remarquons toutefois que le chiffre de cinq millions d’internautes était avancé au début de l’année 2000.
12. Patrick Moreau, «L’extrême droite et Internet», Pouvoirs, no 87, 1998, p. 130.
13. Sur la genèse et l’histoire de l’Internet, voir Christian Huitema, Et Dieu créa l’Internet…, Eyrolles, 1996.
14. Voir le glossaire. Tous les termes suivis d’une étoile sont définis dans le glossaire qui se trouve à la fin de l’article.
15. Voir Tom Metzger, A long March of Hate, ADL, 1993. http://www.nizkor.org/hweb/orgs/american/adl/tom-metzger/. Voir aussi Ciaran O Maolain, The Radical Right, a world directory, op. cit., p. 404.
16. Jack Levin & Jack McDevitt. Hate Crimes: The Rising Tide of Bigotry and Bloodshed, New York & London: Plenum Press, 1993, p. 103, cité par Nizkor, http://www.nizkor.org/ftp.cgi/people/m/metzger.tom/metzger-warns-of-violence
17. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, éditions Ramsay, 1977, p. 380. Sur Louis Beam, voir Anti-Defamation League. Paranoia as Patriotism: Far-Right Influences on the Militia Movement, 1995, p. 33-34 cité sur le web par Nizkor, http://www.nizkor.org/ftp.cgi/people/b/beam.louis/louis-r-beam
18. Sur les Aryan Nations, voir Ciaran O Maolain, op. cit., p. 345-346. Les Aryan Nations ont, bien évidemment, aujourd’hui leur propre site web. Voir: http://www.adl.org/poisoning_web/aryan_nations.html
19. Cette tendance, qui regroupe aujourd’hui les principales associations racistes chrétiennes fondamentalistes, prône une théologie raciste: les juifs et les noirs ne sont pas les descendants d’Adam, mais de Satan… Voir Leonard Zeskind, «The Christian Identity Movement: A Theological Justification for Racist and Anti-Semitic Violence», Center For Democratic Renewal, Atlanta, Ga., 1986 et Michael Barkun, Religion and the Racist Right: The Origins of the Christian Identity Movement, Chapel Hill: University of North Carolina Press, 1996. Cités par Kenneth S. Stern, Hate on the Internet, ADL, 1999, chap. 1.
20. Anti-Defamation League. Paranoia as Patriotism: Far-Right Influences on the Militia Movement, 1995, p. 33-34.
21. En référence à la «Thule Gesellshaft», société secrète d’extrême-droite raciste et occultiste à l’origine de la création du parti nazi. Voir S. Berstein et P. Milza, Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme, Editions Complexe, 1992, p. 191-192, 214-215. Voir aussi Nicholas Goodrick-Clarke, Les racines occultistes du nazisme, Pardès, 1989, p. 213-214. Le réseau «Thule» existe encore aujourd’hui et dispose également d’un site web.
22. Louise Berstein, «L’extrême droite sur internet», dans CRIDA, Rapport 1996. Panorama des actes racistes et de l’extrémisme de droite en Europe, CRIDA, 1996, p. 228.
23. Rand C. Lewis, The Neo-Nazis and German Unification, Praeger, 1996, p. 61
24. «Cyber-Nazis baffle German police», Calgary Herald, 2 février 1994 cité par Nizkor, http://www.nizkor.org/ftp.cgi/orgs/german/thule-network/ch.020294
25. Rand C. Lewis, op. cit., p. 70.
26. Patrick Moreau, Les héritiers du IIIe Reich, L’extrême droite allemande de 1945 à nos jours, Editions du Seuil, 1994, p. 316.
27. Louise Berstein, «L’extrême droite sur internet», op. cit., p. 227-230.
28. Sur la dialectique antisionisme-négationnisme, voir Catherine Nicault, «Antisionisme et négationnisme», Relations internationales, no 65, printemps 1991, p. 49-60. Aussi Georges Bensoussan, «Négationnisme et antisionisme: récurrences et convergences des discours du rejet», Revue d’histoire de la Shoah, no 166 mai-août 1999, p. 76-88.
29. Le 14 août 1993, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Rudolf Hess, plusieurs centaines de néo-nazis, venus d’Allemagne, des états-Unis, de Suède, du Danemark, et de Grande Bretagne, manifestaient à Fulda. Le «succès» de cette manifestation était en partie du au fait que ses participants avaient été tenus au courant par courrier électronique. Voir Aurel Braun, Stephen Scheinberg, op. cit., p. 223.
30. Pour certaines de ces listes, tout un chacun peut s’y inscrire automatiquement, tandis que d’autres se réservent le droit de refuser une candidature.
31. Patrick Moreau, «L’extrême droite et Internet», Pouvoirs, no 87, 1998, p. 136.
32. Chaque participant voit immédiatement tout message émis par quelque autre participant, comme sur certains serveurs Minitel conviviaux, roses ou non.
33. Et pédophiles, relayés , comme le forum négationniste alt.revisionism, parfois par des sites français, parmi lesquels des universités et grandes écoles.
34. Patrick Moreau, «L’extrême droite et Internet», op. cit., p. 136. On se reportera à son article pour un exposé plus détaillé sur l’utilisation de l’IRC par l’extrême droite.
35. Kenneth S. Stern, Hate on the Internet, ADL, 1999, chap 1. Voir: http://www.ajc.org/pre/internet1.htm
36. à l’origine les forums de discussion, ou news, n’étaient pas distribués via l’Internet, mais véhiculés notamment aux états-Unis (en France à partir de 1983 environ) par Arpanet et uucp, et seulement ultérieurement par l’Internet.
37. Nathaniel Sheppard, Jr., «Hate in Cyberspace», Emerge, August 30, 1996 vol. 7, no. 9, p. 34. Cité par Kenneth Stern, op. cit.
38. Pour un état des lieux tant historiographique que bibliographique sur le génocide arménien, voir Comité de Défense de la Cause Arménienne, L’actualité du génocide des Arméniens, acte du colloque organisé par le CDCA à Paris-Sorbonne les 16,17 et 18 avril 1998, EDIPOL, 1999. Sur la négation du génocide arménien on trouvera sur le web: http://armen-info.com/lacause/no-32/nf-lc32.htm. Voir aussi l’Armenian National Institute 122 C Street, NW, Suite 360, Washington, DC 20001. http://www.armenian-genocide.org/research.htm et Frédéric Paulin (doctorant EHESS), Négationnisme et théorie des populations stables: le cas du génocide arménien, http://www.ehess.fr/populatique/Numero1/PAULIN.html
39. K.K. Campbell, «Howling in the wires, a net.poltergeist horror story», Eyenet, 1994. Sur le web: http://www.kkc.net/eyenet/1994/net0728.htm. Sur Argic, voir aussi: http://www.ews.uiuc.edu/~tskirvin/faqs/legends/legends1.html
40. L’IHR (Institute for Historical Review) fut fondé en 1978 par Willis Carto (voir note 7) et William D. McCalden, alias Lewis Brandon, néo-fasciste anglais, père du National Party britannique, qui avait fait scission du National Front néo-nazi. Il s’agit d’un véritable «centre d’une Internationale révisionniste» (Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, Points Seuil, 1995, p. 117). Le catalogue de l’IHR, outre tout le matériel négationniste, comprend de nombreuses apologies du nazisme. Sur l’IHR, voir René Monzat, Enquêtes sur la droite extrême, Le Monde éditions, 1992, p. 195-198. Voir aussi Deborah Lipstadt, Denying The Holocaust, Plume, 1994, p. 137-156. Voir également, sur le web: http://www.nizkor.org/faqs/ihr/
41. Dan Gannon a été considéré comme la septième personnalité la plus malfaisante de Usenet, juste après Serdar Argic. Voir http://www.ews.uiuc.edu/~tskirvin/faqs/legends/legends1.html
42. Nommé alt.revisionism, créé début 1992. Nous remercions Ken Mc Vay de nous avoir fourni l’information sur la période (la date exacte semble difficile à retrouver) de création d’alt.revisionism.
43. On peut se poser des questions sur la légalité de la transmission de ce forum par tous les relais français qui contribuent à sa diffusion et sa mise à disposition sur le territoire français…
44. Kenneth Stern, Holocaust denial, The American Jewish Commitee, 1993, p. 85.
45. Guido Caldiron, «Liaisons romaines», dans Négationnistes: les chiffoniers de l’histoire, Syllepse/Golias, 1997, p. 186-188.
46. Par un intervenant, dans le forum fr.rec.humour, sanctionné pour ces dérives et l’usurpation de qualité dont il avait fait usage, et ceci malgré le soutien et la pétition d’une sympathisante québécoise, Monique Latrémouille.
47. D’abord sur fr.soc.divers et soc.culture.french, puis sur fr.soc.politique.
48. Notamment Frédéric Busschaert («Un autre probleme souleve par la diaspora juive est le fait qu’ils forment souvent dans les pays qu’ils habitent une sorte de cinquième colonne dont le but est de s’approprier le pouvoir de ces Etats», Frédéric Busschaert, <Frederic.Busschaert@ping.be>, «Re: Les Moonistes peuvent etre tres concrets (SIDA et preservatifs)», fr.soc.divers, 8 août 1995, Message-ID: <408hi1$cj2@ping1.ping.be>) et négationniste («Et les juifs me diriez vous? Il n’y a plus de place pour eux dans ce monde»; «Pour ce qui concerne le problème du révisionnisme et des chambres à gaz, j’aurais tendance à répondre comme Le Pen: C’est un détail. Tout simplement parce que la mort de 300.000, 1 million ou 6 millions de juifs pendant la 2e guerre mondiale ne m’intéresse pas beaucoup»; «De plus, je ne comprends pas pourquoi le concept de la chambre à gaz, pour autant qu’elles aient existé, suscite tellement d’horreur. C’est quand même une méthode propre et rapide pour donner la mort, et je ne pense pas qu’elle entraîne de grandes souffrances. Franchement, si je devais choisir entre mourir en juif en quelques minutes asphyxié par le gaz, ou bien mourir en allemand de faim et de froid sur le front de l’Est et sous les bombardements russes, je choisirais sûrement la première solution. En poussant ce raisonnement au bout on pourrait aller jusqu’à dire que les juifs étaient les privilégiés de la guerre, puisqu’ils avaient la chance de mourir dans des conditions de souffrance minimales.», Frédéric Busschaert, <Frederic.Busschaert@ping.be>, «Re: Haute parano III Re: Les Moonistes peuvent etre tres concrets (SIDA et preservatifs)», fr.soc.divers, 10 août 1995, Message-ID: <40c038$8rc@ping1.ping.be>), antisioniste prônant «l’élimination de l’état d’Israël», mais aussi Léon Jourdain (se déclarant ouvertement «profondément antisémite»).
49. Notamment «Jean-François Beaulieu» (nom réel ou pseudonyme), avec de nombreux textes («Il y a trois raisons principales à la croyance, largement répandue mais erronée, en la légende des millions de juifs tués par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale»), mais également Orest Slepokura; et de façon plus feutrée Monique Latrémouille.On remarquera cependant que ces noms ne sont que ceux publiés dans les articles, et qu’ils peuvent tout à fait n’être que des pseudonymes. Cette incertitude sera toujours de mise à propos des auteurs d’articles (postés sur les forums) cités plus bas. D’autre part, les articles postés sur les forums de discussion étant souvent remplis de coquilles, celles-ci seront corrigées, par souci de lisibilité dans les citations, sans que cela soit précisé à chaque fois.
50. Notamment Ole Kreiberg, nationaliste, négationniste et antisémite danois.
51. L’article 24bis de la loi sur la liberté de la presse de 1881, dite «Loi Gayssot», interdit l’expression publique des discours négationnistes. Voir Michel Troper, «La loi Gayssot et la constitution», Annales HSS, 54(6), novembre-décembre 1999. Voir également sur le web: http://www.phdn.org/negation/gayssot.html
52. Anonymizer, en anglais. L’année 1999 a connu une campagne de propagande de haine sans précédent sur le forum de discussion fr.soc.politique, de la part d’un intervenant anonyme utilisant des anonymiseurs. Les messages postés, principalement de la haine anti-maghrébins, étaient parfois de véritables appels au meurtres . On a pu lire souvent des choses comme: «FOUTONS CETTE RACAILLE MAGHREBINE DEHORS!» Ses contradicteurs ont eu la douloureuse surprise de voir leur identité usurpée dans des articles pédophiles postés, tant sur les forums de discussion que par courrier électronique, en leur nom, mais en réalité postés par l’anonyme.
53. "Frédéric HOR" <frederic.hor@libertysurf.fr>, «Re: La bévue de TF1: Sinclair,Field,Elkrief (réponse à sts99)», fr.soc.politique, 16 octobre 1999, Message-ID: <380898A9.82E04651@libertysurf.fr>.
54. "Frédéric HOR" <frederic.hor@libertysurf.fr>, «Re: Papon: pourquoi tant d’acharnement?», fr.soc.politique, 18 octobre 1999 Message-ID: <380AE4A6.35D55D4D@libertysurf.fr> .
55. "Frédéric HOR" <frederic.hor@libertysurf.fr>, «Re: Malcom X», fr.soc.politique, 30 octobre 1999 Message-ID: <381B03FF.4F777412@libertysurf.fr>.
56. "Frédéric HOR" <frederic.hor@libertysurf.fr>, «Re: la peine de mort? faites pas chier!», fr.soc.politique, 29 novembre 1999, Message-ID: <3842D7E5.CD4FBE7D@libertysurf.fr>.Il existe une articulation entre les discours anti-avortement et le négationnisme. Voir Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 516-518.
57. Les enfants Finaly avaient été confiés à Mlle Brun par leurs parents en 1944, avant leur arrestion et leur déportation dont ils ne revinrent pas. Après la guerre, Melle Brun les a fait baptiser et les a soustraits à leur famille pendant sept ans, alors que celle-ci les avait réclamés dès 1945. L’affaire finit de façon rocambolesque, les enfants étant passés en Espagne, à pied, avec l’aide de religieux catholiques. Grâce, entre autres, à l’aide de la hiérarchie catholique française, ils furent rendus à leur famille. Voir Jacob Kaplan, L’Affaire Finaly, 1993. Voir aussi André Kaspi, «L’affaire des enfants Finaly», L’Histoire, no 76, mars 1985.
58. Schtroumpf grognon <grognon@schtroumpf.net>, «Re: Re: Oradour sur Glane», fr.soc.histoire, 21 août 1999, Message-ID: <37BF08A5.EC3@schtroumpf.net>. «Schtroumpf grognon» est évidemment un pseudonyme.
60. «Prédominance de l’amalgame, de la désignation péjorative et du sarcasme». Simone Bonnafous et Pierre Fiala, «Présentation», Mots, no 58 mars 1999, «Argumentations d’extrême droite», p. 8. On se reportera aussi aux numéros 9 (octobre 1984) et 12 (mars 1986).
61. "JML" <jean-marie.lallau@wanadoo.fr>, «Les médiats occupés par les Fils et Filles (spirituels) des septembriseurs de 1944», fr.soc.politique, 23 octobre 1999, Message-ID: <01bf1d45$3448d300$5f9a8aa4@none.wanadoo.fr>.
62. Guillaume écrivait: «La Vieille Taupe adoptera désormais cette graphie […]. Elle invite tous ses amis à adopter fermement cette orthographe à la fois pour des raisons de francophonie, et pour signifier discrètement notre solidarité avec Bernard Notin contre les censeurs». Pierre Guillaume, «Médiat (sic)», La Vieille Taupe, no 1 printemps 1995, p. 136. Bernard Notin, enseignant d’économie à Lyon 3 et membre du conseil scientifique du Front National, avait commis en 1990 un article négationniste. Sur Pierre Guillaume et le groupuscule sectaire de l’ultra-gauche qui a basculé dans le négationnisme et l’antisémitisme, on se reportera à Nadine Fresco: «Parcours du ressentiment». Lignes, no 2, février 1988 (sur le web: http://www.anti-rev.org/textes/fresco88a/). On constate aujourd’hui que Pierre Guillaume, «établit depuis longtemps sa table de vente dans toutes les manifestations d’extrême droite, milieu dans lequel il finit par évoluer exclusivement». Voir Jean-Yves Camus et René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, Presses universitaires de Lyon, 1992, p. 84-85.
63. Au milieu des années 1980, l’attitude de certains politologues et historiens allemands, principalement Ernst Nolte, Andreas Hillgruber et Michael Stürmer, qui tenaient un discours relativiste sur le nazisme et le génocide, fut violemment critiquée par Jürgen Habermas. Des échanges acerbes, principalement dans la grande presse eurent lieu, qui furent baptisés de «querelle des historiens». A ce propos on se reportera à Ian Kershaw, Qu’est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d’interprétation, Folio histoire, nouvelle édition, 1997. On trouvera les principaux articles de ces échanges dans Devant l’histoire. Les documents de la controverse sur la singularité de l’extermination des Juifs par le régime nazi, Cerf, 1988. Nolte a depuis, basculé dans un négationnisme édulcoré (interview au JHR, correspondance avec la sœur de Faurisson et Faurisson lui-même, reprise de «l’argumentaire» négationniste, fourni par Faurisson, dans l’ouvrage commun avec François Furet, qui n’a rien relevé, dans Fascisme et Communisme, Plon, 1998, p. 87-95.
64. Eberhard Jaeckel «la misérable pratique de l’insinuation», Devant l’Histoire, op. cit., p. 95.
65. Léon Jourdain (qui se disait «ouvertement antisémite»), avait dénoncé l’«omnipuissance du Lobby Juif international».: leon.jourdain@skynet.be (leonjourdain) «POURQUOI LES JUIFS ONT-ILS SI PEUR D’UNE CRITIQUE HISTOIRQUE»(sic), fr.soc.divers ,15 juillet 1996, Message-ID: <31ea575a.0@news-feed.tfi.be>.
66. Robert.Etienne@wanadoo.fr (Robert ETIENNE), «Re: POURQUOI LES JUIFS ONT-ILS SI PEUR D’UNE CRITIQUE HISTOIRQUE»(sic), fr.soc.divers, 1er août 1996, Message-ID: <4tq05p$lk4@cyan.wanadoo.fr>.
67. Robert.Etienne@wanadoo.fr (R. Etienne), «Re: NEGA-TIONNISTES», fr.soc.politique, 8 juillet 1997, Message-ID: <33e3bfeb.11964316@news.wanadoo.fr>. Peu après, dans un autre article, la même personne écrirait un peu plus tard qu’elle avait «lu Rassinier il y a plus de 20 ans»: Robert.Etienne@wanadoo.fr (R. Etienne), «Re: Les nouvelles passerelles de l’extrême droite (1/2)», fr.soc.politique, 31 juillet 1997, Message-ID: <33f95899.7788126@news.wanadoo.fr>.
68. Robert.Etienne@wanadoo.fr (R. Etienne), «Re: FSP s’abaisse encore un peu plus», fr.soc.politique, 8 juillet 1997, Message-ID: <3ceb15f.8238968@news.wanadoo.fr>.
70. Voir Deborah Lipstadt, Denying The Holocaust, op. cit., p. 57. Voir également, sur le web: http://www.phdn.org/negation/rassinier/reparations.html
71. Sur Rassinier, on renverra une fois de plus aux textes, déjà cités, de Pierre Vidal-Naquet, notamment «Qui sont les assassins de la mémoire», dans Les assassins de la mémoire, op. cit., texte qu’on trouvera également sur le Web: http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet95a/. Sont devenues indispensables les biographies de Florent Brayard et Nadine Fresco: Florent Brayard, Comment l’idée vint à M. Rassinier, Naissance du révisionnisme, Fayard, 1996. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, Seuil, 1999. Pour quelques exemples des impostures de Rassinier, on se reportera, sur le web, à http://www.phdn.org/negation/rassinier/. La notice biographique de Rassinier, rédigée par Nadine Fresco dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, publié sous la direction de Jean Maitron, Les éditions Ouvrières, 1991. p. 394-395, est disponible sur le web: http://www.anti-rev.org/textes/Fresco91a/
72. Richard Harwood est un pseudonyme de Richard Verral, rédacteur en chef de Spearhead, organe du très britannique, très raciste, très antisémite et tout à fait néo-fasciste National Front. Il est l’auteur du classique négationniste Did six millions really die?, Historical Review Press, 1974. Affilié à plusieurs groupuscules de défense de la «pureté raciale», il a déclaré publiquement que le génocide faisait partie de l’ensemble de la propagande juive, que l’on vivait sous domination juive, etc. De surcroit il a menti sur ses affilations universitaires. Voir Deborah Lipstadt, op. cit., p. 104-107 et 110. Notons que, bien que les affirmations d’Harwood aient été réfutées formellement en 1979 (New Statesman, Nov, 2 1979, p. 670), ses écrits n’en continuent pas moins à être cités et reproduits par les négationnistes. Sur Harwood, voir aussi Robert Frank, «Les négationnistes britanniques», dans Relations Internationales, no 65, printemps 1991, p. 39-47. On renverra également à Roger Eatwell «The Holocaust Denial: a Study in Propaganda Technique», Neo-Fascism in Europe, Luciano Cheles, Ronnie ferguson, Michalina Vaughan (éditeurs), Longman, 1991.
73. Robert.Etienne@wanadoo.fr (R. Etienne), «Re: Le vrai visage fasciste du FN (Re: violences policieres a Nice le 25/05/97)», fr.soc.politique, 10 juillet 1997, Message-ID: <33c9e46e.13318983@news.wanadoo.fr>.
74. C’est «Robert Etienne» lui-même qui donnait en septembre 1997, suite aux demandes répétées d’un des auteurs, la source de son «information». Sur Rohling et les falsifications qu’il a commises sur le Talmud, voir Léon Poliakov, Histoire de l’antisémitisme, tome 2, l’âge de la science, Seuil, Points Histoire, 1981, p. 272-273. Edouard Drumont avait préfacé la première édition en français, en 1889, du pamphlet de Rohling. Voir Encyclopaedia Judaïca, Keter publishing house, Jerusalem, 1982, art. «Rohling».
75. Un publiciste inconnu, Theodore Newman Kaufman a publié à compte d’auteur, en 1941, un opuscule où il préconisait la stérilisation des Allemands. L’affaire Kaufman, son exploitation par Goebbels puis les néo-nazis et les négationnistes est traitée de façon complète par Wolfgang Benz, «Judenvernichtung aus Notwehr? Die Legenden um Theodore N. Kaufman», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 29, oktober 1981, p. 615-630. On en trouvera une version augmentée et mise à jour dans Wolfgang Benz, Rechtsextremismus in der Bundesrepublik, Ficher Taschenbuch Verlag, 1992. On trouvera également un traitement de l’affaire Kaufman, au travers de sa reprise par «Robert Etienne», sur le web à l’adresse suivante: http://www.phdn.org/antisem/kaufman.html. Pierre Vidal-Naquet, bien que ne connaissant apparemment pas l’article de Benz, relevait, en 1982, l’utilisation de Theodore Kaufman par les négationnistes. Voir Pierre Vidal-Naquet, «Thèses sur le révisionnisme», dans les Actes du Colloque de l’école des Hautes études en sciences sociales (1982), L’Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 503 et n. 50, p. 513. Ce texte a été repris dans une version complétée dans Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, op. cit. C’est cette dernière version qu’on citera désormais. Elle est également disponible sur le web à l’adresse suivante: http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet87b/
76. Avec, principalement, Stormfront, fondé par Don Black, ex dirigeant du Ku-Klux-Klan.
77. Sur Don Black, voir Poisoning the Web: Hatred Online, ADL, 1999, http://www.adl.org/frames/front_poisoning.html
78. Voir Robert Derumes, «Racisme: la bête rode sur Internet», Le Ligueur, 7 février 1996. http://www.euronet.be/altho/ligueur.htm
79. Pour Kenneth Stern, leur nombre se situait, début 1998, entre 600 et 800. Kenneth S. Stern, Hate on the Internet, ADL, 1999, chap 2. Voir: http://www.ajc.org/pre/internet2.htm. On peut considérer que ce nombre a aujourd’hui dépassé le millier.
80. La grande majorité des sites exhibant de l’antisémitisme, mais c’est vrai aussi pour les sites négationnistes, le font via l’idéologie «ZOG» (Zionist Occupation Government), qui n’est qu’une resucée modernisée des Protocoles des Sages de Sion. Dans le cadre du shéma «ZOG», les gouvernements sont secrètement contrôlés par les Juifs, pour lesquels l’immigration est une arme stratégique juive contre la race aryenne. Toutes les variantes sont imaginables… Voir notamment Tore Bjorgo, «Extreme Nationalism and Violent Discourses in Scandinavia: ’The Resistance’, ’Traitors’, and ’Foreign Invaders’», Terror from the Extreme Right, sous la direction de Tore Bjorgo, Frank Cass, 1995, p. 196-200 et p. 207-209. Le site de la National Alliance, important groupe néo-nazi américain propose des textes intitulés «les nouveaux protocoles», «pourquoi les Juifs veulent la guerre», et d’autres de la même eau.
81. C’est le cas du site de Nation of Europa, qui au milieu des habituelles ratiocinations ultra-nationalistes et racistes, propose une interview d’un négationniste, un texte intitulé «Auschwitz: a reevaluation» et des liens vers des sites web négationnistes. Le site Ostara (sic), principalement raciste et antisémite (nombreux textes sur les «meurtres rituels juifs»), propose une section négationniste, ainsi que des liens. Le même shéma se répète sur la plupart des sites web nationalistes et racistes.
82. Occident, le site de la jeunesse enracinée, hébergé aux USA.
83. Ce genre de propos a des relents fortement négationnistes, par sa «désémentisation» des mots et par ses origines. Voir Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 178 et 323.
84. Occident, le site de la jeunesse enracinée.
85. Pilier de la «nouvelle droite» et frontiste passé chez Mégret, Pierre Vial fonde son idéologie sur des concepts implicitement nazis: «un peuple et sa terre ne font qu’un, [qu’] un lien vital unit le sol et le sang» (Pierre Vial, «27 juillet 1214: Bouvines», National Hebdo, no 52, 21 septembre 1994, cité par Jacques Breitenstein, «Les étranges leçons d’histoire du professeur Vial», Mauvais temps, no 1, juin, 1998, p. 88)
86. Hébergeant Unité Radicale, «créé en 1998 par l’alliance du GUD, de Jeune Résistance et de l’Union des Cercles Résistance», elle-même «créée en septembre 1997 par d’anciens membres du mouvement nationaliste révolutionnaire, Nouvelle Résistance, qui avaient été rejoints par des cadres et militants d’autres mouvements nationalistes français».
87. Hébergé dès son ouverture par Voxtel, éditeur de serveurs Minitel rose, tels que Myss, Pulp, Rika ou Sevra, et récemment réinstallé aux états-Unis, chez Hiway Technologies. Pour un parti qui prône la moralité et s’oppose à l’américanisation…
88. Chez Flashback, en Suède. Le site du FN figure également sur la page de liens du site négationniste «Wilhelm Tell», parmi une longue liste de sites web négationnistes…
89. Pour citer les principales: le site d’Ernst Zündel, Le Codoh de Bradley Smith, Radio Islam d’Ahmed Rami, l’IHR de Mark Weber et Greg Raven, Le VHO de Germar Rudolf, l’Adelaide Institute de Frederik Töben, le site de Michael Hoffman II, les pages d’Arthur Butz, celles de Carlos Porter, celles de Raeto West, de John C. Ball, les Focal Point Publications de David Irving, les «Ukrainian Archives», l’«AAARGH» de Pierre Guillaume et Serge Thion.
90. La «Lettre Terre et Peuple» de décembre 1998, dont le contenu est disponible sur le site contient une longue interview de Garaudy.
91. Il faut remarquer que le négationnisme arabe, récemment illustré, en février 2000, par des déclarations d’officiels syriens (voir: http://www.nizkor.org/ftp.cgi/orgs/syrian/press/NY_Times.000131), et notamment le négationnisme égyptien, n’est pas une nouveauté. On peut en retrouver l’origine à l’époque, à la fin des années 1950, où Johann von Leers, ancien adjoint de Goebbels réfugié en Egypte et converti à l’Islam sous le nom d’Omar Amin, était le chef de la propagande antisémite de Nasser. Von Leers était au début des années 1960 en relation épistolaire avec le guru posthume de la secte négationniste, Rassinier. Sur ces points voir Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, Editions Ramsay, 1977, p. 450-454, et Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, Seuil, 1999, p. 45-50. Voir aussi, sur le web: http://www.phdn.org/negation/rassinier/leers.html
92. Après une existence de plus de deux ans, ce site semble avoir aujourd’hui disparu. Le soutien de la plus grande partie du monde arabo-musulman, du Maroc à la Syrie, voire l’Iran, à Garaudy, a été pour celui-ci une aubaine médiatico-financière qui a très largement compensé le montant de sa condamnation. Voir Esther Webman, «Rethinking the holocaust: an open debate in the arab world», Antisemitism Worldwide 1998/9, http://www.tau.ac.il:81/Anti-Semitism/asw98-9/webman.html.
93. Offrant les Chroniques des événements Survenus dans le Royaume de Frénésie sur l’affaire Garaudy, par un anonyme s’intitulant «un piéton de Paris», aux côtés de références vers des sites qui offraient Le Grand Secret du Docteur Gubler.En fait ces textes étaient parus dès 1996 dans une publication photocopiée, rédigée et éditée par Serge Thion, Global Patelin (cf. infra)
94. On pourra donc se reporter, en complément de ces lignes, aux ouvrages et articles déjà cités de Deborah Lipstatd, Pierre Vidal-Naquet et Nadine Fresco.
95. Né en Allemagne , Ernst Christof Friedrich Zündel émigre au Canada en 1958, où il est rapidement pris en main par le fasciste québécois Adrien Arcand, après quoi il évolue dans les milieux néo-nazis canadiens. Il commence son entreprise de publication de matériel nazi et négationniste en 1976. Voir Aurel Braun, Stephen Scheinberg, op. cit., p. 50. Sur Zûndel en général et ses procès en particulier, voir Manuel Prutschi, «The Zündel Affair», dans Alan Davies (ed), Antisemitism in Canada: History & Interpretation, Waterloo, Ontario: wilfried Laurier University Press, 1992, p. 249-277. Disponible sur le web: http://www.nizkor.org/hweb/people/p/prutschi-manuel/zundel-affair/. Voir également , Leonidas E. Hill, «The Trial of Ernst Zündel: Revisionism and the Law in Canada», Simon Wiesenthal Annual, vol. 6, 1990; sur le web: http://motlc.wiesenthal.com/resources/books/annual6/chap07.html
96. C’est un autre négationniste, Michael Hoffman II, qui rapporte que Dietz a rédigé une bonne partie de The Hitler we loved and why, généralement attribué au seul Friedrich Christof (ou Christhof), c’est-à-dire à Ernst Zündel. Voir Michael Hoffman II, The great holocaust trial, 1985, p. 72, cité dans Daniel Keren & Ken McVay (traduction Gilles Karmasyn), «Une réponse à la "Q&A" 62 par Nizkor», 66 Questions et réponses négationnistes réfutées par Nizkor, http://www.phdn.org/negation/66QER/
97. Patrice Chairoff, op. cit., p. 361 et 386. Chairoff ne fait pas le rapprochement entre Friedrich Christof et Ernst Zündel, mais l’identité de Friedrich Christof est aujourd’hui de notoriété publique.
98. Deborah Lipstadt, op. cit., p. 158.
99. Zündel fut condamné en 1985 pour la diffusion de matériel négationniste, en vertu d’une loi canadienne contre la propagation de fausses nouvelles, mais le jugement fut annulé pour des raisons de procédure. Zündel fut de nouveau jugé et condamné en 1988. Ce verdict fut cependant annulé, la cour suprême canadienne déclarant que la loi en vertu de laquelle Zündel avait été poursuivi était anticonstitutionnelle. Voir Manuel Prutschi, op. cit. et sur le web: http://www.nizkor.org/hweb/people/p/prutschi-manuel/zundel-affair/za-02.html
100. Sur Leuchter et son frauduleux «rapport», tissu d’inepties scientifiques habillant de vieilles lubies faurissonienness, voir Ken McVay, Le rapport Leuchteur, un FAQ, traduction Gilles Karmasyn, http://www.phdn.org/negation/leuchfaq.html. Voir aussi Shelly Shapiro (sous la direction de), Truth Prevails, Demolishing Holocaust Denial: the end of "The Leuchter report", The Beate Klarsfeld Foundation, New York, 1990. On sera surpris de voir que Valérie Igounet se laisse prendre par les intoxications négationnistes en écrivant de Leuchter qu’il est «le concepteur du système des chambres à gaz américaines» (Valérie Igounet, op. cit., p. 360 n. 50.). Il s’agit d’une contre-vérité propagée par les négationnistes mais réfutée depuis longtemps. C’est là une des rares critiques que l’on peut faire au travail, autrement précieux et imposant, de Valérie Igounet.
101. La version allemande du «rapport Leuchter», distribuée par un associé munichois de Zündel, est la publication négationniste la plus diffusée en Allemagne (Aurel Braun, Stephen Scheinberg, op. cit., p. 116).
102. Yvonne Schleiter, la sœur de Faurisson (voir note 6), a, avec son mari René, donné une interview à Zündel «sur l’état du révisionnisme en France». Il s’agit de la cassette no 345 en vente sur le site de Zündel.
103. Rand C. Lewis, The Neo-Nazis and German Unification, op. cit., n. 1 p. 92. Rand C. Lewis précise que le contenu particulièrement odieux de ces programmes incita nombre de stations à en interrompre la diffusion, mais que Zündel alla devant une cour fédérale afin d’imposer la diffusion de ses programmes sur les réseaux cablés.Sur les émissions télévisées de Zûndel, voir aussi Aurel Braun, Stephen Scheinberg, op. cit., p. 222-223.
104. Tom, Metzger, Segment of White Aryan Resistance answering machine message at 619-723-8996, dated March 31, 1996, recorded April 5, 1996, Nizkor: http://www.nizkor.org/ftp.cgi/people/m/metzger.tom/audio/war-960331-zundel-transcript
105. Revue négationniste qu’Henri Roques fit paraître au début de 1990 à 1992. Henri Roques, aujourd’hui proche du FN, est un vieux routier de l’extrême droite française et cotoyait Rassinier dans les années 1960. Voir Jean-Yves Camus et René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, op. cit., p. 96-97. Voir également Valérie Igounet, op. cit., p. 139-142. Voir aussi Peter Grosz, «Révision», dans CRIDA, Rapport 1996. Panorama des actes racistes et de l’extrémisme de droite en Europe, CRIDA, 1996, p. 183-184.
106. Voir note 40. Le directeur actuel de l’IHR, Mark Weber, est un ancien activiste de la National Alliance, un important groupe néo-nazi américain dirigé par William Pierce (Michael Shermer, Why people believe weird things, W. H. Freeman and Company, 1997, p. 193).
107. Y ont, entre autres, participé, Faurisson, dès 1979 puis à de nombreuses reprises, l’ancien SS Léon Degrelle, Arthur Butz, David Irving, Ernst Zündel, Fred Leuchter, Noam Chomsky, en 1985 pour un long exposé sur «la crise du Moyen-Orient et la menace de la guerre nucléaire» (René Monzat, Enqûetes sur la droite extrême, op. cit., p. 197), Henri Roques, l’ancien général Major Otto Ersnt Remer, l’ancien SS Thies Christofersen, Wilhelm Stäglich, Ditlieb Felderer, et bien d’autres (ibid.). Ces conférences sont le passage obligé des négationnistes de «renom». A l’heure de la rédaction de la présente étude, la prochaine conférence était prévue pour les 27-29 mai 2000. Faurisson est au programme. Faurisson est par ailleurs, depuis les premiers numéros, membre du comité de rédaction du Journal of Historical Review. Lors de la conférence de 1983, le néo-nazi britannique Keith Thomson déclara que «si, en fin de compte, l’holocauste a bien eu lieu, alors tant mieux!» . Cela fut accueilli par des tonnerres d’applaudissements (Poisoning the Web: Hatred Online, op. cit., http://www.adl.org/poisoning_web/ihr.html).
108. «Les animateurs de l’IHR insèrent donc leur activité négatrice dans un cadre politique précis. Ils dénoncent un complot ayant conduit les états-Unis à s’engager dans les deux guerres mondiales. Des groupes politiques dont certains animateurs de l’IHR sont membres, nomment les comploteurs: les financiers juifs, communistes, francs-maçons et anglophiles ayant mis le gouvernement américain sous tutelle» (René Monzat, Enqûetes sur la droite extrême, op. cit., p. 198).
109. Jeffrey Kaplan, «Right-Wing Violence in North America», Terror from the Extreme Right, sous la direction de Tore Bjorgo, Frank Cass, 1995, p. 69.
110. File Transfer Protocol: méthode de transfert de fichiers (informatiques) sur réseau informatique, notamment sur l’Internet.
111. Voir http://www.phdn.org/antisem/kaufman.html et note 75.
112. A ne surtout pas confondre avec Bradley F. Smith, historien américain auteur d’études sur la jeunesse d’Himmler et le procès de Nuremberg.
113. Bradley Smith cherche à se faire passer pour un «libertaire». Aucun travestissement ne rebute décidément les négationnistes… Il y eut dans les années 1970 un Bradley J. Smith qui publiait un bulletin nationaliste et mcCartyste, American Victory, diffusé par «Steppingstones publications», spécialisé dans les publications néo-fascistes et racistes (Patrice Chairoff, op. cit., p. 371; Ciaran O Maolain, op. cit., p. 408, 398). Steppingtones diffusait également des traductions de Rassinier.
114. Deborah Lipstadt, op. cit., p. 185. Certains articles de Prima Facie étaient réimprimés dans Spearhead, l’organe du parti d’extrême droite britannique, le National Front (ibid.).
115. Aujourd’hui directeur de l’IHR, Weber exprimait publiquement, en 1989, ses convictions racistes. Avec son engagement dans le négationnisme, il s’est peu à peu abstenu de renouveler de semblables déclarations (Deborah Lipstadt, op. cit., p. 186). Voir aussi note 106. Les liens de Mark Weber avec les néo-nazis allemands ont été démontrés en 1993 par le centre Simon Wiesenthal; voir http://www.nizkor.org/ftp.cgi/people/w/weber.mark/weber.swc
116. Deborah Lipstadt, op. cit., p. 183-208.
117. Deborah Lipstadt, op. cit., p. 185.
118. On retrouve ce narcissisme négationniste chez Zündel, Faurisson, Rami, Irving: tous auteurs de textes autobiographiques mettant en scène leurs «aventures intellectuelles», leurs «persécutions», etc. Souvent ces auto-panégyriques sont accompagnés de photographies. Tout cela est toujours d’une suffisance pathétique.
119. Voir Michael Shermer, op. cit., p. 233.
120. Ce genre de «défi» est une spécialité négationniste à but avant tout publicitaire. Le but étant de pouvoir affirmer «Personnne ne relève le gant; nous avons donc raison».. Le précurseur de ce genre de coup médiatique fut David Irving en 1977 (Michael Shermer, op. cit., p. 195). Il offrait alors $1000 à quiconque lui apporterait la preuve qu’Hitler avait ordonné l’extermination des Juifs. En 1980, l’IHR a offert $50 000 pour la preuve qu’un Juif avait été gazé. Le «défi» fut relevé par Mel Melmerstein, un ancien déporté d’Auschwitz. Mais l’IHR refusa, bien sûr, de payer. Melmerstein poursuivit l’IHR et obtint gain de cause. Voir Deborah Lipstadt, Denying the Holocaust, op. cit., p. 138-141. Voir aussi Peter Grosz, «Révision», op. cit., p. 191-192.
121. Voir Nizkor, John Ball’s $100,000 Challenge: where is John Ball?, http://www.nizkor.org/features/ball-challenge/.
122. Le parti pris d’Irving dans ses écrits des années 1960, très favorable à l’Allemagne, pour ne pas dire au nazisme et à Hitler, lui a ouvert bien des portes d’anciens nazis, SS, ou collaborateurs des sphères dirigeantes nazies. On lui a ouvert moult archives privées et accordé bien des entretiens, ce qui a contribué à enrichir son fond documentaire. Irving a d’ailleurs tendance à prendre pour argent comptant tout ce que les anciens nazis lui racontent (voir note 127). L’honnêteté et la compétence d’Irving peuvent être mesurées à l’aune du rôle versatile et peu glorieux qu’il joua, en Allemagne, à l’occasion de l’affaire des faux carnets d’Hitler. A ce propos, voir Robert Harris, Selling Hitler, the Story of the Hitler diaries, Faber and Faber limited, Londres, 1986. Voir, sur le web: http://www.nizkor.org/hweb/people/i/irving-david/reviews/harris-on-irving-01.html.
123. Toute la production d’Irving vise à charger les Alliés et à disculper d’abord Hitler, puis la hiérarchie nazie. Cela n’a rien de surprenant. Irving se décrivait en 1959 comme un «fasciste modéré» dans un article où s’étalaient racisme et antisémitisme . Voir Roni Stauber, From Revisionism to Holocaust Denial - David Irving as a Case Study, The Stephen Roth Institute for the study of anti-semitism and racism, 2000, http://www.tau.ac.il/Anti-Semitism/irving.html, n. 43. Au début des années 1980, il a même essayé de fonder son propre parti néo-fasciste (Deborah Lipstadt, op. cit., p. 161).
124. David Irving, Hitler’s War, Londres, 1977.
125. Que cela fut absolument contraire à la réalité a été magistralement démontré par Martin Broszat, «Hitler und die Genesis der "Endlösung". Aus Anlaß der Thesen von David Irving», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, no 4, vol. 25, oktober 1977, p. 737-775; trad. angl.: «Hitler and the Genesis of the “Final Solution”. An Assessment of David Irving’s Theses», dans Yad Vashem Studies, XIII, 1979, p. 73-125. Voir également Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Juillard, 1988, notamment p. 83-85.
126. Cette énormité mensongère a été également réfutée par Martin Broszat, «Hitler und die Genesis…», mais aussi par G. Sereny et L. Cherster, Sunday Times du 10 juillet 1977, cité par Pierre Vidal-Naquet, Pierre Vidal-Naquet, «Thèses sur le révisionnisme», Les assassins de la mémoire, op. cit., p. 209 n. 56 (voir note 75). Voir aussi les deux essais écrits par Eberhard Jäckel en 1977 et 1978 réunis en une brochure: Eberhard Jäckel, David Irving’s Hitler. A Faulty History Dissected, Ben-Simon Publications, 1993 (cette brochure est disponible sur le web: http://www.nizkor.org/hweb/people/i/irving-david/jackel/). Enfin on pourra aussi se reporter à Lucy S. Dawidowicz, The Holocaust and the historians, Harvard University Press, 1981, p. 35-38 (ce passage est disponible sur le web: http://www.nizkor.org/hweb/people/i/irving-david/dawidowicz/dawidowicz-on-irving.html).
127. Voir Roni Stauber, From Revisionism to Holocaust Denial - David Irving as a Case Study, The Stephen Roth Institute for the study of anti-semitism and racism, 2000, http://www.tau.ac.il/Anti-Semitism/irving.html. Pour une étude spécifiquement dédiée aux falsifications et aux manipulations de David Irving, voir le Rapport Evans, rapport d’expertise produit à l’occasion du procès Irving-Lipstadt. Ce rapport est téléchargeable à partir de la page web suivante: http://www.phdn.org/negation/rapportevans.html
128. Sur les rapports d’Irving avec l’extrême droite la plus radicale, voir Roni Stauber, op. cit., et surtout Hajo Funke, David irving, holocaust denial, and his connections to right-wing extremists and neo-national socialism (neo-nazism) in germany, 2000, http://www.nizkor.org/ftp.cgi/people/f/funke.hajo/irving-v-lipstadt/
129. On peut le voir en photo avec le gratin du négationnisme mondial (Faurisson, Graf, Mattoggno, Weber, Ball, Granata, Zündel…) sur la couverture du numéro de novembre-décembre 1995 du JHR. (Michael Shermer, op. cit., p. 192).
130. Voir note 100. Sur la «conversion» d’Irving, Roni Stauber, op. cit. Robert Frank a tort, en 1991, lorsqu’il écrit que David Irving «n’est en aucune manière négationniste». Robert Frank est tout simplement en retard sur l’«évolution» d’Irving. Voir Robert Frank, «Les négationnistes britanniques», dans Relations Internationales, no 65, printemps 1991, p. 45.
131. Robert Faurisson, écrits révisionnistes, op. cit., tome I, p. 455-466.
132. Voir, Philip Rubinstein, «"The Leuchter Report" in the United Kingdom», dans Truth Prevails, op. cit.
133. Voir le Rapport Evans, accessible depuis http://www.phdn.org/negation/rapportevans.html
134. Irving y glose notamment sur les procès qu’il intente à ses critiques. Le procès qui l’opposait à Deborah Lipstadt, qu’Irving poursuivait pour diffamation, s’est achevé le 11 avril 2000 en Grande Bretagne. Irving y consacre une bonne partie de son site web, s’apitoie sur son sort, demande de l’argent, crie au complot. Raeto West consacre une section importante de son site web au procès Irving, ainsi que d’autres sites web négationnistes. Dans ses conclusions devant la cour, Irving, qui se représentait seul, s’est enflammé au cours de son allocution, et, au lieu de s’adresser au juge en lui disant «Votre Honneur», il l’a affublé d’un sonore «Mein Führer!»…. Le jugement rendu le 11 avril innocente complètement Deborah Lipstadt des accusations de diffamation. Ce jugement est totalement dévastateur pour Irving qui est officiellement reconnu pour ce qu’il est, un apologiste d’Hitler et du IIIe Reich, un antisémite, un raciste, un falsificateur et un négationniste. Voir: http://www.courtservice.gov.uk/judgments/qb_irving.htm
135. Nuremberg ou la terre promise. Sur Bardèche, voir Ghislaine Desbuissons, «Maurice Bardèche écrivain et théoricien fasciste?», Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, janvier-mars 1990. Ghislaine Desbuissons, «Maurice Bardèche, un précurseur du "révisionnisme"», Relations internationales, no 65 printemps 1991, p. 23-37. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 37-60.
136. L’Historical Review Press recevait en 1981 des subventions d’une World Muslim League basée au Pakistan (Monzat, op. cit., p. 200). L’Historical Review Press est la maison d’édition du National Front, appartenant à Anthony Hancock (Peter Grosz, «Révision», op. cit., p. 188), au long passé de militant raciste et fasciste.
137. Eckart , un écrivain antisémite, joua un rôle important dans la formation idéologique d’Hitler. Son livre rapporte des conversations qu’il aurait eues avec Hitler. Voir François Delpla, Hitler, Grasset, 1999, p. 73-74.
138. Proche des ultra-racistes des Aryan Nations, Michael Hoffman II a participé à leur congrès en 1986 (Ciaran O Maolain, op. cit., p. 416). C’est un illuminé, adepte des théories de conspiration et d’OVNIs, et ayant fait de la prison pour attaque à main armée sur une pharmacie de Geneva, NY, pour vol de produits stupéfiants. En 1997, Hoffman rencontrait Yvonne Schleiter, la sœur de Faurisson. (voir note 6).
139. Voir Wilhelm Lasek et Peter Mayr, «La propagande "révisionniste" en Autriche. Organisations et publications néo-nazies», Revue d’Histoire de la Shoah, no 166, mai-août 1999, p. 114-118.
140. Vrij Historisch Onderzoek: fondation pour la libre recherche historique (sic).
141. Sur le VHO, ses origines et son personnel, voir Jos Vander Velpen, Les voilà qui arrivent. L’extrême droite et l’Europe, Epo/Reflex, 1993, p. 121-122. Les publications du VHO ne se réduisent pas aux tracts nazis et négationnistes. On y trouve aussi des cassettes vidéo pour «nazis sado-masochistes» comme Filles pour le bourreau, Frauenlager 5, etc. (Jean-Yves Camus, sous la direction de, Les extrémismes en Europe, état des lieux 1998, CERA/L’aube, 1998, p. 100) {Sur le VHO et les frères Verbeke, voir également le très précieux ouvrage de Hugo Gijsels, Le Vlaams Blok, Editions Luc Pire, 1993}. Remarquons encore que Faurisson a eu l’occasion de dire toute son admiration pour Siegfried Verbeke (Robert Faurisson, écrits révisionnistes, op. cit., tome IV, p. 1752).
142. Sur Reynouard, voir Valérie Igounet, op. cit., p. 561-563 et 565-569.
143. Germar Rudolf fréquentait, entre autres, les Republikaner de l’ancien SS Franz Shönuber. Rudolf a lui-même écrit qu’il était séduit par les thèses négationnistes avant même d’entreprendre son «expertise» (Germar Rudolf, Kardinalfragen zur Zeitgeschichte, Eine Sammlung kontroverser Stellungnahmen von Germar Rudolf alias Ernst Gauss zum herrschenden Zeitgeist in Wissenschaft, Politik, Justiz und Medien, Anvers, VHO, 1996).
144. Stephen Smith, Oufkir, un destin marocain, Calmann Lévy, p. 316.
145. «Il mêle des convictions panarabes et une ardente foi musulmane à un antisémitisme viscéral» (Stephen Smith, op. cit., p. 317).
146. Stephen Smith, op. cit., p. 318. En 1997, Ahmed Rami a répété, lors d’une interview à un magazine musical néo-nazi, Nordland, que, concernant les Juifs, Hitler était «le seul leader européen à avoir compris de quoi il s’agit» (Stephen Bruchfeld, «Suède», dans Extrémismes en Europe, CERA/éditions de l’Aube, 1997, p. 353-354.
147. L’Europe en chemise brune, Reflex, 1992, p. 133.
148. Sur Rami, voir Valérie Igounet, op. cit., p. 581-583.
149. Faurisson lui exprime «toute sa considération» de retour de son premier séjour, en mars 1992 (Robert Faurisson, écrits révisionnistes, op. cit., tome III, p. 1376. Faurisson lui rend de nouveau hommage en décembre (ibid., p. 1460).
150. A raison de 35 heures par semaine. En 1997, Rami y accusait les Juifs, et leurs descendants, de la responsabilité de la mort de Jésus et d’avoir incité Néron à tuer des Chrétiens (http://www.tau.ac.il:81/Anti-Semitism/asw97-8/sweden.html).
151. Gérard Panczer , «L’Internationale négationniste sur internet», Mauvais Temps no 4 avril 1999, p. 72.
152. Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d’Holocauste (sic).
153. Sur Pierre Guillaume, voir note 62.
154. Valérie Igounet, op. cit., p. 581.
155. Jürgen Graf, principal négationniste suisse, professeur de latin et de français, a été exclu de l’enseignement en 1993 pour avoir publié un opuscule xénophobe. Il a été condamné en Allemagne pour incitation à la violence, condamné en suisse, à 15 mois de prison ferme en 1998. Voir notamment Les extrémismes en Europe, état des lieux 1998, CERA, 1998, p. 369.
156. Créé par le norvégien Alfred Olsen, le site «Holywar» était hébergée sur le site même d’Ahmed Rami jusqu’en 1998.
157. «L’antisémitisme de Genet est un révisionnisme; son actualité est dans la remise en cause de la Shoah, son intemporalité dans le rejet du juif en dehors de l’histoire», écrivait Samuel Bumenfeld, «Le racisme de la lettre. Antisionisme et antisémitisme de Jean Genet: analyse critique d’Un Captif amoureux.», Pardès, no 6 1987, p. 122.
158. Le CEDADE est une officine espagnole nazie, c’est même «le plus riche des groupes nazis du monde». Voir René Monzat, op. cit., p. 199.
159. Le mensonge d’Ulysse, Ulysse trahi par les siens, Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles, L’Opération Vicaire, Le Drame des Juifs européens, Les responsables de la seconde guerre mondiale, mais aussi Le discours de la dernière chance.
160. Nuremberg ou la terre promise et Nuremberg II ou les Faux monnayeurs. Sur Bardèche, voir note 135.
161. Réponse à Jean-Claude Pressac.
162. Vérité historique ou vérité politique?, Une Allumette sur la banquise.
163. Non coupables au procès de Nuremberg.
164. Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, L’avenir: mode d’emploi, Le procès du sionisme.
165. La Police de la pensée contre le révisionisme.
167. La Thèse de Nantes et l’affaire Roques.
168. Tulle et Oradour, tragédie franco-allemande. Sur cet opuscule négationniste, voir René Monzat, op. cit., p. 193.
169. Le Massacre d’Oradour. Un demi-siècle de mise en scène. Dans ses remerciements, Reynouard mentionne M. et Mme Schleiter. Il s’agit du beau-frère et de la sœur de Faurisson (voir note 6).
170. Sur Mattogno, dont l’antisémitisme est d’inspiration véritablement nazie, voir René Monzat, op. cit., p. 185-188. En 1987 Pierre Vidal-Naquet rappelait de Mattogno qu’il était «un fasciste avoué […] dont les principaux ouvrages ont été publiés aux éditions de la Sentinella d’ltalia» (Pierre Vidal Naquet, «Thèses sur le révisionnisme», Les assassins de la mémoire, op. cit., p. 210 n. 64). Le catalogue de la Sentinella d’Italia était en effet très spécialisé: ouvrages négationnistes et nazis, apologies de la SS par Léon Degrelle, ouvrages antisémites et apologie de la LVF et de la division SS Charlemagne par Saint-Loup, ainsi que des ouvrages de Goebbels, Hitler, Mussolini, et des opuscules antisémites de Julius Evola (René Monzat, op. cit., p. 185). Mattogno a publié dans plusieurs revues de l’extrême droite italienne, dont Il Cadindoet Orion, et s’est rendu à au moins un congrès de l’IHR, en 1989 (Guido Caldiron, «Liaisons romaines», op. cit., p. 182). Il a publié en 1987, dans le no 1 des Annales d’histoire révisionniste de Pierre Guillaume, un texte intitulé «Le mythe de l’extermination des Juifs». En page 108, on pouvait lire la mention: «traducteur: Jean Plantin»…
171. Auschwitz ou le Grand Alibi, De l’exploitation dans les camps à l’exploitation des camps, Intolérable intolérance. Sur ces textes, voir Valérie Igounet, op. cit., p. 181-198.
172. De la misère intellectuelle en milieu universitaire, Sionisme, révisionnisme et démocratie..
173. La question juive et la réponse d’un orthodoxe des années trente par Nae Ionesco.
174. Carlo Mattogno, «Le mythe de l’extermination des Juifs», Annales d’histoire révisionniste, no 1, 1987.
175. Pour ce qui est de la réalité, à savoir que Rassinier fut un imposteur et un falsificateur, voir note 71.
176. Voir Valérie Igounet, op. cit., p. 478. Pierre Guillaume a été condamné pour cet appel au meurtre.
177. La correction même apportée par Guillaume semble impropre. Mais on aura compris le sens du «rattrapage»…
178. Thion est «le plus infâme, le plus pervers parce que le plus intelligent, des négateurs des chambres à gaz hitlériennes» (Pierre Vidal-Naquet, Mémoires, tome 2, le trouble et la lumière 1955-1998, Seuil/La Découverte, p. 194). La lecture régulière que nous avons effectuée de la production négationniste de Serge Thion nous porte à croire que Pierre Vidal-Naquet s’est montré quelque peu généreux. Sur l’engagement négationniste de Serge Thion, voir Didier Daeninckx, Le négationniste habite au CNRS, http://www.amnistia.net/news/enquetes/thion/thion.htm
179. Serge Thion est en effet sociologue chargé de recherche au CNRS. C’est un spécialiste de l’Asie du sud-est. Il n’a rien produit depuis au moins deux ans.
180. Ainsi, Une allumette sur la banquise, série de textes négationnistes principalement orientés contre Pierre Vidal-Naquet. Ainsi les deux feuilles photocopiées, La Gazette du Golfe et des banlieues et Global Patelin. Dans le numéro 8 de novembre 1993, Serge Thion publiait un texte négationniste, «Histoire de la Nuit et du brouillard» (La Gazette du Golfe et des banlieues, no 8 novembre 1993, p. 5-13).
181. Pour celles que nous avons consultées: La Gazette du Golfe et des banlieues, no 8 novembre 1993; no 9 mars 1995; no 10, novembre 1995. Revue d’histoire non conformiste, no 2, avril 1994, p. 265 (il s’agit d’une revue d’extrême droite de André Chelain, diffusée par Ogmios). Global Patelin, no 3, 10 janvier 1996; no 4, 4 mars 1996; no 5, 18 juin 1996; no 6, 14 juillet 1996. L’autre Histoire, no 3 octobre 1995, p. 11 (autre revue d’André Chelain).
182. Voir par exemple, Serge Thion <thion@MSH-PARIS.FR>, «CAMBODIA GEN CONTR FILE 1/20», bit.listserv.seasia-l, 20 novembre 1995, Message-ID: <v01510100acd5f74abc12@[193.51.124.1]>.
183. La Gazette du Golfe et des banlieues, no 10, novembre 1995, p. 37. Serge Thion proposait, entre autres, un index de textes révisionnistes, des textes sur l’affaire Faurisson, la Revue d’histoire révisionniste («Cette revue qui ne paraît plus a comporté six numéros. Ils existent sur disquette»), The Cambodian Genocide Program Controversy…
184. La Gazette du Golfe et des banlieues, no 10, novembre 1995, p. 36. Dans ce même numéro étaient publiés le texte du négationniste Carlos Porter, Non coupable à Nuremberg, ainsi qu’une rubrique d’actualités qu’on retrouve sur l’aaargh: Les Echos Radar (rubrique déjà présente dans le numéro 8).
185. Global Patelin. no 3 10 janvier 1996. On lit sur la première page: «Lettre d’information rédigée à partir d’éléments tirés d’internet. […] All Correspondance to: thion@msh-paris.fr», et sur la dernière: «L’adhésion à l’association "Le Temps irréparable" court sur l’année 1996. Elle vaut un abonnement soit à la "Gazette du Golfe et des banlieues" […] soit à "Global Patelin".» Le chèque devant être rédigé «provisoirement à l’ordre de Serge Thion». L’adresse d’envoi du chèque: «Le Temps irréparable, 1, Aubray, 91780 Chalô Saint Mars», soit l’adresse personnelle de Serge Thion. Une dernière précision était apportée: «Conception, édition, réalisation: Serge Thion». En page 8, Serge Thion donnait un extrait et l’adresse du site web d’Ernst Zündel.
186. Serge Thion, CNRS Paris" <thion@MSH-PARIS.FR>, «Re: CIA sub-marines», bit.listserv.seasia-l, 13 mars 1996, Message-ID: <v01510103ad6c1bcd00fa@[193.51.124.2]> et "Serge Thion, CNRS Paris" <thion@MSH-PARIS.FR>, «Re: Why Were we in Vietnam», bit.listserv.seasia-l, 6 avril 1996, Message-ID: <v01510108ad8a577529d6@[194.158.98.147]>. Dans le premier Serge Thion écrivait: «La Vieille Taupe has demonstrated that the figure of six million Jewish victims at the hands of the Nazis was unlikely and that the gas chambers, the instrument of an alleged industry of death, are rumors which cannot be established as facts» et dans le second, il évoquait «the alleged Nazi gas chambers».
187. L’adresse e-mail de Serge Thion y est d’abord tempus@speedy.grolier.fr puis tempus@club-internet.fr. On pouvait, à l’heure de la rédaction de cet article vérifier sur l’annuaire d’adresses email de Yahoo (http://fr.people.yahoo.com/) que Serge Thion était bien propriétaire de ces adresses e-mail. Voir: http://fr.people.yahoo.com/py/psSearch.py?FirstName=Serge&LastName=Thion&srch=bas
188. Sur la liste de discussion même où il avait envoyé les deux articles négationnistes depuis son adresse professionnelle, bit.listserv.seasia-L.
189. Global Patelin no 4, 4 mai 1996. On lit en première page les mêmes mentions que sur le no 3 (voir note 185), à ceci près: «All correspondance to tempus@club-internet.fr». Dans ce même numéro, p. 8-9, est publié un «communiqué de la Vieille Taupe». On retrouve la mention de la nouvelle adresse électronique de Thion dans les numéros 5 et 6 de Global Patelin.
190. Global Patelin no 4, 4 mai 1996, p. 2.
191. Le 19 novembre 1996 sur la liste de discussion H-Holocaust, texte intitulé «How many millions more». Ce texte, envoyé depuis tempus@club-internet.fr était signé «LE TEMPS IRREPARABLE, Paris <tempus@club-internet.fr>. On pouvait le lire à l’adresse suivante: http://www.h-net.msu.edu/logs/showlog.cgi?ent=0&file=h-holocaust.log9611d/16&list=h-holocaust
192. Certitude acquise par l’examen des paramètres techniques associés à ces courriers électroniques. Ils sont une preuve supplémentaire que l’aaargh est bien incarné par Serge Thion - Le Temps irrréparable.
193. Bulletin de la Vieille Taupe no 3, du printemps 1996, site web de l’aaargh.
194. Condamnation confirmée en appel en juin 2000. Sur l’affaire Plantin, voir le dossier du Cercle Marc Bloch, sur le web, http://www.multimania.com/cmbloch/rpplant.html. [maj-2008: Sur l’affaire Plantin il est désormais indispensable de lire le Rapport de la Commission sur le racisme et le négationnisme à l’université Jean-Moulin Lyon III, rédigé par l’historien Henry Rousso en 2004. Il complète largement, précise et modère certains aspects polémiques du dossier du Cercle Marc Bloch. Il s’agit d’une mise en perspective indispensable. On peut s’en procurer une version publiée en librairie, Le Dossier Lyon III, Paris, Fayard, 2004.]
195. Carlo Mattogno, «Le mythe de l’extermination des Juifs», Annales d’histoire révisionniste, no 1, 1987, p. 108: «traducteur: Jean Plantin». Gilles Karmasyn l’avait signalé dès février 1999, dans un article publié sur le forum de discussion fr.soc.politique [maj-2008: Gilles Karmasyn, «Les impasses d’une chercheuse: c.q.f.d.», 22 février 1999, fr.soc.politique, Message-ID: <gilkarm-2202992048450001@wn16-045.paris.worldnet.fr>]. Les médias sont maintenant au fait ; voir http://www.amnistia.net/news/enquetes/negauniv/plantin/plantin.htm.
196. Principalement continentaux, la majeure partie des pays européens étant dotés de législations réprimant l’expression des discours négationnistes. Ce n’est pas le cas de la Grande-Bretagne.
197. www.yahoo.com, uk.yahoo.com, de.yahoo.com , www.yahoo.fr
199. www.yahoo.fr, www.voila.fr, www.nomade.fr, www.ecila.fr, www.lycos.fr, www.lokace.fr
200. La situation varie selon les moteurs. La liste des annuaires et moteurs de recherche se trouve sur le site http://www.abondance.com/
201. Les premiers moteurs de recherche présentaient les résultats par ordre alphabétique.
202. Pour une rétrospective des affaires relatives à Internet et des problèmes posés par la législation actuelle, voir l’article de Lionel Thoumyre, «Le droit à l’épreuve du réseau», Netsurf, no 36, mars 1999. Sur le web: http://www.juriscom.net//espace1/epreuve.htm. On trouvera la jurisprudence sur les contenus illicites à l’adresse suivante: http://www.juriscom.net//jurisfr/contillicite.htm
203. David Sitman, «hate on the internet: a cause for concern?», Antisemitism Worldwide 1998/9, http://www.tau.ac.il/Anti-Semitism/asw98-9/sitman.html
205. Louise Berstein, «L’extrême droite sur internet», op. cit., p. 228.
206. Voir note 202. On notera toutefois qu’il ne fait guère de doute que Faurisson fournit ses textes à divers sites web par l’intermédiaire de sa sœur, Yvonne Schleiter. Il semble que la justice ne s’en soit pas encore aperçue…
207. The Parliament of the Commonwealth of Australia, Broadcasting services amendment (Online Services) Bill 1999, 1999. Voir: http://www.richardalston.dcita.gov.au/regulation.html et http://www.aph.gov.au/parlinfo/billsnet/9907720.doc
208. Il ne s’agit pas tant, pour ces produits, de «deviner» le caractère du contenu des sites web, que de vérifier que le site web accédé fait partie ou non d’une liste pré-établie, qui répertorie les sites pornographiques, par exemple.
209. Jean-François Forges, éduquer contre Auschwitz, ESP, 1997. On ne lira pas cet ouvrage sans le compléter par celui de Georges Bensoussan, Auschwitz en héritage? D’un bon usage de la mémoire, Mille et une Nuits, 1998. Georges Bensoussan écrit ceci qui est fondamental: «Les bonnes intentions pédagogiques peuvent verser dans la banalisation qu’elles prétendent éviter» (op. cit., p. 128).
210. Dominique Borne, «L’enseignement de la Shoah à l’école», Les cahiers de la Shoah, no 1 1993-1994; sur le web: http://www.anti-rev.org/textes/Borne94a/. Signalons également le site web de David Natanson sur l’histoire de la Shoah et la pédagogie: http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/index2.htm
211. Selon l’expression de Bernard Comte, Le Génocide nazi et les négationnistes, intervention prononcée par Bernard Comte à Villeurbanne le 30 mai 1990. Sur le web: http://www.phdn.org/negation/Comte90/
212. http://www.anti-rev.org/serveurs/. Signalons également la page de liens sur site web du CDJC: http://www.memorial-cdjc.org /links.htm, ainsi que la page «pour garder la mémoire» de David Natanson: http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/garder.htm
213. http://motlc.wiesenthal.com/resources/books/
214. http://www.yad-vashem.org.il/holocaust/documents/.
215. http://www.memorial-cdjc.org/
217. http://www.cie.fr/urdf/ (version archivée)
218. http://www.cie.fr/urdf/fr_tele.htm
219. http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps/indexFr.html
220. http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/index2.htm
222. http://www.orbital.fr/dletouzey/cercle/aphgce.htm/
(désormais http://www.cercleshoah.org/)223. Michael Marrus, L’Holocauste dans l’histoire, éditions Eshel, 1990 (réed. Flammarion, coll. Champs, 1994), p. 8.
225. http://www.amnistia.net/news/articles/plusnews/dossnega.htm
226. http://www.phdn.org/
227. Le créationnisme refuse les théories de l’évolution et considère que l’univers a été créé il y a quelques milliers d’années. Les similitudes de méthodes et de fanatisme entre créationnisme et négationnisme sont nombreuses. Il existe même aux états-Unis un ICR, l’Institude for Creation Research… Sur une lecture chrétienne du phénomène créationniste, voir Jacques Arnould, Les créationnistes, Cerf/Fides, 1996.
228. Conférence donnée à Caltech en 1985, cité par Michael Shermer, Why People Believe Weird Things, W. H. Freeman and Company, New York, 1997, p. 153. On trouvera dans cet ouvrage un chapitre sur le créationnisme ainsi qu’un autre chapitre sur le négationnisme.
229. L’avenir d’une négation, Ed. du Seuil, 1982
230. Pierre Vidal-Naquet, «De Faurisson et de Chomsky», Les assassins de la mémoire, op. cit., p. 93. Sur le web: http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet81a/
231. Roger Eatwell «The Holocaust Denial: a Study in Propaganda Technique», Neo-Fascism in Europe, Luciano Cheles, Ronnie ferguson, Michalina Vaughan (éditeurs), Longman, 1991, p. 123.
233. http://www.holocaust-history.org/
234. http://www.reptiles.org/~madrev/The-Mad-Revisionist.htm
235. «Pratique de l’histoire et dévoiements négationnistes» de Gilles Karmasyn: http://www.phdn.org/
236. à partir de juillet 2000, un négationniste postant sous la fausse indentité de «Juergen Graf» a entrepris d’envoyer, par petits morceaux, sur le forum de discussion fr.soc.politique l’intégralité de l’ouvrage de Jürgen Graf, recopié sur le site de l’aaargh. Le même individu a entrepris d’envoyer, également par morceaux, l’ouvrage proto-négationniste de Maurice Bardèche, Nuremberg ou la terre promise (voir note 135).