1. Robert S. Wistrich, Who’s Who in Nazi Germany, Routledge, 1995, p. 152. 2. Pierre Péan, L’extrémiste, le livre de poche, 1996, p. 239. Péan rapporte que Genoud considérait von Leers comme un «obsédé antijuif». Que l’admirateur d’Hitler et exécuteur testamentaire de Goebbels qu’était Genoud, ami de tout ce que l’Europe et le moyen-orient comptait de militants antisémites, considérât von Leers comme un «obsédé» en dit long sur le degré de fanatisme que ce dernier avait atteint. 2. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, Editions Ramsay, 1977, p. 450. 4. Roger Faligot, Remi Kaufer, Le croissant et la croix gammée, Albin Michel, 1990, p. 46. 5. Johann von Leers, Die Verbrechernature der Juden, Berlin, 1944 cité par C. C. Aronsfeld, «Perish Juda, extermination propaganda 1920-1945», Patterns of Prejudice, vol. 12, no 5, sept-oct 1978, p. 24. Voir aussi Norman Cohn, Histoire d’un mythe: Les Protocoles des sages de Sion, folio histoire, 1992, p. 205; 1ère éd. 1967 6. cité par Lionel Grossman dans Willem Otterspeer, «Huizinga before the Abyss: The von Leers Incident at the University of Leiden, April 1933», Journal of Medieval and Early Modern Studies 27:3, Fall 1997. 7. Cité par Dr. Louis L. Snyder, Encyclopedia of the Third Reich, Blandford, 1976, p. 207. 8. Cité par Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 450. 9. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 374. 10. Deborah Lipstadt, Denying the Holocaust, Macmillan, 1993, p. 66. 11. Bernard Lewis, Sémites et antisémites, Presse Pocket, 1991, p. 268. 12. Philip Rees, Biographical Dictionnary of the extreme right since 1890, Harvester Wheatsheaf, 1990, p. 227. 13. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 450-451. 14. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 451. 15. Sur cette édition, voir Yehoshaphat Harkabi, «Les Protocoles dans l’antisémitisme arabe», dans Pierre-André Taguieff (sous la direction de), Les Prococoles des sages de Sion, Berg International, 1992, vol. II, p. 329-332. 16. Yehoshaphat Harkabi, «Les Protocoles dans l’antisémitisme arabe»,op. cit., p. 336. 17. cité par Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 454. 18. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, op. cit., p. 454. 19. Cité par Bernard Lewis, Sémites et antisémites, op. cit., p. 210. 20. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, Seuil, 1999, p. 47. 21. Sur les emprunts de Rassinier à der Weg, voir Florent Brayard, op. cit., p. 309-311. 22. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 48. 23. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 48. 24. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 49. 25. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 49-50. 26. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 50. 27. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 51. 28. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, op. cit., p. 45.

Les amis de Rassinier

Johann von Leers


Collaborateur de Nation Europa, proche relation de Karl-Heinz Priester, entrenenant de cordiales relations épistolaires avec Bardèche, voici encore un collaborateur de Goebbels: Johann von Leers, «un des propagandistes antisémites les plus prolifiques et les plus vicieux de l’Allemagne nazie1», devant lequel même François Genoud, pourtant peu regardant en matière de nazis, faisait la fine bouche2.

Membre du parti nazi et de la SS (avec le grade de Sturmbannführer), Johann von Leers était sous le IIIe Reich, en tant que collaborateur de Goebbels, chargé principalement de la propagande antisémite, dans laquelle il «excellait». Il avait été le protégé de l’idéologue nazi Alfred Rosenberg3.

Dès avant la guerre, il avait préconisé l’extermination physique des Juifs4. En 1933 il publiait un ouvrage avec des photos de juifs connus (dont Einstein) avec la légende «pas encore pendu». Pendant la guerre il n’a cessé de vociférer des imprécations antisémites appelant à l’extermination des Juifs. En 1943, il pouvait écrire dans plusieurs journaux allemands «nous exterminons les Juifs en Europe» et justifier la nécessité de cette «élimination totale» par des accusations antisémites délirantes. En 1944, il publiait un ouvrage intitulé La nature criminelle des Juifs, où il décrivait les Juifs comme «héréditairement criminels», «représentant le principe de l’anti-Dieu, du Satanisme en action». En conséquence de quoi, l’extermination des Juifs était une nécessité5. Dans le même ouvrage, von Leers attribuait l’assassinat de Lincoln à un complot juif6

Von Leers est demeuré un fanatique antisémite qui écrivait après la guerre:

«[…] ce que j’aimais chez Hitler, c’est qu’il a combattu les Juifs et qu’il en a tué tellement…7»

Les différentes spécialités de Johann von Leers étaient les Protocoles des sages de Sion (ce faux tsariste censé révéler le complot Juif de domination mondiale), les accusations de meurtres rituels, et la dénonciation des influences «occultes» des Juifs sur les gouvernements de Roosevelt, Staline, etc.

Leers qui avait été détenu 18 mois après la guerre avant de fuir en Amérique du Sud, parlait de «ces longs mois où la fine fleur du national-socialisme était à la merci des nègres et des pourceaux hébraïques derrière les barbelés8».

Entre 1950 et 1955, von Leers se réfugia en Argentine où il dirigea la revue nazie Der Weg, fondée par Eberhard Fritsch. De là il continuait son œuvre de propagande. C’est lui qui manipulait James H. Madole et Mana Truhill qui fondèrent en 1953 le premier parti nazi américain d’après-guerre, le «National Renaissance Party». Dans une lettre datée de 1954, Leers leur écrivait: «… le mot juifs ne doit pas être utilisé dans les réunions publiques mais la propagande et l’action doivent être antijuifs… ». Le «National Renaissance Party» recruta quelques centaines de fanatiques et s’illustra par des des attentats et des actes terroristes9. Il ne fait guère de doutes que les envolées négationnistes de Madole, dès 195910 étaient pilotées par von Leers.

Après son passage en Argentine, von Leers se réfugia en Egypte. Il fut accueilli au Caire par le l’ancien mufti Amin al-Husseini en personne, allié aux nazis pendant la guerre, qui déclara dans son discours de bienvenue:

«Nous vous remercions d’être venu jusqu’ici reprendre le combat contre les puissances des ténèbres incarnées par la juiverie mondiale11»

Von Leers organisa donc au Caire pour le compte de Nasser, dans les années 50 et 60, la propagande antisémite égyptienne sous son nouveau nom de converti à l’Islam: Omar Amin. L’Egypte et la Syrie furent, et parfois sont encore, des refuges pour d’anciens nazis de haut rang qui n’ont fait que continuer pour Nasser ou Assad leur ancien «travail». En Egypte, «Omar Amin von Leers», comme il aimait à signer, devint un ami proche de l’ancien Mufti de Jérusalem, Muhamad Hadj Amîn al-Husaynî12. Patrice Chairoff complète:

«von Leers avait tissé à partir de la capitale égyptienne une toile sur le monde entier. Véritable homme orchestre du nazisme renaissant, Johannes von Leers occupa de très nombreux postes officiels dans les administrations de la RAU. Responsable national du “Service de propagande antisioniste”, chef de la section “Etranger” de la très officielle “Direction nationale de l’information” (de fait, le ministère de la Propagande), il dirigeait en outre les émissions sur ondes courtes de “La voix des Arabes”. Dans les programmes quotidiens à destination de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de l’Afrique, von Leers détaillait les thèses antisémites chères au IIIe Reich. Tout lui était bon pour attiser la haine, même les provocations les plus grossières comme le trop fameux “meurtre rituel juif” sur la personne de jeunes enfants chrétiens13»

Von Leers s’était particulièrement «bien» entouré. Le nazi suisse, Georges Oltramare, Daniel Perret-Gentil, ancien SS condamné à mort par contumace en France en 1948, Per Anderson, spécialiste de la propagande antisémite pendant la guerre et imprimeur de l’édition arabe de Mein Kampf, qui connut un énorme succès. «La traduction avait été effectuée par un autre membre de l’équipe de von Leers, Louis El Hadj, de son vrai nom Louis Heiden, ancien collaborateur de l’agence de propagande antijuive Weltdienst [celle-là même qui rémunérait Henry Coston avant la guerre!] et membre élevé de la SS dans l’office central de sécurité du Reich (RSHA)14». C’est très probablement l’équipe réunie par Johann von Leers qui fait paraître au Caire en 1957, via les Services d’information de la RAU, une édition complète en arabe des Protocoles des sages de Sion, munie d’une préface d’inspiration clairement nazie15. Ce n’est certainement pas un hasard si Nasser, faisaient ouvertement et personnellement la promotion des Protocoles en 195816.

On s’arrête là. On ne citera pas ces spécialistes que von Leers mit au service de Nasser pour gérer des camps de concentration…

Par contre on notera qu’en 1961, le ministère de l’information publiait une bochure intitulée Eichmann dans le miroir d’Israël, où l’on pouvait lire:

«… le gouvernement ouest-allemand, s’il suit les thèses de Ben Gourion continuera à indemniser non les Juifs en tant qu’individus, mais Israël pour les prétendus six millions de victimes d’Hitler…17»

Chairoff rappelle en outre que:

«De même, le ministre Zulfikar Sabri a pu déclarer le 2 mai 1962 devant l’Assemblée nationale égyptienne: “… les nazis n’ont exterminé ni six millions de Juifs ni même un million. Hitler permettait aux Juifs d’émigrer moyennant le versement d’une certaine somme. Quant aux Juifs pauvres, il les réunissait dans des camps afin de pouvoir négocier avec les représentants du sionisme et obtenir les fonds et le matériel nécessaires dont il avait besoin pour soutenir l’effort de guerre…”18»

Les thèses négationnistes de Rassinier-von Leers furent reprises par Nasser lui-même. Le 1er mai 1964, dans une interview à l’hebdomadaire allemand d’extrême-droite, Deutsche-Nationalzeitung, après avoir précisé que «pendant la guerre notre sympathie allait aux Allemands» Nasser déclarait:

«Personne ne prend au sérieux le mensonge des six millions de Juifs assassinés»19

Sous l’influence de von Leers, un négationnisme d’état était pratiqué par le régime de Nasser, par Nasser lui-même dans les années 1960, dès les années 1960. Et c’est ce Johann von Leers là avec lequel Rassinier échangait une correspondance cordiale, ce von Leers là qui proposait à Rassinier de l’éditer en égypte. Rassinier faisait suivre à Bardèche sa correspondance avec von Leers, lorsqu’il le jugeait nécessaire20.

On ne sera pas surpris de constater que Rassinier cite à plusieurs reprises dans ses ouvrages la revue nazie publiée à Buenos Aires, der Weg, créee par Eberhard Fritsch et dirigée un moment par von Leers lors de son séjour en Argentine, avant qu’il rejoigne l’Egypte.

Et Rassinier de discuter des Juifs et du génocide avec ce von Leers là, un des plus proches collaborateurs de Goebbels, un des plus virulents antisémites du IIIe Reich, qui avait préconisé l’extermination des Juifs, un nazi qui continuait sa propagande antisémite, mais cette fois au service de Nasser, et inspirait au régime de ce dernier un négationnisme d’état.

Et puis quoi d’étonnant que Rassinier soit entré en contact avec von Leers alors qu’il l’était avec Bardèche? Car c’est bien la revue de Bardèche, Défense de l’Occident qui avait publié en 1954 de larges extraits d’un article bourré d’ignominies négationnistes de Der Weg, dont Rassinier a très vraisemblablement eut vent et récupéré la substance sans citer sa source21.
 

Extraits de la correspondance Barchèche-Rassinier-von Leers:

Rassinier à Bardèche, le 25 janvier 1963:

«von Leers a écrit qu’il voulait me chercher un éditeur en Allemagne, se disant d’autre part sûr d’en trouver un. Il est en train en égypte de metttre au point une édition gouvernementale de propagande au Moyen-Orient. […] A sa proposition pour l’Allemagne, j’ai sans doute eu tort de répondre que Mme Priester était sur l’affaire22»

Von Leers à Bardèche (sans date)

«C’est bien dommage que je n’ai pas encore reçu un mot de M. Rassinier sur Kogon. […] Le dossier sur lui sera de grande importance et en me l’envoyant, vous contribuerez beaucoup à la victoire de la bonne cause dans la lutte contre les escrocs juifs qui infestent la vie publique en Europe.23»

Bardèche à Rassinier:

«Je vous retourne ci-joint la lettre de von Leers ainsi que la note que vous y aviez jointe. […] La question posée par von Leers au sujet de son propre livre est beaucoup plus délicate. […] Il faudrait donc envisager un transport clandestin des mille exemplaires ce qui me paraît très difficile24»

von Leers à Rassinier, 1er septembre 1964:

«Cher Professeur, Aujourd’hui je me félicite d’avoir trouvé une bonne solution pour le problème d’une édition de votre excellent livre Le Drame des Juifs européens. La grande maison National Publications Printing House ici au Caire, sous le contrôle du Département d’Informations, va se charger avec plaisir de faire une telle traduction et de la publier [suit une référence aux honoraires “mérités” de Rassinier]25»

von Leers à Rassinier, 28 novembre 1964:

«J’ai reçu l’ordre, par le département d’Information ici, de faire un résumé de votre excellent livre Le Drame des Juifs européens en anglais. […] Ci joint je vous envoie une découpe que j’ai reçue d’Allemagne et qui se réferre à votre lutte contre le cochon puant Bernard Lecache, qui a bien raison de cacher son nom parce qu’il est le juif Lifschitz26»

Rassinier avait en effet porté plainte contre Bernard Lecache qui avait osé déclarer que Rassinier était un agent de l’internationale nazie. Le 26 octobre 1964, Bernard Lecache était relaxé et Rassinier, absent condamné aux dépens27.

L’Union internationale de la Résistance et de la Déportation écrivait en 1964:

«Derrière tous les contacts et les amis de Rassinier, on retrouve constamment l’ex-adjoint de Goebbels, aujourd’hui conseiller au Caire pour la propagande antisémite28»

Elle avait bien raison. Les dénégations de Rassinier ne sont que pierres supplémentaires dans son jardin d’impostures.

Compléments bibliographiques

         

Notes.

1. Robert S. Wistrich, Who’s Who in Nazi Germany, Routledge, 1995, p. 152.

2. Pierre Péan, L’extrémiste, le livre de poche, 1996, p. 239. Péan rapporte que Genoud considérait von Leers comme un «obsédé antijuif». Que l’admirateur d’Hitler et exécuteur testamentaire de Goebbels qu’était Genoud, ami de tout ce que l’Europe et le moyen-orient comptait de militants antisémites, considérât von Leers comme un «obsédé» en dit long sur le degré de fanatisme que ce dernier avait atteint.

3. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, Editions Ramsay, 1977, p. 450.

4. Roger Faligot, Remi Kaufer, Le croissant et la croix gammée, Albin Michel, 1990, p. 46.

5. Johann von Leers, Die Verbrechernature der Juden, Berlin, 1944 cité par C. C. Aronsfeld, «Perish Juda, extermination propaganda 1920-1945», Patterns of Prejudice, vol. 12, no 5, sept-oct 1978, p. 24. Voir aussi Norman Cohn, Histoire d’un mythe: Les Protocoles des sages de Sion, folio histoire, 1992, p. 205; 1ère éd. 1967.

6. cité par Lionel Grossman dans Willem Otterspeer, «Huizinga before the Abyss: The von Leers Incident at the University of Leiden, April 1933», Journal of Medieval and Early Modern Studies 27:3, Fall 1997.          

7. Cité par Dr. Louis L. Snyder, Encyclopedia of the Third Reich, Blandford, 1976, p. 207

8. Cité par Patrice Chairoff, op. cit., p. 450.

9. Patrice Chairoff, op. cit., p. 374.

10. Deborah Lipstadt, Denying the Holocaust, Macmillan, 1993, p. 66.

11. Bernard Lewis, Sémites et antisémites, Presse Pocket, 1991, p. 268.          

12. Philip Rees, Biographical Dictionnary of the extreme right since 1890, Harvester Wheatsheaf, 1990, p. 227.

13. Patrice Chairoff, op. cit., p. 450-451.

14. Ibid., p. 451.

15. Sur cette édition, voir Yehoshaphat Harkabi, «Les Protocoles dans l’antisémitisme arabe», dans Pierre-André Taguieff (sous la direction de), Les Prococoles des sages de Sion, Berg International, 1992, vol. II, p. 329-332.

16. Ibid., p. 336.

17. cité par Patrice Chairoff, op. cit., p. 454.

18. Ibid., p. 454.                      

19. Cité par Bernard Lewis, op. cit., p. 210.

20. Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, Seuil, 1999, p. 47.

21. Sur les emprunts de Rassinier à der Weg, voir Florent Brayard, op. cit., p. 309-311.

22. Nadine Fresco, op. cit., p. 48.

23. Ibid.          

24. Ibid., p. 49.

25. Ibid., p. 49-50.

26. Ibid., p. 50.

27. Ibid., p. 51.

28. Ibid., p. 45.
 

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