L’Italie fasciste et l’Allemagne nazie ont toutes deux cherché et trouvé des alliés dans le monde arabo-musulman. Tant l’Afrique du Nord que le Proche et le Moyen-Orient constituaient des enjeux politiques et stratégiques pour ces deux nations avant et pendant la guerre. Une entreprise de communication et de propagande de grande ampleur fut mise en œuvre tant par l’Italie, qui diffusa des programmes radio en Arabe dès 1934, que par l’Allemagne de Hitler. Cette dernière commença à diffuser sur ondes courtes en Arabe en octobre 1939 et poursuivit jusqu’en mars 1945. Les deux stations «Berlin en Arabe» et «La voix de l’Arabisme libre» diffusaient de la musique, des nouvelles et des discours de propagande sept jours sur sept (Jeffrey Herf, art. cit., p. 714). Compte tenu de l’illetrisme au Proche et au Moyen-Orient de la présence de dizaines de milliers de postes de radio, et des pratiques collectives d’écoute de ces postes, c’est une audience très large qui fut exposée à cette propagande pendant plusieurs années. Parmi les orateurs réguliers qui intervenaient sur les radios allemandes en Arabe, figurait l’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, ennemi radical des sionistes et des modérés palestiniens, rallié à Hitler, réfugié, hebergé à Berlin et rétribué par le régime nazi à partir de la fin 1941. A partir de l’été 1941 le personnel de l’ambassade américaine au Caire entreprend de retranscrire et traduire les discours en Arabe tenus sur les stations allemandes et italiennes (Jeffrey Herf, art. cit., p. 715). La plupart des discours diffusés par les stations allemandes reprennent les poncifs de la propagande nazie, en essayant de les adapter à une audience arabe et musulmane. Le Mufti se montra particulièrement obstiné à démontrer que nazisme et Islam étaient non seulement compatibles mais qu’ils appréhendaient tous deux le «problème juif» de la même façon. Parmi les poncifs nazis adaptés au monde arabe figure en bonne place le martèlement des horribles projets que les Juifs auraient à l’encontre des Arabes et des Musulmans si l’Axe perdait la guerre, domination, persécution, extermination, pas seulement en Palestine, mais partout, en Egypte, en Syrie, au Liban, en Irak… Le 8 septembre 1943, par exemple, La Voix de l’Arabisme Libre diffusera en Arabe un message prétendant que le projet des Juifs était de s’appropier «tous les territoires entre le Tigre et le Nil», de vider complètement l’ensemble des pays arabes, Egypte et Irak compris de tous leurs Musulmans et de tous leurs Chrétiens (cité par Jeffrey Herf, art. cit., p. 730). On notera l’ironie du constat qu’aujourd’hui ce sont les pays arabes qui ont été vidés de leurs communautés juives millénaires. Le 24 septembre de la même année, la Voix de l’Arabisme Libre continuait sur la même ligne, à savoir que le but du «Sionisme international», n’était pas seulement la Palestine, mais la «possession de tous les pays arabes, d’Est en Ouest» jusqu’à l’océan Atlantique, y compris l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Syrie, le Liban (Jeffrey Herf, art. cit., p. 730). Il n’est pas anodin de noter que cette disqualification paranoïaque du sionisme (en l’occurrence d’une vision délirante du sionisme) se retrouve aujourd’hui dans des discours «antisionistes» pas uniquement issus de l’islamisme radical. Le travestissement de l’antisémitisme en antisionisme est donc une invention nazie. Il est important de noter qu’il fut ensuite repris par la propagande soviétique (voir à ce sujet, Léon Poliakov, De l’antisionisme à l’antisémitisme: la polémique arabe, Calman-Lévy, 1969 — en ligne… — et Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth, essai sur la désinformation, Calman-Lévy, 1983 — en ligne…), ce qui a permis un passage de ces discours vers des milieux intellectuels a priori bien pensants.
On peut remarquer que le rôle de Amin al-Husseini est relevé dès janvier 1942 par le bulletin de la Jewish Telegraphic Agency du 21 janvier 1942. Une dépêche mentionne des émissions en Arabe diffusées par les stations allemandes et italiennes vers la Syrie et la Palestine affirmant que les Britanniques avaient l’intention d’inclure la Syrie dans un futur État juif ou recyclant les accusations délirantes de crimes rituels de l’Affaire de Damas (JTA Daily News Bulletin, vol. IX, no. 17, mercredi 21 janvier 1942, p. 3, en ligne).
159. Cité par Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 56. Original allemand: «ich [habe] einen großen Teil der mir unterstehenden Organisationen dem Reichsführer zu einer bis in die letzte Konsequenz gehenden Endlösung der Judenfrage zur Verfügung gestellt» (Christian Gerlach, «Die Wannsee-Konferenz, das Schicksal der deutschen Juden und Hitlers politische Grundsatzentscheidung, alle Juden Europas zu ermorden», Werkstatt Geschichte no 18, Ergebnisse Verlag, Hamburg 1997, p. 23. Aussi dans C. Gerlach, «The Wannsee Conference, the Fate of German Jews, and Hitler's Decision in Principle to Exterminate All European Jews», The Journal of Modern History, Vol. 70, No. 4 (December 1998), p. 782, note 106). 160. Maurice de Séré, «Peuple français, réveille-toi!», Au Pilori, 16 juillet 1942; «La mesure à prendre», 23 juillet 1942, p. 6; «Le Juif, être cruel», 30 juillet 1942, p. 4, cité par Philippe Burrin, «Que savaient les collaborationnistes?», dans Stéphane Courtois et Adam Rayski, Qui savait quoi? L’extermination des Juifs, 1941–1945, Paris: La Découverte, 1987, p. 76-77. Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour (Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, Paris: Fayard, 2017) reprennent partiellement les mêmes passages (p. 583) mais une coquille leur fait attribuer ces citations à un autre ouvrage de Philippe Burrin (La France à l’Heure Allemands, cité en note 41 p. 1010; c’est bien une coquille puisque le numéro de page cité, 77, est le bon). Passages également cités partiellement par Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, Paris: CNRS Éditions, p. 141 (Joly renvoie à Burrin, «Que savaient les collaborationnistes?», op. cit.). 161. Cité par Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 45. Original allemand: «In Bereza-Kartuska, wo ich Mittagsstation machte, hatte man gerade am Tag vorher etwa 1300 Juden erschossen. Sie wurden zu einer Kuhle außerhalb des Orte gebracht, Männer, Frauen und Kinder mußten sich dort völlig ausziehen und wurden durch Genickschuß erledigt. Die Kleider wurden desinfiziert und wieder verwendet» (Michaela Kipp, «The Holocaust in the letters of German soldiers on the Eastern front (1939-44)», Journal of Genocide Research, vol. 9, no. 4, november 2007, p. 615 note 42). 162. Traduit d’après l’original en allemand, Doc. CDJC XXVb-87, IV-J, cité dans Serge Klarsfeld (éd.), Die Endlösung der Judenfrage in Frankreich: deutsche Dokumente 1941-1944, Paris: Beate & Serge Klarsfeld, 1977, p. 95. Traduction complète (légèrement différente pour le passage cité) dans Serge Klarsfeld, La Shoah en France, vol. 2, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, juillet 1940 – août 1942, Fayard, 2001, p. 545-549. 163. Sur l’été 1942 en France, on se reportera à Michaël R. Marrus et Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, Calmann-Lévy, 1981, chapitre VI et à Florent Brayard, La Solution Finale de la Question Juive: La Technique, le Temps et les Catégories de la Décision, Fayard 2004, chapitre III. 164. Le Journal du Capitaine Wilm Hosenfeld, Varsovie 23 juin 1942 [attention, il s’agit d’une erreur de date de la traduction française, voir plus bas], cité dans Wladyslaw Szpilman, Le pianiste, L’extraordinaire destin d’un musicien juif dans le ghetto de Varsovie 1939-1945, Robert Laffont, 2001, p. 232-233. Original allemand: «Gegenwärtig läuft eine Vernichtungsaktion der Juden, die zwar seit der Besetzung der Ostgebiete Ziel der deutschen zivilen Verwaltung unter Zuhilfenahme von Polizei und der G.Sta.Po war, aber jetzt scheinbar großzügig und radikal gelöst werden soll. Es wird glaubhaft von verschiedenen Leuten berichtet, daß man das Ghetto in Lublin ausgefegt hat, die Juden daraus vertrieben, sie massenweise ermordet, in die Wälder getrieben und zu einem kleinen Teil in einem Lager eingesperrt hat. Vom Litzmannstadt, von Kutno wird erzählt, daß man die Juden, Männer, Frauen und Kinder, in fahrbaren Gaswagen vergiftet, den Toten die Kleider auszieht, sie in Massengräber wirft und die Kleider zur weiteren Verwendung den Textilfabriken zuführt.» (Auszüge aus dem Tagebuch von Hauptmann Wilm Hosenfeld, in Wladyslaw Szpilman, Das wunderbare Überleben. Warschauer Erinnerungen 1939-1945, Düsseldorf, 1998, p. 193, cité par Bogdan Musial, Deutsche Zivilverwaltung und Judenverfolgung im Generalgouvernement. Eine Fallstudie zum Distrikt Lublin 1939-1944, Wiesbaden, 1999, p. 324. Musial mentionne que la date de l’entrée du journal qui nous intéresse est du 23 juillet et non du 23 juin comme l’indique la version française. La date du 23 juillet est confirmée par l’édition du journal de Wilm Hosenfeld, «Ich versuche jeden zu retten»: das Leben eines deutschen Offiziers in Briefen und Tagebüchern, Munich: Deutsche Verlags-Anstalt, 2004, qui mentionne la passage cité page 627 sous une entrée datée du 23 juillet 1942. L’erreur de date est donc imputable à la traduction française de l’ouvrage de Wladyslaw Szpilman). 165. Rapport cité par Christopher Browning, The Final Solution and the German Foreign Office, Holmes & Meier Publishers, Inc., 1978, p. 116 (texte original allemand cité par Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 522). 166. Rapport de Kube à Lohse du 31 juillet 1942. Traduit d’après le texte original en allemand, Tribunal Militaire International de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 24 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome YYYII, Doc. PS-3428, p. 280. 167. Rapport de Karl Ingve Vendel du 20 août 1942 (Riksarkivet Stockholm, HP 324-84), cité par Jozef Lewandowski, «Early Swedish Information about the Nazis’ Mass Murder of the Jews», Polin: Studies in Polish Jewry, 13, 2000. 168. Note citée par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 56. 169. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy. The Italians and Jews in Occupied Europe 1941-43. A collection of notes and research materials for the documentary film, Rome, 1988, p. 7; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing, ibid. 170. Traduit d’après l’original en allemand, Wilhelm Cornides, «Observations sur le “transfert” des Juifs à l’intérieur du Gouvernement Général» («Beobachtung über die “Umsiedlung” der Juden im Generalgouvernement»), archives de l’Institut fur Zeitgeschichte de Munich, document ED-81. Voir également, pour un résumé des observations de Cornides, Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 835. 171. Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995 p. 62. Une traduction légèrement différente figure dans Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 48. 172. Traduit de l’original: «Serbien und das Banat sind judenrein und die ersten Landschaften in Südosteuropa, in denen es keinen Juden mehr gibt», «Südosteuropa wird judenrein. Planmäßige Beseitigung des gefährlichen inneren Feindes», Berliner Börsen-Zeitung, Nr. 424 du 9 septembre 1942, p. 2, article repris sous le titre «Bereinigung Südosteuropas von Juden» (Le nettoyage des Juifs en Europe du Sud-Est) dans Deutsche Justiz, Nr. 38 du 18 septembre 1942, p. 611, article découpé par le diariste Friedrich Kellner et collé dans son journal le 25 septembre 1942 (Friedrich Kellner, “Vernebelt, verdunkelt sind alle Hirne”. Tagebücher 1939-1945, Band 1, Göttingen: Wallstein Verlag, 2011, p. 314). L’article de Deutsche Justiz commet une erreur en datant le numéro 424 du Berliner Börsen-Zeitung du 8 septembre et non du 9 (nous avons vérifié sur un exemplaire original du Berliner Börsen-Zeitung, dont sont tirées les reproductions proposées, réalisées par nos soins). Le 16 septembre 1942, Kellner avait noté dans son journal: «J’ai entendu dire de source bien informée que tous les Juifs seraient emmenés en Pologne et assassinés par des formations de SS. Cette cruauté est terrible. De telles atrocités ne pourront jamais être effacées de la mémoire de l’humanité. Notre gouvernement meurtrier a souillé le nom “Allemagne” pour toujours» («Von gut unterrichteter Seite hörte ich, daß sämtliche Juden nach Polen gebracht u. dort von SS- Formationen ermordet würden. Diese Grausamkeit ist urchtbar. Solche Schandtaten werden nie aus dem Buche der Menschheit getilgt werden können. Unsere Mörderregierung hat den Namen ‚Deutschland‘ für alle Zeiten besudelt», Friedrich Kellner, Tagebücher…, op. cit., p. 311). L’article du Berliner Börsen-Zeitung dont Kellner avait découpé la reproduction du Deutsche Justiz mentionnait que pour la Slovaquie on avait «expulsé 65 000 Juifs en transport». Kellner nota en marge une question s'y rapportant, laconique et transparente quant à ce qu’il en pensait: «Où?» (ibid.). La découverte et la publication du journal de Kellner sont tardives (début des années 2000, voir notamment Markus Roth, Chronist der Verblendung – Friedrich Kellners Tagebücher 1938/39 bis 1945. Beiheft zur Ausstellung: Die Last der ungesagten Worte. Die Tagebücher Friedrich Kellners 1938/39 bis 1945, Bonn: Friedrich-Ebert-Stiftung, 2009) mais l’article du Berliner Börsen-Zeitung est en fait une redécouverte car dès 1951, l’historien Léon Poliakov mentionnait en ces termes le passage en question: «Dès septembre 1942, la presse berlinoise pouvait annoncer à ses lecteurs: “La Serbie est la première région de l'Europe à être nettoyée de ses Juifs”» que Poliakov accompagne de la note suivante: «1. Boersenzeitung de Berlin, le 9 septembre 1942. La formule se retrouve dans un rapport du conseiller d’Etat Turner, sur la situation politique en Serbie, adressé au “commandant militaire Sud-Est”, en date du 29 août 1942» (Léon Poliakov, Bréviaire de la haine, Paris: Calmann-Lévy, 1951, p. 180). Poliakov fournit la bonne date (9 septembre 1942): il a de toute évidence consulté un exemplaire original. Aucun autre historien depuis, jusqu’à la découverte et la publication du journal de Friedrich Kellner, plus d’un demi-siècle plus tard, n’avait relevé l’article du Berliner Börsen-Zeitung. L’auteur des présentes lignes ne peut taire son admiration devant les talents de chercheur de Poliakov, et devant ses talents d’historien, puisqu’il fait aussi, dès 1951, le rapprochement avec le rapport de Harald Turner du 29 août 1942. 173. Deutsche Justiz, Nr. 38, 18 septembre 1942, p. 611 (voir note précédente). 174. «Serbien und das Banat sind judenrein», phrase qui figure dans un paragraphe intitulé «Die Entjudung Südosteuropas» (La déjudaisation de l'Europe du sud-est) dans une section «Siedlung und Bodenverfassung» (Habitat et état du territoire) du numéro 10 de l’année 1942 (octobre) de Internationale Agrar Rundschau, p. 621. Le paragraphe en question présente des chiffres qui indiquent que son contenu a pour origine presque certaine l’article du Berliner Börsen Zeitung. Le scan présenté a été réalisé par nos soins. La revue ne semble pas encore avoir été exploitée par les historiens. Notre examen de plusieurs numéros semble suggérer qu’il serait pertinent qu’elle le soit. 175. Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 78-79. Original: «Sie werden die Judengefahr kaum mehr kennen. In 20 Jahren werden vielleicht keine Juden mehr existieren. Im europäischen Russland sind es insgesamt 11 Millionen Juden [!]. Also wird es noch einige Arbeit geben. Ich kann mir nicht vorstellen, dass wir mehr als 1 Millionen beseitigt haben. Es wird Zeit dass wir von dieser Pest in Europa befreit werden» (Christian Gerlach, «Die Wannsee-Konferenz, das Schicksal der deutschen Juden und Hitlers politische Grundsatzentscheidung, alle Juden Europas zu ermorden», Werkstatt Geschichte no 18, Ergebnisse Verlag, Hamburg 1997, p. 37, ainsi que Christian Gerlach, Krieg, Ernährung, Völkermord: Forschungen zur deutschen Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Hamburg: Hamburger Ed., 1998, p. 146). 176. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 226. Il y a une erreur de transcription ou de traduction dans la version papier de l’article de Monika Stolarczyk-Bilardie car le passage original en italien «pare che per la metà di ottobre si vogliano vuotare interi ghetti di centinaia di migliaia di infelici» (voir plus bas dans la note pour la source) y est restitué à la forme passée: «il semble qu’à la mi-octobre, des ghettos entiers de centaines de milliers de malheureux affaiblis ont été vidés» alors que la traduction correcte (cohérente avec le fait que le voyage et le rapport datent de septembre, avant octobre) doit être «seront vidés». Nous avons en conséquence remplacé «ont été» par «[seront]» dans la citation. Suite à notre signalement de cette erreur auprès de la rédaction de la Revue d’Histoire de la Shoah début novembre 2023, la version en ligne (y compris le pdf téléchargeable de l’article) a été corrigée dans le sens que nous avons proposé. Nous disposons de l’original italien d’une partie de la citation (à partir de «Les massacres de Juifs…»): «I massacri sistematici degli Ebrei […] hanno raggiunto proporzioni e forme esecrande e spaventose. Incredibili eccidi sono operati ogni giorno; pare che per la metà di ottobre si vogliano vuotare interi ghetti di centinaia di migliaia di infelici languenti» (Michele Sarfatti, I confini di una persecuzione. Il fascismo e gli ebrei fuori d'Italia (1938-1943), Roma: Viella, 2023, p. 70). Une traduction de ce passage plus proche de l’original italien serait selon nous «il semble que d’ici la mi-octobre ils veuillent vider des ghettos entiers de centaines de milliers de malheureux affaiblis». 177. Dariusz Libionka, «Materials: Banging One’s Head Against a Brick Wall. Interventions of Kazimierz Papée, Polish Ambassador at the Holy See regarding German Crimes in Poland», Zagłada Żydów: studia I materiały, no 2, 2006, p. 303-304, cité par Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 230. 178. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 230. 179. Le compte-rendu du commissaire en date du 26 septembre 1942 est cité par Tal Bruttmann, «Du militantisme à l’action. L’activisme antisémite des ultras de la Collaboration», Revue d’Histoire de la Shoah, no 198, mars 2013, p. 185. En ligne… 180. Ibid. 181. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 40. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 3, p. 479-480. Hans Lustig fournit des détails sur le déroulement de l’opération: «D’abord trois wagons à ciel ouvert d’une voie étroite furent chargés [de Juifs] suivis d’une longue colonne à pied, avec des carrioles pleines de saloperies, literies, etc., tirées par des chevaux, des femmes avec des enfants, des vieilles, des vieux, tout ça avec des sanglots, des pleurnicheries et des cris. Pendant la marche, deux femmes nourissaient leur bébé au sein. Ensuite les gens ont été jetés dans des wagons de chemin de fer pêle-mêle, en tas, sur un mètre de haut, les uns poussant les autres, avec des hurlements terribles, une scène horrible.» (ibid.) 182. Marcin Zaremba, ibid., p. 480, note 20. 183. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 228. Source archivistique citée par l’auteure: «ASRS, AA.EE.SS., Polonia 216, fo 593, lettre manuscrite de Ledóchowski à Maglione, 26 septembre 1942» (ibid., p. 229). 184. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 229. Il faut évidemment se rapporter à cet article de l’historienne Monika Stolarczyk-Bilardie pour prendre connaissance de l’interprétation qu’elle donne au refus du pape Pie XII de recevoir Malvezzi. 185. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 40. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 3, p. 479. Il y a sans doute une erreur sur le nom de la ville, même si un village de Sokolna existe en Pologne occidentale. Il s’agit plus probablement de Sokołów Podlaski dans le district de Varsovie, dont le ghetto juif a été liquidé les 22 et 23 septembre 1942 et ses 6000 habitants juifs envoyés à Treblinka (Marcin Zaremba, ibid., note 19). 186. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 503. Original roumain: «„Evreimea va fi exterminată”, a spus Hitler în discursul de ieri.» (Mihail Sebastian, Jurnal: 1935-1944, București: Humanitas, 1996, p. 474). 187. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 19, p. 484-485. 188. Helmuth James von Moltke, Briefe an Freya: 1939-1945, C. H. Beck, München, 1991, lettre du 10 octobre 1942, p. 250, cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008. Original: «Gestern mittag war es insofern interessant, als der Mann, mit dem ich ass, gerade aus dem Gouvernement kam und uns authentisch über den “SS Hochofen” berichtete. Ich habe es bisher nicht geglaubt aber er hat mir versichert, daß es stimmte: in diesem Hochofen werden täglich 6000 Menschen »verarbeitet«. Er war in einem Gefangenenlager etwa 6 km entfernt, und die Offiziere dieses Lagers haben es ihm als absolut sicher berichtet. Ausserdem haben sie ganz phantastische Geschichten über einige der dort eingesetzten Herren erzählt.» (Helmuth James von Moltke, Briefe an Freya: 1939-1945, Munich: C. H. Beck, 2007, p. 420). 189. Paul Morand, Journal de Guerre. Tome I. Londres, Paris, Vichy (1939-1943), édité par Bénédicte Vergez-Chaignon, Paris: Gallimard, «Les Cahiers de la NRF», p. 564. Le fait que Morand parle des Juifs de Pologne se déduit des propos qui précèdent le passage cité: «Il [Drieu la Rochelle] a rencontré […] des ingénieurs français qui avaient des contrats en Pologne […] Le bruit court depuis quelques temps que les Polonais sont très durement traités […]» (ibid.). 190. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 632. Original (complet): «Diese Verfolgungen waren unverkennbar von zentraler Stelle gewollt. Sie führten nicht nur zu unzähligen Zwangsverschickungen, bei denen viele Juden umkamen. Hunderttausende von Menschen sind lediglich wegen ihrer jüdischen Abstammung systematisch umgebracht worden.» (Helmut Thielicke et Philipp von Bismarck (éd.), In der Stunde Null. Die Denkschrift des Freiburger “Bonhoeffer Kreise”: Politische Geselischaftsordnung. Ein Versuch zur Selbstbesinnung des christlichen Gewissens in den politischen Nöten unserer Zeit, Tübingen: Mohr, 1979, p. 149. Le texte original complet du Mémorandum de Constantin von Dietze se trouve dans cet ouvrage). 191. Ibid. 192. Cité par Walter Laqueur, op. cit., p. 47. Original italien: «stati eliminati mediante l’impiego di gas tossico» (Giuseppe Mayda, Ebrei sotto Salo. La persecuzione antisemita 1943-1945, Milan: Feltrinelli Editore, 1978, p. 23). 193. Ibid.. Sur Giuseppe Pieche, voir aussi Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 75-77. Le fac-similé de la note de Ciano est tiré de Jonathan Steinberg, op. cit., p. 2. 194. «Am 15. und 16.10.42 wurde in Brest-Litowsk die Judenaktion durchgeführt. Anschliessend erfolgte auch die restlose Umsiedlung der Juden im Kreisgebiet Brest-Litovsk. Im ganzen sollen bis jetzt etwa 20 000 Juden umgesiedelt worden sein», Tätigkeitsbericht 372/42, cité par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 221, p. 533). Wolfgang Curilla cite le même document en relevant, note 251, que le début du texte du document serait en fait «Am 15. und 16.11.42», mais qu’il s’agit d’une faute de frappe, ce que la date du document et la suite confirment de toute évidence (Wolfgang Curilla, Die Deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland 1941-1944, 2e éd., Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2006, p. 379. Curilla fournit la cote du document: BAR 94 Bd. 7). Ernst Deuerlein (1897-1956) qui signe ce rapport ne doit pas être pas être confondu avec ses homonymes, le professeur de chimie né en 1893 et l’historien né en 1918. 195. «Einsatz bei der Aktion gegen die Juden in der Stadt und im Kreisgebiet Brest-Litowsk vom 15.10.42 ab. Bis jetzt sind etwa 20 000 Juden erschossen worden», cité par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 221, p. 535 et Wolfgang Curilla, ibid.). 196. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 13, p. 483. 197. Martin Holler, «Deadly Odyssey: East Prussian Sinti in Białystok, Brest-Litovsk, and Auschwitz-Birkenau», dans Alex J. Kay and David Stahel (éds.), Mass violence in Nazi-occupied Europe, Bloomington: Indiana University Press, 2018, p. 117 note 59. Martin Holler semble avoir consulté un document plus complet que celui cité par John Garrard & Carol Garrard («Barbarossa’s first victims: The Jews of Brest», East European Jewish Affairs, 1998, 28/2, p. 33). Garrard et Garrard ne mentionnent pas les 959 Juifs résidents temporaires relevés par Martin Holler qui utilise la même archive. On peut d’ailleurs constater que le fac-similé fourni en annexe de leur article par John & Carol Garrard présente bien le chiffre 16 934 barré mais pas 959. Ce document n’en demeure pas moins glaçant: le total de 41 091 du nombre d’habitants de Brest-Litovsk au 16 octobre est barré et remplacé le jour suivant par le quasi résultat de l’abjecte soustraction, 24 157. Leur étude demeure fondamentale. Marcin Zaremba reste légèrement imprécis lorsqu’il mentionne que 16 000 Juifs furent assassinés (ibid., note 24). 198. Marcin Zaremba cite deux autres courriers envoyés à peu près à la même date mentionnant un nombre de victimes juives évoquant le bilan de Brest-Litovsk (mais sans que Brest soit explicitement mentionné, raison pour laquelle nous plaçons ces deux extraits en note plutôt que dans le corps de notre page). Vers le 12 novembre, le soldat Boiek (no. 34448) écrit à Berlin: «17 000 Juifs ont été tués. Cela a été un tel plaisir!» (ibid, document 20, p. 485). Vers 12 novembre 1942 également, le soldat Hunwald (no. 34446) écrit à Fritz Bieten: «Cette fournée de Juifs est finalement morte. En fait, il n’y en avait pas tant que ça, juste environ 17 000. Il était plus que temps que cette racaille soit liquidée. Ils nous auraient sûrement apporté encore plus de malheur» (ibid, document 22, p. 485). Bronna Góra (ou Bronnaya Gora) était une clairière entourée de barbelés dans une forêt située à la frontière du Reichskommissariat Ostland et du Reichskommissariat Ukraine, à mi-chemin entre Brest-Litovsk et Baranovitchi, à 117 kilomètres de Brest-Litovsk sur la ligne de chemin de fer Brest-Minsk. Ce fut le lieu de l’assassinat par balles d’environ 50 000 personnes, dont une majorité de Juifs, qui y étaient transportés des villes et villages environnant en train dans des wagons à bestiaux (Marie Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah. L’extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944, Paris: Passés/Composés, 2020, p. 306). Outre les Juifs de Brest-Litovsk, y furent assassinés ceux de Kobrin, Pinsk, Domachevo, Tomashevka, etc. (John Garrard & Carol Garrard, «Barbarossa’s first victims: The Jews of Brest», East European Jewish Affairs, 1998, 28/2, p. 32). Bronna Góra constitue un véritable centre de mise à mort, au même titre que les centres de mise à mort industrielle par gaz. 199. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 41. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 9, p. 481. 200. Marcin Zaremba, ibid., p. 481, note 22. 201. Cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing, op. cit., p. 77. 202. Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, Lincoln: University of Nebraska Press, 2009, p. 267. 203. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 16, p. 483-484. 204. Marcin Zaremba, ibid., document 14, p. 483. 205. Pour quelques exemples de ces édulcorations, frisant parfois le mensonge, voir Richard J. Evans, «The German Foreign Office and the Nazi Past», Neue Politische Literatur, vol. 56 (2011), no 2, p. 165-167. À toutes fins utiles, signalons que les sévères critiques qu’Evans adresse au rapport d’historiens sur l’histoire du Ministère des Affaires étrangères allemand pendant le nazisme (Eckart Conze, Norbert Frei, Peter Hayes & Moshe Zimmermann, Das Amt und die Vergangenheit: Deutsche Diplomaten im Dritten Reich und in der Bundesrepublik, Munich: Karl Blessing Verlag, 2010) trouvent des réponses dans Norbert Frei et Peter Hayes, «The German Foreign Office And The Past», Bulletin of the German Historical Institute, no 49, fall 2011. 206. Le passage apparaît tel quel, en français, dans l’original, cité (pour la première fois) par le fils de Curt Prüfer, Olaf Herbert Prüfer, dans Der Spiegel, 10, 5 mars 1979, p. 14. Il est cité dans sa version originale par Donald M. McKale & Judith M. Melton, Rewriting History: The Original and Revised World War II Diaries of Curt Prüfer, Nazi Diplomat, Kent: Kent State University Press, 1988, p. 11, ainsi que Hans-Jürgen Döscher, SS und Auswärtiges Amt im Dritten Reich: Diplomatie im Schatten der “Endlösung”, Berlin: Siedler Verlag, 1991, p. 253. Il est cité (en anglais) par Donald M. McKale, «Traditional Antisemitism and the Holocaust: The Case of the German Diplomat Curt Prüfer», Simon Wiesenthal Center Annual, vol. 5, 1988 (en ligne). L’original contient trois fautes de français que nous n’avons pas fait apparaître dans la citation. Prüfer écrit en fait: «massacres [sans é] par des gas [au lieu de gaz] asphysiants [au lieu de asphyxiants]» (Olaf Herbert Prüfer a d’ailleurs corrigé, sans doute involontairement les deux premières dans sa lettre au Spiegel, mais la version originale triplement fautive apparaît bien chez McKale, Rewriting History…, op. cit. Döscher a lui «corrigé» les trois fautes dans sa version de la citation. Remarquons que «asphysiant» se trouve parfois dans la presse et les textes du XIXe siècle et début XXe). Florent Brayard consacre plusieurs pages à l’entrée du journal de Curt Prüfer du 22 novembre 1942 (Auschwitz, enquête sur un complot nazi, Seuil, 2012, p. 308-311). Brayard rapporte que selon la version remaniée après la guerre, Prüfer précise qu’il aurait été renseigné lors d’un dîner privé la veille, le 21 novembre (Brayard, op. cit, p. 310). Bizarrement, Brayard omet le mot «gas» de sa citation (p. 309), sans doute une coquille. Sur la carrière de Curt Prüfer on pourra consulter Donald M. McKale, Curt Prüfer. German Diplomat from the Kaiser to Hitler, Kent: Kent State University Press, 1987. Les premières années de Prüfer comme arabisant espion/diplomate brillant au service du Reich Wilhelmien au moyen-orient sont survolées par Arnoud Vrolijk, «From Shadow Theatre to the Empire of Shadows. The Career of Curt Prüfer, Arabist and Diplomat», Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, Vol. 156, No. 2 (2006). Arnoud Vrolijk tente de nuancer l’image négative de Curt Prüfer par Donald M. McKale en rappelant la proximité de Prüfer avec des Juifs lors de ses années arabes. Toutefois, les documents produits par Donald M. McKale peuvent difficilement être édulcorés et font remonter une vision antisémite/complotiste de Prüfer à 1915 au plus tard (voir encore, du même, «From Weimar to Nazism: Abteilung III of the German Foreign Office and the Support of Antisemitism, 1931-1935», Leo Baeck Institute Yearbook, vol. 32, no. 1, 1987). Des informations sur cette première carrière sont fournies dans un ouvrage du journaliste Scott Anderson, Lawrence in Arabia: War, Deceit, Imperial Folly and the Making of the Modern Middle East, New York: Doubleday, 2013. Une partie des notes de Prüfer sur cette période a fait l’objet d’une publication en anglais par le journaliste Kevin Morrow: Curt Prüfer, Germany’s Covert War in the Middle East: Espionage, Propaganda and Diplomacy in World War I, Londres: I.B. Tauris, 2016. Voir également Marc Hanisch, «Curt Prüfer – Orientalist, Dragoman und Oppenheims “man on the spot”», in Wilfried Loth & Marc Hanisch (éd.) Erster Weltkrieg und Dschihad. Die Deutschen und die Revolutionierung des Orients, Munich: Oldenbourg Verlag, 2014. 207. «Dies weiß jedes Kind in allen Details», Der Spiegel, 1979, ibid. 208. «Ich war damals zwölf Jahre alt. Im Jungvolk und in der Hitlerjugend in Baden-Baden, wo ich damals lebte, waren Aussprüche wie “Wende nicht gehorhest, kommste in KZ und wirst vergast”, völling an der Tagesordung», Der Spiegel, 1979, ibid. La littérature historienne sur le génocide et sa connaissance par la société allemande sous le nazisme ne semble pas avoir relevé avant nous (2018), cette réflexion de Olaf Herbert Prüfer. 209. David Rodogno, «La politique des occupants italiens à l’égard des Juifs en France métropolitaine. Humanisme ou pragmatisme ?», Vingtième siècle, 2007, no 93, p. 66. 210. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy, The Italians and Jews in Occupied Europe, Bologna, 1984, p. 8; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 85. 211. Voir notamment Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 446. 212. Cité par par Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 14. Original en allemand: «Die von Ihnen im Einvernehmen mit dem Chef des Reichssicherheits-Hauptamtes, SS-Obergruppenführer Heydrich, genehmigte Aktion der Sonderbehandlung von rund 100 000 Juden in meinem Gaugebiet wird in den nächsten 2-3 Monaten abgeschlossen werden können. Ich bitte Sie um die Genehmigung, mit dem vorhandenen und eingearbeiteten Sonderkommando im Anschluß an die Judenaktion den Gau von einer Gefahr befreien zu dürfen, die mit jeder Woche katastrophalere Formen annimmt. Es befinden sich im Gau etwa 230 000 bisher erkannte Tbc-Kranke polnischer Volkszugehörigkeit. Von diesen wird die Zahl der mit offener Tuberkulose behafteten Polen auf etwa 35 000 geschätzt. […] Wenngleich auch im Altreich mit entsprechend drakonischen Maßnahmen gegenüber dieser Volkspest nicht durchgegriffen werden kann, glaube ich es doch verantworten zu können, Ihnen vorzuschlagen, hier im Warthegau die Fälle der offenen Tbc. innerhalb des polnischen Volkstums ausmerzen zu lassen» (Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer Verlag GmbH, Francfort-sur-le-Main, 1983, p. 18. Le texte intégral est disponible en ligne, ainsi qu’une reproduction du document original). 213. Cité par Nobert Frei, L’état hitlérien et la société allemande, Seuil, 1994, p. 271-272. Norbert Frei (ou l’édition française) date de façon erronée ce courrier du 22 juillet 1942. L’original mentionne bien le 27 juin. Original en allemand: «Lieber Parteigenosse Greiser, Es ist mir leider erst heute möglich, abschließend auf Ihren Brief vom 1.5.1942 zu antworten. Ich habe keine Bedenken dagegen, daß die im Gebiet des Reichsgaues Wartheland lebenden, mit offener Tuberkulose behafteten Schutzangehörigen und Staatenlosen polnischen Volkstums, soweit ihre Krankheit nach amtsärztlicher Feststellung unheilbar ist, der Sonderbehandlung im Sinne Ihres Vorschlages unterzogen werden. Ich würde jedoch bitten, daß die einzelnen Maßnahmen vorher mit der Sicherheitspolizei eingehend besprochen werden, damit die Durchführung möglichst unauffällig erfolgen kann. Heil Hitler! Ihr gez. H. Himmler» (Document Nuremberg NO-244, également Centre de Documentation de Berlin, dossier personnel de Greiser). 214. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 447. Version originale complète du passage cité dans Benno Müller-Hill, Tödliche Wissenschaft: die Aussonderung von Juden, Zigeunern und Geisteskranken, 1933-1945, Rowohlt, 1984, p. 57 (traduction française dans Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 56). Version originale en allemand: «Bei einer Regierungsbesprechung über die Tuberkulosebekämpfung wurde uns von dem Leiter der Abteilung Bevölkerungswesen und Fürsorge, Oberwaltungsrat Weirauch, als Geheime Reichssache mitgeteilt, es sei beabsichtigt oder werde erwogen, bei der Umsiedlung von 200 000 Polen im Osten des Generalgouvernements zwecks Ansiedlung deutscher Wehrbauern mit einem Drittel der Polen - 70 000 alten Leuten und Kindern unter 10 Jahren so zu verfahren, wie mit den Juden, das heißt sie zu töten». Ce document est connu depuis longtemps. La version intégrale en allemand de la lettre de Wilhelm Hagen a été publiée au plus tard en 1958 dans la revue d’histoire polonaise Przegląd Zachodni (Karol Marian Pospieszalski, «Protest dra Wilhelma Hagena przeciw zamierzo nemu wymordowaniu czesci ludnosci zamojszczyzny w latach 1942-1943» [La protestation du Dr Hagen contre l’assassinat collectif d’une partie de la population de Zamosc en 1942-1943], Przegląd Zachodni, mars 1958, vol. 14 no 1, p 120 pour le passage cité). Dès octobre 1958 l’article en question est mentionné en français («Bibliographie», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, no 32, p. 106). Début 1959 la correspondance de Hagen est spécifiquement présentée dans la même revue (Jean B. Neveux, «Sur la Pologne occupée», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, janvier 1959, no 33, p. 106) et de nouveau en 1960 (K. M. Pospieszalski, «Le statut du peuple polonais sous l’occupation allemande», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, janvier 1960, no 40, p. 20). En juin 1959, l’article de Przegląd Zachodni et la protestation de Hagen sont présentées en allemand dans Historische Zeitschrift (section «Neueste Geschichte (1871-1945)», Historische Zeitschrift, Bd. 187, H. 3, p. 724). Une traduction complète de la lettre de Wilhelm Hagen publiée par Karol Marian Pospieszalski apparaît dans le numéro 2 (juillet-août-septembre 1959) de la revue Cahiers Pologne Allemagne (p. 92-96). D’autres mentions suivent dans d’autres langues (notamment en anglais), mais le passage que nous citons de la lettre de Wilhelm Hagen fait vraiment l’objet d’une large diffusion à partir de 1965 avec la publication du très connu Anatomie des SS-Staates - Gutachten des Instituts für Zeitgeschichte. La lettre de Hagen est citée dans le premier volume, Hans Buchheim, Martin Broszat, Hans-Adolf Jacobsen, Helmut Krausnick (éds.), Anatomie des SS-Staates, vol. 1, Hans Buchheim. Die SS, das Herrschaftsinstrument, Befehl und Gehorsam, Olten: Walter-Verlag, 1965, p. 358). 215. En juillet 1941 Hagen avait préconisé à Hans Frank l’exécution pour raisons sanitaires de tout Juif pris hors du ghetto de Varsovie (Nicolas Berg, The Holocaust and the West German Historians. Historical Interpretation and Autobiographical Memory, Madison: University of Wisconsin Press, 2015, p. 220). Wilhelm Hagen est décédé en 1982. 216. «Juden kommen hier, das heißt in Auschwitz, wöchentlich 7-8000 an, die nach kurzem den “Heldentod” sterben». Cité par Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995 p. 63. Traduction française dans Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 48. 217. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 454. Le texte de la conférence est reproduit par Hans Frank lui-même dans son journal. Original: «Es ist klar, daß der Arbeitsprozeß erschwert wird, wenn mitten in dieses Arbeitsprogramm des Krieges der Befehl kommt, alle Juden sind der Vernichtung anheim zu stellen. Die Verantwortung hierfür trifft nicht die Regierung des Generalgouvernements. Die Weisung der Judenvernichtung kommt von höherer Stelle» (Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Präg und Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 588). Ce passage est connu au plus tard en 1946, puisqu’il fait partie du document PS-2233 produit lors du procès de Nuremberg (et cité dans dans l’édition française des Actes du Procès de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 14 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome XXIX (29), p. 582). Il ne cesse d’être cité depuis dans des ouvrages bien diffusés (édition de 1963 du journal de Frank par Stanisław Piotrowski, aussi dans Martin Broszat, Hans-Adolf Jacobsen, Helmut Krausnick (éds.), Anatomie des SS-Staates, vol. 2, Konzentrationslager. Kommissarbefehl. Judenverfolgung, Olten: Walter-Verlag, 1965, p. 407, réédité de nombreuses fois, etc.). 218. Rapport du SS-Untersturmführer Heinrich Kinna «sur le transport de 644 Polonais (de Zamosc) au camp de travail d’Auschwitz le 10 décembre 1942», cité par Götz Aly, «Endlösung». Völkerverschiebung und der Mord an den europäischen Juden, Fischer Taschenbuch Verlag, 1995, p. 381. Une traduction polonaise intégrale du rapport apparaît dès 1947 dans Biuletyn Głównej Komisji Badania Zbrodni Niemieckich w Polsce (Warszawa: Wydawnictwo), II, 1947, p. 114-115 (il est aussi mentionné p. 55). Le passage que nous mentionnons est cité en allemand en 1957 par Jan Sehn, dans Konzentrationslager Oświe̜cim-Brzezinska (Auschwitz-Birkenau), Wydawn. Prawnicze: 1957, p. 134. Le rapport Kinna est connu dans version originale complète depuis 1960 au plus tard (reproduit en fac-similés dans Biuletyn Glównej Komisji Badania Zbrodni Hitlerowskich w Polsce, Warszawa: Wydawnictwo Prawnicze, 1960, vol XIII, Dokument 6, p. 18 F-19 F. Nous fournissons les fac-similés du document original). Il est accessible à un public francophone depuis 1961 puisque les fac-similés sont publiés cette année-là dans un ouvrage en français (Janusz Gumkowski & Kazimierz Leszczyński, L’occupation hitlérienne en Pologne, Varsovie: Polonia, 1961, cahier de photos précédant la p. 193), proposant sa propre traduction en français du passage cité ici (p. 182). 219. Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1998, partie II, vol. 6, p. 445-446. 220. Hilberg, op. cit., p. 172. 221. Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 297. Original: «Dauernde unaussprechliche Judenmorde in größen Gebinden. SS-Leute fahren mit Maschinenpistolen nach der Stunde, die als Aufhören der Ausgehfreiheit festgesetzt ist, durchs Ghetto und schießen auf alles, was sich zeigt, zum Beispiel spielende Kinder, die sich unglücklicherweise etwas länger auf der Straße befinden […] [Weil] Groscurth als Chef des Stabes gegen des Befehl, Tausende von Kindern umzubringen, remonstriert habe, sei er von Reichenau schwer gerüffelt und strafversetzt worden.» (Ulrich von Hassell, Friedrich Hiller von Gaertringen (éd.), Die Hassell-Tagebücher 1938-1944. Aufzeichnungen vom Anderen Deutschland, Munich: Siedler Varlag, 1989, p. 339-340. Rappelons que le journal de von Hassell a été publié dès 1946, et une première traduction française dès 1948). 222. Original en allemand: «Eine der stärksten Beunruhigungen in kirchlich gebundenen Kreisen und in der Landbevölkerung bilden z. Z. [zur Zeit] Nachrichten aus Rußland, in denen von Erschießung und Ausrottung der Juden die Rede ist. Diese Mitteilung hinterläßt in den genannten Bevölkerungskreisen vielfach große Angst, Kummer und Sorgen. Nach Ansicht weiter Kreise der Landbevölkerung steht es heute noch nicht fest, daß wir den Krieg gewinnen und daß dann einmal, wenn die Juden wieder nach Deutschland kommen, [diese] fürchterliche Rache an uns nehmen»: K/J 3545, SD-Außenstelle Schwabach, 23.12.1942 (StA Nü, LRA Hilpoltstein Abg. 1971 Nr. 1972), cité par Peter Longerich, »Davon haben wir nichts gewusst!« Die Deutschen und die Judenverfolgung 1933-1945, Pantheon Verlag, 2007, p. 221. Ce rapport avait également été cité par Ian Kershaw en 1979, «Antisemitismus und Volksmeinung. Reaktionen auf die Judenverfolgung», in Martin Broszat & Elke Frohlich (eds.), Bayern in der NS-Zeit Band II. Herrschaft und Gesellschqft im Konflikt, Munich-Vienna 1979, p. 339. Traduction en anglais dans Ian Kershaw «The Persecution of the Jews and German Popular Opinion in the Third Reich», Leo Baeck Institute Yearbook, 1981, vol. 28 no. 1, p. 284. Traduction en français, légèrement différente de la nôtre dans Laurence Rees, Auschwitz. Les nazis et la «Solution finale», Albin Michel, Paris, 2005. 223. Herbert et Sibylle Oberhausen, «Schreiben wie es wirklich war…», Aufzeichnungen Karl Dürkefäldens aus den Jahren 1933-1945, Hanovre: Fackelträger, 1985, p. 126 (nous restituons le passage en entier): «Im Dezember 1942 brachte der engl[ische] Sender Zahlen über die bisher ermordeten Juden. Da war zum Beispiel von Serbien gesagt worden, daß die Deutschen dort von 75 000 oder 85 000 Juden 5000 bislang übrig gelassen hätten. Polen sei das große Schlachthaus, in das die meisten Juden gebracht würden. Nach früheren Angaben dortiger deutscher Rundfunksender müsse das Gros der Juden auf Befehl bis Ende 1942 vernichtet sei.». 224. Josef Sommerfeldt, «200 Jahre Abwehrkampf gegen das Ostjudentum», Deutsche Post aus dem Osten 15, Heft 2/3, p. 12, cité par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hambourg: Hoffmann und Campe, 1991, p. 218. 225. Robert Ley, Die grosse Stunde. Das Deutsche Volk im totalen Kriegseinsatz. Reden und Aufsätze aus den Jahren 1941-1943, Zentralverlag der NSDAP, Franz Eher Nachf, München, 1943, p. 51. 226. Avraham Barkai, «Volksgemeinschaft, ‘Aryanisation’ and the Holocaust», dans David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 42-43. Le journal de Karl Dürkefälden a été publié en Allemagne en 1985 par Herbert et Sibylle Oberhausen, «Schreiben wie es wirklich war…», Aufzeichnungen Karl Dürkefäldens aus den Jahren 1933-1945, Hanovre, 1985. Les informations sur les Juifs de Vilna et sur les gazages sont fournie à Dürkefäldens le 17 janvier 1943 par un ancien collègue à présent soldat stationné à Vilna («17. Januar 1943. Bei mir im Büro war ein früherer Angestellter der Firma, jetzt schon lange Soldat in Wilna», p. 126). Le passage figure page 127: «Über die Juden gefragt, sagte der Soldat: Nach Angaben der Juden gab es vor diesem Kriege 70 000 bis 80 000 Juden in Wilna 8000 sind nur noch vorhanden. Der Soldat fügte hinzu, daß die Juden aus Frankreich und anderen besetzten Ländern nach Polen geholt und dort teils erschossen, teils vergast wurden». 227. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy, The Italians and Jews in Occupied Europe, Bologna, 1984, p. 9; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 93. 228. Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, op. cit., p. 119. 229. Christian Ingrao, Croire et détruire: Les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris: Fayard, 2010, p. 337. La carrière de Strauch ne s’est pas limitée à la Biélorussie. à partir du 23 mai 1944 il dirige le Sipo-SD de Liège (Belgique). Sur cette période, voir Fabien Theofilakis & Patrice Arnaud, Gestapo et polices allemandes - France, Europe de l’ouest 1939-1945, Paris: CNRS Éditions, 2017. 230. On trouve dans la littérature des orthographes très hétérogènes, selon les langues et les habitudes des auteurs, Slutzk, Sluzk, Sluck, Slutsk, Slusk… 231. Voir notamment le rapport du Gebietskommissar de Sloutsk, Heinrich Carl du 30 octobre 1941, dans Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 161sq, qui fournit l’intégralité de ces documents — «Schöne Zeiten»: Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, Fischer, 1988, p. 164sq pour la versions originales en allemand. Nous reproduisons les deux versions sur PHDN accompagnées d’une introduction et d’une bibliographie. Le bilan de 5900 victimes est fourni par Hannes Heer, «Killing Fields. Die Wehrmacht und der Holocaust», in Klaus Naumann et Hannes Heer, Vernichtungskrieg. Die Verbrechen der Wehrmacht 1941-1944, Hambourg: Hambourg Edition, 1995, p. 57; traduction française: «Killing Fields. La Wehrmacht et l’Holocaust», in Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 151. Cette traduction est en ligne sur PHDN… 232. Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 19, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, 1968, p. 198-200. Voir aussi Wolfgang Curilla, Die deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland: 1941 - 1944, München: Ferdinand Schöningh, 2006, p. 257-259. Curilla précise que le nombre de victimes déterminé lors de procès tenus en Allemagne (1600) est sous-estimé et propose un bilan de 3300 victimes (ibib., p. 259). Gert Röbel avance le même chiffre dans «Sowjetunion», in Wolfgang Benz, Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich: R. Oldenbourg Verlag, 1991, p. 546. Des mentions explicites de la liquidation du ghetto de Sloutsk figurent dans des lettres envoyées à Efim Temtchine, originaire de Sloutsk, en 1944 (publiées en 1947), citées dans Vassili Grossman & Ilya Ehrenbourg (éd.), Le Livre Noir. Textes et témoignages, Actes Sud, 1995. Ainsi son voisin Soulkovski lui écrit le 29 août 1944: «Pinhas avait réussi à devenir ouvrier et il a échappé au premier groupe des condamnés. Il a été transféré avec toute la famille en ville, où il est resté jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire jusqu’au 8 février 1943, date à laquelle le ghetto de la ville a été totalement liquidé» (Le Livre Noir…, op. cit., p. 410). Leïzer Temtchine écrit à son frère le 23 octobre 1944: «Je rentre de Sloutsk où j’étais en permission. La ville a été presque entièrement brûlée […] Mère, Pinhas, Freïda, Rosa et Nekhama ont été fusillés en février 1943» (ibid., p. 411-412). Mania Temtchine écrit à son frère Efim le 28 octobre 1944: «Le lundi 6 février 1943, tout le quartier a été encerclé et on a commencé à charger les gens dans des camions. Pinhas a été pris le premier, ensuite maman avec les enfants. C’était à neuf heures du matin. Moi, on m’a embarquée à une heure de l’après-midi. J’ai encore dans les oreilles les cris de mes petites sœurs quand on les a emmenées pour les fusiller. Rosa a été touchée par une balle. Il y avait avec moi dans le camion des enfants et des hommes qui avaient été blessés en tentant de résister. On a pris la route de Bobrouïsk. Le camion était recouvert d’une bâche. Deux Allemands étaient avec nous. J’ai décidé de sauter. Il valait encore mieux mourir sur la route. Le camion roulait très vite. J’avais un canif, j’ai fait une fente dans la bâche en partant de la fenêtre vers le bas, et j’ai sauté»(ibid., p. 413). 233. Notre traduction d’après l’original allemand: «Am 8. und 9. Februar 1943 wird in der Stadt Sluzk von dem hiesigen Kommando eine Umsiedlung der dortigen Juden vorgenommen. An der Aktion nehmen die unten namentlich aufgeführten Angehörigen des Kommandos sowie rund 110 Angehörige der lettischen Freiwilligenkomp. […] Umsiedlungsgelände: Auf dem Umsiedlungsgelände befinden sich 2 Gruben. An jeder Grube arbeitet je eine Gruppe von 10 Führern und Männern, die sich alle 2 Stunden ablösen. Zeiten 8–10 Uhr, 10–12 Uhr, 12–14 Uhr, 14–16 Uhr.[…] Grube I: […] Grube II: […] Die Sicherung auf dem Umsiedlungsgelände übernimmt SS-Untersturmführer Pierre mit 10 Letten. Für das Kraftfahrwesen während der Vorbereitungen in Minsk, während des Transportes nach Sluzk und für die Aufsicht der Transporte der Juden vom Ghetto zum Umsiedlungsgelände ist SS-Unterstuf. Wiechert verantwortlich. Gleichzeitig ist Vorgenannter für die Gestellung der Munition zuständig. Als Patronenausgeber auf dem Umsiedlungsgelände sind SS-Mann Kraft und Rottwachtmeister Altmann zuständig. […] Der Abtransport der Juden zum Umsiedlungsplatz geschieht mittels 6 Lkws, die von je 4 Letten begleitet werden.[…] An der Sonderaktion nehmen sämtl. Führer und Männer der hiesigen Dienststellen, außer folgenden Führern und Männern, die in Minsk bleiben,…», cité dans Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 19, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, 1968, p. 199-200, ainsi que dans Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 242, p. 581-583). On trouvera des informations complémentaires sur Strauch et des extraits de ses dépositions dans Trials of War Criminals before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10, October 1946 – April 1949, volume IV: The Einsatzgruppen Case, Washington, D.C.: Nuernberg Military Tribunals, United States Government Printing Office, 1952, p. 564-565. En 1948, par exemple Strauch confirme évidemment que les Juifs étaient massacrés parce que juifs (p. 565). Ce documents est cité très partiellement dans Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 22 dans une traduction erronée, qui ne nuit pas cependant au propos. 234. Journal du Capitaine Lucio Merci, 21 mars 1943, cité par Joseph Rochlitz, «Excerpts from the Salonika Diary of Lucillo Merci (February-August 1943)», Yad Vashem Studies, 18, 1987, p. 303-304. 235. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy. The Italians and Jews in Occupied Europe 1941–43. A collection of notes and research materials for the documentary film, Rome, 1988, p. 10, cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 126. La source, non publiée, de Jonathan Steinberg est constituée par les notes préparatoires du documentariste Joseph Rochlitz pour son film de 1987 sur les tentatives de sauvetages de certains Juifs par des fascistes italiens (dont une version française, plus courte, existe). Jonathan Steinberg ne produit pas la version originale en italien et sa traduction en anglais comporte une erreur que nous corrigeons à partir de cette version originale italienne (publiée en fait en 1987, voir ci-après). Il traduit «Essi vengono tutti gassati, senza distinzione, di vecchi, donne e bambini» par «They will all be gassed without distinction, the old women, babies» alors que cela signifie «Ils sont tous gazés sans distinction, des vieux jusqu’aux femmes et aux bébés». Voici la version originale italienne (passage complet): «Bastianini si e riservato di parlare di nuovo al Duce della cosa con elementi piu precisi. Ed infatti ha avuto da Vidau le ultime notizie ricevute da Berlino degli orrendi massacri perpetrati contro gli ebrei e le ha portate al Duce. “La vera ragione dell’atteggiamento dei nostri ufficiali, non vi è stata detta da Ambrosio ma ve la dirò io Duce, i nostri sanno quale la sorte che attende gli ebrei che verranno consegnati ai tedeschi. Essi vengono tutti gassati, senza distinzione, di vecchi, donne e bambini. È perciò che i nostri non permetteranno mai che con la loro connivenza si compiano simili atrocità. E Voi, Duce, non dovete acconsentirvi. Perché volete assumervi questa responsabilità che ricade interamente su di Voi?” Questo è stato il coraggioso di Bastianini» (Luca Pietromarchi, «Frammenti delle memorie dell’ambasciatore Luca Pietromarchi. La difesa degli ebrei nel ’43», Nuova Antologia, 2161, janvier-mars 1987, p. 245-246). 236. Ciano rapporte dans son journal ce que Goering lui a confié: «Dans les camps de prisonniers russes après avoir mangé tout ce qui était possible, y compris les semelles de leurs souliers, ils ont maintenant commencé se manger entre eux, et ce qui est plus grave, ils ont mangé aussi une sentinelle allemande. Cette année 20 à 30 millions de personnes mourront de faim en Russie. Peut-être est-il bien qu’il en soit ainsi car certains peuples doivent être décimés». Les archives secrètes du comte Ciano 1936-1942, trad fr., Paris, Plon 1948, p. 479; cité par Jean Stengers «Himmler et l’extermination de 30 millions de Slaves», Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2001, no. 71, p. 8. Ciano précisera que Goering lui avait dit cela «avec indifférence la plus absolue» (Comte Galeazze Ciano, Journal politique 1939-1943, t. 2, Neuchâtel, La Baconnière, 1946, p. 86; cité par Jean Stengers, ibid.) 237. La présentation la plus accessible et à jour de l’émergence de ces discours au sein du RSHA est proposée par Christian Ingrao, Croire et détruire: Les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris: Fayard, 2010. Une partie du passage de la conférence de Hans Ehlich est d’ailleurs citée par Ingrao, qui le mentionnait déjà dans «Entre mémoire de guerre et génocide. La planification SS des déplacements de populations», in Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 35. Nous tirons l’original en allemand de Klaus Bochmann, «Racism and/or Nationalism: Minorities and Language Policy under Fascist Regimes», dans Guðmundur Hálfdanarson (dir.), Racial Discrimination and Ethnicity in European History, Pisa: PLUS, Università di Pisa, 2003, p. 137-138. Il convient de préciser que ce document est signalé (et cité) au plus tard en 1975 dans Tradition und Neubeginn: internat. Forschungen zur dt. Geschichte im 20. Jh., Referate u. Diskussionen e. Symposiums d. Alexander von Humboldt-Stiftung Bonn-Bad Godesberg, veranst. vom 10. bis 15. September 1974 in Bad Brückenau Alexander von Humboldt-Stiftung, Heymann, 1975 (p. 340). Il est depuis régulièrement cité dans l’historiographie. La conférence de Hans Ehlich a pour titre Die Behandlung des fremden Volkstums. Elle sera publié en mars 1943 (Reichsstudentenführer, Vertrauliche Berichte no 1, 31 mars 1943). Voici notre traduction du passage le plus intéressant de ce document: «Les développements politiques et militaires depuis 1938 ont eu pour conséquence l’occupation et l’incorporation de tous les territoires de l’Est et du Sud-Est du Reich. Ce qui a introduit dans le Reich, outre un nombre considérables d’Allemands, de nombreux peuples étrangers. […] Quelles sont les possibilités générales de relations mutuelles lorsque deux peuples se rencontrent? Les relations entre les peuples sont fondées sur des forces ethno-raciales. Les relations entre le peuple allemand et les groupes ethniques étrangers sur son territoire souverain sont donc un problème de politique nationale et raciale et seulement secondairement de droit constitutionnel ou de politiques de pouvoir. Il y a quatre façons d’affronter cette situation: 1. Une coexistence avec des groupes ethniques égaux sur le plan racial et ethnique; 2. Une incorporation du peuple étranger dans le peuple allemand; 3. Une expulsion territoriale du peuple étranger et 4. l’anéantissement physique des étrangers indésirables dans les zones de pouvoir du Reich allemand. Ces quatre possibilités peuvent être mises en œuvre et elles peuvent l’être simultanément. Il est cependant crucial qu’une fois la voie choisie, elle soit suivie jusqu’au bout sans compromis et que l’on ne soit pas obligé de faire marche-arrière à cause d’une préparation et d’une réflexion préalables insuffisantes. Il est clair qu’un tel renoncement sera toujours interprété comme un signe de faiblesse par les peuples étrangers.». Version originale en Allemand: «Die politische und militärische Entwicklung seit dem Jahr 1938 hat es mit sich gebracht, dass die Besetzung und Eingliederung alle Gebiete im Osten und Südosten des Reiches ausser einer erheblichen Anzahl deutscher Menschen im wesentlichen aber dem Reiche Menschen fremden Volkstums zugeführt hat. […] Welche Möglichkeit ergeben sich nun, ganz allgemein gesehen, bei dem Zusammentreffen zweier Völker in ihrem gegenseitigen Verhältnis? Die Beziehungen zwischen den Völkern beruhen auf völkisch-rassischen Kräften. Die Beziehungen zwischen dem deutschen Volke und fremdvölkischen Gruppen in seinem Hoheitsbereich sind daher ein völkisches und rassenpolitisches Problem und erst in zweiter Linie ein staatsrechtliches oder machtpolitische. 4 Möglichkeiten der Auseinandersetzung sing gegeben: 1. ein Zusammenleben mit rassisch und völkisch gleichen Volksgruppen; 2. eine Umvolkung fremden Volkstums in das deutsche Volkstum; 3. eine räumliche Verdrängung fremden Volkstums und 4. die physische Vernichtung des fremden, in Machtbereiche des Deutschen Reiches unerwünschten Volkstums. Alle 4 Wege können beschritten werden, sie können auch nebeneinander gegangen werden. Entscheidend aber ist, das einmal eingeschlagene Wege auch kompromisslos bis zum Ende durchmarschiert werden und dass man nicht gezwungen ist, auf Grund ungenügender vorheriger Vorbereitungen und Überlegungen auf halbern Wege umzukehren. Es ist klar, dass ein solches Ausweichen von dem fremden Volkstum immer als Schwäche ausgelegt werden muss.» (Klaus Bochmann, p. 137-138). 238. Mémorandum de Friedrich Gollert du 29 mars 1943, cité (partiellement) par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hoffman und Campe, Hamburg, 1991, p. 430. Voir également Benno Muller-Hill, Science nazie, science de mort: l’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 56. Le mémorandum de Friedrich Gollert est cité intégralement par Léon Poliakov, Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Denker, Arani Verlags-GmbH, 1959 (réed. 1978) p. 508-514 (p. 510 pour le passage cité) et Wolfgang Michalka, Das Dritte Reich: Dokumente zur Innen- und Aussenpolitik, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1985, p. 218. Le passage original est le suivant: «Eine zweite Lösung würde darin bestehen, diese 15 Millionen durch eine Radikalkur auszumerzen. Auch diese Lösung ist abzulehnen. Gewiß kann es vor der Geschichte gerechtfertigt werden, einmal aus biologischen Gründen zu derartigen Radikalmaßnahmen zu schreiten, wie es beispielsweise gegenüber dem Judentum notwendig gewesen ist. Aber ein fremdes Volkstum von 15 Millionen einfach auf diese Weise zu beseitigen, ist einer Kulturnation unwürdig». Léon Poliakov et Josef Wulf mentionnent (p. 508) l’existence dans les archives du YIVO d’une seconde version du mémorandum de Friedrich Gollert. Malgré des différences minimes, cette version mérite d’être citées notamment pour l’équivalence – certes évidente pour un germanophone – entre ausmerzen et ausrotten (exterminer). La solution, rejetée par Gollert est formulée ainsi dans sa seconde version: «die Polen radikal auszurotten. Wenn es gewiß auch einmal vor der Geschichte gerechtfertigt werden kann, aus biologischen Gründen zu derartigen Radikalmaßnahmen zu schreiten, wie es beispielsweise gegenüber den Juden notwendig gewesen ist, so scheint doch eine solche Lösung bei einem Volke, von dem große Bestandteile noch innerhalb der Reichsgrenzen wohnen, der Tradition des deutschen Volkes unwürdig», ce qui a la même signification que la première version citée. On soulignera que Gollert rejette de «durch eine Radikalkur auszumerzen» les Polonais, c’est-à-dire de les «radikal auszurotten» (les exterminer radicalement) comme ce qui a été, selon Gollert, «gegenüber den Juden notwendig», nécessaire contre les Juifs… Le mémorandum de Friedrich Gollert a été signalé dès 1946 par Max Weinreich dans son Hitler’s professors, the part of scholarship in Germany’s crimes against the Jewish people, New York: Yiddish scientific institute-Yivo, 1946 (rééd New Haven: Yale University Press, 1999 – trad. française: Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013), p. 181. Max Weinreich a également remarqué l’existence des deux versions mentionnées par Wulf et Poliakov. De plus, Weinreich fournit le fac-similé d’une partie du document original (de la partie que nous citons). 239. Ce passage vaut d’être cité. Après avoir décrit longuement les catégories – et leurs usages – de Polonais racialement assimilables ou, à défaut, exploitables comme main d’œuvre servile, Gollert en arrive à une troisième catégorie (ni assimilable ni utilisable donc) dont rien ne saurait être espéré, ou plutôt dont le pire est à craindre. Il écrit: «Pour ce qui est de la troisième catégorie restante d’environ 2 à 3 millions, qui comprend tous ceux qui sont sans aucune valeur pour nous autres Allemands: il ne s’agit pas seulement des fanatiques polonais, qui doivent évidemment être totalement exterminés, mais également de tous les éléments associaux, de tous les malades et autres à exclure qui ne présentent pour nous qu’un intérêt médiocre en terme de valeur laborieuse. Contre cette troisième catégorie, numériquement beaucoup moins importante que les deux autres, on ne pourra éviter l’emploi de moyens radicaux» («Zur restlichen dritten Kategorie von etwa 2-3 Millionen gehören alle diejenigen, die für uns Deutsche ohne jeden Wert sind. Das sind nicht nur die polnischen Fanatiker, die natürlich restlos ausgemerzt werden müssen, sondern es sind weiter alle asozialen Elemente, alle Kranken und sonstigen Personen, die auch arbeitsmäßig für unsere Interessen nicht in Frage kommen. Gegenüber dieser dritten Kategorie, die zahlenmäßig erheblich kleiner als die beiden anderen Kategorien ist, werden Radikalmittel nicht zu vermeiden sein», cité par Léon Poliakov & Josef Wulf, Das Dritte Reich un seiner Denker, Berlin-Grunewald: arani-Verlag-GmBH, 1978 p. 511 ainsi que par Wolfgang Michalka, Das Dritte Reich: Dokumente zur Innen- und Aussenpolitik, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1985, p. 219 ou encore Susanne Heim et Götz Aly, Bevölkerungsstruktur und Massenmord. Neue Dokumente zur deutschen Politik der Jahre 1938-1945, Berlin: Rotbuch, 1991, p. 149. 240. Cité par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hoffman und Campe, Hamburg, 1991, p. 431: «[…] verbreitete sich das Gerücht von einer angeblich beabsichtigten 3-Klassen-Teilung der polnischen Bevölkerung […] 3. Klasse sei zur Vernichtung bestimmt». Max Weinreich avait signalé ce rapport dès 1946 (Hitler’s professors…, op. cit.). 241. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 11, p. 482. 242. Nous nous écartons de la traduction française fournie d’après Deutscher Wochendienst, 5 février 1943, NG-4714, cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 880, en nous appuyant sur la version originale en Allemand: «Betonen: Würden wir diesen Krieg verlieren, so fallen wir nicht in dir Hände irgendwelcher anderer Staaten, sondern werden alle vom Weltjudendum vernichtet. — Das Judentum fest entschlossen, alle Deutschen auszurotten. — Völkerrecht und Völkerbrauch schützen nicht vor dem totalen Vernichtungswillen der Juden.» (que nous tirons de l’original que nous avons consulté: Deutscher Wochendienst du 5 février 1943, 8314, «Wenn der Juden an der Macht ist», NG 4714, Prosecution exhibit no 1265, NARA, Record Group 238 (Collection of World War II War Crimes Records), Prosecution Exhibits in Case No. 11, United States v. Ernst von Weizsaecker, et al., Prosecution Exhibits 1211 thru 1365, M 897, roll 34, frame 324). Cette version originale en allemand avait déjà été citée en 1969 dans Norman Cohn, Die Protokolle der Weisen von Zion: der Mythos von der jüdischen Weltverschwörung, Kiepenheuer & Witsch, 1969, p. 264, d’après Hilberg, dans son édition de 1961 en anglais (ce qui est suprenant, Hilberg ne citant pas l’original en entier). A toutes fins utiles, la version en anglais de l’ouvrage de Raul Hilberg: «Stress: If we lose this war, we do not fall into the hands of some other states but will all be annihilated by world Jewry. Jewry firmly decided [fest entschlossen] to exterminate all Germans. International law and international custom will be no protection against the Jewish will for total annihilation [totaler Vernichtungswille der Juden]» (Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, third edition, volume III, New Haven: Yale University Press, 2003, p. 1094). Le microfilm (NARA, RG 238, M897 roll 34) dont nous tirons le document original contient le recueil de documents numéro 13 du onzième procès (sur douze) de la deuxième série des procès de Nuremberg, dit procès des Ministères ou procès de la Wilhelmstraße (case 11: «The United States of America vs. Ernst von Weizsäcker, et al.»), durant lequel Otto Dietrich figurait parmi les accusés. 243. Notre traduction d’après l’original en allemand que nous avons consulté: «Juden sind Verbrecher. […] ist zu betonen, daß es im Judentum nicht, wie das in anderen Völkern der Fall ist, einzelne Verbrecher gibt, sondern daß das Judentum als Ganzes aus verbrecherischer Wurzel stammt und seiner Anlage nach verbrecherisch ist. Die Juden sind kein Volk wie andere Völker, sondern Träger einer zum Scheinvolk zusammengeschlossenen Erbkriminalität. Das Verbrechertum aller Länder spricht eine Fachsprache, deren wichtigste Bestandteile hebräisch sind. Die Vernichtung des Judentums ist kein Verlust für die Menschheit, sondern für die Völker der Erde ebenso nützlich wie Todesstrafe […] für kriminelle Verbrecher» («Themen die Zeit» 8615, Zeitschriften-Dienst, 204/73, 2 avril 1943, no. 8613-8647, p. 2, NG 4710, Prosecution exhibit no 1266, NARA, Record Group 238 (Collection of World War II War Crimes Records), Prosecution Exhibits in Case No. 11, United States v. Ernst von Weizsaecker, et al., Prosecution Exhibits 1211 thru 1365, M 897, roll 34, frame 330). Tout le passage mérite d’être cité: «Juden sind Verbrecher. In Fortsetzung seiner augekündigten Beitragsreihe über die kriminellen Elemente in den Reihen der Feinde Deutschlands und seiner Verbündeten (vgl. „DW“ 8513 und 8575) beschäftigt sich der „Deutsche Wochendlenstienst“ abermals mit dem Judentum. Als aktueller Anlaß für die Behandlung können die Erwähnung des Judentums in der letzten Führerrede genommen werden, weiter die Verbrechen des Bolschewismus und die jüdischen Haß-Orgien gegen Deutschland in Großbritannien und den USA. In den Arbeiten, für die der „Deutsche Wochendlenstienst“ umfangreiche Anregungen und Themenvorschläge bringt, ist zu betonen, daß es im Judentum nicht, wie das in anderen Völkern der Fall ist, einzelne Verbrecher gibt, sondern daß das Judentum als Ganzes aus verbrecherischer Wurzel stammt und seiner Anlage nach verbrecherisch ist. Die Juden sind kein Volk wie andere Völker, sondern Träger einer zum Scheinvolk zusammengeschlossenen Erbkriminalität. Das Verbrechertum aller Länder spricht eine Fachsprache, deren wichtigste Bestandteile hebräisch sind. Die Vernichtung des Judentums ist kein Verlust für die Menschheit, sondern für die Völker der Erde ebenso nützlich wie Todesstrafe oder Sicherungsverwahrung für kriminelle Verbrecher. Auch machen wir keine Unterschiede zwischen dem biblischen Volk Israel und den heutigen Juden, denn beide sind kriminell. Sittlich wertvolle Stellen der jüdischen Ueberlieferung erwähnen wir nicht, weil sie Lehngut aus dem aëgyptischen und babylonischen Kulturkreis sind» (ibid.). Le même document est cité plus partiellement par Jeffrey Herf («Juden sind Verbrecher», Zeitschriften-Dienst, 204/73, no 8615 (2 avril 1943), cité par Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006, p. 199). Voir également, Randall L. Bytwerk, «The Argument for Genocide in Nazi Propaganda», Quarterly Journal of Speech, Vol. 91, No. 1, February 2005, p. 49. Ce document avait déjà été signalé par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Denker, Berlin: arani-Verlag, 1959, p. 455. Il convient ici de relever qu’il y a deux publications hebdomadaires de directives, les Zeitschriften-Dienst et les Deutscher Wochendienst, toutes deux confidentielles, destinées aux rédacteurs de publications allemandes, qui devaient les garder sous clé et les utiliser pour les guider dans leur travail. Les Deutscher Wochendienst reprenaient le contenu des Zeitschriften-Dienst les complétant d’informations généralement (mais pas systématiquement) plus détaillées pour guider la rédaction préconisée dans ces dernières. On va donc retrouver dans la littérature des passages proches ou identiques mais tirés, selon les auteurs plutôt des Zeitschriften-Dienst ou des Deutscher Wochendienst, selon les sources qu’ils ont consultées. Ainsi Raul Hilberg cite, dès 1961 le passage équivalent tiré des Deutscher Wochendienst du 2 avril 1943 (Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, Chicago: Quadrangle Books, 1961, p. 656). En note 2 (même page), Hilberg précise bien qu’il s’agit des directives «Deutscher Wochendienst» du 2 avril 1943, présentées lors de la seconde série des procès de Nuremberg dans le document NG-4713. Dans les éditions ultérieures, à partir de 1985, Raul Hilberg introduit une erreur d’une année sur la date, donnée pour le 2 avril 1944 et non le 2 avril 1943; c’est notamment le cas pour les éditions françaises de 1988, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 880, note 81 et 2006, Gallimard, Folio Histoire, tome III, p. 1890, note 128. Nous avons vérifié sur l’original, le document NG-4713 (NARA, RG 238, M897, roll 34, frame 335): le passage cité par Hilberg est bien tiré des directives du 2 avril 1943. Un large extrait de l’original en allemand des directives du 2 avril 1943 (dans leur formulation des Zeitschriften-Dienst, incluant le passage que nous citons) est fourni au public dès 1950, dans la publication en Allemand du jugement du onzième procès de la deuxième série des procès de Nuremberg, dit «procès de la Wilhelmstraße», durant lequel Otto Dietrich figurait parmi les accusés. La directive du 2 avril y est longuement citée, malheureusement avec une erreur de date (elle y est datée du 5 février 1943), Robert M. W. Kempner & Carl Haensel, Das Urteil im Wilhelmstrassen-Prozess, Schwäbisch Gmünd, 1950, p. 133. La version en anglais du jugement du «procès de la Wilhelmstraße» mentionne bien le 2 avril 1943 (et non le 5 février 1943 comme le fait la version publiée en allemand). C’est d’ailleurs bien le texte des directives du 2 avril 1943 et non de celles du 5 février 1943, ce que nous avons soigneusement vérifié sur les originaux figurant dans la fameuse bobine 34. On retrouvera en conséquence, hélas, souvent dans la littérature cette seconde date erronée, en référence à cette citation. C’est le cas dans Joseph Billig, «The Launching of the “Final Solution”», The Holocaust and the Neo-Nazi Mythomania, New York: The Beate Klarsfeld Foundation, 1978, p. 69 et 103a, qui reprend tout le passage publié en 1950; ou encore chez Bernward Dörner «Der Holocaust. Die „Endlösung der Judenfrage“», in Wolfgang Benz (éd.), Vorurteil und Genozid. Ideologische Prämissen des Völkermords, Vienne: Böhlau, 2010, p. 110. D’autres auteurs citent directement le document (NG 4710), mais sans en fournir ni la date ni le contexte (Josef Ackermann, Heinrich Himmler als Ideologue: Nach Tagebüchern, stenographischen Notizen, Briefen und Reden, Göttingen: Musterschmidt, 1970, p. 162 dont note 27). Le recueil de Jacob Robinson et Henry Sachs (éds), The Holocaust: The Nuremberg Evidence - Part One: Documents (Jerusalem: YIVO and Yad Vashem, 1976), mentionne, p. 73, pour l’entrée 0520 «NG 4713. Apr. 2, 1943. Instruction for the exploitation of anti-Semitism in the press» et pour l’entrée 0521 «NG 4714. Feb. 5, 1943. Ditto»), ce qui est conforme au recueil des documents que nous avons consultés (NARA, RG 238, M897 roll 34). Il faut relever que peu d’auteurs fournissent une source archivistique permettant de remonter aux documents originaux et de procéder à des vérifications. C’est le cas de Stefan Krings qui, pour les directives du 2 avril 1943, qu’il cite, mentionne les Bundesarchiv de Coblence: «Zeitschriftendienst v. 2.4.1943, in: BArch Koblenz, AllProz 2/417, NG 4710» (Stefan Krings, Hitlers Pressechef. Otto Dietrich (1897-1952). Eine Biografie, Wallstein Verlag, 2011, p. 436, note 67), et une autre pour la même date: «Deutscher Wochendienst vom 2.4.1943, in: IfZ, NG 4713» (ibid., note 105). Tous ces documents figurent dans le recueil de documents numéro 13 du onzième procès, comme cela est mentionné par Alexander G. Hardy, Hitler’s Secret Weapon: The “Managed” Press and Propaganda Machine of Nazi Germany, New York: Vantage, 1967, qui cite une traduction en anglais de la directive du 2 avril 1943, p. 292, et en fournit l’origine: «Periodical Press Directive — excerpts from Wochendienst, Series 8613-8630, Document NG-4713, Prosecution Exhibit 1267, Document Book 13 C, Case No. 11, NWCT», note 18, p. 326. Jeffrey Herf mentionne également leur origine archivistique dans les collections de documents des National Archives, à savoir «War Crimes Records Collection, U.S. Nuerenberg War Crimes Trials, United States of America v. Ernst von Weizsäcker et al., case 11, in NARA, RG 238, M 897, roll 34) War Crimes Records Collection, M 897, roll 34» (Jeffrey Herf, The Jewish Enemy, op. cit., p. 342). Ce sont ces références qui nous ont mis sur la piste des originaux que nous avons consultés (voir plus haut) en nous procurant la bobine 34 déjà mentionnée. A toutes fins utiles, au sein du rouleau 34 (NARA, RG 238, M897 roll 34) on a, pour ce qui nous occupe ici: Zeitschiften-Dienst, 196./65., 5 februar 1943, nummer 8312-8351: doc NG-4715 - Prosecution exhibit no. 1264, frames 320-321 (reproduction partielle); Deutscher Wochendienst, 196./65., 5 februar 1943, nummer 8312-8337: doc NG-4714 - Prosecution exhibit no. 1265, frame 324-326 (reproduction partielle); Zeitschiften-Dienst, 204./73., 2 april 1943, nummer 8613-8647: doc NG-4710 - Prosecution exhibit no. 1266, frames 329-330 (reproduction partielle); Deutscher Wochendienst, 204./73., 2 april 1943, nummer 8613-8630: doc NG-4713 - Prosecution exhibit no. 1267, frames 333-338 (reproduction complète). 244. Cité par Helmut Krausnick & Hans-Heinrich Wilhelm, Die Truppe des Weltanschauungskrieges: die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD, 1938-1942, Stuttgart: Deutsches Verl, 1981, p. 539. Original en allemand: «Zur Judenfrage wurde schon Stellung genommen. Ich brauche nicht mehr zu sagen nur noch das: Als die Zivilverwaltung kam, fand sie Betriebe vor, die von der Wehrmacht mit Juden in Gang gebracht waren. Während die Weißruthenen die Juden totschlagen wollten, hat die Wehrmacht die Juden an die Spitze gebracht. So kamen die Juden in Schlüsselstellungen, und es ist heute schwierig, sie wieder völlig herauszubekommen, denn sonst werden Betriebe von heute auf morgen zerschlagen, und das können wir uns nicht leisten. Ich glaube, wir können trotzdem beruhigt sein, denn vorhanden waren schätzungsweise 150.000, und es sind nun schon 130.000 verschwunden. Wir haben noch etwa 22.000 im Bereich des Generalkommissariates. Meines Wissens ist allein diese Anzahl in Kauen vorhanden. Immerhin bitte ich Sie dahin zu wirken, daß der Jude zum mindesten da verschwindet, wo er überfällig ist. Wir können nicht einsehen, daß es jüdische Putzfrauen, Telefonistinnen usw. geben soll, und können auch nicht einsehen, daß so viele Stiefelputzer gebraucht werden; diese sind überflüssig und müssen daher verschwinden. Wir kommen auch da ohne Juden weiter. Wir werden die Zahl auf die Hälfte erniedrigen, ohne wirtschaftliche Schwierigkeiten zu haben» (nous corrigeons la transcription fautive Generalkommisariats par Generalkommissariates qui figure dans l’original). Le document est également cité par Wolfgang Benz, Konrad Kwiet, Jürgen Matthäus, Einsatz im “Reichskommissariat Ostland”: Dokumente zum Völkermord im Baltikum und in Weissrussland, 1941-1944, Berlin: Metropol Verlag - 1998 (doc 221 qui commence p. 234; la cote archivistique fournie est «ZSA Minsk, 370-1-53, fol. 144; Kopie im Archiv des USHMM, RG 53.002M, Rolle 11».). Le fac-similé du document complet que nous proposons est tiré des archives de Yad Vashem. Le passage cité y figure à la huitième page. 245. Cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 200-201: «Mit dem Antisemitismus ist es genauso wie mit der Entlausung. Es ist keine Weltanschauungsfrage, daß man die Läuse entfernt. Das ist eine Reinlichkeitsangelegenheit. Genauso ist der Antisemitismus für uns keine Weltanschauungsfrage gewesen, sondern eine Reinlichkeitsangelegenheit, die ja jetzt bald ausgestanden ist. Wir sind bald entlaust.» 246. Marc Knobel, «L’ethnologue à la dérive: George Montandon et l’ethnoracisme», Ethnologie française, avril-juin 1988, t. 18, n. 2, p. 112. En ligne… 247. George Montandon, La Question juive en France et dans le monde, no 9, avril-mai 1943, p. 3-5, 6-14; également publié dans Montandon, «Ethno-raciologie judaïque (Sociologie de l’ethnie juive)», L’Ethnie Française, no 8, mai 1943, p. 5-9, cité par Asher Cohen, Persécutions et sauvetages: juifs et français sous l’occupation et sous Vichy, Paris: Cerf, 1993, p. 354. Le passage est également cité par Marc Knobel, «George Montandon et l’ethno-racisme», in Pierre-André Taguieff (dir.), L’antisémitisme de plume. 1940-1944: études et documents, Paris: Berg international éd., 1999, p. 284; également dans Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour, Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, Paris: Fayard, 2017, p. 398. 248. Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour, Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, op. cit., p. 398-399. 249. Susan Zuccotti, Under His Very Windows. The Vatican and the Holocaust in Italy, New Haven, 2000, p. 108-109 ; cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 564. 250. Notre traduction d’après l’original en allemand: «Aber wir wollen sagen – Juda und Kapitalisten und Bolschewisten, hört es – wir wollen, daß Juda vernichtet wird und Juda wird vernichtet werden, das wissen wir. (langanhaltender Beifall) Wir schwören, wir werden nicht eher den Kampf aufgeben, bis der letzte Jude in Europa vernichtet ist und gestorben ist. (langanhaltender Beifall)»: Robert Ley: Ansprache in einem Berliner Rüstungsbetrieb zum 10. Jahrestag der Deutschen Arbeitsfront, Deutsches Rundfunkarchiv Frankfurt DRA 52.8918 (3.5.1943), retranscrit dans Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben unter den Bedingungen der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft, vol. 1, Tondokumente und Rundfunksendungen 1930-1946, Potsdam: Verlag für Berlin-Brandenburg, 1996, no 142, p. 229. On peut remarquer que la transcription effectuée dans les Tondokumente diffère très légèrement du discours prononcé par Ley (): «Auch wir wollen sagen – Juda und Kapitalismus Bolschewisten […]». Nous traduisons ici Juda par les Juifs car c’est bien à ce collectif que renvoie toujours Robert Ley lorsqu’il emploie ce terme. L’ensemble du discours de 40 minutes est remarquable tant il décline tous les thèmes de la propagande antisémite nazie à fin de justifier l’extermination des Juifs. Ce discours fut d’ailleurs remarqué et cité, notamment en Grande-Bretagne où il est mentionné quelques jours plus tard. Le Jewish News de Londres du 10 mai 1943 rapporte ainsi les propos de Robert Ley: «We swear we are not going to abandon the struggle until the last Jew in Europe has been exterminated and is actually dead» (Cité par C. C. Aronsfeld, The Text of the Holocaust. A Study of the Nazis’ Extermination Propaganda: 1919-1945, Micah Publications, Marblehead 1985, p. 44). Relevons que, en dehors du recueil de discours dont notre citation est tirée, la littérature historienne s’est contentée de citer seulement la seconde partie du passage («Wir schwören, wir werden nicht eher den Kampf aufgeben, bis der letzte Jude in Europa vernichtet ist und gestorben ist»). C’est le cas par exemple de Wolfgang Benz, «Vernichtung als politische Kategorie im Denken des 20. Jahrhunderts», dans Mihran Dabag & Kristin Platt (ed), Genozid und Moderne, Band 1, Strukturen kollektiver Gewalt im 20. Jahrhundert, Leske + Budrich, Opladen 1998, p. 134. Enfin, on aura remarqué (une évidence pour tout germaniste) que vernichten (anéantir, exterminer) signifie bien la mise à mort (gestorben ist). 251. Cité par Christian Gerlach et Götz Aly, Das Letzte Kapitel. Der Mord an den ungarischen Juden, Stuttgart München, DVA, 2002, p. 87-88, notamment note 271, p. 88. Version originale: «Judentum muß in Europa ausgerottet werden. Was sich dem entgegenstellt, muss fallen […] Bei Juden aber kein Mitleid […] Nicht entschuldigen die die sich gegen Juden nicht verteidigen.» 252. Original en allemand: «Dieser Krieg ein Krieg der jüdischen Rasse und ihrer Hilfsvölker gegen die arische Menschheit […] Denn dieser Krieg ist ein Rassenkrieg. Er ist vom Judentum ausgegangen und verfolgt in seinem Sinne und nach seinem Plan kein anderes Ziel als die Vernichtung und Ausrottung unseres Volkes. Wir stehen dem Judentum doch als einziges Hindernis gegenüber auf seinem Wege zur Weltherrschaft […] Kein prophetisches Wort des Führers bewahrheitet sich mit einer so unheimlichen Sicherheit und Zwangsläufigkeit wie das, wenn das Judentum es fertig bringen werde, einen zweiten Weltkrieg zu provozieren, dieser nicht zur Vernichtung der arischen Menschheit, sondern zur Auslöschung der jüdischen Rasse führen werde. […] Es handelt sich hier um ein Weltproblem erster Ordnung, das von der heute lebenden Generation gelöst werden kann und auch gelöst werden muss […] « Als sie [die Juden] gegen das deutsche Volk den Plan einer totalen Vernichtung fassten, unterschrieben sie damit ihr eigenes Todesurteil»: cité par Peter Longerich, »Davon haben wir nichts gewusst!« Die Deutschen und die Judenverfolgung 1933-1945, München: Siedler Verlag, 2006, p. 271-272. Une traduction plus complète du même passage est fournie en ligne… 253. Ce passage très connu sur les Protocoles des Sages de Sion est le suivant: «J’étudie de nouveau les Protocoles sionistes [Les Protocoles des Sages de Sion]. Jusqu’à présent, ils ne semblaient pas aptes à faire l’objet d’une propagande effective. Je déduis de ma lecture que nous pouvons très bien les utiliser. Les Protocoles des Sages de Sion sont aussi modernes aujourd’hui qu’au jour de leur première publication. On est étonné de voir la cohérence extraordinaire avec laquelle y est décrite la poursuite juive de la domination mondiale. Si les Protocoles des Sages de Sion ne sont pas authentiques, ils ont été élaborés par un génial critique de l’époque. J’aborde ce thème à midi avec le Führer. Le Führer soutient le point de vue que les Protocoles des Sages de Sion peuvent prétendre à une authenticité absolue.» (notre traduction d’après l’original en allemand: «Ich studiere noch einmal eingehend die Zionistischen Protokolle. Bisher war mir immer entgegengehalten worden, sie eigneten sich nicht für die aktuelle Propaganda. Ich stelle bei meiner Lektüre fest, daß wir sie sehr wohl gebrauchen können. Die Zionistischen Protokolle sind heute so modern wie an dem Tage, an dem sie zum ersten Mal publiziert wurden. Man ist erstaunt über die außerordentliche Konsequenz, mit der hier das jüdische Weltherrschaftsstreben charakterisiert wird. Wenn die Zionistischen Protokolle nicht echt sind, so sind sie von einem genialen Zeitkritiker erfunden worden. Ich komme mittags beim Führer auf dies Thema zu sprechen. Der Führer vertritt den Standpunkt, daß die Zionistischen Protokolle absolute Echtheit beanspruchen könnten..», Journal de Goebbels, 13 mai 1943: Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 287). 254. Journal de Goebbels, 13 mai 1943 (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 287-288). Pour le contexte et une citation (partielle) voir Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, p. 847. Voir également Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008, p. 589. Le passage cité est le suivant: «Die Natur ist vom Gesetz des Kampfes beherrscht. Immer wieder wird es parasitäre Erscheinungen geben, die den Kampf beschleunigen und den Ausleseprozess zwischen den Starken und den Schwachen intensivieren. […] In der Natur handelt das Leben immer gleich gegen den Parasitismus; im Dasein der Völker ist das nicht ausschließlich der Fall. Daraus resultiert eigentlich die jüdische Gefahr. Es bleibt also den modernen Völkern nichts anderes übrig, als die Juden auszurotten». Ce passage est partiellement cité en 1977 par Martin Broszat, «Hitler und die Genesis der „Endlösung“. Aus Anlaß der Thesen von David Irving», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 25, no 4, 1977, note 68, p. 771-772. La dernière phrase est citée en français dès 1949 dans Droit et Liberté, no 34, 1er septembre 1949, p. 7. Compte tenu de l’intérêt de l’entrée du journal de Goebbels de ce 13 mai 1943 (voir notamment la suite ci-après), l’auteur des présentes lignes demeure perplexe sur le fait que l’édition française (Journal de Goebbels, Paris: Tallandier, 4 tomes, 2006-2009) fasse presque complètement l’impasse dessus. Non seulement elle n’a pas été jugée digne d’être publiée dans le quatrième tome (1943-1945), mais Florent Brayard, dans son très pertinent «Goebbels et l’extermination des Juifs» (troisième tome, 1939-1942) n’y fait même pas allusion. Seule Elke Fröhlich en cite en passant une seule phrase (les peuples modernes etc.) dans son «Joseph Goebbels, un propagandiste profiteur de guerre» (troisième tome, 1939-1942, p. XLV). 255. Journal de Goebbels, 13 mai 1943 (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 288-290). Le passage vaut d’être cité plus complètement: «Ils [les Juifs] luttent par tous les moyens contre ce processus d’anéantissement en cours. Un de ces moyens est la guerre. Nous devons donc comprendre que dans ce conflit entre l’humanité aryenne et la race juive, nous devons encore mener des batailles très difficiles, car la Juiverie a réussi à amener des membres importants de la race aryenne, consciemment ou inconsciemment, à son service. Quoi qu’il en soit, le Führer pense que la Juiverie a souvent été au bord de la domination absolue du monde. Mais à chaque fois qu’elle était proche de son but, elle a connu un échec qui l’a ramenée au point de départ de sa vie raciale la plus primitive. Ce sera également le cas cette fois-ci. Nous n’avons qu’à continuer le travail avec patience et ténacité et ne devons pas nous laisser décourager par des revers occasionnels. Il est presque incompréhensible que leurs déboires n’assagissent pas les Juifs […] Il n’y a donc aucun espoir de ramener les Juifs dans le cercle de l’humanité civilisée au moyen d’un châtiment extraordinaire. Ils resteront juifs pour toujours, tout comme nous sommes éternellement membres de l’humanité aryenne. […] Le Führer est fermement convaincu que la Juiverie mondiale est confrontée à une chute historique. […] Telle est notre mission historique, qui ne peut être arrêtée par la guerre, mais seulement accélérée. La Juiverie mondiale pense qu’elle est sur le point de remporter la victoire mondiale. Cette victoire mondiale ne viendra pas, mais une chute mondiale. Les peuples, qui ont le mieux compris le Juif et sont le plus susceptibles de le combattre, prendront sa place comme maître du monde» (notre traduction d’après l’original en allemand: «Sie werden sich mit allen Mitteln gegen diesen allmählichen Vernichtungsprozeß zur Wehr setzen. Eines dieser Mittel ist der Krieg. Wir müssen uns also darüber klar sein, daß wir in dieser Auseinandersetzung zwischen der arischen Menschheit und der jüdischen Rasse noch sehr schwere Kämpfe zu bestehen haben, weil das Judentum es verstanden hat, große Völkerschaften aus der arischen Rasse bewußt oder unbewußt in seine Dienste zu bringen. Jedenfalls meint der Führer, daß das Judentum schon oft vor der absoluten Weltherrschaft gestanden habe. Aber auch jedesmal, wenn es nahe am Ziel war, erlebte es einen Engelssturz, der es wieder auf die primitivsten Anfänge seines rassischen Lebens zurückwarf. Das wird auch diesmal wieder der Fall sein. Wir müssen nur mit Geduld und Zähigkeit am Werke bleiben und dürfen uns durch gelegentliche Rückschläge nicht beirren lassen. Es ist fast unverständlich, daß die Juden niemals durch Schaden klug werden. […] Es besteht deshalb auch nicht die Hoffnung, die Juden durch eine außerordentliche Strafe wieder in den Kreis der gesitteten Menschheit zurückzuführen. Sie werden eben ewig Juden bleiben, so wie wir ewig Mitglieder der arischen Menschheit sind. […] Das Weltjudentum steht nach der festen Überzeugung des Führers vor einem geschichtlichen Sturz […] Das ist unsere geschichtliche Mission, die durch den Krieg nicht aufgehalten, sondern nur beschleunigt werden kann. Das Weltjudentum glaubt vor einem Weltsieg zu stehen. Dieser Weltsieg wird nicht kommen, sondern ein Weltsturz. Die Völker, die den Juden am ehesten erkannt haben und ihn am ehesten bekämpfen, werden an seiner Stelle die Weltherrschaft antreten»). 256. Robert N. Proctor, The Nazi War on Cancer, Princeton University Press, 1999, p. 46. 257. Voir rapport de Rudolf Brandt du 8 juillet 1942, cité dans Andrea Rudorff et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 16: Das KZ Auschwitz 1942−1945 und die Zeit der Todesmärsche 1944/45, Berlin: Walter de Gruyter GmbH, 2009, p. 137. Ce document constitue avant tout la lettre de mission autorisant Carl Clauberg à pratiquer des expériences de stérilisation sur des femmes juives à Auschwitz. Il est connu sous la référence Nuremberg NO-216, disponible en ligne. Brandt y insiste sur le secret le plus absolu qui doit entourer ce sujet. Voir notamment Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, III, Éditions Gallimard, 2006, p. 1740 (passage reproduit en ligne). Dans la documentation, Holfelder est très souvent orthographié Hohlfelder. 258. Son nom apparaît dans un célèbre corpus de documents tirés de la correspondance entre Himmler, Greiser et différents services nazis impliqués, que nous reproduisons, et l’implication de Holfelder est confirmée par les témoignages des acteurs de ce projet, notamment pendant le procès dit «des médecins». Voir, par exemple, la déclaration de Rudolf Brandt du 24 octobre 1946, document NO-441, cité dans Trials of War Criminals Before the Nuernberg Military Tribunals, Volume I: The Medical Case, Washington D.C.: U.S. Government Printing Office, 1950, p. 775. 259. Notre traduction d’après l’original en allemand, ci-après le passage complet «Am Abend noch einmal mit Hollfelder. Er ist ein erbitterter Gegner der katholischen Kirche, verteidigt mit äusserster Schärfe die Ausrottung der Juden und findet es humaner, auch Kinder zu töten, als sie als Juden leben zu lassen. Er hat bei diesem Gespräch, bei dem ich die Gegenpartei mit Vorsicht einnehme, etwas grausam Fanatisiertes» (Udo von Alvensleben, Lauter Abschiede. Tagebuch im Kriege, Frankfurt am Main: Propyläen, 1971, p. 273). 260. Cité par Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 83. Sur cet épisode et cette entrée du journal de von Thadden, voir aussi Christopher Browning, The Final Solution and the German Foreign Office, Holmes & Meier Publishers, Inc., 1978, p. 150-151. Fac-similé en ligne. Version originale: «Auf die Frage der Italiener, was die kleinen Pakete und Koffer, die dort aufgestapelt waren, bedeuteten, habe Kube erklärt, das seien die einzigen Überbleibsel nach Minsk deportierter Juden. Anschließend habe Kube den Italienern eine Gaskammer gezeigt, in der angeblich die Tötung der Juden durchgeführt würde. Die Faschisten sollen auf das Tiefste erschüttert gewesen sein» (Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer Verlag GmbH, Francfort-sur-le-Main, 1983, p. 92). Holocaust Controversies en parle. 261. Ulrich von Hassell, Friedrich Hiller von Gaertringen (éd.), Die Hassell-Tagebücher 1938-1944. Aufzeichnungen vom Anderen Deutschland, Munich: Siedler Varlag, 1989, p. 365: «Erschütternde Berichte des braven Zähringer [Frauendorfer] aus Polen. Während Frank öffentlich erklärt, man wolle Polen ein menschenwürdiges freies Dasein geben und während man – vergeblich – die Welt durch die bolschewistischen Morde in Katyn abzulenken sucht, haust die SS in Polen weiter in unvorstellbarer beschämendster Weise. Unzählige Juden werden in besonders dazu gebauten Hallen vergast, jedenfalls Hunderttausende. Aber auch die Polnische “intelligenz” wird nach wie vor systematisch dezimiert. Zähringer [Frauendorfer] und sein Freund [Berthold] haben sich, außerstande im Generalgouvernement weiter mitzuarbeiten, als einfarte Soldaten gemeldet. Während Fr[ank] eklärte, das sehr begreiflich zu finden, und sie nur ermahnte, zum Heer, aber nicht zur SS zu gehen, hat die Z[ähringer] amtlich und schriftlich zur Rede gestellt, weil er sich zum Heere gemeldet habe, obwoher SS-Mann sei, und hat ihm schärfste Maßnahmen angekündigt. Das sind Zunstände, die unglaublich klängen, wenn man nich schon so abgestumpf wäre. Inzwischen setzte sich der unglückliche Judenrest im Warschauer Ghetto zur Wehr, und es kam zu schweren Kämpfen, die wohl mit völliger Ausrottung durch die SS führen [= enden] werden. Hitler hat den deutschen zum verabscheuten wilden Tier in der ganzen Welt gemacht». Notre traduction se démarque légèrement de celle de la traduction française qui par endroit dénature l’original (Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 323). La toute première édition, dès 1946, du journal de von Hassell présente de très légères différences par rapport au texte publié dans des versions plus tardives. Ainsi «die wohl mit völliger Ausrottung durch die SS führen werden» de l’édition 1989 y figure comme «die wohl zur völligen Ausrottung durch die SS führen werden» (Ulrich von Hassell, Vom anderen Deutschland. Aus den nachgelassenen Tagebüchern 1938-1944, Zürich: Atlantis Verlag, 1946, p. 314). 262. Notre traduction d’après l’original en Allemand de l’article intitulé «Schuld ist der Jude», que nous reconstituons d’après deux sources: Peter Longerich, «NS-Propaganda in Vergangenheit und Gegenwart Bedeutung der nationalsozialistischen Tagespresse für Zeitgenossen und Nachgeborene», dans Christian Kuchler (éd.), NS-Propaganda im 21. Jahrhundert Zwischen Verbot und öffentlicher Auseinandersetzung, Köln Weimar Wien: Böhlau Verlag GmbH, 2014, p. 16-17, et Martin Finkenberger, Johann von Leers (1902–1965). Propagandist im Dienste von Hitler, Perón und Nasser, Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2023, p. 445-446. Martin Finkenberger fournit les différentes éditions de l’article: Lippische Staatszeitung du 16.05.1943, Bremer Zeitung du 16.05.1943, Neue Leipziger Tageszeitung du 17.05.1943, Freiheitskampf du 25.05.1943, Westfälische Landeszeitung du 28.05.1943 (ibid., p. 446). Original en allemand: «Die Judenfrage [ist die] Kern- und Zentralfrage unseres Volkes geworden. Es gibt heute Menschen genug, die sich darüber beklagen, dass wir die Juden aus Europa ausrotten – sie sollten sich erst einmal darüber beklagen, in welch namenloses Elend die Juden mit dem Zusammenbruch 1918 unser Volk und ganz Europa hineingetrieben haben. Ja, aber die Methoden? Wer Methode sagt, hat immer Unrecht. Es kommt auf das Ergebnis an. Das Ergebnis für den Arzt muss die restlose Ausschaltung der Cholera sein, das Ergebnis für unser Volk die restlose Ausschaltung der Juden sein. Der Kampf steht “Spitz auf Knopf”. Es geht zwischen uns und den Juden darum, wer wen überlebt. Wenn die Juden siegen, wird unser ganzes Volk so nieder- gemetzelt wie die polnischen Offiziere im Walde von Katyn – und wenn wir den Juden die Möglichkeit nehmen wollen, nach diesem Krieg wieder einen Krieg und noch einen neuen Krieg und immer neue Kriege und Revolutionen zusammenzubrauen, von denen sich jeder gegen uns richtet und alle nur den Zweck haben, jüdische Rache an uns zu vollziehen – dann dürfen wir das Judentum zwischen uns nicht existieren lassen. Mögen diese Dinge schrecklich sein. Sie sind aber unausweichlich. Wir haben uns die Zeit nicht ausgesucht, in der wir leben, aber wir stehen mit dem Rücken gegen die Wand. Das Judentum, dem wir bis zum Weltkrieg nichts als Gutes erwiesen haben, […] ist uns damals in den Rücken gefallen wie ein Mörder. Und es ist wieder dabei und möchte uns ermorden. Die Feindschaft ist von ihm ausgegangen – und es kann nicht wundern, dass für uns seiner Mordlust gegenüber Notwehrrecht gilt. Es hat es selbst gewollt». 263. Klemperer résume aussi l’article de Leers en notant que pour celui-ci «Tout est donc de la faute du juif, nous devons l’exterminer en Europe», que «ils ont commencé» et que «notre extermination des Juifs n’est pas du tout populaire en Allemagne même» («An allem also nur der Jude schuld, wir müssen ihn in Europa ausrotten», «Sie haben angefangen», «Unsere Judenvertilgung ist in Deutschland selber gar nicht populär», Victor Klemperer, Ich will Zeugnis ablegen bis zum letzten. Tagebücher 1933-1945, Walter Nowoski (éd.), Band 2, Tagebücher 1942-1945, Berlin: Aufbau-Verl., 1996, entrée du 29.5.1943, p. 385). 264. Preußische Zeitung, numéro 136 du 18 mai 1943: «Entweder siegt der internationale Jude, dann stirbt Deutschland. Wir glauben aber, daß Adolf Hitler siegt und der internationale Jude sterben wird, weil er sterben muß! […] Wenn wir in Treue und Gehorsam unsere Pflicht tun, dann steht am Ende der Sieg des Guten über das Böse, der Sieg Adolf Hitlers über den internationalen Juden.», cité dans Ralf Meindl, Ostpreußens Gauleiter. Erich Koch – eine politische Biographie, Einzelveröffentlichungen des DHI Warschau, no 18, Osnabrück: fibre Verlag, 2007, p. 413. 265. Rapport Stroop, page 34, fac-similé en ligne. L’ensemble du rapport et des fac-similés ont été publiés dans «Es gibt keinen jüdischen Wohnbezirk in Warschau mehr!», Andrzej Wirth (éd.), Neuwied, Hermann Luchterhand Verlag, 1960, ainsi que dans Jürgen Stroop, The Stroop Report: The Jewish Quarter of the Warsaw Ghetto is no More !, Sybil Milton (éd. et trad. en anglais), New York, Pantheon Books, 1979. Reproduction partielle dans le Document 1061-PS, Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, vol. XXVI, p. 628 et suiv., p. 656 pour l’entrée du 25 avril. Des extraits du rapport Stroop sont publiés dans «Le rapport Stroop», Le Monde Juif, 1993 (no 147-148), en ligne…, ainsi que dans «Télémessages quotidiens de Stroop durant les combats (extraits)», ibid, en ligne… 266. Rapport Stroop, page 75, fac-similé en ligne. 267. «Wegen der Judenaktionen als solcher soll der Angeklagte nicht bestraft werden. Die Juden müssen vernichtet werden, es ist um keinen der getöteten Juden schade. Wenn sich auch der Angeklagte hätte sagen müssen, daß die Vernichtung der Juden Aufgabe besonders hierfür eingerichteter Kommandos ist, soll ihm zugute gehalten werden, daß er sich befugt gehalten haben mag, auch seinerseits an der Vernichtung des Judentums teilzunehmen». Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, «Schöne Zeiten». Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988, p. 186-187. Version française dans Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux «C’était le bon temps», La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990, p. 188, en ligne sur phdn… 268. Original partiel en allemand: «Über die Judenfrage hörten wir ganz eindeutige und lapidare Feststellungen. Unter den 16 Millionen Einwohnern des Zivilverwaltungsgebietes Ukraine gab es 1,1 Mill. Juden. Sie sind restlos liquidiert. Wir sahen tatsächlich auf unserer ganzen Reise nur 4 Juden.» cité par Dieter Pohl, Verfolgung und Massenmord in der NS-Zeit 1933-1945, Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2003, p. 93. Le même passage est cité par David Luck, «Use and Abuse of Holocaust Documents: Reitlinger and “How Many?”», Jewish Social Studies, vol. 41, no 2 (spring 1979), p. 119. Le passage est plus complètement cité par Max Weinreich dès 1946 (voir ci-après). Kausch ajoute: «Lors de certaines exécutions, des officiers hongrois ou slovaques ont pris des photos qui se sont retrouvées ensuite en Amérique. Cela a été considéré comme particulièrement inopportun.» Rapport de Hans-Joachim Kausch du 26 juin 1943 (500/43 g) cité par Max Weinreich, Hitler’s professors, the part of scholarship in Germany’s crimes against the Jewish people, New York: Yiddish scientific institute-Yivo, 1946, p. 165-166 (réed. New Haven: Yale University Press, 1999, également p. 165-166). Notre traduction, qui s’appuie notamment sur l’original allemand, se démarque légèrement de la traduction française (Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013, p. 235). Le rapport de Hans Joachim Kausch est longuement cité, sans ses passages relatifs à l’extermination des Juifs, à propos du traitement des Ukrainiens par le Reichskommissar Erich Koch, dans Wolodymyr Kosyk, L’Allemagne national-socialiste et l’Ukraine, Paris: Publications de l’Est européen, 1986, p. 374-378. Il s’agit toutefois d’un ouvrage militant (nationaliste ukrainien) qui aborde très marginalement le sort des Juifs en Ukraine. Son aspect documentaire est cependant tout à fait pertinent (plusieurs dizaines de documents figurent en annexe) malgré des interprétations orientées. Max Weinreich cite le document d’après l’original conservé au YIVO (comme Raul Hilberg, voir note suivante). Les autres auteurs citent la copie de cet original conservée aux Archives fédérales d’Allemagne (Bundesarchiv), sous la cote BA R 55/1463. 269. «Juden wurden wie die Wanzen vertilgt». Rapport du Dr Hans-Joachim Kausch du 26 juin 1943 (Occ E-14-11), cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 330. On peut trouver dans la littérature le même document avec la cote Occ E-4-11. 270. Outre le document que nous citons, le conflit entre Strauch et Kube a laissé une abondante traînée documentaire. La plupart des documents ont été publiés, précédés par une longue introduction par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Heft 1, 1956, en ligne…. On en trouve certains traduits en français dans Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 167-170 (principalement un très long rapport de Strauch à charge contre Kube du 25 juillet 1943). 271. Traduit par nous d’après l’original en allemand: «Am Dienstag, den 20. Juli 1943, habe ich befehlsgemäß gegen 7.00 Uhr die beim Generalkommissar Weißruthenien beschäftigten 70 Juden in Haft genommen und der Sonderbehandlung zugeführt. […] Er befragte mich, wie ich dazu käme, die bei ihm beschäftigten Juden festzunehmen. Ich erklärte, daß ich strikten Befehl gehabt habe, diese Aktion durchzuführen. Er verlangte von mir einen schriftlichen Befehl. Ich entgegnete, mir genüge ein mündlicher Befehl, da ich diesen ebenso korrekt durchzuführen hätte, wie einen schriftlichen. […] Er müsse daher annehmen, daß in diesem Zusammenhang die Judenaktion als besonderer Affront ihm gegenüber gedacht sei. […] Ich betonte, daß es mir unverständlich sei, daß deutsche Menschen wegen einiger Juden uneins würden. Ich könne immer wieder feststellen, daß man meinen Männern und mir Barbarei und Sadismus vorwerfe, während ich lediglich meine Pflicht täte. Sogar die Tatsache, daß Juden, die sonderbehandelt werden sollten, ordnungsmäßig durch Fachärzte Goldplomben entfernt worden seien, sei zum Gegenstand von Unterhaltungen gemacht worden. Kube entgegnete, diese Art unseres Vorgehens sei eines deutschen Menschen und eines Deutschlands Kants und Goethes unwürdig. Wenn der deutsche Ruf in aller Welt untergraben würde, so sei es unsere Schuld. Im übrigen sei es auch richtig, daß meine Männer sich an diesen Exekutionen geradezu aufgeilen würden. Ich habe gegen diese Darstellung energisch protestiert und betont, daß es bedauerlich sei, daß wir über diese üble Arbeit hinaus auch noch mit Schmutz übergossen würden. Damit war die Unterredung beendet.». La source est le document Nuremberg NO-4317, souvent transcrit dans la littérature, notamment par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», art. cit., p. 78-79, repris par Walther Hofer, Der Nationalsozialismus Dokumente 1933-1945, Frankfurt am Main: Fischer Bucherei, 1957, dok. 156, p. 277-279 (réed. Frankfurt am Main: Fischer Taschenbuch Verlag, 1982, même pages, traduction française dans Walther Hofer, Le national-socialisme par les textes, traduit de l’allemand par G. et L. Marcou, Paris: Plon, 1962). Raul Hilberg cite (traduit différemment) une partie de notre passage dans Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Paris: Gallimard, Folio Histoire, 2006, tome I, p. 693. La transcription complète du document est en ligne…. Le fac-similé que nous proposons provient des archives du procès Eichmann. Le document est intégralement traduit en anglais dans Trials of War Criminals before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10, October 1946 – April 1949, volume XIII: The Ministries Case, Washington, D.C.: Nuernberg Military Tribunals, United States Government Printing Office, 1952, p. 523-525. 272. Il s’agit du document déjà mentionné plus haut, connu depuis longtemps puisqu’il a été produit lors des procès de Nuremberg sous le cote NO-2262 et cité par de nombreux ouvrages depuis 1946. Il est cité ici d’après le texte original en allemand, cité par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Heft 1, 1956, p. 87, 91, en ligne…. On le trouve traduit en français dans Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 167-170 (notre traduction s’en écarte très légèrement). Version originale des passages cités: «Bei einer Ghetto-Großaktion war durch V-Männer bekannt geworden, daß der Ordnungsdienst der deutschen Juden, der vorwiegend aus ehemaligen Kriegsteilnehmern bestand, gewillt war, mit der Waffe Widerstand zu leisten. Um Blutvergießen auf deutscher Seite zu vermeiden, wurde der Ordnungsdienst an anderer Stelle zusammengezogen. Ihm wurde erklärt, in der Stadt sei ein Brand ausgebrochen, sie hätten sich zur Löscharbeit zur Verfügung zu stellen. Die Juden wurden dann auf Lkw verladen und sonderbehandelt. Auch diese Angelegenheit kam dem Gauleiter auf unerfindliche Art zu Ohren. Er hat sich einmal darüber aufgeregt, daß es brutal sei, diese ehemaligen Frontkämpfer zu beseitigen, daß zum anderen aber die Art des Vorgehens unerhört sei […] Am 1.3.1942 sollte eine Aktion gegen das russische Ghetto in Minsk stattfinden. Der Generalkommissar war vorher benachrichtigt worden. Die Aktion sollte dadurch getarnt werden, daß dem Ältestenrat mitgeteilt wurde, 5000 Juden des Minsker Ghettos würden umgesiedelt. Sie seien vom Ältestenrat auszusuchen und bereitzustellen. Jeder Jude dürfe 5 kg Gepäck mit sich führen. Die tatsächlichen Absichten der Sicherheitspolizei sind nachweislich durch das Generalkommissariat verraten worden. Die im G. K. beschäftigten Juden wurden durch mehrere Tage hindurch nicht in das Ghetto gelassen, sondern im G. K. zurückbehalten. Schon dadurch wurde den Ghetto-Juden klar, daß die Darstellung der Sicherheitspolizei nicht richtig sei. Darüber hinaus sind aber weitere Indiskretionen begangen worden, wie aus V-Mann Meldungen hervorgeht. Eine einwandfreie Klärung dieser Vorgänge war damals nicht möglich. Fest steht aber, daß der Gauleiter sein Wissen dazu benutzt hat, seine Juden zu retten. Infolge des Verrats war kein Jude zum angegebenen Termin zur Stelle. Es blieb nun nichts mehr übrig, als mit Anwendung von Gewalt die Juden zusammenzutreiben. Hierbei wurde Widerstand geleistet. und es mußte von den eingesetzten Kräften von der Schußwaffe Gebrauch gemacht werden. In der schlimmsten Situation, als alles daran gesetzt werden mußte, um den Widerstand zu brechen, erschien der Gauleiter». 273. Amin al-Husseini, Mudhakkirat al-hajj Muhammad Amin al-Husayni, présenté par Abd Al Karim al Umar, Al Ahali, Damas, 1999, p. 126, cité par Wolfgang G. Schwanitz, «Amin al-Husaini und das Dritte Reich - Neues vom und zum Jerusalemer Großmufti», Kritiknetz.de, 7 avril 2008. Voir également Henry Laurens, La Question de Palestine, Tome deuxième 1922-1947, Une mission sacrée de civilisation, Fayard, 2002, p. 469. Husseini rédige ses mémoires dans les années 1950 et elles paraissent d’abord en feuilleton en 1957-1958 (Muhammad Amin Al-Husayni, «Mudhakkirat», Akhbar al-Yawm, nos 673-690). L’historiographie sur le rôle de al-Husseini pendant la Seconde Guerre Mondiale, notamment en relation avec l’extermination des Juifs, demeure un champ très polémique, dont le spectre s’étend des thèses délirantes autant qu’indignes faisant de l’ancien Mufti de Jérusalem à la fois l’incarnation des Arabes globalement et l’instigateur du génocide (afin de disqualifier la cause palestinienne toute entière comme entâchée d’un péché originel), à celles de ses hagiographes ou d’auteurs cherchant à tout prix à épurer la cause palestinienne du personnnage, qui en font un responsable arabe mineur peu représentatif voire méconnu, mû par le seul intérêt de son peuple, n’agissant que par opportunisme politique mal avisé certes, mais dont on prend grand soin d’éculcorer radicalement les sentiments et discours antisémites (par exemple en évitant soigneusement de les citer), en passant par toutes les nuances intermédiaires qui voient parfois adhérer de bons auteurs à des thèses qui servent leur préjugés politiques et non la réalité historique. La prudence et la mesure ne doivent cependant pas inciter à jeter le bébé documentaire avec l’eau du bain des interprétations excessives. L’auteur de la présente page a constaté que dans l’abondante littétature qui tente de limiter les dégats à propos du Mufti, des auteurs anti-mufti (pour faire court) sont bien souvents disqualifiés par le seul usage de l’adjectif «sioniste» à leur endroit, comme si cela permettait de passer sous silence l’intégralité du corpus documentaire qu’ils produisent. D’autre part le jugement qu’on porte sur telle publication doit prendre en compte la date et l’état de l’historiographie au moment où elle est parue. On ne saurait reprocher à Maurice Pearlman de tirer, dans son ouvrage polémique de 1947 violemment anti-mufti mais très rigoureusement documenté (Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947) des conclusions absolument fausses quant au rôle de al-Husseini dans la genèse du génocide. On peut par contre en faire légitimement le reproche à Barry Rubin et Wolfgang G. Schwanitz (Nazis, Islamists, and the Making of the Modern Middle East, New Haven: Yale University Press, 2014) dans leur ouvrage, à utiliser avec précaution à bien des égards, paru plus de soixante ans après, sans parler des nombreux ouvrages dûs à des auteurs qui sont hors de leur domaine de compétence. Pour une critique souvent justifiée, mais malheureusement elle-même partisane, de cette littérature, voir l’important article de Michael A. Sells, «Holocaust Abuse. The Case of Hajj Muhammad Amin al-Husayni», Journal of Religious Ethics, 2015, vol. 43, n. 4. Nous ne pouvons absolument pas suivre M. A. Sells lorsqu’il veut ramener les excès qu’il dénonce légitimement au négationnisme, position qui révèle son propre parti pris et édulcore de façon scandaleuse la nature et les objectifs du discours négationniste. L’auteur des présentes lignes est par ailleurs très surpris de voir qualifier par M. A. Sells de «vigoureux» («robust», p. 726) l’antisémitisme de al-Husseini qui n’est rien moins que radical et délirant. Du côté des évitements spectaculaires et du refus documentaire, on peut mentionner Taysir Jbara, Palestinian Leader Hajj Amin alHusayni, Mufti of Jerusalem, Princeton, NJ: Kingston Press, 1985 ou Philip Mattar, The Mufti of Jerusalem: Al-Hajj Amin Al-Husayni and the Palestinian National Movement, Columbia University Press, 1988 qui, tous deux traitent de façon parfaitement désinvolte la collaboration de al-Husseini avec le régime nazi. Plus récemment, Gilbert Achcar (Les Arabes et la Shoah: la guerre israélo-arabe des récits, Arles: Sindbad-Actes Sud, 2009) tente d’affronter le problème plus sérieusement, y parvient le plus souvent, mais se fourvoie en tentant à tout prix d’ôter (contre la propre documentation qu’il produit) à al-Husseini l’importance politique qui fut la sienne ou en faisant de mauvais procès aux auteurs avec lesquels il est en désaccord (voir sur ces points le compte-rendu acéré de Jeffrey Herf, «Not in Moderation», The New Republic, 1er novembre 2010, en ligne…), ou en évitant très soigneusement de citer verbatim les discours nazis du Mufti. La synthèse la plus équilibrée présentant à la fois les aspects polémiques et l’interprétation la plus proche de la réalité historique nous semble l’article déjà ancien de Philip Mendes, «A Historical Controversy: the Mufti of Jerusalem, the Palestinians and the Holocaust», Australian Journal of Jewish Studies, Vol. 12, 1998, en ligne… Enfin on peut signaler une bonne synthèse de la trajectoire du Mufti (même si on peut s’étonner de l’absence de la moindre mention de son antisémitisme) chez Chantal Metzger, «Amine el Husseini, Grand Mufti de Jérusalem, et le Troisième Reich», Les Cahiers de la Shoah, no 9, 2007, en ligne… 274. D’après le texte original en allemand, Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, PS 1919, vol. XXIX, p. 110-173 (p. 133, 145-146 pour les passages cités) et enregistrement original: US National Archives document, Himmler, Heinrich. "Speech to the SS Officers" ("Rede zu den SS Fuhrern"). Posen, Oct. 4, 1943. Approx. 190 min. Item 242-256, 242-259, 242-257, 242-251, 242-252, 242-249, 242-264, 242-263, 242-250, 242-266, 242-180. 275. Voir Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 253-255. 276. D’après l’original en allemand, Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 167-169. 277. «Was die Judenfrage anlangt, so gibt er darüber ein ganz ungeschminktes und freimütiges Bild. Er ist der Überzeugung, daß wir die Judenfrage bis Ende dieses Jahres für ganz Europa lösen können. Er tritt für die radikalste und härteste Lösung ein, nämlich dafür, das Judentum mit Kind und Kegel auszurotten. Sicherlich ist das eine wenn auch brutale, so doch konsequente Lösung. Denn wir müssen schon die Verantwortung dafür übernehmen, daß diese Frage zu unserer Zeit ganz gelöst wird. Spätere Geschlechter werden sich sicherlich nicht mehr mit dem Mut und mit der Besessenheit an dies Problem heranwagen, wie wir das heute noch tun können.», Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II, Diktate 1941-1945, Band 10, Oktober - Dezember 1943, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1995, p. 72. Nous suivons d’assez près (bien que nous nous en écartions) la traduction donnée par Florent Brayard, «Goebbels et l’extermination des juifs, 1939-1943», introduction au Journal de Joseph Goebbels, 1939-1942, Paris: Tallandier, 2009, p. LYYYVI. Nous traduisons par exemple Besessenheit par détermination et non conviction. Brayard traduit mit Kind und Kegel par avec leur marmaille. Nous restituons cette expression idiomatique par toute leur descendance. Dans une version plus ancienne de la présente page nous nous fondions sur Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008, p. 670, qui donnait pour date, erronée, de cette entrée du Journal de Goebbels, le 9 octobre 1943. Friedländer (ou son traducteur…) propose une traduction légèrement différente (et parfois erronée): «Pour ce qui concerne la question juive, il [Himmler] brosse un exposé franc et sans fard. Il est convaincu que nous pouvons résoudre la question juive à travers l’Europe d’ici la fin de la guerre. Il propose la solution la plus dure et la plus extrême: exterminer les Juifs radicalement. C’est assurément une solution logique même si elle est brutale. Nous devons prendre sur nous de résoudre complètement ce problème à notre époque. Les générations ultérieures ne traiterons certainement pas ce problème avec l’ardeur et le courage qui sont les nôtres.» 278. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 692. Original: «Obersturmbannführer Kappler hat von Berlin den Auftrag erhalten, die achttausend in Rom wohnenden Juden festzunehmen und nach Oberitalien zu bringen, wo sie liquidiert werden sollen.» (Akten zur deutschen auswärtigen Politik, 1918-1945. Serie E, 1941-1945. 7, 1. Oktober 1943 bis 30. April 1944, Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht, 1979, p. 31). 279. Mentionné par l’annonceur radio nazi présentant Amin al-Husseini et son public avant le discours de celui-ci, cité par Joel Fishman, «The Recent Discovery of Heinrich Himmler's Telegram of November 2, 1943, the Anniversary of the Balfour Declaration, to Amin al-Husseini, Mufti of Jerusalem», Jewish Political Studies Review, 2016, Vol. 27, No. 3/4, p. 80. 280. «Au Grand Mufti Amin El Husseini, Berlin. Depuis ses débuts, le mouvement national-socialiste de la Grande Allemagne a inscrit la lutte contre la Juiverie mondiale sur son étendard. En conséquence, il a toujours suivi avec une sympathie particulière le combat des Arabes épris de liberté contre les envahisseurs juifs, surtout en Palestine. La reconnaissance partagée de cet ennemi et notre lutte commune contre lui forment les solides fondations d’une alliance naturelle entre la Grande Allemagne nationale-socialiste et les Arabes épris de liberté du monde entier. À l’occasion de l’anniversaire de la misérable déclaration de Balfour, je vous envois dans cet esprit mes salutations et mes vœux pour la poursuite heureuse de votre combat jusqu’à son inéluctable victoire finale. Signé le Reichsführer-SS Heinrich Himmler», cité (traduit directement du télégramme original en Allemand) par Joel Fishman, «The Recent Discovery of Heinrich Himmler's Telegram of November 2, 1943, the Anniversary of the Balfour Declaration, to Amin al-Husseini, Mufti of Jerusalem», art. cit., p. 79. Ce télégramme est cité partiellement pour la première fois en 1947 (en anglais), traduit le plus probablement de sa version radio-diffusée en Arabe (lue par Husseini), par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 50. Pearlman tirait sa citation des transcriptions des écoutes des fréquences radio effectuées par les alliés pendant la guerre (il le dit explicitement p. 53). On peut faire l’hypothèse que le caractère partiel de cette version reflète une lecture raccourcie de Husseini qui a sans doute résumé le propos du télégramme. L’original du télégramme de Himmler au mufti n’est retrouvé qu’en 2016, confirmant de façon spectaculaire le travail de Maurice Pearlman. Joel Fishman en propose le fac-simile (et donc le texte original allemand) dans son article cité plus haut, p. 78. Soulignons que la matérialité du télégramme était certaine puisqu’il est produit à l’ONU en 1947 par Edgar Mowner, avec une traduction complète manifestement directe de l’Allemand, très proche de celle proposée par Joel Fishman (United Nations. General Assembly, and New York Nation Associates, The Palestine problem and proposals for its solution; memorandum submitted to the General Assembly of the United Nations, April, 1947, New York: Nation Associates, 1947, p. 50). Cet original était donc connu, mais avait été en quelque sorte perdu pendant près de soixante-dix ans. La publication de l’ONU que nous citons permet d’ailleurs de connaître l’origine du document: le télégramme a été retrouvé parmi des papiers appartenant à El Husseini dans sa villa de Oybin à Bad Gastein (ibid.). Notons enfin que l’existence du télégramme n’était nullement sujette à caution dans la mesure où Husseini le mentionne dans une lettre adressée à Himmler le 27 juillet 1944, lui rappelant qu’il y affirmait que «l’anéantissement du soi-disant foyer national juif en Palestine était un élément inaltérable de la politique du Grand Reich allemand („die Vernichtung des sogenannten jüdischen Nationalheimes in Palästina ein unabänderlicher Bestandteil der Politik des Grossdeutschen Reiches ist“)» (Gerhard Höpp (éd.), Mufti-Papiere: Briefe, Memoranden, Reden und Aufrufe Amin al-Husainis aus dem Exil, 1940-1945 Berlin: K. Schwarz, 2001, p. 216). Il convient de souligner que le télégramme de Himmler ne contenait pas cette affirmation spécifique: elle figurait cependant dans un autre télégramme adressé à Husseini le 2 novembre 1943, par Joachim von Ribbentrop (que Husseini avait également lu publiquement ce jour là: voir Maurice Pearlman, op. cit., p. 50). Toutefois, dans sa lettre à Himmler du 27 juillet 1944, Husseini cite également un autre passage du télégramme de Himmler qui y figure bien (Gerhard Höpp, ibid.). 281. Cité par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 49. Ce passage est souvent cité d’après Joseph B. Schechtman, The Mufti and the Fuehrer. The rise and fall of Haj Amin al-Husseini NY: Thomas Yoseloff, 1965 (p. 149, ou 152 selon l’édition) qui cite en fait Pearlman. Ce dernier précise explicitement qu’il cite d’après les transcriptions/traductions des alliées (p. 53), ce que confirme la mention des applaudissements. Nous présentons donc ici une traduction en français de la traduction en anglais de la version originale radio-diffusée en arabe («The Treaty of Versailles was a disaster for the Germans as well as the Arabs. But the Germans know how to get rid of the Jews. That which brings us close to the Germans and sets us in their camp is that up to today, the Germans have never harmed any Moslem, and they are again fighting our common enemy (applause) who persecuted Arabs and Moslems. But most of all they have definitely solved the Jewish problem»). Une version quelque peu modifiée du discours tenu par Husseini à la radio est imprimée en Allemand et en Arabe et largement diffusée (voir ci-après). La version allemande imprimée a fait l’objet d’une réédition complète en 2001 (dans Gerhard Höpp (éd.), Mufti-Papiere: Briefe, Memoranden, Reden und Aufrufe Amin al-Husainis aus dem Exil, 1940-1945 Berlin: K. Schwarz, 2001, p. 192-197). Sont absentes de la version imprimée l’introduction du Mufti par un présentateur allemand, citée par Pearlman ainsi que la lecture par le Mufti du télégramme de Himmler (voir plus bas). Cette version, probablement amendée, adaptée directement de la version arabe, contient bien une variante du passage que nous citons («Die Schande von Versailles war ebenso ein Unglück für die Deutschen wie für die Araber, aber das nationalsozialistische Deutschland wußte, wie es sich von dem Unheil der Juden erretten konnte. […] Das, was die Deutschen uns nähert und uns auf ihre Seite bringt, ist die Tatsache, daß Deutschland in kein arabisches oder islamisches Land eingefallen ist und seine Politik seit altersher durch Freundschaft den Mohammedanern gegenüber bekannt ist. Deutschland kämpft auch gegen den gemeinsamen Feind, der die Araber und Mohammedaner in ihren verschiedenen Ländern unterdrückte. Es hat die Juden genau erkannt und sich entschlossen, für die jüdische Gefahr eine endgültige Lösung zu finden, die ihr Unheil in der Welt beilegen wird», Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit., p. 197) dont voici notre traduction: «Le honteux traité de Versailles a constitué un malheur aussi bien pour les Allemands que pour les Arabes, mais l’Allemagne nationale-socialiste a su se délivrer de la calamité juive. […] l’Allemagne n’a jamais envahi de pays arabe ou musulman et sa politique se caractérise depuis l’antiquité par l’amitié envers les Musulmans. L’Allemagne se bat également contre l’ennemi commun qui a opprimé les Arabes et les Musulmans dans leurs différents pays. Elle a parfaitement démasqué les Juifs et a décidé de trouver une solution définitive au danger juif, qui en règlera les effets catastrophiques dans le monde.». On y retrouve, in fine, bien le propos cité par Pearlman. La fiabilité de Pearlman est renforcée par le fait que le même passage est cité par le document onusien de 1947 que nous citons précédemment (The Palestine problem and proposals for its solution…, op. cit., p. 50, qui mentionne le 3 novembre, date de rediffusion du discours du Mufti). Notons que Pearlman était également seul à citer le télégramme de Himmler dont le même document onusien confirmait l’existence physique jusqu’à l’article de Joel Fishman de 2016. Le discours du 2 novembre est le plus souvent cité d’après la version imprimée (voir ci-après) sans que jamais les auteurs ne relèvent qu’elle diffère (comme nous pensons l’avoir établi) de la version radio-diffusée. Il pourrait être intéressant de retrouver la transcription complète afin de procéder à une comparaison fine des versions et de faire de même avec la version arabe imprimée. 282. L’Institut Central Islamique (Islamische Zentral-Institut) de Berlin a imprimé et diffusé une version en allemand du discours de al-Husseini du 2 novembre 1943, tandis que le Ministère des Affaires étrangères en imprime une version arabe qu’il fait diffuser à des milliers d’exemplaires au Moyen Orient. Husseini y mélange antisémitisme nazi et antisémitisme islamiste. Il déclare: «[les Juifs] vivent comme des éponges parmi les peuples en suçant leur sang, en s’appropriant leurs biens, en minant leurs valeurs tout en exigeant les mêmes droits que les autochtones. Ils veulent tous les avantages sans assumer d’obligations! Tout cela a suscité l’hostilité du monde à leur encontre et la haine des Juifs […] contre tous les peuples depuis deux mille ans». Cette partie proprement nazie de son discours est suivie de son pendant «musulman». Al-Husseini explique en effet: «[Les Juifs qui ont] tourmenté le monde depuis la nuit des temps ont été les ennemis des Arabes et de l’Islam depuis son émergence. Le Saint Coran a exprimé cette vieille opposition en ces termes “vous constaterez que ceux qui sont le plus hostile aux croyants sont les Juifs”. Ils ont tenté d’empoisonner les grands et nobles prophètes. Ils leur ont résisté, leur ont été hostiles, ont intrigué contre eux. Cela se passant il y a 1300 ans. Depuis lors, ils n’ont cessé de tisser des intrigues contre les Arabes et les Musulmans» (cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 732). Un autre passage de ce discours, non cité par Herf, confirme de façon spectaculaire que l’hostilité au sionisme n’est chez Husseini qu’une modalité de son antisémitisme radical. Il déclare en effet: «Il est du devoir de tout Musulman en général et des Arabes en particulier de se fixer un objectif dont ils ne doivent pas dévier et qu’ils doivent poursuivre de toutes leurs forces. C’est l’expulsion de tous les Juifs des pays arabes et musulmans. C’est l’unique remède. C’est ce que le Prophète a accompli il y a treize siècles» (cité par Gilbert Achar, The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives, New York: Metropolitan Books, Henry Holt and Company, 2009, p. 157; traduction revue par nous d’après l’original en Allemand cité par Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit., p. 196: «Den Arabern im besonderen und den Mohammedanern im allgemeinen obliegt es, sich ein Ziel vorzunehmen, von dem sie nicht abweichen und das sie mit allen ihren Kräften erlangen müssen. Es ist die Vertreibung aller Juden aus allen arabischen und mohammedanischen Ländern. Dies ist das einzige Heilmittel, und es ist das, was der Prophet vor 13 Jahrhunderten getan hat»). Ce n’est donc pas la seule Palestine que Husseini appelait à vider de ses Juifs. Force est de constater qu’un peu plus de trente ans plus tard, le souhait de Husseini était exaucé: les communautés juives millénaires des pays arabes et musulmans, qui comptaient des centaines de milliers de membres, avaient bel et bien disparu, sauf en Palestine… Il convient de relever que al-Husseini avait exprimé cette injonction à faire disparaître tous les Juifs des pays arabo-musulmans dès 1937 (Amin al-Husaini, «Islam-Judentum: Aufruf des Großmuftis an die islamische Welt 1937», in Muhammad Sabri, Islam-Judentum-Bolschewismus, Berlin: Juncker & Dünnhaupt, 1938, p. 22-32, cité par Barry Rubin & Wolfgang G. Schwanitz, Nazis, Islamists, and the Making of the Modern Middle East, New Haven: Yale University Press, 2014, p. 94). Husseini répète ensuite en substance ce qu’il a déja dit (voir plus haut): «[L’Allemagne] a très clairement identifié les Juifs pour ce qu’ils sont et a résolu de trouver une solution définitive [endgültige Lösung] au danger juif qui supprimera le fléau que les Juifs représentent dans le monde» (ibid.). On notera le caractère global («dans le monde») et définitif de cette «solution» louée par al-Husseini. Enfin on peut remarquer que Jeffrey Herf cite d’après la source originale («Haj Amin el-Husseini, Rede S. Em. [Sein Eminenz] Des Grossmufti anlasslich der Protestkundgebung gegen die Balfour-Erklärung am 2. November 1943, Berlin: Islamische Zentral-Institut, 1943, PAAA R27327», cité par Herf, ibid., p. 723, note 77) alors que Achcar cite d’après Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit.. Achcar ne semble d’ailleurs pas clair (il ne le mentionne pas) sur le fait que la version du discours qu’il cite est la version imprimée et non la version radio-diffusée puisque Höpp ne le précise pas dans sa mention de source, se contentant de donner la cote archivistique de sa source («PArchAAB, R 27327, Bl. 297878-297886; BArchB, NS 19/2637, Bl. 24-28», p. 198) bien qu’il fasse précéder le discours lui-même du fac-similé de la première page de la brochure allemande (p. 191), mais sans explication. «PAAA» et «PArchAAB» désignent les Politisches Archiv des Auswärtigen Amtes de Berlin conservées au Archives fédérales (Bundesarchiv, BArch) allemandes. 283. Cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 730. 284. Julius Streicher, «Jüdische Neuordnung. Was die Juden für sich fordern», Der Stürmer, 4 novembre 1943, p. 2, notre traduction d’après l’original. Pour les passages cités, original en allemand: «Das Schweizer Judenblatt schreibt weiter [Israelitische Wochenblatt, 27.8.1943]: „Sozusagen verschwunden sind die Juden Europas, mit Ausnahme von England und den unbedeutenden jüdischen Gemeinden in den wenigen neutralen Ländern. Das jüdische Reservoir des Ostens, das imstande war, die Assimilationserscheinungen des Westens auszugleichen, besteht nicht mehr”. Das ist kein Judenschwindel. Es ist wirklich Wahrheit, daß die Juden, „sozusagen” aus Europa verschwunden sind und daß das jüdische „Reservoir des Ostens”, aus dem die Judenseuche seit Jahrhunderten über die europäischen Völker gekommen ist, aufgehört hat, zu bestehen. Wenn das Schweizer Judenblatt behaupten will, daß die Juden eine solche Entwicklung nicht in Rechnung gestellt hatten, als sie die Völker in den zweiten Weltkrieg stürzten, so ist dies ihnen zu glauben. Aber, der Führer des deutschen Volkes hat schon zu Beginn des Krieges das nun Gekommene prophezeit. Er sagte, daß der zweite Weltkrieg die verschlingen werde, die ihn haben wollten […] Man vernichte also die Ursache, den Juden, und die Welt ist von Judenfeindschaft befreit. Es ist begreiflich, daß die Juden eine solche Lösung nicht wünschen. Sie verlangen vielmehr die Ausrottung jender Nichtjuden, die durch das Vorhandensein der Juden zwangsläufig zu Judengegnern geworden sind». Cet article du Stürmer constitue la pièce PS-1965 au procès de Nuremberg, et est cité intégralement dans Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 14 novembre 1945 - 1er octobre 1946, vol. XXIX, p. 182-183. Une traduction française partielle (différente de la nôtre) figure dans le vol. XII, p. 378. Cet article de Streicher avait été signalé en 1977 par Joseph Billig, dans La Solution finale de la Question juive. Essai sur ses principes dans le IIIe Reich et en France sous l’Occupation, Paris: Serge et Beate Klarsfeld, 1977, p. 82 (dans une traduction légèrement différente). L’original en allemand figure également dans Joseph Billig, «The Launching of the “Final Solution”», in Serge Klarsfeld (ed.), The Holocaust and the Neo-Nazi Mythomania, New York: Beale Klarsfeld, 1978, p. 104a. Une traduction en anglais figure dans le même ouvrage à la page 71. L’orginal en allemand est partiellement cité par Bernward Dörner, Die Deutschen und der Holocaust. Was niemand wissen wollte, aber jeder wissen konnte, Berlin: Propylaën Verlag, 2007, p 484 et par Daniel Roos, Julius Streicher und „Der Stürmer” 1923-1945, Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2014, p. 486. 285. Cité par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 201. Edition française: p. 205. Original: «Wenn ich irgendwo gezwungen war, in einem Dorfe gegen Partisanen und gegen jüdische Kommissare vorgehen zu lassen — ich spreche dies in diesem Kreise aus, als lediglich für diesen Kreis bestimmt —, so habe ich grundsätzlich den Befehl gegeben, auch die Weiber und Kinder dieser Partisanen und Kommissare umbringen zu lassen. Ich wäre ein Schwächling und ein Verbrecher an unseren Nachkommen, wenn ich die haßerfüllten Söhne dieser von uns im Kampfe von Mensch gegen Untermensch erledigten Untermenschen groß werden ließe. Glauben Sie mir: Dieser Befehl ist nicht so leicht gegeben und wird nicht so einfach durchgeführt, wie er konsequent richtig gedacht und in der Aula ausgesprochen ist. Aber wir müssen immer mehr erkennen, in welch einem primitiven, ursprünglichen, natürlichen Rassenkampf wir uns befinden.» (Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 201). 286. Cité par Peter Longerich, Heinrich Himmler: Biographie, Pantheon Verlag: Berlin, 2010, p. 697. Original en allemand: «Was sollte den die Muselmane in europa und in der ganzen Welt von uns Deutschen trennen! Wir haben gemeinsame Ziele. Es gibt keine solidere Grundlage für ein Zusammenleben als gemeinsame Ziele und gemeinsame Ideale Deutschland hat seit 200 Jahren mit dem Islam nicht die geringste Reinbungfläsche gehabt. […] Heute haben wir Deutschen und Ihr in dieser Division, Ihr Mohammedaner, ein einziges gemaeinsames Gefühl des Dankes an das Schicksal das der Herrgott — Ihr sagt Allah, es ist doch dasselbe — diesen gequälten Völkern Europas den Führer geschenkt hat, den Führer, der zunächst einmal Europa und später die ganze Welt von den Juden befreien wird, diesen Feinden unseres Reiches, die uns im Jahre 1918 den Sieg aus den Händen wanden und das Opfer von zwei Millionen Toten umsonst sein ließen. Sie sind auch die Feinde von Euch, denn der Jude war von jeher Euer Feind». 287. Cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 732-733. 288. «Weekly Review of Foreign Broadcasts, F.C.C., No. 118, 3/4/44, Near and Middle East,» NARA, RG165 MID, «Regional File.» 1922-1944 Palestine, Folder 2930, cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 733. 289. Cité par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und die Juden, Dokumente und Aufsätze, Arani Verlag, Berlin, 1955, p. 185. 290. Robert Ley, «Von Moses bis Stalin», Der Angriff, 19 mars 1944, cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», op. cit., p. 46. 291. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 714. 292. Cités par Benno Müller-Hill, «The idea of the final solution and the role of experts», David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 66-67. La source est le document PS-3319 présenté à Nuremberg. L’original en allemand est intégralement cité par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Diener, Dokumente, Berlin-Grunewald, Arani Verlags-GmbH, 1956, p. 158-168 (p. 161 pour le passage cité). Disponible en ligne. Le document PS-3319 est reproduit dans les Actes du Procès de Nuremberg (édition française), tome YYYII (32), notamment p. 165-166 pour les passages cités. Une traduction en anglais (approximative) se trouve dans Nazi Conspiracy and Aggression ("Red Series"), Nuremberg, Germany (1945-1946), vol. VI, p. 12-13 pour les passages cités. L’original de la seconde partie de notre citation est «Da die von dem Referenten vorgetragenen Einzelheiten über den Stand der Exekutiv-Maßnahmen in den einzelnen Ländern geheim zu halten sind, ist von der Aufnahme ins Protokoll abgesehen worden». Nous reproduisons ici les scans du documents original effectués par Hans Metzner pour Holocaust Controversies à partir de la copie conservée aux archives de Yad Vashem (cote O.18/117) et mises en lignes en 2017 («Seminar Talk of SS leader Franz Six on "the Physical Elimination of the Jewry in the East», Holocaust Controversies, 12 mars 2017). 293. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 202. Le passage intégral est intéressant par les protestations de bonté qu’Himmler multiplie et pour son côté alambiqué, habituel dans la prose d’Himmler: «Le Führer l’avait annoncé aux Juifs, au début de la guerre ou avant la guerre. “Si vous poussez encore à la guerre les peuples d’Europe, cela ne signifiera pas l’extermination du peuple allemand, mais l’extermination des Juifs.” La question juive est résolue en Allemagne et dans l’ensemble des pays occupés par l’Allemagne. Elle a été résolue sans aucun compromis, conformément au combat pour la vie de notre peuple où il en va de l’existence de notre sang. Je m’en ouvre à vous comme camarades. Nous sommes tous des soldats, quel que soit l’uniforme que nous portons. Vous pouvez comprendre combien il m’a été difficile d’exécuter cet ordre que j’ai reçu en soldat, et auquel j’ai obéi et que j’ai exécuté par sens du devoir et par la plus absolue conviction. Si vous me dites: “nous admettons cela pour les hommes, mais pas pour les enfant”, je dois vous rappeller ce que je disais lors de mes premiers exposés: dans cette confrontation avec l’Asie, nous devons passer par pertes et profits les règles et coutumes des guerres européennes passées, que nous chérissions et préférions de loin. Je pense que nous n’avions pas le droit non plus en tant qu’Allemands, quelque profonde que puisse être notre bonté d’âme, de laisser grandir des vengeurs remplis de haine, que nos enfants et nos petits-enfants auraient été obligés d’affronter plus tard parce que nous, les pères ou les grands-pères, aurions été trop faibles et trop lâches pour leur épargner un tel héritage. (Den Juden war es vom Führer angekündigt worden, bei Beginn des Krieges oder vor dem Kriege: “Wenn ihr noch einmal die europäischen Völker in einen Krieg gegeneinander hetzt, dann wird das nicht die Ausrottung des deutschen Volkes bedeuten, sondern die Ausrottung der Juden.” Die Judenfrage ist in Deutschland und im allgemeinen in den von Deutschland besetzten Ländern gelöst. Sie wurde entsprechend dem Lebenskampf unseres Volkes, der um die Existenz unseres Blutes geht, kompromißlos gelöst. Ich spreche das zu Ihnen als Kameraden aus. Wir sind alle Soldaten, ganz gleich, welchen Rock wir tragen. Sie mögen mir nachfühlen, wie schwer die Erfüllung dieses mir gegebenen soldatischen Befehls war, den ich befolgt und durchgeführt habe aus Gehorsam und aus vollster Überzeugung. Wenn Sie sagen: “Bei den Männern sehen wir das ein, nicht aber bei Kindern”, dann darf ich an das erinnern, was ich in meinen ersten Ausführungen sagte. In dieser Auseinandersetzung mit Asien müssen wir uns daran gewöhnen, die Spielregeln und die uns lieb gewordenen und uns viel näher liegenden Sitten vergangener europäischer Kriege zur Vergessenheit zu verdammen. Wir sind in E. auch als Deutsche bei allen so tief aus unserer aller Herzen kommenden Gemütsregungen nicht berechtigt, die haßerfüllten Rächer groß werden zu lassen, damit dann unsere Kinder und unsere Enkel sich mit denen auseinandersetzen müssen, weil wir, die Väter oder Großväter, zu schwach und zu feige waren und ihnen das überließen.»)». Une autre traduction est proposée dans la version française de l’ouvrage citée, Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 206. 294. Wilhelm Loebsack, «Juda vor dem Fall», Der Danziger Vorposten, 13 mai 1944, p. 1: notre traduction d’après l’original cité par Ingo Loose, «Das Reichswirtschaftsministerium und die nationalsozialistische Judenverfolgung 1933-1945», in Werner Abelshauser, Stefan Fisch, Dierk Hoffmann, Carl-Ludwig Holtfrerich, Albrecht Ritschl, Wirtschaftspolitik in Deutschland 1917–1990, Band 1, Carl-Ludwig Holtfrerich, Das Reichswirtschaftsministerium der Weimarer Republik und seine Vorläufer — Strukturen, Akteure, Handlungsfelder, Oldenbourg: De Gruyter, 2016, p. 524: «Das Judentum hat in Deutschland seit der Machtübernahme vernichtende Schläge erlitten. Ein jüdisches Problem gibt es im Reich nicht mehr. […] Das Judentum hat weitere schwere Einbußen in anderen Räumen Europas zu verzeichnen. Die Kerngebiete jüdischer Zusammenballung, die wir in Polen, wie in Warschau oder Lublin fanden, sind heute ebenso neutralisiert, wie das zur Zeit mit den Siedlungen der 1½ Millionen Juden in Ungarn geschieht. Damit sind allein in diesen Ländern fünf Millionen Juden ausgeschaltet». Cité également (partiellement, le passage après l’incise) par Bernward Dörner, Die Deutschen und der Holocaust. Was niemand wissen wollte, aber jeder wissen konnte, Berlin: Propylaën Verlag, 2007, p. 190. Une reproduction de l’article de Loebsack se trouve dans Frank Bajohr & Dieter Pohl, Der Holocaust als offenes Geheimnis. Die Deutschen, die NS-Führung und die Alliierten. München: Beck, 2006, p. 58. Il est remarquable que cet article ait été mentionné dès 1951 par Léon Poliakov dans son Bréviaire de la Haine, Paris: Calmann-Lévy, p. 318. Cette citation n’avait pas échappé à Saul Friedlander qui la mentionne dans son Kurt Gerstein ou l’Ambiguité du Bien, Paris: Casterman, 1967, p. 125. Entre 1967 et 2005, cet article, pourtant spectaculaire par son franc-parler et sa monstrueuse précision, semble avoir échappé à la perspicacité de la plupart des historiens. On peut toufefois signaler que quelques auteurs de langue anglaise relèvent l’article dans la traduction en anglais de l’ouvrage de Poliakov (Harvest of Hate, New-York: 1956, plusieurs rééditions), ainsi Eugen Weber, The Western tradition: a book of readings from the Renaissance to the atomic age, Boston [Mass.]: D.C. Heath, 1959, p. 787 ou John C. Zimmerman , dans Holocaust denial: demographics, testimonies, and ideologies, Lanham, Md.: University Press of America, 2000, p. 10, 310. 295. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 203: «Eine andere Frage, die maßgeblich für die innere Sicherheit des Reiches und Europas war, ist die Judenfrage gewesen. Sie wurde nach Befehl und verstandesmäßiger Erkenntnis kompromißlos gelöst. [Applaus] Ich glaube, meine Herren, daß Sie mich so weit kennen, daß ich kein blutrünstiger Mensch bin und kein Mann, der an irgendetwas Hartem, was er tun muß, Freude oder Spaß hat. Ich habe aber andererseits so gute Nerven und ein so großes Pflichtbewußtsein — das darf ich für mich in Anspruch nehmen —, daß ich dann, wenn ich eine Sache als notwendig erkenne, sie kompromißlos durchführe. Ich habe mich nicht für berechtigt gehalten — das betrifft nämlich die jüdischen Frauen und Kinder —, in den Kindern die Rächer groß werden zu lassen, die dann unsere Väter und unsere Enkel umbringen. Das hätte ich für feige gehalten. Folglich wurde die Frage kompromißlos gelöst.»). La suite du discours est également intéressante: «Cependant, en ce moment même — c’est sans précédent dans cette guerre —, nous conduisons des Juifs mâles de Hongrie en camps de concentration: 100 000 pour commencer, puis 100 000 autres, qui seront affectés à la construction d’usines souterraines. Mais pas un seul d’entre eux ne sera aperçu par le peuple allemand. Je suis cependant convaincu que j’aurais vu d’un sale œil le front à l’est du Gouvernement Général, si nous n’avions pas résolu la question juive dans ce secteur, si existaient encore le ghetto de Lublin et surtout le ghetto géant de Varsovie, avec ses 500 000 personnes, dont le nettoyage, messieurs, nous a coûté l’année dernière, cinq semaines de combats de rue, avec des chars et de toutes sortes d’armement. A l’intérieur de ce Ghetto clôturé, nous avons pris d’assaut environ 700 maisons bunkerisées. (Zur Zeit allerdings — es ist eigenartig in diesem Krieg — führen wir zunächst 100000, später noch einmal 100000 männliche Juden aus Ungarn in Konzentrationslager ein, mit denen wir unterirdische Fabriken bauen. Von denen aber kommt nicht einer irgendwie in das Gesichtsfeld des deutschen Volkes. Eine Überzeugung aber habe ich, ich würde für die im Osten des Generalgouvernements aufgebaute Front schwarz sehen, wenn wir dort die Judenfrage nicht gelöst hätten, wenn also das Ghetto in Lublin noch bestünde und das Riesenghetto mit 500.000 Menschen in Warschau, dessen Bereinigung, meine Herren, uns im vorigen Jahr fünf Wochen Straßenkampf gekostet hat mit Panzerwagen und mit allen Waffen, wo wir inmitten dieses abgezäunten Ghettos rund 700 Häuserbunker gestürmt haben)». 296. «Für die Bekämpfung der Juden war es unerläßlich, daß wir Polen bekamen; denn hier in Polen lebte ja die natürliche Fruchtbarkeit des jüdischen Volkes, sie bestand ja sonst nirgendwo mehr. Seit der Ausrottung der Juden in Polen ist es, rein blutsmäßig gesehen, mit der jüdischen Zukunft vollkommen vorbei; denn nur hier gab es Juden, die Kinder hatten.», cité dans Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Prag et Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 869. Fac-similé en ligne.Le 25 janvier 1944, Hans Frank avait déjà fait le constat public de la disparition des Juifs de Pologne. Lors d’un discours donné à Berlin, retranscrit dans son journal, il déclarait: «Il y a peut-être encore 100 000 Juifs en ce moment dans le Gouvernement général» (original en allemand: «Juden haben wir im Generalgouvernement zur Zeit vielleicht noch 100.000», document PS-2233, Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international. Nuremberg, 14 novembre 1945-1er octobre 1946, tome 29, Nuremberg, 1947, p. 678). Il faut se souvenir que dans un discours du 16 décembre 1941, Hans Frank mentionnait qu’il y avait 2,5 millions de Juifs dans le Gouvernement Général.
297. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 203-204. Le passage mérite d’être cité dans son intégralité: «Il était nécessaire de résoudre également une autre question importante. Ce fut la tâche la plus affreuse et la mission la plus terrible qui furent jamais assignées à une organisation: la mission de résoudre la question juive. J’ai également quelques paroles à adresser en toute franchise à ce cercle. Il est bon que nous ayons eu la force d’exterminer les Juifs sur notre territoire. Ne vous demandez pas à quel point cela fut pénible, même si en tant que soldats, je dois dire que vous êtes capable de comprendre à quel point il est difficile d’exécuter un tel ordre. Vous voyez cependant à la lumière d’un examen critique, en tant que soldat ne pensant qu’à l’Allemagne, que la conclusion logique à tirer est que cela était nécessaire. Rien que les bombardements auraient été insupportables si nous avions eu encore le peuple juif dans nos villes. J’ai aussi la conviction que nous n’aurions pas pu tenir le front à Lemberg dans le Gouvernement Général, si les grands ghettos de Lemberg, de Cracovie, de Lublin et de Varsovie avaient encore existé. Au moment où nous avons vidé le dernier grand ghetto à Varsovie — je vous indique le chiffre en toute sérénité — de plus de 500 000 Juifs après cinq semaines de combats de rue à l’été 1943, ce fut vraiment le point final. […] Je veux également répondre à une question que vous devez sûrement aussi vous poser. Cette question, la voici: oui, certes, que vous tuiez les Juifs adultes, je le comprends, mais les femmes et les enfants, comment pouvez vous…? — il faut que je vous dise quelque chose: un jour, les enfants seront devenus grands. Voulons nous pousser l’indécence jusqu’à dire: non, non, nous sommes trop faibles pour faire ça, mais nos enfants, eux, pourront s’en occuper. Ils devront lutter à leur tour. Alors, la haine juive de ces vengeurs, petits aujourd’hui et plus tard devenus grands s’en prendra à nos enfants et petits-enfants, de telles sorte qu’ils devront une nouvelle fois résoudre ce problème. Je suis convaincu que cela se produirait ainsi, même si Hitler ne survivait pas. Non, nous ne pouvons pas répondre cela. Ce serait être lâche et c’est pour cela que nous préférons une solution nette, aussi dure doit-elle.» («Eine andere große Frage war noch notwendig zu lösen. Es war die furchtbarste Aufgabe und der furchtbarste Auftrag, den eine Organisation bekommen konnte: der Auftrag, die Judenfrage zu lösen. Ich darf dies auch in diesem Kreis wieder in aller Offenheit mit ein paar Sätzen sagen. Es ist gut, daß wir die Härte hatten, die Juden in unserem Bereich auszurotten. Fragen Sie nicht, wie schwer das war, sondern haben Sie als Soldaten — ich möchte fast sagen - Verständnis dafür, wie schwer ein solcher Befehl durchzuführen ist. Ziehen Sie aber auch bei kritischster Prüfung, nur als Soldaten für Deutschland denkend, den logischen Schluß, daß es notwendig war. Denn allein der Bombenkrieg wäre nicht durchzuhalten wenn wir das jüdische Volk noch in den Städten gehabt hätten. Ich habe auch eine Überzeugung, die Front bei Lemberg im Generalgouvernement nicht zu halten gewesen, wenn die großen Ghettos in Lemberg, in Krakau, in Lublin und in Warschau noch da gewesen wären. Der Zeitpunkt, zu dem wir das letzte große Ghetto in Warschau — ich nenne Ihnen ruhig die Zahl — mit über 500.000 Juden in fünf Wochen Straßenkämpfen ausgeräumt haben im Sommer 1943, war gerade der letzte Zeitpunkt. […] Ebenso will ich auch gleich einen Gedanken, der sicherlich gedacht wird, gleich beantworten. Die Frage heißt: Ja, wissen Sie, daß Sie die erwachsenen Juden umbringen, das verstehe ich, aber wie können Sie die Frauen und Kinder…? — Da muß ich Ihnen etwas sagen: Die Kinder werden eines Tages groß werden. Wollen wir so unanständig sein, daß wir sagen: nein, nein, dazu sind wir zu schwach dazu, aber unsere Kinder, die können sich mit ihnen mal abgeben. Die sollen das auch einmal auskämpfen. Daß dann dieser jüdische Haß heute kleiner und später groß gewordener Rächer sich an unseren Kindern und Enkeln vergreifen, daß sie neumal das Problem zu lösen haben. Dann haben überzeugt, wenn kein Adolf Hitler überlebt. Nein, das können wir nicht beantworten. Das wäre feige gewesen und deswegen haben wir eine klare Lösung vorgezogen, so schwer wie sie war.»). Une autre traduction est proposée dans la version française de l’ouvrage citée, Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 207. 298. D’après les fac-similés reproduits dans «Documents», Le Monde Juif, no 146, 1993, p. 31-33 (en ligne). Catherine Nicault qui cite partiellement ce document, en fournit la cote archivistique («MAE — à savoir Ministère des Affaire Etrangères —, Guerre 1939-1945, Vichy Europe, vol. 412»), dans son étude «Que savaient les diplomates de Vichy?», Les Cahiers de la Shoah, no 3, 1995-1996, en ligne sur PHDN. Outre Catherine Nicault et Jean-Marc Dreyfus (voire note suivante), seul l’historien Carol Iancu cite, en 1998, lui aussi (partiellement) ce document (La Shoah en Roumanie: les Juifs sous le régime d’Antonescu (1940-1944): documents diplomatiques français inédits, Montpellier: Université Paul-Valéry Montpellier III, 1998, p. 46, 63, 186-187). Il en fournit la cote «MAE, V.E., v. 412, fo 78-79» (p. 187). 299. Selon Henri de Montety, La Nouvelle revue de Hongrie et ses amis français (1932-44), Thèse de Doctorat en Histoire religieuse, politique et culturelle, sous la direction de Régis Ladous et Ignác Romsics, 10 avril 2009, p. 184 (Henri de Montety donne la cote «MAE (France Libre)- 1420-245/247» pour le document) et Jean-Marc Dreyfus, L’Impossible Réparation: Déportés, biens spoliés, or nazi, comptes bloqués, criminels de guerre. Quand le Quai d’Orsay négociait avec l’Allemagne (1944-2001), Paris: Flammarion, 2015. Jean-Marc Dreyfus donne la cote «MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Hongrie, no 412, dépêche no 19 a.s.: Le gouvernement hongrois et les juifs, 1er juillet 1944». 300. Cité par Sybille Steinbacher, "Musterstadt" Auschwitz. Germanisierungspolitik und Judenmord in Ostoberschlesien (Darstellungen und Quellen zur Geschichte von Auschwitz, Institut für Zeitgeschichte, Band 2), K. G. Saur Verlag, Munich, 2000, p. 302. Également cité par Gerald Reitlinger, Endlösung: Hitlers Versuch der Ausrottung der Juden Europas, 1939-1945, Colloquium Verlag, 1956, p. 321. Cette citation se trouve également, en anglais, dans Sybille Steinbacher, «In the Shadow of Auschwitz. The Murder of the Jews of East Upper Silesia», in Ulrich Herbert (ed.), National Socialist Extermination Policy. Contemporary German Perspectives and Controversies, Bergham Books, 2000, p. 293. 301. Politische Aussprache. Führungsunterlagen Folge 3. Herausgeber: Nationalsozialistischer Führungsstab der Wehrmacht, [septembre 1944], p. 55-56, cité par Max Weinreich, Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013, p. 301. Le gras figure dans le document original. Citation complète et original en allemand sur PHDN («les Juifs comme parasite des peuples, à exterminer»). 302. Cité par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 68. On a vu plus haut que Pearlman cite de façon tout à fait fiable d’après les écoutes des fréquences nazies en Arabe pratiquées par les alliés. 303. The American Jewish Year Book, Vol. 41, September 14, 1939 to October 2, 1940 / 5700, p. 583. 304. Ibid. 305. L’historien allemand Klaus Gensicke relève le même passage dans son ouvrage, Der Mufti von Jerusalem. Amin el-Husseini, und die Nationalsozialisten, Frankfurt/Main: Verlag Peter Lang, 1988, p. 163, mais il interprète le chiffre de «onze millions de Juifs» dans le monde, comme celui du fameux total des statistiques proposées dans le compte-rendu arrangé par Eichmann de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, sans fournir d’ailleurs d’autre argument qu’un très tautologique «il devait connaître les décisions de la conférence de Wannsee» (ibid.). Gensicke semble privilégier cette hypothèse — d’ailleurs mal formulée: avoir connaissance de décisions n’implique nullement une connaissance détaillée du déroulement ou du contenu de la conférence ou de son compte-rendu — à celle d’une connaissance par al-Husseini du nombre de victimes arguant — assez faiblement — que «il était possible qu’il ne connaisse pas le nombre exact de personnes assassinées», que Gensicke ne justifie nullement (et qui prétend qu’il s’agirait d’un «nombre exact»? Sans compter que Gensicke s’exprime d’une façon qui laisse penser qu’il n’était pas moins «possible» que al-Husseini soit au courant des chiffres…), et qui est d’autant plus erroné que nous savons, justement, que Himmler n’hésitait pas à faire connaître à al-Husseini où il en était de l’extermination des Juifs. Il faut ajouter qu’il est au contraire extrêmement improbable que al-Husseini ait eu une connaissance suffisante de la conférence de Wannsee, événement ultra-secret dans les cercles dirigeants nazis, et encore moins de son compte-rendu, classé Geheime Reichssache! (secret d’état du Reich), pour qu’il puisse utiliser plus de deux ans et demi plus tard un chiffre qu’il aurait su parfaitement erroné à ce moment là (puisque, a minima, il aurait fallu en retrancher les trois millions que Himmler lui avait confié avoir déjà exterminé à l’été 1943). Nous n’avons du reste aucun exemple de circulation du chiffre de onze millions de Juifs de Wannsee en dehors de cercles dirigeants nazis très restreints. Enfin, il nous faut souligner que les pays énumérés dans les statistiques présentées à Wannsee ne couvrent que très partiellement les pays arabes. En tout état de cause, notre propre interprétation des propos de l’ancien Mufti nous semble beaucoup plus solide que celle de Klaus Gensicke. 306. Abdul-Karîm al-‘Umar (éd.), Mudhakkirât al-Hâj Amîn al-Husayni, Damas: Al-Ahâli, 1999, p. 170, cité par Gilbert Achcar, The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives, New York: Metropolitan Books, 2010, p. 151. 307. Cité par Tal Bruttmann, «Du militantisme à l’action. L’activisme antisémite des ultras de la Collaboration», Revue d’Histoire de la Shoah, no 198, mars 2013, p. 186-187. En ligne… 308. Frédéric Stroh, «MÜLLER-HILL (Werner Otto), „Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert“, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45», Revue d’Alsace, 139, 2013, 469-472. En ligne… 309. Entrée du 29 mars 1944 (voir note suivante). 310. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012, p. 92 (30. September 1944). Original en allemand: «Dass das Judentum dem wir so übel mitgespielt haben, alttestamentarische Rache zu üben entschlossen ist, ist klar. Wenn es nach ihnen ginge, würden ebenso viele Deutsche ermordet, wie wir kalten Blutes Juden in Polen und Russland umgelegt haben. Hauptmann S., der in Polen eine Bahnhofskommandantur befehligte, erzählte mir, dass in dem betreffenden Ort jeden Tag ein Güterzug mit etwa 50 Waggons voller Juden ankam, die vergast und verbrannt wurden. Diese Züge hatten auf Befehl des Führers das Vorrecht vor Wehrmachtstransporten. Beim Vormarsch in Russland kam in Welisch ein sog. Sonderkommando zum Korpsstab (wirtschaftlich zugeteilt). Ihre Aufgabe war, wie einer der Führer meinem Quartierkameraden Oberstleutnant Kohlscharfer erzählte, die Erledigung sämtlicher Juden; in einem kleinen Städtchen hinter der Front, woher sie gerade kamen, hatten sie 200 Juden umgelegt. So ist die Wahrheit […]. Und angesichts dieser Gräuel, die unheldisch, unmilitärisch und absolut undeutsch sind, nun Jammergesänge über unser Los bei der Niederlage anzustellen, ist einfach zum Erbrechen widerwärtig». Notre traduction se démarque légèrement de la version française publiée en 2011, Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 117-118. 311. Déposition de Jean Vernières du 13 octobre 1944, citée par Gilles Lévy, L’Auvergne des années noires, Clermond-Ferrand: Éditions Gérard Tisserand, 2000, p. 25. L’ensemble des informations que nous présentons sur Jean Vernières sont tirées de cet ouvrage. 312. Rapport reproduit dans Hans-Adolf Jacobsen (éd.), Opposition gegen Hitler und der Staatsstreich vom 20. Juli 1944. Geheime Dokumente aus dem ehemaligen Reichssicherheitshauptamt, Stuttgart: Mundus Verlag, 1989, vol. 2, p. 449-450, cité par Jeremy Noakes et Geoffrey Pridham (éd.), Nazism 1919-1945. A documentary reader, University of Exceter Press, 1998, vol. 4, p. 633 (doc. 1366). On trouvera une traduction en français d’autres passages du même rapport dans Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 776-777. 313. David Bankier, «German public awareness of the Final Solution» David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 215. 314. «In Oberschlesien haben sie Leute einfach fabrikmässig abgeschlatet. In einer großen Halle sind sie vergast worden […] Über diesen Dingen schwebt tiefes Geheimnis». CSDIC (UK) SR Report, SRGG 1093(C) [TNA, WO 208/4169], cité par Sönke Neitzel, Abgehört - Deutsche Generäle in britischer Kriegsgefangenschaft 1942 - 1945, Propyläen Verlag, Berlin, 2005, p. 177 (document 120, p. 176). Il s’agit de la retranscription de 167 de ces conversations. Cet ouvrage a fait l’objet d’une traduction en anglais: Tapping Hitler’s Generals. Transcripts Of Secret Conversations 1942-45, edited by Sonke Neitzel with an introduction by Ian Kershaw, Barnsley, St. Paul (Frontline Books, MBI Publishing), 2007. On trouvera une recension en français de cette traduction par Olivier Wieviorka, dans Francia-Recensio, 2008 no. 1. Voir également Andrew Roberts, «The Genocide Generals: secret recordings explode the myth they knew nothing about the Holocaust», Daily Mail, 21 juillet 2007. En ligne. 315. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012 (entrée du 6 février 1945). Original en allemand complet: «Dies wird dem Volke aber wohlweislich nicht mitgeteilt, es wird vielmehr im Glauben gelassen und bestärkt, dass nach der Kapitulation eine formidable Ausrottung stattfinden wird. Und wenn es so wäre, haben wir es mit den Juden in Deutschland und Europa nicht in den schauerlichsten Formen getan? Wir haben sie – was kein Dementi der Welt verleugnen kann – zu Hunderttausenden ermordet, denn die »Erledigung« der Juden, die sich ja nicht wehren konnten, war Mord!». Notre traduction se démarque de la version française publiée (Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 159). Commentant un discours de Joseph Goebbels, le 28 février 1945, Werner Otto Müller-Hill remarque encore: «Quel culot! Il parle des atrocités commises contre les femmes et les enfants alors que que nous avons nous-même facilement tué des centaines de milliers de femmes et d’enfants juifs en Pologne et en Russie (Welche Stirn hat dieser Mann! Er redete von Gräueln an Frauen und Kindern angesichts der Tatsache, dass wir Hunderttausende jüdischer Frauen und Kinder in Polen und Russland glatt umgebracht haben)» (ibid.). Traduction française publiée légèrement différente (Müller-Hill, Journal…, op. cit., p. 176). 316. Traduit par nous d’après l’original en allemand: Heinrich May, III. Kapitel, Der große Judenmord (tiré de son récit, Die grosse Luege. Der Nationalsozialismus, wie ihn das deutsche Volk nicht kennt. Ein Erlebnisbericht), publié par Karol Marian Pospieszalski, «Niemiecki nadleśniczy o zagładzie Żydów w Chełmnie nad Nerem», Przegląd Zachodni», Przeglad Zachodni, 1962, vol. 18, n. 3, p. 104 pour le passage cité: «Im Frühjahr 1944 tauchte plötzlich Bothmann mit dem Sonderkommando wieder auf und forderte erneut grössere Brennholzmengen. Die Opfer wurden nunmehr mit der Kleinbahn nach Wiederherstellung einer gesprengten Kleinbahnbrücke bis in die unmittelbare nähe der Grabstätten gefahren. Die Vergasung erfolgte auf dem Platze selbst.». Nous avons pu consulter un fac-similé de l’original auquel est conforme l’édition du texte par Karol Marian Pospieszalski. Pour l’intégralité de l’original, notre traduction et des informations complémentaires, voir la page du récit de Heinrich May sur PHDN. 317. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012 (entrée du 18 février 1945). Original en allemand: «Er ist zwar ein Bursche von unendlichem Humor, aber er ist wohl voll “der herrlichsten Einfälle”, beginnend mit dem Volksaufstand gegen die Juden am 9. Nov. 1938, dem Tag tiefster Schande über Deutschland, und weitergehend mit der Liquidierung der Juden in Europa durch Kugel und Vergasung, die wir jetzt blutig auszubaden haben […] Ob man nun noch mehr oder weniger Deutsche “gehobener Stellung” liquidiert, wie wir die Juden liquidiert haben, hat damit nichts zu tun und ist nur eine Beigabe, die wir unserer Blutschuld zu verdanken haben. Vielleicht werde auch ich als Exponent nationalsozialistischer Willkür und Blutherrschaft liquidiert werden, was weiß ich? Es wird mich niemand fragen, ob ich diese schauerlichen Dinge gebilligt habe oder ob ich womöglich an ihnen beteiligt war. Das ist das Infame unserer Maßnahmen: Sie machen das ganze Volk zu einer einzigen Gesamtschuldnerschaft und wir dürfen uns nicht beklagen, wenn sie erkläre: Ihr habt aus weltanschaulichen Gründen zur Erhaltung des Weltfriedens die Juden liquidiert durch Kugel und Gas, wir erlauben uns nun, Euch aus weltanschaulichen Gründen ebenso zur Erhaltung des Weltfriedens zu liquidieren». Notre traduction se démarque de la version française publiée (Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 170-172). 318. Notre traduction d’après l’original: «Diese Juden muß man einmal, wenn man die Macht dazu besitzt, wie die Ratten totschlagen. In Deutschland haben wir das ja Gott sei Dank schon redlich besorgt. Ich hoffe, daß die Welt sich daran ein Beispiel nehmen wird» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II, Diktate 1941-1945, Band 15, Januar - April 1945, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1995, p. 498). Cité également (traduction légèrement différente) par Florent Brayard, Auschwitz, enquête sur un complot nazi, Seuil, 2012, p. 448. Le passage mentionné ici est précédé par «Die Juden melden sich wieder. Ihr Wortführer ist der bekannte und berüchtigte Leopold Schwarzschild, der jetzt in der amerikanischen Presse dafür plädiert, daß Deutschland unter keinen Umständen eine mildere Behandlung zuteil werden dürfte» (ibid.): «Les Juifs s’affichent de nouveau. Leur porte-parole est le célèbre et infâme Leopold Schwarzschild, qui plaide aujourd'hui dans la presse américaine pour que l'Allemagne ne bénéficie en aucun cas d'un traitement clément». Cette entrée du journal de Goebbels est connue depuis au moins 1977, quand furent publiées les entrées de l’année 1945 (Joseph Goebbels, Tagebücher 1945: die letzen Aufzeichnungen, Hamburg: Hoffmann und Campe Verlag, 1977, p. 223 pour notre passage) y compris en traduction française (Derniers Carnets. Journal, 28 février-10 avril 1945, trad. J.-M. Gaillard-Paquet, Paris: Flammarion, 1977, p. 148 pour notre passage, traduit différemment). Le même passage est republié en français, traduit depuis l’édition de Elke Fröhlich, dans Joseph Goebbels, Journal, 1943-1945, Paris: Tallandier, 2005, p. 717-718, dans la traduction qui suit: «Les Juifs réapparaissent au grand jour. Leur porte-parole est ce Léopold Schwarzschild, de sinistre réputation, qui plaide dans la presse américaine pour que l’Allemagne n’ait droit sous aucun prétexte à un traitement de faveur. Ces Juifs, il faut les éliminer comme des rats dès qu’on en a le pouvoir. En Allemagne, Dieu merci! nous y avons déjà franchement pourvu. J’espère que le monde prendra exemple là-dessus».L’extermination au jour le jour dans les documents contemporains
Un corpus de citations
par Gilles Karmasyn
Il y a abondance et surabondance de confirmations et d’illustrations de l’extermination des Juifs d’Europe. Les nazis n’ont cessé d’en parler, d’écrire qu’ils la souhaitaient, qu’elle était nécessaire, qu’ils allaient l’accomplir, qu’ils l’accomplissaient, qu’ils l’avaient accomplie, que ce soit en public ou dans des correspondances privées ou officielles. On dispose des déclarations contemporaines d’Allemands ordinaires qui consignaient dans des journaux personnels ou des lettres ce dont ils avaient été témoins ou ce que des témoins directs leur avaient rapporté, des documents produits par les acteurs du génocide ou encore émanant des propres alliés des nazis. Au fil de ses lectures et de ses recherches, l’auteur de la présente page a relevé les plus marquantes de ces déclarations, de ces notes (les propos d’Hitler sont traités ailleurs), documents, journaux personnels, discours, rapports secrets, courriers internes, lettres privées, etc. En voici près de deux cent vingt, toujours fournies avec leur source et, pour presque la quasi totalité d’entre elles, avec leur version originale en allemand… Les passages mis en gras l’ont été par l’auteur de cette page. Il faut souligner que les diverses déclarations antérieures à l’été 1941 sont surtout l’illustration d’un état d’esprit nazi aspirant, désirant la mort des Juifs, mais pas encore d’un projet concret et de sa mise en œuvre qui ne surgissent qu’à partir de l’invasion de l’URSS. Toutefois, la radicalité et la répétition de ce désir de tuer les Juifs montrent bien que l’entreprise génocidaire qui débute à la mi-1941 ne surgit pas de nulle part et se nourrit d’une vision du monde et d’une propagande particulièrement mortifères, évidemment destinées à préparer le génocide. On aurait tort toutefois de limiter ces aspirations antérieures à 1941 au seul discours, aussi radical soit-il: l’élan génocidaire se traduit en actes dès 1939, comme le montre le massacre de plusieurs centaines de Juifs, hommes, femmes et enfants, à Ostrów Mazowiecka (en Pologne), le 11 novembre 1939.
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2024
type modifitions/ajouts date modif. Heinrich Himmler 1er août 1941 Tuer tous les Juifs, pousser les femmes dans les marais notes complétées des premières mentions des documents en 1964 et 1965 11/09/2024 Otto Dietrich 2 avril 1943 L’extermination des Juifs n’est pas une perte traductions et notes revues et complétées d’après consultation des documents originaux complets en allemand et ajout des scans des pages originales 24/03/2024 Johann von Leers 17 mai 1943 Nous exterminons les Juifs en Europe nouvelle citation 23/02/2024
2023
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13/11/2023 Giuseppe Burzio 9 mars 1942 Condamner la plupart d’entre elles à une mort certaine Traduction directe d’après la version originale italienne et compléments en notes 09/11/2023 Kazimierz Papée 23 septembre 1942 Chaque jour, des milliers de Juifs sont gazés ou abattus nouvelle citation 08/11/2023 Włodzimierz Ledóchowski 26 septembre 1942 Tous les Juifs sont condamnés à mort nouvelle citation 07/11/2023 Giovanni Malvezzi 18 septembre 1942 Les massacres de Juifs ont atteint des proportions horribles nouvelle citation 05/11/2023 Silvio Negrato 13 mai 1942 femmes enterrées vivantes, enfants jetés en l’air et abattus au revolver nouvelle citation 05/11/2023 Pirro Scavizzi 12 mai 1942 Le massacre des Juifs d’Ukraine est désormais achevé nouvelle traduction (corrigeant une erreur) d’après l’original et précisions en notes 05/11/2023 Pirro Scavizzi 5 avril 1942 Mot d’ordre: exterminez les sans pitié nouvelle citation 05/11/2023 Pirro Scavizzi 6 janvier 1942 [Les Allemands veulent] éliminer autant de Juifs que possible nouvelle citation 04/11/2023 Giovanni Malvezzi 7 juillet 1941 A Varsovie, plusieurs centaines de décès par jour nouvelle citation 02/11/2023 Hans Pfeffer von Salomon 21 novembre 1938 L’Allemagne a l’intention d’exterminer les Juifs Cote du document original corrigée en note et ajout d’une référence 31/10/2023 Franz Alfred Six 4 avril 1944 Le rôle politique et biologique de la Juiverie est terminé en Europe Ajout des scans du document original 12/07/2023 Volk und Rasse mai 1942 Exiger l’anéantissement total de la Juiverie ajout en note de la version originale d’un complément de citation 22/06/2023 Berliner Börsen-Zeitung 9 septembre 1942 La Serbie est purifiée de ses Juifs nouvelle citation 22/06/2023 Friedrich Kellner 28 octobre 1941 Des Juifs et des Juives nus alignés et exécutés par derrière sur ordre des SS nouvelle citation 22/06/2023 Joseph Goebbels 14 mars 1945 Les Juifs, nous les avons crevés comme des rats nouvelle citation 10/06/2023 Walter Gross 26 mars 1941 Mort du Juif en Europe Erreur de date (et position induite sur la page) de la citation corrigée (1941 et non 1939) 25/01/2023
2022
Himmler 9 et 10 juin 1942 Anéantir les Juifs en un an nouvelle citation 06/05/2022 Karl Dürkefälden décembre 1942 Un ordre d’anéantissement de la majorité des Juifs nouvelle citation 02/05/2022 Karl Dürkefälden 17 janvier 1943 Les Juifs sont pour partie fusillés, pour partie gazés compléments dans la note, date précisée 01/05/2000 Karl Dürkefälden 12 juin 1942 Les Juifs sont exterminés en Europe Ajout du passages relatif aux exécutions en Pologne 30/04/2022 Joseph Goebbels 31 janvier 1941 40 000 malades mentaux déjà éliminés nouvelle citation 22/02/2022 Das Schwarze Korps 24 novembre 1938 Anéantissement total de la Juiverie Transcription du passage original complet ajouté à la note 11/02/2022 Seyss-Inquart septembre 1939 Infliger aux Juifs de très lourdes pertes Ajout de la version originale de la citation complémentaire du 20 octobre et correction coquille (20 000 et non pas 200 000) 11/02/2022 La Voix de l’Arabisme Libre 7 juillet 1942 Tuez les Juifs, anéantissez les Note complétée des émissions de janvier 1942 23/01/2022 Christian de Charmasse 1er juillet 1944 les Juifs sont asphyxiés en masse dans des chambres à gaz nouvelle citation 21/01/2022 Colonel Riedl 21 août 1941 L’extermination des femmes et des enfants juifs [est] urgente ajout d’un passage du rapport de Groscurth 18/01/2022 Hans Pfeffer von Salomon 21 novembre 1938 L’Allemagne a l’intention d’exterminer les Juifs Précisions en note 11/01/2022 Le Cri du Peuple 26 février 1942 Hitler s’écrie “Les Juifs seront exterminés” nouvelle citation 03/01/2022
2021
Amin al-Husseini 2 novembre 1943 Les Allemands savent comment se débarasser des Juifs. Ils ont définitivement résolu le problème juif ajout du fac-simile du télégramme de Himmler 02/11/2021 Friedrich Gollert 29 mars 1943 Traiter les Polonais comme les Juifs: les exterminer Mention de la conférence de Hans Ehlich envisageant l’anéantissement physique des peuples indésirables et note associée avec le passage complet 21/10/2021 Hans Holfelder 13 mai 1943 Il faut exterminer les Juifs, y compris tuer les enfants juifs nouvelle citation 20/09/2021 Udo von Alvensleben 1er novembre 1941 À Marioupol 12 000 à 15 000 Juifs ont été tués nouvelle citation 20/09/2021 Harald Turner 17 octobre 1941 Juifs fusillés, la question juive se résoud, ils doivent disparaître mention des Juifs autrichiens assassinés en Serbie 06/07/2021 Franz Rademacher 7 novembre 1941 Les mâles juifs auront tous été exécutés correction d’une erreur dans la première note (mauvaise référence au texte traduit) 06/07/2021 Hans Gewecke 3 septembre 1941 Liquider tous les Juifs Ajout en note du lien vers l’étude citée de Christoph Dieckman sur le massacre des Juifs lituaniens 02/07/2021 Jürgen Stroop 24 mai 1943 6929 Juifs anéantis par transport vers Treblinka ajout en note des références et liens vers des extraits en français du rapport Stroop dans la Revue d’Histoire de la Shoah (1993) 23/04/2021
2020
Joseph Goebbels 14 juin 1942 Les Juifs nous le paieront par l’extermination de leur race Détails relatifs à la mention de l’article de Goebbels dans un mémorandum adressé à Roosevelt en décembre 1942 et ajustements chronologiques sur les citations de mai-juin 1942 14/12/2020 Franz Rademacher 7 novembre 1941 Les mâles juifs auront tous été exécutés ajout vignette et lien vers fac-simile de l’original du message de Harald Turner du 11 avril 1942 24/11/2020 Paul Morand 23 octobre 1942 À Vichy, on dit que les Juifs de Pologne ont été gazés nouvelle citation 09/11/2020 Eduard Strauch 25 juillet 1943 Les Juifs du Ghetto de Minsk comprennent que l’annonce d’un «déplacement» camoufle une opération d’assassinats nouvelle citation 06/11/2020 Eduard Strauch 10 avril 1943 130 000 Juifs du Generalkommissariat de Biélorussie ont déjà disparu nouvelle citation 30/10/2020 Ajout des mots clé «Aktion», «évacuation», «langage codé». Distinction faite entre «évacuation» et «déportation».
21/10/2020 Eduard Strauch 5 février 1943 La «réinstallation» des Juifs de Sloutsk est une «action spéciale» qui aura lieu dans deux fosses nouvelle citation 20/10/2020 Werner Otto Müller-Hill 18 février 1945 Nous avons liquidé les Juifs d’Europe par balle et par gazage pour des raisons idéologiques nouvelle citation 04/10/2020 Heinrich May février 1945 [A Chelmno] Au printemps 1944, le gazage avait lieu à proximité immédiate des fosses nouvelle citation 04/10/2020 Werner Otto Müller-Hill 6 février 1945 Nous avons exterminé les Juifs d’Allemagne et d’Europe nouvelle citation 04/10/2020 Werner Otto Müller-Hill 30 septembre 1944 Chaque jour, environ cinquante wagons plein de Juifs arrivent. Ils sont gazés et incinérés nouvelle citation 04/10/2020 Ulrich von Hassell 15 mai 1943 Des centaines de milliers de Juifs sont gazés dans des salles spécialement constuites à cet effet précisions en note sur la version originale et les différences avec l’édition 1946 03/10/2020 Giuseppe Bastianini 31 mars 1943 Le sort qui attend les Juifs: tous gazés sans distinction version original italienne du passage complet (en note) et correction de la traduction (initialement fautive) d’après cet original, et précision sur la source de Jonathan Steinberg, avec liens vers les documentaires 30/09/2020 Gustav Richter 17 octobre 1941 Le but de l’action [des Roumains] est la liquidation de ces Juifs ajout du scan de la note 25/09/2020 Eduard Strauch 20 juillet 1943 Des médecins ont retiré les prothèses en or des Juifs destinés au traitement spécial (c’est-à-dire exécutés) nouvelle citation, accompagné du fac-similé (quasi-inédit) 23/09/2020 Robert Ley 10 mai 1939 Annihilation du Juif dans le monde entier Fac-similé, en note, de Die Hoheitsträger du 3 mai 1939 reproduisant le discours du 31 mars 1939, et correction du numéro de page. 22/09/2020 Ajout du mot-clé «Biélorussie». Ajout icône lien cliquable au dessus de la liste des mots-clé. Copie directe des liens générés dans le presse papier.
20/09/2020 Walter Stahlecker 15 octobre 1941 L’élimination la plus large possible des Juifs Ajout des fac-similés, et lien vers le fac-similé complet et note 18/09/2020 Liste antéchronologique des mises à jour de la page depuis le 15 mai 2000. Ajout de la date de mise en ligne de chaque citation dans la bulle des mots-clé associée. Le double-clic (ou double-touch) sur les mots-clé fonctionne désormais sur les écrans tactiles, de la même façon que sur les navigateurs des ordinateurs classiques (permet de sélectionner les citations associées à plusieurs mots-clé). Sur écrans tactiles, bulles d’aide sur la liste des mots-clé, la liste des citations et la liste des mises à jour par touch de l’icône (i)nformation associée et affichage des descriptions des mots-clé par appui prolongé/relâchement.
17/09/2020 Hans Frank 9 juin 1944 Les Juifs ont été exterminés en Pologne imagette, lien vers document 15/09/2020 Einsatzgruppe B 14 août 1941 À Vileyka, les Juifs devaient tous être liquidés nouvelle citation 14/09/2020 Jean Vernières 13 octobre 1944 À Auschwitz, on était envoyé dans les chambres à gaz, asphyxié puis placé dans un four crématoire nouvelle citation 02/09/2020 Amin al-Husseini 21 septembre 1944 Il n’y a plus que onze millions de Juifs dans le monde nouvelle citation 10/07/2020 Amin al-Husseini 2 novembre 1943 Les Allemands savent comment se débarasser des Juifs. Ils ont définitivement résolu le problème juif nouvelle citation 26/06/2020 Colonel Riedl 21 août 1941 L’extermination des femmes et des enfants juifs [est] urgente ajout fac-similé - note sur réprimande de Reichenau - liens vers rapports complets 30/05/2020 Otto Dietrich 2 avril 1943 L’extermination des Juifs n’est pas une perte ajout directive 5 février 1943 - original allemand - compléments sur les sources et dates 26/05/2020 Maréchal Walter von Reichenau 10 octobre 1941 Un châtiment aux sous-hommes juifs ajout des fac-similés 19/04/2020 Dr. Hans Kawelmacher 27 juillet 1941 Problème juif partiellement réglé à Libau par exécution de 1100 Juifs nouvelle citation 10/03/2020 Le soldat Paul Schneider 12 novembre 1942 16 000 Juifs de Brest-Litovsk ont été éliminés nouvelle citation 10/02/2020 Lieutenant Ernst Deuerlein 8 novembre 1942 20 000 Juifs abattus dans et autour de Brest-Litovsk nouvelle citation 10/02/2020 Hermann Fegelein 28 septembre 1941 Les Juifs à mettre dans des ghettos si leur extermination n’est pas possible immédiatement nouvelle citation 04/02/2020 Le soldat Fritz K. 17 septembre 1941 Nettoyer l’Ukraine des bestioles juives nouvelle citation 01/02/2020 Le soldat Heinz S. 20 mai 1942 Des centaines de milliers de Juifs ont été tués nouvelle citation 01/02/2020 Le SS Schütze et le caporal Press 21 novembre 1942 Il n’y a plus de Juifs à Brest-Litovsk nouvelle citation 24/01/2020 Le soldat Otto Heid 12 novembre 1942 Les Juifs de Minsk ont été assassinés d’une façon inhumaine nouvelle citation 24/01/2020 Le soldat Konrad Jarausch 6 novembre 1941 L’élément juif est impitoyablement exterminé nouvelle citation 24/01/2020 Le soldat Lehr octobre 1942 Tous les Juifs vont disparaître nouvelle citation 24/01/2020 Le Caporal H. Hirschnik 26 septembre 1942 Les Juifs de Sokolno ont été gazés puis brûlés nouvelle citation 23/01/2020 Le soldat Hans Lustig 25 septembre 1942 Les Juifs de Janów seront tous morts dans deux semaines nouvelle citation 23/01/2020 Einsatzgruppe B 9 juillet 1941 Les Juifs ont été liquidés conformément aux ordres nouvelle citation 21/01/2020 Rudolf Lange début 1942 Une solution radicale à travers l’exécution de tous les Juifs complément sur le caractère explicite des rapport Lange et Stahlecker de début 1942 21/01/2020 Hans Pfeffer von Salomon 21 novembre 1938 L’Allemagne a l’intention d’exterminer les Juifs nouvelle citation 14/01/2020
2019
Fritz Dietrich 17 décembre 1941 À Libau, 2749 Juifs ont été abattus en trois jours nouvelle citation 05/12/2019 Heinrich Himmler 12 décembre 1941 La mort pour les ennemis du peuple allemand ajout du scan 22/11/2019 Wilhelm Hagen 7 décembre 1942 Traiter les Polonais de la même façon que les Juifs: les tuer imagette et lien vers le document intégral 08/11/2019 Heinrich Himmler 27 juin 1942 D’accord pour le traitement spécial des tuberculeux, le plus discret possible imagette et lien vers le document intégral 08/11/2019 Arthur Greiser 1er mai 1942 Faire exterminer les cas de tuberculose, comme les Juifs imagette et lien vers le document intégral 08/11/2019 Theodor Dannecker 13 mai 1942 Une solution finale de la question juive ayant pour but l’anéantissement total Compléments, en note, sur la fiabilité du récit de Walter Bargatzky en relation avec les commentaires des travaux de Gaël Eismann 12/07/2019 Joseph Goebbels 9 mai 1943 Les Juifs ont signé leur arrêt de mort nouvelle citation 09/07/2019 Wilhelm Hagen 7 décembre 1942 Traiter les Polonais de la même façon que les Juifs: les tuer mention en note de la traduction fançaise dès 1959 dans les Cahiers Pologne-Allemagne 08/07/2019 Joseph Goebbels 13 mai 1943 Pour Hitler, Les peuples modernes n’ont d’autre solution que d’exterminer les Juifs suite des notes de Goebbels du 13 mai 1943 (directement depuis le journal) rapportant les propos de Hitler (domination mondiale, race juive irréformable, etc.) 08/07/2019 Pierre-Émile Jalbert (PPF) 25 septembre 1942 Extermination sans arrière-pensée humanitaire nouvelle citation 24/05/2019 Robert Carron (LVF) 24 septembre 1944 Tués dans la nuque jusque la fosse soit pleine nouvelle citation 24/05/2019 Jean Mamy 11 juin 1942 Il faut faire couler du sang juif nouvelle citation 19/05/2019 Jean Méricourt 26 juin 1941 Cette race doit disparaître nouvelle citation 18/05/2019 Maurice de Séré 16-30 juillet 1942 La race juive est sur le point de disparaître de façon absolue nouvelle citation 18/05/2019 George Montandon mai 1943 Une seule solution: l’extirpation, la mort du troupeau nouvelle citation 15/05/2019 Pierre Costantini 12 février 1942 Tant qu’il y aura un Juif sur la terre, pas de bonheur… nouvelle citation 12/05/2019 Robert Ley 20 mai 1942 Le Juif doit être anéanti imagette fac-similé et texte original du Strassburger Neueste Nachrichten 30/04/2019 Wilhelm Kube 31 juillet 1942 Nous avons liquidé au cours des dix dernières semaines environ 55 000 Juifs imagette, lien vers document complet et introduction à la citation 11/04/2019 Das Schwarze Korps 24 novembre 1938 Anéantissement total de la Juiverie imagette et scan complet (unique au monde) 30/03/2019
2018
Joseph Goebbels 7 octobre 1943 La solution la plus dure et la plus radicale: exterminer les Juifs Version originale complète, retraduction, compléments sur les sources, correction de la date 14/11/2018 Le Danziger Vorposten 13 mai 1944 Cinq millions de Juifs ont été éliminés nouvelle citation 30/10/2018 Robert Ley 10 mai 1939 Annihilation du Juif dans le monde entier Complété par propos du 31 mars 1939, version originale allemande fournie (première fois), en note 21/07/2018 Erich Koch 18 mai 1943 Le Juif international mourra, parce qu’il doit mourir nouvelle citation 17/07/2018 Karl Jäger 1er décembre 1941 137 346 Juifs liquidés imagette scan couleur et lien vers fac-similés couleur de l’original 12/07/2018 Robert Ley 6 février 1942 Les Juifs doivent être et seront exterminés citation complétée, ajout du fichier audio 30/05/2018 Robert Ley 3 mai 1943 Jusqu’à ce que le dernier Juif soit mort citation complétée, ajout du fichier audio, source primaire en note 24/05/2018 Eberhard von Thadden 15 mai 1943 Il leur montra une chambre à gaz dans laquelle des Juifs avaient été mis à mort ajout fac-similé 16/04/2018 Curt Prüfer 22 novembre 1942 Femmes et enfants massacrés par des gaz asphyxiants ou par la mitrailleuse nouvelle citation 09/04/2018 Joseph Goebbels 27 mars 1942 60 pour cent d’entre eux devront être liquidés citation complétée (bacille, mots clé) 28/03/2018 Joseph Goebbels 19 juillet 1941 Les Juifs sont à éradiquer nouvelle citation 27/03/2018 Heinrich Himmler 12 décembre 1941 La mort pour les ennemis du peuple allemand retraduction d’après original allemand, remarque sur édulcoration par Hilberg, ajout de sources 22/03/2018 Julius Streicher 4 novembre 1943 La disparition des Juifs d’Europe est effective nouvelle citation 20/03/2018
2017
Hans Frank 9 juin 1944 Les Juifs ont été exterminés en Pologne ajout en note de la déclaration de Frank 25/01/1944 sur les dernier cent mille Juifs gouvernement général 30/10/2017 Colonel Riedl 21 août 1941 L’extermination des femmes et des enfants juifs [est] urgente complément sur Bjelaja Zerkow, ajout de sources pour le récit (Groscurth Tagebucher, Wette, Boll & Safrian, notamment traduction françaises 20/09/2017 Heinrich Kinna 10 décembre 1942 Les Polonais doivent mourir naturellement, contrairement aux mesures appliquées aux Juifs première mention et traduction en polonais dans BGK en 1947 04/07/2017 Odilo Globocnik 16 février 1940 Qu’on les laisse crever de faim original allemand 04/07/2017 Alexander Palfinger 7 novembre 1940 La mort des Juifs… original allemand 04/07/2017 Caporal-chef Georg. B 18 juillet 1941 Les Roumains fusillent tous les Juifs original allemand 04/07/2017 Lieutenant Vicky Hillard (via Mihail Sebastian) 21 août 1941 Des milliers de Juifs sont passés par les armes original roumain 04/07/2017 Heinrich Kinna 10 décembre 1942 Les Polonais doivent mourir naturellement, contrairement aux mesures appliquées aux Juifs mention d’une édition française du document en 1961 30/06/2017 Wilhelm Hagen 7 décembre 1942 Traiter les Polonais de la même façon que les Juifs: les tuer mentions et précisions sur premières mentions de la lettre de Hagen à Hitler en 1958, 1959, 1965 29/06/2017 Joseph Goebbels 13 mai 1943 Pour Hitler, Les peuples modernes n’ont d’autre solution que d’exterminer les Juifs ajout en note de la citation de Goebbels du 13 mai 1943 relative aux Protocoles (original allemand et notre traduction) 25/06/2017 Plusieurs mots clé par double-clic, liste des mots clé de chaque citation (cliquables), url avec plusieurs mots-cles en paramètre (séparés par des ¤), obtention des urls correspondantes par clic droit sur une clé (si au moins un mot clé est sélectionné), lien vers la citation courante par clic normal sur la clé
05/05/2017 Karl Dürkefälden 12 juin 1942 Les Juifs sont exterminés en Europe nouvelle citation 02/04/2017 Hans Frank 9 juin 1944 Les Juifs ont été exterminés en Pologne nouvelle citation 11/02/2017 Colonel Riedl 21 août 1941 L’extermination des femmes et des enfants juifs [est] urgente compléments bibliographiques en note sur l’affaire de Bjelaja Zerkow 24/01/2017 Maréchal Walter von Reichenau 10 octobre 1941 Un châtiment aux sous-hommes juifs version originale en allemand, compléments bibliographiques en note 06/01/2017
2016
Mécanisme des mots clé, association de toutes les citations à des mots-clé, liens directs vers les citations associées à un mot-clé et possibilité de copier ces liens par clic droit sur un mot-clé
16/12/2016 Heinrich Kinna 10 décembre 1942 Les Polonais doivent mourir naturellement, contrairement aux mesures appliquées aux Juifs imagette et lien vers fac-similés et document complet 04/12/2016 Rolf-Heinz Höppner 16 juillet 1941 La solution la plus humaine, liquider les Juifs imagette et liens vers document orginal complet et fac-similés 04/12/2016 Franz Rademacher 7 novembre 1941 Les mâles juifs auront tous été exécutés ajout des versions originales en allemand 10/10/2016 Franz Rademacher 13 septembre 1941 Eichmann propose de fusiller les Juifs imagette et fac-similé 10/10/2016 Hans Frank 9 décembre 1942 Préparer tous les Juifs à l’anéantissement version originale allemande - nouveaux liens vers documents originaux Nuremberg de diverses autres citations 08/10/2016 Hans-Joachim Kausch 26 juin 1943 En Ukraine, 1,1 million de Juifs ont été exterminés comme des punaises citations plus complètes du rapport et sources associées 04/10/2016 Walter Mattner 5 octobre 1941 Les nourrissons volaient version originale en allemand 24/06/2016 Einsatzgruppe C 10 septembre 1941 Liquidation finale des Juifs de Zhitomir, 3 145 abattus version originale en allemand 23/06/2016 Martin Luther 2 octobre 1941 Élimination de 8 000 Juifs ajout de la version originale en allemand 23/06/2016 Franz Rademacher 13 septembre 1941 Eichmann propose de fusiller les Juifs ajout de la version originale en allemand 23/06/2016 Joseph Goebbels 19 août 1941 Les Juifs sont en train de payer le prix ajout de la version originale en allemand 22/06/2016 Joseph Goebbels 7 août 1941 Il faut liquider les Juifs ajout de la version originale en allemand 22/06/2016 Reinhard Heydrich 29 juin 1941 Il faut provoquer des pogroms ajout de la version originale en allemand 20/06/2016 Général Thomas 4 octobre 1941 Les Juifs sont massacrés en masse Précisions sur Gerhard Panning et note associée (Wendy Lower, von Moltke) 18/06/2016 Ulrich von Hassell 15 mai 1943 Des centaines de milliers de Juifs sont gazés dans des salles spécialement constuites à cet effet Version originale complète en allemand, refonte de la traduction 13/05/2016 Friedrich Gollert 29 mars 1943 Traiter les Polonais comme les Juifs: les exterminer citation de la deuxième version en note et ajout du rapport de Fritz Prause et de la lettre de Anna Lassota 11/05/2016
2015
Livret de la Wehrmacht septembre 1944 Les parasites juifs doivent être exterminés nouvelle citation 21/05/2015 Alfred Rosenberg 18 novembre 1941 L’éradication complète de la Juiverie en Europe ajout des notes de Georg Wilhelm Großkopf sur les propos de Rosenberg 24/03/2015 Rapport du SD 23 décembre 1942 L’exécution et l’extermination des Juifs nouvelle citation 16/03/2015 Heinrich Himmler 11 janvier 1944 Libérer le monde des Juifs nouvelle citation 13/01/2015
2014
Robert Ley 3 mai 1943 Jusqu’à ce que le dernier Juif soit mort nouvelle citation 15/11/2014 Joseph Goebbels 18 février 1942 La race juive doit être exterminée nouvelle citation 2014
2013
Amin al-Husseini 1er mars 1944 Tuez les Juifs où que vous les trouviez nouvelle citation 2013
2012
Changement d’URL de la présente page, initialement (2000-2012) http://www.phdn.org/negation/documents/nazisdoc.html, transférée vers http://www.phdn.org/histgen/documents/nazisdoc.html (puis plus tard vers https://phdn.org/histgen/documents/nazisdoc.html)
octobre 2012 Lt-Gl Heinrich Kittel 24 décembre 1944 [A Auschwitz] ils étaient gazés nouvelle citation 2012 Heinrich Himmler 21 juin 1944 Il est bon que nous ayons eu la force d’exterminer les Juifs nouvelle citation 2012 Heinrich Himmler 24 mai 1944 Ne pas laisser grandir les enfants juifs nouvelle citation 2012 Heinrich Himmler 5 mai 1944 L’extermination des Juifs… les enfants, nous n’avions pas le droit de les laisser grandir nouvelle citation 2012 La Voix de l’Arabisme Libre 29 janvier 1944 La race juive doit être détruite nouvelle citation 2012 La Voix de l’Arabisme Libre 3 novembre 1943 La race juive doit être exterminée nouvelle citation 2012 Sous-officier H. H. 2 septembre 1942 L’extermination et l’anéantissement des Juifs sont la seule solution version originale en allemand et correction de la traduction 2012 La Voix de l’Arabisme Libre 7 juillet 1942 Tuez les Juifs, anéantissez les nouvelle citation 2012 Walter Stahlecker février 1942 L’élimination la plus complète possible des Juifs nouvelle citation 2012 Alfred Rosenberg 21 décembre 1941 Les Juifs sont des bacilles qui doivent être radicalement anéantis nouvelle citation 2012 Déplacement des sources et références dans des notes dynamiques et des notes de bas de page
13/02/2012
2011
Heinrich Himmler 24 avril 1943 éliminer les Juifs comme des poux nouvelle citation 2011 Otto Dietrich 2 avril 1943 L’extermination des Juifs n’est pas une perte nouvelle citation 2011 Robert Ley 1943 Les Juifs sont anéantis en Europe nouvelle citation 2011 Robert Ley 6 juin 1942 Les Juifs paieront par l’extermination de leur race nouvelle citation 2011 August Becker 16 mai 1942 Le gazage n’est pas effectué correctement nouvelle citation 2011 Joseph Goebbels 6 mars 1942 Les Juifs doivent être liquidés nouvelle citation 2011 Robert Ley 6 février 1942 Les Juifs doivent être et seront exterminés nouvelle citation 2011 Otto Wächter 20 octobre 1941 Une solution radicale de la question juive nouvelle citation 2011 Einsatzgruppe C 20 août 1941 4 500 Juifs liquidés pour un milicien tué nouvelle citation 2011 Robert Ley 22 juin 1941 Nous anéantirons le Juif nouvelle citation 2011 Albrecht Haushofer 13 décembre 1939 Laisser les Juifs mourir de froid et de faim nouvelle citation 2011 Wilhelm Metz novembre 1939 La nécessaire extermination des Juifs nouvelle citation 2011 Seyss-Inquart septembre 1939 Infliger aux Juifs de très lourdes pertes nouvelle citation 2011 Das Schwarze Korps 24 novembre 1938 Anéantissement total de la Juiverie nouvelle citation 2011
2010
Peter Yorck von Wartenburg 16 octobre 1944 Les mesures d’extermination contre les Juifs outrepassent le droit et la justice nouvelle citation 2010 Eitel Friedrich Möllhausen 6 octobre 1943 Ordre de Berlin: liquider les Juifs de Rome nouvelle citation 2010 Jürgen Stroop 24 mai 1943 6929 Juifs anéantis par transport vers Treblinka nouvelle citation 2010 Capitaine Lucio Merci 21 mars 1943 Les Juifs de Salonique sont éliminés nouvelle citation 2010 Giuseppe Pieche 14 novembre 1942 Livrer les Juifs, c’est les condamner à mort nouvelle citation 2010 Constantin von Dietze novembre 1942 tués systématiquement parce qu’ils étaient d’ascendance juive nouvelle citation 2010 Jean Mamy 14 mars 1941 Mort au Juif. Une bête puante, des poux nouvelle citation 2010
2009
Liste chronologique des citations avec liens directs dans la page
12/06/2009 Heinrich Himmler été 1943 Nous en avons déjà exterminé près de trois millions nouvelle citation 2009 Friedrich Gollert 29 mars 1943 Traiter les Polonais comme les Juifs: les exterminer nouvelle citation 2009 Helmuth von Moltke 10 octobre 1942 6 000 personnes sont “traitées” chaque jour dans ces fours nouvelle citation 2009 Wilhelm Cornides 31 août 1942 Belzec, c’est le gaz Extraits complétés à partir de l’original allemand, lien vers le rapport Cornides complet 15/05/2009 Theodor Dannecker 20 juillet 1942 Les Juifs se trouvant à la merci des Allemands courent à leur total anéantissement nouvelle citation 2009 Theodor Dannecker 13 mai 1942 Une solution finale de la question juive ayant pour but l’anéantissement total nouvelle citation 2009 Robert Ley 10 mai 1942 Les déplacer ne suffit pas, on doit les exterminer nouvelle citation 2009 Louis Sadosky 25 avril 1942 La destruction complète et à jamais de la race juive nouvelle citation 2009 Adolf Wagner 16 mars 1942 Nous anéantissons le Juif nouvelle citation 2009 Hans Frank 16 décembre 1941 Nous devons anéantir les Juifs, où que nous les trouvions nouvelle citation 2009 Karl Jäger 1er décembre 1941 137 346 Juifs liquidés nouvelle citation 2009 Dr. Erhard Wetzel 25 octobre 1941 Les Juifs qui sont inaptes au travail doivent être supprimés par gazage nouvelle citation 2009 Robert Ley décembre 1939 C’est aux Juifs d’être exterminés nouvelle citation 2009 Robert Ley 10 mai 1939 Annihilation du Juif dans le monde entier nouvelle citation 2009
2008
Heinrich Himmler 16 décembre 1943 J’ai systématiquement donné l’ordre de tuer également les femmes et les enfants nouvelle citation 2008 Joseph Goebbels 7 octobre 1943 La solution la plus dure et la plus radicale: exterminer les Juifs nouvelle citation 2008 Heinrich Himmler 6 octobre 1943 Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre nouvelle citation 2008 Heinrich Himmler 4 octobre 1943 Le peuple juif est en train d’être exterminé nouvelle citation 2008 Dino Alfieri 3 mai 1943 Même les SS parlent d’exécutions en masse nouvelle citation 2008 Giuseppe Bastianini 31 mars 1943 Le sort qui attend les Juifs: tous gazés sans distinction nouvelle citation 2008 Luca Pietromarchi 2 février 1943 À la fin de 1943, il n’y aura plus un seul Juif vivant en Europe nouvelle citation 2008 Joseph Goebbels 14 décembre 1942 La juiverie doit payer pour ses crimes par l’anéantissement de la race juive nouvelle citation 2008 Soldat S. M. 7 décembre 1942 Les Juifs arrivent à Auschwitz puis meurent d’une “mort héroïque” nouvelle citation 2008 Heinrich Himmler 27 juin 1942 D’accord pour le traitement spécial des tuberculeux, le plus discret possible nouvelle citation 2008 Arthur Greiser 1er mai 1942 Faire exterminer les cas de tuberculose, comme les Juifs nouvelle citation 2008 Luca Pietromarchi 27 novembre 1942 Les Allemands continuent impertubablement à massacrer les Juifs nouvelle citation 2008 Hitler 30 septembre 1942 La juiverie sera exterminée nouvelle citation 2008 Sous-officier H. H. 2 septembre 1942 L’extermination et l’anéantissement des Juifs sont la seule solution nouvelle citation 2008 Robert Ducci 18 août 1942 Livrer les Juifs de Croatie aux Allemands: leur liquidation nouvelle citation 2008 Karl Ingve Vendel 20 août 1942 Ils sont gazés. L’objectif est leur extinction à tous nouvelle citation 2008 Adolf Eichmann 26 juillet 1942 Les aptes seront mis au travail, et le reste sera soumis au traitement spécial nouvelle citation 2008 Un rapport 18 juillet 1942 Fusiller 1 300 Juifs nouvelle citation 2008 Pirro Scavizzi 12 mai 1942 Le massacre des Juifs d’Ukraine est désormais achevé nouvelle citation 2008 SD Erfurt 30 avril 1942 La Police de Sécurité a pour tâche d’exterminer les Juifs nouvelle citation 2008 Joseph Goebbels 27 mars 1942 60 pour cent d’entre eux devront être liquidés nouvelle citation 2008 Giuseppe Burzio 9 mars 1942 Condamner la plupart d’entre elles à une mort certaine nouvelle citation 2008 Mgr Berning 5 février 1942 Il y un plan pour exterminer complètement des Juifs nouvelle citation 2008 Maréchal Antonescu 16 décembre 1941 Ils peuvent tous mourrir nouvelle citation 2008 Heinrich Himmler 12 décembre 1941 La mort pour les ennemis du peuple allemand nouvelle citation 2008 Maréchal Walter von Reichenau 10 octobre 1941 Un châtiment aux sous-hommes juifs nouvelle citation 2008 Général Thomas 4 octobre 1941 Les Juifs sont massacrés en masse nouvelle citation 2008 Lieutenant Vicky Hillard (via Mihail Sebastian) 21 août 1941 Des milliers de Juifs sont passés par les armes nouvelle citation 2008 Colonel Riedl 21 août 1941 L’extermination des femmes et des enfants juifs [est] urgente nouvelle citation 2008 Caporal-chef Georg. B 18 juillet 1941 Les Roumains fusillent tous les Juifs nouvelle citation 2008 Einsatzgruppe B 13 juillet 1941 Les actions de liquidation des Juifs nouvelle citation 2008 caporal W. H. 28 mai 1941 Les Juifs doivent disparaître de la surface de la terre nouvelle citation 2008 Soldat E. 17 novembre 1940 Rien ne justifie qu’ils vivent sur la terre nouvelle citation 2008 Odilo Globocnik 16 février 1940 Qu’on les laisse crever de faim nouvelle citation 2008
2006, 2007
2005
Miklos Horthy 19 mars 1944 On me reproche de ne pas avoir permis que les Juifs soient massacrés nouvelle citation 2005 Joseph Goebbels 23 mai 1942 La liquidation personnelle des Juifs compléments (remarques de Ian Kershaw) 2005 Rudolf Lange début 1942 Une solution radicale à travers l’exécution de tous les Juifs nouvelle citation 2005 Heinrich Himmler 18 décembre 1941 Question juive, à exterminer comme partisans nouvelle citation 2005 Denis H. 18 décembre 1941 L’extermination, l’anéantissement et la déportation nouvelle citation 2005 Alfred Rosenberg 16 décembre 1941 L’extermination des Juifs citation et sources complétées 2005 Harald Turner 11 avril 1942 J’ai fait fusiller tous les Juifs nouvelle citation 2005 Gustav Richter 17 octobre 1941 Le but de l’action [des Roumains] est la liquidation de ces Juifs nouvelle citation 2005 Walter Stahlecker 15 octobre 1941 L’élimination la plus large possible des Juifs nouvelle citation 2005 Walter Mattner 5 octobre 1941 Les nourrissons volaient nouvelle citation 2005 Martin Luther 2 octobre 1941 Élimination de 8 000 Juifs nouvelle citation 2005 Einsatzgruppe C 10 septembre 1941 Liquidation finale des Juifs de Zhitomir, 3 145 abattus nouvelle citation 2005 Heinrich Himmler 1er août 1941 Tuer tous les Juifs, pousser les femmes dans les marais nouvelle citation 2005 Un officier de la 221e 28 juillet 1941 L’éradication de la Juiverie nouvelle citation 2005 Un policier 7 juillet 1941 Les Juifs sont du gibier nouvelle citation 2005 Rolf-Heinz Höppner 16 juillet 1941 La solution la plus humaine, liquider les Juifs citation complétée, sources ajoutées 2005 Wilhelm Ritter von Leeb 8 juillet 1941 La stérilisation de tous les hommes juifs nouvelle citation 2005 Reinhard Heydrich 29 juin 1941 Il faut provoquer des pogroms nouvelle citation 2005 Alexander Palfinger 7 novembre 1940 La mort des Juifs… nouvelle citation 2005
2004
2003
Hans Frank 4 mars 1944 Les Juifs sont une race qui doit être exterminée nouvelle citation 2003 Max Frauendorfer 20 décembre 1942 Continuels massacres en masse des Juifs, indescriptibles nouvelle citation 2003 Hans Frank 9 décembre 1942 Préparer tous les Juifs à l’anéantissement nouvelle citation 2003 Wilm Hosenfeld 23 juillet 1942 Il y a une entreprise d’extermination des Juifs qui est en cours nouvelle citation 2003
2002
Herbert Backe 7 mai 1943 Dans un discours d’Hitler: Les Juifs doivent être exterminés en Europe nouvelle citation 2002 Josef Sommerfeldt 1943 Résoudre la question juive: l’expulsion ou la destruction physique nouvelle citation 2002 Joseph Goebbels 28 mai 1942 Plus on éliminera de gens de cette sale race nouvelle citation 2002 Otto Schulz-Du Bois janvier 1942 Le Fürhrer a dit "je dois le faire" nouvelle citation 2002 Julius Streicher 25 décembre 1941 Une solution: l’extermination de cette race nouvelle citation 2002 Joseph Goebbels 16 novembre 1941 La juiverie est en train de subir l’annihilation nouvelle citation 2002 Eduard Könekamp décembre 1939 L’anéantissement de cette sous-humanité… nouvelle citation 2002
2001
Fritz Bracht 6 septembre 1944 Réinstallé c’est-à-dire éliminé nouvelle citation 2001 Hans-Joachim Kausch 26 juin 1943 En Ukraine, 1,1 million de Juifs ont été exterminés comme des punaises nouvelle citation 2001 Joseph Goebbels 13 mai 1943 Pour Hitler, Les peuples modernes n’ont d’autre solution que d’exterminer les Juifs nouvelle citation 2001 Heinrich Kinna 10 décembre 1942 Les Polonais doivent mourir naturellement, contrairement aux mesures appliquées aux Juifs nouvelle citation 2001 Joseph Goebbels 23 mai 1942 La liquidation personnelle des Juifs nouvelle citation 2001 Harald Turner 29 août 1942 La question juive est liquidée en Serbie nouvelle citation 2001 Franz Rademacher 7 novembre 1941 Les mâles juifs auront tous été exécutés nouvelle citation 2001 Joseph Goebbels 2 novembre 1941 Il faut exterminer les Juifs d’une manière ou d’une autre nouvelle citation 2001 Dr. Jost Walbaum 16 octobre 1941 Deux méthodes, les Juifs meurent de faim ou nous les fusillons nouvelle citation 2001 Hans Gewecke 3 septembre 1941 Liquider tous les Juifs nouvelle citation 2001 Major von Payr 11 août 1941 éliminées plus tard par gazage nouvelle citation 2001 Joseph Goebbels 7 août 1941 Il faut liquider les Juifs nouvelle citation 2001 Rolf-Heinz Höppner 16 juillet 1941 La solution la plus humaine, liquider les Juifs nouvelle citation 2001
2000
Robert Ley 19 mars 1944 Pas de repos jusqu’à ce que Judah soit complètement annihilé et exterminé nouvelle citation 2000 Max Täubner 24 mai 1943 Les Juifs doivent être exterminés et un Juif tué n’est jamais une perte nouvelle citation 2000 Giuseppe Pieche 4 novembre 1942 Ils sont éliminés au moyen de gaz toxiques nouvelle citation 2000 Wilhelm Kube 31 juillet 1942 Nous avons liquidé au cours des dix dernières semaines environ 55 000 Juifs nouvelle citation 2000 Joseph Goebbels 14 juin 1942 Les Juifs nous le paieront par l’extermination de leur race nouvelle citation 2000 Robert Ley 20 juin 1942 La guerre se terminera avec l’extermination des Juifs nouvelle citation 2000 Robert Ley 20 mai 1942 Le Juif doit être anéanti nouvelle citation 2000 Volk und Rasse mai 1942 Exiger l’anéantissement total de la Juiverie nouvelle citation 2000 Dr. Erhard Wetzel 27 avril 1942 Ne pas liquider les Polonais comme les Juifs nouvelle citation 2000 Alfred Rosenberg 18 novembre 1941 L’éradication complète de la Juiverie en Europe texte revu et complété d’après de nouvelles sources 2000 Paul Wurm 23 octobre 1941 La vermine juive sera exterminée par des mesures spéciales nouvelle citation 2000 Joseph Goebbels 19 août 1941 Les Juifs sont en train de payer le prix nouvelle citation 2000 Un policier 7 août 1941 Les Juifs sont en train d’être totalement exterminés nouvelle citation 2000 Walter Gross 26 mars 1941 Mort du Juif en Europe nouvelle citation 2000 Hans Frank 25 novembre 1939 Plus il en mourra… nouvelle citation 2000
1er mai 2000: première mise en ligne (la version de décembre 2000 est archivée et peut être consultée)
Franz Rademacher 13 septembre 1941 Eichmann propose de fusiller les Juifs mise en ligne 01/05/2000 Harald Turner 17 octobre 1941 Juifs fusillés, la question juive se résoud, ils doivent disparaître mise en ligne 01/05/2000 Alfred Rosenberg 18 novembre 1941 L’éradication complète de la Juiverie en Europe mise en ligne 01/05/2000 Joseph Goebbels 12 décembre 1941 La destruction des Juifs […] ils doivent le payer de leur vie mise en ligne 01/05/2000 Alfred Rosenberg 16 décembre 1941 L’extermination des Juifs mise en ligne 01/05/2000 Gottlob Berger 22 janvier 1942 Les Juifs doivent disparaître de la surface de la terre mise en ligne 01/05/2000 Karl Dürkefälden 12 juin 1942 Les Juifs sont exterminés en Europe mise en ligne 01/05/2000 Philipp Bouhler 10 juillet 1942 Une solution de la question juive allant jusqu’aux ultimes conséquences mise en ligne 01/05/2000 Wilhelm Cornides 31 août 1942 Belzec, c’est le gaz mise en ligne 01/05/2000 Otto Hofmann septembre 1942 Les Juifs n’existeront peut-être plus mise en ligne 01/05/2000 Wilhelm Hagen 7 décembre 1942 Traiter les Polonais de la même façon que les Juifs: les tuer mise en ligne 01/05/2000 Karl Dürkefälden 17 janvier 1943 Les Juifs sont pour partie fusillés, pour partie gazés mise en ligne 01/05/2000 Eberhard von Thadden 15 mai 1943 Il leur montra une chambre à gaz dans laquelle des Juifs avaient été mis à mort mise en ligne 01/05/2000 Ulrich von Hassell 15 mai 1943 Des centaines de milliers de Juifs sont gazés dans des salles spécialement constuites à cet effet mise en ligne 01/05/2000 Franz Alfred Six 4 avril 1944 Le rôle politique et biologique de la Juiverie est terminé en Europe mise en ligne 01/05/2000 Un soldat novembre 1944 Les meurtres bestiaux commis par nos SS en Russie mise en ligne 01/05/2000 Cacher la liste des mises à jour…
Quelques jours après les pogroms du 9 novembre 1938 («la Nuit de Cristal»), un diplomate britannique du nom de Alexander rencontre le bras droit de Rudolf Hess, Franz Pfeffer von Salomon, un nazi pur et dur, qui se montre très franc avec lui. Alexander rentre en Angleterre, fait le récit de cette entrevue à un fonctionnaire du Foreign Office, J. K. Roberts qui en tire un memorandum, daté du 21 novembre 1938, transmis à sa hiérarchie, et lu par Lord Halifax lui-même. Voici ce que Pfeffer von Salomon a confié à Alexander:
«L’Allemagne a l’intention de se débarrasser de ses Juifs, soit par l’émigration, ou si nécessaire par la famine ou en les tuant […] et a également l’intention d’expulser ou d’exterminer les Juifs de Pologne, de Hongrie et d’Ukraine, une fois qu’elle contrôlera ces pays»1.Cette déclaration extrêmement brutale ne révèle évidemment pas ici un plan déjà conçu d’extermination des Juifs d’Europe. Elle donne à voir une conception nazie de l’Europe en cas de guerre: Franz Pfeffer von Salomon prend soin de souligner que la disparition des Juifs d’Allemagne, quelles qu’en soient les modalités, est motivée par la «nécessité» de ne pas abrîter une «minorité hostile» (un pur fantasme antisémite nazi évidemment), en cas de guerre. C’est très exactement la vision mainte fois exprimée par Hitler, Himmler ou Goebbels. On voit à l’œuvre une vision du monde nazie où la fin (se débarrasser des Juifs) justifie, dès 1938, tous les moyens, y compris d’envisager les plus radicaux (terme qu’affectionneront tout particulèrement les nazis d’ailleurs), comme le meurtre de masse. On peut relever que dès avant la guerre, un nazi haut placé considère que l’Ukraine était une cible légitime pour les nazis. Remarquons enfin que les Juifs de Pologne, d’Ukraine et de Hongrie constituent plus des deux tiers du nombre de Juifs assassinés par les nazis et leurs complices en fin de compte.
Das Schwarze Korps 24/11/1938 p. 1
Das Schwarze Korps, le journal officiel de la SS qui diffusait, à ce moment là, à plus de 500 000 exemplaires2, publie en première page dans son numéro 47 du 24 novembre 1938, deux semaines après les pogroms de la Nuit de Cristal, un article intitulés «Les Juifs, et maintenant ?» (Juden, was nun ?). Cet article constitue un véritable programme, annonçant l’extermination à venir. Déclinant les accusations antisémites habituelles de sabotage de l’économie, de bellicisme et d’incitation aux meurtres, Das Schwarze Korps préconise une «solution totale de la question juive», consistant d’une part en une «élimination des Juifs de l’économie allemande», d’autre part en une expulsion des Juifs des maisons allemandes vers des quartiers réservés, sans aucun contact avec les «Allemands» (c’est-à-dire les Allemands non juifs), et surtout en les privant explicitement de tout moyen de subsistance. Compte tenu des obsessions antisémites nazies, Das Schwarze Korps en tire les conséquences logiques:
«Une fois qu’il vivra dans un isolement complet, ce peuple de parasites s’appauvrira, car il ne peut ni ne veut travailler lui-même. […] Ils tomberont tous inévitablement dans la criminalité à cause des dispositions de leur race. Mais que personne ne croie alors que nous pourrons regarder tranquillement un tel développement. Le peuple allemand n’a aucune envie de tolérer sur son territoire des centaines de milliers de criminels qui non seulement voudraient assurer leur existence par le crime, mais encore chercheraient à se venger ! Nous avons encore moins envie que ces centaines de milliers de Juifs miséreux deviennent un repaire du bolchevisme et un refuge pour la sous-humanité politico-criminelle qui, par un processus naturel d’élimination, se détache de notre propre peuple. […]. A ce stade d’une telle évolution, nous nous trouverions en face de la dure nécessité d’exterminer (auszurotten) les bas fonds juifs de la même façon que nous avons l’habitude d’exterminer les criminels dans notre État: par le fer et par le feu. Le résultat en serait la disparition effective et définitive de la Juiverie en Allemagne, son anéantissement total (seine restlose Vernichtung) !»3Cet article est tout à fait remarquable. Dans des passages non traduits ici, il est déploré que les nazis ne se soient pas occupés du «problème juif» le plus brutalement possible dès 1933 et l’auteur de l’article constate qu’une telle action est désormais possible. L’article recourt à tous les poncifs antisémites nazis et en déduit un programme qui aboutit logiquement à l’extermination. Ce que Das Schwarze Korps annonce pour l’Allemagne est presque exactement ce qui se produira, à l’échelle européenne, malgré les chemins tortueux empruntés par les persécutions anti-juives: séparation des populations juives, privées de tout moyen de subsistance, concentration, anéantissement. Il n’est pas ici question d’«expulsion» hors d’un territoire donné, mais bien de destruction ; les expressions utilisées sont explicites, «par le fer et par le feu», «extermination», «anéantissement total» (restlose Vernichtung, qu’on retrouvera plus tard lors du déroulement même du génocide). Il y aura deux différences notables: d’une part les nazis mettront les Juifs en esclavage, exécutant rapidement les «inaptes au travail», se débarrassant au fur et à mesure des Juifs épuisés, avant d’anéantir tous les Juifs sans distinction ; d’autre part, les nazis «exporteront» l’assassinat des Juifs des pays d’Europe de l’ouest dans les centres de mise à mort industrielle de l’Est plutôt que des les assassiner sur place. Dans la SS, les cadres idéologiques et mentaux du génocide étaient en place dès avant la guerre.
Robert Ley était l’un des principaux dignitaires nazis. Entré au NSDAP dès 1925, il était directeur du Front du Travail (le DAF, pour Deutsche Arbeitsfront), émanation du parti nazi qui s’était substitué en 1933 à l’ensemble des syndicats dissous. Antisémite virulent, il a explicité avant même le début de la guerre le fantasme d’extermination qui imprégnait l’idéologie nazie. Le 10 mai 1939, plusieurs mois avant la guerre déclenchée par l’Allemagne nazie, il prononce un discours à Innsbruck, en Autriche. Ce discours diffusé à la radio a été conservé. Ley, après avoir glosé sur le combat contre les Juifs qu’il faut mener «jusqu’au bout», précise sa pensée:
«Le Juif ne saurait être anéanti seulement dans notre peuple, au contraire nous ne trouverons aucun repos avant que le Juif ait été anéanti dans le monde entier. [applaudissements] [Il faut] que les gens sains soient fanatiques et impitoyables, jusqu’à ce qu’ils l’aient [le Juif] anéanti (Der Jude kann nicht allein in unserem Volke vernichtet sein, sondern wir dürfen nicht eher ruhen und rasten bis der Juden in der ganzen Welt vernichtet ist. Darüber gibt es nicht keinen Zweifel. [Beifall] […] dann werden gesunde Menschen zäh und fanatish sein - bis sie ihn vernichtet haben)»4.On remarquera les applaudissements et le martèlement du mot «vernichten», qui signifie anéantir, annihiler, exterminer et pas du tout d’une façon imagée. Ley ne commettait pas ici un écart particulièrement violent, car ce discours du 10 mai s’inscrit dans la continuité d’un précédent du 31 mars 1939 où Robert Ley déclarait déjà devant des dirigeants du parti nazi qu’il n’y avait plus de place pour les Juifs dans le monde»5.
À la fin octobre 1939, l’extermination systématique des Juifs n’était pas encore officiellement à l’ordre du jour. Cependant, les plans de déplacement et de concentration des populations juives se succédaient, dont un qui prévoyait de faire de la région de Lublin, en Pologne, une «réserve» juive. Les conséquences d’une forte concentration dans cette région marécageuse n’échappaient pas aux officiels nazis. À l’issue d’une tournée en Pologne en novembre 1939, le Reichsminister Seyss-Inquart rédige un rapport dans lequel il écrit:
«Cette région [Lublin], compte tenu de son caractère fortement marécageux, pourrait […] servir de réserve pour les Juifs, ce qui serait peut-être un moyen d’infliger aux Juifs des pertes très importantes»6.De tels propos s’inscrivent dans un contexte déjà mortifère. Dès le 20 octobre, le ministère de la propagande avait distribué un bulletin «confidentiel» à la presse l’informant que 20 000 Juifs de Lodz devraient se rendre dans la région de Lublin, mais que «aucune infrastructure de subsistance n’était prévue pour cette migration de masse»7.
Dans ce contexte d’un premier plan de concentration dans une région insalubre, Hans Frank, depuis peu chef du Gouvernement général, exprimait sa satisfaction lors d’un discours fait à des collaborateurs le 25 novembre 1939 à Radom:
«Quel plaisir d’être, finalement, capable de s’attaquer à la race juive physiquement. Plus il en mourra, le mieux ce sera (Eine Freude, endlich einmal die jüdische Rasse körperlich angehen zu können. Je mehr sterben, um so besser)»8.
Wilhelm Metz, Chef de la Police de la région industrielle de haute Silésie mentionne, dans un rapport rédigé en décembre 1939:
«[le] combat contre les Juifs, dont la nécessaire extermination est ici des plus urgente ([der] Kampf gegen die Juden, deren Ausrottung hier dringend notwendig ist)»9.
En décembre 1939, Eduard Könekamp, écrit de Pologne à ses collègues de l’Institut allemand pour l’étranger:
«Beaucoup d’Allemands voient pour la première fois de leur vie de telles masses de Juifs. Les “ghettos” sont les plus crasseux qu’on puisse s’imaginer. […] L’anéantissement de cette sous-humanité serait de l’intérêt du monde entier. Cet anéantissement est un problème des plus ardus. On ne peut le réaliser par des exécutions. Et on ne peut pas faire fusiller des femmes et des enfants. Ici ou là, on mise sur les pertes lors de déportations, ainsi sur le transport de 1 000 juifs parti en mars de Lublin, 450 seraient morts. […] Tous les services qui s’occupent de la question juive voient clairement l’insuffisance de ces mesures. Mais la solution de ce problème compliqué n’a pas encore été trouvée»10.On notera que le mot utilisé pour «anéantissement» est dans la version originale «Vernichtung». Compte tenu des propos de Könekamp, il est clair que la Vernichtung des Juifs signifie leur mise à mort collective, leur destruction physique complète. Les exécutions par balles mentionnées, bien qu’exclues explicitement en décembre 1939 (alors même qu’un tel massacre de plusieurs centaines de civils juifs, hommes, femmes et enfants avait déjà eu lieu à Ostrów Mazowiecka (en Pologne), en novembre 1939), seront considérées comme utilisables moins de deux ans plus tard et seront utilisées y compris contre les femmes et les enfants.
En décembre 1939, Robert Ley fait un discours à Lodz, en Pologne occupée. Il y développe une thématique qui ne cessera d’être déclinée par la propagande nazie: la guerre est voulue par les Juifs et une défaite allemande signifierait une victoire juive dont la conséquence serait l’extermination des Allemands par les Juifs. De très nombreux discours et articles seront diffusés pendant toute la guerre donnant le détail des atrocités que commettraient les Juifs contre les Allemands si l’Allemagne était défaite. Peu importait que «les Juifs», en réalité, n’avaient aucune part active au conflit mondial, sauf dans l’imaginaire fanatiquement antisémite et paranoïaque des nazis. Ce qui est intéressant c’est que les nombreuses descriptions des «atrocités juives» à venir, contre les Allemands, sont en fait une description très exacte de ce que les nazis projetaient de faire subir aux Juifs et leur ont fait subir. Robert Ley donc, déclarait publiquement en décembre 1939:
«Nous les Allemands savons que si l’Angleterre était victorieuse, le peuple allemand serait exterminé tout entier, hommes, femmes et enfants. Nous le savons. Le Juif pataugerait dans le sang. Il érigerait des bûchers pour nous y brûler […] Mais nous les en empêcherons. C’est au contraire eux qui vont crâmer, eux qui vont brûler, eux qui vont crever de faim, eux qui seront exterminés (Wir Deutschen Wissen, wenn England siegen würde, würde das deutsche Volk mit Mann und Frau und Kind und Kegel ausgerottet werden. Das wissen wir. Der Jude würde im Blute waten. Es würden Scheiterhaufen errichtet werden, auf denen sie uns verbrennen wurden […] Nein, das wollen wir ihnen verwehren. Da sollen sie lieber schmoren, sie lieber verbrennen, sie lieber verhungern, sie lieber ausgerottet werden)»11.Une salve d’applaudissements et de «Sieg Heil» ponctue cette sortie… Pour ce qui est des accusations portées par la propagande nazie contre les Juifs, projets de domination mondiale et d’extermination notamment, pures projections illustrant exactement ce que tentèrent et réalisèrent les nazis, voir Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006.
Albrecht Haushofer, membre du bureau de l’information du ministère des affaires étrangères écrit à sa mère le 13 décembre 1939:
«Je suis à table avec l’homme dont la tâche sera de faire en sorte qu’un nombre significatif de Juifs transportés d’Allemagne dans le ghetto de Lublin y meurent de froid et de faim (Ich sitze am Tisch mit dem Mann, dessen Aufgabe es sein wird, im Lubliner Juden-Ghetto programmgemäß einen großen Teil der dorthin zu verfrachtenden deuschen Juden erfrieren und verhungern zu lassen)»12.
En février 1940, 1800 Juifs des villes allemandes de Stettin et Schneidemühl furent déportés vers Lublin, en Pologne, où rien n’était prévu pour les accueillir. Le chef, récemment nommé, de la police et de la SS du disctrict de Lublin, Odilo Globocnik déclara à ce sujet le 16 février 1940:
«[les] Juifs évacués devaient se nourrir par leur propres moyens et être entretenus par leurs compatriotes, car ces Juifs avaient assez [de vivres]. Si cela ne marchait pas, qu’on les laisse crever de faim (Falls dies nicht gelänge, sollte man sie verhungern lassen)»13.Hans Frank fait une déclaration semblable le 23 avril 1940 lors d’une réunion avec le Secrétaire d’état responsable des approvisionnements, Herbert Backe ; il déclare alors:
«Je n’ai absolument rien à faire des Juifs. Qu’ils aient ou non de quoi se nourrir est la dernière chose au monde qui m’importe»14.
Le 7 novembre 1940, Alexander Palfinger, adjoint au responsable des affaires du Ghetto de Lodz, Hans Biebow, rédige un rapport dont voici un passage:
«La mort rapide des Juifs nous est complètement indifférente, sinon souhaitable, pour peu que ses effets concommitants n’affectent pas les intérêts du peuple allemand. Dans la mesure, cependant, où ces gens doivent être mis au service de l’Etat, selon les instructions du Reichsführer SS [Himmler], les conditions les plus primitives doivent être créées à cette fin»15.Dans une note du 30 octobre 1940, Palfinger écrivait déjà, concernant les épidémies dont les Juifs pouvaient souffrir, que:
«La tuberculose et les autres maladies infantiles non-infectieuses, ainsi que les autres maladies qui entraînent une élévation rapide du taux de mortalité, n’intéressent pas les autorités allemandes»16.
Comme on le verra à plusieurs reprises, l’antisémitisme nazi ne touchait pas que les idéologues ou les dignitaires du régime. Voici les observations du soldat E. dans une lettre envoyée de Pologne le 17 novembre 1940:
«Quand on regarde ces gens, on retire l’impression que rien vraiment ne justifie qu’ils vivent sur la terre de Dieu»17.
La citation suivante ne traite pas du sort des Juifs, mais touche à un sujet très proche, l’assassinat des handicapés, l’opération T4 dite «d’Euthanasie», opération en partie réalisée par gazages. Ce massacre avait été décidé par Hitler à l’automne 1939 et était coordonné par sa propre chancellerie. Ici, Joseph Goebbels, en parle très ouvertement dans son journal le 31 janvier 1941:
«[J’ai] discuté avec Bouhler de la question de la liquidation confidentielle des malades mentaux. 40 000 sont éliminés, 60 000 doivent encore dégager. C’est un travail difficile, mais nécessaire. Et il faut le faire maintenant. Bouhler est l’homme qu’il faut pour ça»18.Le Reichsleiter Philipp Bouhler était le chef de la Chancellerie du Führer. C’est à lui qu’avait été confiée la responsabilité de mener à bien le massacre des handicapés (La Chancellerie se trouvait au 4 de la Tiergartenstrasse, d’où le nom de code T4). Ce sont des équipes sous son autorité qui l’ont mené à bien. Ce sont ses équipes qui seront ensuite au cœur de l’Opération Reinhard d’assassinat des Juifs du Gouvernement Général (la Pologne occupée) à partir du printemps 1942, comme Bouhler lui-même le mentionne de façon explicite à Martin Bormann le 10 juillet 1942 (voir plus bas).
En France aussi sévissait parmi les collaborationnistes un antisémitisme débridé, se déchaînant publiquement, appelant publiquement à l’extermination des Juifs. Le cinéaste Jean Mamy outre ses activités d’écriture, était un indicateur de la Gestapo (rémunéré) à laquelle il livrait des Juifs ou des résistants de réseaux qu’il infiltrait. Sous le pseudonyme de Paul Riche, il écrit en première page de l’hebdomadaire antisémite Au Pilori du 14 mars 1941, sous le titre «MORT AU JUIF !»:
«Mort au Juif ! Mort à la vilenie, à la duplicité, à la ruse juive ! Mort à l’argument juif ! Mort à l’usure juive ! Mort à la démagogie juive ! Mort à tout ce qui est faux, laid, sale, répugnant, négroïde, métissé, juif ! C’est le dernier recours des hommes blancs, traqués, volés, dépouillés, assassinés par les sémites, et qui retrouvent la force de se dégager de l’abominable étreinte. Mort au Juif ! C’est l’appel ultime d’un peuple d’aryens qui est tombé dans le piège gluant de la générosité et que les fauves judaïques ont assailli. […] Mort ! Mort au Juif ! Oui. Répétons-le ! Mort ! M.O.R.T AU JUIF ! Là ! Le Juif n’est pas un homme. C’est une bête puante. On se débarrasse des poux. On combat les épidémies. On lutte contre les parasites. On monte à l’assaut des invasions microbiennes. On se défend contre le mal, contre la mort — donc contre le Juif ! […] [les Juifs] veulent nous faire définitivement crever ! Eh bien ! Ils crèveront avant nous ! Mort au Juif ! […] Ecrasons les poux ! Mort au Juif ! Mort ! Mort à tout ce qui est juif !»19Outre la violence inouïe de cette diatribe appelant concrètement au meurtre («Mort au Juif» y est écrit douze fois), on peut relever deux éléments rhétoriques particulèrement intéressants car exprimés sans la moindre retenue ni ambigüité. Le premier est la description des avanies fantasmées que subiraient les non-juifs («les hommes blancs») de la part des Juifs: «traqués, volés, dépouillés, assassinés». Il se trouve qu’il s’agit de la description exacte (traque, vol, dépossession, assassinat) de ce que vont subir les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale de la part des nazis et de leurs complices, bruyamment encouragés par des vociférateurs antisémites comme Jean Mamy. La propagande nazie aura usé systématiquement du même procédé de retournement affreusement ironique d’une accusation mensongère de persécutions et d’assassinats commis par les Juifs (voir citations de Robert Ley, par exemple) en une réalité concrète de persécutions et d’assassinats subis par les Juifs, persécutions et assassinats réels justifiés d’ailleurs par l’accusation mensongère initiale. Le second élément est le recours à l’imagerie biologique et sanitaire: bête puante-poux (dont on se débarrasse…) et microbes-épidémies-parasites, qui marquent d’une part la déshumanisation («le juif n’est pas un homme) et d’autre part le caractère radicalement (et naturellement, c’est-à-dire sans aucune possibilité de changer) nuisible. Là encore, il s’agit d’un topos de la propagande antisémite et nazie (Hitler, Himmler, Ley, etc., ont recours aux mêmes images). Plus généralement, le recours aux comparaisons avec des animaux nuisibles ou méprisés (poux / rats / parasites / chiens) ou aux maladies (microbes / épidémies / tuberculose / cancer) est toujours un marqueur de volonté génocidaire, ou à tout le moins de fantasme d’extermination physique plus ou moins assumés.
Le 26 mars 1941 est inauguré à Francfort l’Institut zur Erforschung der Judenfrage (institut de recherche sur la question juive). Plusieurs idéologues nazis y prononcent des discours dont Walter Gross, Directeur du Bureau pour la Politique Raciale du parti nazi. Remarquant que jusqu’alors les tentatives de détruire physiquement les Juifs n’avaient pas été systématiques et souvent mal accueillies, il conclut:
«En ce qui concerne la présence du Juif en Europe, nous pensons que l’heure de sa mort est irrévocablement arrivée»20.
La volonté de destruction des Juifs ne venait pas uniquement d’«en haut». Plusieurs années de propagande nazie avaient porté leur fruit. Ainsi au sein de la Wehrmacht, l’image des Juifs collait le plus souvent à celle que l’antisémitisme hitlérien souhaitait véhiculer, dont les conséquences logiques étaient faciles à comprendre et à exprimer. Le caporal W. H du bataillon 46 de l’Etat Major pouvait écrire à des proches le 28 mai 1941, moins d’un mois avant l’invasion de l’URSS:
«Tandis que j’étais encore à table pour le dîner, on s’est mis à parler de la question juive dans le Gouvernement Général et dans le monde. […] tous furent finalement d’accord pour dire que les Juifs devaient disparaître de la surface de la terre. […] Il faudrait que les Juifs disparaissent, soient tous éliminés; le monde aurait alors bientôt une autre allure»21.
Robert Ley, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, était l’un des principaux dignitaires du régime nazi, proche d’Hitler et antisémite virulent. Il prononça de nombreux discours avant et pendant la guerre, dont certains étaient ensuite cités verbatim dans des recueils publiés par le parti nazi. Dans la matinée du 22 juin 1941, le jour même de l’invasion de l’URSS par les troupes nazies, Ley prononce un discours devant un public très nombreux à Breslau. Il y déclare notamment:
«Le Juif est demeuré notre ennemi implacable et a mis le paquet pour que notre peuple disparaisse, afin d’assurer sa domination. C’est pourquoi nous devons nous battre jusqu’à ce qu’il soit anéanti, et nous l’anéantirons ! (Der Jude blieb unser unversöhnlicher Feind und setzte alles daran, daß unser Volk sich auflöse, damit er herrschen könne. Darum müssen wir kämpfen, bis er vernichtet ist, und wir werden ihn vernichten !)»22
Jean Méricourt, journaliste pour le Pilori, journal pro-nazi à l’antisémitisme débridé, multiplie dans ses nombreux articles les exigences à pratiquer les politiques les plus radicales contre les Juifs. Le 26 juin 1941, il écrit dans l’hebdomadaire:
«Ils ont tous poussé à leur guerre, ils sont responsables de notre défaite et de notre avilissement, ils doivent tous payer. […] Mort aux Juifs! Les Juifs ont commencé à payer, ils doivent payer encore dans leurs intérêts et dans leur vie. […] Il est répugnant pour un aryen d’exécuter un Juif, mais il faudra pourtant en arriver là, si cela est indispensable […]. Assez de faiblesse, de tergiversations, de compromis, d’exceptions de bons Juifs […]. Il n’y a qu’une race. C’est la race juive, et si cette race doit disparaître pour que la France vive, alors: Mort aux Juifs et à leurs protecteurs. Et vive la France»23.
Avec l’invasion de l’URSS le 22 juin 1941, les nazis passent à un autre stade: les assassinats de masse (par fusillades) dans les opérations mobiles de tuerie, menées à bien par les Einsatzgruppen et des bataillons de police. Au tout début, il s’agissait également de «susciter» des pogroms dans les populations locales. Le 29 juin 1941, Heydrich adresse des instructions aux chefs des Einsatzgruppen (Nebe, Ohlendorf, Rasch, Stahlecker). Il leur rappelle «les directives orales données à Berlin le 17 juin 1941» (par lui-même):
«[Il faut] provoquer sans laisser de traces des pogroms, […] les intensifier si nécessaire, […] les diriger dans la bonne voie»24.
Giovanni Malvezzi, entrepreneur de l’Instituto per la Ricostruzione Industriale, voyage dans toute l’Europe pour son entreprise, notamment en Pologne occupée, où il se déplace librement. Il devient dès la toute fin 1939 un courrier et un informateur de confiance pour le Vatican, qu’il informe régulièrement de ce qu’il constate lors de ses séjours en Pologne25. Le 7 juillet 1941 il signe une note transmise au Vatican suite à son passage dans plusieurs ghettos en Pologne. Il écrit à propos du ghetto de Varsovie où il a pu pénétrer:
«La situation est considérablement plus grave qu’à Łódź parce que la majeure partie de la nourriture introduite clandestinement dans le ghetto a été saisie par les autorités […] les secours aussi font défaut, par suite de l’utilisation des fonds qui se révèlent insuffisants après la liquidation des biens juifs confisqués. […] D’horribles scènes de souffrance humaine se multiplient dans le ghetto: nous parlons de plusieurs centaines de décès par jour causés par la faim et l’épuisement […] l’auteur, qui a pu pénétrer dans le ghetto, a compté [cinq] cadavres abandonnés sur le trottoir de la rue principale [Nalewki]; ils portaient nettement les stigmates de la mort par inanition, et ils restent à l’abandon toute la journée jusqu’au passage du fourgon mortuaire qui les ramasse. Selon les affiches placardées dans le ghetto, la fièvre pétéchiale [le typhus] et le scorbut se sont développés […] Quelque 450 000 personnes vivent dans le ghetto de Varsovie»26.Un fonctionnaire de la Secrétairerie d’État prépare un résumé d’une page le jour même de la réception de cette note (18 pages en tout) de Giovanni Malvezzi, dont toute mention des Juifs est supprimée, résumé vu par le Pape Pie XII. Alors que les mentions d’épidémies au sein de la population polonaise non juive suscitaient l’envoi de médicaments, rien de tel ne se produisit dans ce cas27.
Le 7 juillet 1941, un membre du 105e bataillon de la police de réserve, l’un de ces groupes qui participaient aux Opérations mobiles de tuerie à l’Est, écrit chez lui à Brême:
«Les Juifs sont du gibier… On peut donner aux Juifs un seul conseil d’ami: ne mettez plus d’enfants au monde. Ils n’ont plus aucun avenir»28.Le même policier écrit une lettre de teneur encore plus crue le 7 août suivant, que nous citons plus bas.
Le déclenchement de pogroms réussit partiellement, notamment à Kaunas. Le commandant du Groupe Armée Nord, le maréchal Wilhelm Ritter von Leeb, mentionne dans son journal, le 8 juillet 1941 ses doutes sur le fait que:
«De cette façon, la question juive ne pourra probablement pas être résolue. Le moyen le plus sûr serait la stérilisation de tous les hommes juifs»29.On constate ici que pour un dignitaire du régime nazi, en l’occurrence un des plus haut gradés au sein de la Wehrmacht, «résoudre» la question juive ne peut signifier que l’extinction du peuple juif, que ce soit par la stérilisation ou le meurtre…
La Biélorussie (ouest de la Pologne, au sud-ouest des pays baltes) est balayée par les troupes nazies dès les premiers jours de Barbarossa, accompagnées par l’Einsatzgruppe B. Sa capitale, Minsk, est occupée par les Allemands, après des bombardements massifs de terreur sur les habitations du centre-ville, le 28 juin 1941. Les massacres de l’Einsatzgruppe B en Biélorussie suivent des consignes explicites que rappelle Arthur Nebe dans son rapport (no 17) rédigé depuis Minsk, en date du 9 juillet 1941:
«Se fondant sur les instructions du RSHA, on a procédé aux liquidations de tous les fonctionnaires d’État et d’appareil du parti dans les villes de Biélorussie citées. Concernant les Juifs, ils ont été traités de la même façon conformément aux ordres»30.Les villes en questions sont citées dans le corps du rapport, disponible en traduction en anglais ici. On soulignera que les Juifs sont voués aux liquidations en tant que Juifs d’après les ordres mêmes transmis aux Einsatzgruppen sans qu’il soit nécessaire d’invoquer un autre motif.
L’Einsatzkommando 9 de l’Einsatzgruppe B fut chargé de l’assassinat des Juifs de Vilna (Vilnius) à partir de juillet 1941. Dans le rapport no 21 daté du 13 juillet 1941 de l’Einsatzgruppe B, on peut lire:
«A Vilna […], l’Ordnungspolizei, placée sous l’autorité de l’Einsatzkommando, […] a reçu pour instruction de prendre part aux actions de liquidation des Juifs. En conséquence, 150 Lituaniens participent à l’arrestation et à l’internement des Juifs en camp de concentration, où après un jour ils ont droit au “traitement spécial” (Sonderbehandlung). […] Environ 500 Juifs […] sont liquidés tous les jours»31.On peut constater ici que l’euphémisme «traitement spécial» désigne l’assassinat. Par ailleurs, dans le même rapport, le commandant de l’Einsatzgruppe B, Arthur Nebe, déplore:
«A Grodno et à Lida, seulement 96 Juifs ont été exécutés dans les premiers jours. J’ai donné l’ordre que cela soit considérablement intensifié (In Grodno und Lida sind zunächst in den ersten Tagen nur 96 Juden exekutiert worden. Ich habe Befehl gegeben, daß hier erheblich zu intensivieren sei)»32.
Les politiques de déplacements de populations tentées par les nazis jusqu’en 1941 se soldèrent toutes par des échecs cuisants, dont la conséquence fut toujours la même: dépouillement des populations juives de tout moyen de subsistance, expulsions et concentration dans des ghettos dans les conditions les plus précaires. À Posen (Poznan) un groupe d’officiers SS se réunit pour discuter du «problème juif» dans le Warthegau. L’officier de liaison de Eichmann à Posen, le juriste Sturmbannführer Rolf-Heinz Höppner écrit le 16 juillet 1941 à son «cher camarade Eichmann» et résume les conclusions de ces réunions. Après avoir examiné la possibilité de concentrer tous les Juifs du Warthegau dans un grand camp de travail, les officiers SS avaient envisagé deux autres propositions complémentaires:
«Il faudra considérer sérieusement si la solution la plus humaine n’est pas de liquider les Juifs qui sont inaptes au travail par une méthode rapide et efficace. Ce serait plus agréable que de les laisser mourir de faim.
Par ailleurs, on a fait la proposition de stériliser toutes les femmes juives de ce camp capables de procréer, de façon à ce que le problème juif soit en fait complètement résolu.»
Höppner demandait l’opinion de Eichmann et commentait:
«ces choses paraissent d’une certaine façon fantastiques mais, à mon avis, elles sont définitivement faisables»33.Les préoccupations et préconisations de Höppner étaient si largement partagées au plus haut niveau de la hiérarchie nazie, qu’elles donnèrent lieu à des négociations pour la mise en œuvre d’assassinats par gazage, comme l’illustre la lettre du Dr. Erhard Wetzel à Hinrich Lohse, citée plus bas. Surtout, ces propositions préfigurent, voire annoncent ce qui sera effectivement mis en œuvre par Arthur Greiser, le gouverneur du Warthegau, avec le centre d’extermination de Chelmno, dévolu à l’assassinat des Juifs «inaptes au travail» du Warthegau, à la fin de l’année 1941. Nous publions la reproduction du document original sur PHDN.
Le 18 juillet 1941, le Caporal-chef Georg. B (13e compagnie, 42e régiment, 46e division), écrit:
«Ici, la question juive a trouvé une autre solution que chez nous. Les Roumains rassemblent tous les Juifs et les fusillent sans se préoccuper de savoir si ce sont des hommes, des femmes ou des enfants»34.
Des instructions en date du 19 juillet 1941 émanant des services de la propagande de Joseph Goebbels, à l’intention des services de propagande de la Wehrmacht à l’Est, sont parfaitement claires sur les notions qui doivent être communiquées aux soldats concernant les Juifs:
«Les Juifs sont à éradiquer (Juden sind auszumerzen)»35.
Le 22 juillet 1941, le commandant de marine (Kriegsmarine) affecté à Libau (Liepāja), la deuxième ville de Lettonie, le Fregattenkapitän Dr. Hans Kawelmacher, sollicite par un télégramme son commandement basé à Kiel «pour un règlement rapide du problème juif environ 100 SS et 50 Schupo qui exécutent en même temps des tâches de maintien de l’ordre. Près de 8000 Juifs ici. Vu le nombre de SS actuellement disponibles ici, le règlement du problème juif prendrait près d’un an, ce qui serait inadmissible eu égard à la pacification de Libau»36. Il est entendu et on lui dépèche de Riga le tristement célèbre commando d’auxiliaires SS lettons sous le commandement de Viktors Arājs. Celui-ci exécute, les 24 et 25 juillet, sous la supervision des Allemands, des centaines d’hommes juifs. Le 27 juillet 1941, Kawelmacher pouvait transmettre à sa hiérarchie un rapport satisfait:
«Problème juif à Libau en majeure partie réglé par exécution de près de 1100 hommes juifs par commando SS de Riga 24 et 25.7. Commando SS reparti. Pour règlement tâche restante le maintien sur place du commando SS de Libau est indispensable»37.D’autres exécutions suivront, parfois de moindre intensité, mais durant toute l’année. L’une de ces exécutions a été filmée, fin juillet début août 1941, par un sous-officier de la Kriegsmarine, Reinhard Wiener38. Une autre exécution massive, sur trois jours du 15 au 17 décembre 1941, principalement de vieillards, de femmes et d’enfants, a été photographiée par les Allemands (voir plus bas).
Le 28 juillet 1941, un officier de la 221e Division de Sécurité écrivait que la clé d’une «pacification politique et économique totale» était:
«Une habile utilisation des rivalités interethniques simultanément à une éradication de la Juiverie»39.
Le 1er août 1941, la Brigade de Cavalerie SS fait passer à ses unités l’information suivante:
«Ordre express du Reichsführer-SS [Himmler]. Tous les Juifs doivent être abattus. Pousser les femmes juives dans les marais (Ausdrücklicher Befehl des rf-ss. Sämtliche Juden müssen erschossen werden. Judenweiber in die Sümpfe treiben)»40.Cet ordre fut généralement interprété comme un appel à l’assassinat des femmes et enfants juifs (en plus des hommes), ce qu’il était de toute évidence comme le confirme dans un rapport daté du 12 août 1941, Franz Magill, commandant du 2e Régiment de Cavalerie SS qui remarque:
«Pousser les femmes et les enfants dans les marais n’a pas eu le succès escompté dans la mesure où les marais n’étaient pas assez profonds pour qu’on y coule. La plupart du temps, après une profondeur d’un mètre, une personne touche la terre ferme, de telle sorte que la noyade est impossible»41.L’ordre d’Himmler trouve encore un écho lugubre dans les propres paroles d’Hitler le 25 octobre 1941, lorsqu’au cours d’une rencontre avec Heydrich et Himmler, de retour de Moghilev, il déclare, après avoir rappelé sa «prophétie» de 1939 et accusé les Juifs des vies perdues pendant la guerre:
«Que personne ne vienne me dire: on ne peut pas les pousser dans les marais. Qui se soucie alors de notre propre peuple ? Il est bon que la terreur nous précède du fait que nous exterminons les Juifs […] Nous écrivons de nouveau l’histoire, d’un point de vue racial»42.
De par les conditions barbares que les nazis faisaient régner dans le ghetto de Varsovie, les épidémies étaient courantes. Apprenant que le typhus sévissait à Varsovie début août 1941, Goebbels note dans son journal, le 7 août:
«Les Juifs ont toujours été porteurs de maladies infectieuses. Il faudrait les entasser dans un ghetto et les y abandonner, ou les liquider»43.On aura remarqué évidemment, que ce sont les conditions même qu’imposaient les nazis aux Juifs qui entraînaient les épidémies que les préjugés antisémites nazis associaient a priori aux Juifs. Ainsi, le préjugé antisémite entraîne-t-il, par les actions de persécution qu’il génère, sa propre «vérification».
Le 7 août 1941, un ancien vendeur de Brême qui faisait partie du 105e bataillon de la police de réserve affecté aux pays baltes, écrit à sa femme:
«Ici, tous les Juifs sont abattus. Partout de telles actions ont lieu. Hier, dans la nuit, 150 Juifs d’ici ont été exécutés, hommes, femmes, enfants, tous tués. Les Juifs sont en train d’être totalement exterminés. (Hier werden sämtliche Juden erschossen. überall sind solche Aktionen in Gange, Gestern nacht sind aus diesem Ort 150 Juden erschossen, Männer, Frauen und Kinder, alles ungelegt. Die Juden werden gänzlich ausgerottet)»44.C’est le même policier dont nous citons plus haut une lettre du 7 juillet.
Le 11 août 1941, le Major Hans von Payr, un officiel du Wirtschaftsrüstungsamt en visite dans les pays baltes, rédige un rapport sur sa visite. Il rapporte les propos qui lui ont été tenus le 8 août précédent sur le sort des Juifs de Libau (Liepaja), en Lettonie. Voici ce que dit son rapport:
«à Libau, plusieurs milliers de Juifs ont été “liquidés”. […] Les femmes n’ont pas encore été abattues. Il a été question qu’elles soient éliminées plus tard par gazage (Man sprach davon, daß sie später durch Vergasung beseitigt werden sollen)»45.
Le 25 juillet 1941, l’Einsatzkommando 9 de l’Einsatzgruppe B pénètre à Vileyka en Biélorussie. L’Einsatzkommando 7a y avait déjà assassiné entre 150 et 160 hommes juifs le 12 juillet, mais le 29 juillet, le commandant de l’EK9, Albert Filbert, docteur en droit entré au parti nazi en 1932 et dans la SS en 1934, annonce à ses officiers qu’il faut tuer aussi les femmes et les enfants. Les derniers Juifs de Vileyka en majorité des femmes et des enfants sont assassinés en deux fois, à partir du 30 juillet, faisant environ de 500 nouvelles victimes46. Le 14 août, l’Einsatzgruppe B peut écrire laconiquement dans un rapport:
«À Vileyka, les Juifs devaient tous être liquidés (In Wilejka musste die gesamte Judenschaft liquidiert werden)»47.Le rapport ne s’étend pas sur les raisons de cette nécessité, mais prend ainsi sèchement acte de sa réalisation.
Le 30 janvier 1939, Hitler avait annoncé l’anéantissement des Juifs d’Europe en cas de guerre mondiale. Lui-même et ses sbires devaient revenir à maintes reprises sur cette «prophétie» pour la confirmer. Ayant rencontré Hitler la veille, Goebbels écrit dans son journal, le 19 août 1941:
«Le Führer est convaincu que sa prophétie du Reichstag est en train de s’accomplir; que les Juifs parvenant une fois de plus à provoquer une guerre mondiale, cela se terminerait par leur annihilation. Elle s’accomplit ces semaines et ces mois avec une inéluctabilité qui parait presque sinistre. À l’est, les Juifs sont en train de payer le prix; en Allemagne, il ont déjà en partie payé et ils devront payer encore plus dans le futur»48.
Dans un rapport émanant d’un Einsatzkommando associé à l’Einsatzgruppe C du 20 août 1941, on peut lire:
«Non loin de Pinsk, un membre de la milice a été abattu dans une embuscade. En conséquence, 4 500 Juifs ont été liquidés»49.Le caractère proprement hallucinant de la disproportion des «réprésailles» démontre parfaitement qu’il s’agit uniquement d’un prétexte camouflant à peine une politique de meurtres de masse.
rapport de Groscurth du 21/08/1941
Une affaire à la fois atroce et ordinaire (elle n’a de particulier que d’être très bien documentée), s’est déroulée en août 1941 à Bjelaja Zerkow (Bila Tserkva), en Ukraine, à 70 km au sud de Kiev. Elle nous est connue par les nombreux rapports qui furent rédigés alors et qui nous sont parvenus. Les informations qui suivent en proviennent50. Après l’entrée de l’armée dans la ville, les Juifs furent assassinés, par centaines, par balle entre le 8 et le 19 août. Quatre-vingt dix enfants, des nourrissons, des bébés, pour la plupart des petits de moins de cinq ans furent laissés en vie pour une raison qui ne nous est pas connue. En vie, mais rassemblés et abandonnés sans eau ni nourriture dans un baraquement à la sortie de la ville. Leur cris attirèrent un officier-aumonier de l’armée qui fit le constat de leur état dans un rapport du 20 août: les enfants couverts de mouches, gisant dans leurs excréments étaient à moitié nus, ceux qui le pouvaient arrachaient l’enduit des murs pour s’en nourrir, nombreux étaient inconscients51. Dans un rapport en date du 21 août, le lieutenant-colonel de la 295e division d’infanterie de la Wehrmacht Helmut Groscurth s’étend sur les péripéties qui suivirent cette «découverte» et notamment sur une réunion à laquelle il participa avec le commandant en chef de la place, le colonel Riedl, et le Standartenführer SS Paul Blobel. Il y rapporte les propos du colonel Riedl:
«Il a déclaré qu’il considérait l’extermination des femmes et des enfants juifs (die Ausrottung der jüdischen Frauen und Kinder) comme urgente et nécessaire et que peu importait les moyens employés.»Groscurth rapporte également que Blobel s’est fait le porte parole du maréchal von Reichenau, commandant de la 6e armée, informé de l’affaire:
«le commandant suprême [von Reichenau] reconnaissait la nécessité d’éliminer les enfants et voulait qu’on lui fasse savoir dès que ces mesures auraient été appliquées.»Groscurth terminait son rapport en insistant sur le fait que:
«le commandant en chef [Riedl] a déclaré à plusieurs reprises que cette racaille devait être exterminée»52.Groscurth ajouta un commentaire comme quoi les assassinats de femmes et d’enfants ne se distinguaient pas des atrocités commises par l’adversaire. Von Reichenau le réprimanda pour ce commentaire53. Les enfants furent assassinés le 22 août. Un écho assez précis de cette affaire se trouve dans le journal que tenait Ulrich von Hassell (voir plus bas).
Le romancier et dramaturge roumain Mihail Sebastian tenait un journal qui nous est parvenu. Le 21 août 1941 il note:
«Déjeuner chez Alice, avec Vicky Hillard, lieutenant de cavalerie [roumain], rentré hier du front d’Ukraine. Beaucoup [de détails] concernaient les massacres de Juifs sur les deux rives du Dniestr. Des dizaines, des centaines, des milliers de Juifs passés par les armes. Lui, un simple lieutenant aurait pu en tuer ou donner l’ordre d’en tuer n’importe quel nombre. Le chauffeur qui l’a ramené à Iasi en a abattu quatre»54.
Le 3 septembre 1941 un document rédigé par le Gebietskommissar de Siauliai (Schaulen), Hans Gewecke, fait état des instructions données à la Police de Sécurité en Lituanie:
«Liquider tous les Juifs (sämtliche Juden zu liquidieren)»55.
Le 10 septembre 1941, Paul Blobel, le chef du Sonderkommando 4a de l’Einsatzgruppe C tient une conférence avec le commandement militaire local de Zhitomir, afin de décider ce qu’il convient de faire des Juifs de la ville. Le rapport de l’Einsatzgruppe C du 7 octobre 1941 mentionne le résultat de cette réunion:
«La décision résultante fut la liquidation finale et radicale des Juifs de Zhitomir […] Le 19 septembre 1941, à partir de 4 heures du matin, le quartier juif fut vidé […] Après avoir effectué le transport et les préparations nécessaires […] 3 145 Juifs furent enregistrés et abattus»56.
En septembre 1941, Rademacher, responsable du bureau D III (question juive et mouvements nationaux) de l’Abteilung Deutchland du ministère des affaires étrangères, téléphone à Eichmann à propos des Juifs de Serbie. Dans sa déposition d’après-guerre Rademacher se rappelle avoir noté qu’Eichmann avait insisté pour qu’on exécute les Juifs. Et en effet, on a retrouvé les annotations du 13 septembre 1941 de Rademacher sur cette conversation. Il y écrit:
«Selon les informations du Sturmbannführer Eichmann RSHA IV D VI [sic], séjour en Russie ou dans le Gouvernement Général impossible. Même les Juifs d’Allemagne ne peuvent y être logés. Eichmann propose de les fusiller»57.Martin Luther, sous-sécrétaire du Ministère des Affaires Etrangères, irait dans le même sens le 2 octobre suivant. Ces préconisations allaient être écoutés…
Le soldat de la 6e armée, Fritz K., est né en 1906. Il est marié et père de famille. Le 17 septembre 1941 il écrit d’Ukraine à sa famille:
«On a désormais formé une police ukrainienne. Elle s’occupe de nettoyer la région des Juifs et des commissaires de telle sorte que bientôt il n’existera plus aucune de ces bestioles – j’ai constaté en peu de temps qu’il n’y avait pas d’autres termes pour les qualifier»58.On relèvera que le discours nazi est bien présent chez ce soldat et que les Allemands ont formé des milices de collaborateurs locaux pour mener à bien les massacres.
Le commandant de la Brigade de Cavalerie SS, le SS-Gruppenführer Hermann Fegelein, émet l’ordre suivant le 28 septembre 1941:
«Au cas où une unité resterait plus longtemps dans une localité, un quartier juif ou, plus précisément un ghetto, doit être établi, au cas où ils ne pourraient pas être exterminés immédiatement»59.
La question des Juifs de Serbie évoquée entre Rademacher et Eichmann le 13 septembre 1941 est soulevée via d’autres canaux. Réagissant à une demande de déportation des Juifs de Serbie, Martin Luther, sous-sécrétaire du Ministère des Affaires Etrangères, écrivait à son supérieur, Ribbentrop, le 2 octobre 1941:
«Je pense, quant à moi, que l’élimination de ces 8 000 Juifs incombe au commandement militaire. Dans d’autres territoires [l’Union soviétique], d’autres commandements militaires se sont chargés de quantités bien plus considérable de Juifs sans même le mentionner»60.
L’ancien ambassadeur d’Allemagne en Italie, Ulrich von Hassell, qui participerait à l’attentat de juillet 1944 contre Hitler et serait exécuté, tenait un journal qui nous est parvenu. Il était en contact avec les plus hauts gradés en place à l’Est, notamment avec le général Thomas, chef de la division économie et armements de la Wehrmacht. Hassell consigna le 4 octobre 1941 un entretien qu’il eût avec celui-ci:
«Un rapport du général Thomas [confirme] que les cruautés les plus rebutantes continuent, surtout contre les Juifs, qui sont massacrés en masse […] Un premier médecin-major de la SS, le docteur Panig ou quelque chose dans ce goût là, […] a rapporté qu’il avait essayé de la munition russe “dum-dum” pour les exécutions des Juifs et qu’il avait obtenu tel et tel résultat, qu’il était prêt à poursuivre ses expériences […]»61.L’épisode rapporté par Thomas à Hassell est bien connu. En août 1941, le médecin chef de la 6e Armée, l’Oberstabsarzt Gerhard Panning avait obtenu du SS-Standartenführer Paul Blobel, commandant du Sonderkommando 4a, des Juifs afin d’effectuer des expérimentations d’assassinat par balles dum-dum. Si elles ne furent pas concluantes, Panning les mentionna dans une publication «scientifique» début 194262. Les «expériences» du Dr. Panning furent rapidement rapportées à Berlin, comme on le voit ici. Dès le 12 septembre, Helmut James von Moltke les mentionnait dans une lettre à son épouse, les décrivant comme «un sommet de bestialité et de dépravation»63. On peut remarquer ici à quel point les informations rapportées par Hassell dans son journal sont fiables.
Début octobre 1941 eurent lieu des exécutions de masse de Juifs à Moghilev. Le secrétaire de police Walter Mattner, originaire de Vienne, y participa et le 5 octobre 1941, dans une lettre à sa femme, il écrit:
«J’ai donc participé à la grande mort en masse d’avant-hier. Pour les premiers véhicules [apportant les victimes], mes mains ont un peu tremblé quand j’ai tiré, mais on s’habitue à ça. à la dixième voiture, je visai calmement et je tirai de façon sûre sur les femmes, les enfants et les nourrissons nombreux. En pensant que j’avais aussi deux nourrissons à la maison, avec lesquels ces hordes feraient la même chose, sinon dix fois pire. La mort que nous leur avons donnée était belle et courte comparée [aux] souffrance infernales des milliers et des milliers [de personnes] dans les geôles de la GPU. Les nourrissons volaient en grands arcs de cercles et nous les faisons déjà éclater en vol avant qu’ils ne tombent dans la fosse et l’eau. En finir seulement avec ces brutes, qui ont jeté toute l’Europe dans la guerre et qui, aujourd’hui encore attisent en Amérique […]. Le mot d’Hitler est en train de devenir vrai, celui qu’il a dit une fois avant le début de la guerre: si la juiverie croit pouvoir ourdir une nouvelle fois une guerre, alors la juiverie ne gagnera pas, mais ce sera au contraire la fin de la juiverie en Europe. […] Ouah ! Diable ! Je n’avais encore jamais vu autant de sang, d’ordure, de corne et de chair. je peux maintenant comprendre l’expression “ivresse de sang”. M[oghilev] est maintenant moins peuplée d’un nombre de trois zéros. Je me réjouis vraiment déjà, et beaucoup disent ici, que quand nous rentrerons chez nous, ce sera le tour de nos juifs à nous. Mais bon, je ne dois pas t’en dire plus. C’est assez jusqu’à ce que je rentre à la maison»64.
Pages 1 et 2 des directives de Reichenau du 10/10/1941
A l’automne 1941, alors que les assassinats de masse par fusillades battaient leur plein à l’arrière du front russe, avec la pleine participation de la Wehrmacht, plusieurs généraux allemands firent des déclarations montrant qu’ils avaient parfaitement intégré l’antisémitisme radical du régime nazi jusque dans ses conséquences les plus extrêmes. Le commandant de la 6e armée, le maréchal Walter von Reichenau fit circuler auprès des chefs de son armée l’ordre suivant, daté du 10 octobre 1941:
«Le soldat doit avoir une parfaite compréhension de la nécessité d’infliger un châtiment sévère mais juste aux sous-hommes juifs. Ce châtiment a aussi pour but d’étouffer dans l’œuf les rébellions à l’arrière de la Wehrmacht qui sont toujours préparées par les Juifs, comme le prouve l’expérience»65.Compte tenu de la politique d’assassinat systématique mise en œuvre contre les Juifs via les Opérations mobiles de tueries depuis le début de l’invasion de l’URSS, la nature du châtiment est claire: la mort. Mais l’auteur lui-même de cet ordre s’était montré explicite lorsqu’en août 1941 il parlait de la «nécessité d’éliminer les enfants» (voir l’affaire des enfants juifs de Bjelaja Zerkow (Bila Tserkva), plus haut). Par ailleurs Himmler, dans un message du 12 décembre 1941 explicite lui aussi, si besoin était, la nature du «châtiment» en question, puisqu’il écrit, reprenant les termes et la phraséologie de Reichenau (les ennemis du peuple allemand sont à l’origine des «rebellions» et méritent un «châtiment»): «La tâche qui nous a été assignée […] exige que nous éliminions sans pitié tout foyer de rébellion et appliquions avec la plus grande sévérité aux ennemis du peuple allemand le châtiment mérité, la peine de mort»66. Le caractère génocidaire du châtiment ne fait aucun doute à l’aune des réfléxions d’un collègue de Reichenau, le maréchal Wilhelm Ritter von Leeb, commandant des l’armée nord, qui le 8 juillet 1941, déclarait que pour «résoudre la question juive», il fallait stériliser les Juifs (voir plus haut).
Pages 1 et 21 du rapport Stahlecker du 15/10/1941
En octobre 1941, Walter Stahlecker, chef de l’Einsatzgruppe A en URSS, rédige un rapport d’ensemble sur l’activité de son groupe jusqu’au 15 octobre 1941, à diffusion très confidentielle. Dans ce rapport, Stahlecker reprend les termes du télégramme de Heydrich cité plus haut et précise la mission des Einsatzgruppen:
«La tâche de la Police de sécurité consistait à mettre en train les pogroms et à les diriger dans la bonne voie, afin d’atteindre aussi tôt que possible le but fixé de l’épuration. […] d’autre part le travail d’épuration de la Police de sécurité avait pour but, conformément aux ordres fondamentaux, l’élimination la plus large possible des Juifs… (Aufgabe der Sicherheitspolizei musste es sein, die Selbstreinigungsbestrebungen in Gang zu setzen und in die richtigen Bahnen zu lenken, um das gesteckte Säuberungsziel so schnell wie möglich zu erreichen […] Andererseits hatte die sicherheitspolizeiliche Säuberungsarbeit gemäss den grundsätzlichen Befehlen eine möglichst umfassende Beseitigung der Juden zum Ziel)»67.
Du 13 au 16 octobre 1941 se tint une conférence réunissant une centaine de médecins SS, de la Wehrmacht et de l’administration civile du Gouvernement général, à Bad Krynica. Le thème de la conférence: les épidémies. Constatant les conditions dans lesquelles vivaient les Juifs dans les ghettos (conditions évidemment provoquées par les politiques de dépouillement, spoliations, concentration et famine, pratiquées par les nazis contre les Juifs), le Dr. Jost Walbaum, chef du Département de la Santé du Gouvernement (au sein du Gouvernement général — la partie occidendale de la Pologne occupée) de Hans Frank, s’exprime:
«Naturellement il serait préférable et plus facile de donner aux gens suffisamment de nourriture, mais cela n’est pas possible. […] Aussi tout Juif rencontré en dehors du ghetto doit-il être abattu. Nous devons, je peux le dire très franchement devant ce cercle, être clair à ce sujet. Il y a seulement deux méthodes. Nous condamnons les Juifs dans le ghetto à mourir de faim ou nous les exécutons. Même si le résultat final est le même, la seconde méthode est plus intimidante. Nous ne pouvons faire autrement, même si nous le voulions. Nous avons une responsabilité et une seule: que le peuple allemand ne soit ni infecté ni mis en danger par ces parasites. à cette fin, n’importe quel moyen doit être valable»68.Le compte rendu de la réunion stipule que cette déclaration fut accueillie par des applaudissements.
Les conseils d’Eichmann («fusiller les Juifs» de Serbie) cités plus haut allaient être écoutés. Le Staatrat et SS-Gruppenführer Harald Turner, chef de l’administration militaire en Serbie, sous les ordres du général Böhme, organisa l’assassinat systématique des Juifs sous prétexte de représailles. Il écrit le 17 octobre 1941:
«et entre-temps, j’ai fait fusiller 2 000 Juifs et Tziganes au cours des huit derniers jours, conformément au quota de 1% pour l’assassinat sauvage de soldats allemands, et 2 200 autres, là encore presque exclusivement des Juifs, seront abattus dans les huit prochains jours. C’est un travail qui manque de charme. En tout cas il est nécessaire, ne serait-ce que pour faire comprendre à ces gens-là ce que signifie le fait de toucher même un seul soldat allemand, et puis la question juive se résoud d’elle-même ainsi. En réalité, c’est une erreur si l’on tient vraiment à préciser ce point, que pour un Allemand assassiné — dont la proportion de 1% devrait en fait être supportée par les Serbes — 100 Juifs soient abattus à la place ; mais nous avions les Juifs dans les camps — après tout ce sont aussi des ressortissants serbes, et en outre ils doivent disparaître»69.Il faut préciser que si les Juifs étaient «disponibles» pour ces exécutions c’est que Böhme, le 10 octobre 1941 avait signé un ordre stipulant notamment d’arrêter «tous les Juifs» comme otages, à fusiller selon un quota de 100 pour 1 Allemand tué70. Parmi les premières victimes de ces exécutions de masse perpétrées par la Wehrmacht se trouvaient des Juifs du «transport de Kladovo», plus d’un millier de Juifs pour la plupart autrichiens, qui, en fuite vers la Palestine, étaient restés bloqués en Yougoslavie depuis la fin de 1939 et n’avaient strictement rien à voir ni avec la Serbie, ni avec les partisans, pas plus d’ailleurs que les Juifs de Serbie: ici toutefois le caractère spécieux de l’argument des «réprésailles» ne peut camoufler «la logique de l’extermination raciste»71, laquelle est évidemment explicitée par l’expression brutale de la «nécessité» de la «disparition» des Juifs exprimée ici par le général Böhme. La progression et l’achèvement de l’extermination des Juifs de Serbie se donne ensuite à voir dans plusieurs documents s’étalant de novembre 1941 au printemps et à l’été 1942.
Alliée de l’Allemagne nazie, la Roumanie du maréchal Antonescu était animée d’un antisémitisme non moins virulent. Dès l’invasion de l’URSS, elle se livra également à des massacres de Juifs. Le 17 octobre 1941, le Hauptsturmführer Gustav Richter, délégué auprès de Antonescu par Himmler pour les «afffaires juives», écrivait la note suivante:
«Selon les informations reçues aujourd’hui du Generaldirektor Lecca, 110 000 Juifs sont actuellement évacués de Bucovine et de Bessarabie, en direction de deux forêts situées dans la région du Boug. D’après les indications qu’il a pu recueillir, cette Aktion a été lancée à la suite d’une directive émise par le maréchal Antonescu. Le but de l’action est la liquidation de ces Juifs (Sinn der Aktion sei die Liquidierung dieser Juden)»72.
Le 20 octobre 1941 se tient une autre réunion du Gouvernement de Hans Frank, à Cracovie. Le gouverneur Otto Wächter y déclare:
«Une solution ultimement radicale de la question juive est inévitable (eine letztlich radikale Lösung der Judenfrage [ist] unvermeidlich)»73.
Le 23 octobre 1941, Paul Wurm, correspondant à l’étranger du journal nazi Der Stürmer écrit à son «cher camarade de parti», Franz Rademacher, le spécialiste de la question juive au ministère des affaires étrangères:
«Lors de mon retour à Berlin j’ai rencontré un camarade de parti qui travaille à l’Est à la solution de la question juive. Dans un futur proche, une grande partie de la vermine juive sera exterminée par des mesures spéciales. (Auf meine Rückreise aus Berlin traf ich einen alten Parteigenossen, der im Osten an der Regelung der Judenfrage arbeitet. In nächster Zeit wird von dem jüdischen Ungeziefer durch besondere Maßnahmen manches vernichtet werden)»74.
Paul Wurm était semble-t-il bien informé. Des négociations internes étaient en train d’être menées, notamment avec la chancellerie du Führer, directement responsable de l’assassinat des handicapés, l’opération T4 dite «d’Euthanasie», assassinats en partie réalisés par gazages, afin de mettre son «savoir faire» en œuvre pour «la solution du problème juif». L’une des principales illustrations de ces négociatons est la lettre que le Dr. Erhard Wetzel, directeur de la Section raciale du ministère pour les territoires occupés de l’Est, écrit au Reichskommissar Hinrich Lohse, le chef des territoires de l’Ostland (Etats baltes et Russie), à propos de «la solution de la question juive» le 25 octobre 1941. Dans cette lettre marquée «secret !» On lit:
«L’Oberdienstleiter Brack de la chancellerie du Führer, est disposé à prêter son assistance à la construction du local et des équipements de gazage nécessaires. […] Je me permets d’ajouter que le Sturmbannführer Eichmann, le responsable des questions juives à l’Office Central de Sécurité du Reich, est absolument d’accord avec cette procédure. […] Les choses étant ce qu’elles sont, il ne saurait y avoir de scrupules concernant le fait que les Juifs qui sont inaptes au travail doivent être supprimés [beseitigt] en utilisant la méthode de Brack. De cette façon, des incidents tels qu’ils se sont produits lors des fusillades de Juifs à Vilna d’après un rapport que j’ai sous les yeux, rapport selon lequel ces fusillades eurent lieu en public, de tels incidents, qui peuvent difficilement être tolérés, ne seront plus possibles»75.Viktor Brack était chef du bureau II de la chancellerie du Führer, responsable du programme T4 d’assassinat des handicapés, notamment par gazage. La lettre expose clairement qu’on a le projet, avec l’accord enthousiaste de Eichmann, de substituer aux éxécutions par balles, «la méthode de Brack», clairement le gazage, pour l’assassinat des Juifs, à tout le moins des «Juifs qui sont inaptes au travail [qui] doivent être supprimés»… Les «mesures spéciales» par lesquelles Paul Wurm annonçaient qu’«une grande partie de la vermine juive [serait] exterminée» c’est le gazage. Cela aboutira d’une part à l’élaboration des camions à gaz, et d’autre part aux centres d’extermination de l’Opération Reinhard. Par ailleurs, les négociations et les conclusions illustrées par cette lettre font écho aux préoccupations exprimées dès le 16 juillet 1941 dans le courrier du Sturmbannführer Rolf-Heinz Höppner à Eichmann cité plus haut (nécessité de trouver une méthode afin de «liquider» les «inaptes au travail», stérilisation des Juifs — utilisés comme esclaves — capables de faire des enfants). Nous proposons la lettre de Wetzel dans son intégralité sur ce site. Lire la lettre…
Début de la note de Friedrich Kellner du 28/10/1941
August Friedrich Kellner est un vétéran de la Première Guerre mondiale. Fonctionnaire de l'administration judiciaire sous le régime nazi, mais opposé au régime, Kellner, constatant son impuissance, décide, en septembre 1938, d’écrire un journal où il consigne de façon détaillée ses observations sur la société nazie et la guerre. Il découpe de nombreux articles de journaux qu’il colle dans ses cahiers de notes. Ces plus de huit cent pages réparties en dix cahiers constituent un monument d’observations ininterrompues jusque fin mai 1945. Le 28 octobre 1941, Friedrich Kellner note:
«Un soldat en permission a été témoin de terribles atrocités dans la zone occupée de Pologne. Il a vu des Juifs et des Juives nus, alignés devant une tranchée longue et profonde, être abattus par derrière d’une balle dans la tête par des Ukrainiens sur ordre des SS, puis tomber dans la tranchée. La tranchée était ensuite comblée à la pelle. Des cris continuaient souvent de s’en échapper!»76.
L’historien de l’art Udo von Alvensleben, vétéran de la Première Guerre mondiale, est de nouveau soldat durant la Seconde. Il tient un journal. Le 1er novembre 1941, il note:
«J'entends pour la première fois l’horreur de ce qui arrive aux Juifs derrière notre dos dans le territoire que nous avons conquis. Ici, à Marioupol uniquement, 12 000 à 15 000 Juifs ont été tués. On se fige. À partir de ce moment, toute joie, tout véritable espoir est détruit. Le crime est sur nos talons»77.
Le 2 novembre 1941, Goebbels notait dans son journal:
«Les Juifs sont les poux de l’humanité civilisée. Il faut les exterminer d’une manière ou d’une autre (Die Juden sind die Läuse der zivilisierten Menschheit. Man muß sie irgendwie ausrotten), sans quoi ils ne cesseraient jamais de jouer leur rôle pesant et martyrisant. La seule manière de s’en occuper est de les traiter avec la brutalité nécessaire. Si vous les épargnez, vous serez plus tard leur victime»78.
Le 6 novembre 1941, le soldat Konrad Jarausch écrit à Magdalene von Tiling:
«Le Bolchevique est impitoyablement exterminé où que nous le trouvions. Il en est de même de l’élément juif»79.
Le 7 novembre, Franz Rademacher, responsable de la «Solution du problème juif» au Ministère des Affaires étrangères rapporte, à propos des Juifs de Serbie (sur ce même sujet, voir plus haut):
«Les mâles juifs auront tous été exécutés à la fin de la semaine, résolvant ainsi le problème dont il était question dans le rapport de mission»80.page 1 du message de Harald Turner à Karl Wolff
Il nous faut mentionner le bilan de deux mois de présence du Général Böhme en Serbie: 168 membres de la Wehrmacht tués et 278 blessés, 3 562 partisans tués dans des combats, entre 20 000 et 30 000 civils exécutés, dont tous les Juifs et Tziganes de sexe masculin81. Plusieurs milliers de Juifs encore vivants en Serbie (dans leur écrasante majorité des femmes, des enfants et vieillards) à la fin 1941 seraient tous assassinés, principalement dans des camions à gaz dans la première moitié de 1942, au camp de Semlin. Harald Turner l’annonçait lui même à l’adjudant d’Himmler, Karl Wolff, dans un message du 11 avril 1942:
«Il y a déjà quelques mois, j’ai fait fusiller tous les Juifs, concentré les femmes et enfants juifs dans un camp et dans le même temps, avec l’aide du SD, je me suis procuré un “camion d’épouillage” qui permettra finalement de nettoyer le camp en 14 jours à 4 semaines»82.L’expression «camion d’épouillage» (Entlausungswagen) désigne bien en l’occurrence le camion à gaz qui sera utilisé pour la mise à mort des femmes et des enfants. Harald Turner pourrait écrire dans un rapport du 29 août 1942:
«Question juive, comme question tzigane, complètement liquidée: la Serbie, seul pays où la question juive et la question tzigane soient résolues»83.
Das Reich 16/11/1941, p. 1, Die Juden sind schuld!
Le 16 novembre 1941, Goebbels écrit dans le journal Das Reich, en première page dans un article intitulé «Les Juifs sont coupables!» (Die Juden sind schuld!, article repris dans un recueil publié par Goebbels en 1943), à propos de la «prophétie» d’extermination des Juifs d’Europe faite par Hitler le 30 janvier 1939:
«Nous sommes en ce moment précis les témoins de l’accomplissement de cette prophétie. […] [La juiverie] est en train de subir l’annihilation graduelle qu’elle nous destinait»84.Il faisait évidemment allusion aux massacres de Juifs dans les Opérations mobiles de tueries, en URSS.
Le 15 novembre 1941, Rosenberg s’entretient avec Himmler pendant 4 heures. Il semble qu’à cette occasion, il soit mis au courant de la politique d’extermination des Juifs. Le 18 novembre 1941 il s’adresse de façon confidentielle à la presse allemande afin de leur donner des directives sur la façon de traiter les événements de l’Est. Les notes préparatoires du discours de Rosenberg ont été retrouvées. Entre autres sujets, les Juifs:
«Dans le même temps, ces territoires de l’est sont amenés à résoudre la question qui se pose aux peuples d’Europe; c’est-à-dire la question juive. à l’est, environ six millions de Juifs vivent encore, et cette question ne peut être résolue que par l’éradication biologique complète de la Juiverie en Europe. La question juive ne sera résolue en Allemagne que lorsque le dernier Juif aura quitté le territoire allemand, et en Europe que lorsque plus un seul Juif ne vivra sur le continent européen jusqu’à l’Oural. C’est la tâche que le destin nous impose… Il est nécessaire de les expulser au delà de l’Oural ou de les éradiquer par un autre moyen»85.L’expression employée par Rosenberg, biologische Ausmerzung ne laisse planer aucune ambiguité sur le projet meutrier qu’il est en train de décrire. Rosenberg donne ensuite pour instructions aux journalistes de ne pas être explicite sur ce qu’il vient de décrire mais de ne procéder que par allusions. Le discours que tînt en réalité Rosenberg se démarque légèrement des notes préparatoires citées ci-dessus. L’officier de liaison entre le Ministère des Affaires étrangères de Ribbentrop et les bureaux de Rosenberg, Georg Wilhelm Großkopf, était présent et a pris des notes qui démontrent que l’alternative que semble présenter Rosenberg (expulsion au delà de l’Oural ou extermination) dans ses notes préparatoires est purement rhétorique, seule l’extermination est envisagée. Großkopf écrit:
«Pour ce qui est de la question juive, a remarqué le Ministre du Reich Rosenberg, la campagne à l’Est permettra de résoudre cette question. La Juiverie, même si elle se compte encore en millions de têtes en Europe, sera complètement exterminée de ce coté ci de l’Oural»86.Les choses sont claires: le sort réservé aux Juifs sera accompli «de ce coté ci de l’Oural» et il s’agit, si on ramasse les termes employés par Rosenberg et Großkopf, de leur «éradication biologique complète»…
Le 1er décembre 1941, le SS-Standartenführer Karl Jäger, commandant de l’Einsatzkommando 3 de l’Einsatzgruppe A, rédige un long rapport intitulé «Bilan des exécutions effectuées par les commandos spéciaux EK3 jusqu’au 1er décembre 1941». Ce rapport fournit une comptabilité sanglante et détaillée des sorties meurtrières de ces «unités spéciales» dans l’URSS occupée par les nazis. La plupart du temps, les chiffres des Juifs assassinés sont divisés en trois catégories, «les hommes juifs», «les femmes juives», et «les enfants juifs». Pendant les cinq mois couverts par ce rapport, l’E.K.3 a assassiné 137 346 personnes, presque toutes juives, dont un tiers d’enfants, et un tiers de femmes. Le rapport est accompagné quelques constats et réflexions, dont voici un extrait:
«Le commando EK3 est entré en action le 2 juillet 1941 […] Aujourd’hui, il m’est possible d’affirmer que le EK3 a atteint l’objectif fixé, il a résolu le problème juif en Lituanie. Il n’y a plus de Juifs dans le secteur, excepté les travailleurs juifs affectés à des tâches spéciales […] Notre but [était de] débarrasser la Lituanie de ses Juifs […] En ce qui concerne la mission du EK3, je considère que les opérations juives sont pratiquement terminées. On a un besoin urgent des quelques travailleurs juifs restants et je pense que nous en aurons encore besoin à la fin de l’hiver. Il faudrait, à mon avis, déjà commencer à stériliser les hommes afin d’empêcher toute procréation. Si une Juive était enceinte malgré cela, il faudrait la liquider»87.Ce rapport démontre que l’objectif de la «mission spéciale» de l’E.K.3 était bien la disparition définitive de tous les Juifs, par l’assassinat, et non la lutte contre les partisans, au point que même les Juifs utilisés comme esclaves devaient être empêchés de faire des enfants, jusqu’à liquider les femmes enceintes…
Dans la vision nazie du monde, l’Ennemi absolu et radical est «le» Juif, que l’incarnation politique en soit (prétendument) le communisme soviétique ou la «finance internationale» (comme Hitler lui-même le martelait, notamment dans son discours du 2 octobre 1941). Le 12 décembre 1941, Heinrich Himmler énonce clairement le destin qui attend «les ennemis du peuple allemand», syntagme qui dans le langage de la propagande nazie a toujours désigné, in fine, les Juifs, dans un message dont le propos général se rapporte aux assassinats de masse des Juifs dans les opérations mobiles de tuerie. Himmler écrit à la hiérarchie de la SS et de la Police à l’Est:
«La tâche qui nous a été assignée […] exige que nous éliminions sans pitié tout foyer de rébellion et appliquions avec la plus grande sévérité aux ennemis du peuple allemand le châtiment mérité, la peine de mort»88.Outre le contexte et les autres parties du message d’Himmler, le fait qu’il vise les Juifs se déduit aussi bien du discours d’Hitler du 2 octobre 1941, que d’un message du 10 octobre 1941 (cité plus haut), du maréchal Walter von Reichenau, où, utilisant les mêmes articulations qu’Himmler (les responsables potentiels des «rébellions» méritent un «châtiment»), Reichenau identifie sa cible: «les sous-hommes juifs». Le même Reichenau parlait déjà de la «nécessité d’éliminer les enfants» en août 1941. Dans les autres parties de son message, Himmler fait clairement allusion à la «lourde tâche» des kommandos qui assassinent les Juifs en masse à l’arrière du front russe. Himmler donne des directives pour ménager le moral de ces kommandos, mais se montre inflexible sur le secret qui doit entourer ces «tâches». Il écrit: «Toutefois je souhaite aussi que tout débat ou conversation sur des faits ou des chiffres liés à ces faits soit essentiellement jugé hors de question ou déplacé. Il convient d’accomplir les ordres et les tâches nécessaires à la vie d’un peuple. Mais ensuite, ceux-ci ne doivent pas faire l’objet de bavardages ou de discussions»89.
Le 12 décembre 1941 se tient une importante réunion des Reichsleiter et Gauleiter du parti nazi. Hitler y prend la parole. Goebbels écrit le 13 décembre 1941:
«En ce qui concerne la question juive, le Fürher est résolu de faire table rase. Il a prophétisé aux Juifs qu’ils subiraient leur destruction (Vernichtung) s’ils provoquaient encore une fois une guerre mondiale. Ce n’étaient pas de vains mots. La guerre mondiale est là, la destruction (Vernichtung) des Juifs doit en être la conséquence nécessaire. Cette question est à considérer sans aucune sentimentalité. Nous ne sommes pas là pour éprouver de la pitié pour les Juifs, mais uniquement pour notre peuple allemand. Puisque le peuple allemand a encore sacrifié 160 000 morts sur le front de l’Est, alors les véritables responsables de cette guerre sanglante doivent le payer de leur vie (mit ihrem Leben bezahlen müssen)»90.
Rosenberg rencontre Hitler le 14 décembre et lui soumet un projet de discours. Il écrit dans une note du 16 décembre 1941:
«Concernant la question juive, j’ai dit que, maintenant, après la décision, mes remarques sur les Juifs de New York devraient être un peu modifiées. J’étais d’avis de ne pas parler de l’extermination des Juifs. Le Führer approuva cette attitude et dit qu’ils [les Juifs] nous avaient mis la guerre sur le dos, qu’ils avaient apporté la destruction et qu’il n’y avait pas à s’étonner que les conséquences les frappent en premier»91.
Le 16 décembre 1941, Hans Frank, lors d’une session du Gouvernement général fait un long discours à propos des Juifs. Il y déclare notamment:
«En ce qui concerne les Juifs — je tiens à vous le dire très ouvertement — il convient maintenant d’en finir d’une manière ou d’une autre. […] A Berlin, on nous a dit […], liquidez-les (liquidiert) vous-même. […] Nous devons anéantir (vernichten) les Juifs, où que nous les trouvions, partout où cela sera possible […] Nous ne pouvons fusiller ces 3,5 millions de Juifs, nous ne pouvons les empoisonner, mais nous pourrons quand même mettre œuvre des opérations qui aboutiront d’une façon ou d’une autre au succès de l’anéantissement, et ce dans le cadre des importantes mesures à discuter au niveau du Reich»92.
La Roumanie s’est alliée à l’Allemagne pour envahir l’URSS. Si l’antisémitisme qui animait le régime roumain n’était pas aussi «théorisé» que celui des nazis, sa virulence n’avait rien à lui envier, à tel point que dès le début de l’invasion de l’URSS, les pires massacres de Juifs, en nombre et en atrocité, furent commis par les Roumains, notamment à Odessa. La brutalité du désir de destruction qui animait les Roumains, et sa relative autonomie par rapport au projet nazi, ne trouve pas de meilleure expression que dans les propos que le chef du régime, le maréchal Antonescu, tînt le 16 décembre 1941:
«Qu’attendons nous: qu’une décision soit prise à Berlin ? Une décision qui les concerne ? Attendons-nous de les mettre en lieux sûr ? Fichez les dans les catacombes, fichez les dans la mer noire, je ne veux pas le savoir ! Qu’il en meure cent ou qu’il en meure mille, aucune importance ; Ils peuvent tous mourir»93.
Photos du massacre de la plage de Šķēde
Le SS-Obersturmbannführer Dr. Fritz Dietrich était le chef de la police SS (SS-Polizei-Standortführer) de Libau (Liepāja, en Lettonie), dont la plus grande partie des hommes juifs avait été assassinée pendant l’été 1941. Il organisa du 15 au 17 décembre 1941 l’assassinat sur la plage de Šķēde des hommes âgés encore en vie et surtout des femmes et enfants juifs de Liepāja. On dispose de photographies de ce massacre, mais aussi du propre journal de guerre de Fritz Dietrich qui note ainsi:
«15.12.41 Début de l’action juive [Judenaktion]. Aujourd’hui on en a exécuté 270 à la plage de Libau. «16.12.41 Suite de l’action juive. «17.12.41 Fin l’action juive. En tout 2746 Juifs ont été abattus. Ainsi la Courland est libre de Juifs [judenfrei], hormis 350 artisans juifs, dont ont a besoin pour des tâches essentielles»94. Chaque jour, Fritz Dietrich accompagne ses descriptions de remarques sur la météo: «froid, un peu de givre» le 15, «givre» le jour suivant, «un peu de givre» le 17. Dans un rapport officiel daté du 29 décembre 1941, Fritz Dietrich rend compte des massacres de la plage de Šķēde en usant d’une formule classique du camouflage nazi: «Pour la période du 14 au 17 décembre 1941, 2749 Juifs ont été évacués»95. Dans son journal de guerre, non voué à la diffusion, Dietrich avait été beaucoup plus direct. L’utilisation, dans les correspondances officielles, du terme «évacuation» pour désigner en le camouflant le massacre de masse des Juifs était depuis longtemps en usage et perdurerait jusqu’à la fin bien que devenu transparent pour tous.
Denis H. était un ardent collaborateur pro-nazi et antisémite néerlandais qui faisait office d’informateur de la SS. Quatre de ses rapports nous sont parvenus. Dans celui du 20 novembre 1941 il notait que la déportation à venir des Juifs d’Allemagne signifiait «une extermination partielle des Juifs». Dans son rapport du 18 décembre 1941, il affirmait que:
«L’extermination, l’anéantissement et la déportation des Juifs devraient rendre une renaissance des Juifs impossible pour toujours»96.
notes d’Himmler 18 décembre 1941
Le 18 décembre 1941, Himmler rencontre Hitler. Dans son agenda, il note:
«Question juive / à exterminer comme partisans (Judenfrage / als Partisanen auszurotten)»97.L’historien Christopher Browning précise qu’il s’agit sans doute de savoir comment justifier l’assassinat des Juifs; en URSS, les partisans étaient systématiquement mis à mort. Bien évidemment la quasi totalité de la population juive n’avait rien à voir avec les partisans.
Le 21 décembre 1941, Alfred Rosenberg prononce un discours à Berlin en hommage au cinquantième anniversaire de la mort de Paul de Lagarde, orientaliste et féroce antisémite qui finit par prôner l’extermination des Juifs, en 1887, dans une formule qui a marqué les antisémites et les nazis qui la reprirent fréquemment. Rosenberg profite donc de son hommage pour citer cette formule, qu’évidemment il approuve, lors de son discours:
«On ne traite pas avec des trichines et des bacilles [les Juifs]. Les trichines et les bacilles, on ne les éduque pas, on les anéantit aussi rapidement et aussi radicalement que possible (Mit Trichinen und Bazillen wird nicht verhandelt, Trichinen und Bazillen werden auch nicht erzogen, sie werden so rasch und so gründlich wie möglich vernichtet)»98.Rosenberg précise que Lagarde avait un «instinct clair» et parlait en «prophète»99. Cela suggère évidemment sans ambiguité que ce que Lagarde sentait et ce qu’il prophétisait, l’anéantissement des Juifs, est en train de se réaliser.
Dans le Stürmer du 25 décembre 1941, Julius Streicher écrivait:
«Si l’on devait mettre un terme au danger mortel que constitue la continuité de cette malédiction de Dieu dans le sang juif, il n’y aurait qu’une solution: l’extermination de cette race, dont le père est le Diable lui-même»100.Il convient de noter que trois jours plus tard, Hitler fit cette remarque à propos de l’antisémitisme de Streicher: «L’image que Streicher donne du juif dans son Stürmer est trop idéalisée. Le juif est beaucoup plus commun, plus assoiffé de sang et satanique que ne le dépeint Streicher»101.
Début 1942, le Sturmbannführer Rudolf Lange, chef de l’Einsatzkommando 2 de l’Einsatzgruppe A, écrit dans un rapport que:
«L’objectif, que l’EK 2 envisageait dès le début, était une solution radicale du problème juif à travers l’exécution de tous les Juifs (Das Ziel, das dem EK 2 von Anfang an vorschwebte, war eine Radikale Lösung des Judenproblems durch die Exekution aller Juden)»102.Ce document est l’un de ceux qui nous renseignent explicitement sur le contour de la mission confiée aux Einsatzgrupen dès le commencement de Barbarossa puisque Lange écrit noir sur blanc que l’objectif envisagé dès le début était l’exécution de tous les Juifs (comprendre de tous les Juifs des territoires soviétiques conquis). Cela est d’ailleurs confirmé par les propos de Walter Stahlecker, chef de l’Einsatzgruppe A, de février 1942, cités plus bas.
L’abbé don Pirro Scavizzi était un aumônier militaire ayant l’entière confiance du Vatican et du Pape Pie XII lui-même. Pouvant se déplacer librement à l’Est, il leur servait coursier et d’informateur103. Ainsi lorsqu’il se rend en Pologne à l’automne 1941, il est reçu par Pie XII en audience secrète à son retour. C’est à sa demande qu’il rédige quelques semaines plus tard un long rapport confidentiel sur ce voyage. Dans les trois pages consacrées aux Juifs de ce rapport en date du 6 janvier 1942, on peut lire:
«Au-delà des frontières de l’Italie, dans le Reich ou dans les pays amis ou occupés par lui, la question juive est d’une exceptionnelle gravité. […] À Cracovie, Lvov et dans les principales villes de Pologne, ils ont été relégués dans un ghetto où règnent de façon flagrante la crasse et les conditions sordides. Ils ne doivent pas quitter ce périmètre avant l’aube, ni rentrer après le coucher du soleil. L’absence d’un brassard ou d’une carte d’identité, peut être punie immédiatement de mort, tout comme le non-respect des horaires. […] Il est évident que l’intention du gouvernement d’occupation est d’éliminer autant de Juifs que possible en les tuant par diverses méthodes, dont la plus fréquente et la plus connue est celle des exécutions en masse. Pour ce faire, des groupes de familles juives (hommes, femmes et enfants, ainsi que des nouveau-nés) sont déportés à quelques kilomètres de la ville, près des tranchées de la guerre ou en des lieux où d’immenses fosses ont été creusées au préalable; les hommes juifs ont été eux-mêmes contraints à faire ce travail. Au bord des tranchées ou des fosses, ces groupes de centaines et de centaines, voire de milliers de personnes, sont impitoyablement mitraillés et jetés dans les fosses. Cette histoire a été racontée par un officier de l’armée allemande et par des citoyens polonais. […] Le nombre de Juifs tués s’élève à présent à environ un million»104.Scavizzi achève son rapport ainsi: «Très cher Père, bien d’autres choses douloureuses m’ont été rapportées, et j’ai dû les voir; mon âme en est remplie, et mon cœur se serre de devoir les raconter plus en détail». Le rapport parvient au Vatican le 13 janvier 1942105.
Le SS-Gruppenführer Gottlob Berger, ami intime d’Himmler, écrit ce qui suit à Oskar Dirlewanger le 22 janvier 1942:
«Les Juifs sont des êtres humains de seconde catégorie ou de troisième ordre. La question de savoir s’il est juste ou injuste de les liquider ne fait absolument pas débat. Ils doivent, d’une manière ou d’une autre, disparaître de la surface de la terre (Juden sind Menschen zweiten Grades oder dritter Ordnung. Ob man sie zu Recht oder zu Unrecht erledigt, steht gar nicht zur Debatte. Sie haben so oder so vom Erdboden zu verschwinden)»106.
Fin novembre 1941, avaient eu lieu des exécutions de Juifs allemands déportés à Riga. Le capitaine Otto Schulz-Du Bois avait rédigé un rapport sur ces exécutions. En janvier 1942, il fit transmettre une lettre à son épouse. En voici quelques extraits:
«La dimension et la bestialité de l’exécution s’étaient révélées être au-delà de tout ce que l’on connaissait, même dans ce bureau qui avait déjà vu beaucoup d’atrocités auparavant. […] L’officier de renseignement qui avait un accès direct auprès de Hitler aurait une fois encore rendu compte de façon urgente de ces atrocités et des conséquences de telles méthodes. Le Führer aurait répondu: “Vous mollissez, Messieurs ! Je dois le faire parce qu’après moi, personne d’autre ne le fera”»107.L’officier de renseignement dont il est question est l’amiral Canaris108.
En Allemagne même, comme on l’a vu à plusieurs reprises, on était tenu informé du sort des Juifs par des témoins ou des hauts fonctionnaires. Margarete Sommer, responsable des secours à l’archidiocèse de Berlin semble avoir eu de bonnes sources d’informations. L’évêque d’Osnabrück, Mgr Hermann Wilhelm Berning, après l’avoir rencontrée, note dans son journal le 5 février 1942:
«Des transports [de Juifs] de Berlin arrivent à Kovno, mais il est douteux qu’il y ait encore des survivants. À Minsk et Riga, pas de nouvelles précises. Beaucoup sont abattus. Il semble qu’il y ait un plan pour exterminer complètement des Juifs [Es besteht wohl der Plan die Juden ganz auszurotten]»109.Nulle trace d’une quelconque tentative de la part de Hermann Wilhelm Berning de protestation sous quelque forme que ce soit ou de rendre ces informations publiques ou de les transmettre au Vatican n’a été retrouvée.
Le 6 février 1942, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, Robert Ley, fait un discours au Sportpalast de Berlin devant les travailleurs de Siemens. Il déclare notamment:
«Les Juifs [sont] le vampire de l’humanité, l’exploiteur de l’humanité, le destructeur de l’humanité. […] l’ennemi de l’humanité. […] Juda ne désire que nous exterminer. […] Juda doit être et sera abattu, Juda doit être et sera anéanti, c’est là notre conviction sacrée [applaudissements]. C’est la raison d’être de cette guerre.
([Die] Juden […] als den Vampir der Menschheit, als den Ausbeuter der Menschheit, Juda als den Vernichter der Menschheit […] den Feind der Menschheit. […] Juda würde uns dann erst recht ausrotten. […] Juda wird und muß fallen, Juda wird und muß vernichtet werden, das ist unser heiliger Glaube (Beifall). Daher dieser Krieg)»110.
Ley est applaudi. Dans un ouvrage paru en 1943, Robert Ley reprendra les mêmes expresssions (voir plus bas). Le passage qui suit immédiatement martèle le poncif sanitaire/biologique de la nécessité vitale du combat contre les Juifs :
«Et ne me demandez pas à moi la raison de ce combat, demandez la au Ciel. Je ne sais pas pourquoi il y a des Juifs et des bactéries et des poux et des puces et de la vermine de toutes sortes, mais c’est là et je dois me battre contre lui si je veux vivre. Je le dois et toi aussi tu le dois»111.
L’un des leaders de la collaboration française avec les nazis, le français Pierre Costantini, fondateur en 1940 d’une «Ligue française d’épuration», co-fondateur en 1941 de la LVF, se demandait en octobre 1941 dans le journal de la Ligue française L’Appel, «Faut-il exterminer les Juifs?». Le 12 février 1942, il répond positivement à cette question, ainsi:
«Tant qu’il y aura un Juif sur la terre, on ne pourra parler bonheur de l’humanité»112.
En février 1942, Walter Stahlecker, chef de l’Einsatzgruppe A en URSS, rédige un second rapport (marqué secret), reprenant en partie le premier document qu’il avait rédigé jusqu’au 15 octobre 1941 (voir plus haut) étendant le bilan de l’activité de son groupe jusqu’aux premières semaines de 1942. Dans ce document, de nouveau, Stahlecker reprend les termes du télégramme de Heydrich cité plus haut décrivant la mission des Einsatzgruppen et dresse le bilan des massacres:
«Le travail de nettoyage systématique dans l’Ostland [Etats baltes et Russie], incluait, conformément aux ordres fondamentaux, l’élimination la plus complète possible des Juifs. Cet objectif a été atteint pour l’essentiel à l’exception de la Biélorussie, au moyen de l’exécution de 229 052 Juifs (v. annexe) (Die systematische Säuberungsarbeit im Ostland umfasste gemäss den grundsätzlichen Befehlen die möglichst restlose Beseitigung des Judentums. Dieses Ziel ist mit Ausnahme von Weissruthenien im wesentlichen durch die Exekutionen von bislang 229 052 Juden (s. Anlage) erreicht)»113.L’annexe mentionnée comprend notamment une célèbre carte des pays baltes et de la Biélorussie illustrée de cercueils légendés par le nombre de Juifs assassinés dans chaque pays, dont le total est proche de celui mentionné par Stahlecker. La portée explicitement exposée ici par Stahlecker de la mission des Einsatzgruppen (ordre fondamentaux d’éliminer complètement les Juifs) est conforme au rapport du Sturmbannführer Rudolf Lange, chef de l’Einsatzkommando 2 de l’Einsatzgruppe A, cité plus haut.
Le 18 février 1942, Joseph Goebbels note dans son journal:
«Il est encore une fois évident que la race juive est l’hôte le plus dangereux à peupler le globe terrestre et que l’on ne doit avoir pour elle aucune pitié ni aucune complaisance. Cette racaille doit être complètement exterminée, sans quoi il ne sera pas possible de rétablir la paix dans le Monde. ([Es] wird einem wieder einmal klar, daß die jüdische Rasse die gefährlichste ist, die den Erdball bevölkert, und und daß man ihr gegenüber keine Gnade und auch keine Nachgiebigkeit kennen darf. Dies Gelichter muß mit Stumpf und Stiel ausgerottet werden; ohne das ist es nicht möglich, die Welt zu befrieden)»114.On peut remarquer le caractère global, biologisant et radical de cette réflexion: pour Goebbels, c’est la «race juive» tout entière qu’il faut rayer du globe terrestre.
Le Cri du Peuple 26/02/1941, p. 1
Le 24 février 1942, à l’occasion du 22e anniversaire de la fondation du parti nazi, Hitler fait lire par le Gauleiter Adolf Wagner une proclamation à l’Hofbräuhaus de Munich, laquelle est intégralement reprise le lendemain dans le journal du parti nazi, le Völkischer Beobachter, et dans de nombreux autres journaux allemands. Un passage est mis en valeur dans lequel Hitler fait proclamer que «le Juif sera exterminé»115. Il est repris en placards et posters dans des magazines diffusés à plusieurs millions d’exemplaires. Les autorités nazies font diffuser à l’étranger via leurs agences de presse, la proclamation d’Hitler, en insistant sur son annonce solennelle de la nécessaire extermination des Juifs. En France, la publication dans les journaux est absolument massive. Nous avons trouvé près de quarante quotidiens français (partout en France, y compris en zone libre et jusqu’en Afrique du Nord) qui reproduisent plus ou moins longuement la proclamation, souvent en mettant en valeur le passage sur l’extermination annoncée. Nous en fournissons la liste dans une étude dédiée à cette question. Parmi les journaux qui en rendent compte, Le Cri du Peuple du PPF de Jacques Doriot, titre en première page de son édition du 26 février 1942 que le «Führer s’écrie»:
«“Les Juifs seront exterminés”»116.Le Cri du Peuple commet ici une erreur puisque, stricto sensu, ce n’est pas Hitler qui prononce sa proclamation, mais de fait, ce passage est systématiquement souligné dans les publications allemandes et très souvent dans les publications françaises. Le Petit Troyen titre lui aussi le même jour sur le «message du Führer» comme quoi «Les Juifs seront exterminés». D’autres exemples sont fournis (allant bien au delà de la presse collaborationniste) dans l’étude que nous consacrons à ce sujet. Cela signifie surtout que fin février 1942, un mois avant les premiers convois de déportation des Juifs de France, nul ne pouvait ignorer en France, les autorités de Vichy encore moins que quiconque, que livrer les Juifs à Hitler, c’était les envoyer à une mort certaine.
Le 6 mars 1942, Joseph Goebbels note dans son journal:
«Les Juifs se comportent partout en provocateurs et en agitateurs. C’est la raison pour laquelle il est naturel qu’ils en paient le prix de leur vie. Je suis absolument convaincu que plus nous liquiderons de Juifs pendant la guerre, meilleure sera la situation après celle-ci. Nous ne pouvons nous permettre de sentimentalité factice. Les Juifs sont le malheur de l’Europe. D’une façon ou d’une autre, ils doivent être liquidés, sans quoi nous courons le danger que ce soit eux qui nous liquident.
(Die Juden betätigen sich überall als Hetzer und Aufputscher. Es ist deshalb erklärlich, daß sie in großem Umfange dafür mit dem Leben bezahlen müssen. Überhaupt vertrete ich die Meinung, daß, je mehr Juden während dieses Krieges liquidiert werden, desto konsolidierter die Lage in Europa nach dem Kriege sein wird. Man darf hier keine falsche Sentimentalität obwalten lassen. Die Juden sind das europäische Unglück; sie müssen auf irgendeine Weise beseitigt werden, da wir sonst Gefahr laufen, von ihnen beseitigt zu werden)»117.Plusieurs thèmes habituels de la propagande antisémite nazie, caractéristique du discours de Goebbels sont ici déclinés: tous les troubles (en l’occurrence en Russie) sont imputés aux Juifs (dans la réalité, une contre-vérité pure et simple). Surtout, la propagande nazie impute aux Juifs un désir de «liquidation» des Allemands. Ce pur fantasme justifie aux yeux de Goebbels l’extermination «préventive» des Juifs. L’ouvrage de Jeffrey Herf cité118 offre de très nombreux exemples de ce mécanisme rhétorique aux conséquences mortifères.
Le 9 mars 1942, Giuseppe Burzio, chargé d’affaire du Vatican à Bratislava, envoya un rapport au Vatican où il annonçait l’imminence de la déportation des Juifs de Slovaquie vers la Pologne119. Il conclut son message ainsi:
«Déporter 80 000 personnes vers la Pologne à la merci des Allemands équivaut à condamner la plupart d’entre elles à une mort certaine»120.
Le 16 mars 1942, les Münchner Neueste Nachrichten font état du discours du Gauleiter de Munich, Adolf Wagner — celui-là même qui avait lu la proclamation d’Hitler du 24 février 1942 — au cours d’une session du bureau de la politique raciale. Adolf Wagner a déclaré:
«Nous anéantissons le Juif et libérons ainsi l’humanité civilisée du diable (Wir vernichten den Juden und befreien damit die zivilisierte Menschheit vom Teufel)»121.
Le 27 mars 1942, Joseph Goebbels note dans son journal:
«En commençant par Lublin, les Juifs du Gouvernement Général [la Pologne occupée par les nazis] sont à présents évacués vers l’est. La procédure est assez barbare et ne saurait être décrite ici de façon plus précise. Il ne restera pas grand chose des Juifs. Globalement, on peut dire qu’environ 60 pour cent d’entre eux devront être liquidés alors que 40 pour cent peuvent être utilisés pour le travail forcé. […] Si nous ne nous défendions pas contre eux, les Juifs nous anéantiraient […] C’est un combat à mort entre la race aryenne et le bacille juif»122.Outre l’évocation du sort concrètement funeste des Juifs, Goebbels décline ici, comme pour le justifier, plusieurs motifs de légitimisation de l’assassinat des Juifs, la classique inversion accusatoire, ainsi que le motif sanitaire (le Juif comme parasite, bacille, etc.). Dans une autre section du présent site, nous fournissons une citation plus complète et une étude du contexte (l’entrée en fonction du centre de mise à mort de Belzec), des circonstances et de la signification de cette entrée importante du journal de Goebbels. Lire cette étude…
Le 5 avril 1942, l’abbé italien Pirro Scavizzi, qui se rendait souvent en Pologne rédige un rapport directement adressé au Pape Pie XII. On pouvait y lire dans la section consacrée aux Juifs:
«La situation des Juifs en Allemagne, en Pologne et en Ukraine est de plus en plus tragique. Le mot d’ordre est: “Exterminez les sans pitié”. Les massacres de masse se multiplient partout. […] Un jeune officier allemand se vante d’avoir appris à tuer d’un seul coup la maman et son enfant et raconte qu'il serait capable d’en tuer jusqu'à trois d'affilée […] et pourtant cet officier s'émeut en parlant de sa propre femme et de ses enfants, en montrant des photos d'eux. […] Le système du grand fossé creusé par les Juifs sur ordre des SS est aujourd'hui courant en Ukraine; les hommes, les femmes et les enfants y sont poussés par groupes, puis mitraillés et ils tombent dans le fossé qui devient leur tombe. […] En Ukraine, l'extermination des Juifs est presque terminée»123.
Louis Sadosky, policier français membre des RG, est arrêté par la Gestapo le 2 avril 1942 et transféré à Berlin. L’arrestation se révèle être une erreur: Sadosky est un collaborateur zélé. Il finit d’ailleurs par être traité comme tel; après l’avoir interrogé sans ménagement, la Gestapo lui fait les honneurs de Berlin avant de le renvoyer en France où il contribuera à la chasse aux Juifs. De retour à Paris, il rédige un rapport à l’attention et à la demande de ses supérieurs. Ce document, découvert aux Archives nationales par l’historien Laurent Joly, raconte les cinq semaines du «voyage» de Louis Sadosky en Allemagne. Le 25 avril, des inspecteurs de la Gestapo lui font visiter Berlin et lui montrent comment sont traités les Juifs encore présents. Leurs propos sur le destin funeste et la part qu’y prend Hitler sont sans ambiguïté. Voici comment Louis Sadosky les rapporte:
«Il reste encore à Berlin, nous ont confié les inspecteurs, 63 000 juifs allemands, mais, ajoutèrent-ils, chaque jour des convois de juifs sont formés à destination de l’Est, et nous pensons, dirent-ils encore, qu’en 1943, il ne restera plus un seul juif à Berlin. Mais où les conduit-on, demandais-je. Dans le gouvernement général, me répondit-on. Alors, dis-je, le gouvernement allemand n’aurait-il pas l’intention de créer dans le gouvernement général un ghetto universel. Oh, non, me répondit-on, ce n’est pas l’intention du chancelier Hitler, mais au contraire celle de la destruction complète et à jamais de la race. Dans le Gouvernement général, les juifs ne vivent pas longtemps»124.Outre le passage cité, le rapport de Louis Sadosky, favorable aux Allemands, ne laisse planer aucun doute sur la nature du régime nazi, le comportement de la Gestapo et le traitement réservé aux Juifs. Il est donc parfaitement clair que l’Etat Français savait (il l’était aussi par d’autres biais) que les Juifs qu’il livrait aux nazis étaient destinés à être assassinés.
Le Dr. Erhard Wetzel dirigeait la Section raciale du ministère pour les territoires occupés de l’Est. Il a rédigé un rapport daté du 27 avril 1942, sur ce qu’il convenait de faire des Polonais. L’extermination des Juifs y est évoquée comme allant de soi… Il note:
«Il va de soi qu’on ne peut résoudre le problème polonais en ce sens qu’on liquide les Polonais comme les Juifs (Daß man die Polenfrage nicht in dem Sinne lösen kann, daß man die Polen wie die Juden liquidiert, dürfte auf der Hand liegen). Une telle solution du problème polonais marquerait le peuple allemand jusque dans un avenir lointain et nous enlèverait de toutes parts la sympathie, d’autant plus que les autres peuples environnants devraient compter sur l’éventualité d’un semblable traitement à un moment donné»125.Un peu moins d’une année plus tard, le 29 mars 1943, le Dr Friedrich Gollert, un autre expert nazi, rejetterait lui aussi l’extermination de tous les Polonais (mais préconisait celle de deux à trois millions d’entre eux…), en mentionnant lui aussi clairement le caractère évident de celle des Juifs. Voir plus bas.
En avril 1942, à l’occasion de la parution d’un article du Völkischer Beobachter qui traitait du déploiement de la Police d’Ordre (Sicherheitspolizei) en URSS dans le cadre de la lutte anti-partisans (sans traiter des Juifs), les services de renseignement intérieur d’Erfurt, envoient un rapport sur les rumeurs qui courent dans la population, soulignant à la fois le caractère flou de la connaissance que celle-ci pouvait avoir, l’intérêt qu’elle manifestait pour toute information, mais aussi le caractère très concret de ces rumeurs, notamment à propos des Juifs. On y lit:
«La rumeur s’est répandue dans la population que la Police de Sécurité a pour tâche d’exterminer les Juifs dans les territoires occupés. Les Juifs ont été rassemblés par milliers et exécutés ; auparavant, ils ont du creuser leurs tombes. L’exécution des Juifs a parfois atteint de telles proportions que même les membres des commandos d’exécution ont souffert de dépression nerveuse (So werde in der Bevölkerung kolportiert, daß der Sicherheitspolizei die Aufgabe gestellt sei, das Judentum in den besetzten Gebieten auszurotten. Zu Tausenden würden die Juden zusammengetrieben und erschossen, während sie erst zuvor ihre Gräber gegraben hätten. Die Erschießungen der Juden nähmen zeitweise einen Umfang an, daß selbst die Angehörigen der Erschießungskommandos Nervenzusammenbrüche bekämen)»126.Notons que les rumeurs rapportées ici correspondent en tout point à ce que nous savons des Opérations mobiles de tuerie.
Dans le numéro de mai 1942 du magazine Volk und Rasse [Peuple et Race], on peut lire:
«Une bonne compréhension de la Juiverie doit exiger son anéantissement total»127.Le caractère radical de cet «anéantissement total» découle du «diagnostic» que l’auteur, G. Teich, pose sur les Juifs avant la phrase citée: «Le destin inexorable de la Juiverie est, indépendamment de sa volonté, d’agresser la société humaine. Cette attitude sans nuance explique aussi qu’il soit impossible de résoudre la question juive»128. Cette «impossibilité» est évidemment dépassée par le recours à l’«anéantissement total»…
De nombreux discours d’officiels nazis diffusés à la radio ont été conservés. Le 10 mai 1942, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, Robert Ley, s’adresse à des travailleurs à Amsterdam. Voici ce qu’il déclare:
«Camarades, croyez moi. Je ne dresse pas un tableau exagérément sinistre et j’en suis amer, je suis amèrement sérieux. Le Juif est le grand péril de l’humanité. Et si nous ne réussissons pas à l’exterminer, alors nous perdrons la guerre. Il ne suffit pas de les déplacer; ce serait comme d’enfermer des poux dans une cage (rires). Ils en sortiraient et […] viendraient vous démanger de nouveau (rires). On doit les anéantir, on doit les exterminer.
(Mein Kameraden, glauben Sie mir, ich male Ihnen das nicht zu schwarz, und es ist mir auch bitter, bitter ernst. Der Jude ist die große Gefahr der Menscheit. Und wenn uns nicht gelingt, ihn auszurotten, dann haben wir den Krieg verloren. Es genügt nicht, ihn irgendwohin zu bringen, es ist genauso, als wenn man die Läuse irgendwo in einen Käfig hineinsperren wollte. (Gelächter). Sie finden auch einen Ausweg und kommen wieder unten hervor, auf einmal da jucken sie einen wieder (Gelächter) und sind wieder da. Man muß sie vernichten, man muß sie ausrotten)»129.Robert Ley continue à peine avant d’être interrompu par des applaudissement… On remarquera que Ley est parfaitement clair, et ce publiquement: déplacer les Juifs ne suffit pas, il faut les assassiner. Et en effet, les nazis transportaient et transporteraient les Juifs d’Europe de l’Ouest et centrale pour les assassiner. Ley le sait, Ley le dit. Et il est applaudi.
Le coursier et informateur de Pie XII, l’abbé italien Pirro Scavizzi, effectue une mission à l’Est entre le 8 avril et le 2 mai 1942130. Le 12 mai 1942, il rédige un rapport directement adressé au Pape Pie XII. On pouvait y lire:
«Le combat [des Allemands] contre les Juifs est implacable et ne cesse de s'aggraver avec des déportations et des exécutions y compris en masse. Le massacre des Juifs d’Ukraine est désormais achevé. En Pologne et en Allemagne, il est également mené à son terme par le système de meurtres de masse»131.
L’aumônier militaire don Silvio Negrato était également un homme de confiance du Vatican»132. Après s’être trouvé à Cracovie et à Lvov en mars et avril 1942, il rédige, à la demande du Pape, un rapport écrit le 13 mai 1942. On y lit notamment:
«À Cracovie, avant la guerre, leur nombre [des Juifs] tournait autour de 150 000 […]; les massacres et les déportations l’ont réduit à environ 20 000 […]. À Lvov leur nombre devra passer de 200 000 à 40 000 (déclaration du commissaire de la Gestapo qui fut, un jour, invité dans le train,). Il en reste encore actuellement environ 80 000. […] Les exécutions en masse se déroulent en général dans des endroits préétablis où les victimes doivent d’abord creuser leur propre fosse commune, gigantesque. […] À Lvov, les exécutions se répètent trois ou quatre fois par semaine, le nombre de victimes s’élevant chaque fois à cinq ou six cents. […] À Suamenka, tous les Juifs de la ville ont été pendus, y compris les femmes et les enfants. Depuis Kasatin jusqu’au front, on ne trouve plus un seul Juif. Des officiers et des soldats italiens racontent des scènes effroyables sur la façon dont les Allemands procèdent: femmes enterrées vivantes, enfants jetés en l’air et abattus au revolver avant de tomber dans la fosse déjà prête, jeunes gens et jeunes femmes placés comme cibles. J’ai ressenti le profond dégoût des soldats italiens témoins de telles atrocités, confirmées également par l’aumônier militaire en chef Pontonello du C.S.I.R [Corps expéditionnaire italien sur le front de l’Est]»133.Selon l’historienne qui cite ce rapport, Monika Stolarczyk-Bilardie, «Avec ce rapport, Negrato était la première source fiable à informer le Vatican sur la liquidation systématique des ghettos en Pologne. Il parlait des massacres perpétrés par les Einsatzgruppen, ceux qui allaient par la suite prendre le nom de Shoah par balles (première étape de l’extermination des Juifs) et du début de la deuxième étape, à savoir la liquidation des Juifs polonais (Aktion Reinhard)»134. Rappelons toutefois que les massacres de masse par balles avaient déjà été signalés au Pape Pie XII par l’abbé Pirro Scavizzi dans ses rapports du 6 janvier 1942 et du 5 avril 1942, cités plus haut.
Le SS-Haupsturmführer Theodor Dannecker était, à Paris, au sein de la section IV du Sipo-SD (Gestapo), responsable du service IV-J, en charge de la «question juive». Antisémite fanatique, il souhaitait ardemment participer à la «Solution Finale». Il mena en mai 1942 des négociations avec le Generalleutnant Kohl, officier de la Wehrmacht responsable de l’affectation des trains. Il s’agissait pour Dannecker d’obtenir du matériel roulant pour déporter les Juifs. Dans son rapport à ses supérieurs, daté du 13 mai 1942, Dannecker explicite sans la moindre ambiguité en quoi consiste la «Solution Finale». Il écrit en effet:
«J’ai pu constater qu’il [Kohl] était un adversaire sans compromis des Juifs et qu’il approuve à 100 % une solution finale de la question juive ayant pour but l’anéantissement total (restloser Vernichtung) de l’adversaire»135.La suite du rapport de Dannecker offre une autre clé de décodage du langage nazi. Ce que demande Dannecker, c’est que «l’adversaire» (juif) à anéantir totalement («restloser Vernichtung») soit «transport[é…] à l’Est», formule camouflant le plus souvent la déportation des Juifs vers les centres de mise à mort industrielle où ils étaient assassinés dès leur arrivée. Mais ici, Dannecker écrit très clairement de quoi il s’agit: «transport à l’Est» = «Solution finale» = anéantissement total. L’historien Maxime Steinberg a, dans son ouvrage, étudié ce document dans son contexte et formidablement réfuté les tentatives du négationniste Faurisson de vider le document Dannecker du 13 mai 1942 de son sens, au chapitre 6. On notera que la tournure employée (restloser Vernichtung) par Dannecker est très proche de celle de l’article de Volk une Rasse de mai 1942, cité plus haut (völlige Vernichtung) au point qu’on peut se demander si Dannecker n’a tout simplement pas repris ce qu’il a lu…
Enfin, on peut rapprocher ce rapport de Dannecker du témoignage de Edmund Bälz. Edmund Bälz, était le chef de la section judiciaire au sein de l’administration militaire allemande en France. Il était en contact avec son collègue Walter Bargatzky, alors également officier supérieur dans l’administration militaire, futur président de la croix-rouge allemande et membre de l’opposition à Hitler qui organisa l’attentat du 20 juillet 1944. En mai 1942, Reinhard Heydrich se rend à Paris. Le 7 mai 1942 il organise une réunion avec un cercle réduit de hauts fonctionnaires, réunion à laquelle participe Edmund Bälz. Heydrich y aborde la politique d’extermination des Juifs en cours. Bälz est tellement choqué par ce qu’il a entendu qu’il ne restitue à Bargatzky que quelques aspects des propos de Heydrich. Heydrich s’est cependant montré très clair sur le sort des Juifs:
«Des bus affectés au transport des Juifs […] dans lesquels du gaz mortel est introduit pendant le trajet. Une tentative qui, au grand regret de Heydrich, échoue à cause d’une technique insuffisante. Les bus sont trop petits, le taux de mortalité trop bas, et il y a encore d’autres défauts facheux. Raison pour laquelle il annonce finalement des solutions de plus grande échelle, plus perfectionnées, avec de meilleurs rendements […] Comme pour les Juifs russes de Kiev, la condamnation à mort de la totalité des Juifs d’Europe a été prononcée. Même celle des Juifs de France dont la déportation commence ces semaines-ci»136.Il est évident que Dannecker était présent lors de cette réunion ou a minima qu’Heydrich lui a tenu les mêmes propos en tête à tête: Heydrich est le grand patron de Dannecker et celui-ci est le responsable de la politique anti-juive en France, sujet qui obsède Heydrich. Cela éclaire les demandes de Dannecker pour du matériel roulant pour la déportation des Juifs et surtout son ton décomplexé une semaine plus tard.
Le Dr August Becker était l’expert des techniques de gazage d’êtres humains dans le cadre de l’opération dite d’«Euthanasie» (l’assassinat des handicapés). A l’automne 1941, il est affecté auprès des unités faisant fonctionner les camions à gaz utilisés pour assassiner les Juifs en URSS. Le 16 mai 1942 il rédige un rapport relatif aux difficultés rencontrées. On y lit notamment:
«Le gazage n’est pas effectué comme il le devrait. Dans le but d’en finir le plus vite possible, le conducteur appuie au maximum sur l’accélérateur. Ce faisant, les individus à exécuter meurent d’asphyxie au lieu de mourir par perte de conscience comme prévu»137.
Le soldat berlinois du groupe armées Centre, Heinz S., célibataire de 28 ans, agent d’assurance dans la vie civile, écrit de Russie à sa sœur le 20 mai 1942:
«Je ne crois pas qu’il y aura encore un hiver de guerre en Russie. Nous allons et devons l’emporter, sinon ça ira mal pour nous. La vengeance des Juifs de l’étranger s’abattrait terriblement sur notre peuple — car, pour apporter enfin le repos et la paix dans le monde, des centaines de milliers de Juifs ont été tués ici»138.Heinz S. a totalement intériorisé les topoï paranoïaques rédempteurs de l’antisémitisme nazi: la paix dans le monde ne peut être atteinte que par la complète disparition des Juifs, accomplie ici — il l’écrit noir sur blanc — par l’assassinat de centaines de milliers de Juifs. La victoire est une nécessité vitale afin d’échapper à la vengeance des Juifs (un pur délire nazi martelé tout au long de la guerre pour justifier un massacre de masse préventif). Bref, il faut massacrer les Juifs pour éviter de qu’ils ne se vengent du massacre commis contre eux…
Strassburger Neueste Nachrichten, p. 2
En mai 1942, Robert Ley, le chef du Front du Travail, prononce un discours à Karlsruhe. Celui-ci est retranscrit dans l’édition du 20 mai 1942 du Strassburger Neueste Nachrichten en page 2:
«Nous mènerons le combat […] contre les Juifs et leurs alliés jusqu’aux dernières conséquences. Il ne suffit pas d’isoler l’ennemi juif de l’humanité, le Juif doit être anéanti (der Jude muß vernichtet werden)»139.Ley justifiait ce jusqu’au-boutisme explicitement meurtrier par une rhétorique nazie classique, inversant totalement la réalité: les Juifs étaient les agresseurs et, s’ils devaient l’emporter, ils extermineraient les Allemands (der Jude wird unser ganzes Volk ausrotten). Ce fantasme délirant de menace juive d’extermination des Allemands est martélé publiquement pendant toute la guerre pour exprimer la «nécessité» d’anéantir les Juifs140.
Le 23 mai 1942, Hitler s’adressa pendant deux heures aux Reichsleiter et aux Gauleiter, derrière les portes closes de la Chancellerie du Reich. Goebbels était présent et a rapporté les propos de Hitler dans son journal; pour Hitler:
«Il [Hitler] sait aussi naturellement que les Juifs, sont décidés en toutes circonstances à arracher la victoire, car ils savent que la défaite signifie aussi pour eux leur liquidation personnelle»141.Goebbels rapporte également qu’Hitler a donné l’ordre explicite à Himmler de faire exécuter tous les prisonniers de camps de concentration au cas où les choses tourneraient mal142.
Le 28 mai 1942, Goebbels note dans son journal:
«Plus on éliminera de gens de cette sale race, meilleures seront les perspectives pour la sécurité du Reich»143.
Dans le numéro du 6 juin 1942 de Das Reich l’hebdomadaire de Goebbels, Robert Ley écrit:
«Les Juifs paieront par l’extermination (Ausrottung) de leur race»144.
Pages des deux discours d’Himmler du 9 juin 1942
Suite aux blessures consécutives à son attaque par des résistants tchèques, Heydrich meurt le 4 juin 1942. Le 9 juin 1942, Himmler prononce à 19h40 à la maison des aviateurs (Haus der Flieger) un discours secret en son honneur devant des responsables haut gradés SS (des SS-Obergruppenführer et des SS-Gruppenführer)145. Il y déclare:
«Nous devons absolument avoir achevé la migration du peuple juif en un an; ensuite, il n’y en aura plus aucun à migrer. Car désormais, il faut faire totalement table rase»146.L’utilisation par Himmler d’un euphémisme classique de camouflage du massacre des Juifs, appartenant au champ lexical de la migration/déplacement/expulsion/évacuation, dissimule à peine le caractère meurtrier de cette directive, que renforcent l’annonce que plus un seul Juif ne sera alors à même de «migrer» et la radicalité de la volonté de «faire table rase». Cette dernière expression fait très probablement référence aux propos d’Hitler du 12 décembre 1941 rapportés par Goebbels le jour suivant (voir plus haut) très clairs sur sa volonté d’anéantir les Juifs. Un autre discours prononcé le même jour un peu plus tôt à 15h, discours commémoratif officiel147 et public celui-là, pendant les funérailles d’Heydrich — publié dans la presse allemande le 10 juin 1942, ne contient pas ce passage. Toutefois ce premier discours officiel rend en fait parfaitement explicite la signification de cette «migration» des Juifs qui doit être achevée en un an pour «faire table rase». Elle contient en effet un autre passage qui semble s’y substituer et en révèle le caractère mortifère:
«Nous avons désormais le devoir sacré de venger sa mort, d’assumer sa mission et donc d’anéantir sans pitité ni faiblesse les ennemis de notre peuple»148.Dans le vocabulaire nazi en général, et himmlérien en particulier, le syntagme «ennemis de notre peuple» (ou «ennemis du peuple allemand», «du Reich», voire «de l’humanité») désigne toujours les Juifs149 qui étaient, de toutes façons, l’objet de la mission d’Heydrich. On se souviendra que Heydrich était à la tête du Reichszentrale für jüdische Auswanderung (l’Office central pour l'émigration juive) depuis 1939, dont la principale tâche était devenue entretemps l’acheminement des Juifs vers les centres de mise à mort. L’émigration des Juifs a été formellement interdite le 23 octobre 1941 par un ordre d’Himmler diffusé dans une circulaire auprès des bureaux et agences du Sipo-SD150. Même si le terme «évacuation» est censé remplacer le terme de «migration» depuis la Conférence de Wannsee de janvier 1942 — où Heydrich s’impose comme le pilote de la «solution finale» —, on voit qu’ils restent interchangeables chez Himmler (alors qu’il a lui-même interdit toute émigration). Heydrich responsable de «l’émigration des Juifs» avait, selon les termes mêmes utilisés par Himmler, la mission d’«anéantir les ennemis de notre peuple» — les Juifs — qu’il convient donc désormais de mener à son terme pour venger Heydrich, en un an.
Il s’agit bien pour Himmler d’une véritable directive et non d’une rhétorique de circonstance: l’Obersturmführer Heinz Röthke, nommé à la tête du Bureau des Juifs de la Gestapo (Judenreferates der Gestapo) à Paris en juillet 1942, écrit dans un rapport le 9 septembre 1942 que «Selon le plan annoncé confidentiellement par le Reichsführer SS [Himmler], les territoires occupés par l’Allemagne doivent être libres de Juifs dès le milieu de l’année 1943»151. Il s’agit évidemment de l’annonce faite par Himmler le 9 juin précédent.
De fait, le rythme des massacres (qu’Heydrich s’attachait déjà à intensifier au printemps 1942) connaît une accélération draconiennne à l’été 1942: «à la mi-mars 1942, quelque 75 à 80 % des victimes de la Shoah étaient en vie; moins d’un an plus tard, à la mi-février 1943, la proportion s’inversait» écrit l’historien Christopher Browning152. À partir de l’été 1943, des nazis commencent à parler de l’extermination des Juifs au passé, comme quelque chose de réalisé (ainsi Hans-Joachim Kausch pour l’Ukraine en juin 1943, Himmler le 6 octobre 1943, Julius Streicher le 4 novembre 1943, Wilhelm Loebsack pour l’Allemagne et l’Europe de l’Est en mai 1944 ou Hans Frank pour la Pologne en juin 1944).
Le cinéaste Jean Mamy, l’indicateur rémunéré de la Gestapo à laquelle il livrait des Juifs ou des résistants de réseaux qu’il infiltrait, écrivait dans la presse, sous le pseudonyme de Paul Riche, des diatribes violemment antisémites. On se souvient de son appel au meurtre collectif des Juifs de mars 1941. Dans le journal de l’organisation collaborationniste la Ligue française, L’Appel, du 11 juin 1942, il exprime de nouveau son désir de massacre, sous prétexte de représailles, tendant tout naturellement vers l’extermination:
«Le sang aryen a coulé. Il faut faire couler du sang juif. Et le faire couler abondamment: dix pour un, trente pour un, cent pour un, jusqu’à ce qu’ils reconnaissent la force de l’Aryen, sa supériorité, sa volonté de vivre. Les Juifs doivent céder ou disparaître»153.
Le 12 juin 1942, Karl Dürkefälden, un ingénieur de Basse-Saxe qui tenait un journal, note:
«Ce soir, le 12 juin 1942, peu avant 20 heures, dans un discours à la radio, on a déclaré que les Juifs étaient exterminés en Europe et peut-être au-delà. On y accusait également les Juifs d’être responsables des violentes attaques menées actuellement par l’aviation anglaise sur les villes du nord et de l’ouest de l’Allemagne. Aujourd’hui, on m’a dit qu’ici, des soldats ont raconté à plusieurs reprises qu’à l’automne dernier, des milliers de Juifs avaient été abattus en Pologne: ils devaient d’abord creuser des tombes pour les autres, puis un jour, ils ont creusé leur propre tombe et ont été abattus par derrière. Le lendemain, j’ai encore entendu dire par une source complètement différente que des milliers de Juifs avaient été abattus.»154.
Il est possible que le discours entendu par Karl Dürkefälden ait été prononcé par Goebbels, car celui-ci, le 14 juin 1942, utilisait exactement la même formule (avec la même portée géographique), dans Das Reich, son hebdomadaire de propagande:
«Dans cette guerre, les Juifs poussent leurs plus ignobles pions et ils auront à en payer le prix par l’extermination de leur race en Europe et peut-être bien au-delà»155.L’article sera repris dans un recueil publié par Goebbels en 1943. Il faut souligner que l’extermination (Ausrotttung) des Juifs est bien le signifiant d’une mort en masse (Goebbels parle «de leur race», motif biologique) puisque celle-ci est amenée à advenir «bien au-delà» de l’Europe. Ce passage a été porté à l’attention du président des États-Unis, Franklin Roosevelt, le 8 décembre 1942, dans un mémorandum qui lui fut remis lors d’une entrevue avec des organisations juives américaines, au cours de laquelle il fut alerté sur le processus d’extermination en cours (le rôle d’Hitler, les camions à gaz de Chelmno, les chambres à gaz, Auschwitz, etc.)156.
Robert Ley, montrant que son article du 20 mai n’était pas un dérapage, et reprenant sans doute la propre rhétorique d’Hitler, écrivait le 14 juin 1942, dans l’hebdomadaire de Goebbels, Der Angriff:
«La guerre se terminera avec l’extermination des Juifs»157.
Le 7 juillet 1942, à 20h15, heure du Caire, la Voix de l’Arabisme Libre, station de radio nazie émettant de Berlin en Arabe vers les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, diffuse un message qui commence par un pur mensonge, à savoir que les Juifs d’Egypte auraient reçu des armes à utiliser contre les Egyptiens (non juifs). Ce message se poursuivait ainsi:
«Nous pensons qu’il est préférable que les Egyptiens se lèvent comme un seul homme afin de tuer les Juifs avant qu’ils aient l’opportunité de trahir le peuple égyptien. Il est du devoir des Egyptiens d’anéantir les Juifs et de détruire leurs biens. […] Les Juifs sont la source de tous les désastres qui sont advenus aux pays du Levant. […] Vous devez tuer les Juifs avant qu’ils n’ouvrent le feu sur vous […] Arabes de Syrie, d’Irak et de Palestine, qu’attendez-vous ? Les Juifs projettent de violer vos femmes, de tuer vos enfants, de vous détruire. Selon la religion musulmane, la défense de votre vie est un devoir que vous ne pouvez accomplir qu’en anéantissant les Juifs. Voici votre meilleure chance de vous débarrasser de cette sale race qui a usurpé vos droits et a provoqué le malheur et la ruine de vos pays. Tuez les Juifs, brûlez leurs biens, détruisez leurs boutiques, anéantissez ces complices de l’impérialisme britanique. Votre unique espoir de salut réside dans l’anéantissement des Juifs avant qu’ils vous anéantissent»158.La propagande nazie vers les pays arabes usait des mêmes procédés que celle destinée aux Européens: accusations délirantes contre les Juifs leur attribuant par projection les projets et méthodes que les nazis réservaient aux Juifs, et appels au meurtre de masse comme conséquence, justifiés par ailleurs par l’invocation de l’Islam.
Philipp Bouhler, chef de la «chancellerie du Führer» écrit à Bormann le 10 juillet 1942:
«j’ai mis à disposition du Reichsführer [Himmler] une grande partie de [mes équipes] pour une solution de la question juive allant jusqu’aux ultimes conséquences»159.Bouhler était le responsable de l’opération T4 dite d’«euthanasie», d’assassinat des handicapés dans des centres de mise à mort se trouvant en Allemagne. La principale méthode employée, parfaitement maîtrisée par les équipes de Bouhler: la chambre à gaz. Ce qu’il faisait en de telles matières ne pouvait être accompli qu’avec l’aval d’Hitler sinon ses ordres directs.
Maurice de Séré, journaliste pro-nazi et bientôt directeur politique de l’hebdomadaire antisémite Au Pilori, y publie trois semaines de suite, les 16, 23 et 30 juillet 1942 trois articles très virulents où perce, malgré des termes semi-codés, une vision très nette de la réalité de l’extermination en cours:
«Nous savons maintenant que le régne du Juif va prendre fin. Des événements mondiaux en cours — dont l’importance même nous dépasse, et qui ne pourront étre jugés dans leur titanesque puissance que bien plus tard — ont déjà décidé du sort de la race juive en Europe, en Asie et en Afrique». «Nous répétons que toutes les mesures prises actuellement, bien que paraissant peu de choses aux initiés, aux convaincus, aux Français virils, ont leur utilité immédiate et vont permettre la réalisation d’un plan général et définitif.» «Les nations d’une partie du monde ont fini par comprendre la question juive à tel point que celle-ci ne se discute même plus chez elles, que les décisions prises envers la race maudite sont inéluctables, sans appel, et que des mesures garantissant l’avenir même le plus lointain sont parfaitement établies» «La race [juive] est sur le point de disparaître de façon absolue [souligné dans le texte] de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique et les «mesures préliminaires» visant à séparer les Juifs des Français ne font que préparer «les mesures d’ordre général et définitives qui vont être appliquées. Et que l’on ne prenne pas cette affirmation pour des mots en l’air. Nous n’avons pas l’habitude de parler pour ne rien dire»160.
Le samedi 18 juillet 1942, un maître payeur au Commandement de l’Armée en Pologne écrit:
«à Bereza-Kartuska, où j’ai fait halte à midi, la veille on venait juste de fusiller 1 300 Juifs. Ils avaient été conduits dans une cuvette hors de la localité. Hommes, femmes et enfants avaient dû se déshabiller entièrement et avaient été abattus d’un coup dans la nuque. Les vêtements ont été désinfectés et réutilisés»161.
En France, lors d’une réunion sur la déportation des Juifs avec le secrétaire d’État à la Police, René Bousquet, il avait été décidé (plus ou moins unilatéralement par Dannecker, chef du service des affaires juives au sein du Sipo-SD) d’une tournée d’inspection des «camps de concentration pour Juifs» en zone non occupée, administrée par le régime de Vichy. Menée à bien par le SS-Haupsturmführer Dannecker et le SS-Unterscharführer Heinrichsohn du 11 au 19 juillet 1942, cette tournée fit l’objet d’un rapport rédigé par Dannecker le 20 juillet 1942. Le contexte est important ; c’est celui d’un raidissement des exigences allemandes: le 1er juillet, Eichmann transmettait un ordre d’Himmler exigeant la déportation la plus rapide possible des Juifs se trouvant en France. Cela n’était évidemment pas pour déplaire à Dannecker qui exprimait le 13 mai 1942, dans un rapport cité plus haut son désir de mener à bien «une solution finale de la question juive ayant pour but l’anéantissement total» des Juifs. Les accords entre le régime de Vichy et les nazis portaient à ce moment-là sur la déportation des Juifs apatrides et étrangers. Dannecker venait en quelque sorte «faire ses courses» en zone sud. Rappelons que depuis octobre 1941, toute émigration des Juifs était interdite par les nazis. Le long rapport de Dannecker est intéressant à plus d’un titre. Il note en effet que les conditions dans les camps en zone sud étaient particulièrement dures. On sait depuis que les morts de faim y furent nombreux. Dannecker fournit pour les camps visités le nombre de «Juifs déportables». Il est visiblement déçu des chiffres assez faibles dont il peut faire état. Il note cependant son espoir:
«d’avoir en mains les Juifs pour l’exécution imminente du plan prévu».Dans le contexte de son rapport, il est clair qu’il s’agit, a minima, des déportations exigées par Himmler. Vers la fin de son rapport, Dannecker aborde le «problème» (le mot est de Dannecker) de l’émigration juive. Compte tenu des motifs de son voyage et du contexte, interdiction de l’émigration des Juifs depuis octobre 1941, volonté de déporter un maximum de Juifs, Dannecker ne se réjouit pas de cette émigration (difficile comme le note Dannecker). Il la constate. Il a cependant un motif de satisfaction. Il note en effet:
«Dès qu’une possibilité d’embarquement se présente, la société juive d’émigration “HICEM” paye n’importe quelle somme pour permettre à des Juifs d’émigrer. Cela est une preuve que pour la Juiverie mondiale il est clair que les Juifs se trouvant à la merci des Allemands courent à leur total anéantissement (Dies ist ein Beweis dafür, daß das Weltjudentum sich darüber klar ist, daß die im deutschen Machtbereich befindlichen Juden ihrer restlosen Vernichtung entgegengehen)»162.Outre que Dannecker décode une fois de plus (voir son rapport du 13 mai 1942, cité plus haut) la signification réelle de la déportation des Juifs, leur «total anéantissement», la satisfaction de Dannecker ne concerne pas le fait qu’il y ait encore une émigration qui le prive de Juifs «déportables», mais le fait que les Juifs sont prêts à payer n’importe quel prix pour partir, et que cela prouve aux yeux de Dannecker que les Juifs sont conscients que le sort qui les attend entre les mains allemandes est la mort. Dannecker se réjouit de leur terreur et souligne que cette terreur est fondée. Un exemple typique de Schadenfreude nazie…163
Vétéran de la Première Guerre mondiale initialement acquis à la cause nazie, capitaine dans la Wehrmacht pendant la guerre, Wilm Hosenfeld était stationné à Varsovie. Il tenait un journal qu’il faisait parvenir à sa famille. Le 23 juillet 1942, il écrit:
«Il y a une entreprise d’extermination des Juifs qui est en cours. Tel a été l’objectif de l’administration civile allemande depuis l’occupation des régions orientales, et ce avec l’aide active de la police et de la Gestapo, mais il semble qu’il doive s’appliquer maintenant, de façon radicale, à une plus vaste échelle encore. De sources différentes et toutes dignes de foi, nous apprenons que le ghetto de Lublin a été vidé, que les Juifs ont été tués en masse ou chassés dans les forêts, et que certains d’entre eux ont été emprisonnés dans un camp proche. Des témoins venus de Lietsmannstadt et de Kutno racontent que les Juifs, hommes, femmes et enfants, sont asphyxiés dans des unités de gazage mobiles, que les cadavres sont dépouillés de leurs habits avant d’être jetés à la fosse commune et que ces vêtements sont ensuite recyclés dans des usines textiles»164.
Le 26 juillet 1942, Eichmann adressa un rapport à Himmler au sujet d’un accord passé avec le chef du régime roumain allié aux nazis, le maréchal Mihai Antonescu, concernant la déportation prochaine des Juifs de Roumanie vers la région de Lublin (en Pologne) où, précisait ce rapport:
«les aptes seront mis au travail, et le reste sera soumis au traitement spécial (der Rest der Sonderbehandlung unterzogen werden soll)»165.On notera la référence au «traitement spécial» réservé aux inaptes au travail, c’est-à-dire l’assassinat (comme l’illustrent notamment un rapport d’Einsatzkommando du 13 juillet 1941 cité plus haut, ainsi que la correspondance entre Arthur Greiser et Himmler, citée plus bas). L’assassinat des «inaptes au travail» est régulièrement évoqué dans les documents nazis, comme dans le rapport de Wilhelm Kube du 31 juillet 1942, cité plus bas, ou dans la lettre du Sturmbannführer Rolf-Heinz Höppner à Eichmann du 16 juillet 1941, citée plus haut, dans la lettre de Wetzel à Lohse du 25 octobre 1941 (qui mentionne la méthode: le gazage), citée plus haut, ou dans le propre journal de Goebbels le 27 mars 1942 (cité plus haut), ou encore dans le rapport envoyé par du consul suédois Karl Ingve Vendel du 20 août 1942, cité plus bas. Le «traitement spécial» des «inaptes au travail» ne désigne rien d’autre que leur assassinat…
Wilhelm Kube, était un nazi de la première heure, Gauleiter du Brandebourg en 1928. Après l’invasion de l’URSS, il est nommé Commissaire Général de Biélorussie (renommée Ruthénie blanche par les nazis, Weißrussland). Après les premiers massacres de l’été 1941, les Juifs survivants sont réunis dans des ghettos qu’Himmler fit liquider progressivement. Le 31 juillet 1942, Wilhelm Kube écrit depuis Minsk au Reichskommissar Lohse:
«Après avoir minutieusement étudié la situation au cours de plusieurs entretiens à ce sujet avec le SS-Brigadeführer Zenner et le SS-Obersturmbannführer Dr. Jur. Strauch, le chef extrêmement capable du SD, nous avons liquidé (liquidiert) au cours des dix dernières semaines environ 55 000 Juifs en Biélorussie […] A Minsk, approximativement 10 000 Juifs ont été liquidés les 28 et 29 juillet, dont 6 000 Juifs russes, en majorité des personnes âgées, des femmes et des enfants; le reste composé de Juifs inaptes au travail. La plus grande partie d’entre eux avait été déportée à Minsk en novembre dernier, par ordre du Führer, de Vienne, Brünn, Brême et Berlin»166.Le rapport est cité plus complètement sur PHDN. Voir le rapport…
Le consul suédois de Stettin, Karl Ingve Vendel, était secrètement en contact avec les membres de l’opposition militaire allemande au régime nazi. Lors d’un séjour en prusse orientale, le 9 août 1942, chez l’un d’eux, le comte Heinrich von Lehndorff, lieutenant de réserve de l’Armée, il rencontra probablement, entre autres, le lieutenant-colonel Henning von Tresckow, et recueillit auprès de lui des informations sur le sort des Juifs. Le 20 août 1942, il rédigea un rapport de sept pages qu’il transmit à son gouvernement. Sur la situation des Juifs de Pologne, notamment dans les ghettos, il écrit:
«Le traitement [des Juifs] dépend du lieu et du nombre de Juifs […]. Cependant l’objectif est leur extinction à tous. […] Les Juifs de plus de cinquante ans et les enfants de moins de dix ans sont tout particulièrement visés par l’extermination. Les autres sont laissés en vie afin de servir de force de travail ; ils seront exterminés dès qu’ils ne seront plus utiles, et leurs biens confisqués, principalement par les SS. Dans les villes, tous les Juifs sont rassemblés, officiellement pour “épouillage”. […] Mais en guise d’épouillage, ils sont gazés, après quoi ils sont jetés dans des fosses communes préparées d’avance. La source de laquelle je tiens tous ces renseignements sur les conditions dans le Gouvernement Général est telle que la véracité des descriptions qu’elle m’a faites ne fait pas l’ombre d’un doute»167.
Le 18 août 1942, le Prince Otto von Bismarck présenta à Roberto Ducci, le haut-fonctionnaire italien responsable de la Croatie occupée, un télégramme signé Ribbentrop demandant au gouvernement italien de permettre la livraison en masse des Juifs de Croatie. Roberto Ducci rendit compte de son entrevue avec Bismarck dans une note dont l’original nous est parvenu. On y lit:
«Bismarck a déclaré qu’il s’agissait de plusieurs milliers de personnes et il me fit comprendre qu’une telle mesure [la livraison des Juifs de Croatie aux Allemands] mènerait en pratique à leur dispersion et à leur liquidation [terme qui remplace “annihilation”, barré dans l’original]»168.Roberto Ducci entretint son supérieur hiérachique le Comte Luca Pietromarchi qui, dans le journal qu’il tenait, nota le 20 août 1942 que Bismarck avait demandé la livraison des Juifs de Croatie:
«dans le but de les détruire»169.
Wilhelm Cornides était un sous-officier allemand de 22 ans. Lors d’un voyage en Galicie les 31 août et 1er septembre 1942, il passe très près du centre de mise à mort de Belzec. Ce qu’il voit et entend le frappe tellement qu’il prend note de ses observations. Il a discuté avec plusieurs personnes, passagers des trains dans lesquels il a voyagé, et policiers recontrés en route. Voici quelques passages des observations de Wilhelm Cornides:
«“Et où vont-ils [les Juifs entassés dans un train de marchandises croisé par Cornides] ensuite ?”, interrogeai-je. “Belzec”, dit-il [un policier en service dans la gare de Rawa-Ruska] “Et après ?”. “Poison.” “Au gaz ?”, demandai-je. Il haussa les épaules. Puis il se contenta de dire: “A ce que je crois, au début ils étaient toujours fusillés.” […] Hier, on a retrouvé six cadavres d’enfants sur le parcours du train. L’agent de la police ferroviaire […] a confirmé les déclarations de la femme à propos des cadavres d’enfants […] Nous sommes passés devant le camp de Belzec. […] On percevait distinctement une odeur douçâtre et pénétrante. “Ils commencent déjà à puer”, dit [une femme]. “Mais non, c’est le gaz”, répondit l’agent en riant. Dans lintervalle — nous avions parcouru environ 200 mètres — lodeur douçâtre sétait transformée en une âcre odeur dincendie. “ça vient du crématoire” dit l’agent. [Récit fait à Wilhelm Cornides:] “Récemment, on a eu un SS complètement ivre à notre cantine, il pleurait comme un gosse. Il disait qu’il était en service à Belzec et que si ça durait encore deux semaines comme ça, il se suiciderait parce qu’il n’en pouvait plus.” […] Je demandai [à un policier] de quelle manière les Juifs étaient tués, il répondit: “On leur dit qu’ils doivent aller à l’épouillage et qu’ils doivent retirer leurs vêtements, puis ils entrent dans une pièce, dans laquelle on introduit d’abord de l’air chaud dans lequel on a déjà mêlé une petite quantité de gaz. ça suffit pour endormir. Le reste vient ensuite. Ils sont brûlés aussitôt après”»170.PHDN fournit la traduction intégrale et les fac-similés des notes de Wilhelm Cornides. Voir la section consacrée aux observations de Cornides…
Le 2 septembre 1942, le sous-officier H. H de la 3e compagnie du bataillon territorial 990 écrit:
«Cela fait déjà deux ans et demi que je me trouve à l’Est. Croyez bien qu’ici nous avons entièrement pris la mesure du danger que représente le Juif. Seuls leur extermination et leur anéantissement sont de mise et nous espérons que l’heure n’est plus très loin où le dernier d’entre eux aura creusé sa tombe (Über 2 ½ Jahre befinde ich mich jetzt schon im Osten. Sie dürfen glauben, daß wir hier die ganze Gefährlichkeit der Juden erkannt haben. Die Ausrottung und Vernichtung ist das einzige am Platze, und wir hoffen, daß die Stunde nicht mehr fern liegt, wo auch der letzte sein eigenes Grab schaufelt)»171.
Pages 1 et 2 du Berliner Börsen Zeitung et article (en page 2) du 9 septembre 1942
Le 9 septembre 1942, le Berliner Börsen Zeitung publie un article intitulé «Le sud-est de l'Europe est purifié des Juifs. Élimination planifiée du dangereux ennemi intérieur». On y lit:
«La Serbie et le Banat sont purifiés de leurs Juifs et ainsi les premiers pays du sud-est de l'Europe où il n'y a plus de Juifs»172.Les termes de ce passage sont stupéfiants, non pour ce qu’ils expriment en soi, mais par leur caractère public et leur extrême proximité avec ceux du rapport du Staatsrat et SS-Gruppenführer Harald Turner, chef de l’administration militaire en Serbie qui y avait organisé l’assassinat systématique des Juifs, en date du 29 août 1942, cité plus haut («Question juive, comme question tzigane, complètement liquidée: la Serbie, seul pays où la question juive et la question tzigane soient résolues»). En à peine plus d’une semaine, les termes d’un rapport qui faisait état de l’assassinat de tous les Juifs de Serbie se retrouvaient dans l’espace public. Il ne peut s’agir que d’une volonté politique. Ce n’est pas un accident puisque l’article du Berliner Börsen Zeitung est explicitement reproduit dans un autre journal, Deutsche Justiz, le 18 septembre 1942, article remarqué, découpé et commenté par le diariste Friedrich Kellner le 25 septembre 1942173.
page 621 du Internationale Agrar Rundschau d’octobre 1942
On retrouve encore quasiment la même expression («La Serbie et le Banat sont purifiés de leurs Juifs») dans le numéro d’octobre 1942 d’une revue consacrée à l’agriculture, l’Internationale Agrar-Rundschau174. Comme souvent, les dirigeants nazis avaient choisi de faire connaître le quoi (les Juifs sont exterminés) tout en maintenant le plus grand secret sur le comment.
Otto Hofmann, l’un des participants à la conférence de Wannsee, expose à un parterre de SS vers fin septembre 1942, ses vues sur les générations futures. Il précise:
«Elles ne connaîtront pratiquement plus le danger juif. Dans vingt ans, les Juifs n’existeront peut-être plus. Il y a en Russie Européenne au total 11 millions de Juifs [!]. Il reste donc encore du travail à faire. Je ne pense pas que nous en ayons éliminé plus d’un million. Il est temps qu’on soit en Europe débarrassé de cette peste»175.Ce discours contient deux erreurs. Le chiffre de 11 millions de Juifs avait été avancé lors de la conférence de Wannsee comme le total de Juifs en Europe. D’autre part, l’extermination s’est en réalité déroulée plus rapidement qu’Hofmann ne le pense.
Giovanni Malvezzi, l’entrepreneur italien qui sert de courrier et d’informateur au Vatican, effectue en septembtre 1942 un voyage à Varsovie. Il en rend compte à Giovanni Battista Montini, le substitut pour les Affaires ordinaires et chef de la Section I de la Secrétairerie d’État du Vatican, et futur pape Paul VI (en 1963). Montini rédige un rapport en date du 18 septembre 1942. On y lit:
«Ces dernières semaines, il faut mentionner deux faits graves: le bombardement des villes polonaises par les Russes et le massacre systématique des Juifs. Les villes sont sans défense: on compte plus d’un millier de morts et des centaines de blessés à Varsovie; la panique règne; le découragement se lit chez tout le monde. […] Les massacres de Juifs ont atteint des proportions, et ont pris des formes effrayantes et horrifiantes. D’effroyables massacres sont perpétrés chaque jour; il semble qu’à la mi-octobre, des ghettos entiers de centaines de milliers de malheureux affaiblis [seront] vidés pour laisser la place aux Polonais déplacés de chez eux, où sont transportés les Allemands, devenus sans abri par suite de la guerre. La terreur règne partout.»176.La situation décrite par Malvezzi semble concerner a minima le ghetto de Varsovie. Il est probable que l’expression «formes effrayantes et horrifiantes» («forme esecrande e spaventose») désigne le fait qu’une partie des massacres étaient effectués par gazages, information détenue par Giovanni Malvezzi puisqu’il l’a confiée à Kazimierz Papée (voir plus bas) et dont on peut supposer de façon quasi certaine qu’il a du en faire part aussi à Montini.
Kazimierz Papée, ambassadeur du gouvernement polonais en exil à Londres auprès du Vatican, rencontre lui aussi Giovanni Malvezzi, à son retour de voyage en Pologne. Le 23 septembre, il adresse une note à ses supérieurs à Londres où il informe son gouvernement de la teneur des informations que lui a rapportées Malvezzi. Cette note apporte non seulement des informations supplémentaires par rapport au document précédent, le compte-rendu de Montini du 18 septembre 1942 (voir ci-dessus), mais aussi sur les informations que ce dernier a choisi de ne pas faire figurer dans son propre rapport. On lit en effet dans la note de Kazimierz Papée: :
«Presque chaque jour, quelques milliers de Juifs sont emmenés vers l’Est, au-delà de Lublin. Là, dans des baraquements séparés, ils sont dépouillés de leurs vêtements, puis gazés ou abattus. Ce qu’on appelle le petit ghetto [à Varsovie] a déjà été vidé de ses Juifs. Et le grand ghetto, on l’ignorait, mais c’est désormais certain, doit être évacué de tous les Juifs avant le 30 octobre. Cela signifie que d’ici la fin octobre, quelque 300 000 Juifs doivent être brutalement exterminés et le ghetto sera destiné à la population polonaise»177.On comprend donc que lors de son voyage à Varsovie de septembre, Giovanni Malvezzi avait été informé non seulement du principe des massacres de masse (ce que rapporte bien le futur Paul VI, Giovanni Battista Montini dans son rapport), mais aussi des modalités de ces massacres, tant par fusillades que par gazages. Il est presque sûr que, de même qu’il en a parlé à Kazimierz Papée, il a très probablement informé Giovanni Battista Montini de ce modalités. Montini a donc choisi de taire ces informations-là dans son rapport mais il est vraisemblable que son expression «formes effrayantes et horrifiantes» («forme esecrande e spaventose») désigne les gazages rapportés par Malvezzi. L’historienne Monika Stolarczyk-Bilardie précise que le 24 septembre 1942, Kazimierz Papée fournit les mêmes informations à Myron Taylor, le représentant personnel du président des États-Unis auprès du Saint-Siège178.
Le 25 septembre 1942, le PPF de Jacques Doriot organise à Grenoble une conférence consacrée à «la France dans l’Europe nouvelle». Le poète Pierre-Émile Jalbert, proche des milieux dirigeants du PPF, y prend la parole. Un inspecteur des Renseignements généraux assiste à la réunion et rapporte que pour Jalbert «les Juifs vivent en parasites». Il note surtout:
«M. Pierre-Émile Jalbert attaque avec violence dès le début les dirigeants de l’ancien régime et surtout les Juifs. Il fait d’eux en termes très fougueux les fautifs de tous nos malheurs et propose contre eux, non pas des sanctions mais leur extermination sans arrière-pensée humanitaire»179.L’historien Tal Bruttmann qui a exhumé ce compte-rendu, relève que les lecteurs contemporains non infectés par la pensée ultra des orateurs du PPF sont particulièrement impressionnés. Il note que «l’un des membres du cabinet du préfet, qui a lu le rapport, en a souligné deux mots: “leur extermination”»180. Il faut rappeler que de nombreux membres du PPF s’étant engagés dans la LVF, dont Doriot lui-même, ont assisté et participé aux massacres de civils, notamment des Juifs, à l’Est. Pierre-Émile Jalbert ne peut avoir échappé aux informations ramenées par ses camarades.
Le 25 septembre 1942, le soldat Hans Lustig écrit à son cousin B. Lustig à Francfort sur Oder:
«Aujourd’hui à Janów, on dégage les Juifs. Il y avait 5000 habitants à Janów, dont 3000 Juifs. Mais le Gouvernement Général doit être nettoyé des Juifs […] Ils [les Juifs] savent que dans deux semaines, ils seront tous morts»181.Les 23 et 24 septembre 1942, presque tous les Juifs du ghetto de Janów Podlaski furent transférés au ghetto de Biała Podlaska d’où ils furent emmenés au ghetto de Międzyrzec Podlaski d’où, entre les 6 et 9 octobre 1942 — exactement deux semaines après leur expulsion de Janów Podlaski — il furent acheminés vers Treblinka pour y être assassinés182.
Le supérieur général des Jésuites, le polonais, Włodzimierz Ledóchowski rencontre lui aussi Giovanni Malvezzi à la suite de son voyage en Pologne de septembre 1942 (voir plus haut). Cela le marque au point qu’il en parle dans une lettre adressée au cardinal Luigi Maglione, secrétaire d’État pontifical, le 26 septembre 1942. On y lit:
«[Malvezzi] était surtout bouleversé par le traitement inhumain infligé aux Juifs, tous condamnés à mort d’une façon ou d’une autre. Les nazis espèrent que tous les Juifs [souligné par Ledóchowski] seront tués d’ici la fin octobre, il va sans dire que c’est vrai également pour ceux qui viennent de France. Interrogé sur la question de savoir pourquoi ils tuaient aussi les enfants, un nazi répondit avec cynisme: “Es gibt auch Himmel-Lager” [Il y a aussi des camps au Ciel]. Les ghettos seront ainsi débarrassés afin d’y mettre les Polonais dont les maisons seront récupérées par les Allemands.»183.Suit un assez long développement sur le sort des prêtres catholiques. L’historienne qui rapporte la teneur de la lettre de Ledóchowski, Monika Stolarczyk-Bilardie, écrit: «Dans la même lettre, Ledóchowski proposa à Maglione que Malvezzi soit reçu en audience par Pie XII afin de rendre compte de ce qu’il avait remarqué en Pologne. À n’en pas douter, il faisait allusion à l’extermination “barbare” des Juifs qui, à en juger de cette même lettre, avait aussi fait forte impression sur le supérieur général des Jésuites. Cela ne correspondait guère à Ledóchowski, qui n’était pas connu pour être un grand ami des Juifs. La question de l’antisémitisme apparaît clairement dans la lettre citée, en particulier dans les propos de Ledóchowski qui tente quelque peu de justifier son trouble et celui de Malvezzi par des sentiments humains plutôt que par de la compassion pour les Juifs, et se montre plus préoccupé par le sort des prêtres catholiques que par l’extermination totale des victimes juives. Le lendemain, 27 septembre 1942, la suggestion de Ledóchowski fut soumise au pape qui décida de ne pas accorder audience à Malvezzi184.». Enfin, on peut relever que Włodzimierz Ledóchowski, comme Montini, a probablement choisi de taire la mention des assassinats par gazages que Malvezzi (voir plus haut) lui a sans doute faite (et que pourrait recouvrir de façon allusive «d’une façon ou d’une autre»).
Le 26 septembre 1942, le Caporal (Gefreiter) H. Hirschnik écrit à son ami A. Werner à Neuhof über Moritzburg, Sachsen:
«À Sokolno, les Juifs ont été mis dans deux trains, pour être ensuite gazés puis brûlés. Il n’y a plus de Juifs à Sokolno. Tout cela est accompli par la police polonaise et la gendarmerie [allemande]. Tu n’imagines pas le genre de merde à laquelle nous avons affaire ici»185.
Lorsque, le 30 septembre 1942, Hitler rappela de nouveau, dans un discours public au Sportpalast de Berlin sa «prophétie» comme quoi en cas de guerre mondiale, les Juifs seraient exterminés et que cette prophétie allait se réaliser, il fut parfaitement compris de son auditoire. Ainsi, le romancier et dramaturge roumain Mihail Sebastian nota le 1er octobre dans son journal ce qu’il avait retenu du discours d’Hitler:
«La juiverie sera exterminée»186.
Le soldat Lehr envoie pendant la première quinzaine d’octobre 1942 un courrier à Sofie Lehr à Francfort:
«Les Juifs nous évitent le plus possible ici, et lorsqu’ils entendent nos pas, ils descendent des trottoirs et retirent leurs chapeaux. Avec le temps, ils disparaîtront tous de l’horizon. Il est plus que temps que nous en finissions avec ces rebus de la société. Nous avons abattu 5000 personnes de cette engence à 30 kilomètres de Pinsk. Ils devaient se déshabiller complètement, hommes et femmes indifféremment, puis c’en était fini d’eux. Ce sera le sort de chacun d’entre eux. Je n’en écrirai pas plus et je te demande de le garder pour toi, de façon à ce que cela ne s’ébruite pas car tu sais ce que cela pourrait entraîner»187.
Helmuth von Moltke, issu de la grande aristocratie prussienne, était membre de l’Abwehr (les services secrets de l’armée allemande) et fut l’un des fondateurs d’un groupe informel d’opposition à Hitler, le Cercle de Kreisau. Bien qu’opposé à l’attentat raté de juillet 1944 contre Hitler, il fut arrêté, jugé et condamné à mort malgré l’absence totale de preuve de «trahison». Il est exécuté par la Gestapo en janvier 1945. Durant toute la durée de la guerre il écrivait des lettres à son épouse, Freya. Le 10 octobre 1942 il lui écrivit ceci:
«Hier, le déjeuner fut intéressant car l’homme avec lequel j’ai mangé arrivait juste du Gouvernement [le Gouvernement Général] et nous a fait un rapport authentique sur les “hauts-fourneaux SS”. Jusqu’ici je n’y avais pas cru, mais il m’a assuré que c’était vrai: 6 000 personnes sont “traitées” chaque jour dans ces fours. Il était dans un camp de prisonnier à 6 km du camp dont les officiers lui ont assuré que cela était absolument exact. Ils lui ont également rapporté des histoires assez extraordinaires sur les personnes qui y travaillent»188.Le Gouvernement Général, partie de la Pologne occupée annexée au Reich, avait été doté de trois centres d’extermination dans le cadre de l’Opération Reinhard, Belzec, Sobibor et Treblinka, qui s’ajoutaient à Chelmno. Or début octobre, la capacité d’assassinat de Treblinka était passée de 3 000 à 6 000.
Le diplomate et romancier Paul Morand, qui sera élu à l’Académie française en 1968, est très proche des dirigeants du régime de Vichy (il en sera l’ambassadeur en Roumanie puis en Suisse) et de nombreux intellectuels collaborationnistes, qu’il côtoie ou avec lesquels il correspond régulièrement. Il tient un journal de guerre qu’il confiera, à sa mort en 1976, à la Bibliothèque nationale de France, avec interdiction de le communiquer avant les années 2000. Un premier tome consacré aux années 1939-1943 est enfin publié en 2020. Le 23 octobre 1942, Paul Morand note dans son Journal de Guerre:
«Quant aux Juifs [de Pologne], il n’en reste presque plus. On dit couramment à Vichy qu’ils ont été gazés»189.La circulation de telles informations dans les cercles dirigeants vichyssois ne saurait surprendre si l’on se rapporte au contenu du rapport de Louis Sadosky d’avril 1942 ou aux propos du collaborationniste Maurice de Séré de juillet 1942, cités plus haut.
Groupe clandestin de réflexion et de discussion en opposition au régime nazi, proche de Carl Goerdeler, le Cercle de Fribourg était constitué d’économistes et de juristes. Il s’y élaborait pendant la guerre des projets pour la politique allemande post-nationale-socialiste. Voulant témoigner de l’état de leur réflexion en novembre 1942, des membres du Cercle de Fribourg rédigent un mémorandum. L’économiste Constantin von Dietze en rédige une partie intitulée «Propositions pour la solution de la question juive en Allemagne». On y lit:
«[Les] persécutions [des Juifs] ont sans conteste été voulues par les autorités centrales […]. des centaines de milliers d’être humains ont été tués systématiquement pour la simple raison qu’ils étaient d’ascendance juive»190.Ce qui frappe, ainsi que le souligne Friedländer, c’est que le reste de ce passage est impregné d’un fort antisémitisme, de facture non-nazie mais traditionnelle, qui continue de considérer les Juifs comme un «problème» au point que si, après la guerre, Dietze préconise que «l’Etat renonce à toute les réglementations spéciales concernant les Juifs», c’est uniquement parce que «le nombre de Juifs survivants et revenant en Allemagne ne sera pas si important qu’ils pourraient encore [sic] faire figure de danger pour le Volkstum allemand»191.
Le Général Giuseppe Pieche représentait les carabiniers italiens en Croatie du Nord et en Slovénie. Une note du ministère des affaires étrangères italien daté du 4 novembre 1942 rapporte le contenu d’un télégramme envoyé le jour même par le Général Pieche. Celui-ci précise à propos des Juifs déportés vers l’Est depuis la zone d’occupation allemande:
«Ils sont éliminés au moyen de gaz toxiques»192.Cette note fut lue par Ciano, le ministre des Affaires étrangères, par le Général Roatta, puis par Mussolini (la note est tamponnée «vu par le Duce»), sans autre commentaire. Quatre mois plus tôt, Mussolini avait reçu de Ciano un mémorandum dans lequel il était clair que la déportation signifiait «in pratica-eliminazione». Le Duce inscrivit de sa main «Nulla Osta»: pas d’objection193.
De grandes opérations de «liquidation» de la population juive de Biélorussie sont menées à bien à l’automne 1942. Le Lieutenant (Bezirks-Leutnant) Ernst Deuerlein, Gendarmerie-Gebietsführer du bataillon de Gendarmerie du district de Brest-Litovsk (ville polonaise annexée à la Biélorussie par les Soviétiques en 1939, située à son extrême Ouest, rattachée par les nazis au Commissariat Général de Volhynie-Podolie — Generalkommissariat Volhynia-Podolia, on trouve aussi Generalkommissariat Volhynia-Podolia — au sein du Reichskommissariat Ukraine), en rend compte dans un rapport qu’il transmet à son commandant à Luzk en date du 8 novembre 1942:
«Les 15 et 16 octobre 1942, l’Action juive a été menée à bien à Brest-Litovsk. Dans le même temps, la réinstallation totale des Juifs du district de Brest-Litovsk a également eu lieu. En tout, environ 20 000 Juifs ont été réinstallés jusqu’ici»194.On relève ici l’usage d’un langage codé devenu transparent, d’euphémismes qui ne trompent pas sur la réalité qu’ils tentent alors de camoufler. Le terme d’«Action», les opérations violentes menées par les nazis et leurs complices en préludes immédiats à des exécutions de masse (rassemblements et transports des Juifs vers des lieux d’exécutions), était devenu si transparent qu’il était même utilisé, avec effroi, par les Juifs eux-mêmes. Le terme allemand de Umsiedlung (réinstallation, transfert) désigne lui presque toujours l’élimination physique des populations juives. D’ailleurs les documents qui utilisent ce terme ne mentionnent jamais, et pour cause, la destination de ces «réinstallations», sauf lorsqu’il s’agit de centres de mise à mort. Nous disposons évidemment de nombreux témoignages qui attestent de ces emplois codés, de nombreux autres documents qui explicitent la teneur criminelle de ces événements. Toutefois, dans le cas présent, le décodage est effectué dans le même document. Deux pages après le passage du rapport cité ci-dessus, le Gendarmerie-Gebietsführer Deuerlein fait le bilan des opérations menées par son unité:
«Participation à l’action contre les Juifs de la ville et du district de Brest-Litovsk depuis le 15 octobre 1942: jusqu’à présent, 20 000 Juifs ont été abattus»195.Ce document propose bien une équation complète du décodage des expressions de camouflage nazies: «réinstallation» = «action juive» = «action contre les Juifs» = «abattre les Juifs». Voici que la signification très concrète de la «réinstallation» des Juifs se révèle dans toute sa claire monstruosité: il s’agit bien de les massacrer.
Cette signification n’échappe évidemment pas – ils sont témoins et partie prenante de ces massacres – aux soldats présents dans la région. Ils font d’ailleurs circuler l’information. Le 12 novembre 1942, le soldat Paul Schneider écrit de Brest-Litovsk au Gefreiter Karl Dorosh à Berlin:
«Jusqu’à récemment, tous les travaux pénibles ici étaient effectués par des hommes et des femmes juives. À présent, 16 000 [Juifs] sont morts. La seconde nuit, tous, depuis le plus petit enfant […]; il y avait des piles de cadavres dans les rues du ghetto»196.Près de 18 000 Juifs furent en réalité assassinés à l’occasion de la «liquidation» du ghetto de Brest-Litovsk, les 15 et 16 octobre 1942. La documentation nous permet de connaître avec précision le nombre de victimes. Les archives d’état de l’oblast (la région) de Brest, les Gosudarstvennyi Arkhiv Brestkoi Oblasti (GABO), ont conservé les documents rédigés en 1942 par les fonctionnaires polonais du bureau des statistiques municipales, lesquels consignaient jour après jour, à la demande de l’occupant allemand, par écrit les chiffres de la population vivant à Brest-Litovsk, en distinguant les groupes «ethniques». En date du 15 octobre 1942, le fonctionnaire chargé de consigner ces chiffres note la présence à Brest-Litovsk de 16 934 «Juifs résidents permanents» (stałych mieszkańców) et 959 «Juifs résidents temporaires» (czasowych mieszkańców). Le jour suivant les mêmes chiffres apparaîssent barrés. Finalement le 17 octobre 1942, la colonne des Juifs résidents est laissée vide. 17 893 hommes, femmes et enfants juifs disparaissent ainsi d’un trait de plume197. Un grand nombre des Juifs de Brest-Litovsk, notamment des vieux et des enfants furent abattus dans le ghetto même. Le reste fut transporté en train au centre de mise à mort par balles de Bronna Góra (non loin de Byaroza) où ils furent exécutés par des bataillons de police allemande198. Le bilan un peu plus élevé que mentionne le Lieutenant Ernst Deuerlein dans son rapport du 8 novembre (cité plus haut) vient du fait que dans les semaines qui ont suivi, les Allemands firent la chasse aux survivants des 15 et 16 octobre, alourdissant de quelques centaines de victimes supplémentaires.
Le 12 novembre 1942, le soldat Otto Heid écrit, visiblement secoué, de Minsk à Johann Mueller:
«Ici, c’en est fini des Juifs. Ils ont été assassinés de manière inhumaine. [Nos] héros tuant des femmes et des enfants sans défense. Tout cela est inhumain. Le quartier juif est désert et ressemble à un champ de bataille. Voilà la culture du XXe siècle»199.En fait, les 80 000 Juifs de Minsk furent liquidés en plusieurs grandes opérations (notamment dans des camions à gaz ou dans des fusillades de masse au centre de mise à mort de Maly Trostinets) dont la dernière eut lieu en octobre 1943. On trouve la mention d’au moins l’une d’elle dans le rapport cité plus haut de Wilhelm Kube de fin juillet 1942, peut-être celle qui a marqué Otto Heid200.
Le 14 novembre 1942, le Général Giuseppe Pieche (voir ci-dessus) confirme, dans un rapport envoyé à Rome, son télégramme du 4 novembre. Il y écrit que:
«Expulser [livrer aux Allemands] les Juifs serait équivalent à les condamner à mort»201.
Pendant un mois après les grands massacres de Brest-Litovsk, des 15 et 16 octobre 1942 (mentionnés plus haut dans la lettre du soldat Paul Schneider du 12 novembre) pendant lesquels 16 000 Juifs avaient été assassinés, les survivants sont traqués, rassemblés, exécutés202. Le 21 novembre 1942, le Gefreiter Press écrit de Brest-Litovsk à Anna Press. Il lui fait part de sa vision, nazie, des choses et évoque l’un de ces massacres:
«La guerre va durer probablement deux fois plus longtemps parce que la guerre continue tant qu’un seul Juif reste en vie. On s’en est chargés il y a quatorze jours. 1800 Juifs ont été abattus à Brest-Litovsk même»203.Le même jour, le 21 novembre 1942, le SS Schütze envoie lui aussi une lettre de Brest-Litovsk, à Marta Sutleben. Il écrit:
«Il n’y a plus de Juifs ici. Plus d’hommes, plus de femmes, plus d’enfants — ils sont morts»204.
Curt Prüfer est un personnage intéressant. Né en 1881, il est, en 1942, un diplomate avec une belle carrière derrière lui, commencée comme agent de renseignement au moyen-orient avant et pendant la première guerre mondiale, où il a croisé Lawrence d’Arabie. C’est un homme de l’ancien monde qui s’est toutefois rallié aux nazis, un antisémite convaincu, actif contre les Juifs au sein du Ministère des Affaires étrangères. Il tint longtemps un journal, notamment pendant la guerre. Il le réécrivit en partie après la guerre pour lui donner des couleurs plus modérées205. Cependant l’original nous est parvenu. Compte tenu des fonctions élevées qu’il tint au sein de la diplomatie nazie – il fut ambassadeur d’Allemagne au Brésil au début de la guerre et revient à Berlin à l’automne 1942 où il fut pendant quelques mois le contact de Amin al-Husseini (c’est par Prüfer que transite une célèbre demande de Husseini de bloquer tout départ de Juifs des pays de l’Axe vers la Palestine en mai 1943) – on peut le considérer comme particulièrement bien informé. Ce qu’il apprend en novembre 1942 le choque tellement qu’il le consigne dans son journal en français et en tentant de camoufler, de façon cependant transparente, qu’il parle des Juifs (après la guerre, dans la version remaniée de son journal, il remettra la mention explicite des Juifs). Voici ce qu’il écrit le 22 novembre 1942:
«On m’a raconté ce matin des histoires affreuses sur le traitement des Persans. Ils ont été massacrés, hommes, femmes et enfants en grand nombre par des gaz asphyxiants ou par la mitrailleuse»206.Prüfer écrit ici «Persans» au lieu de «Juifs»… La préoccupation de Prüfer apparaît cependant dans la foulée puisqu’il commente ainsi ces informations: «la haine qui, forcément, doit en surgir, ne sera jamais éteinte». Il ajoute, cette fois-ci en allemand:
«Tous les enfants sont au courant dans les moindres détails»207.Son fils, Olaf Herbert Prüfer, qui cite le premier le journal de son père dans le Spiegel en 1979, apporte lui-même le commentaire suivant:
«J’avais alors douze ans. Chez les Jungvolk et dans les Jeunesses hitlériennes de Baden-Baden, où j’habitais à cette époque, il y avait des expressions complètement banales telles que: “Si tu n’obéis pas, tu iras au camp de concentration et tu seras gazé”»208.
Le Comte Luca Pietromarchi était un haut fonctionnaires fasciste; il adhérait au projet de la conquête italienne de la Méditerranée et en raciste convaincu, il croyait à la supériorité de la «race italienne»209. Responsable, au sein de la diplomatie italienne de l’ensemble des territoires occupés, il était introduit à la fois dans les milieux politiques et économiques, en tant qu’ancien patron de la section guerre économique du ministère des affaires étrangères. Il était particulièrement bien informé et tenait un journal. Le 27 novembre 1942, il y écrit:
«Les Allemands continuent impertubablement à massacrer les Juifs»210.
Courrier de Greiser du 01/05/1942
Le 1er mai 1942, le Statthalter du Reich et Gauleiter en Pologne occidentale du district du Warthegau (une partie de la Pologne annexée au Reich), Arthur Greiser, responsable de la mise en œuvre du centre de mise à mort de Chelmno, écrit à Himmler pour lui proposer le «traitement spécial» des quelques 35 000 tuberculeux recensés dans son Gau, comme mesure sanitaire destinée à protéger les Allemands de souche dans le territoire incorporé211. Les termes de sa demande éclairent le sort réservé aux Juifs:
«L’opération de traitement spécial des cent mille juifs se trouvant sur le territoire de mon district, autorisée par vous en accord avec le chef de la direction de la sécurité du Reich, l’Obergruppenführer SS Heydrich, pourra être achevée d’ici deux à trois mois. Je vous prie de m’autoriser en outre à libérer mon district d’un danger qui, de semaine en semaine, menace de prendre les proportions d’une catastrophe et à utiliser à cet effet le commando spécial disponible déjà engagé à l’occasion de l’opération juive.
Il y a, dans le district, environ deux cent trente mille cas de tuberculose reconnus parmi la population polonaise. Parmi ceux ci, on évalue à trente cinq mille les cas de tuberculose ouverte. […] Si dans le Reich ancien il n’est pas possible d’intervenir contre cette endémie avec les mesures draconiennes qui conviendraient, je crois pouvoir prendre la responsabilité de vous proposer de faire exterminer [ausmerzen] dans le Warthegau les cas de tuberculose ouverte existant dans la population polonaise»212.
Courrier de Himmler du 27/06/1942
Pour résumer, Greiser propose explicitement à Himmler l’assassinat, l’extermination des polonais tuberculeux en utilisant le «commando spécial» (c’est-à-dire le «commando spécial Lange») responsable du «traitement spécial» des Juifs. La réponse positive de Himmler datée du 27 juin 1942 mérite d’être citée dans son intégralité:
«Cher camarade Greiser,
Il m’a malheureusement fallu attendre jusqu’à aujourd’hui pour répondre à votre lettre du 1er mai 1942. Je n’ai rien contre l’idée que dans la région du Reichgau du Wartheland les citoyens protégés ou apatrides de souche polonaises, atteints de toute évidence de tuberculose, dans la mesure où selon le diagnostic médical leur affection est incurable, soient soumis à un traitement spécial tel que vous l’entendez. Je demanderais toutefois que les mesures prises cas par cas soient d’abord très précisément concertées avec la Police de sécurité, de telle sorte que leur mise à exécution soit la plus discrète possible.
Heil Hitler !
Votre H. Himmler»213.Courrier de Hagen du 07/12/1942
Pour Himmler, l’extermination proposée par Greiser et le «traitement spécial» ne font qu’un ; compte tenu de la lettre initiale de Greiser, de la discrétion demandée par Himmler et du fait que ce «traitement» se charge de cas incurables, il est clair que tout cela signifie bien l’assassinat des 35 000 tuberculeux polonais, que le «traitement» des Juifs par le commando Lange consistait à les assassiner. Nous possédons en tout près d’une dizaine de documents constituant la correspondance entre les services de Greiser et ceux de Himmler, tous plus explicites les uns que les autres, sur cette affaire, se terminant finalement par une reculade de Himmler le 3 décembre 1942. Ils sont intégralement en ligne sur PHDN. Ils sont complétés, selon nous, de façon spectaculaire par la lettre de protestation que le responsable de la santé publique de Varsovie, le docteur Wilhelm Hagen, qui ignorait que Himmler était revenu sur son autorisation le 3 décembre, envoya à Hitler le 7 décembre 1942:
«Lors d’une réunion sur la tuberculose le directeur de la Division de la population et de l’aide sociale, l’oberwaltungsrat Weirauch, nous a secrètement informés que, sur 200 000 Polonais qui doivent être réinstallés à l’Est du Gouvernement général pour faire de la place aux cultivateurs allemands travaillant à la défense nationale, un tiers — 70 000 personnes âgées et enfants de moins de dix ans — pourraient être traitées de la même façon que les Juifs, autrement dit qu’on projette ou qu’on envisage de les tuer (es sei beabsichtigt oder werde erwogen… so zu verfahren, wie mit den Juden, das heißt, sie zu töten)»214.Wilhelm Hagen dénonce le projet de traiter les polonais (probablement tuberculeux compte tenu du contexte) de la même façon que les Juifs, leur appliquer le «traitement spécial» dans la terminologie de Himmler et Greiser, que Hagen explicite sans la moindre ambiguité: il s’agit de meurtres. Himmler envisagea, à la suite de la lettre de Hagen, d’envoyer celui-ci en camp de concentration… Il nous faut remarquer que la sollicitude de Wilhelm Hagen ne s’étendait pas aux Juifs215. Nous proposons le fac-similé, la transcription et la traduction complète de la lettre de Wilhelm Hagen sur une autre page.
Le 7 décembre 1942, le soldat S. M. écrit:
«Les Juifs arrivent ici, c’est-à-dire à Auschwitz, à raison de 7 à 8 000 par semaine, puis meurent peu de temps après d’une “mort héroïque”»216.L’ironie antisémite de l’expression «mort héroïque» ne cherche même pas à cacher qu’il s’agit évidemment d’assassinat.
Hans Frank, plus tard surnommé le «boucher de Cracovie», occupait le plus haut poste dans le Gouvernement général (partie occidentale de la Pologne occupée). Il fit une conférence à ses principaux collaborateurs le 9 décembre 1942 et consigna ses propos dans son journal:
«Il est clair que la situation de la main d’œuvre est rendue plus difficile quand, en plein effort de guerre, l’ordre est donné de préparer tous les Juifs à l’anéantissement. La responsabilité de cet ordre ne vient pas du Gouvernement général. La directive concernant l’anéantissement des Juifs émane de sources plus élevées»217.
Auschwitz était à la fois un camp de concentration, vers lequel étaient déportés nombre de Polonais non juifs, et un centre de mise à mort où étaient acheminés des Juifs pour y être, en très grande majorité, directement assassinés sans ni entrer dans le camp ni subir le sort d’esclaves concentrationnaires. Un employé du Bureau central de déplacement de populations de Lodz, le SS-Untersturmführer Heinrich Kinna établit, le 16 décembre 1942, un rapport concernant le sort d’un convoi de Polonais non juifs arrivés à Auschwitz le 10 décembre 1942. Heinrich Kinna écrit:
«En référence au déploiement des aptes au travail, le SS-Hauptsturmführer Haumeier a expliqué que seuls des Polonais [non juifs] aptes doivent être fournis, de façon à éviter autant que possible toute pression inutile sur le camp et la fourniture de nourriture. Les imbéciles, les idiots, les handicapés et les malades doivent être éliminés du camp par liquidation (Liquidation) aussi vite que possible, afin de soulager la pression sur le camp. Cependant cette mesure est rendue plus difficile dans la mesure où, selon les instructions du RSHA [Bureau central de sécurité du Reich sous l’autorité de Himmler], les Polonais doivent mourir naturellement, contrairement aux mesures appliquées aux Juifs»218.Nous fournissons les facsimilés du document original.
Le 14 décembre 1942, Goebbels note dans son journal:
«La race juive a préparé cette guerre, elle est l’instigatrice spirituelle de tout le malheur qui s’est abattu sur le monde. La juiverie doit payer pour ses crimes, comme le Führer l’a prophétisé dans son discours du Reichstag: par l’anéantissement de la race juive en Europe et, si possible, dans le monde entier (Die jüdische Rasse hat diesen Krieg vorbereitet, sie ist der geistige Urheber des ganzen Unglücks, das über die Welt hereingebrochen ist. Das Judentum muß für sein Verbrechen bezahlen, so wie der Führer es damals in seiner Reichstagsrede prophezeit hat: mit der Auslöschung der jüdischen Rasse in Europa und vielleicht in der ganzen Welt)»219.
Max Frauendorfer était membre de la SS, SS-Obersturmbannführer, insigne d’or du parti nazi (Goldenes Parteiabzeichen der NSDAP), directeur (Präsident des Hauptamtes Arbeit) du travail au sein de l’administration du Gouvernement général en Pologne. Il s’agissait d’une des principales divisions administratives de la Pologne occupée220. Il y avait une seule personne au dessus de lui dans l’administration du Gouvernement général, Hans Frank. Max Frauendorfer était donc parfaitement en un lieu et à un poste qui lui permettait de savoir ce qui se passait. Il avait parlé à Ulrich von Hassell, ancien ambassadeur d’Allemagne en Italie, de scènes dont il avait été témoin. Hassell tenait un journal où il a rapporté l’un de ces récits. Le 20 décembre 1942, il note:
«Continuels massacres en masse des Juifs, indescriptibles. Des SS, après l’heure fixée pour le couvre-feu, parcourent le ghetto et tirent à la mitraillette sur tout ce qui se montre, par exemple des enfants qui jouent, qui restent malheureusement un peu trop longtemps dans la rue. Parce que Groscurth, au titre de chef d’état major, a protesté contre l’ordre d’exterminer des milliers d’enfants, il aurait été réprimandé par Reichenau»221.L’«incident» auquel il est fait allusion remonte en fait à plusieurs mois et est bien connu des historiens puisque l’on dispose de tous les documents qui y ont trait (voir plus haut). Il y a certes dans le récit de Frauendorfer une erreur sur l’ordre de grandeur du nombre d’enfants impliqués (quelques dizaines et non quelques milliers), mais absolument pas sur la nature de l’événement décrit: cela confirme le degré de fiabilité des renseignements rapportés à von Hassell par Frauendorfer.
Via son service de renseignement le SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité), la SS exerçait une surveillance serrée de l’opinion publique en Allemagne. Elle constatait ainsi régulièrement l’état de la connaissance que la population pouvait avoir de la politique nazie contre les Juifs. Dans un rapport en date du 23 décembre 1942, le SD de Franconie, région centre-sud de l’allemagne notait:
«À l’heure actuelle, l’une des principales causes de malaise dans les milieux encore attachés à l’Église et dans la population rurale, tient aux nouvelles qui arrivent de Russie et font état de l’exécution et de l’extermination des Juifs (Erschießung und Ausrottung der Juden). Ces informations suscitent souvent dans ces couches de la population de fortes angoisses et de vives inquiétudes. Selon une opinion largement répandue dans la population rurale, il n’est pas du tout certain que nous gagnerons la guerre, et si les Juifs reviennent en Allemagne, leur vengeance contre nous sera terrible»222.Notons que le sentiment qui domine n’est pas la surprise ou l’indignation de la population face à l’extermination des Juifs, mais la peur d’un retour de baton: les Allemands ordinaires savaient à quoi s’en tenir sur la fiabilité des nouvelles qui leur parvenaient et la nature radicale de la politique anti-juive du régime.
La diariste allemand, Karl Dürkefälden, toujours très attentif aux émissions de radio et aux récits que lui font ses différents visiteurs, mentionne dans son journal en décembre 1942 des émissions de radio britanniques où l'extermination des Juifs de Serbie fut mentionnée, ainsi que le fait que la Pologne était devenue «un grand abattoir où la plupart des Juifs sont emmenés». Il ajoute une information, tirée cette fois d’émissions de stations allemandes:
«Selon des informations antérieures provenant de stations de radios allemandes locales, il y a un ordre d’anéantissement de la majorité des Juifs avant la fin de 1942»223.Cette information est intéressante à deux titres. Elle nous paraît être une restitution déformée de la directive bien connue d’Himmler dans son discours aux funérailles de Heydrich du 9 juin 1942, où il avait appelé à en finir avec les Juifs en une année (voir plus haut). Surtout il est remarquable que la propagande nazie ait, de façon répétée, jugé nécessaire d’informer la population de l’entreprise d’extermination des Juifs en cours (dans son principe sinon dans ses modalités), une volonté qui ne pouvait qu’émaner des plus hauts placés des décideurs nazis comme le montre ici ce qui est selon nous une allusion à une directive d’Himmler.
Josef Sommerfeldt, un responsable de l’Institut pour le travail allemand à l’Est, écrit dans une publication en 1943:
«Pour résoudre la question juive, [il n’y a] que deux solutions: l’expulsion ou la destruction physique (nur zwei Möglichkeiten: die Aussiedlung oder die physische Vernichtung)»224.
En 1943, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, Robert Ley, publie un recueil de ses discours et articles depuis 1941. On peut y lire:
«Juda est anéanti en Allemagne et en Europe et sera abattu dans le reste du monde (Juda ist in Deutschland und Europa vernichtet und wird in der übrigen Welt fallen)»225.Le constat que Ley dresse d’une réalisation effective de l’extermination des Juifs en 1943 correspond bien à ce que l’on sait aujourd’hui du rythme de l’assassinat des Juifs d’Europe. Il faut souligner que ce constat est assumé dans un ouvrage destiné à une large diffusion.
Le journal posthume de Karl Dürkefälden, rédigé de 1933 à 1945, fut publié en 1985. Dürkefälden était un ingénieur de Basse-Saxe, très attentif à ne pas défier le régime. Le 17 janvier 1943, Dürkefälden reçoit la visite d’un ancien collègue, soldat stationné à Vilna, qui lui fournit des informations précises sur le sort des Juifs. L’historien Avraham Barkai rapporte:
«Il n’avait aucun contact personnel avec les Juifs et ne s’abstenait pas de recourir à des stéréoptypes du genre “les Juifs sont des voleurs”. Il s’interdisait d’acheter dans les magasins juifs de la ville où il résidait “parce que je ne pense pas qu’il vaille le coup de se mettre en danger à cause des Juifs”. Mais Dürkefälden était obsédé par le fait d’enregistrer la réalité “telle qu’elle était vraiment”. […] En février 1942, Dürkefälden enregistra les premières rumeurs de gazages. Il cita mot pour mot le discours d’Hitler du 24 février 1942, notant la légende Die Juden werden ausgerottet (“Les Juifs sont en train d’être exterminés”) sous laquelle cette partie du discours du Führer avait été imprimée dans le journal nazi local. En janvier 1943 [le 17 janvier], un ancien collègue, venu en permission de Vilna, lui fit part de l’extermination quasi-totale de la communauté juive de cette ville, ainsi que des Juifs envoyés en Pologne depuis la France et depuis d’autres pays européens, qui “étaient pour partie fusillés, pour partie gazés”»226.
Le 2 février 1943, le Comte Luca Pietromarchi, responsable italien des territoires occupés par le régime de Mussolini, notait dans le journal qu’il tenait:
«Malgré toutes les catastrophes qui ont frappé les Allemands, ils continuent d’insister qu’on leur livre les Juifs des territoires que nous [les Italiens] occupons. Cela confirme qu’à la fin de 1943, il n’y aura plus un seul Juif vivant en Europe»227.Le 11 mars 1943, Pietromarchi ajoutait dans son journal qu’il tenait de l’ambassade italienne à Berlin «des détails macabres sur les exécutions de masse des Juifs en territoires occupés [par l’Allemagne]»228.
Le SS-Obersturmbannführer Eduard Strauch dirige fin 1941 l’Einsatzkommando 2 de l’Einsatzgruppe A en Lettonie, à la tête duquel il participe notamment à l’assassinat de plus de dix mille Juifs de Riga dans la forêt de Rumbula. Cela lui vaut d’être promu en décembre 1941 à la tête de la Police de Sécurité de Minsk. L’historien Christian Ingrao le présente ainsi: «Eduard Strauch, juriste du SD, succède à Erich Ehrlinger à la tête du KdS Minsk. Il prend en charge l’extermination de la majeure partie des communautés juives de Biélorussie et joue un rôle prépondérant dans la mise en place de la politique nazie de lutte contre les unités de partisans russes, à l’occasion de laquelle plus de 600 villages russes seront incendiés et leur population massacrée. Strauch pousse par ailleurs des institutions locales — consentantes — à se débarrasser de communautés juives déjà décimées. Il organise ainsi à Maly-Trostinez, dans les environs de Minsk, un camp qui devient une véritable centrale d’extermination des Juifs biélorusses. Au total, Eduard Strauch est sans doute l’un des hommes les plus compromis dans les politiques génocidaires. Il s’attire néanmoins par sa brutalité les plaintes d’une administration civile pourtant boutefeu du massacre229». Début 1943, Eduard Strauch saisit l’occasion d’une opération anti-partisans (nom de code Hornung) pour faire disparaître les derniers Juifs du ghetto de Sloutsk230, petite ville de Biélorussie à cent kilomètres au sud de Minsk. Sloutsk avait déjà été le théâtre d’un premier massacre de masse, près de 6000 Juifs assassinés, les 27 et 28 octobre 1941231, le premier d’une série qui aboutit à ces deux journées de février 1943. L’opération, qui consista en l’assassinat d’au minimum 3000 hommes, femmes et enfants juifs, a lieu les 7 et 8 février 1943232. Elle est soigneusement préparée par Eduard Strauch qui publie le 5 février 1943 un ordre en décrivant le déroulement en détail (planning, rassemblement, gardes, accompagnement, tireurs, fosses). Le SS-Obersturmbannführer Strauch est tellement immergé dans la routine des massacres de masse qu’il est devenu négligent dans l’usage des euphémismes et des formules de camouflage censées dissimuler le caractère meurtrier des opérations qu’il dirige. Voici comment quelques informations explicites sur l’organisation minutieuse de ce qui est désigné comme une opération de «réinstallation» (Umsiedlung) sont présentées:
«Le 8 et le 9 février, le commando local entreprendra la réinstallation [Umsiedlung] des Juifs de la ville de Sloutsk. Prendront part à cette Aktion les officiers énumérés ci-dessous et environ 110 membres de la compagnie de volontaires lettons […]
Site de réinstallation [Umsiedlungsgelände]:
Il y aura 2 fosses sur le site de réinstallation. À chaque fosse travailleront un groupe de 10 gradés et des hommes qui se relaieront toutes les 2 heures. Horaires 8-10h, 10-12h, 12-14h, 14-16h. […]
Fosse 1:
1er groupe [composition du groupe]
2e groupe [composition du groupe] […]Fosse 2:
1er groupe [composition du groupe]
2e groupe [composition du groupe] […]Le SS-Untersturmführer Pierre et 10 Lettons sont responsables de la sécurisation du site de réinstallation.
Le SS-Unterstuf Wiechert sera responsable pour l’acheminement des véhicules pendant les préparatifs à Minsk, pendant le transport à Sloutsk et de superviser le transport des Juifs du ghetto au site de réinstallation. Il sera également responsable de la fourniture des munitions. Le SS Kraft et le Rottwachtmeister Altmann sont responsables de la délivrance des cartouches sur le site de réinstallation. […]
Le transport des Juifs vers le site de réinstallation se fait au moyen de 6 camions, chacun accompagné de 4 Lettons. […]
Participent à l’Action Spéciale [Sonderaktion] tous les gradés et tous les hommes présents, à l’exception des gradés et hommes suivants qui restent à Minsk […]»233.
La teneur de ce document, outre le caractère sobre, détaillé de ce qui s’annonce comme un massacre froid et routinier, fournit de nombreuses informations précieuses: en 1943 se poursuivent les tueries par fusillades. Elles n’ont jamais été remplacées par les gazages de masse. La méthode dépend du lieu et des circonstances. La participation de volontaires lettons est à souligner. Elle est connue depuis longtemps. Strauch insiste pour que chaque membre allemand des forces armées sous son commandement participe à la tuerie. Même si le terme «réinstallation» (Umsiedlung) est martelé, il est ici complètement transparent: on transporte des Juifs près de fosses préalablement creusées, gardées par des hommes armés, et on organise la distribution de munitions pour une Aktion qui nécessite de relever les hommes toutes les deux heures: une fusillade de masse. Non seulement la signification de réinstallation/Umsiedlung est ici pleinement dévoilée, elle est aussi explicitement associée à un autre terme de camouflage nazi, «action spéciale» (Sonderaktion) déclinaison classique de «traitement spécial», d’ailleurs abrégée au début du document en une simple Aktion, qu’on trouve dans de nombreux autres documents nazis pour désigner des opérations d’assassinats de masse ou de transport vers des sites d’assassinats de masse. Le même décodage de «réinstallation» a lieu dans le rapport du Gendarmerie-Gebietsführer du bataillon de Gendarmerie du district de Brest-Litovsk Ernst Deuerlein du 8 novembre 1942, cité plus haut. De nombreux documents ayant trait au processus et aux opérations d’extermination des Juifs sont plus discrets et se limitent aux expressions de camouflage, «Action», «Action spéciale», «réinstallation». Malgré cette discrétion, on sait qu’il faut généralement les comprendre comme ayant trait à des événements devant conduire au meurtre des Juifs.
Le Capitaine Lucio Merci est affecté depuis septembre 1942 au consulat italien de Salonique, en Grèce, comme traducteur et officier de liaison du régime fasciste italien auprès des autorités nazies en Grèce. À ce titre, il participe à toutes les réunions avec les Allemands, notamment avec Dieter Wisliceny, le représentant d’Eichmann, arrivé en février 1943 pour préparer la déportation des Juifs de Salonique vers les centres d’extermination de la Pologne occupée. De mars à mai 1943, 47 000 des 56 000 Juifs de Salonique furent déportés à Auschwitz où 40 000 furent assassinés par gazage dès leur arrivée. Lucio Merci tînt un journal qui nous est parvenu. Le 21 mars 1943 il y note:
«On sait bien que les Juifs de Salonique sont envoyés en Pologne. Là-bas, ceux qui sont physiquement aptes sont mis au travail tandis que le reste est éliminé [eliminati]. Au final, même les physiquement aptes seront éliminés»234.
Giuseppe Bastianini était secrétaire d’état au sein du gouvernement fasciste italien. Gouverneur de la Dalmatie yougoslave à partir de juin 1941, il était personnellement informé des exactions nazies contre les Juifs. Le 18 mars 1943 il rencontre Mussolini. Bastianini a rendu compte de son entrevue dans des mémoires parues après guerre. Mais ce ne sont pas ces mémoires qui nous intéressent. En effet Giuseppe Bastianini a rapporté au Comte Luca Pietromarchi, ce haut dignitaire du régime fasciste italien qui tenait un journal, le déroulement de sa rencontre avec Mussolini et ce qu’il lui a dit. Pietromarchi note dans son journal le 31 mars 1943:
«Il [Bastianini] venait de recevoir de Vidau [Luigi Vidau, chef du “bureau IV” du ministère des affaires étrangères, bureau des “affaires confidentielles”] les dernières nouvelles de Berlin sur les horribles massacres perpétrés contre les Juifs […] [Bastianini dit à Mussolini:] Nous connaissons le sort qui attend les Juifs livrés aux Allemands. Ils sont tous gazés sans distinction, des vieux jusqu’aux femmes et aux bébés (Essi vengono tutti gassati, senza distinzione, di vecchi, donne e bambini)»235.
L’idéologie nazie hiérarchisait les populations européennes. En haut, les Allemands «aryens», en bas les «sous-hommes» (voire les non-humains) juifs, à éliminer. Juste au dessus de ces derniers les Slaves, Polonais, Russes, Ukrainiens, etc. Les «experts» nazis ont beaucoup réfléchi et beaucoup écrit sur ce qu’il fallait faire d’eux, notamment en des temps de guerre où des considérations pragmatiques étaient parfois invoquées. C'est ainsi le prétexte du ravitaillement qui commande une fameuse déclaration de Goering au comte Ciano le 25 novembre 1941, stipulant que «20 à 30 millions de personnes mourront de faim en Russie»236. Toutefois, la vision nazie s’articule d’abord et avant tout autour de son projet d’expansion raciale et d’éviction des peuples non germaniques. Les intellectuels nazis réfléchissent beaucoup à cette question. Ils en font des publications et des conférences. Au sein du Reichsicherheithauptamt (RSHA, Office centrale de sécurité du Reich) de Himmler, le bureau Amt IIIB est chargé des questions de nationalité, de relations interethniques, de santé publique et de politique raciale. Son directeur, le SS-Standartenführer Hans Ehlich, prononce à Salzbourg le 11 décembre 1942 une conférence sur le «traitement des peuples étrangers». Parmi les quatres modalités de «traitement» envisagées comme pouvant être menées de front, selon le contexte et les caractéristiques des populations considérées, Hans Ehlich identifie clairement et explicitement, sans état d’âme, «l’anéantissement physique» (physische Vernichtung), comme solution pour les «ethnies indésirables»237. Localement, un tel scénario fera partie des hypothèses exposées au fil des mois, dans des rapports très élaborés rédigés par les experts nazis. Ces rapports nous renseignent parfois à la marge, mais sans ambiguïté, sur le sort «naturellement» réservé aux Juifs. En mars 1943 (la conférence de Hans Ehlich fait l’objet d’une publication officielle interne au RSHA à la fin du même mois), le Dr Friedrich Gollert, assistant personnel du gouverneur du district de Varsovie, rédige un mémorandum décrivant les «solutions» envisageables pour les 15 millions de Polonais du Gouvernement Général (une partie de la Pologne occupée, destinée dans la géographie nazie à être incorporée au «Grand Reich»). Plusieurs solutions sont proposées. La première, immédiatement rejetée, consistait à incorporer les 15 millions de Polonais au Reich. La seconde est radicale:
«[Elle] consisterait à exterminer [ausmerzen] ces 15 millions par un remède radical. Cette solution doit elle aussi être rejetée. Sans doute peut-on justifier devant l’Histoire de prendre, pour des motifs biologiques, ce type de mesures radicales comme cela s’est avéré nécessaire, par exemple, pour la Juiverie. Mais éliminer [beseitigen] sans autre forme de procès un peuple étranger de 15 millions de personnes de cette manière est indigne d’un peuple civilisé»238.Le soulignement figure dans l’original. In fine, Gollert propose d’exterminer «seulement» 2 à 3 millions de Polonais absolument inutiles239. Les propos de Friedrich Gollert sont remarquables: ils désignent clairement le traitement (que Gollert refuse d’appliquer collectivement aux Polonais) appliqué aux Juifs et comme allant de soi, l’assassinat collectif et global. Le caractère «évident» de cette extermination était déjà évoqué, dans un contexte analogue par Wilhelm Hagen, le 7 décembre 1942, cité plus haut, et plus encore dans la lettre du Dr. Ehard Wetzel du 27 avril 1942, citée plus haut.
Les idées que Friedrich Gollert exprime sont en fait discutées depuis plusieurs semaines dans l’administration nazie du Gouvernement Général, au point que les Polonais eux-mêmes ont vent, de façon très précise, des hypothèses funestes qui y sont formulées. Fritz Prause, représentant du ministère de la propagande de Goebbels dans le Gouvernement Général rédige le 15 février 1943 un rapport qu’il transmet à Berlin. On y lit que dans la population polonaise:
«[…] circule la rumeur d’un prétendu plan destiné à diviser la population polonaise en trois classes […] La troisième classe est vouée à l’extermination (vernichtung)»240.Il est remarquable de constater à quel point cette «rumeur» est précise et conforme au plan formalisé peu après par Gollert. Le rapport constatait ensuite que les tracts polonais qui reprenaient ces informations en tiraient la conséquence d’un appel à la résistance puisqu’«ils n’ont rien à perdre». Par ailleurs, on a des exemples concrets de la nature de l’inquiétude des Polonais. Une Polonaise, Anna Lassota qui entretenait une relation avec l’Obergefreiter Rudolf, lui avait écrit le 10 novembre 1942 pour lui demander «s’il était vrai que les Allemands planifiaient d’agir avec les Polonais comme avec les Juifs». Elle le pressait de répondre parce que, «dans ce cas, elle ne se laisserait pas mettre à mort de cette façon et s’achèterait du poison»241.
Deutscher Wochendienst 05/02/1943 p. 4, zoom
Chaque jour, le SS-Obergruppenführer Otto Dietrich, responsable de la presse du IIIe Reich, voyait Hitler avec lequel il mettait au point les directives confidentielles transmises à tous les organes de presse publiés en Allemagne et dans les pays occupés. Par son entremise Hitler contrôlait directement le ton et le contenu de la presse du régime nazi. Les directives à la presse étaient toujours accompagnées de gloses destinées à orienter les rédacteurs. La première moitié de l’année 1943 connaît une inflation d’instructions anti-juives extrêmement virulentes. Ainsi, celles du 5 février 1943 incitent à diffuser l’accusation délirante — et habituelle — attribuant aux Juifs une volonté d’extermination des Allemands:
«Insister sur ce point: si nous perdions cette guerre, nous ne tomberions pas aux mains de n’importe quel autre État, mais nous serions tous anéantis par la Juiverie mondiale — La Juiverie est fermement résolue à exterminer tous les Allemands — Le droit et les coutumes internationales ne sont d’aucune protection contre la volonté des Juifs de nous anéantir totalement»242.Zeitschriften-Dienst 02/04/1943 p. 2, zoom
Ce genre de propagande était évidemment destinée à justifier l’extermination des Juifs auprès de la population. Cela fut d’ailleurs souvent exprimé très explicitement. Ainsi, dans une directive intitulée «Les Juifs sont des criminels», du 2 avril 1943, parmi les explications fournies, on pouvait lire:
«Les Juifs sont des criminels […] il convient de souligner que chez les Juifs, il n’y a pas de criminels individuels, comme c’est le cas dans d’autres peuples, mais que la Juiverie tout entière a des racines criminelles et est criminelle par nature. Les Juifs ne sont pas un peuple comme les autres, mais ils sont les porteurs d’une criminalité héréditaire regroupés en un peuple fictif. Les criminels de tous les pays parlent un langage technique dont les principales composantes sont l’Hébreu. L’anéantissement des Juifs n’est pas une perte pour l’humanité, mais est aussi utile aux peuples de la terre que la peine de mort […] pour les criminels»243.
1re page de l’intervention de Strauch (pdf complet en lien)
Des 8 au 10 avril 1943 se tient à Minsk une réunion des Gebeitskommissars du Generalkommissariat de Biélorussie. Le SS-Obersturmbannführer Eduard Strauch y fait une une longue intervention qui fait l’objet d’une transcription officielle. Parmi les nombreux points qu’il y aborde figure les difficultés rencontrées pour se débarasser des Juifs du Generalkommissariat, mais Strauch se montre tout de même satisfait:
«La question juive a déjà été traitée. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Lorsque l’administration civile est arrivée, elle a trouvé des entreprises créées par la Wehrmacht avec des Juifs. Alors que les Biélorusses voulaient tuer les Juifs, la Wehrmacht les a promus. C’est ainsi que les Juifs sont parvenus à des postes clés, et il est difficile aujourd’hui de les éliminer complètement car les entreprises seraient paralysées du jour au lendemain, et nous ne pouvons pas nous le permettre. Je pense que nous pouvons cependant être rassurés car, alors qu’il y avait environ 150 000 Juifs, 130 000 ont disparu. Nous en avons encore environ 22 000 dans le Commissariat général [de Biélorussie] […] Je vous demande au moins de faire en sorte de faire disparaître le Juif là où il est superflu. Il est incompréhensible qu’il y ait des femmes de ménage juives, des standardistes juives, etc., ni que tant de cireurs de bottes soient nécessaires. Ils sont superflus et doivent donc disparaître. Nous pouvons bien nous débrouiller sans les Juifs. Nous allons réduire ce nombre de moitié sans rencontrer de difficultés économiques.»244.On a vu plus haut, ce que Eduard Strauch entendait par «faire disparaître» les Juifs «superflus» (voir ses directives du 5 février 1943 pour organiser le meurtre des Juifs de Sloutsk). C’est bien du massacre de masse de 130 000 Juifs dont le SS-Obersturmbannführer Strauch se félicite et de l’assassinat à venir de 22 000 qu’il est ici question.
Le 24 avril 1943, Himmler s’exprimait devant des SS et leur tenait le discours suivant:
«Il en va de l’antisémitisme comme de l’épouillage. éliminer les poux ne relève pas d’une conception du monde. C’est une question de propreté. De la même manière exactement, l’antisémitisme n’a pas été pour nous une question de conception du monde, mais une question de propreté qui sera bientôt réglée. Nous n’aurons bientôt plus de poux»245.
Le 24 février 1943 l’Institut d’Étude des Questions Juives et Ethnoraciales (IEQJER) succède à l’Institut d’Étude des Questions Juives. Son objectif est «l’étude des questions se rapportant aux races et aux peuples et en particulier, dans différents domaines du champ d’activité des personnes appartenant au peuple de race juive en France et dans le monde». Sa direction est confiée à l’anthropologue raciste George Montandon, responsable d’un cours sur «l’ethnoraciologie judaïque et sur la génétique et l’eugénique»246. La formation scientifique de Montandon lui sert depuis les années 1930 à diffuser un antisémitisme biologique virulent contre les Juifs, qu’il désigne comme «ethnie putain». Il est associé depuis 1941 aux milieux collaborationnistes pro-nazis en contribuant aux discours «scientifiques» antisémites et se fait payer pour faire passer des «examens» anthropométriques où il décide de la «judéité» des personnes examinées, envoyées à la mort en cas de réponse «positive» de Mondandon. Le cours introductif de Montandon, lors de l’inauguration de l’IEQJER en mars 1943 est publié en mai 1943. Montandon énumère les solutions pour «résoudre» le «problème» juif, assimilation, ségrégation, émancipation, qui ont selon lui, toutes échoué. Restent deux solutions, dont il exclue la première (rassembler tous les Juifs en un seul lieu) et ne retient, in fine, que la seconde, l’extermination totale, selon ces termes:
«Quelle est, pour nous autres, la solution normale appliquée au problème que pose d’une bande de gangsters [les Juifs]? Une seule: extirpation. Vous vous rendez donc compte que la conception sociale que nous avons envisagée de la communauté juive légitimerait par avance toutes les mesures, allant jusqu’à la mort du troupeau, qui auraient pour but d’assurer l’élimination totale de l’association filoutaire de nos pays d’Occident»247.Le commentaire que fait Pierre-André Taguieff de cette sortie nous semble tout à fait pertinent: «Montandon présente le projet génocidaire qu’il envisage, à savoir la “mort du troupeau”, comme une application justifiée de la peine mort à tout un peuple en raison de sa nature intrinséquement criminelle, parasitaire et prédatrice. La mise à mort constituerait selon lui la conclusion logique de son analyse du peuple juif comme “association de filous”. Il est difficile, compte tenu de la collaboration étroite de Montandon avec les spécialistes nazis de la “question juive”, de ne pas voir dans cet appel un écho, en même temps qu’une légitimation du processus génocidaire alors en cours»248.
L’ambassadeur italien à Berlin, Dino Alfieri, envoya le 3 mai 1943 un message à son gouvernement. Ciano et Mussolini en eurent connaissance. Ce message comprenait notamment ceci:
«Concernant les sort [des Juifs allemands déportés], comme celui des Juifs polonais, russes, hollandais et même français, il n’y a guère de doute possible… Même les SS parlent d’exécutions en masse… Une personne qui se trouvait là-bas a raconté avec horreur certaines scènes d’exécutions à la mitrailleuse de femmes et d’enfants nus alignés au bord d’une fosse commune. Pour ce qui est des tortures en tout genre, je me contenterai de l’histoire rapportée à mon collègue par un SS qui confia avoir balancé des bébés de six mois contre un mur, les fracassant, histoire de donner un exemple à ses hommes, las et ébranlés après une éxécution particulièrement horrible à cause du nombre de victimes»249.
Le 3 mai 1943, Robert Ley, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, fait un discours devant plus de sept mille travailleurs de l’industrie de l’armement à Berlin, retransmis à la radio ainsi que par haut-parleurs dans de nombreuses usines. Ce discours décline les motifs antisémites habituels, faisant des Juifs à la fois les capitalistes et les bolcheviques paradigmatiques, prêts à exterminer les Allemands. Il déclare :
«Mais nous voulons dire – que les Juifs et les capitalistes et les bolcheviques l’entendent bien – nous voulons que les Juifs soient exterminés et les Juifs seront exterminés, nous le savons (applaudissement prolongés). Nous jurons que nous ne cesserons le combat que lorsque le dernier Juif en Europe aura été anéanti, sera mort (applaudissements prolongés)»250.
Le 7 mai 1943, Hitler fait un discours devant de hauts responsables du parti nazi, des Reichsleiter et des Gauleiter. Herbert Backe, secrétaire d’état à l’approvisionnement, à peine revenu d’un voyage en Italie, assiste à ce discours. Il prend des notes, sur les papiers même de son voyage, dont une partie sur un menu italien, pendant le discours d’Hitler et rapporte les paroles de celui-ci sur les Juifs. Herbert Backe cite Hitler qui déclare:
«Les Juifs doivent être exterminés en Europe. Il faut abattre tout ce qui s’y oppose. […] Pour les Juifs, pas de pitié. […] Pas d’excuse pour ceux qui ne se défendent pas contre les Juifs»251.
Le 9 mai 1943, Goebbels publie dans son hebdomadaire Das Reich un éditorial intitulé «La Guerre et les Juifs». Il y déclare:
«Cette guerre est une guerre de la race juive et des peuples qui la soutiennent contre l’humanité aryenne […] Cette guerre est une guerre raciale. Elle a été déclenchée, et est menée dans son intérêt et conformément à ses plans par la Juiverie, qui n’a d’autre objectif que l’anéantissement et l’extermination de notre peuple. Car nous sommes le seul obstacle qui se dresse face à la Juiverie sur la voie de la domination mondiale […] Aucune parole prophétique du Führer ne s’est réalisée aussi inexorablement […] que celle annonçant que si la Juiverie parvenait à provoquer une deuxième guerre mondiale, celle-ci n’entraînerait pas l’annihilation de l’humanité aryenne, mais l’anéantissement de la race juive. […] Nous sommes confrontés à un problème mondial de premier ordre qui peut être résolu par la génération actuelle, et qui doit l’être […] Quand ils [les Juifs] ont conçu leur plan d’anéantissement total contre le peuple allemand, ils ont signé leur propre arrêt de mort»252.
En mai 1943, Goebbels eut un long entretien avec Hitler sur la «question juive». Une des discussions les plus intéressantes que Goebbels eût jamais avec Hitler sur le sujet. Il n’est d’ailleurs pas exclu que cette entrevue ait eu lieu avant le 9 mai tant les termes de l’article précédemment cité collent aux propos d’Hitler. Goebbels a rapporté cette conversation dans son journal le 13 mai 1943. Ils parlèrent des Protocoles des Sages de Sion, ce faux antisémite prétendant exposer un complot juif de domination mondiale. Hitler était convaincu de leur «authenticité absolue»253. Pour Hitler, rapporte Goebbels, les Juifs suivaient non un programme fixe, mais leur «instinct racial». Ils étaient partout les mêmes, des ghettos de l’Est «aux banques somptueuses de la City ou de Wall Street». A la question pourquoi y avait-il des Juifs, Hitler répondait qu’on pouvait aussi bien se demander pourquoi il y avait des doryphores. Goebbels rapporte les propos de Hitler:
«La nature est régie par la loi de la lutte. Il y aura toujours des formes d’existence parasitaires pour accélérer le combat et intensifier le processus de sélection entre les forts et les faibles. […] Dans la nature, la vie travaille toujours immédiatement contre les parasites; dans l’existence des peuples ce n’est pas exclusivement le cas. De là vient le danger juif. Les peuples modernes n’ont donc d’autre solution que d’exterminer les Juifs (Es bleibt also den modernen Völkern nichts anderes übrig, als die Juden auszurotten)»254.La vision à la fois sanitaire et paranoïaque, radicale, qu’exprime ici Hitler n’est pas du tout une particularité du chef nazi. Il s’agit d’une conception du monde et d’un discours formalisés et officiellement répandus par l’appareil nazi pour justifier explicitement l’extermination des Juifs comme nous le montrons sur une autre page de PHDN.
La suite immédiate de ce passage du journal de Goebbels est également intéressante car, au registre sanitaire, Hitler ajoute, pour justifier l’extermination des Juifs, un argument racialo-politique de dimension quasi cosmique et surtout se permet une inversion assez spectaculaire: alors que c’est la guerre qui lui offre l’occasion d’exterminer les Juifs, Hitler prétend que «les Juifs» se défendent de l’extermination par la guerre (lors même, évidemment, que «les Juifs» ne sont nullement un groupe constitué ayant le moindre poids ou rôle significatif dans le conflit en cours et que c’est bien Hitler qui a voulu et provoqué la guerre). Goebbels continue donc de rapporter les propos de son Führer:
«Ils [les Juifs] luttent par tous les moyens contre ce processus d’anéantissement en cours. Un de ces moyens est la guerre. Nous devons donc comprendre que dans ce conflit entre l’humanité aryenne et la race juive, nous devons encore mener des batailles très difficiles […] le Führer pense que la Juiverie a souvent été au bord de la domination absolue du monde. Mais à chaque fois qu’elle était proche de son but, elle a connu un échec qui l’a ramenée au point de départ de sa vie raciale la plus primitive. […] Il est presque incompréhensible que leurs déboires n’assagissent pas les Juifs […] Il n’y a donc aucun espoir de ramener les Juifs dans le cercle de l’humanité civilisée au moyen d’un châtiment extraordinaire. Ils resteront juifs pour toujours, tout comme nous sommes éternellement membres de l’humanité aryenne. […] Les peuples, qui ont le mieux compris le Juif et sont le plus susceptibles de le combattre, prendront sa place comme maître du monde»255.Ces propos sont remarquables: aux yeux délirants d’Hitler, il y a une guerre pour la domination du monde entre Juifs et Aryens, les seconds (évidemment incarnés par les nazis) visant cette domination de façon explicite. Goebbels répète également le credo explicite d’Hitler en une nature malfaisante juive que rien ne peut modifier, pas même «un châtiment extraordinaire», d’où la nécessité d’exterminer les Juifs, seule mesure allant au delà d’«un châtiment extraordinaire». Ces propos ne souffrent aucune ambiguité et exposent clairement la «logique» antisémite hitlérienne de l’extermination, sanitaire, raciale, politique.
L’historien de l’art Udo von Alvensleben, vétéran de la Première Guerre mondiale, est de nouveau soldat durant la Seconde et se trouve sur plusieurs théâtres du conflit, de la France à la Russie en passant par la Pologne et les Balkans. Il tient un journal qu’il publie après la guerre. Fin avril 1943 il est affecté pour trois semaines à Posen. Le 11 mai il y fait la connaissance du SS-Standartenführer Professor Hans Holfelder, chirurgien, professeur de médecine à l’Université de Médecine de Francfort, expert reconnu de radiologie, nazi historique proche de Himmler, affecté à l’Université de Posen depuis janvier 1942. Lors d’un cours de radiologie en 1936, Hans Holfelder présentait les Juifs comme des tumeurs cancéreuses, et les rayons X chargés de les détruire avaient les traits de sections d’assault nazies256. Lors d’un projet approuvé par Himmler de stérilisation des hommes juifs aux rayons X, il devait être l’expert chargé d’effectuer les expériences257. Holfelder Il était également spécialiste du diagnostic de la Tuberculose par rayons X. À ce titre, il avait été impliqué, en 1942, dans le projet d’identification et d’assassinat de plusieurs dizaines de milliers de Polonais atteints de Tuberculose incurable258. Holfelder est, par ses amitiés, son idéologie, sa pratique, au cœur des crimes nazis. Le 13 mai 1943, Udo von Alvensleben passe la soirée avec Hans Holfelder et rapporte le jour même dans son journal les propos de ce dernier:
«[Hollfelder] défend l’extermination des Juifs avec une extrême virulence et trouve plus humain de tuer même les enfants que de les laisser vivre en tant que Juifs. Il y a chez lui, dans sa conversation, dont je prends le contre-pied avec précaution, comme un fanatisme cruel»259.On peut relever que le fait de l’extermination des Juifs est mentionné sans autre commentaire, comme une donnée évidente pour les deux interlocuteurs. Relevons également la stricte équivalence ici entre tuer (töten, les enfants) et exterminer/extermination (ausrotten/ausrottung, les Juifs).
Note de von Thadden du 15/05/1943
Eberhard von Thadden, successeur de Rademacher au bureau D III (affaires juives) du ministère des affaires étrangères, consigne le 15 mai 1943, dans une note, l’«incident» qui se produisit à l’occasion d’une visite d’un groupe de fascistes italiens à Minsk, auprès du Generalkommissar Wihlelm Kube. Kube leur montra une église transformée en dépôt…:
«Les Italiens demandèrent ce que c’était que les petits paquets et les malles qui étaient entassés dans l’église. Kube répondit que c’était tout ce qui restait des juifs qui avaient été déportés à Minsk. Puis il leur montra une chambre à gaz (eine Gaskammer) dans laquelle il dit que des juifs avaient été mis à mort. Les fascistes furent très profondément bouleversés»260.Dans la mesure où il n’y eut jamais de chambre à gaz en dur à Minsk, il s’agit très probablement d’un camion à gaz dont l’utilisation est attestée au camp (et centre de mise à mort) de Maly Trostenets, non loin de Minsk.
Ulrich von Hassell, longtemps ambassadeur d’Allemagne en Italie, et l’un des participants à l’attentat de juillet 1944 contre Hitler, écrit dans son journal le 15 mai 1943 à Ebenhausen:
«Rapports bouleversants sur la Pologne de la part du bon Frauendorfer. Pendant que Frank proclame publiquement qu’on va donner aux Polonais une vie digne d’êtres humains libres et qu’on cherche — en vain — à détourner l’attention du monde avec les massacres des Soviétiques à Katyn, la SS continue de se comporter en Pologne d’une façon honteuse qui dépasse l’imagination. D’innombrables juifs, en tout cas des centaines de milliers, sont gazés dans des salles spécialement construites à cet effet [Unzählige Juden werden in besonders dazu gebauten Hallen vergast]. Mais en outre, l’intelligentsia polonaise est toujours systématiquement décimée. Frauendorfer et son ami Berthold, hors d’état de continuer à apporter leur collaboration au Gouvernement général, se sont engagés comme simples soldats. Alors que Frank déclare trouver cela très compréhensible, et leur recommandait seulement de s’engager dans l’armée, non dans la SS, la SS a demandé officiellement et par écrit à Frauendorfer pourquoi il s’était engagé dans l’armée, alors qu’il était SS et lui a annoncé les sanctions les plus dures. Pendant ce temps, les malheureux survivants juifs du ghetto de Varsovie sont passés à la lutte armée, ce qui a entraîné de violents combats dont l’issue probable est leur extermination totale par les SS [völliger Ausrottung durch die SS]. Hitler a fait de l’Allemand une bête sauvage exécrée dans le monde entier»261.Fiedrich-Joseph Berthold, avocat, était détaché à l’administration du Gouvernement général de Pologne. Rappelons surtout que Max Frauendorfer était un membre éminent de la SS et occupait un poste très important dans l’administration du Gouvernment général. Il était donc parfaitement en position de savoir ce qui se déroulait. Hassell ne pouvait espérer de meilleur témoin…
Johann von Leers est l’un des principaux agitateurs antisémites du IIIe Reich. C’est un proche collaborateur de Goebbels, spécialisé dans les accusations les plus délirantes contre les Juifs (notamment le vieux topos du crime rituel) qui appelait à leur extermination avant la guerre. Les 16 et 17 mai 1943 paraît sous sa plume, dans plusieurs journaux, un article très violent intitulé «C’est la faute au Juif». Sous ce titre, dans le journal Der Führer (publié dans le Gau de Bade) du 17 mai 1943, on peut lire:
«La question juive [est devenue] la question centrale pour notre peuple. Il y a aujourd’hui pas mal de gens qui se plaignent que nous exterminons les Juifs d’Europe — ils devraient d’abord se plaindre de la misère sans nom dans laquelle les Juifs ont plongé notre peuple et toute l’Europe avec l’effondrement de 1918. Oui, mais les méthodes? Celui qui parle de méthode se trompe toujours. Ce qui compte, c’est le résultat. Pour le médecin, le résultat doit être l’élimination totale du choléra. Pour notre peuple, le résultat doit être l’élimination totale des Juifs. Ce combat se déroule sur le fil du rasoir. Entre nous et les Juifs, c’est qui survivra à qui. Si les Juifs l’emportent, notre peuple tout entier sera massacré comme l’ont été les officiers polonais dans la forêt de Katyn — et si nous voulons priver les Juifs de la possibilité de concocter une autre guerre après cette guerre, puis une autre, et encore d’autres guerres et d’autres révolutions, toutes dirigées contre nous et n’ayant pour but que d’accomplir la vengeance juive contre nous — alors nous ne devons pas permettre à la Juiverie d’exister en notre sein. Ces choses sont peut-être épouvantables, mais elles sont inévitables. Nous n’avons pas choisi l’époque à laquelle nous vivons, mais nous sommes dos au mur. La Juiverie, que nous avons toujours bien traitée jusqu’à la [première] guerre mondiale, […] nous a assassinés d’un coup de poignard dans le dos. Et elle revient à la charge pour nous assassiner encore. C’est elle qui nous hait — et il ne faut pas s'étonner que, face à sa soif de meurtre, nous soyons en état de légitime défense. C’est la Juiverie qui l’a voulue.»262.Le philologue allemand juif Victor Klemperer, marié à une Allemande non juive et resté à Dresde, tient un journal pendant toute la durée de la guerre. Il a remarqué et restitué le contenu de cet article spectaculaire d’après la version qui paraît le 25 mai dans le journal de Dresde le Freiheitskampf. Il en note, le 29 mai 1943, les traits les plus saillants, notamment le constat fait par Leers: «nous exterminons les Juifs d’Europe»263.
Cet article, publié dans plusieurs journaux, et donc fruit d’une probable commande, est remarquable à plusieurs titres. Von Leers écrit noir sur blanc, et fait publier comme une chose naturelle, connue de tous (ce qu’il énonce explicitement) que les nazis sont en train d’exterminer les Juifs en Europe. Il n’y a donc aucun secret sur le «quoi»: les Juifs sont assasinés en masse (demeure évidemment le secret sur le «comment», à savoir les modalités et méthodes de ce massacre de masse). Qui plus est, on en fait la publicité pour en partager la connaissance avec le plus grand nombre en même temps que l’extermination est justifiée par les procédés habituels de projection (aussi paranoïaque que mensongère) sur les Juifs de ce que les nazis leur réservent. La rhétorique sanitaire souligne le caractère radical (et «biologique») de l’élimination entreprise. Il s’agit bien d’exterminer, de faire disparaître en masse. La description de ce que les Juifs ont fait (le coup de poignard dans le dos), font ou feraient (le massacre de Katyn ou de nouveaux massacres) justifie la mise à mort des Juifs «préventive» (la «légitime défense»). Leers le dit: c’est un combat à mort qui justifie tout, même les méthodes les plus épouvantables. On ne peut être plus clair: non seulement Leers confirme ici les rumeurs ou la connaissance du lectorat allemand de l’extermination des Juifs, mais il la justifie comme politique légitime de survie du peuple allemand.
Un dernier point doit être mentionné: Johann von Leers connaît une riche carrière après la Seconde Guerre mondiale. Il se réfugie d’abord dans l’Argentine de Perón, où il dirige un mensuel nazi distribué dans le monde entier, Der Weg, qui publie les premiers articles négationnistes en Allemand (dans les années 1950), alors même que Leers, on le voit ici est parfaitement au fait de l’extermination des Juifs. Puis il fuit dans l’Égypte de Nasser où il rejoint d’autres anciens nazis, s’y convertit à l’Islam sous le nom de Omar Amin von Leers. Il devient proche de l’ancien Mufti, Amine al-Husseini, et dirige chez Nasser la propagande antisémite tout en inspirant un négationnisme d’État. Il entretient également une correspondance avec le fasciste et négationniste français Maurice Bardèche ainsi qu’avec le négationniste Paul Rassinier qu’il fournit tous deux en matériels négationnistes, repris, traduits, plagiés par ces deux pionniers du négationnisme français.
Erich Koch, Gauleiter de Prusse orientale et Reichskommissar d’Ukraine s’exprime le 18 mai 1943 dans la presse de façon parfaitement claire:
«Ou bien le Juif international l’emporte, et alors l’Allemagne meurt. Ou bien nous croyons qu’Adolf Hitler l’emportera et que le Juif international mourra, parce qu’il doit mourir! […] Si nous faisons notre devoir avec loyauté et obéissance, alors à la fin le bien vaincra le mal, Adolf Hitler vaincra les Juifs internationaux»264.
Le soulèvement du ghetto de Varsovie (19 avril-16 mai 1943) fut le geste désespéré des derniers Juifs du ghetto que les nazis s’apprêtaient à liquider. Le responsable de l’écrasement de ce soulèvement, le SS-Brigadeführer und Generalmajor der Polizei Jürgen Stroop s’est complu à compiler les télégrammes échangés à cette occasion dans un très long rapport. Entre autres détails il fournit des informations très précises sur ce que signifie le transport vers Treblinka. Il notait par exemple le 25 avril 1943:
«La liquidation immédiate [des Juifs capturés] n’a pas pu être menée à bien à cause de la tombée de la nuit. Je vais essayer d’obtenir pour demain un train pour T II [Treblinka], sans quoi la liquidation aura lieu demain (Die sofortige Liquidierung wurde wegen Eintritt der Dunkelheit nicht mehr durchgefuhrt. Ich werde versuchen, fur morgen einen Zug nach T II zu erhalten, andernfalls die Liquidierung morgen durchgefuhrt wird)»265.Fac-similé en ligne. Ce premier extrait est très clair: l’alternative à la liquidation (des Juifs) impossible du soir, c’est un transport vers Treblinka, lequel, s’il ne peut avoir lieu, sera remplacé par une liquidation. Comme quoi la déportation à Treblinka est implacablement synonyme d’assassinat. Le SS-Brigadeführer Jürgen Stroop est de nouveau très clair dans ses remarques de conclusion du 24 mai 1943:
«Sur un total de 56 065 Juifs sur lesquels on a pu mettre la main, environ 7 000 ont été anéantis dans l’ancien ghetto au cours de l’opération principale. 6 929 Juifs ont été anéantis par transport vers T II [Treblinka], de sorte que, en tout 13 929 Juifs ont été anéantis. En plus de ces 56 065, environ 5 000 à 6 000 Juifs sont morts dans des explosions ou des incendies. (Von dem 56 065 insgesamt erfaßten Juden sind ca. 7 000 im Zuge der Großaktion im ehem. jüd. Wohnbezirk selbst vernichtet. Durch Transport nach T. II wurden 6 929 Juden vernichtet, so daß insges. 13 929 Juden vernichtet wurden. Über die Zahl 56 065 hinaus sind schätzungsweise 5 - 6 000 Juden bei Sprengungen und durch Feuer vernichtet worden)»266.Fac-similé en ligne. Là encore, le transfert vers Treblinka signifie que les Juifs sont «vernichtet» (du verbe vernichten, anéantir, exterminer), c’est-à-dire anéantis, comme 7 000 l’ont été («vernichtet», en l’occurrence très probablement abattus) dans le ghetto même et comme 5 à 6 000 Juifs l’ont été dans des explosions et dans des incendies, morts violentes désignées par le même terme, «vernichtet» qui signifie toujours, tant dans le langage courant que dans le vocabulaire nazi, la mise à mort. Une seconde fois, sous la plume du SS-Brigadeführer Jürgen Stroop, le transport vers Treblinka signifie clairement une mise à mort.
Le 24 mai 1943, le Tribunal des SS et de la Police de Munich rendait son jugement, secret, contre le SS-Untersturmführer Max Täubner. Celui-ci s’était permis d’exécuter des Juifs sans permission. Le verdict stipule bien que le fait d’assassiner des Juifs n’est pas un problème. C’est le manque de discipline qui posait problème. Voici un passage de ce verdict:
«L’accusé ne peut être sanctionné à cause d’opérations juives en tant que telles. Les Juifs doivent être exterminés et un Juif tué n’est jamais une perte. Même si l’accusé aurait dû savoir que l’extermination des Juifs relève de la mission de certains commandos affectés à ces tâches, le fait qu’il ait considéré qu’il était de sa compétence de participer à l’extermination de Juifs plaide en sa faveur»267.De longs extraits de la procédure secrète contre Max Täubner, ainsi que des témoignages de ses hommes, sont en ligne sur phdn…
Le Dr Hans-Joachim Kausch, attaché au ministère de la propagande de Goebbels, parcourt l’Ukraine et la Crimée du 3 au 22 juin 1943. à son retour, il rédige un rapport confidentiel, daté du 26 juin 1943. Sur les vingt pages que comptent ce rapport, seul un bref passage concerne les Juifs. Il est glaçant:
«Quant à la question juive, nous avons recueilli des déclarations dénuées de toute ambiguïté. Sur les 16 millions d’habitants que comptait le territoire de l’administration civile ukrainienne, il y avait 1,1 million de Juifs. Ils ont été totalement liquidés (Sie sind restlos liquidiert). Concrètement, durant tout notre voyage, nous n’avons vu que quatre Juifs. Ils travaillaient comme tailleurs dans un camp de la SD. Les Juifs artisans furent le dernier groupe à être liquidé»268.Hans-Joachim Kausch qui s’est entretenu avec un haut fonctionnaire du commissariat du Reich a consigné dans son rapport les paroles de ce haut fonctionnaire, résumant de façon brutale le passage que nous venons de citer:
«Les Juifs ont été exterminés comme des punaises»269.
Pages 1 et 2 du rapport de Strauch du 20/07/1943
Un long conflit oppose le SS-Obersturmbannführer Eduard Strauch, chef du KdS de Minsk (voir plus haut), de fin 1941 et 1943 à Wilhelm Kube, chef de l’administration civile de Minsk, nazi tout à fait convaincu de la nécessité de l’extermination des Juifs — il félicite Strauch de l’assassinat de cinquante cinq mille Juifs dans un courrier de juillet 1942 — mais qui tentait de préserver ceux qui lui étaient (encore) utiles de la voracité exterminatrice de Strauch270. Le 20 juillet 1943, Strauch fait arrêter et assassiner soixante-dix Juifs qui travaillaient au sein de l’administration de Wilhelm Kube. Ce dernier le convoque le jour même et lui passe un savon, lui reprochant vertement d’outrepasser ses compétences, se jugeant personnellement insulté, en des termes que Strauch décide de rapporter immédiatement à sa hiérarchie:
«Le mardi 20 juillet 1943, conformément aux ordres, j’ai arrêté et soumis au traitement spécial 70 Juifs employés par le Commissaire Général [Wilhelm Kube] de Ruthénie blanche. […] Il [Kube] m’a demandé comment j’osais arrêter les Juifs qu’il employait. J’ai expliqué que j’avais des ordres stricts pour entreprendre cette action. Il m’a réclamé un ordre écrit. J’ai répondu qu’une directive orale me suffisait puisque je devais l’exécuter aussi rigoureusement qu’un ordre écrit. […] Il [Kube] doit supposer que l’action juive était ainsi conçue comme un affront particulier à son égard. […] J’ai souligné qu’il m’était incompréhensible que des Allemands puissent se quereller à propos de quelques Juifs. J’ai pu constater qu’on nous reprochait continuellement, à mes hommes et à moi, d’être des barbares et des sadiques, alors que je ne faisais que mon devoir. Même le simple fait que des médecins-spécialistes aient retiré dans les règles les prothèses en or de la bouche des Juifs destinés au traitement spécial a été le prétexte à discussions. Kube rétorquait que notre façon de procéder était indigne d’un homme allemand et de l’Allemagne de Kant et de Goethe; que si la réputation de l’Allemagne était ruinée dans le monde entier, c’était de notre faute. Il ajoutait que, par ailleurs, il était avéré que mes hommes s’excitaient littéralement pendant ces exécutions. J’ai vigoureusement protesté contre cette accusation et souligné qu’il était regrettable qu’en plus d’avoir à accomplir cette sale besogne nous soyons en outre traînés dans la boue. Ceci mit fin à notre conversation»271.On peut ici relever la stricte équivalence entre le fait de soumettre des Juifs au «traitement spécial» (Sonderbehandlung), «action juive» (Judenaktion) et le fait de procéder à des exécutions (Exekutionen) de Juifs. La mention du vol de l’or dentaire, arraché aux Juifs avant leur exécution, lève évidemment toute possibilité d’ambiguité. On notera que pour le SD (les services de sécurité sous l’autorité de Himmler) il fallait tuer des Juifs (en 1943 il en restait très peu) qui ne représentaient aucun danger et considérés comme utiles par d’autres services nazis par ailleurs favorables à la politique d’extermination, et que la récupération de l’or dentaire des Juifs encore vivants destinés à être exécutés ne constitue qu’«un simple fait» banal qui ne devrait nullement constituer, aux yeux du nazi Eduard Strauch, un sujet de discussion… Enfin, il faut relever le fait que les ordres donnés à Strauch pour l’exécution des Juifs étaient des ordres oraux, qui confirme que c’était bien là le mode de transmission de loin préféré à l’écrit par les nazis pour ce qui concernait toutes les opérations d’assassinat.
La colère du SS-Obersturmbannführer Eduard Strauch contre Wilhelm Kube ne se contente pas de son envoi du 20 juillet 1943. Il rédige le 25 juillet 1943 un très long rapport dressant l’historique du conflit qui l’oppose à Wilhelm Kube depuis 1942. Il y fournit des citations importantes de documents émanant de lui-même et de Kube, les commentant longuement et relatant en détail les différentes occasions qui voient Kube s’opposer, selon lui, à la politique d’extermination des Juifs. En réalité Kube n’a tenté de préserver que les Juifs qu’il employait à son service. Mais les ordres de Strauch étaient strictes et radicaux: tous les Juifs étaient concernés par sa mission de mise à mort en masse. Sa grande loquacité le conduit, comme déjà plusieurs fois auparavant, à coucher noir sur blanc la réalité du comportement des nazis pour leurrer les Juifs sur leurs véritables intentions. Le rapport du 25 juillet 1943 rédigé par Strauch, qui foisonne d’informations, contient notamment un passage d’un cynisme rarement exprimé aussi brutalement dans les documents: l’aveu par écrit du mensonge visant à camoufler aux yeux de leurs victimes l’objectif des opérations qu’il mène. Strauch écrit:
«Lors d’une Aktion d’envergure dans le ghetto (Ghetto-Großaktion), des indicateurs nous ont fait savoir que le service d’ordre des Juifs allemands était surtout constitué de vétérans de la guerre et qu’il voulait opposer une résistance armée. Afin d’éviter que le sang allemand ne coule, les hommes du service d’ordre ont été concentrés à un autre endroit. On leur a expliqué qu’un incendie s’était déclaré en ville et qu’ils devaient aider à l’éteindre. Les Juifs ont été chargés dans des camions, puis ont été soumis aux traitement spécial (sonderbehandelt). Cette affaire est également parvenue de manière inexplicable aux oreilles du Gauleiter. Il s’est d’abord énervé, trouvant cruel de liquider (beseitigen) des vétérans du front, puis il a protesté en traitant ce procédé d’inadmissible. […]
Une action (Aktion) contre le ghetto russe de Minsk devait se dérouler le 1er mars 1942. Le commissaire général en avait été préalablement averti. L’action (Aktion) devait être camouflée sous la forme d’un communiqué au Conseil des anciens annonçant que 5000 Juifs du ghetto de Minsk devaient être réinstallés (umgesiedelt). Le Conseil des anciens devait les sélectionner et les mettre à notre disposition. Chaque Juif avait le droit d’emporter cinq kilos de bagages.
Nous pouvons faire la preuve que le commissariat général a trahi les intentions réelles de la Sicherheitspolizei. Pendant plusieurs jours, les Juifs employés au G.K. n’ont pas pu se rendre au ghetto, mais ont été retenus au G.K. Cela a suffi pour que les Juifs du ghetto comprennent que les déclarations de la Sicherheitspolizei étaient fausses. De plus, selon les informations qu’un indicateur nous a données, d’autres indiscrétions ont été commises. A l’époque, il nous a été impossible d’élucider cette affaire. Mais un fait reste établi: le Gauleiter a utilisé ses informations pour sauver ses Juifs.
En raison de cette trahison, pas un seul Juif n’était présent à la date convenue. Il ne nous est resté rien d’autre à faire que de rassembler les Juifs par la force. Ils ont opposé une résistance et les hommes affectés à cette mission ont dû faire usage de leurs armes.»272.
Une fois encore, les négligences de Strauch sont spectaculaires. Il est vrai qu’il est tellement impliqué dans les tueries de masse depuis si longtemps qu’il est compréhensible qu’il s’exprime sans prendre la moindre précaution. Se trouvent ici de nouveau confirmées les équivalences entre «traitement spécial», «action» et assassinats. On relèvera le cynisme et le fanatisme des nazis qui assassinent ceux qui furent leurs propres compatriotes, qui furent des soldats allemands durant la Première Guerre mondiale, mais juifs, donc condamnés. Plus intéressant encore est l’aveu explicite sous la plume du SS-Obersturmbannführer Eduard Strauch que les Allemands mentaient aux Juifs en présentant les «actions» organisant un massacre de masse sous la fiction de la «réinstallation». Strauch se plaint en accusant — que l’accusation soit fondée ou pas importe peu — Kube d’avoir volontairement dévoilé à des Juifs le caractère fictif de cette «réinstallation» (la fiction est élaborée puisque le communiqué prétend en étayer la crédibilité en autorisant les Juifs à prendre des bagages) et d’en avoir ainsi «sauvés», ce qui signifie évidemment qu’ils étaient en fait condamnés. Le terme de «réinstallation» (Umsiedlung) apparaît à la fois comme une façon de tromper les Juifs est un terme du langage codé des documents nazis désignant la mise en œuvre du massacre de masse.
La citation qui suit, par sa nature, se démarque de la présente collection. En effet, elle n’est pas à proprement parler, une citation contemporaine du génocide des Juifs. Mais la personnalité de celui qui la rapporte la marque sans conteste du sceau de l’authenticité la plus absolue. L’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, après avoir été un adversaire fanatique, avec une rhétorique clairement antisémite, non seulement du projet sioniste mais aussi des modérés palestiniens, s’est allié à Hitler. On connaît bien d’ailleurs les déclarations d’Hitler à Husseini, mentionnant son projet d’extermination des Juifs à la fin 1941. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Husseini demeurerait un antisémite viscéral. Amin al-Husseini a rédigé ses mémoires. Ces souvenirs sont donc postérieurs à la guerre. Néanmoins il y relate une entrevue avec Himmler à l’été 1943. Himmler lui a déclaré:
«Nous avons décidé de leur [aux Juifs] faire payer d’avance, pendant cette guerre, le prix de leurs actions nuisibles. Nous en avons déjà exterminé près de trois millions»273.En novembre 1943, Amin al-Husseini s’exprimant publiquement à Berlin dans un discours retransmis à la radio énoncerait très brutalement sa connaissance de l’extermination des Juifs en cours, et quasiment achevée fin 1943 (voir plus bas).
Le 4 octobre 1943, le Reichsfürher SS Heinrich Himmler s’exprimait devant un parterre de dignitaires nazis, des Gruppenführers à Posen, pendant trois heures. Son discours a été enregistré et cet enregistrement nous est parvenu (il est conservé par les National Archives américaines dans le Maryland) et le discours retranscrit. La violence et la radicalité des propos d’Himmler, notamment mais pas seulement à propos des Juifs sont particulièrement explicites dans ces extraits:
«Un principe doit servir de règle absolue aux SS: nous devons être honnêtes, corrects, loyaux et bons camarades envers les gens de notre sang, à l’exclusion de tous les autres. Ce qui arrive aux Russes ou aux Tchèques ne m’intéresse absolument pas. Le sang de bonne qualité, de même nature que le nôtre, que les autres nations peuvent nous offrir, nous le prendrons, et, si besoin est, nous leur enlèverons leurs enfants et les élèverons chez nous. Il m’est totalement indifférent de savoir si les autres peuples vivent prospères, ou crèvent de faim. Cela ne m’intéresse que dans la mesure où ces peuples nous sont nécessaires comme esclaves de notre culture. Que dix mille femmes russes crèvent en creusant un fossé anti chars, cela m’est totalement indifférent, pourvu que le fossé soit creusé. […]
Je désire aussi vous parler en toute franchise d’un sujet particulièrement grave… devant vous, publiquement. Entre nous, il est possible d’en parler, mais nous n’en parlerons jamais en public. De même que nous n’avons pas hésité le 30 juin [1934, lors de la «nuit des longs couteaux»] à exécuter l’ordre qui nous avait été donné de mettre contre le mur et de fusiller des camarades [les SA] qui avaient failli, de même nous n’en avons jamais parlé et nous n’en parlerons jamais. […]
Je parle de l’évacuation des juifs, de l’extermination du peuple juif (die Ausrottung des jüdischen Volkes). C’est une des choses qu’il est aisé d’exprimer: “Le peuple juif est en train d’être exterminé”, (Das jüdische Volk wird ausgerottet) déclare chaque membre du Parti, “Effectivement, c’est une partie de nos plans, l’élimination des juifs, l’extermination (Ausschaltung der Juden, Ausrottung, machen wir), nous l’accomplissons… peuh ! Une bricole !” Et puis ils viennent, 80 millions de braves Allemands, et chacun a son “bon” Juif. Evidemment, les autres, ce sont des porcs, mais celui-là, c’est un Juif de première qualité. Pas un d’eux n’a vu [les cadavres], pas un n’était sur place. La plupart d’entre vous savent ce que c’est que de voir un monceau de cent cadavres, ou de cinq cents, ou de mille. Etre passés par là, et en même temps, sous réserve des exceptions dues à la faiblesse humaine, être restés corrects, voilà ce qui nous a endurcis. C’est là une page de gloire de notre histoire, une page non écrite et qui ne sera jamais écrite.[…]
Nous avions le droit moral, nous avions le devoir envers notre peuple, de tuer (umbringen) ce peuple qui voulait nous tuer. […] nous exterminons un bacille (den Bazillus ausrotten)»274.
On possède plus de 90% des discours qu’Himmler a prononcés entre 1942 et 1944. La documentation qui s’y réfère est abondante et variée: agenda d’Himmler mentionnant les occasions de ses discours, notes préparatoires plus ou moins détaillées d’Himmler qui ne les rédigeait pas complètement à l’avance, enregistrements sonores facilitant l’élaboration des retranscriptions de ces discours (qui recoupent les notes préparatoires de la main d’Himmler), voire transcriptions retravaillées stylistiquement et parfois même des versions imprimées275.
Himmler revient sur les sujets abordés le 4 octobre, dans un autre discours, deux jours plus tard, le 6 octobre 1943, toujours à Posen, cette fois devant un parterre de Reichsleiter et de Gauleiter, le gratin de la hiérarchie nazie. De nouveau, Himmler aborde l’extermination des Juifs en termes parfaitement clairs:
«à ce sujet et dans ce cercle extrêmement réduit, je me permettrai d’aborder une question qui vous semble peut être aller de soi, camarades, mais qui a été la question la plus difficile à résoudre de toute ma vie: la question juive. Qu’il n’y ait plus de Juifs dans votre province est pour vous une chose satisfaisante et évidente. Tous les Allemands — sauf quelques rares exceptions — ont bien compris que nous n’aurions pas supporté et que nous ne supporterions pas les bombardements ni les difficultés de quatre, peut être cinq ou six années de guerre si cette peste qui décompose tout se trouvait encore dans le corps de notre peuple. La phrase «les Juifs doivent être exterminés» (Die Juden müssen ausgerottet werden) comporte peu de mots, elle est vite dite, messieurs. Mais ce qu’elle nécessite de la part de celui qui la met en pratique, c’est ce qu’il y a de plus dur et de plus difficile au monde. […]
Je vous demande avec insistance d’écouter simplement ce que je dis ici en petit comité et de ne jamais en parler. La question suivante nous a été posée: “Que fait-on des femmes et des enfants ?” - Je me suis décidé et j’ai là aussi trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer (auszurotten) les hommes — c’est-à-dire, donc, de les tuer (umbringen) ou de les faire tuer — et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre (dieses Volk von der Erde verschwinden). Pour l’organisation qui dut accomplir cette tâche, ce fut la chose la plus dure que nous ayons eu jusqu’à présent. Cela a été accompli. […] Nous aurons réglé la question juive dans les pays que nous occupons d’ici à la fin de l’année. […]
J’en ai fini avec la question juive. Vous êtes maintenant au courant, et vous garderez tout cela pour vous. Bien plus tard, on pourra peut-être se poser la question de savoir s’il faut en dire plus au peuple allemand. Je crois qu’il a mieux valu que nous — nous tous — prenions cela sur nos épaules pour notre peuple, que nous prenions la responsabilité (la responsabilité d’un acte et non d’une idée) et que nous emportions notre secret avec nous dans la tombe»276.
Le ministre de la propagande, Joseph Goebbels a assisté à la conférence d’Himmler aux Gauleiter du 6 octobre. Il en fait le récit dès le lendemain dans son journal. Ce qu’il y note le 7 octobre 1943 confirme la teneur explicite des propos d’Himmler cités ci-dessus:
«En ce qui concerne la question juive en Europe, il [Himmler] se livre à un tour d’horizon franc et sans fard. Il est persuadé que nous pouvons résoudre dans sa totalité la question juive en Europe d’ici à la fin de l’année. Il est partisan de la solution la plus radicale et la plus dure, en l’occurrence d’exterminer les Juifs avec toute leur descendance. Même si c’est la solution la plus brutale, c’est aussi la plus logique. Car nous devons assumer la responsabilité d’avoir réglé entièrement cette question pour notre temps. Les générations futures n’oseront certainement plus aborder ce problème avec le même courage et la même détermination que nous le pouvons encore aujourd’hui»277.Goebbels insiste à plusieurs reprise sur la radicalité, la brutalité de la «solution»: exterminer les Juifs «mit Kind und Kegel», ce qui signifie littéralement enfants et bâtards compris, c’est-à-dire la famille la plus large possible. Himmler était déjà parfaitement explicite. Goebbels ne peut être plus clair.
Eitel Friedrich Möllhausen, était un des principaux diplomates allemands en place à Rome, après que les nazis ont occupé l’Italie. Le 6 octobre 1943, il écrit à Ribbentrop, pour protester:
«L’Obersturmbannführer Kappler a reçu de Berlin l’ordre d’arrêter les 8 000 Juifs de Rome et de les transporter en Italie du Nord, où ils seront liquidés»278.
Télégramme d’Himmer au mufti 2/11/1943
Le 2 novembre 1943, l’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, allié aux nazis qui le paient et le logent à Berlin, prend la parole lors d’un rassemblement de dénonciation de la Déclaration de Balfour au Luftwaffe Hall devant un parterre de centaines de notables et supporters arabes et musulmans, du Maroc à l’Inde en passant par le Yemen et l’Iran. Figurent également dans cette audience des responsables SS, des diplomates et même des représentants japonais279. Son discours est diffusé en direct et de nouveau diffusé le 3 novembre sur les ondes nazies en Arabe. Amin al-Husseini lit un chaleureux télégramme de soutien envoyé le jour même par Heinrich Himmler280. Amin al-Husseini se montre particulièrement locace sur sa connaissance de l’entreprise nazie:
«Le Traité de Versailles a été un désastre aussi bien pour l’Allemagne que pour les Arabes. Mais les Allemands savent comment se débarrasser des Juifs. […] Les Allemands n’ont jamais fait de mal à un seul Musulman et ils sont de nouveau en train de combattre notre ennemi commun (applaudissements), celui qui a persécuté les Arabes et les Musulmans. Mais surtout, ils ont définitivement résolu le problème juif»281.Les déclarations de Amin al-Husseini sont d’une franchise et d’une brutalité remarquables: il énonce publiquement sans hésiter le fait, et sa propre connaissance du fait, que les nazis ont entrepris de se débarrasser définitivement des Juifs, expressions dont la signification est évidemment sans la moindre ambiguïté. Il s’exprime en utilisant un vocabulaire nazi («résolution du problème juif») devant un parterre applaudissant. Le sens de ce discours est évidemment à rapprocher des confidences très concrètes que Himmler avait faites au Mufti durant l’été 1943 («nous en avons déjà exterminé près de trois millions»), citées plus haut. Si Amin al-Husseini sait la réalité de l’extermination des Juifs, c’est bien parce que son ami, Heinrich Himmler, lui en a fait la confidence lui-même. Remarquons enfin que, en novembre 1943, Amin al-Husseini parle au passé, exprimant en cela, comme nous le savons aujourd’hui, que l’extermination des Juifs d’Europe était accomplie aux trois quarts en cette fin 1943. D’autres passages du discours de al-Husseini montrent à quel point il adhère à la vision paranoïaque délirante — et génocidaire — de l’antisémitisme nazi, tout en tentant de lui donner une coloration islamique282.
Le 3 novembre 1943, la Voix de l’Arabisme Libre, station de radio nazie émettant de Berlin en Arabe vers les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, diffuse le message suivant:
«Les Juifs ont manigancé cette guerre dans l’intérêt du sionisme. Les Juifs sont responsables du sang versé […] Ce monde ne sera en paix que lorsque la race juive aura été exterminée […] Les Juifs sont les germes à l’origine de tous les problèmes du monde»283.
Dans le numéro du 4 novembre 1943 de son journal Der Stürmer, Julius Streicher publie un article intitulé «Le nouvel ordre juif. Ce que les Juifs revendiquent». Fidèle à son habitude, Streicher fait état de la lecture qu’il effectue régulièrement de la presse étrangère, notamment des journaux des différentes communautés juives. Il glose ici longuement sur le numéro du 27 août 1943 du journal suisse, Israelitische Wochenblatt, qu’il entreprend notamment de citer:
«Le journal judéo-suisse poursuit: “Pour ainsi dire, les Juifs d’Europe ont disparu, sauf en ce qui concerne l’Angleterre ainsi que quelques communautés juives peu importantes dans des pays neutres. Le réservoir juif de l’Est, qui était à même de contrebalancer les phénomènes d’assimilation à l’Ouest, n’existe plus”»Ce constat assez réaliste (à ce moment, plus des trois quarts des Juifs finalement assassinés l’avaient déjà été), qu’est-ce que Julius Streicher peut bien avoir à en dire? C’est simple, il confirme, ironise et justifie:
«Il ne s’agit pas d’un bobard juif. C’est une vérité vraie que les Juifs ont “pour ainsi dire” disparu d’Europe et que le “réservoir juif de l’Est”, d’où l’épidémie juive se répandait depuis des siècles sur les peuples européens, a cessé d’exister. Si l’organe judéo-suisse veut prétendre que les Juifs n’ont pas envisagé un tel développement lorsqu’ils précipitèrent les peuples dans la deuxième guerre mondiale, on peut le croire. Mais le Führer du peuple allemand a prophétisé, dès le début de la guerre, ce qui est maintenant arrivé. Il a dit que la deuxième guerre mondiale engloutirait ceux qui l’ont voulue […] On anéantit (vernichte) donc la cause, le Juif, et le monde est libéré de l’animosité juive. On comprend que les Juifs ne souhaitent pas une telle solution. Ils exigent plutôt l’extermination (Ausrottung) de tous les non-Juifs, qui deviennent forcément ennemis des Juifs, du fait de la présence des Juifs»284.On aura reconnu à la fin de ce passage la rhétorique très classique de l’antisémitisme nazi qui prête aux Juifs un projet (chimérique) d’extermination des autres afin de justifier la politique effective d’extermination des Juifs, dont Streicher ici prend très brutalement acte en écrivant noir sur blanc que l’Europe est débarrassée de ses Juifs via leur anéantissement (Vernichtung), leur extermination (Ausrottung). Insistons de nouveau sur le fait que Streicher fait le constat satisfait que cette extermination est quasiment achevée et qu’il le fait publiquement dans un organe de presse à destination du plus grand nombre.
Le 16 décembre 1943, Himmler prononce un discours devant des commandants de la Marine de Guerre à Weimar. Il y déclare:
«Quand j’ai été obligé de donner dans un village l’ordre de marcher contre les partisans et les commissaires juifs — je le dis devant cet auditoire, et mes paroles lui sont exclusivement destinées —, j’ai systématiquement donné l’ordre de tuer également les femmes et les enfants de ces partisans et de ces commissaires. Je serais un lâche et un criminel vis-à-vis de nos descendants, si je laissais grandir les enfants pleins de haine de ces sous-hommes abattus dans le combat de l’homme contre le sous-homme»285.Il y a ici un demi-mensonge de la part de Himmler, à savoir qu’il a ordonné l’assassinat de toutes femmes et de tous les enfants juifs et non des seules femmes et enfants des commissaires ou des partisans juifs (sauf à considérer que tous les Juifs sont soit des commissaires politiques, soit des partisans, ce qui n’est, il est vrai, pas éloigné de la vision nazie du monde). D’ailleurs lors de discours analogues, avant et après, il ne s’embarrasse pas de cette distinction mensongère.
Le 11 janvier 1944, Himmler s’adresse à la 13e division de volontaires SS, la division «Handschar», constituée de Musulmans de Bosnie (alors incluse dans un l’État indépendant de Croatie):
«Qu’est-ce qui devrait séparer les Musulmans d’Europe et du monde entier de nous autres Allemands? Nous avons les mêmes objectifs. Il ne peut y avoir de meilleur base à une vie commune que des objectifs et des idéaux communs. En 200 ans, l’Allemagne n’a pas eu le moindre motif de mésentente avec l’Islam […] Aujourd’hui, nous Allemands et vous dans cette division, vous Musulmans, partageons un sentiment commun de gratitude envers Dieu — vous dites Allah, mais c’est la même chose — d’avoir envoyé le Führer aux peuples européens tourmentés, le Führer qui débarassera d’abord l’Europe puis le monde entier des Juifs, ces ennemis de notre Reich qui nous ont volé la victoire en 1918, rendant ainsi vain le sacrifice de deux millions de morts. Ce sont aussi vos ennemis, car le Juif a de tout temps été votre ennemi»286.
Le 29 janvier 1944, la Voix de l’Arabisme Libre, station de radio nazie émettant de Berlin en Arabe vers les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, diffusait un message qui présentait l’hostilité entre Juifs et Arabes en termes raciaux:
«Alors que les Arabes sont courageux et ont l’âme guerrière, les Juifs sont lâches et peureux. Les différences entre les deux races fournissent l’explication de la permanence de leur hostilité réciproque. Aussi nous pensons que l’hostilité et le combat entre les Arabes et les Juifs perdurera jusqu’à ce qu’une des deux races soit détruite. Cette lutte, cette guerre entre les Arabes et les Juifs se fonde sur des croyances, et de tels conflits ne peuvent se terminer que par la destruction d’une des parties. Nous devons aussi reconnaître que la responsabilité de cette guerre raciale entre Arabes et Juifs incombe aux Juifs. Les caractéristiques des Arabes, leur générosité, leur bonté et leur esprit de sacrifice ne peuvent conduire à la guerre»287.
Le 1er mars 1944, l’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, allié aux nazis et réfugié à Berlin d’où il intervenait souvent sur les stations de radio nazies émettant en Arabe, fait, au micro de la station Berlin en Arabe, la déclaration suivante:
«Les diaboliques Américains […] ourdissent l’établissement d’un empire juif sur le monde arabe […] Arabes ! Levez-vous comme un seul homme et combattez pour vos droits sacrés. Tuez les Juifs partout où vous les trouvez. Cela plait à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sert votre honneur. Dieu est avec vous»288.Il faut souligner que l’appel au meurtre des Juifs par Husseini vaut partout et qu’il a lieu après que Himmler l’a, du propre aveu de Husseini, informé de l’extermination des Juifs d’Europe, à l’été 1943. Il faut remarquer cependant que Husseini était propablement au fait de cette politique bien avant cette date compte tenu des cercles dans lesquels il évoluait à Berlin et de son engagement idéologique sans faille envers l’antisémitisme de facture nazie.
Le 4 mars 1944, Hans Frank, à l’occasion d’une réunion avec des membres du parti nazi, tient des propos qu’il consigne dans son journal:
«Les Juifs sont une race qui doit être exterminée; quand nous en attrapons un où que ce soit, c’est fini pour lui (Die Juden sind eine Rasse, die ausgetilgt werden muß ; wo immer wir nur einen erwischen, geht es mit ihm zu Ende)»289.
Le 19 mars 1944, Robert Ley déclarait dans un article du journal publié par Goebbels, Der Angriff, que:
«l’humanité ne connaitrait pas de repos jusqu’à ce que Judah et son Bolchevisme soit complètement annihilé et exterminé (vollkommen vernichtet und ausgerottet»290.
Le 19 mars 1944, le chef de l’état hongrois, l’amiral Miklos Horthy, de retour d’un entretien avec Hitler où celui-ci l’a contraint à la mise en place d’un gouvernement aux ordres des nazis, déclara au conseil de la couronne:
«Hitler s’est également élevé contre le fait que la Hongrie n’ait pas encore pris les mesures nécessaires pour régler la question juive. Nous sommes donc accusés du crime de ne pas avoir exécuté les désirs d’Hitler, et l’on me reproche de ne pas avoir permis que les Juifs soient massacrés»291.
Sommaire du séminaire et pages 2 et 3 du compte-rendu de l’intervention de Franz Alfred Six
Le Dr. Franz Alfred Six fit le discours d’ouverture d’une conférence des experts sur les Juifs des ambassades allemandes, qui se tint à Krummhübel les 3 et 4 avril 1944. Il y fit une intervention sur «la structure politique de la Juiverie mondiale». Il déclara à cette occasion:
«Le rôle politique et biologique de la Juiverie est terminé en Europe. […] L’élimination physique de la Juiverie de l’Est prive les Juifs de leurs réserves biologiques (Das Judentum in Europa habe seine biologische und gleichzeitig seine politische Rolle ausgespielt […] Die physische Beseitigung des Ostjudentums entziehe den Judentum die biologischen Reserven).»Directement après Six, von Thadden prit la parole. Le compte-rendu de la conférence note:
«Dans la mesure où les détails que l’orateur a livrés sur l’état actuel des mesures exécutives dans les différents pays, doivent demeurer secrets, ils n’ont pas été inclus dans le compte-rendu»292.Franz Alfred Six avait exercé un commandement au sein de l’Einsatzgruppe B. Condamné à 20 ans de prison en 1948, il sort en 1952.
Le 5 mai 1944, Himmler se trouve à Sonthofen, dans un centre de formation politique nationale-socialiste. Il y déclare devant des généraux de la Wehrmacht:
«Le Führer l’avait annoncé aux Juifs, au début de la guerre ou avant la guerre. “Si vous poussez encore à la guerre les peuples d’Europe, cela ne signifiera pas l’extermination du peuple allemand, mais l’extermination des Juifs.” La question juive est résolue en Allemagne et dans l’ensemble des pays occupés par l’Allemagne. Elle a été résolue sans aucun compromis […] Vous pouvez comprendre combien il m’a été difficile d’exécuter cet ordre […] Si vous me dites: “nous admettons cela pour les hommes, mais pas pour les enfants”, je dois vous rappeller ce que […] nous n’avions pas le droit […] de laisser grandir des vengeurs remplis de haine»293.Il est intéressant de relever que Himmler parle au passé: au printemps 1944, il considère que l’extermination des Juifs est achevée. Cela correspond à la réalité. Par ailleurs, il insiste bien (comme souvent depuis 1943) sur le fait qu’il a exécuté un ordre ce qui souligne la responsabilité directe et personnelle d’Hitler dans la politique d’extermination des Juifs.
Der Danziger Vorposten 13/05/1944
Le Gauleiter du Reichsgau Danzig Westpreußen, le nazi Albert Forster publiait pendant la guerre un journal, Der Danziger Vorposten qui était la voix locale du parti nazi. Un proche collaborateur de Forster, Wilhelm Loebsack, idéologue local du parti surnommé «le Goebbels de Danzig», publie le 13 mai 1944, un article en première page totalement explicite sur le sort des Juifs:
«La Juiverie a subi des coups dévastateurs en Allemagne depuis la prise du pouvoir. Il n’y a plus de problème juif dans le Reich. […] La Juiverie a encore subi de graves pertes dans d’autres régions d’Europe. Les zones centrales de concentration juive que nous avons découvertes en Pologne, telles que Varsovie ou Lublin, sont aujourd’hui neutralisées, tout comme le sont actuellement les colonies de peuplement d’un million et demi de Juifs en Hongrie. Cela signifie que cinq millions de Juifs ont été éliminés dans ces seuls pays»294.Même si la répartition des victimes juives par pays laisse à désirer, l’ordre de grandeur du nombre de victimes pour l’Europe est particulièrement juste à ce moment de la guerre. Wilhelm Loebsack parle au passé: il n’y plus de Juifs dans le Reich, il n’y a plus de Juifs en Pologne. Au printemps 1944, la Hongrie était effectivement le théâtre d’une des plus grandes opérations de meurtre de masse de Juifs, en cours d’acheminement vers Auschwitz où ils étaient dans leur écrasante majorité assassinés dès leur arrivée. Le principe de l’extermination des Juifs et son caractère quasi achevé sont donc ici exprimés, imprimés dans un journal à large diffusion.
Le 24 mai 1944, Himmler se trouve à nouveau à Sonthofen, et s’exprime encore une fois sans ambiguité devant des généraux de la Wehrmacht:
«Une autre question était déterminante pour la sécurité intérieure du Reich et de l’Europe: il s’agissait de la question juive. Elle a été résolue selon une pensée rationnelle et conformément aux ordres: sans compromis [applaudissements]. Je crois, messieurs, que vous me connaissez assez bien pour savoir que je ne suis pas un homme assoiffé de sang ou qui éprouve de la joie ou du plaisir lorsqu’il doit accomplir quelque chose de cruel. Mais d’un autre coté, je possède des nerfs assez solides et un sens du devoir assez grand — je le revendique — lorsque je juge une tâche nécessaire, pour la mener à bien sans compromis. Je ne me suis pas senti le droit, en ce qui concerne les femmes et les enfants juifs, de laisser les enfants grandir et devenir des vengeurs qui auraient ensuite assassiné nos pères [sic] et nos petits-enfants. Cela je l’aurais tenu pour lâche. Par conséquent, la question a été résolue sans compromis»295.Himmler parle encore une fois au passé et souligne de nouveau que les femmes et les enfants ont aussi été assassinés. Il martèle le terme kompromißlos (sans compromis) de telle façon qu’il n’est pas difficile de comprendre que c’est bien de meurtre qu’il s’agit (il n’a pas laissé les enfants grandir…). Le terme kompromißlos est souvent utilisé par les dignitaires nazis dans leur description du sort réservé aux Juifs. Ici, Himmler en livre ouvertement la clé.
Le 9 juin 1944, Hans Frank fait un discours à Cracovie. Ses paroles, qui prennent acte d’une extermination achevée des Juifs de Pologne, sont consignées dans son journal:
«Pour lutter contre les Juifs il était indispensable que nous prenions la Pologne, car c’est ici, en Pologne, que se trouve la fécondité naturelle du peuple juif, laquelle n’existe plus nulle part ailleurs. Depuis l’extermination (Ausrottung) des Juifs en Pologne, d’un strict point de vue du sang, c’en est complètement terminé de l’avenir des Juifs, car c’est seulement ici qu’il y avait des Juifs qui faisaient des enfants»296.
Le 21 juin 1944, Himmler tient à nouveau un discours à Sonthofen:
«Il était nécessaire de résoudre également une autre question importante. Ce fut la tâche la plus affreuse et la mission la plus terrible qui furent jamais assignées à une organisation: la mission de résoudre la question juive. J’ai également quelques paroles à adresser en toute franchise à ce cercle. Il est bon que nous ayons eu la force d’exterminer (auszurotten) les Juifs sur notre territoire. […] Je veux également répondre à une question que vous devez sûrement aussi vous poser. Cette question, la voici: oui, certes, que vous tuiez (umbringen) les Juifs adultes, je le comprends, mais les femmes et les enfants, comment pouvez vous…? — il faut que je vous dise quelque chose: un jour, les enfants seront devenus grands. Voulons nous pousser l’indécence jusqu’à dire: non, non, nous sommes trop faibles pour faire ça, mais nos enfants, eux, pourront s’en occuper. Ils devront lutter à leur tour. Alors, la haine juive de ces vengeurs, petits aujourd’hui et plus tard devenus grands s’en prendra à nos enfants et petits-enfants, de telles sorte qu’ils devront une nouvelle fois résoudre ce problème. Je suis convaincu que cela se produirait ainsi, même si Hitler ne survivait pas. Non, nous ne pouvons pas répondre cela. Ce serait être lâche et c’est pour cela que nous préférons une solution nette, aussi dure doit-elle»297.Himmler ne fait que répéter ce qu’il a déjà dit. La décision de tuer les femmes et les enfants juifs, en plus des adultes, a été prise et exécutée. Notons (une fois de plus) l’équivalence entre «exterminer» (ausrotten) les Juifs et «tuer» (umbringen) adultes, femmes et enfants.
Pages de la dépêche de C. de Charmasse du 1er juillet 1944
Christian Desplaces de Charmasse, né en 1895, est un diplomate de carrière. Pendant toute la guerre il est attaché d’ambassade en Hongrie. Il est bien placé pour assister à l’envoi des Juifs hongrois à Auschwitz par les nazis et leurs collaborateurs hongrois au printemps et à l’été 1944. Le 1er juillet 1944 il adresse à Pierre Laval depuis Budapest une dépêche reprenant les informations parues depuis mars dans la presse hongroise sur cet événement, ou dont il a connaissance par aillleurs. Surtout, il y ajoute des informations extrêmement précises que lui a confiées «un diplomate connu pour ses sentiments germanophiles». Voici ce que Christian de Charmasse écrit:
«Tout d’abord, il convient de noter que les ghettos de province ont été créés dans des conditions d’inconfort et de manque d’hygiène qui défient toute indignation. Enlevés de chez eux sans pouvoir emporter le moindre bagage, hommes, femmes, enfants, vieillards, ont été parqués par milliers dans d’étroits espaces, généralement d’anciennes briqueteries, où ils n’ont pas d’autre abri que les hangars servant au séchage des briques. L’entassement est tel que beaucoup ne peuvent même s’abriter sous ces hangars.
Ailleurs, un témoin oculaire m’a dit avoir vu un ghetto organisé dans une portion de forêt, entourée de barbelés; les Juifs entassés dans ce "parc zoologique" (c’est l’expression de mon interlocuteur) y sont sans abris et sans soins. Pour tous, c’est depuis plusieurs semaines la chaleur du jour, le froid des nuits, la boue, la vermine, les ordures de toute sorte, le manque de nourriture et de vêtement. Les médecins juifs qui se trouvent dans les ghettos, ne disposent d’aucun matériel, d’aucune pharmacie pour soigner les malades.
D’ailleurs, et c’est le second point dont la presse n’a pas parlé, mais qui n’en est pas moins rigoureusement exact, la résidence dans les ghettos n’est, dans la plupart des cas, que temporaire. Déjà, plusieurs ont été vidés. Les Juifs qui s’y trouvaient ont été emmenés par chemin de fer vers une destination inconnue. On a pu voir, à Kolozsvar, embarquer des Juifs, toujours sans distinction de sexe ni d’âge, dans des des wagons à bestiaux, où ils ont été entassés et enfermés, sans pouvoir sortir, même pour les besoins les plus impérieux. L’embarquement s’effectuait vers midi, en vue d’un départ qui devait avoir lieu la nuit suivante. En attendant, les wagons sont restés en plein soleil.
Quelle est la destination de ces convois? D’après certains renseignements, il s’agirait d’envoyer les Israélites travailler en Allemagne et en Pologne. Un diplomate neutre m’a affirmé au contraire qu’il possédait des preuves que les Juifs sont dirigés par milliers vers des établissements spéciaux, situés en Pologne, où ils sont asphyxiés en masse dans des chambres à gaz. Après quoi, les corps sont soumis à un système crématoire perfectionné qui les fait disparaître sans laisser aucun vestige. Ce témoignage a d’autant plus de valeur qu’il émane d’un diplomate connu pour ses sentiments germanophiles»298.
Cette dépêche à la conclusion si spectaculaire fut envoyée non seulement à Laval, à Vichy, mais aussi à Alger, Bucarest, Sofia et Ankara299!
Le 6 septembre 1944, le Comité exécutif (Oberpräsidium) de Kattowitz (en Haute-Silésie), sous la responsabilité de Fritz Bracht, fait état de ce qu’il est advenu de «l’élément juif» dans la région:
«L’élément juif […] a été réinstallé, c’est-à-dire éliminé (ausgesiedelt bzw. beseitigt worden)»300.Une fois de plus (Dannecker et Himmler l’avaient déjà fait dans des rapports et discours déjà cités), est décodé de façon explicite le camouflace lexical «réinstallé» (ausgesiedelt), qui désigne, dans les cas des Juifs, l’assassinat collectif.
Le thème du Juif parasite à exterminer est un poncif de la vision sanitaire de l’antisémitisme nazi, décliné tout au long de la guerre par le régime hitlérien. Alors même que la guerre est perdue, en septembre 1944, la Wehrmacht publie encore à destination de ses soldats un livret justifiant le meurtre de masse des Juifs:
«Nous parlons de l’extermination [Ausrottung] des Juifs dans notre espace vital. Les Juifs espèrent nous contraindre à une vie d’esclaves afin de prospérer sur notre dos en parasites […] notre peuple se révolte contre la forme de vie parasitique du Juif. Nous n’avons qu’un seul choix […] ce parasite, l’anéantir [vernichten]. Le Juif doit être anéanti [vernichtet] partout où nous le trouvons»301.
Le 21 septembre 1944, l’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, s’exprime une fois de plus sur la fréquence de Radio Berlin. Il prononce alors quelques paroles qui, pour une fois, semblent très largement en deçà de la virulence qui lui était coutumière, mais fournissent une information capitale:
«N’est-il pas en votre pouvoir, ô [frères] Arabes, de repousser les Juifs dont le nombre ne dépasse pas onze millions?»302.Amin al-Husseini lâche en fait ici une information terrible: cinq millions de Juifs ont été assassinés.
En effet, il y a dans le monde, selon l’ancien mufti, à l’automne 1944, au plus onze millions de Juifs. Or, en 1940, il y avait dans le monde, un peu plus de seize millions de Juifs303. Amin al-Husseini, obsédé par les Juifs depuis les années 1920, ne peut manquer d’avoir été parfaitement informé de la démographie juive mondiale, le réservoir dans lequel ses ennemis sionistes, comptaient puiser pour établir un État juif. C’est une information d’autant plus facile à connaître qu’elle est largement diffusée chaque année par l’American Jewish Committee, l’une des plus anciennes et des plus importantes associations juives américaines, dans son bilan notamment démographique du judaïsme mondial, l’American Jewish Year Book, qui fait référence. Celui de 1940 mentionnait le chiffre de 16 180 000 Juifs304. On sait de la bouche même de Amin al-Husseini que Himmler le tenait au courant des progrès du massacre (voir plus haut). Il y a tout lieu de penser que, compte tenu des excellentes relations que les deux homme entretenaient, et de leur convergence idéologique quant au sort à réserver aux Juifs, Himmler a pu continuer à l’informer. Peut-être même le chiffre de cinq millions de victimes circulait-il depuis quelques temps dans les cercles nazis comme semble le suggérer sa publication dans un article du Danziger Vorposten le 11 mai 1944 (voir plus haut). Husseini ne fait que nous fournir le résultat d’une soustraction qu’il fait spontanément, sans réaliser la nature de l’aveu qu’il fait ainsi publiquement, un bilan parfaitement cohérent avec ce que nous savons aujourd’hui de l’extermination des Juifs305. Son intérêt pour la démographie juive et le bilan de l’extermination ne faiblira pas puisqu’il estimera, dans ses mémoires rédigés dans les années 1950, avec beaucoup de précision, que «leurs pertes au cours de la Seconde Guerre mondiale ont représenté plus de trente pour cent de l’ensemble de leur peuple»306.
Robert Carron, engagé volontaire dans la LVF, témoigne le 24 septembre 1944 pour une cour martiale de ce qu’il a vu lorsqu’il se trouvait sur le front de l’Est:
«Nous avons vu de nos propres yeux ramasser dans les villages environnants 600 à 650 hommes, femmes, enfants au sein, vieillards qui travaillaient paisiblement leur terre pour manger. En les faisant passer pour des juifs, les ont parqués comme des bêtes dans des kolkhoses (granges à foins), puis le lendemain, leur on fait creuser leurs tombes. Les ont fait mettre nus jusqu’à la ceinture, puis un premier rang à genoux devant le trou, et le [sic] SS les ont abattus à coups de revolver dans la nuque. Puis, ont fait coucher un deuxième rang sur les premiers, visage contre terre, et tués également dans la nuque. Jusque la fosse soit pleine. Puis d’autres Russes ont bouché la fosse»307.Il est intéressant de bien voir que Carron n’affirme pas ici que ces centaines de civils innocents étaient Juifs, mais qu’a minima c’est en prétendant qu’ils l’étaient (et peut-être l’étaient-ils) que fut justifié et déclenché leur massacre, dont les modalités ici décrites font bien partie des méthodes utilisées lors des assassinats de masse par balle des Juifs à l’Est.
Werner Otto Müller-Hill est né à Fribourg-en-Brisgau (Freiburg im Breisgau) en bordure de Forêt noire, en 1885. Il a effectué une carrière de juge militaire pendant la Première Guerre mondiale et après. C’est un patriote très conservateur et même s’il n’apprécie guère les nazis, il se réengage dans la Wehrmacht en 1940, à cinquante-cinq ans et sert de nouveau comme juge militaire. Sentant la défaite proche, il entreprend de rédiger un journal à partir de mai 1944 pour y coucher des réflexions sur ce qu’il vit évidemment comme une catastrophe, mais dont il a conscience qu’il ne peut les exprimer publiquement308. Werner Otto Müller-Hill est un conservateur imprégné d’un solide antisémitisme, classique dans son milieu mais également contaminé par la vision nazie: pour le juge Müller-Hill il y a bien une «question juive» (Judenfrage) et les Juifs sont naturellement hostiles aux Allemands309. Si Mülller-Hill est révulsé par le massacre des Juifs, il fait sienne la certitude nazie d’une volonté juive de massacrer les Allemands. Werner Otto Müller-Hill, s’il se tient volontairement éloigné des élites nazies, n’en est pas moins informé du sort réservé aux Juifs. Le 30 septembre 1944, il confie à son journal:
«Il est clair que la Juiverie que nous avons maltraitée si radicalement est déterminée à prendre une revanche digne de l’Ancien Testament. S’ils en ont la possibilité, autant d’Allemands seront tués que nous avons massacré de Juifs de sang froid en Pologne et en Russie. Le Capitaine S., qui commande une gare en Pologne, m’a confié que chaque jour, un train de marchandises y arrive avec environ cinquante wagons remplis de Juifs qui sont gazés puis incinérés [vergast und verbrannt]. Selon les ordres du Führer, ces trains avaient priorité sur les transports de la Wehrmacht. Lors de notre avancée en Russie, un soi-disant commando spécial a été envoyé auprès de l’état-major à Welisch. Comme l’un de ses commandants l’a raconté à mon camarade de chambre, le Lieutenant-Colonel Kohlscharfer, leur mission consistait en l’exécution de tous les Juifs. Dans une petite ville derrière les lignes de front, dont il venait juste de revenir, ils avaient tué deux-cent Juifs. Telle est la vérité […] Et à la lumière de ces atrocités, qui sont anti-héroïques, anti-militaires et absolument anti-allemandes, il serait tout simplement répugnant à vomir de nous répandre en lamentations sur notre sort en cas de défaite»310.
En mars 1943, le Clermontois Jean Vernières est requis pour le STO et envoyé à Auschwitz comme manœuvre puis magasinier. Il offre, par conviction politique, ses services aux Allemands qui le chargent d’espionner les autres travailleurs français et étrangers. Il dénonce ainsi au moins soixante personnes pour «sabotage», dont un nombre important furent exécutées. Ses services lui permettent d’obtenir de se déplacer librement dans le complexe d’Auschwitz (qui comprenait aussi des camps de «travailleurs»). Vernières peut donc à loisirs s’informer et observer les camps de concentration que nous connaissons, et pas seulement les camps de travailleurs. En février 1944, il est renvoyé à Clermont-Ferrand. Il s’y engage dans la Milice et se met au service de la Gestapo. Il infiltre des réseaux de résistances, fait arrêter leurs membres, participe très activement aux tortures. Il est le plus sadique et le plus violent des tortionnaires miliciens. Lors de son procès il fut révélé qu’il violait régulièrement les femmes qu’il torturait. Après le départ des Allemands, il se rend à Nancy où il se fait passer pour un évadé d’Auschwitz, où sa connaissance du camp parvint presque à tromper tout le monde. Il est néanmois reconnu et arrêté le 9 octobre 1944. Lors de ses interrogatoires et de son procès, il affirme crânement ne rien regretter et assume complètement son engagement auprès des nazis, ses dénonciations, ses tortures. Il est condamné à mort et exécuté le 19 décembre 1944. Dès son arrestation, Jean Vernières se sait perdu. Ses dépositions sont factuelles, aussi sincères que possibles, il n’a rien à perdre aussi raconte-t-il tout ce qu’il sait, tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a vu. Il fournit de nombreux détails alors ignorés sur Auschwitz et que nous connaisssons bien désormais grâce aux travaux des historiens. Si le sort des Juifs l’intéresse visiblement peu, il a suffisamment observé à Auschwitz pour faire, le 13 octobre 1944, la déclaration suivante:
«si [un] prisonnier ne pouvait plus fournir du travail parce que trop âgé ou usé par les efforts qu’il avait déjà fournis, la question était vite résolue, il était envoyé au grand camp d’Auschwitz (celui qui se trouve derrière la gare de cette ville) où fonctionnaient des chambres à gaz: il était tué par asphyxie et placé ensuite dans un four crématoire, ce qui simplifiait les choses»311.Le 13 octobre 1944, au moment où Jean Vernières, milicien tortionnaire assumant de s’être mis au service de la Gestapo, mentionne en passant, sans avoir l’air d’y prêter une importance particulière, les chambres à gaz d’Auschwitz, il reste encore plus de trois mois avant que les Soviétiques ne pénètrent à Auschwitz, en janvier 1945. Vernières sait, Vernières raconte parce qu’il assume et n’a plus rien à perdre.
L’échec de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler eu pour conséquence, notamment, de jeter entre les mains de la Gestapo presque tous les opposants haut placés du régime hitlérien. La Gestapo procéda à de nombreux interrogatoires dont les comptes-rendus nous sont parvenus. S’y trouve confirmé l’antisémitisme «traditionnel» de ces opposants, favorables dans leur ensemble, à des mesures d’exclusion, mais hostiles aux modalités radicales que les persécutions antijuives ont prises sous le régime nazi. C’est ainsi que dans ces documents émanant de la Gestapo, à diffusion confidentielle, l’extermination des Juifs est mentionnée à plusieurs reprises sans ambiguïté. On peut lire dans un rapport du 16 octobre 1944:
«Le comte Yorck [von Wartenburg], par exemple, a déclaré que les mesures d’extermination contre les Juifs, qui outrepassaient le droit et la justice, l’avaient poussé à rompre avec le national-socialisme (So gibt zum Beispiel graf Yorck an daß die über Recht und Gesetz hinausgehenden Ausrottungsmaßnahmen gegen das Judentum bei ihm einen innerlichen Bruch mit dem Nationalsozialismus herbeigeführt hätten)»312.
En novembre 1944, un soldat de Saxe envoya à l’épouse de Ribbentrop une lettre contenant la question suivante:
«Pensez vous vraiment que nous, les soldats, ignorions quels meurtres bestiaux ont été commis par nos SS en Russie ? Où sont, par exemple, les 145 000 Juifs de Lemberg qui s’y trouvaient lorsqu’ils furent transportés petit à petit en camions et abattus non loin de Lemberg ?»313
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés avaient fait prisonniers de nombreux haut gradés de l’armée allemande. Les Services Secrets britanniques (le SIS, Secret Intelligence Service), ont confié à l’une de leur section, le MI19, la mission clandestine d’enregistrer les conversations de ces officiers. 64 427 conversations entre des prisonniers de guerre firent l’objet d’enregistrements, sans qu’ils s’en doutent le moins du monde. Ce n’est que récemment que ces document ont été rendus publics. De très nombreuses conversations démontrent sans la moindre ambiguité que les généraux allemands étaient parfaitement au courant de la politique d’extermination des Juifs par le régime nazi, plusieurs officiers racontant à leurs compagnons les massacres dont ils avaient été directement les témoins. Le 24 décembre 1944, le lieutenant-général Heinrich Kittel a une conversation avec le lieutenant-général Hans Schäffer, où sont évoquées de nombreuses atrocités contre les Juifs. Kittel déclare:
«En Haute-Silésie [région où se trouvait Auschwitz], ils ont simplement massacré les gens de façon systématique. Ils étaient gazés dans de vastes salles. […] Le plus grand secret entoure ces choses»314.
Le juge militaire Werner Otto Müller-Hill, dont nous avons vu plus haut qu’il connaissait les opérations d’acheminement-gazages-incinérations des Juifs dressait de nouveau un amer constat dans son journal, le 6 février 1945:
«Le gouvernement est assez malin […] pour inciter le peuple à croire qu’une formidable extermination suivrait la capitulation. Même si cela était le cas, n’avons-nous pas fait la même chose sous les formes les plus épouvantables avec les Juifs d’Allemagne et d’Europe? Ne les avons-nous pas assassinés — ce qu’aucun démenti au monde ne parviendra à nier — par centaines de milliers: le “traitement” des Juifs sans défense a consisté en leur mise à mort!»»315.
En 1939, le SS-Hauptsturmführer Heinrich May, s’il est trop âgé pour combattre (il a alors 44 ans) est un nazi convaincu, officier de la police politique du parti nazi (Politischer Leiter du NSDAP). En 1940, il est transféré dans les territoires polonais annexés où il est nommé garde forestier en chef du district de Koło. Dans le cadre de cette affectation, il est responsable de la forêt où les victimes du centre de mise à mort de Chelmno – d’abord gazées dans des camions – furent enterrées dans un premier temps, avant que leurs corps ne soient exhumés et incinérés. Malgré son engagement nazi, Heinrich May est très profondément choqué par ce à quoi il a assisté. Avant même la fin de la guerre, dès février 1945, totalement libre, il rédige des mémoires, et consacre un chapitre entier à Chelmno. Nous l’avons intégralement traduit pour PHDN. On y lit par exemple:
«Au printemps 1944, Bothmann réapparut soudain avec le Sonderkommando et demanda à nouveau de très grandes quantités de bois de chauffage. Les victimes ont été à présent conduites à proximité immédiate des fosses par le chemin de fer à voie étroite après la réparation d’un pont de chemin de fer qui avait sauté. Le gazage avait lieu sur le site même»316.
Le juge militaire Werner Otto Müller-Hill se confie de nouveau à son journal le 18 février 1945:
«[Sur Goebbels] C’est peut-être un type à l’humour illimité, mais il a trop d’“idées géniales”, à commencer par les émeutes anti-juives du 9 novembre 1938, le jour le plus honteux pour l’Allemagne, et en continuant avec la liquidation des Juifs en Europe par balle et par gazage, que nous payons désormais dans le sang […] [Un futur démembrement de l’Allemagne] ne préjuge absolument en rien d’une liquidation d’un nombre plus ou moins grand d’Allemands “haut-placés” de la même façon que nous avons liquidé les Juifs, ce qui ne serait que le prix du sang que nous avons versé. Peut-être serai-je moi aussi liquidé comme complice de la sanguinaire tyrannie nazie, qu’en sais-je? Personne ne me demandera si j’ai approuvé ces choses horribles ou si j’y ai été impliqué. Il en va ainsi de l’infâmie de nos actes: ils ont entraîné le peuple entier dans une complicité collective et nous ne pouvons pas nous plaindre qu’on nous explique: vous avez liquidé les Juifs par balle et par gaz au nom d’une vision du monde sous le prétexte de la préservation de la paix mondiale, aussi nous nous permettons de vous liquider au nom d’une vision du monde et sous le prétexte de la préservation de la paix mondiale»317.
Le 14 mars 1945, Joseph Goebbels note dans son journal:
«Ces Juifs, si vous en avez le pouvoir, vous devez les crever comme des rats. En Allemagne, on s’en est occupés franchement, Dieu merci. J’espère que le monde en prendra exemple»318.Non seulement Goebbels, alors que tout est terminé pour l’Allemagne nazie, continue à préconiser l’extermination des Juifs (si possible dans le monde entier) mais il précise explicitement que c’est bien ce que les Allemands ont fait, que eux, les Juifs, ils les avaient (il parle au passé) «crevés comme des rats» (wie die Ratten totschlagen)…
D’autres documents illustrant l’extermination des Juifs et la volonté des principaux dirigeants nazis d’exterminer les Juifs sont disponibles: https://phdn.org/negation/documents/volonte.html
Les propos mortifères d’Hitler contre les Juifs ont été rassemblés ici: https://phdn.org/histgen/hitler/declarations.html
Notes
1. Memorandum de J. K. Roberts du 21/11/1938 (FO, 371/21638), cité par Russell Wallis «The Alexander memorandum», Patterns of Prejudice, vol. 53, no. 1, 2019, p. 55. Russell Wallis proposait une première discussion du memorandum dans son Britain, Germany and the Road to the Holocaust: British Attitudes towards Nazi Atrocities, Londres: I. B. Tauris, 2014, p. 191-193. Franz Pfeffer von Salomon fut chef suprême des SA entre 1926 et 1930 et député nazi au Reichstag à partir de 1932. Il fut exclu du parti nazi et du Reichstag après le vol de Rudolf Hess vers la Grande Bretagne en 1941. Toutefois, il avait bien été pendant les premières années du parti nazi un proche d’Hitler. En 1929, dans le numéro du 3 août du Völkischer Beobachter, il écrivait dans un article appelant les membres des SA à la discipline: «Prends garde à tous les affrontements, n’oublie pas que notre règlement de compte avec les Juifs ne se fera pas dans des affrontements individuels ridicules, mais dans l’extermination future de ces ennemis internationaux des peuples, menée par notre puissance publique» (»Parteigenossen! SA- und SS-Mann! Hitlerjunge!«, Völkischer Beobachter, 3.8.1929, cité par Mark A. Fraschka, Franz Pfeffer von Salomon. Hitlers vergessener Oberster SA-Führer, Göttingen: Wallstein Verlag, 2016, p. 384: «Hüte Dich vor allen Zusammenstößen, vergiss weiter nicht, dass unsere Abrechnung mit den Juden nicht in lächerlichen Einzelzusammenstößen erfolgt, sondern in einer dereinstigen durch unsere staatliche Gewalt durchgeführten Vernichtung dieser internationalen Völkerfeinde»).
2. Norbert Frei & Johannes Schmitz, Journalismus im Dritten Reich, München, Beck, 1999, p. 102.
3. «Juden, was nun ?», Das Schwarze Korps, Zeitung der Schutzstaffeln der NSDAP und Organ der Reichsführung SS, no. 47, 24 novembre 1938. L’article est lisible sur le scan (inédit) de l’original que nous proposons. Il est cité intégralement dans Götz Aly et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 2: Deutsches Reich 1938—August 1939, München: Oldenbourg Verlag, 2009, dok. 176, p. 498-503 (p. 500 pour le passage traduit ici). Ci-après l’extrait en allemand complet contenant ce passage en question (le gras figure dans l’article original et nous avons mis en italiques le passage que nous avons traduit): «Weil es notwendig ist, weil wir das Weltgeschrei nicht mehr hören und weil uns schließlich auch keine Macht der Welt daran hindern kann, werden wir also die Judenfrage nunmehr ihrer totalen Lösung zuführen. Das Programm ist klar. Es lautet: völlige Ausscheidung, restlose Trennung! Was bedeutet das? Das bedeutet nicht nur die Ausschaltung der Juden aus der deutschen Volkswirtschaft, die sie durch ihren Mordanschlag und durch ihre Kriegs- und Mordhetze verwirkt haben. Das bedeutet viel mehr! Es kann keinem Deutschen zugemutet werden, daß er länger mit Juden als mit einer abgestempelten Rasse von Mördern und Verbrechern und Todfeinden des deutschen Volkes unter einem Dach lebt. Die Juden müssen daher aus unseren Wohnhäusern und Wohnvierteln verjagt und in Straßenzügen oder Häuserblocks untergebracht werden, wo sie unter sich sind und mit Deutschen so wenig wie möglich in Berührung kommen. Man muß sie kennzeichnen und ihnen ferner das Recht nehmen, in Deutschland über Haus- und Grundbesitz oder über Anteile an diesem zu verfügen, denn es kann einem Deutschen nicht zugemutet werden, daß er der Gewalt eines jüdischen Grundherren untersteht und diesen durch seiner Hände Arbeit ernährt. In die Kriminalität Das in jeder Beziehung auf sich beschränkte Parasitenvolk wird aber in dieser Isolierung, da es zu eigener Arbeit weder willens noch fähig ist, verarmen. Mögen die Juden heute auch noch Milliarden ihr eigen nennen, mag es unter ihnen auch noch viele hundert Millionäre geben, mag der einzelne sogenannte „arme“ Jude auch noch hinreichend viel verschoben und versteckt haben, so werden sie, da ihnen die Lebensader des Parasiten abgeschnitten ist, ihr Kapital doch sehr bald aufgezehrt haben. Und wenn wir, was sich als notwendig erweisen wird, die reichen Juden zwingen werden, ihre „armen“ Rassegenossen zu erhalten, werden sie allesamt ihrer ureigensten, blutbedingten Veranlagung gemäß in die Kriminalität absinken. Dann möge aber niemand glauben, daß wir dieser Entwicklung ruhig zusehen können. Das deutsche Volk hat nicht die geringste Lust, in seinem Bereich Hunderttausende von Verbrechern zu dulden, die durch Verbrechen nicht nur ihr Dasein sichern, sondern auch noch Rache üben wollen! Am wenigsten haben wir Lust, in diesen Hunderttausenden verelendeten Juden eine Brutstätte des Bolschewismus und eine Auffangorganisation für das politisch-kriminelle Untermenschentum zu sehen, das durch den natürlichen Ausleseprozeß am Rande unseres eigenen Volkstums abbröckelt. Wollten wir das dulden, so wäre das Ergebnis eine Verschwörung der Unterwelt, wie sie vielleicht in Amerika, gewiß aber nicht in Deutschland möglich und denkbar ist. Im Stadium einer solchen Entwicklung ständen wir daher vor der harten Notwendigkeit, die jüdische Unterwelt genau so auszurotten, wie wir in unserem Ordnungsstaat Verbrecher eben auszurotten pflegen: mit Feuer und Schwert. Das Ergebnis wäre das tatsächliche und endgültige Ende des Judentums in Deutschland, seine restlose Vernichtung».
4. Traduit d’après l’original en allemand, Robert Ley, discours à Innsbruck (Anprache auf der Konstituierenden Sitzung des Gauarbeitskammer), 10 mai 1939, 19e minute du discours, retranscrit dans Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben unter den Bedingungen der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft, vol. 1, Tondokumente und Rundfunksendungen 1930-1946, Potsdam: Verlag für Berlin-Brandenburg, 1996, no 82a, p. 151 (il s’agit d’un recueil tout à fait remarquable de retranscriptions de 160 discours antisémites nazis diffusés à la radio, conservés par les archives de la Radio allemande, la Deutsche Rundfunkarchiv de Frankfurt am Main). Traduit également en partie (de façon différente) dans Peter Longerich, «Nous ne savions pas»: Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Editions Héloïse d’Ormesson, 2008, p. 184.
5. Ley déclarait: «Si le Juif veut se battre, cela comble notre propre désir de longue date. Il n’y a plus de place pour les Juifs dans le monde. C’est nous ou le Juif, l’un de nous doit dégager. Et nous voulons que le Juif dégage, qu’il soit anéanti, lui et et sa diabolique doctrine de déchéance et de négation de la vie» («Wenn der Jude den Kampf will, wir wollen ihn schon lange. Es gibt in der Welt keinen Raum mehr für den Juden. Entweder der Jude oder wie, einer von uns muß weichen. Und wir wollen, daß der Jude weicht, daß er vernichtet wird und mit ihm seine teuflifche, lebenverneinende und knochenerweichende Lehre): Robert Ley, «Wir oder die Juden…», discours du 31 mars 1939 cité dans Die Hoheitsträger, 3, mai 1939, p. 4. À notre connaissance, l’original en allemand n’a jamais été cité avant nous. Ce discours est intégralement traduit en anglais par Randall L. Bytwerk, ici.
6. Version originale en allemand, document 2278-PS, Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, vol. YYY, p. 84 et suiv., p. 95 pour le passage cité (Dieses Gebiet mit seinem stark sumpfigen Charakter könnte nach den Erwägungen des Distriktsgouverneurs Schmidt als Juden-reservat dienen, welche Maßnahme womöglich eine starke Dezimierung der Juden herbeiführen könnte).
7. Jürgen Hagemann, Die Presselenkung im Dritten Reich, Bonn, 1970, p. 146. Version originale en allemand: «Vertrauliche Information: Neben den polnischen Flüchtlingsstrom tritt der jüdische Flüchtlingsstrom. Die Juden werden nach Möglichkeit in das Gebiet um Lublin verpflanzt. Es sind bereits von der SS Anordnungen getroffen, daß noch in dieser Woche z.B. aus Lodz 20 000 Juden den Marsch in das Innere des Landes antreten müssen… Für diese Völkerwanderung sind die Ernährungsgrundlagen nicht vorhanden». Cité notamment (en anglais) par Peter Longerich, Holocaust. The Nazi Persecution and Murder of the Jews, Oxford University Press, 2010, p. 154.
8. Cité par Christopher Browning, Nazi Policy, Jewish Workers, German Killers, Cambridge University Press, 2000, p. 8. Version originale en allemand dans Faschismus-Getto-Massenmord. Dokumentation uber Ausrottung und Widerstand der Juden in Polen während des Zweiten Weltkrieges, Jüdisches historisches Institut, Tatiana Berenstein, Arthur Eisenbach et alii (eds.), Frankfurt am Main, 1962, p. 46, cité notamment par Michael Wildt, Geschichte des Nationalsozialismus, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 2008, p. 150.
9. Cité par Sybille Steinbacher, “Musterstadt” Auschwitz. Germanisierungspolitik und Judenmord in Ostoberschlesien (Darstellungen und Quellen zur Geschichte von Auschwitz, Institut für Zeitgeschichte, Band 2), K. G. Saur Verlag, Munich, 2000, p. 120. Version anglaise dans Peter Longerich, Holocaust. The Nazi Persecution and Murder of the Jews, Oxford University Press, 2010, p. 154.
10. Cité par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hambourg: Hoffmann und Campe, 1991, p. 204: «Viele Deutsche sehen wohl zum ersten Mal in ihrem Leben Juden in solchen Massen. “Die Ghettos” gehören zu dem Schmutzigsten, was man sich vorstellen kann. […] Die Vernichtung dieses Untermenschentums läge im Interesse der ganzen Welt. Diese Vernichtung ist aber eines der schwierigsten Probleme. Mit Erschießungen kommt man nicht durch. Auch kann man Frauen und Kinder nicht schießen lassen. Da und dort rechnet man auch mit Verlusten bei den Evakuierungstransporten, und auf dem Transport von 1 000 Juden, der von Lublin aus in Marsch gesetzt wurde, seien 450 umgekommen. […] Sämtliche mit der Judenfrage befaßten Stellen sind sich über die Unzulänglichkeit all dieser Maßnahmen im Klaren. Doch ist eine Lösung dieses komplizierten Problems noch nicht gefunden».
11. Traduit de l’original en allemand, Robert Ley, discours devant des travailleurs allemands à Lodz (5 premières minutes du discours), décembre 1939, retranscrit dans Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben unter den Bedingungen der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft, vol. 1, Tondokumente und Rundfunksendungen 1930-1946, Potsdam: Verlag für Berlin-Brandenburg, 1996, 91, p. 158. On trouve la traduction en anglais du même passage dans Jeffrey Herf, «The “Jewish War”: Goebbels and the Antisemitic Campaigns of the Nazi Propaganda Ministry», Holocaust and Genocide Studies, vol. 19, n. 1, spring 2005, p. 57.
12. Karl Haushofer: Leben und Werk, vol. ii: Ausgewählter Schriftwechsel, 1917-1946, ed. Hans-Adolf Jacobsen, Boppard am Rhein, 1979, no. 226, cité par Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 261.
13. Dieter Pohl, Von der "Judenpolitik" zum Judenmord: Der Distrikt Lublin des Generalgouvernements, 1939-1944, Francfort, 1993, p. 52: «die evakuierten Juden und Polen sollten sich selbst ernähren und von ihren Landsleuten unterstützen lassen, da diese Juden genug hätten. Falls dies nicht gelänge, sollte man sie verhungern lassen». Version française dans Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008, p. 71-72.
14. «Die Juden interessieren mich überhaupt nicht. Ob die etwas zu futtern haben oder nicht, ist für mich die allerletzte Frage». Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Präg et Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 186. Voir également Peter Longerich, Holocaust. The Nazi Persecution and Murder of the Jews, Oxford University Press, 2010, p. 154.
15. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 120. Browning fournit l’original en allemand: «Völlig gleichgültig, um nicht zu sagen wünschenswert, ist uns das rasche Absterben der Juden insolange als die Begleiterscheinungen das öffentliche Interesse des deutschen Volkes unberührt lassen; sofern jedoch weisungsgemäss (Reichsführer SS) dieses Volk staatlichen Interessen dienstbar zu machen ist, müssen die primitivsten Voraussetzungen hierzu geschaffen werden».
16. Ibid., p. 460. Original: «Tuberkulose und außerdem nicht übertragbare Kinderkrankheiten, sowie andere Krankheiten, die ein rapides Ansteigen der Sterblichkeitsziffer zur Folge haben interessieren die deutsche Gesundheitsbehörde nicht.» (Peter Klein, Die »Gettoverwaltung Litzmannstadt« 1940-1944. Eine Dienststelle im Spannungsfeld von Kommunalbürokratie und staatlicher Verfolgungspolitik, Hamburger Edition, 2009, p. 210).
17. Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hambourg, 1997, p. 17, cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs 1939-1945, éditions du Seuil, 2008, p. 216. En allemand: «Wenn man diese Menschen so betrachtet, bekommt man so den Eindruck, daß die wirklich keine Berechtigung haben, überhaupt auf Gottes Erdboden zu leben» (cité d’après l’édition Walter Manoschek, Ibid., Hamburger Edition, 1995 p. 17).
18. Notre traduction d’après l’original allemand: «Mit Bouhler Frage der stillschweigenden Liquidierung von Geisteskranken besprochen. 40 000 sind weg, 60 000 müssen noch weg. Das ist eine harte, aber auch eine notwendige Arbeit. Und sie muß jetzt getan werden. Bouhler ist der rechte Mann dazu» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil I, Aufzeichnungen 1923-1941, Band 9, Dezember 1940 - Juli 1941, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1998, p. 119). On trouve souvent à la place du chiffre 40 000 celui de 80 000. De fait, d’autres éditions du Journal de Goebbels proposent ce chiffre (c’est par exemple le cas de Ralf Georg Reuth (éd.), Joseph Goebbels Tagebücher, Band 4: 1941-1942, München: Piper, 1992, p. 1525. Cette édition ne propose pas le journal dans son intégralité). Toutefois l’édition coordonnée par Elke Fröhlich est celle qui fait depuis longtemps foi auprès de la communauté historienne. Nous n’avons pas pu déterminer d’où provenait ce premier chiffre, mais celui de 40 000 est plus cohérent avec ce que l’on sait du rythme des assassinats. Nous avons eu du mal à traduire l’adjectif stillschweigenden, stricto sensu «tacite» au sens de passé sous silence, informel, non officiel. Nous pensons qu’ici le terme désigne à la fois le caractère secret et illégal de la mesure (même si elle a été ordonnée, en secret, par Hitler), d’où notre choix de restituer cela par «confidentiel». Une édition partielle du journal de Goebbels en français propose pour le même passage la traduction suivante: «Évoqué avec Bouhler la liquidation silencieuse des malades mentaux. 40 000 sont déjà éliminés, 60 000 doivent encore l’être. C’est un travail dur mais aussi nécessaire. Et il faut le faire maintenant. Bouhler est l’homme qui convient» (Joseph Goebbels, Journal. 1939-1942, Paris: Tallandier, 2009, p. 238).
19. Cité dans Pierre-André Taguieff (dir.), L’antisémitisme de plume, 1940-1944, études et documents, Berg International, Paris, 1999, p. 535-536 (fac-similé partiel en p. 534). Le fac-similé présenté ici a été réalisé par nos soins. Il est totalement inédit.
20. Walter Gross, «Die Rassenpolitischen Voraussetzungen zur Lösung der Judenfrage», Welkampf, avril-septembre 1941, p. 52, cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», dans Michael Berenbaum et Abraham J. Peck (éditeurs), The Holocaust and History. The Known, the Unknown, the Disputed and the Reexamined, Indiana University Press, 1998, p. 45. En allemand: «Und soweit es sich um die historische Erscheinung des Juden in Europa handelt, glauben wir, dass diese Todesstunde unwiderruflich gekommen ist» (Dirk Rupnow, Vernichten und Erinnern. Spuren nationalsozialistischer Gedächnispolitik, Wallstein Verlag, Göttingen, 2005, p. 217).
21. Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995 p. 25. Traduction française dans Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 25. Original en allemand (complet, sans les incises): «Während ich noch beim Abendessen saß, wurde auch über die Judenfrage im Generalgouvernement und überhaupt in der Welt gesprochen; für mich ist es sehr interessant, solche Gespräche anzuhören. Zu meinem Erstaunen waren sich schließlich doch alle einig, daß die Juden ganz von der Welt verschwinden müßten. Ja, die Engländer und die Juden sollten den Bombenangriffen ihrer Landsleute ausgesetzt werden, aber das sind alles nur Wünsche. Die Juden müßten mal alle weg bezw. kaltgestellt werden, dann würde es bald anders aussehen in der Welt.»
22. Robert Ley, Schmiede des Schwertes - Der deutsche Arbeiter im Großdeutschen Freiheitskampf - Reden und Reportagen aus der Kriegsarbeit Dr. Leys, Zentralverlag der NSDAP., Franz Eher Nachf., München, 1942, p. 231. La volonté d’extermination des Juifs par les nazis était exprimée publiquement et publiée officiellement (en l’occurrence le recueil en question est doté d’une préface du Reichsmarshall Hermann Göring). Ce passage est cité partiellement dans Stéphane Bruchfeld & Paul A. Levine, Erzählt es euren Kindern: der Holocaust in Europa, Bertelsmann, 2000, p. 59, version en anglais dans Stéphane Bruchfeld, Paul A. Levine, Tell ye your children. A book about the Holocaust in Europe 1933-1945, Regeringskansliet, Stockholm, 1998, p. 33. Une édition française de cet ouvrage existe: Dites-le à vos enfants. Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, Ramsay, 2000.
23. Jean Méricourt, «Les Juifs vont payer», Au Pilori, 26 juin 1941, cité par Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, Paris: CNRS Éditions, p. 140. Laurent Joly ne manque pas de mentionner aussi «l’éloge, tristement fameux, de l’extermination des juifs par stérilisation et extinction, Jacques BOUVREAU, “14 juillet 2142. Le dernier Juif vient de mourir!”, Au Pilori, 23 juillet 1942» (p. 204).
24. Cité par Philippe Marguerat, «Le IIIe Reich, l’invasion de l’URSS et le génocide juif (juin-juillet 1941)», Revue Historique, no. 597, janvier-mars 1996, p. 158. Version originale en allemand: «Den Selbstreinigungsbestrebungen antikommunistischer und antijüdischer Kreise in den neu zu besetzenden Gebieten ist kein Hindernis zu bereiten. Sie sind im Gegenteil, allerdings spurenlos auszulösen, zu intensivieren wenn erforderlich und in die richtigen Bahnen zu lenken, ohne daß sich diese örtlichen “Selbstschutzkreise” später auf Anordnungen oder auf gegebene politische Zusicherungen berufen können.» (Peter Longerich & Dieter Pohl (ed.), Die Ermordung der europäischen Juden. Eine umfassende Dokumentation des Holocaust 1941-1945, Munich: Piper, 1989, p. 118-119. Le document est cité intégralement par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 7: Sowjetunion mit annektierten Gebieten I, München: Oldenbourg Verlag, 2011, p. 137).
25. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 212-213.
26. Monika Stolarczyk-Bilardie, art. cit., p. 218. Monika Stolarczyk-Bilardie fournit la cote du document: ASRS [Archives historiques de la Secrétairerie d’État du Vatican, Section pour les relations avec les États], AA.EE.SS., Stati Ecclesiastici 688a, fo 385-386, Seconda relazione del Sig. Malvezzi su la situazione religiosa in Polonia, 7 juillet 1941.
27. Monika Stolarczyk-Bilardie, art. cit., p. 219.
28. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 260 et 314. «Die Juden sind Freiwild […] Man kann den Juden nur noch einen gut gemeinten Rat geben: Keine Kinder mehr in die Welt zu setzen. Sie haben keine Zukunft mehr.»
29. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 267. En Allemand: «[…] daß auf diese Weise die Judenfrage wohl nicht gelöst werden kann. Am sichersten wäre sie durch Sterilisierung aller männlichen Juden zu lösen.» (in Helmut Krausnick & Hans-Heinrich Wilhelm, Die Truppe des Weltanschauungskrieges: die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD, 1938-1942, Stuttgart: Deutsches Verl, 1981, p. 208).
30. Original en allemand: «Auf Grund der vom RSHA gegebenen Weisungen wurden in allen genannten Städten Weißrußlands die Liquidierungen an Funktionären des Staats- und Parteiapparats vorgenommen. Betreffs der Juden wurde im gleichen Sinne nach den Befehlen gehandelt.». Ereignismeldung UdSSR n. 17 du 9 juillet 1941, Adalbert Rückerl, NS-Prozesse. Nach 25 Jahren Strafverfolgung: Möglichkeiten — Grenzen — Ergebnisse, Karlsruhe: Verlag C.F. Müller, 1971, p. 90. De nombreux ouvrages en Allemands proposent ce passage et des extraits plus ou moins complets du rapport du 9 juillet 1941. Une traduction intégrale de ce rapport en anglais figure dans Yitzak Arad, Shmuel Krakowski & Shmuel Spector (éd.), The Einsatzgruppen Reports, New York: Holocaust Library, 1989, p. 13-15, disponible en ligne. Une traduction en français du passage que nous citons est proposée par Marie Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah. L’extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944, Paris: Passés/Composés, 2020, p. 131.
31. Ereignismeldung UdSSR n. 21 du 13 juillet 1941, Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 20, Die vom 12.04.1964 bis zum 03.04.1965 ergangenen Strafurteile Lfd. Nr. 569-590, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, Amsterdam, 1981, p. 420. Passage original complet en allemand: «Der Litauische Ordnungsdienst, der nach Auflösung der litauischen politischen Polizei dem Einsatzkommando unterstellt worden ist, wurde angewiesen, sich an der Liquidierung der Juden zu beteiligen. Hierfür wurden 150 litauische Beamte abgestellt, die die Juden festnehmen und sich in Konzentrationslager schaffen, wo sie nach am gleichen Tag der Sonderbehandlung unterzogen werden. Diese Arbeit hat jetzt begonnen und so werden laufend täglich nunmehr etwa 500 Juden u.a. Saboteure liquidiert.» Traduit dans Saul Friedländer, Les Années d’Extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs 1939-1945, Editions du Seuil, 2008, p. 289-290 (Friedländer commet une erreur en rattachant l’Einsatzkommando 9 à l’Einsatzgruppe A, erreur qui ne figure pas dans sa source).
32. Cité par Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 332. En fait Longerich mentionne liquidiert au lieu de exekutiert, mais toutes les autres sources citant le même document mentionnent exekutiert (par exemple, Justiz und NS-Verbrechen[…], vol. 20, op. cit, p. 420), aussi nous pensons que c’est Longerich qui commet une erreur de retranscription (ce que l’on peut comprendre dans la mesure où liquidiert et exekutiert figurent tous deux dans le corpus documentaire avec rigoureusement le même sens). Voir aussi, Eberhard Jäckel, Jürgen Rohwer, Der Mord an den Juden im Zweiten Weltkrieg: Entschlussbildung und Verwirklichung, Frankfurt: Fischer Taschenbuch Verlag, 1988, p. 232.
33. Aktenvermerk des Leiters des SD-Abschnitts, Posen, Höppner, betr., überlegungen zu einer «Lösung der Judenfrage», im Warthegau mit Anschreiben an Eichmann, 16/07/1941; cité par Götz Aly, «“Judenumsiedlung”, überlegungen zur politischen Vorgeschichte des Holocaust», in Ulrich Herbert (ed.), Nationalsozialistische Vernichtungspolitik 1939-1945. Neue Forschungen und Kontroversen, Fischer, 1998, p. 83-84 et Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 321. Original: «Es besteht in diesem Winter die Gefahr, daß die Juden nicht mehr sämtlich ernährt werden können. Es ist ernsthaft zu erwägen, ob es nicht die humanste Lösung ist, die Juden, soweit sie nicht arbeitseinsatzfähig sind, durch irgendein schnellwirkendes Mittel zu erledigen. Auf jeden Fall wäre dies angenehmer, als sie verhungern zu lassen. Im übrigen wurde der Vorschlag gemacht, in diesem Lager sämtliche Jüdinnen, von denen noch Kinder zu erwarten sind, zu sterilisieren, damit mit dieser Generation tatsächlich das Judenproblem restlos gelöst wird. […] Die Dinge klingen teilweise fantastisch, wären aber meiner Ansicht nach durchaus durchführbar.». Une traduction complète du courrier de Höppner à Eichmann figure dans Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 98. Nous publions la reproduction du document original sur PHDN: https://phdn.org/histgen/documents/hoppner19410716.html.
34. Cité par Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 33. Original: «Hier wird auch die Judenfrage etwas anders als bei uns gelöst. Da treiben die Rumänen alle Juden zusammen und erschießen sie, ganz gleich, ob Mann, Frau oder Kinder, denn zuerst war es umgekehrt» (Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995, p. 36 – également dans Michaela Kipp, «The Holocaust in the letters of German soldiers on the Eastern front (1939-44)», Journal of Genocide Research, vol. 9, no. 4, november 2007, p. 613 note 16).
35. Cité par Dieter Pohl, Die Herrschaft der Wehrmacht. Deutsche Militärbesatzung und einheimische Bevölkerung in der Sowjetunion, 1941-1944, Munich: R. Oldenbourg Verlag, 2009, p. 254.
36. «zur schnellen Durchführung Judenproblem etwa 100 Mann SS und 50 Mann Schupo [erbat], die gleichzeitig ordnungspolizei liche Aufgaben durchführen. Hier etwa 8000 Juden. Bei z. Zt [zur Zeit] hier vorhandener SS würde Durchführung Judenproblem etwa 1 Jahr dauern, was im Interesse Befriedigung Libaus untragbar» (Heinz-Ludger Borgert, «Die Kriegsmarine und das Unternehmen “Barbarossa”», Mitteilungen aus dem Bundesarchiv, 1 (1999), p. 61, cité par Nadine Fresco, La Mort des Juifs, Paris: Seuil, 2008, p. 70-71 et n. 145, p. 280; ainsi que Edward Anders & Juris Dubrovskis, «Who Died in the Holocaust? Recovering Names from Official Records», Holocaust and Genocide Studies, Volume 17, Number 1, Spring 2003. En ligne… et ici, p. 126-127 dont nous adaptons la traduction anglaise, nous écartant légèrement de la traduction de Nadine Fresco.
37. «Judenfrage Libau durch Erschiessung von etwa 1100 männl.[ichen] Juden durch Riga'er SS Kommando [am] 24. und 25.7 grössenteils erledigt. SS Kdo wieder abgerückt. Für Erledigung von Restaufgaben ist weiteres Verbleiben des Libauer SS-Kommandos erforderlich» (Heinz-Ludger Borgert, art. cit.,, p. 61, cité par Nadine Fresco, La Mort des Juifs, op. cit., p. 70-71 et n. 147, p. 280).
38. Pour la genèse et la transmission de ces images, voir Joshua Hirsch, Afterimage. Film, Trauma and the Holocaust, Philadelphie: Temple University Press, 2004, p. 1-3. Ce film a été mis en ligne par le United States Holocaust Memorial Museum: https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/film/einsatzgruppen-mobile-killing-units. On remarquera qu’à ce moment, des assassinats collectifs de civils peuvent se produire en public.
39. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 278. Original: «souveräne Beherrschung dieses Volkstumskampfes unter gleichzeitiger Ausmerzung des Judentums»
40. Traduit d’après l’original en allemand cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 281 et 310. Relevons que ce document est connu depuis longtemps. Le Spiegel en fait état en 1964, en citant le passage en question à l’occasion du procès en Allemagne d’un SS, Hans Walter Zech‐Nenntwich, impliqué dans les massacres commis en 1941 par son unité, le 2e Régiment de Cavalerie SS, dans les Marais du Pripet, non loin de Pinsk en Biélorussie («Weiber in die Sümpfe», Der Spiegel, 4/1964, 21.01.1964, p. 30).
41. Ibid., p. 281. Original en allemand dans Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 368: «Weiber und Kinder in die Sümpfe zu treiben hatte nicht den Erfolg, den er haben sollte, denn die Sümpfe waren nicht so tief daß ein Einsinken erfolgen konnte. Nach einer Tiefe von 1 Meter kam man in den meisten Fällen auf festen Boden (wahrscheinlich Sand), so daß ein Versinken nicht möglich war.». Comme précédemment, ce document est connu depuis longtemps, au moins depuis la publication en 1965, des journaux de guerre de plusieurs unités de combat SS, Fritz Baade (éd.), Unsere Ehre heisst Treue. Kriegstagebuch des Kommandostabes Reichsführer SS, Tätigkeitsberichte der 1. und 2. SS-Inf.-Brigade, der 1. SS-Kav.-Brigade und von Sonderkommandos der SS, Vienne: Europa Verlag, 1965 (le passage figure p. 220). Il ne cesse ensuite d’être régulièrement cité par les historiens.
42. «Sage mir keiner: Wir können sie doch nicht in den Morast schicken! Wer kümmert sich denn um unsere Menschen? Es ist gut, wenn uns der Schrecken vorangeht, daß wir das Judentum ausrotten. Der Versuch, einen Judenstaat in Afrika oder Asien zu gründen, wird ein Fehlschlag sein […] Wir schreiben die Geschichte auch wieder neu: vom Rassestandpunkt aus». Adolf Hitler, Monologue im Führerhauptquartier 1941-1944, éd. Werner Jochmann, Hambourg, 1980, p. 106, cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 370 (notre traduction française s’appuie sur l’original en allemand cité par Browning et est conforme à sa traduction en anglais). Signalons que ces propos d’Hitler connaissent une très large diffusion dès 1980 puisque ce passage est cité intégralement par le magazine allemand Der Spiegel à deux reprises en mars 1980 (Rudolf Augstein, «“Feldherr bin ich wider Willen” Rudolf Augstein über Hitlers Monologe im Führerhauptquartier», Der Spiegel, 10/1980, 2 mars 1980, p. 180, et «“Feldherr bin ich wider Willen” Adolf Hitlers Monologe im Führerhauptquartier 1980 Albrecht Knaus Verlag, Hamburg», Der Spiegel, 11/1980, 9 mars 1980, p. 198).
43. Cité par Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, p. 1388, n. 71. Version originale: «Die Juden sind ja immer Träger ansteckender Krankheiten gewesen. Man muß sie entweder in einem Ghetto zusammenpferchen und sich selbst überlassen oder liquidieren» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II. Band 1, Diktate 1941-1945. Juli-September 1941, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1996, p. 189).
44. Cité par Christopher Browning, Nazi Policy, Jewish Workers, German Killers, Cambridge University Press, 2000, p. 152. Même citation dans Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 314.
45. Rapport du Major Hans von Payr du 11 août 1941 sur sa visite à l’Inspectorat économique du Nord, cité par Götz Aly, «Endlösung». Völkerverschiebung und der Mord an den europäischen Juden, Fischer Taschenbuch Verlag, 1995, p. 333. Original en allemand: «In Libau dagegen sind schon mehrere tausend Juden “liquidiert” worden […] Jüdische Frauen wurden bisher nicht erschossen. Man sprach davon, daß sie später durch Vergasung beseitigt werden sollen» (le document est cité intégralement par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 7: Sowjetunion mit annektierten Gebieten I, München: Oldenbourg Verlag, 2011, p. 240 pour le présent passage). La cote archivistique est fournie p. 238: BArch RW 19/473, Bl. 100-107.
46. Alex J. Kay, The Making of an SS Killer. The Life of Colonel Alfred Filbert, 1905–1990, Cambridge: Cambridge University Press, 2016, p. 57-60.
47. Extrait du «Tätigkeits–und Lagebericht Nr. 2 der Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD in der UdSSR (Berichtszeit v. 29.7.– 14.8.1941)», reproduit dans Peter Klein (éd.), Die Einsatzgruppen in der besetzten Sowjetunion, 1941/42: die Tätigkeits- und Lageberichte des Chefs der Sicherheitspolizei und des SD, Berlin: Ed. Hentrich, 1997, p. 136, cité par Alex J. Kay, The Making of an SS Killer. The Life of Colonel Alfred Filbert, 1905–1990, Cambridge: Cambridge University Press, 2016, p. 170, note 22.
48. Cité par Christopher Browning, Nazi Policy, Jewish Workers, German Killers, Cambridge University Press, 2000, p. 35. Voir également Peter Longerich, «Nous ne savions pas»: Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Editions Héloïse d’Ormesson, 2008, p. 213-214. Version originale: «Wir reden auch über das Judenproblem. Der Führer ist der Überzeugung, daß seine damalige Prophezeiung im Reichstag, daß, wenn es dem Judentum gelänge, noch einmal einen Weltkrieg zu provozieren, er mit der Vernichtung der Juden enden würde, sich bestätigt. Sie bewahrheitet sich in diesen Wochen und Monaten mit einer fast unheimlich anmutenden Sicherheit. Im Osten müssen die Juden die Zeche bezahlen; in Deutschland haben sie sie zum Teil schon bezahlt und werden sie in Zukunft noch mehr bezahlen müssen.» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II. Band 1, Diktate 1941-1945. Juli-September 1941, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1996, p. 269).
49. Cité par Peter Longerich, Holocaust. The Nazi Persecution and Murder of the Jews, Oxford University Press, 2010, p. 201. En allemand: «In der Nähe von Pinsk wurde ein Milizangehöriger aus dem Hinterhalt erschossen. Dafür wurden 4 500 Juden liquidiert» (Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 342).
50. Voir principalement, Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 127-144, qui fournit l’intégralité de ces documents — «Schöne Zeiten»: Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, Fischer, 1988, p. 131-145 pour les versions originales en allemand —, et Raul Hilberg, Exécuteurs, Victimes, Témoins. La Catastrophe Juive 1933-1945, Gallimard, 1944, p. 77-79 pour un très bon résumé. Voir aussi Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 283-285. C’est l’officier allemand Helmut Groscurth, opposé au massacre des enfants, qui sécurisa plusieurs documents qui nous sont parvenus (lui-même est mort en 1943 alors qu’il était prisonnier des Soviétiques). Son journal est paru en 1970 (Helmut Groscurth, Tagebücher eines Abwehroffiziers, 1938-1940. Mit weiteren Dokumenten zur Militäropposition gegen Hitler. Herausgegeben von Helmut Krausnick und Harold C. Deutsch unter Mitarbeit von Hildegard von Kotze, Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1970). On dispose de deux autres bons récits de ces évéments, l’un par Wolfram Wette (Die Wehrmacht-Feindbilder, Vernichtungskrieg, Legenden, Frankfurt am Main: S. Fischer Verlag GmbH, 2002; traduction française par Olivier Manoni, Les Crimes de la Wehrmacht, Paris: Perrin, 2009; rééd. 2013, collection tempus, p. 122-126) précédé par Bernd Boll et Hans Safrian («Auf dem Weg nach Stalingrad Die 6. Armee 1941-1942», in Klaus Naumann et Hannes Heer, Vernichtungskrieg. Die Verbrechen der Wehrmacht 1941-1944, Hambourg: Hambourg Edition, 1995; traduction française: «Sur le chemin de Stalingrad. La 6e armée en 1941-1942», in Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 180-183 pour l’épisode qui nous occupe), en ligne sur PHDN. La recherche sur ce sujet doit tenir compte du fait que l’orthographe du nom du lieu varie selon la langue, les sources et les historiens: Bjelaja ou Belaja, Zerkow ou Zerkov, Bila Tserkva, Bila Zerkwa, Belaya Tserkov, Belaïa Tserkov, Bielaïa Tserkov, Bialacerkiev ou Biała Cerkiew (en urkrainien) Біла Церква, (en russe) Белая Церковь…
51. Rapport de l’aumonier Reuss adressé au lieutenant-colonel Groscurth le 20 août 1941, cité par Klee, Dressen, Riess, Pour eux «c’était le bon temps»…, op. cit., p. 131-132.
52. Rapport du lieutenant-colonel Groscurth au commandant en chef de la 6e armée, le maréchal von Reichenau en date du 21 août 1941, cité par Klee, Dressen, Riess, Pour eux «c’était le bon temps»…, op. cit., p. 138-139. Versions originales des trois citations: «Er [Riedl] erklärte, daß er die Ausrottung der jüdischen Frauen und Kinder für dringend erforderlich halte, gleichgültig in welcher Form diese erfolgte.», «Der Standartenführer [Blobel] erklärte bei der Beratung über die weiteren zu treffenden Maßnahmen, daß der Herr Oberbefehlshaber [Reichenau] die Notwendigkeit der Beseitigung der Kinder anerkenne und durchgefuhrt wissen wolle, nachdem diese Maßnahmen in vorliegendem Falle einmal eingeleitet seien», et «der Feldkommandant [Riedl] mehrfach erklärte, diese Brut müsse ausgerottet werden.» (Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), «Schöne Zeiten»: Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, Fischer, 1988, p. 141-142). Le fac-similé intégral de ce rapport de Groscurth, ainsi qu’une traduction en anglais sont fournis sur le site web de l’EHRI: https://training.ehri-project.eu/b01-report-lieutenant-groscurth
53. Décision du maréchal von Reichenau du 26 août 1941, citée par Klee, Dressen, Riess, Pour eux «c’était le bon temps»…, op. cit., p. 141-142. Version originale en allemand dans Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), «Schöne Zeiten»…, op. cit., p. 144). Le fac-similé intégral de ce document, ainsi qu’une traduction en anglais sont fournis sur le site web de l’EHRI, https://training.ehri-project.eu/b02-statement-von-reichenau
54. Mihail Sebastian, Journal, Stock, 1998, p. 354; cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 296-297. Original roumain: «Dejun la Alice cu Vicky Hillard, locotenent de cavalerie, întors ieri de pe front, din Ucraina. Judecata lui generală asupra războiului nu e prea interesantă (de altfel nu diferă prea mult de tot ce poţi auzi la Bucureşti), dar simpla relatare a faptelor mici e precisă. Multe lucruri despre masacrul evreilor dincoace şi dincolo de Nistru. Zeci, sute, mii de evrei împuşcaţi. El, simplu locotenent, ar fi putut ucide sau ordona să se ucidă oricâţi evrei. Şofeurul, care l-a adus până la Iaşi, a împuşcat patru.» (Mihail Sebastian, Jurnal: 1935-1944, București: Humanitas, 1996, p. 374).
55. Note de Hans Gewecke du 3 septembre 1941, citée par Christoph Dieckmann, «Der Krieg und die Ermordung der litauischen Juden», in Ulrich Herbert (ed.), Nationalsozialistische Vernichtungspolitik 1939-1945. Neue Forschungen und Kontroversen, Fischer, 1998, p. 322. Ce texte a été traduit en français (par François Pastre), «La guerre et l’assassinat des Juifs lituaniens», dans Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004: en ligne…
56. Rapport de situation opérationelle USSR No 106 du 8 octobre 1941, cité par Yitzhak Arad, Yisrael Gutman et Shmuel Spector (éditeurs), The Einsatzgruppen Reports. Selection from the Dispatches of the Nazi Death Squads’ Campaign Against the Jews in Occupied Territories of the Soviet Union July 1941 - January 1943, Holocaust Library, New York, 1989, p. 174. Version originale: «[…] in deren Ergebnis beschlossen wurde, die Judenschaft von Shitomir endgültig und radikal zu liquidieren […] Am 19.9.41 wurde das Judenviertel ab 4.00 Uhr früh geräumt […] Nachdem der Abtransport erfolgt war und die notwendigen Vorbereitungen […] wurden insgesamt 3145 Juden registriert und exekutiert.» (Ereignismeldung UdSSR, no 106, vom 7.10.1941, cité par Ernst Klee & Willi Dressen, «Gott mit uns»: der deutsche Vernichtungskrieg im Osten 1939-1945, Frankfurt Am Main: S. Fischer, 1989, p. 106. Le texte quasi complet du rapport no 106, qui contient également des informations sur le massacre de Babi-Yar des 29 août et 1er septembre figure également dans Hans-Adolf Jacobsen, Der Zweite Weltkrieg: Grundzüge der Politik und Strategie in Dokumenten, Frankfurt am Main: Fischer, 1965, p. 383).
57. Christopher Browning, The Final Solution and the German Foreign Office, Holmes & Meier Publishers, Inc., 1978, p. 58. Eichmann était à la tête du bureau IV B 4 (et non IV D IV) du RSHA. Version originale: «Nach Auskunft Sturmbannführer Eichmann RSHA IV D VI Aufnahme in Rußland und Generalgouvernement unmöglich. Nicht einmal die Juden aus Deutschland können dort untergebracht werden. Eichmann schlägt Erschießen vor.» (cité par Fritz Bauer, Justiz und NS-Verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, Volume 28, Amsterdam University Press & K.G. Saur, 1968, p. 41 ainsi que Hans Safrian, Eichmann und seine Gehilfen, Fischer Taschenbuch Verlag, 1995, p. 113).
58. Cité par Marie Moutier (éd.), Lettres de la Wehrmacht, Paris: Perrin, 2014, p. 37.
59. Brigadebefehl Nr. 8 cité par Christian Gerlach, Kalkulierte Morde, Die deutsche Wirtschafts — und Vernichtungs-politik in WeissRussland. 1941 bis 1944, Hambourg: Hamburger Edition, 1999, p. 529. Version originale: «Falls eine Einheit längere Zeit in einem Orte liegt, sind unmittelbar Judenviertel bezw. Ghettos anzulegen, falls sie nicht sofort ausgerottet werden können». Passage cité également en français par Marie Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah. L’extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944, Paris: Passés/Composés, 2020, p. 278. Notre traduction diffère légèrement de celle de Marie Moutier-Bitan.
60. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 593. Version originale: «so muß meiner ansicht nach der Militärbefehlshaber für die sofortige Beseitigung dieser 8000 Juden Sorge tragen. In anderen Orten sind anderer Militärbefehlshaber mit einer wesentlich größeren anzahl von Juden fertig geworden, ohne überhaupt darüber zu reden.» (cité par Fritz Bauer, Justiz und NS-Verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, Volume 28, Amsterdam University Press & K.G. Saur, 1968, p. 42).
61. Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 244. Version originale en allemand (sans les incises): «ein Bericht von Auerley [Thomas], der wieder von der Front kam, bestätigen die Fortdauer der widerwärtigster Grausamkeiten vor allem gegen Juden, die reihenweise ohne Scham niedergeknallt werden, und auch gegen gefangene und sonstige Russen. Ein Oberstabsarzt, Dr. Panig oder so ähnlich, den man einmal nakt über den Kurfürstendamm, peitschen müßte hat berichtet, er habe russische Dum-Dum-Munition bei Judenexekutionen ausprobiert und dabei die und die Ergebnisse gehabt; er sei bereit, das fortzuführen und einen Bericht zu machen der zu Propaganda wegen dieser Munition verwendet werden könnte!» (Ulrich von Hassell, Friedrich Hiller von Gaertringen (éd.), Die Hassell-Tagebücher 1938-1944. Aufzeichnungen vom Anderen Deutschland, München: Goldmann-Taschenbuch, 1994, p. 277). Il faut relever que le journal de Ulrich von Hassell est publié dès 1946 et traduit en français dès 1948. On dispose depuis 1990 d’une biographie de Ulrich von Hassell par Gregor Schöllgen, Ulrich von Hassell 1881-1944: ein Konservativer in der Opposition, München: Verlag C. H. Beck, 1990 (traduit en anglais: A Conservative Against Hitler. Ulrich von Hassell: Diplomat in Imperial Germany, the Weimar Republic and the Third Reich, 1881-1944, Palgrave Macmillan, 1991).
62. Gerhart Panning, «Wirkungsform und Nachweis der sowjetischen Infantriesprengmunition», Der deutsche Militärarzt, Jan. 1942, Library of Congress, microfilm 0184, cité par Wendy Lower, Nazi Empire-Building and the Holocaust in Ukraine, Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2005, note 38 p. 237 (p. 81-82 pour les circonstances des «expériences» de Panning). Voir également Johanna Preuss, «Gerhart Panning (1900–1944): a German Forensic Pathologist and His Involvement in Nazi Crimes During Second World War», American Journal of Forensic Medicine & Pathology, March 2009 - vol. 30, no 1.
63. Helmuth James von Moltke, Briefe an Freya: 1939-1945, München: C. H. Beck, 2007, p. 286: «Voici ce qui a atterri hier sur mon bureau: un officier rapporte que des munitions produites en violation des lois internationales ont été trouvées sur des Russes: des balles dum-dum. Leur nature a pu être établie par un médecin officier, un certain Panning, qui a utilisé les munitions lors d’une exécution expérimentale de Juifs à grande échelle. Cela a produit les résultats suivants: tel ou tel effet lorsque le projectile était tiré dans la tête, tel effet lorsqu’il l’était dans la poitrine, tel autre dans le ventre, tel effet lorsque les côtes étaient atteintes. Les résultats étaient disponibles sous la forme d’une étude scientifique de façon à ce que la violation du droit international soit établie sans le moindre doute. C’est certainement un sommet de bestialité et de dépravation et il n’y a rien que nous puissions faire. J’espère cependant qu’un jour, il sera possible de traduire l’officier auteur de ce rapport et ce Panning devant une cour de justice.». Version originale en allemand: «Gestern flatterte mir folgendes auf den Tisch: ein Offizier meldet, es sei völkerrechtswidrig hergestellte Munition bei den Russen gefunden worden: Dum-Dum-Geschosse. Daß es sich wirklich um solche handelt, lasse sich durch das Zeugnis des Oberstabsarztes Panning beweisen; dieser habe in einem Gross versuch diese Munition bei Judenexekutionen verwandt. Dabei habe sich folgendes herausgestellt: bei Kopfschüssen reagiere das Geschoss so und so, bei Brustschüssen so und so, bei Bauchschüssen so und so, bei Treffern auf die Gliedmassen so und so. Diese Ergebnisse lägen wissenschaftlich aufgearbeitet vor, so daß die Völkerrechtswidrigkeit einwandfrei nachzuweisen sei. Das ist doch ein Höhepunkt der Vertiertheit und Verkommenheit, und man kann nichts machen. Ich hoffe aber, daß es doch möglich sein wird, eines Tages den meldenden Offizier und den Herrn Panning vor ein Gericht zu bekommen.». La version en anglais se trouve dans Helmuth James von Moltke, Letters to Freya: 1939-1945, Collins Harvill, 1991, p. 160: «The following landed on my desk yesterday: An officer reports that ammunition produced in violation of international law was found on Russians: dum-dum bullets. That they were such could be proved by the evidence of the Medical Officer, one Panning, who used the ammunition in a large-scale experimental execution of Jews. This produced the following results: such and such was the effect of the projectile when fired at the head, such when fired at the chest, such in abdominal shots, such when limbs were hit. The results were available in the form of a scientific study so that the violation of international law could be proved without a doubt. That surely is the height of bestiality and depravity and there is nothing one can do. But I hope that one day it will be possible to get the reporting officer and Herr Panning before a court of law».
64. Version originale: «Ich war also auch dabei bei dem grossen Massensterben am vorgestrigen Tage. Bei den ersten Wagen [die die Opfer brachten] hat mir etwas die Hand gezittert, als ich geschossen habe, aber man gewöhnt das. Beim zehnten Wagen zielte ich schon ruhig und schoss sicher auf die vielen Frauen, Kinder und Säuglinge. Eingedenk dessen, dass ich auch zwei Säuglinge daheim habe, mit denen es diese Horden genau so, wenn nicht zehnmal ärger machen würden. Der Tod, den wir ihnen gaben, war ein schöner, kurzer Tod, gemessen [an] den höllischen Qualen von tausenden [sic] und Abertausenden in den Kerkern der GPU. Säuglinge flogen in grossen Bogen durch die Luft und wir knallten sie schon im Fliegen ab, bevor sie in die Grube und ins Wasser flogen. Nur weg mit dieser Brut, die ganz Europa in den Krieg gestürzt hat und jetzt auch noch in Amerika schürt. […] Das Hitler-Wort wird wahr, der einmal sagte vor Beginn des Krieges: Wenn das Judentum glaubt, in Europa noch einmal einen Krieg anzetteln zu können, so wird nicht das Judentum siegen, sondern es wird das Ende des Judentums in Europa sein. […] Pfui Teufel! Soviel Blut, Dreck, Horn und Fleisch habe ich noch nie gesehen. Jetzt kann ich auch das Wort Blutrausch verstehen. — M. ist wieder um eine Zahl mit 3 Nulle[n] ärmer […] Ich freue mich eigentlich schon, und viele sagen hier das [sic] wir in die Heimat zurückkehren, dann kommen unsere heimischen Juden dran. Na, ich darf Dir nicht genug erzählen. Genug davon, bis [sic] ich heimkomme, mehr.» (Christian Gerlach, Kalkulierte Morde, Die deutsche Wirtschafts — und Vernichtungs-politik in WeissRussland. 1941 bis 1944, Hambourg: Hamburger Edition, 1999, p. 588-589, que traduit Florent Brayard, La Solution Finale de la Question Juive: La Technique, le Temps et les Catégories de la Décision, Fayard 2004, p. 575-576, note 41, dont nous avons repris la version française). Voir aussi Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 298. Browning date, de façon erronée, la lettre du 10 octobre (Ibid., p. 510 note 292).
65. Cité par Omer Bartov, L’Armée d’Hitler. La Wehrmacht, les Nazis et la Guerre, Hachette Littérature, 1999, p. 186. Version originale: «Deshalb muß der Soldat für die Notwendigkeit der harten, aber gerechten Sühne am jüdischen Untermenschentum volles Verständnis haben. Sie hat den weiteren Zweck, Erhebungen im Rücken der Wehrmacht, die erfahrungsgemäß stets von Juden angezettelt wurden, im Keime zu ersticken.» (Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 7: Sowjetunion mit annektierten Gebieten I, München: Oldenbourg Verlag, 2011, p. 373, qui cite ce document très connu intégralement. Le texte original complet est disponible en ligne). Les fac-similés que nous proposons ici proviennent des Bunderarchiv et ont pour côte archivistique BArch, RH 20-6/493 fol. 169.
66. Traduit par nos soins d’après l’original en allemand: «Die uns gestellte Aufgabe […] verlangt von uns, dass wir ohne Rücksicht jeden Herd des Widerstandes beseitigen und in schärfster Form Feinde des deutschen Volkes der gerechten Todesstrafe zuführen», retranscrit selon le fac-similé présenté dans le cahier photos central dans Raul Hilberg, Holocauste: les sources de l’histoire, Gallimard, 2001. Voir aussi note 78.
67. Walter Stahlecker, Einsatzgruppe A. Gesamtbericht bis zum 15.0ktober 1941, original en allemand dans Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, Document L-180, vol. YYYVII, p. 682 & p. 687. Traduction française dans Philippe Marguerat, «Le IIIe Reich, l’invasion de l’URSS et le génocide juif (juin-juillet 1941)», Revue Historique, no. 597, janvier-mars 1996, p. 159. Philippe Marguerat souligne que la date de rédaction de ce premier rapport est bien probablement octobre 1941 et non janvier 1942, comme cela apparaît parfois dans la littérature, qui est la date de retransmission du rapport stipulé sur la copie de celui-ci (voir note 11 de l’article de P. Marguerat). Il existe plusieurs versions fac-similées en ligne du rapport Stahlecker. Les deux pages que nous proposons sont tirées de celle mise en ligne par Yad Vashem.
68. Cité par Christopher Browning, The Path to Genocide, Cambridge University Press, 1997, p. 157-158. Version originale: «Natürlich wäre es das beste und einfachste, den Leuten ausreichende Ernährungsmöglichkeiten zu geben, das geht aber nicht, das hängt eben mit der Ernährungs- und Kriegslage im allgemeinen zusammen. Deshalb wurde jetzt die Maßnahme des Erschießens angewandt, wenn man einen Juden außerhalb des Ghettos ohne besondere Erlaubnis antrifft. Man muß sich, ich kann es in diesem Kreise offen aussprechen, darüber klar sein, es gibt nur zwei Wege: wir verurteilen die Juden im Ghetto zum Hungertode oder wir erschiessen sie. Wenn auch der Endeffekt derselbe ist, das andere wirkt abschreckender. Wir können aber nicht anders, wenn wir auch möchten, denn wir haben einzig und allein die Aufgabe, dafür zu sorgen, dass das deutsche Volke von diesen Parasiten nicht infiziert und gefährdet wird, und dafür muss uns jedes Mittel recht sein» (cité par Ernst Klee, Was sie taten, was sie wurden: Ärzte, Juristen und andere Beteiligte am Kranken- oder Judenmord, Frankfurt am Main: Fischer Taschenbuch, 1986, p. 228. Le compte-rendu de la réunion est intégralement cité dans Klaus-Peter Friedrich (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 9: Polen: Generalgouvernement August 1941–1945, München: Oldenbourg Verlag, 2014, p. 100 pour le passage cité).
69. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 595-596. Version originale: «Habe ich dann in den letzten 8 Tagen 2000 Juden und 200 Zigeuner erschiessen lassen nach der Quote 1:100 für bestialisch hingemordete deutsche Soldaten und weitere 2200, ebenfalls fast nur Juden, werden in den nächsten 8 Tagen erschossen. Eine schöne Arbeit ist das nicht! Aber immerhin muß es sein, um einmal den Leuten klar zu machen, was es heißt, einen deutschen Soldaten überhaupt nur anzugreifen, und zum anderen löst sich die Judenfrage auf diese Weise am schnellsten. Es ist ja eigentlich falsch, wenn man es genau nimmt, daß für ermordete Deutsche, bei denen ja das Verhältnis 1:100 zu Lasten der Serben gehen müßte, nun 100 Juden erschossen werden, aber die haben wir nun mal im Lager gehabt – schließlich sind es auch serbische St[aats-]A[ngehörige], und sie müssen ja auch verschwinden.» (Document Nuremberg NO-5810: Turner à Hildebrandt, 17.10.1941 cité par Christopher R. Browning, «Wehrmacht Reprisal Policy and the Mass Murder of Jews in Serbia», Militärgeschichtliche Mitteilungen 33/1 (june 1983), p. 39-40. également reproduit par Ernst Klee & Willi Dressen, «Gott mit uns»: der deutsche Vernichtungskrieg im Osten 1939-1945, Frankfurt Am Main: S. Fischer, 1989, p. 107).
70. Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 339 et suiv.
71. Walter Manoschek, «“Gehst mit Juden erschießen?” Die Vernichtung der Juden in Serbien», dans Hannes Heer, Klaus Naumann (éd.) Vernichtungskrieg. Verbrechen der Wehrmacht, Hamburg: Hamburger Edition, 1995, p. 45-46 (traduit en français: «Tu viens fusiller des juifs avec moi? L’extermination des juifs en Serbie», dans Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 122 pour le passage mentionné. Cette traduction est en ligne sur PHDN…).
72. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 671. Version originale: «Wie Generaldirektor Lecca heute mitteilte, werden 110.000 Juden aus der Bukowina und aus Bessarabien evakuiert, und zwar in zwei Wäldern in der Gegend des Bug. Soweit er erfahren konnte, sei diese Aktion auf einen Befehl des Marschall Antonescu zuruckzufuhren. Sinn der Aktion sei die Liquidierung dieser Juden.» (Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, Document 3319-PS, vol. YYYII, p. 183-184, disponible également dans l’édition française des Actes du Procès de Nuremberg, mêmes tomaisons et paginations, tome YYYII (32), p. 183-184). Le fac-similé que nous produisons émane des Archives de Nuremberg se trouvant à l’Institut für Zeitgeschichte de Munich (Staatsarchiv Nürnberg Institut für Zeitgeschichte München) et mises en ligne par les Archives numériques de Arolsen.
73. Cité par Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 454.
74. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 369. Voir aussi Christopher Browning, «La décision concernant la décision finale», dans les Actes du Colloque de l’école des Hautes études en sciences sociales (1982), L’Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 202. Browning commet une petite erreur de transcription, sans conséquence, de l’original allemand puisqu’il a reporté Ungezeifer au lieu de Ungeziefer (vermine). La bonne retranscription apparaît généralement dans la littérature (par exemple chez Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 447 (qui écrit également Maßnahmen et non pas Massnahmen). Paul Wurm, responsable du service «étranger» du Stürmer était un proche de Julius Streicher et un antisémite fanatique, fondateur d’une Ligue mondiale antijuive (Antijüdische Weltliga). Voir Pierre-André Taguieff, Court Traité de Complotologie, Paris: Fayard, 2013, p. 348 et Wolfgang Benz (éd), Handbuch des Antisemitismus, Band 5, Organisationen, Institutionen, Bewegungen, München: De Gruyter Saur, 2012, p. 27-28. Sur Paul Wurm, voir également, Magnus Brechtken, «Madagaskar für die Juden». Antisemitische Idee und politische Praxis, 1885-1945, Munich: Oldenbourg, 1997, p. 72-74 (cité par Florent Brayard, «La longue fréquentation des morts. Browning, Kershaw, Friedländer», Annales, 64e année, no 5, septembre-octobre 2009, p. 1062, note 41).
75. Traduit d’après l’original en allemand, Nürnberg Dok. No. 365, cité dans Anatomie des SS-Staates, Munich, DTV, 1994, p. 649: «…der Oberdienstleiter Brack von der Kanzlei des Führers bereit erklärt hat, bei der Herstellung der erforderlichen Unterkünfte sowie der Vergasungsapparate mitzuwirken […] Ich darf darauf hinweisen, daß Sturmbannführer Eichmann, der Sachbearbeiter für Judenfragen im Reichs- sichherheitshauptamt, mit diesem Verfahren einverstanden ist […] Nach Sachlage bestehen keine Bedenken, wenn diejenigen Juden, die nicht arbeitsfähig sind, mit den Brackschen Hilfsmitteln beseitigt werden. Auf diese Weise dürften dann auch Vorgänge, wie sie sich bei den Erschießungen von Juden in Wilna nach einem mir vorliegenden Bericht ergaben, und die auch im Hinblick darauf, daß die Erschießungen öffentlich vorgenommen wurden, kaum gebilligt werden können, nicht mehr möglich sein.».
76. Traduit de l’original: «Ein in Urlaub befindlicher Soldat berichtet als Augenzeuge fürchterliche Grausamkeiten in dem besetzten Gebiet in Polen. Er hat gesehen wie nackte Juden u. Jüdinnen, die vor einem langen, tiefen Graben aufgestellt wurden, auf Befehl der SS von Ukrainern in den Hinterkopf geschossen wurden u. in den Graben fielen. Der Graben wurde dann zugeschaufelt. Aus den Gräben drangen oft noch Schreie!», dans Friedrich Kellner, “Vernebelt, verdunkelt sind alle Hirne”. Tagebücher 1939-1945, Band 1, Göttingen: Wallstein Verlag, 2011, p. 191-192. Le journal de Friedrich Kellner a fait l’objet d’une traduction en anglais: My Opposition: The Diary of Friedrich Kellner. A German against the Third Reich, Robert Scott Kellner (éd.), New York: Cambridge University Press, 2018.
77. Notre traduction d’après l’original en allemand: «Ich höre zum ersten Mal das Entsetzliche, das hinter unserem Rücken in dem von uns eroberten Gebiet mit den Juden geschieht. Hier in Mariupol wurden allein 12000 bis 15000 Juden umgebracht. Man erstarrt. Von diesem Augenblick an ist jede Freude, jede wahre Hoffnung zerstört. Verbrechen heftet sich an unsere Fersen.» (Udo von Alvensleben, Lauter Abschiede. Tagebuch im Kriege, Frankfurt am Main: Propyläen, 1971, p. 206).
78. Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II. Band 2, Diktate 1941-1945. Oktober-Dezember 1941, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1996, partie II, vol. 2, p. 221-222: «Die Juden sind die Läuse der zivilisierten Menschheit. Man muß sie irgendwie ausrotten, sonst werden sie immer wieder ihre peinigende und lästige Rolle spielen. Nur wenn man mit der nötigen Brutalität gegen sie vorgeht, wird man mit ihnen fertig. Wo man sie schont, wird man später ihr Opfer sein». Voir également Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, p. 676 (nous nous démarquons légèrement de la traduction proposée par Kershaw).
79. Konrad H. Jarausch, “Das stille Sterben…”: Feldpostbriefe von Konrad Jarausch aus Polen und Russland, Paderborn: Schöningh, 2008, p. 86. Original allemand: «Das Eigentlich-Bolschewistische wird rücksichtslos ausgemerzt, wo es in unsere Hände fällt. Ebenso das jüdische Element». L’ouvrage de Konrad H. Jarausch (le fils du soldat dont il est ici question) a été partiellement traduit en anglais: Reluctant Accomplice. A Wehrmacht Soldier’s Letters from the Eastern Front, Princeton: Princeton University Press, 2011.
80. Notes de Rademacher sur les résultats de sa visite officielle à Belgrade. Citées par Walter Manoschek, «Die Vernichtung der Juden in Serbien», in Ulrich Herbert (ed.), Nationalsozialistische Vernichtungspolitik 1939-1945. Neue Forschungen und Kontroversen, Fischer, 1998, p. 227. Original: «Die männlichen Juden sind bis Ende dieser Woche erschossen, damit ist das in dem Bericht der Gesandtschaft angeschnittene Problem erledigt» (également dans Walter Manoschek, »Serbien ist judenfrei« Militärische Besatzungspolitik und Judenvernichtung in Serbien 1941/42, München: R. Oldenbourg Verlag, p. 107). Une version antérieure de l’étude de Walter Manoschek («“Gehst mit Juden erschießen?” Die Vernichtung der Juden in Serbien», dans Hannes Heer, Klaus Naumann (éd.) Vernichtungskrieg. Verbrechen der Wehrmacht, Hamburg: Hamburger Edition, 1995) a été traduite en français (par François Pastre): «Tu viens fusiller des juifs avec moi? L’extermination des juifs en Serbie», dans Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004. Cette traduction est en ligne sur PHDN…
81. ibid., p. 228.
82. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 422. Original: «Schon vor Monaten habe ich alles an Juden im hiesigen Lande griefbare erschiessen und sämtliche Judenfrauen und -Kinder in einem Lager konzentrieren lassen und zugleich mit Hilfe des SD einen “Entlausungswagen” angeschafft, der nun in etwa 14 Tagen bis 4 Wochen auch die Räumung des Lagers endgültig durchgeführt haben wird» (cité par Ino Arndt & Wolfgang Scheffler, «Organisierter Massenmord an Juden in nationalsozialistischen Vernichtungslagern. Ein Beitrag zur Richtigstellung apologetischer Literatur», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 24 n. 2, Apr. 1976, p. 115, note 22).
83. Citées par Walter Manoschek, art. cit., p. 232. Original: «die Judenfrage ebenso wie die Zigeunerfrage völlig liquidiert. Serbien einziges Land, in dem Judenfrage und Zigeunerfrage gelöst.» (Walter Manoschek, »Serbien ist judenfrei« Militärische Besatzungspolitik und Judenvernichtung in Serbien 1941/42, München: R. Oldenbourg Verlag, p. 195).
84. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 391. Voir aussi Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Commentaire/Julliard, 1988, p. 98. Original allemand (passage complet): «Aber es bewahrheitet sich an ihnen auch die Prophezeiung, die der Führer am 30. Januar 1939 im Deutschen Reichstag aussprach, daß, wenn es dem internationalen Finanzjudentum gelingen sollte, die Völker noch einmal in einen Weltkrieg zu stürzen, das Ergebnis nicht die Bolschewisierung der Erde und damit der Sieg des Judentums sein werde, sondern die Vernichtung der jüdischen Rasse in Europa. Wir erleben eben den Vollzug dieser Prophezeiung, und es erfüllt sich damit am Judentum ein Schicksal, das zwar hart, aber mehr als verdient ist. Mitleid oder gar Bedauern ist da gänzlich unangebracht. Das Weltjudentum hat in der Anzettelung dieses Krieges die ihm zur Verfügung stehenden Kräfte vollkommen falsch eingeschätzt, und es erleidet nun einen allmählichen Vernichtungsprozeß, den es uns zugedacht hatte und auch bedenkenlos an uns vollstrecken ließe, wenn es dazu die Macht besäße.» (Joseph Goebbels, «Die Juden sind schuld!», Das Reich, 16. November 1941, repris dans Joseph Goebbels, Das eherne Herz. Reden und Aufsätze 1941/1942 von Joseph Goebbels, Munich: Zentralverlag der NSDAP / Franz Eher Nachf., 1943, p. 85).
85. Cité par Christopher Browning, Nazi Policy, Jewish Workers, German Killers, Cambridge University Press, 2000, p. 48. Voir aussi Christian Streit, «Wehrmacht, Einsatzgruppen, Soviet POWs and anti-Bolchevism in the emergence of the Final Solution», David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 107. Texte original en allemand: «Zugleich ist dieser Osten berufen, eine Frage zu lösen, die den Völkern Europas gestellt ist: das ist die Judenfrage. Im Osten leben noch etwa sechs Millionen Juden, und diese Frage kann nur gelöst werden in einer biologischen Ausmerzung des gesamten Judentums in Europa. Die Judenfrage ist für Deutschland erst gelöst, wenn der letzte Jude das deutsche Territorium verlassen hat, und für Europa, wenn kein Jude mehr bis zum Ural auf dem europäischen Kontinent steht. Das ist die Aufgabe, die das Schicksal uns gestellt hat […] Und dazu ist es nötig, sie über den Ural zu drängen, oder sonst irgendwie zur Ausmerzung zu bringen.» (cité par Benno Müller-Hill, Tödliche Wissenschaft: die Aussonderung von Juden, Zigeunern und Geisteskranken, 1933-1945, Rowohlt, 1984, p. 50. Le discours de Rosenberg y est cité plus complètement. Traduction française, légèrement différente de la nôtre, dans Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 48-49).
86. «Hinsichtlich der Judenfrage bemerkte Reichsminister Rosenberg, daß der Ostfeldzug auch diese Frage für Europa zur Lösung bringen werde; das Judentum werde, wenn es in Europa auch noch viele Millionen Köpfe zähle, diesseits des Ural völlig ausgemerzt werden». Cité par Hans-Heinrich Wilhelm, Rassenpolitik und Kriegführung: Sicherheitspolizei und Wehrmacht in Polen und in der Sowjetunion 1939-1942, Passau: R. Rothe, 1991, p. 132 (Hans-Heinrich Wilhelm cite aussi intégralement le discours de Rosenberg, p. 131). Voir également Christian Streit, «The German Army and the Policies of Genocide», in Gerhard Hirschfeld (ed.), The Policies of Genocide: Jews and Soviet Prisoners of War in Nazi Germany, Londres: Allen & Uwin, 1986, p. 14, note 44.
87. «Rapport Jäger», traduit d’après l’original allemand cité par Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, «Schöne Zeiten». Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988, p. 52-62. Original allemand des extraits cités: «Übernahme der sicherheitspolizeilichen Aufgaben in Litauen durch das Einsatzkommando 3 am 2.Juli 1941. […] Ich kann heute feststellen, dass das Ziel, das Judenproblem für Litauen zu lösen, vom EK. 3 erreicht worden ist. In Litauen gibt es keine Juden mehr, ausser den Arbeitsjuden incl. ihrer Familien. […] Das Ziel [war] Litauen judenfrei zu machen […] Ich betrachte die Judenaktionen für das EK.3 in der Hauptsache als abgeschlossen. Die noch vorhandenen Arbeitsjuden und Jüdinnen werden dringend gebraucht und ich kann mir vorstellen, dass nach dem Winter diese Arbeitskräfte dringendst weiter gebraucht werden. Ich bin der Ansicht, dass sofort mit der Sterilisation der männlichen Arbeitsjuden begonnen wird, um eine Fortpflanzung zu verhindern. Wird trotzdem eine Jüdin schwanger, so ist sie zu liquidieren».
88. Traduit par nos soins d’après l’original en allemand: «Die uns gestellte Aufgabe […] verlangt von uns, dass wir ohne Rücksicht jeden Herd des Widerstandes beseitigen und in schärfster Form Feinde des deutschen Volkes der gerechten Todesstrafe zuführen», retranscrit selon le fac-similé présenté dans le cahier photos central dans Raul Hilberg, Holocauste: les sources de l’histoire, Gallimard, 2001. Raul Hilberg en fournit, p. 123, une traduction légèrement différente, voire édulcorée selon nous, que voici à toutes fins utiles: «La tâche qui nous a été assignée […] exige que nous éliminions tout foyer de rébellion et amenions tous les ennemis du peuple allemand à leur juste châtiment, la mort». Le caractère manifestement édulcoré de cette traduction par rapport à son original allemand n’est pas imputable au traducteur français car l’original (anglais) de Hilberg pour ce passage est le suivant: «The task assigned to us […] demands that we remove every locus of rebellion and convey every enemy of the German people to a just punishment of death» (Raul Hilberg, Sources of Holocaust Research: an Analysis, Chicago: Ivan R. Dee, 2001, p. 115). L’original en allemand est également cité par Klaus Meyer & Wolfgang Wippermann (éd.), Gegen das Vergessen: Der Vernichtungskrieg gegen die Sowjetunion 1941-1945. Deutsch-Sowjetische Historikerkonferenz im Juni 1991 in Berlin über Ursachen, Opfer, Folgen des deutschen Angriffs auf die Sowjetunion, Frankfurt am Main: Haag-Herchen, 1992, p. 64 et Wolfgang Benz, Konrad Kwiet & Jürgen Matthaus (éd.), Einsatz im “Reichskommissariat Ostland”: Dokumente zum Völkermord im Baltikum und in Weißrußland 1941-1944, Berlin: Metropol Verlag, 1998, p. 28.
89. Ibid., p. 124. Original en allemand: «Ebenso aber wünsche ich, daß es grundsätzlich als unmöglich und unanständig gilt, über Tatsachen und damit zusammenhängende Zahlen sich zu unterhalten oder darüber zu sprechen. Lebensnotwendige Befehle und Pflichten für ein Volk müssen erfüllt werden. Sie sind hinterher aber kein Gesprächs- oder Unterhaltungsstoff» (ibid, retranscrit d’après le fac-similé dans cahier central).
90. Version originale en allemand: «Bezüglich der Judenfrage ist der Führer entschlossen, reinen Tisch zu machen. Er hat den Juden prophezeit, daß, wenn sie noch einmal einen Weltkrieg herbeiführen würden, sie dabei ihre Vernichtung erleben würden. Das ist keine Phrase gewesen. Der Weltkrieg ist da, die Vernichtung des Judentums muß die notwendige Folge sein. Diese Frage ist ohne jede Sentimentalität zu betrachten. Wir sind nicht dazu da, Mitleid mit den Juden, sondern nur Mitleid mit unserem deutschen Volk zu haben. Wenn das deutsche Volk jetzt wieder im Ostfeldzug an die 160 000 Tote geopfert hat, so werden die Urheber dieses blutigen Konflikts dafür mit ihrem Leben bezahlen müssen». Journal de Goebbels, sur les déclarations d’Hitler lors d’une réunion des Reichsleiter et des Gauleiter du parti nazi, tenue le 12 décembre 1941 (in Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1996, partie III, vol. 2: Oktober-Dezember 1941, p. 498). Cité également par Christian Gerlach, Krieg, Ernährung, Völkermord. Deutsche Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Zürich, Pendo, 2001 (1ère ed., Hamburger Edition, 1998), p. 114 et Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 467. Voir aussi Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 59.
91. Rapport daté du 16 décembre 1941 de l’entretien de Rosenberg avec Hitler du 14 décembre précédent, BDC, SL 47F (copie) & document Nuremberg PS-1517, IMT, vol. 27, p. 270, cité par Christian Gerlach, Krieg, Ernährung, Völkermord. Deutsche Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Zürich, Pendo, 2001, p. 112 (1ère ed., Hamburger Edition, 1998, p. 121-122). Voir aussi Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 57. Original en allemand: «Über die Judenfrage sagte ich, daß die Anmerkungen über die New Yorker Juden vielleicht jetzt nach der Entscheidung etwas geändert werden müßten. Ich stände auf dem Standpunkt, von der Ausrottung des Judentums nicht zu sprechen. Der Führer bejahte diese Haltung und sagte, sie hätten uns den Krieg aufgebürdet und sie hätten die Zerstörung gebracht, es sei kein Wunder, wenn die Folgen sie zuerst träfen.»
92. Traduit d’après l’original allemand, extrait du journal de Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Präg et Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 457-58: «Mit den Juden – das will ich ganz offen sagen – muß so oder so Schluß gemacht werden […] Man hat uns in Berlin gesagt: […] liquidiert sie selber! […] Wir müssen die Juden vernichten, wo immer wir sie treffen und wo es irgend möglich ist […] Diese 3,5 Millionen Juden können wir nicht erschießen, wir können sie nicht vergiften, werden aber trotzdem Eingriffe vornehmen können, die irgendwie zu einem Vernichtungserfolg führen, und zwar im Zusammenhang mit den vom Reich her zu besprechenden großen Maßnahmen.». Lire la citation complète…
93. Radu Ioanid, «When Mass Murderers Become Good Men», Journal of Holocaust Education, vol. 4, 1995, p. 10, cité par Raul Hilberg, Holocauste: les sources de l’histoire, Gallimard, 2001, p. 116.
94. Auszüge aus dem Kriegstagebuch des SS- und Polizeistandortführers für Dezember 1941, cité par Wolfgang Benz, Konrad Kwiet & Jürgen Matthäus (éd.), Einsatz im “Reichskommissariat Ostland”. Dokumente zum Völkermord im Baltikum und in Weißrussland 1941–1944, Berlin: Metropol, 1998, Dok. 66, p. 97-98. Benz et alii citent d’après une copie aux Bundesarchiv (BA, R 70 Sowjetunion/12), mais Wolfgang Curilla en fournit la cote originale dans les Archives Nationales Lettones (Latvijas Valsts Vestures Arhivs), LVVA P-83 apr. 1 Akte 21, S. 23R (Wolfgang Curilla, Die Deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland 1941-1944, 2e éd., Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2006, p. 195). Texte original complet des entrées des 15, 16 et 17 décembre 1941: «15.12.41 — Beginn der Judenaktion. Es wurden am selben Tage 270 am Strande bei Libau hinter dem Kriegshafengelände erschossen — Kalt, leichter Frost; 16.12.41 — Fortsetzung der Judenaktion. … Beschlagnahme von 425 kg Fleisch und 40 kg Speck … — Frost; 17.12.41 — Beendigung der Judenaktion. Insgesamt wurden 2.746 Juden erschossen. Kurland ist mithin judenfrei, bis auf etwa 350 jüdische Handwerker, welche zu dringenden Arbeiten benötigt werden — Leichter Frost». Ce journal de 159 page est aussi consultable à L’USHMM, RG-18.002M Reel 10 Fond R-83 (Opis 1 SS–und Polizeistandortführer Libau Folder 21 Kriegstagebuch SSPF Libau, Dietrich, 20 September 1941 - 30 November 1943).
95. Tätigkeitsbericht des SS- und Polizeistandortsführers Libau vom 29. Dezember 1941 (LVVA Riga, P-83, 1, 25, S. 50) cité par Katrin Reichelt, Lettland unter deutscher Besatzung 1941–1944. Der lettische Anteil am Holocaust, Berlin: Metropol, 2011, p. 191 (source fournie dans la note 181). Version originale en allemand: «In der Zeit vom 14. Bis 17.12.41 wurden 2749 Juden evakuiert».
96. Cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 405.
97. Peter Witte et alii (éd.), Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941/42, Hamburg: Christians, 1999, p. 294 (un fac-similé est présenté en page 293, que nous reproduisons). Également cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 410. Les éditeurs du Dienstkalender précisent que la réunion du 18 était une réunion de suivi du discours d’Hitler lors de la conférence des chefs du Reich et des Gauleiter le 12 décembre et de la rencontre d’Himmler avec Hitler, Bouhler et Brach le 14 décembre 1941 (note 60, p. 294).
98. Traduit d’après l’original en allemand (voir ci-après). Lionel Richard et Pierre-André Taguieff mentionnent tous deux la reprise par Rosenberg du passage de Lagarde. Taguieff mentionne que cela a été publié dans le Volkischer Beobachter du 22 décembre 1941 («Rosenberg sprach über Lagarde» Völkischer Beobachter, no. 356, 22 décembre 1941, p. 3, cité par Pierre-André Taguieff, La Judéophobie des Modernes: des Lumières au Jihad mondial, Odile Jacob, 2008, note 169 p. 590; le passage est cité p. 233), tandis que Lionel Richard mentionne le numéro du 23 décembre 1941 (p. 1, cité par Lionel Richard, Nazisme et Barbarie, Editions Complexe, 2006, note 13 p. 263; le passage est cité p. 29). Dans la mesure où le Völkischer Beobachter avait de nombreuses éditions locales qui pouvaient différer par leurs contenus, il est probable que Lionel Richard et Pierre-André Taguieff ont consulté des éditions distinctes. Il convient de citer plus complètement Paul de Lagarde. Il écrivait donc en 1887: «Il faut avoir un cœur aussi dur que la peau du crocodile pour ne pas avoir pitié des pauvres Allemands saignés à blanc et — ce qui revient au même — pour ne pas hair les Juifs, ne pas hair et mépriser ceux qui — par humanité ! — parlent en leur faveur ou sont trop lâches pour écraser cette vermine pullulante. On ne traite pas avec des trichines et des bacilles. Les trichines et les bacilles, on ne les éduque pas, on les anéantit aussi rapidement et aussi radicalement que possible (Es gehört ein Herz von der Härte der Krokodilhaut dazu, um mit den armen, ausgesogenen Deutschen nicht Mitleid zu empfinden, und — was dasselbe ist — um die Juden nicht zu hassen, um diejenigen nicht zu hassen und zu verachten, die — aus Humanität ! — diesen Juden das Wort reden oder die zu feige sind, dies wuchernde Ungeziefer zu zertreten. Mit Trichinen und Bazillen wird nicht verhandelt, Trichinen und Bazillen werden auch nicht erzogen, sie werden so rasch und so gründlich wie möglich vernichtet)» (Paul de Lagarde, «Juden und Indogermanen», Göttingen, 1887, p. 339, cité par Helmut Berding, Moderner Antisemitismus in Deutschland, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 1988, p. 148). Les trichines sont des parasites.
99. Lionel Richard, op. cit., p. 263.
100. Cité par Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Commentaire/Julliard, 1988, p. 98. Version originale en allemand: «Wenn die Gefahr der Fortpflanzung dieses Fluches Gottes im jüdischen Blut endlich zu einem Ende kommen soll, dann gibt es nur einen Weg: die Ausrottung dieses Volkes, dessen Vater der Teufel ist» (cité in Gerald Fleming, Hitler und die Endlösung, Munich: Limes Verlag, 1982, p. 80).
101. Cité par Gerald Fleming, ibid.. Original: «Was Streicher im “Stürmer” getan hat: Er hat den Juden zeichnerisch idealisiert; der Jude ist viel gemeiner, viel blutgieriger, satanischer, als Streicher ihn dargestellt hat.» (Adolf Hitler, Monologue im Führerhauptquartier 1941-1944, éd. Werner Jochmann, Hambourg, 1980, p. 158).
102. Traduit d’après l’original allemand cité par Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 515, note 359. Notre traduction suit l’esprit de celle proposée par Philippe Marguerat, («Le IIIe Reich, l’invasion de l’URSS et le génocide juif (juin-juillet 1941)», Revue Historique, no. 597, janvier-mars 1996, p. 160-161) et demeure conforme à la traduction proposée dès 1985 dans Christopher Browning, «La décision concernant la décision finale», in Actes du Colloque de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (1982), L’Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 197: «Le but que l’Einsatzkommando 2 s’était fixé dès le début était une solution radicale de la question juive par l’exécution de tous les Juifs».
103. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 214.
104. Original italien: «Oltre i confini dell'Italia, nei Paesi del Reich o alleati del Reich od occupati, la questione ebraica è di una gravità eccezionale. […] A Cracovia, a Leopoli e nelle principali città della Polonia sono stati relegati in un ghetto dove evidentemente regna il sudiciume e lo squallore. Non debbono uscire dal recinto prima dell'alba, né rientrarvi dopo il tramonto. La mancanza del bracciale o della tessera di riconoscimento, o il trovarli in giro fuori orario, può determinare l'immediata uccisione. […] È evidente, nell'intenzione del Governo occupante, di eliminare il più che sia possibile gli ebrei uccidendoli secondo i vari sistemi di cui il più frequente e il più conosciuto è quello del mitragliamento in massa. Per queste esecuzioni gruppi di famiglie ebraiche (uomini, donne e bambini anche lattanti), sono deportati a qualche chilometro dalla città, vicino ai trinceroni della guerra oppure in luoghi dove precedentemente sono state fatte scavare delle enormi fosse costringendo a questo lavoro gli uomini stessi ebraici. Presso l'orlo delle trincee o delle fosse, questi gruppi di centinaia e centinaia e talvolta di migliaia, vengono inesorabilmente mitragliati e gettati nelle fosse stesse. Questo racconto è stato fatto da un ufficiale dell'esercito germanico e da cittadini polacchi. […] Il numero delle uccisioni di ebrei si fa ascendere fino ad ora a circa un milione» (d’après Michele Manzo, Don Pirro Scavizzi. Prete romano (1884-1964), Casale Monferrato: Edizione Piemme, 1997 reproduit sur le site Il Centro culturale Gli scritti, voir plus bas dans la note). La traduction en français présentée ici est tirée de Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 220-221. Monika Stolarczyk-Bilardie fournit la cote du document: ASRS, AA.EE.SS., Russia 695, fo 3, lettre de Scavizzi à Pie XII, 6 janvier 1942, fo 16-18 pour les passages que nous citons. En note 51 page 220, Monika Stolarczyk-Bilardie remarque que ce rapport ne figure pas dans la somme publiée par le Vatican censée couvrir la période, Pierre Blet, S.J., Angelo Martini, S.J., Burkhart Schneider, S.J., et Robert Graham, S.J. (éd.), Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, 11 vol., Vatican, 1965-1981. Elle souligne toutefois que ce rapport ainsi que trois autres de Pirro Scavizzi étaient accessibles puisqu’ils ont été publiés en 1997 par Michele Manzo, Don Pirro Scavizzi. Prete romano (1884-1964), Casale Monferrato: Edizione Piemme, 1997, p. 205-221, tout en s’étonnant qu’ils n’aient pas connu depuis la moindre diffusion. Remarquons toutefois que le présent rapport du 6 janvier 1942 est partiellement cité par David Bidussa, La misura del potere: Pio XII e i totalitarismi tra il 1932 e il 1948, Milan: Solferino, 2020, p. 121-123 notamment. David Bidussa fournit les cotes des documents originaux. Les verbatim originaux italiens des quatre rapports de don Pirro Scavizzi cités dans l’ouvrage de Michele Manzo sont intégralement reproduits en ligne depuis 2015 sur le site italien catholique Il Centro culturale Gli scritti sur une page entièrement dédiée à ces rapports intitulée «Il testo integrale delle relazioni di don Pirro Scavizzi, cappellano militare sul fronte russo, che informarono Pio XII non solo dello sterminio degli ebrei, ma anche dello sterminio dei polacchi cattolici che si andava preparando. Vietate erano le comunicazioni fra il Vaticano ed i vescovi e sacerdoti polacchi»: https://www.gliscritti.it/blog/entry/2911 Sur cette page les dates indiquées pour les rapports sont celles de leur réception par le Vatican (et non celles de leur rédaction). Le rapport rédigé le 6 janvier 1942 par Pirro Scavizzi est ainsi présenté au 13 janvier 1942, date de sa réception.
105. Monika Stolarczyk-Bilardie, art. cit., p. 221.
106. Cité par Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, n. 150, p. 124. Version orginale en allemand dans Christian Gerlach, «Die Wannsee-Konferenz, das Schicksal der deutschen Juden und Hitlers politische Grundsatzentscheidung, alle Juden Europas zu ermorden», Werkstatt Geschichte no 18, Ergebnisse Verlag, Hamburg 1997, p. 30 (note 134), ainsi que dans Christian Gerlach, Krieg, Ernährung, Völkermord: Forschungen zur deutschen Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Hamburg: Hamburger Ed., 1998, p. 133 (note 150). La source archivistique fournie par Gerlach est «BA D-H ZM 1454 , A. 1 , Bl. 245 f.».
107. Lettre du capitaine Otto Schulz-Du Bois à son épouse, Erika Ilse Schulz-Du Bois, janvier 1942, citée par Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Commentaire/Julliard, 1988, p. 119. Original en allemand (complet, sans l’incise): «Man hatte den Bericht, der immerhin auch für diese an allerhand Scheußlichkeiten gewöhnte Stelle ein Maximum in qualitativer Hinsicht und in der Gemeinheit der Liquidierungen dargestellt hatte, an die oberste Stelle für derartige Dinge, einem im Generalsrang stehenden Offizier, dem obersten Abwehrbeauftragten weitergegeben. Und zwar mit der Begründung, daß diese Dinge die Moral der Truppe, die derartiges sieht und hört, gefährden. Dieser, der beim Führer aus- und eingeht, sollte dem F. (= Führer) die Folgen und Scheußlichkeiten dieser Methoden noch einmal eindringlich dargestellt haben, worauf dieser gesagt haben soll: “Sie wollen wohl weich werden, mein Herr! Ich muß das tun, denn nach mir wird es doch kein anderer mehr tun!”» (cité in Gerald Fleming, Hitler und die Endlösung, Munich: Limes Verlag, 1982, p. 98).
108. ibid., p. 129.
109. Notre traduction d’après l’original en allemand: «In Kowno sind Transporte von Berlin. Aber es wird bezweifelt, ob noch einer Leben ist. — In Minsk und Riga keine bestimmten Nachrichten. Viele erschossen. Es besteht wohl der Plan die Juden ganz auszurotten.», cité par Bernward Dörner, Die Deutschen und der Holocaust. Was niemand wissen wollte, aber jeder wissen konnte, Berlin: Propylaën Verlag, 2007, p. 436. Ce passage du journal de Wilhelm Berning est connu depuis 1980 au plus tard (cité par Ulrich von Hehl, «Bischof Berning und das Bistum Osnabrück im „Dritten Reich“», Osnabrücker Mitteilungen, 1980, Bd. 86, p. 103), et repris ensuite dans de nombreux ouvrages (dont, dès 1983, Ludwig Volk (dir.), Akten deutscher Bischöfe über die Lage der Kirche 1933-1945, Bd. 5, 1940-1942, Mainz: Matthias-Grünewald Verl., 1983, p. 675). Saul Friedländer propose une traduction qui nous semble plus approximative: «Les transports [de Juifs] de Berlin arrivent à Kovno, mais il est douteux que quiconque soit encore en vie […]. Beaucoup ont été exécutés. L’intention est d’exterminer entièrement les Juifs» (Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 386).
110. Robert Ley, «Schulungsappell der politischen und wirtschaftlichen Unterführer des Hauses Siemens im Berliner Sportpalast.», 6.2.1942, cité par Walter Roller, Tondokumente zur Zeitgeschichte, Volume 2, Deutsches Rundfunkarchiv, 1975, p. 135-136. Voir aussi Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben…, op. cit., p. 206-207. Citation partielle en anglais dans Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006, p. 155. Le passage dont nous fournissons le fichier audio complet est le suivant: «[Die] Juden […] als den Vampir der Menschheit, als den Ausbeuter der Menschheit, Juda als den Vernichter der Menschheit. Will man das anklagen? Der Himmel öffnete Adolf Hitler die Augen dafür und der Herrgott gab uns dieses Erkennen. Juda als den wirklichen Feind der Menschheit zu sehen. Aber der Jude verzeiht das nicht. Wir Deutsche könnten heute tun. was wir wollten, wir könnten feige sein, erbärmlich winseln, um Gnade bitten – Juda wurde uns das nicht verzeihen, sondern Juda würde uns dann erst recht ausrotten. Und wir wollen das auch bekennen, mein Freund: Wir danken dem Himmel für die Erkenntnis. Es ist die größte Gnade des Himmels, uns das offenbart zu haben, daß wir endlich den wirklichen Feind der Menschheit erkannt zu haben. Auch wir wollen ein Entweder – Oder, eine Entscheidung der Menschheit. Juda wird und muß fallen. Juda wird und muß vernichtet werden, das ist unser heiliger Glaube (Beifall). Daher dieser Krieg» (Tondokumente…, 1996, p. 206-207). Au moment de sa dernière vérification (juillet 2023), la notice Wikipedia en allemand de Robert Ley indiquait une date erronée pour le discours du 6 février 1942, à savoir le 2 juin 1942, et ce depuis le 3 septembre 2014, date à laquelle la date correcte du discours a été remplacée par la mauvaise par un contributeur anonyme n'ayant pas jugé bon de préciser pourquoi il avait effectué cette modification. De toute évidence, ce contributeur était de culture américaine car il a confondu la convention continentale jour.mois.année (6.2.1942) utilisée notamment dans les sources et travaux allemands avec la convention anglo-saxonne mois.jour.année.
111. «Und wenn Du mich fragst, weshalb dieser Kampf überhaupt, so frage den Himmel und nicht mich. Weshalb es Juden und Bakterien und Läuse und Flöhe und Ungeziefer aller Art gibt, weiß ich nicht, aber es ist da, und ich muß dagegen kämpfen, wenn ich leben will. Das muß ich und auch Du mußt es.» (Tondokumente…, 1996, p. 207).
112. Cité par Laurent Joly, «Au Pilori (1940-1944). “Journal de lutte contre le Juif” et officine de délation», Revue d’Histoire de la Shoah, 2013/1, no 198), p. 166. Lire l’article en ligne. Aussi dans Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, Paris: CNRS Éditions, p. 140.
113. Walter Stahlecker, Meldung der Einsatzgruppe A, original en allemand dans Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, Document PS-2273, vol. YYY, p. 72-80. Bien que le document soit non daté, la mention qui y figure de l’arrivée de 20 000 Juifs allemands à Riga montre qu’il est postérieur à cette arrivée documentée pour le 10 février 1942 (voir Andrej Angrick et Peter Klein, The “Final Solution” in Riga: Exploitation and Annihilation, 1941-1944, New York, Berghahn Books 2009, p. 264 note 12. Le texte original est disponible en ligne, incluant la carte en question. Une traduction partielle en anglais du document PS-2273 est également en ligne.
114. Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1994, partie II, vol. 3, p. 335.
115. Völkischer Beobachter, no. 56 du 25 février 1942, p. 2 (qui inclut le passage «der Jude ausgerottet werden wird»). Nous fournissons une traduction exacte ainsi que le passage original dans notre page consacrée aux déclarations d’Hitler appelant à la mort des Juifs, pour l’entrée du 24 février 1942:
https://phdn.org/histgen/hitler/declarations.html#hitler-19420224.116. Le Cri du Peuple, no 450, Jeudi 26 février 1942, p. 1. Pour les nombreux autres journaux français qui font état de la proclamation d’Hitler, voir notre page consacrée à ce sujet:
https://phdn.org/histgen/vichy/hitler-24-fevrier-1942.html.117. Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1994, partie II, vol. 3, p. 425-426. On trouvera une traduction en anglais chez Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006, p. 146.
118. Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006.
119. «Des informations ont filtré selon lesquelles la déportation massive de tous les Juifs slovaques vers la Galicie et la région de Lublin est imminente, sans distinction d'âge, de sexe ou de confession», traduit par nous d’après l’original italien: «È trapelata notizia essere imminente deportazione in massa di tutti gli ebrei slovacchi in Galizia et regione Lublino senza distinzione età, sesso, confessione» («Le chargé d’affaires à Presbourg Burzio au cardinal Maglione», in Pierre Blet, Angelo Martini et Burkhart, éd., Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, Vatican, 1974, vol. VIII, doc. 298, p. 453. La cote de la source archivistique fournie est: «Tel. nr. 19 (A.E.S. 2141/42)»).
120. Notre traduction d’après l’original italien: «Deportazione 80 000 persone in Polonia alla mercé dei tedeschi equivale condanarne gran parte morte sicura.» («Le chargé d’affaires à Presbourg Burzio au cardinal Maglione», in Pierre Blet, Angelo Martini et Burkhart, éd., Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, Vatican, 1974, vol. VIII, doc. 298, p. 453. La cote de la source archivistique fournie est: «Tel. nr. 19 (A.E.S. 2141/42)»). Saul Friedländer cite ce même passage (tiré de la même source) dans une traduction légèrement différente: «La déportation de 80 000 personnes vers la Pologne, à la merci des Allemands, équivaut à en condamner une grande partie à une mort sûre» (Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 575).
121. Traduit d’après l’original cité par Peter Longerich, «Davon haben wir nichts gewusst !»: die Deutschen und die Judenverfolgung 1933-1945, Siedler, 2006, p. 202. Traduction française dans Peter Longerich, «Nous ne savions pas»: Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Editions Héloïse d’Ormesson, 2008, p. 262. Peter Longerich parle des Münchner Neuesten Nachrichten mais le nom du journal est bien Münchner Neueste Nachrichten.
122. «bei Lublin beginnend, die Juden nach dem Osten abgeschoben. Es wird hier ein ziemlich barbarisches und nicht näher zu beschreibendes Verfahren angewandt, und von den Juden selbst bleibt nicht mehr viel übrig. Im großen kann man wohl feststellen, daß 60% davon liquidiert werden müssen, während nur noch 40% in die Arbeit eingesetzt werden können […] Die Juden würden, wenn wir uns ihrer nicht erwehren würden, uns vernichten […] Es ist ein Kampf auf Leben und Tod zwischen der arischen Rasse und dem jüdischen Bazillus», cité dans Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1994, partie II, vol. 3, p. 561. Pour des transcriptions en français et en anglais, voir Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 349; Ytzhak Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka - the Operation Reinhard Death Camps, Indiana University Press, 1987, p. 68; G. Miedzianagora et G. Joffer, Objectif Extermination, Frison Roche, 1994, p. 102-103.
123. Original italien: «Le condizioni degli ebrei nella Germania, nella Polonia e nell'Ucraina, è sempre più tragica. La parola d'ordine è: “Sterminarli senza pietà”. Gli eccidi in massa si moltiplicano ovunque. […] Un giovane ufficiale tedesco si gloriava di aver imparato a uccidere con un colpo solo, mamma e bambino e diceva che sarebbe capace di ucciderne anche tre in fila, […] eppure questo ufficiale si commuoveva parlando della propria moglie e dei propri bambini, mostrandone le fotografie. […] Il sistema del grande fosso fatto scavare per ordine della “SS” dagli ebrei, è ormai comune in Ucraina, vi si sospingono a gruppi uomini, donne e bambini, e poi si mitragliano e si fanno cadere nel fosso stesso che ne diventa la tomba. […] In Ucraina lo sterminio degli ebrei è ormai quasi terminato» (d’après Michele Manzo, Don Pirro Scavizzi. Prete romano (1884-1964), Casale Monferrato: Edizione Piemme, 1997 reproduit sur le site Il Centro culturale Gli scritti). Sur le site, les dates des rapports de Scavizzi sont celles de leur réception par le Vatican (ici le 11 avril 1942 pour le rapport rédigé le 6 avril 1942). Monika Stolarczyk-Bilardie cite également ce rapport («La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 222) en ces termes: «“Les conditions des Juifs en Allemagne, Pologne et Ukraine sont de plus en plus tragiques. La phrase récurrente est ‘Exterminons-les sans pitié’. Les tueries en masse se multiplient partout”. Après avoir fourni quelques détails atroces sur le massacre des femmes et enfants juifs, il concluait que l’extermination des Juifs en Ukraine était “presque achevée”». Monika Stolarczyk-Bilardie fournit la cote du document: ASRS, AA.EE.SS., Russie 695, fo 44, lettre de Scavizzi à Pie XII (seconda relazione), 5 avril 1942.
124. Rapport de Louis Sadosky, 20 juillet 1942, cité par Laurent Joly, Berlin 1942. Le voyage d’un collabo au cœur de la Gestapo, CNRS Éditions, 2009, p. 137-138.
125. Stellungnahme und Gedanken zum Generalplan Ost des Reichsführer SS, Berlin, le 27 avril 1942. NG-2325, cité par J. Billig, L’Allemagne et le génocide (plans et réalisations nazis), éditions du Centre, Paris, 1949, p. 28. Ce document, souvent désigné par le raccourci «General Plan Ost» a été publié dans son intégralité par Helmut Heiber, «Der General Plan Ost», Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, vol. 6 no 3, juillet 1958, p. 308 pour le passage cité: «Daß man die Polenfrage nicht in dem Sinne lösen kann, daß man die Polen wie die Juden liquidiert, dürfte auf der Hand liegen. Eine derartige Lösung der Polenfrage würde das deutsche Volk bis in die ferne Zukunft belasten und uns überall die Sympathien nehmen, zumal auch andere Nachbarvölker damit rechnen müßten, bei gegebener Zeit ähnlich behandelt zu werden».
126. «Bericht im Völkischen Beobachter über Einsatz der SD im Osten Erfurt, 30.4.1942», reproduit dans Otto Dov Kulka et Eberhard Jäckel, Die Juden in den geheimen NS-Stimmungsberichten 1933-1945, Droste-Verlag, 2004, p. 491 (document 628); Florent Brayard fait remarquer justement (Auschwitz, enquête sur un complot nazi, Seuil, 2012, p. 479) que l’historien Saul Friedländer se trompe en attribuant le contenu du rapport à l’article initial du Völkischer Beobachter (Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 427).
127. Cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», dans Michael Berenbaum et Abraham J. Peck (éditeurs), The Holocaust and History. The Known, the Unknown, the Disputed and the Reexamined, Indiana University Press, 1998, p. 45. Traduction revue d’après la version originale en allemand («Das richtige Begreifen des Judentums muß seine völlige Vernichtung fordern»), citée par Benno Müller-Hill, Tödliche Wissenschaft: die Aussonderung von Juden, Zigeunern und Geisteskranken, 1933-1945, Rowohlt, 1984, p. 108. Traduction française dans Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 218.
128. «Los und Zwang des Judentums ist unabhängig von seinem Willen ein Angriff auf die menschliche Gesellschaft. Diese eindeutige Standortbestimmung erklärt auch die Unmöglichkeit der Lösung der Judenfrage»: G. Teich, Volk und Rasse, 17, 92 (1942), cité par par Benno Müller-Hill, Tödliche Wissenschaft: die Aussonderung von Juden, Zigeunern und Geisteskranken, 1933-1945, Rowohlt, 1984, p. 108. Traduction française dans Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 217-218.
129. Robert Ley, discours à Amsterdam, le 10 mai 1942, retranscrit dans Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben…, op. cit., p. 210, cité par Jeffrey Herf, «The “Jewish War”: Goebbels and the Antisemitic Campaigns…, art. cit., p. 58 et 75. Cité également dans Jeffrey Herf, The Jewish Enemy. Nazi Propaganda during World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006, p. 155. Une édition française est disponible, Jeffrey Herf, L’ennemi juif. La propagande nazie, 1939-1945, Calmann-Lévy, 2011.
130. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 222.
131. Traduit par nous d’après l'original italien: «La lotta antiebraica è implacabile e va sempre più aggravandosi con deportazioni ed esecuzioni anche in massa. […] La strage degli ebrei in Ucraina è ormai al completo. In Polonia e in Germania la si vuole portare ugualmente al completo col sistema delle uccisioni in massa.» (d’après Michele Manzo, Don Pirro Scavizzi. Prete romano (1884-1964), Casale Monferrato: Edizione Piemme, 1997 reproduit sur le site Il Centro culturale Gli scritti). Monika Stolarczyk-Bilardie (art. cit., p. 222) précise qu’il s’agit du document 374 dans les Actes et Documents et que les passages cités figurent chez Michele Manzo, Don Pirro Scavizzi, op. cit., p. 234 et 239. Le site fournit la cote du document: Ass, As, b. Russia 695, prot. 2614/42. Une traduction en français des mêmes passages est proposée par Saul Friedlander qui renvoie pour la source à Pierre Blet, Angelo Martini et Burkhart, éd., Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, Vatican, 1974, vol. 8, p. 534 (Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 575 et 911 pour les sources). Friedländer commet une erreur sur le prénom de Pirro Scavizzi qu’il écrit «Pierro» (dans l’édition française, «Piero» dans l’édition en anglais) et ne précise pas la date exacte (le 12 mai) de rédaction du rapport. Cette date est bien mentionnée par l’auteure que Saül Friedlander cite pour lui emprunter la traduction de ces passages, Susan Zucotti, Under His Very Windows: The Vatican and the Holocaust in Italy, New Haven (Conn.): Yale university press, 2000, p. 353. Le passage figure en anglais chez Susan Zuccotti (p. 102) avec, hélas une erreur importante qui se retrouve dans la version française de Friedlander. En effet, Zuccotti traduit «La strage degli ebrei in Ucraina è ormai al completo» par «The massacre of the Jews in Ukraine is by now nearly complete» qui est restitué chez Friedlander par «Le massacre des Juifs d’Ukraine est maintenant presque achevé» alors que le passage signifie bien que le massacre est totalement achevé (Monika Stolarczyk-Bilardie, art. cit., p. 222, traduit bien ce passage par «le massacre des Juifs en Ukraine est désormais achevé»). Il est probable que Susan Zucotti a confondu avec le rapport de Pirro Scavizzi en date du 5 avril 1942 (voir plus haut) dans lequel celui-ci écrivait «In Ucraina lo sterminio degli ebrei è ormai quasi terminato» (En Ukraine, l'extermination des Juifs est presque terminée). Malheureusement son erreur a été reproduite par Saül Friedlander. A toutes fins utiles, voici le passage tel qu’il figure chez Friedlander (op. cit. p. 575), en se souvevant qu’il contient une erreur: «Le combat [des Allemands] contre les Juifs est implacable et s’intensifie constamment avec des déportations et des exécutions massives. Le massacre des Juifs d’Ukraine est maintenant presque achevé. En Pologne et en Allemagne, ils veulent aussi en terminer, par un système de meurtres». Signalons que John F. Morley est un des premiers, en 1980, à relever ce passage et à en citer l’original en italien tiré des Actes et Documents (vol. 8) publiés en 1974, dans Vatican Diplomacy and the Jews During the Holocaust, 1939-1943, New York: Ktav Publishing House, 1980, p. 300.
132. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 215.
133. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 223.
134. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 224.
135. Traduit d’après l’original en allemand: «Dabei konnte ich feststellen, daß er ein kompromißloser Judengegner ist und einer Endlösung der Judenfrage mit dem Ziel restloser Vernichtung des Gegners 100%ig zustimmt», cité par Serge Klarsfeld (éd.), Die Endlösung der Judenfrage in Frankreich: deutsche Dokumente 1941-1944, Paris: Beate & Serge Klarsfeld, 1977, p. 56. Traduction dans Serge Klarsfeld, La Shoah en France, vol. 2, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, juillet 1940 – août 1942, Fayard, 2001, p. 373-374. Une traduction complète (légèrement différente) est fournie par Maxime Steinberg, Les yeux du témoin et le regard du borgne. L’Histoire face au révisionnisme, Les Éditions du Cerf, Paris 1990, p. 204 (reproduit sur PHDN).
136. Walter Bargatzky, Hotel Majestic, Ein Deutscher in besetzten Frankreich, Herderbücherei, Freiburg im Breisgau, 1987, p. 103-104 et 105. Version originale: «Busse, die für den Transport von Juden bestimmt sind, vom Bahnhof zum Lager, vom Lager zur Arbeitsstätte, und in die man während der Fahrt tödliches Gas einströmen läßt. Ein Versuch, der zum Leidwesen Heydrichs an unzureichender Technik scheitert. Die Busse sind zu klein, die Todesraten zu gering, dazu kommen noch andere ärgerliche Mängel. Weshalb er zum Schluß größere, perfektere, zahlenmäßig ergiebigere Lösungen ankündigt […] Wie über die russischen Juden in Kiew, ist auch über die Gesamtheit der europäischen Juden ist das Todesurteil gesprochen. Auch über die französischen Juden, deren Deportation in diesen Wochen beginnt». Un historien aussi aguerri que Ulrich Herbert considère que le récit de Walter Bargatzky est impressionnant et particulièrement précis (Ulrich Herbert, «Die deutsche Militärverwaltung in Paris und die Deportation der französischen Juden», dans Christian Jansen (éd), Von der Aufgabe der Freiheit: politische Verantwortung und bürgerliche Gesellschaft im 19. und 20. Jahrhundert; Festschrift für Hans Mommsen zum 5. November 1995, Berlin: Akad.-Verl., 1995, p 430, n. 5). Une mise en perspective du rôle et du témoignage de Walter Bargatzky est fournie par Gaël Eismann dans son étude fondamentale de l’administration militaire allemande en France, Hôtel Majestic: ordre et sécurité en France occupée, 1940-1944, Paris: Tallandier, 2010. Gaël Eismann émet, sans trancher, des réserves sur le passage que nous citons (p. 346-349), mais ne prend pas en compte, selon nous, le fait que les éléments rapportés par Bargatzky sont extrêmement vraisemblables pour deux raisons. La première est que les modalités d’exécutions par gaz qu’il décrit correspondent bien à celles principalement alors à l’œuvre, notamment à Chelmno, gazages dans des camions pendant les trajets. En 1987, il aurait fallu être un spécialiste pointu et motivé, pour, dans une volonté d’enjolivement, se limiter à cette description alors que la mémoire et les discours publics étaient depuis longtemps saturés par l’image des gazages dans des installations en dur comme à Auschwitz ou dans les centres de mise à mort de l’Opération Reinhard. Bargatzky n’est d’ailleurs guère précis puisqu’il mentionne des «bus» et non des camions. S’il avait souhaité enrichir son récit de détails glanés après-guerre, il nous semble qu’il aurait plutôt évité une telle approximation. Par ailleurs les difficultés techniques rapportées par Bargatzky dans la bouche de Heydrich, correspondent bien non seulement aux témoignages mais aussi au corpus documentaire, tout lacunaire qu’il soit, qu’on a de cette méthode au moment même où Heydrich est censé en faire mention (voir typiquement le rapport du 16 mai 1942 du Dr August Becker cité dans la présente page). Les nouvelles méthodes annoncées par Heydrich correspondent de toute évidence à l’Opération Reinhard qui commence à fonctionner à ce moment là (Belzec: mars 1942, Sobibor: mai, Treblinka: juillet). Le deuxième point qui nous convainc de la fiabilité du récit de Bargatzky réside dans un détail qu’une historiographie plus tardive que son récit a su interpréter. Walter Bargatzky écrit: «Comme pour les Juifs russes de Kiev, la condamnation à mort de la totalité des Juifs d’Europe a été prononcée». Le consensus historiographique actuel, exprimé par Christian Gerlach (The Extermination of the European Jews, Cambridge University Press, 2016, notamment chapitre 4) est qu’il y eut deux décisions de la part d’Hitler (ou en tous cas, selon nous, expression explicite par Hitler de telles décisions à fins de réalisation concrète, ce qui ne préjuge pas de projets antérieurs, sinon de décisions antérieures à leur communication)), l’une concernant l’extermination des Juifs soviétiques, au plus tard à l’été 1941 (antérieure selon nous), l’autre en décembre 1941 concernant tous les Juifs européens, y compris les Juifs «de l’Ouest», les deux séparées probablement par des décisions plus «locales» (Chelmno pour le Warthegau, les centres de l’Opération Reinhard pour le Gouvernement Général). Or c’est précisément une telle articulation qu’exprime Heydrich rapporté par Bargatzky. Le décalage chronologique qui pourrait paraître gênant pour notre raisonnement ne l’est pas et confirme le témoignage de Edmund Bälz: on sait en effet que Heydrich fit une tournée européenne auprès des cadres nazis au printemps 1942, justement pour les informer de l’extension de l’extermination immédiate à tous les Juifs d’Europe (Il se rend en Biélorussie en avril 1942 à cette fin: «Heydrich vint personnellement à Minsk en avril 1942 et informa le commandant de la police de sécurité et SD Strauch que les Juifs allemands et européens allaient désormais être exterminés. Dans le même temps, il annonça la reprise du transport des Juifs de l’Ouest vers Minsk, qui avait été annulé fin novembre 1941. Il a ordonné qu’ils soient tués dès leur arrivée», Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 19, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, 1968, p. 192. Cet exposé, qui est celui d’une cour de justice allemande dans le cadre de procès contre des SS à Coblence en 1963-1965, est confirmé par Christian Gerlach qui fournit les sources et les éléments (témoignages concordants, emploi du temps de Heydrich, etc.) qui permettent d’en établir les constats dans Kalkulierte Morde, Die deutsche Wirtschafts — und Vernichtungs-politik in WeissRussland. 1941 bis 1944, Hambourg: Hamburger Edition, 1999, p. 694-695. Gerlach précise que le voyage de Heydrich à Minsk se place début avril 1942). Bargatzky ne pouvait, en 1987 anticiper sur des développements historiographiques aussi fins. Il n’a fait que rapporter de façon fiable le discours tenu par Heydrich, correspondant à la réalité. On constate donc que via Bälz et Bargatzky des fonctionnaires allemands qui ne sont pas des nazis fanatiques sont mis au courant en mai 1942 de détails concrets sur les modalités de l’extermination des Juifs européens. On peut légitimemement se poser la question: en ont-ils parlé autour d’eux?
137. Document Nuremberg PS 501, cité par Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, «Schöne Zeiten». Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988, p. 72. Original en allemand: «Die Vergasung wird durchweg nicht richtig vorgenommen. Um die Aktion möglichst schnell zu beenden, geben die Fahrer durchweg Vollgas. Durch diese Maßnahme erleiden die zu Exekutierenden den Erstickungstod und nicht wie vorgesehen, den Einschläferungstod». Lire le rapport complet sur PHDN…
138. Cité par Marie Moutier (éd.), Lettres de la Wehrmacht, Paris: Perrin, 2014, p. 39. La suite de la lettre vaut d’être citée: «Il y a deux fosses communes aux abords de notre ville. Dans l’une d’elles gisent 20 000 Juifs. Dans l’autre, 40 000 Russes. On pourrait s’en émouvoir, mais quand on pense à la grande idée qui nous anime, on juge cela nécessaire. En tout cas la SS a fait tout le travail et on doit lui être reconnaissant. Peut-être que plus tard on saisira cette époque dans son ampleur, ou peut-être jamais. Mais l’histoire nous apportera des réponses» (ibid.).
139. «Das Judentum trägt die Schuld am neuen Weltbrand. Reichsorganisationsleiter Dr. Ley sprach vor Betriebsführern und Betriebswaltern in Karlsruhe», Strassburger Neueste Nachrichten, no 138 du 20 mai 1942, p. 2. Nous traduisons directement d’après l’original (ci-après, sans les incises): «So wollen wir dankbar, tapfer und mutig den Kampf aufnehmen gegen den Juden und seine Trabanten bis zur letzten Konsequenz. Es genügt nicht, den jüdischen Feind der Menschheit zu isolieren, sondern der Jude muß vernichtet werden». Ce passage est cité en 1981 par Walter Laqueur dans Le terrifiant secret. La “solution finale” et l’information étouffée , Gallimard, 1981, p. 44 (jusqu’en 2019 nous proposions sur cette page la traduction moins littérale suivante fournie par Laqueur: «Nous devons combattre les Juifs jusqu’au bout. Il ne suffit pas d’isoler les Juifs de l’humanité; il faut éliminer complètement le Juif». En avril 2019 nous avons pu remonter à la source originale, apparemment jamais citée auparavant dans la littérature, sauf erreur de notre part). Il est également cité par C. C. Aronsfeld, The Text of the Holocaust. A Study of the Nazis’ Extermination Propaganda: 1919-1945, Micah Publications, Marblehead 1985, p. 44 (une erreur sans doute typographique mentionne le 2 mai au lieu du 20). L’historien allemand Klaus Gerbet en propose une paraphrase («es reiche nicht, die Juden zu isolieren, man Müsse sie ausrotten») dans son ouvarge Carl-Hans Graf von Hardenberg. 1891-1958. Ein preußischer Konservativer in Deutschland, Berlin: Edition Hentrich, 1993, p. 35.
140. Voici le passage en question (jamais cité auparavant): «Er [Ley] erklärte, daß es im heutigen Kriege nicht um Eroberungen, sondern um Sein oder Nichsein des deutschen Menschen gehe. Schwer und lang ist der Kampf , und unser Feind ist grausam; wie noch nie ein anderer. Zum ersten Male ist der Jude in seiner ganzen grausamen Nacktheit gegen uns angetreten. Wenn wir in diesem Kampf schwach werden, werden wir kein neues Versailles erleben und Provinzen verlieren, sondern der Jude wird unser ganzes Volk ausrotten. Der Jude will seine Rache haben. Das Schicksal hat uns aber sehend gemacht» (Ley, Strassburger Neueste Nachrichten du 20 mai 1942, ibid.). Notre traduction: «Il [Ley] a expliqué que l’enjeu de la guerre actuelle n’est pas les conquêtes, mais l’existence ou la non-existence de l’homme allemand. La bataille est longue et difficile, et notre ennemi est cruel comme aucun autre. Pour la première fois, le Juif, dans toute sa cruauté, s’en prend à nous. Si nous faiblissons dans cette lutte, nous ne connaîtrons pas un nouveau Versailles ni ne perdrons des territoires: le Juif exterminera entièrement notre peuple. Le Juif veut avoir sa vengeance. Mais le destin nous a rendu clairvoyants».
141. D’après l’original allemand: «Er [Hitler] weiß natürlich auch, daß die Juden entschlossen sind, unter allen Umständen diesem Krieg für sie zum Siege zu bringen, da sie wissen, daß die Niederlage fur sie auch die persönliche Liquidation bedeutet.» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1995, partie II, vol. 4, p. 355). Cité également partiellement (traduction légèrement différente) dans Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, p. 747. Kershaw souligne qu’il apparait clairement dans le compte-rendu de Goebbels qu’Hitler associait incontestablement et explicitement sa «prophétie» du 30 janvier 1939, à la liquidation physique des Juifs.
142. Florent Brayard, La Solution Finale de la Question Juive: La Technique, le Temps et les Catégories de la Décision, Fayard 2004, p. 174.
143. Cité par Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Commentaire/Julliard, 1988, p. 154. Original en allemand: «Je mehr von diesem Dreckzeug beiseitegeschafft wird, um so besser für die Sicherheit des Reiches» (Gerald Fleming, Hitler und die Endlösung, Munich: Limes Verlag, 1982, p. 128).
144. Cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», op. cit., p. 46.
145. Peter Witte et alii (éd.), Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941/42, Hamburg: Christians, 1999, p. 456.
146. Notre traduction d’après l’original dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson (éd.), Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 159: «Die Völkerwanderung der Juden werden wir in einem Jahr bestimmt fertig haben; dann wandert keiner mehr. Denn jetzt muß eben reiner Tisch gemacht werden»). Ce document est conservé aux Bundesarchiv de Berlin sous la cote BArch NS 19/4009 dont nous tirons la reproduction de la première page et de la page contenant le passage cité.
147. Peter Witte et alii (éd.), Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941/42, Hamburg: Christians, 1999, p. 456.
148. Ce passage figure dans de nombreux journaux du lendemain, par exemple en première page du numéro du 10 juin 1942 du Völkischer Beobachter: «Unser ist aber die heilige Verpflichtung, seinen Tod nun zu sühnen, seine Aufgabe zu übernehmen und erst recht ohne Gnade und Schwäche die Feinde unseres Volkes zu vernichten». Il figure également dans les papiers d’Himmler conservés aux Bundesarchiv de Berlin sous la même cote BArch NS 19/4009 que précédemment, dont nous tirons également les deux pages reproduites. Insistons sur le fait qu’il s’agit bien de deux discours différents, comme l’expriment bien les éditeurs du Dienstkalender précédemment cité (et les papiers d’Himmler dont sont tirés nos fac-similés). Toutefois, en dehors de ceux-ci et de l’historien Ralf Georg Reuth (Hitler. Eine politische Biographie, München: Piper Verlag, 2003, p. 569), très peu d’historiens semblent avoir relevé l’existence des deux discours différents. La plupart citent seulement le discours secret de 19h40 (c’est le cas de Florent Brayard), une minorité le discours commémoratif officiel de 15h, sans jamais rapprocher les deux passages que nous citons. Volker Ulrich, quant à lui, cite les deux passages mais semble considérer à tort, qu’ils figurent tous deux dans le discours secret du soir (Adolf Hitler Die Jahre des Untergangs 1939-1945. Biographie, Fischer, 2018). Robert Gewarth, dans sa biographie de Heydrich, commet clairement la même erreur (Hitler’s hangman: the life and death of Reinhard Heydrich, London: Yale University Press, p. 286). Dans sa biographie d’Himmler, Peter Longerich lui, distingue bien les deux discours (Heinrich Himmler, Oxford: Oxford University Press, 2012, p. 570).
149. Il faut renvoyer ici à l’article fondamental de Pierre Ayçoberry, «Des ennemis, un ennemi: l’amalgame hitlérien», Raisons politiques, 2002/1 no 5, qui étudie la transformation/construction par les nazis des Juifs en ennemi paradigmatique. On peut trouver de nombreux exemples de d’utilisations du terme «ennemi» pour désigner les Juifs chez Jeffrey Herf (The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006) qui en fait la thématique de son ouvrage. Le présent corpus offre plusieurs exemples. Mentionnons celui de l’ordre secret d’Himmler du 12 décembre 1941, cité plus haut.
150. Christopher Browning, The Origins of the Final Solution. The Evolution of Nazi Jewish Policiy, September 1939-March 1942, University of Nebraska Press, Yad Vashem, 2004, p. 369.
151. Traduit d’après l’original en allemand: «Nach dem vom Reichsführer SS vertraulich bekannt gegebenen Plan sollen die von Deutschland besetzten Gebiete bereits bis zur Mitte des Jahres 1943 judenfrei sein», cité par Serge Klarsfeld (éd.), Die Endlösung der Judenfrage in Frankreich: deutsche Dokumente 1941-1944, Paris: Beate & Serge Klarsfeld, 1977, p. 140. Le document est fourni en traduction française dans Serge Klarsfeld, La Shoah en France, vol. 3, Le calendrier de la persécution des Juifs de France 1940-1944: 1er septembre 1942 – 31 aout 1944, Fayard, 2001, p. 1065. Florent Brayard présente d’autres documents faisant très probablement référence au même calendrier dans La Solution Finale de la Question Juive: La Technique, le Temps et les Catégories de la Décision, Fayard 2004, p. 17 et suiv.
152. Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires: le 101e bataillon de réserve de la police allemande et solution finale en Pologne, Paris: Les Belles Lettres, 2004, p. 3 (1re édition 1994).
153. Paul Riche (pseudonyme de Jean Mamy), «La guerre juive», L’Appel, 11 juin 1942, p. 2, cité par Philippe Burrin, «Que savaient les collaborationnistes?», dans Stéphane Courtois et Adam Rayski, Qui savait quoi? L’extermination des Juifs, 1941–1945, Paris: La Découverte, 1987, p. 78.
154. Herbert et Sibylle Oberhausen, «Schreiben wie es wirklich war…», Aufzeichnungen Karl Dürkefäldens aus den Jahren 1933-1945, Hanovre: Fackelträger, 1985, p. 111: «Heute, am 12. Juni 1942, kurz vor 20 Uhr, wurde in einem Vortrage durch Radio gesagt, die Juden würden in Europa und vielleicht noch darüber hinaus ausgerottet. Dabei wurde den Juden die Schuld an den augenblicklichen heftigen Angriffen englischer Flieger auf nord- und westdeutsche Städte gegeben. Heute wurde mir gesagt, daß hier Soldaten mehrfach erzählten, im vorigen Herbst seien in Polen Juden zu Tausenden erschossen: Erst hatten sie für andere Gräber zu schaufeln und eines Tages hatten sie ihr eigenes Grab gegraben und wurden von hinten erschossen. Daß die Juden zu Tausenden erschossen wurden, habe ich am folgenden Tage auch noch von ganz anderer Seite gehört.».
155. Joseph Goebbels, «Der Luft- und Nervenkrieg», Das Reich, 14 juin 1942, repris dans Joseph Goebbels, Das eherne Herz. Reden und Aufsätze 1941/1942 von Joseph Goebbels, Munich: Zentralverlag der NSDAP / Franz Eher Nachf., 1943, p. 350. Original allemand: «Die Juden treiben in diesem Kriege ihr frevelhaftestes Spiel, und sie werden das mit der Ausrottung ihrer Rasse in Europa und vielleicht weit darüber hinaus zu bezahlen haben.» Cité également par Walter Laqueur, op. cit., p. 44 (traduction légèrement différente: «Les Juifs nous le paieront par l’extermination de leur race en Europe et peut-être même ailleurs»). L’original allemand précédemment cité se trouve également dans divers ouvrages (par exemple Bernhard Chiari, Die Deutsche Kriegsgesellschaft, 1939 bis 1945: Ausbeutung, Deutungen, Ausgrenzung, Deutsche Verlags-Anstalt, 2005, p. 198). Une traduction en anglais complète de l’article est fournie par Randall Bytwerk sur son site German Propaganda Archive, https://research.calvin.edu/german-propaganda-archive/goeb9.htm
156. Ce mémorandum a immédiatement fait l’objet de plusieurs publications, notamment Memorandum Submitted to the President of the United States at the White House, on Tuesday, December 8, 1942, at Noon. By a Delegation of Representatives of Jewish Organizations…, New York: Institution for Research and Training in the Jewish Social Studies, 1942. Le discours de Goebbels est cité au troisième paragraphe de la première page reproduite en ligne. Il est intéressant de souligner que le nombre de victimes mentionné au début du mémorandum, deux millions de Juifs assassinés, est déjà sous-évalué. L’intégralité du mémorandum fut publié début 1943 dans Z. H. Wachsman, Trail Blazers for Invasion, New York: Frederick Ungar, 1943 (en ligne…), p. 259-270 (la citation de l’article de Goebbels figure p. 260). L’entrevue est également mentionnée et le mémorandum largement cité tout début 1943 par Zachariah Shuster, «The passion of a people: Anno MCMXLII», Contemporary Jewish Record, vol. 6, no 1 (février 1943). Cet article est lui-même remarquable pour le portrait qu’il dresse de la catastrophe à la date de sa publication. Il mentionne notamment Belzec, Sobibor et Treblinka comme lieux de massacres de masse (p. 26).
157. Robert Ley, «Terror, Mord und Hunger !», Der Angriff, 14 juin 1942, cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», op. cit., p. 45-46. Dans une précédente version de la présente page nous avions attribué ce passage à l’article de Robert Ley «Die Macht der Idee !», Der Angriff, 24/25/26 mai 1942, ce qui constituait une erreur imputable à une lecture trop rapide du texte de David Bankier.
158. «Dispatch No. 502 from the American Legation at Cairo, Egypt, Axis Broadcasts in Arabic for the Period July 3 to 9, 1942, Cairo, July 21, 1942,» 1, NARA, RG 84 Foreign Service Posts of the Department of State, General Records, Cairo Embassy, 1942, 815.4-820.02, Box 77, cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 724-725. Jeffrey Herf a développé les résultats récents de la recherche concernant la propagande nazie en direction des pays arabes dans son Nazi Propaganda for the Arab World, Yale University Press, 2009 (traduction française, Hitler, la propagande et le monde arabe, Calmann-Lévy, 2012). On dispose aussi en français de Jeffrey Herf, «La propagande nazie destinée au monde arabe pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah: ses conséquences», Revue d’Histoire de la Shoah, 2016/2 no 205, en ligne. L’Italie fasciste et l’Allemagne nazie ont toutes deux cherché et trouvé des alliés dans le monde arabo-musulman. Tant l’Afrique du Nord que le Proche et le Moyen-Orient constituaient des enjeux politiques et stratégiques pour ces deux nations avant et pendant la guerre. Une entreprise de communication et de propagande de grande ampleur fut mise en œuvre tant par l’Italie, qui diffusa des programmes radio en Arabe dès 1934, que par l’Allemagne de Hitler. Cette dernière commença à diffuser sur ondes courtes en Arabe en octobre 1939 et poursuivit jusqu’en mars 1945. Les deux stations «Berlin en Arabe» et «La voix de l’Arabisme libre» diffusaient de la musique, des nouvelles et des discours de propagande sept jours sur sept (Jeffrey Herf, art. cit., p. 714). Compte tenu de l’illetrisme au Proche et au Moyen-Orient de la présence de dizaines de milliers de postes de radio, et des pratiques collectives d’écoute de ces postes, c’est une audience très large qui fut exposée à cette propagande pendant plusieurs années. Parmi les orateurs réguliers qui intervenaient sur les radios allemandes en Arabe, figurait l’ancien mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, ennemi radical des sionistes et des modérés palestiniens, rallié à Hitler, réfugié, hebergé à Berlin et rétribué par le régime nazi à partir de la fin 1941. A partir de l’été 1941 le personnel de l’ambassade américaine au Caire entreprend de retranscrire et traduire les discours en Arabe tenus sur les stations allemandes et italiennes (Jeffrey Herf, art. cit., p. 715). La plupart des discours diffusés par les stations allemandes reprennent les poncifs de la propagande nazie, en essayant de les adapter à une audience arabe et musulmane. Le Mufti se montra particulièrement obstiné à démontrer que nazisme et Islam étaient non seulement compatibles mais qu’ils appréhendaient tous deux le «problème juif» de la même façon. Parmi les poncifs nazis adaptés au monde arabe figure en bonne place le martèlement des horribles projets que les Juifs auraient à l’encontre des Arabes et des Musulmans si l’Axe perdait la guerre, domination, persécution, extermination, pas seulement en Palestine, mais partout, en Egypte, en Syrie, au Liban, en Irak… Le 8 septembre 1943, par exemple, La Voix de l’Arabisme Libre diffusera en Arabe un message prétendant que le projet des Juifs était de s’appropier «tous les territoires entre le Tigre et le Nil», de vider complètement l’ensemble des pays arabes, Egypte et Irak compris de tous leurs Musulmans et de tous leurs Chrétiens (cité par Jeffrey Herf, art. cit., p. 730). On notera l’ironie du constat qu’aujourd’hui ce sont les pays arabes qui ont été vidés de leurs communautés juives millénaires. Le 24 septembre de la même année, la Voix de l’Arabisme Libre continuait sur la même ligne, à savoir que le but du «Sionisme international», n’était pas seulement la Palestine, mais la «possession de tous les pays arabes, d’Est en Ouest» jusqu’à l’océan Atlantique, y compris l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Syrie, le Liban (Jeffrey Herf, art. cit., p. 730). Il n’est pas anodin de noter que cette disqualification paranoïaque du sionisme (en l’occurrence d’une vision délirante du sionisme) se retrouve aujourd’hui dans des discours «antisionistes» pas uniquement issus de l’islamisme radical. Le travestissement de l’antisémitisme en antisionisme est donc une invention nazie. Il est important de noter qu’il fut ensuite repris par la propagande soviétique (voir à ce sujet, Léon Poliakov, De l’antisionisme à l’antisémitisme: la polémique arabe, Calman-Lévy, 1969 — en ligne… — et Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth, essai sur la désinformation, Calman-Lévy, 1983 — en ligne…), ce qui a permis un passage de ces discours vers des milieux intellectuels a priori bien pensants. On peut remarquer que le rôle de Amin al-Husseini est relevé dès janvier 1942 par le bulletin de la Jewish Telegraphic Agency du 21 janvier 1942. Une dépêche mentionne des émissions en Arabe diffusées par les stations allemandes et italiennes vers la Syrie et la Palestine affirmant que les Britanniques avaient l’intention d’inclure la Syrie dans un futur État juif ou recyclant les accusations délirantes de crimes rituels de l’Affaire de Damas (JTA Daily News Bulletin, vol. IX, no. 17, mercredi 21 janvier 1942, p. 3, en ligne).
159. Cité par Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 56. Original allemand: «ich [habe] einen großen Teil der mir unterstehenden Organisationen dem Reichsführer zu einer bis in die letzte Konsequenz gehenden Endlösung der Judenfrage zur Verfügung gestellt» (Christian Gerlach, «Die Wannsee-Konferenz, das Schicksal der deutschen Juden und Hitlers politische Grundsatzentscheidung, alle Juden Europas zu ermorden», Werkstatt Geschichte no 18, Ergebnisse Verlag, Hamburg 1997, p. 23. Aussi dans C. Gerlach, «The Wannsee Conference, the Fate of German Jews, and Hitler's Decision in Principle to Exterminate All European Jews», The Journal of Modern History, Vol. 70, No. 4 (December 1998), p. 782, note 106).
160. Maurice de Séré, «Peuple français, réveille-toi!», Au Pilori, 16 juillet 1942; «La mesure à prendre», 23 juillet 1942, p. 6; «Le Juif, être cruel», 30 juillet 1942, p. 4, cité par Philippe Burrin, «Que savaient les collaborationnistes?», dans Stéphane Courtois et Adam Rayski, Qui savait quoi? L’extermination des Juifs, 1941–1945, Paris: La Découverte, 1987, p. 76-77. Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour (Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, Paris: Fayard, 2017) reprennent partiellement les mêmes passages (p. 583) mais une coquille leur fait attribuer ces citations à un autre ouvrage de Philippe Burrin (La France à l’Heure Allemands, cité en note 41 p. 1010; c’est bien une coquille puisque le numéro de page cité, 77, est le bon). Passages également cités partiellement par Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, Paris: CNRS Éditions p. 141 (Joly renvoie à Burrin, «Que savaient les collaborationnistes?», op. cit.).
161. Cité par Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 45. Original allemand: «In Bereza-Kartuska, wo ich Mittagsstation machte, hatte man gerade am Tag vorher etwa 1300 Juden erschossen. Sie wurden zu einer Kuhle außerhalb des Orte gebracht, Männer, Frauen und Kinder mußten sich dort völlig ausziehen und wurden durch Genickschuß erledigt. Die Kleider wurden desinfiziert und wieder verwendet» (Michaela Kipp, «The Holocaust in the letters of German soldiers on the Eastern front (1939-44)», Journal of Genocide Research, vol. 9, no. 4, november 2007, p. 615 note 42).
162. Traduit d’après l’original en allemand, Doc. CDJC XXVb-87, IV-J, cité dans Serge Klarsfeld (éd.), Die Endlösung der Judenfrage in Frankreich: deutsche Dokumente 1941-1944, Paris: Beate & Serge Klarsfeld, 1977, p. 95. Traduction complète (légèrement différente pour le passage cité) dans Serge Klarsfeld, La Shoah en France, vol. 2, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, juillet 1940 – août 1942, Fayard, 2001, p. 545-549.
163. Sur l’été 1942 en France, on se reportera à Michaël R. Marrus et Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, Calmann-Lévy, 1981, chapitre VI et à Florent Brayard, La Solution Finale de la Question Juive: La Technique, le Temps et les Catégories de la Décision, Fayard 2004, chapitre III.
164. Le Journal du Capitaine Wilm Hosenfeld, Varsovie 23 juin 1942 [attention, il s’agit d’une erreur de date de la traduction française, voir plus bas], cité dans Wladyslaw Szpilman, Le pianiste, L’extraordinaire destin d’un musicien juif dans le ghetto de Varsovie 1939-1945, Robert Laffont, 2001, p. 232-233. Original allemand: «Gegenwärtig läuft eine Vernichtungsaktion der Juden, die zwar seit der Besetzung der Ostgebiete Ziel der deutschen zivilen Verwaltung unter Zuhilfenahme von Polizei und der G.Sta.Po war, aber jetzt scheinbar großzügig und radikal gelöst werden soll. Es wird glaubhaft von verschiedenen Leuten berichtet, daß man das Ghetto in Lublin ausgefegt hat, die Juden daraus vertrieben, sie massenweise ermordet, in die Wälder getrieben und zu einem kleinen Teil in einem Lager eingesperrt hat. Vom Litzmannstadt, von Kutno wird erzählt, daß man die Juden, Männer, Frauen und Kinder, in fahrbaren Gaswagen vergiftet, den Toten die Kleider auszieht, sie in Massengräber wirft und die Kleider zur weiteren Verwendung den Textilfabriken zuführt.» (Auszüge aus dem Tagebuch von Hauptmann Wilm Hosenfeld, in Wladyslaw Szpilman, Das wunderbare Überleben. Warschauer Erinnerungen 1939-1945, Düsseldorf, 1998, p. 193, cité par Bogdan Musial, Deutsche Zivilverwaltung und Judenverfolgung im Generalgouvernement. Eine Fallstudie zum Distrikt Lublin 1939-1944, Wiesbaden, 1999, p. 324. Musial mentionne que la date de l’entrée du journal qui nous intéresse est du 23 juillet et non du 23 juin comme l’indique la version française. La date du 23 juillet est confirmée par l’édition du journal de Wilm Hosenfeld, «Ich versuche jeden zu retten»: das Leben eines deutschen Offiziers in Briefen und Tagebüchern, Munich: Deutsche Verlags-Anstalt, 2004, qui mentionne la passage cité page 627 sous une entrée datée du 23 juillet 1942. L’erreur de date est donc imputable à la traduction française de l’ouvrage de Wladyslaw Szpilman).
165. Rapport cité par Christopher Browning, The Final Solution and the German Foreign Office, Holmes & Meier Publishers, Inc., 1978, p. 116 (texte original allemand cité par Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 522).
166. Rapport de Kube à Lohse du 31 juillet 1942. Traduit d’après le texte original en allemand, Tribunal Militaire International de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 24 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome YYYII, Doc. PS-3428, p. 280.
167. Rapport de Karl Ingve Vendel du 20 août 1942 (Riksarkivet Stockholm, HP 324-84), cité par Jozef Lewandowski, «Early Swedish Information about the Nazis’ Mass Murder of the Jews», Polin: Studies in Polish Jewry, 13, 2000.
168. Note citée par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 56.
169. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy. The Italians and Jews in Occupied Europe 1941-43. A collection of notes and research materials for the documentary film, Rome, 1988, p. 7; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing, ibid.
170. Traduit d’après l’original en allemand, Wilhelm Cornides, «Observations sur le “transfert” des Juifs à l’intérieur du Gouvernement Général» («Beobachtung über die “Umsiedlung” der Juden im Generalgouvernement»), archives de l’Institut fur Zeitgeschichte de Munich, document ED-81. Voir également, pour un résumé des observations de Cornides, Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 835.
171. Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995 p. 62. Une traduction légèrement différente figure dans Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 48.
172. Traduit de l’original: «Serbien und das Banat sind judenrein und die ersten Landschaften in Südosteuropa, in denen es keinen Juden mehr gibt», «Südosteuropa wird judenrein. Planmäßige Beseitigung des gefährlichen inneren Feindes», Berliner Börsen-Zeitung, Nr. 424 du 9 septembre 1942, p. 2, article repris sous le titre «Bereinigung Südosteuropas von Juden» (Le nettoyage des Juifs en Europe du Sud-Est) dans Deutsche Justiz, Nr. 38 du 18 septembre 1942, p. 611, article découpé par le diariste Friedrich Kellner et collé dans son journal le 25 septembre 1942 (Friedrich Kellner, “Vernebelt, verdunkelt sind alle Hirne”. Tagebücher 1939-1945, Band 1, Göttingen: Wallstein Verlag, 2011, p. 314). L’article de Deutsche Justiz commet une erreur en datant le numéro 424 du Berliner Börsen-Zeitung du 8 septembre et non du 9 (nous avons vérifié sur un exemplaire original du Berliner Börsen-Zeitung, dont sont tirées les reproductions proposées, réalisées par nos soins). Le 16 septembre 1942, Kellner avait noté dans son journal: «J’ai entendu dire de source bien informée que tous les Juifs seraient emmenés en Pologne et assassinés par des formations de SS. Cette cruauté est terrible. De telles atrocités ne pourront jamais être effacées de la mémoire de l’humanité. Notre gouvernement meurtrier a souillé le nom “Allemagne” pour toujours» («Von gut unterrichteter Seite hörte ich, daß sämtliche Juden nach Polen gebracht u. dort von SS- Formationen ermordet würden. Diese Grausamkeit ist urchtbar. Solche Schandtaten werden nie aus dem Buche der Menschheit getilgt werden können. Unsere Mörderregierung hat den Namen ‚Deutschland‘ für alle Zeiten besudelt», Friedrich Kellner, Tagebücher…, op. cit., p. 311). L’article du Berliner Börsen-Zeitung dont Kellner avait découpé la reproduction du Deutsche Justiz mentionnait que pour la Slovaquie on avait «expulsé 65 000 Juifs en transport». Kellner nota en marge une question s'y rapportant, laconique et transparente quant à ce qu’il en pensait: «Où?» (ibid.). La découverte et la publication du journal de Kellner sont tardives (début des années 2000, voir notamment Markus Roth, Chronist der Verblendung – Friedrich Kellners Tagebücher 1938/39 bis 1945. Beiheft zur Ausstellung: Die Last der ungesagten Worte. Die Tagebücher Friedrich Kellners 1938/39 bis 1945, Bonn: Friedrich-Ebert-Stiftung, 2009) mais l’article du Berliner Börsen-Zeitung est en fait une redécouverte car dès 1951, l’historien Léon Poliakov mentionnait en ces termes le passage en question: «Dès septembre 1942, la presse berlinoise pouvait annoncer à ses lecteurs: “La Serbie est la première région de l'Europe à être nettoyée de ses Juifs”» que Poliakov accompagne de la note suivante: «1. Boersenzeitung de Berlin, le 9 septembre 1942. La formule se retrouve dans un rapport du conseiller d’Etat Turner, sur la situation politique en Serbie, adressé au “commandant militaire Sud-Est”, en date du 29 août 1942» (Léon Poliakov, Bréviaire de la haine, Paris: Calmann-Lévy, 1951, p. 180). Poliakov fournit la bonne date (9 septembre 1942): il a de toute évidence consulté un exemplaire original. Aucun autre historien depuis, jusqu’à la découverte et la publication du journal de Friedrich Kellner, plus d’un demi-siècle plus tard, n’avait relevé l’article du Berliner Börsen-Zeitung. L’auteur des présentes lignes ne peut taire son admiration devant les talents de chercheur de Poliakov, et devant ses talents d’historien, puisqu’il fait aussi, dès 1951, le rapprochement avec le rapport de Harald Turner du 29 août 1942.
173. Deutsche Justiz, Nr. 38, 18 septembre 1942, p. 611 (voir note précédente).
174. «Serbien und das Banat sind judenrein», phrase qui figure dans un paragraphe intitulé «Die Entjudung Südosteuropas» (La déjudaisation de l'Europe du sud-est) dans une section «Siedlung und Bodenverfassung» (Habitat et état du territoire) du numéro 10 de l’année 1942 (octobre) de Internationale Agrar Rundschau, p. 621. Le paragraphe en question présente des chiffres qui indiquent que son contenu a pour origine presque certaine l’article du Berliner Börsen Zeitung. Le scan présenté a été réalisé par nos soins. La revue ne semble pas encore avoir été exploitée par les historiens. Notre examen de plusieurs numéros semble suggérer qu’il serait pertinent qu’elle le soit.
175. Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, Liana Levi, 1999, p. 78-79. Original: «Sie werden die Judengefahr kaum mehr kennen. In 20 Jahren werden vielleicht keine Juden mehr existieren. Im europäischen Russland sind es insgesamt 11 Millionen Juden [!]. Also wird es noch einige Arbeit geben. Ich kann mir nicht vorstellen, dass wir mehr als 1 Millionen beseitigt haben. Es wird Zeit dass wir von dieser Pest in Europa befreit werden» (Christian Gerlach, «Die Wannsee-Konferenz, das Schicksal der deutschen Juden und Hitlers politische Grundsatzentscheidung, alle Juden Europas zu ermorden», Werkstatt Geschichte no 18, Ergebnisse Verlag, Hamburg 1997, p. 37, ainsi que Christian Gerlach, Krieg, Ernährung, Völkermord: Forschungen zur deutschen Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Hamburg: Hamburger Ed., 1998, p. 146).
176. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 226. Il y a une erreur de transcription ou de traduction dans la version papier de l’article de Monika Stolarczyk-Bilardie car le passage original en italien «pare che per la metà di ottobre si vogliano vuotare interi ghetti di centinaia di migliaia di infelici» (voir plus bas dans la note pour la source) y est restitué à la forme passée: «il semble qu’à la mi-octobre, des ghettos entiers de centaines de milliers de malheureux affaiblis ont été vidés» alors que la traduction correcte (cohérente avec le fait que le voyage et le rapport datent de septembre, avant octobre) doit être «seront vidés». Nous avons en conséquence remplacé «ont été» par «[seront]» dans la citation. Suite à notre signalement de cette erreur auprès de la rédaction de la Revue d’Histoire de la Shoah début novembre 2023, la version en ligne (y compris le pdf téléchargeable de l’article) a été corrigée dans le sens que nous avons proposé. Nous disposons de l’original italien d’une partie de la citation (à partir de «Les massacres de Juifs…»): «I massacri sistematici degli Ebrei […] hanno raggiunto proporzioni e forme esecrande e spaventose. Incredibili eccidi sono operati ogni giorno; pare che per la metà di ottobre si vogliano vuotare interi ghetti di centinaia di migliaia di infelici languenti» (Michele Sarfatti, I confini di una persecuzione. Il fascismo e gli ebrei fuori d'Italia (1938-1943), Roma: Viella, 2023, p. 70). Une traduction de ce passage plus proche de l’original italien serait selon nous «il semble que d’ici la mi-octobre ils veuillent vider des ghettos entiers de centaines de milliers de malheureux affaiblis».
177. Dariusz Libionka, «Materials: Banging One’s Head Against a Brick Wall. Interventions of Kazimierz Papée, Polish Ambassador at the Holy See regarding German Crimes in Poland», Zagłada Żydów: studia I materiały, no 2, 2006, p. 303-304, cité par Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 230.
178. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 230.
179. Le compte-rendu du commissaire en date du 26 septembre 1942 est cité par Tal Bruttmann, «Du militantisme à l’action. L’activisme antisémite des ultras de la Collaboration», Revue d’Histoire de la Shoah, no 198, mars 2013, p. 185. En ligne…
180. Ibid.
181. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 40. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 3, p. 479-480. Hans Lustig fournit des détails sur le déroulement de l’opération: «D’abord trois wagons à ciel ouvert d’une voie étroite furent chargés [de Juifs] suivis d’une longue colonne à pied, avec des carrioles pleines de saloperies, literies, etc., tirées par des chevaux, des femmes avec des enfants, des vieilles, des vieux, tout ça avec des sanglots, des pleurnicheries et des cris. Pendant la marche, deux femmes nourissaient leur bébé au sein. Ensuite les gens ont été jetés dans des wagons de chemin de fer pêle-mêle, en tas, sur un mètre de haut, les uns poussant les autres, avec des hurlements terribles, une scène horrible.» (ibid.)
182. Marcin Zaremba, ibid., p. 480, note 20.
183. Monika Stolarczyk-Bilardie, «La rétention de l’information en provenance de Pologne, 1941-1942», Revue d’Histoire de la Shoah, 2023/2, no 218, p. 228. Source archivistique citée par l’auteure: «ASRS, AA.EE.SS., Polonia 216, fo 593, lettre manuscrite de Ledóchowski à Maglione, 26 septembre 1942» (ibid., p. 229).
184. Ibid., p. 229. Il faut évidemment se rapporter à cet article de l’historienne Monika Stolarczyk-Bilardie pour prendre connaissance de l’interprétation qu’elle donne au refus du pape Pie XII de recevoir Malvezzi.
185. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 40. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 3, p. 479. Il y a sans doute une erreur sur le nom de la ville, même si un village de Sokolna existe en Pologne occidentale. Il s’agit plus probablement de Sokołów Podlaski dans le district de Varsovie, dont le ghetto juif a été liquidé les 22 et 23 septembre 1942 et ses 6000 habitants juifs envoyés à Treblinka (Marcin Zaremba, ibid., note 19).
186. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 503. Original roumain: «„Evreimea va fi exterminată”, a spus Hitler în discursul de ieri.» (Mihail Sebastian, Jurnal: 1935-1944, București: Humanitas, 1996, p. 474).
187. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 19, p. 484-485.
188. Helmuth James von Moltke, Briefe an Freya: 1939-1945, C. H. Beck, München, 1991, lettre du 10 octobre 1942, p. 250, cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008. Original: «Gestern mittag war es insofern interessant, als der Mann, mit dem ich ass, gerade aus dem Gouvernement kam und uns authentisch über den “SS Hochofen” berichtete. Ich habe es bisher nicht geglaubt aber er hat mir versichert, daß es stimmte: in diesem Hochofen werden täglich 6000 Menschen »verarbeitet«. Er war in einem Gefangenenlager etwa 6 km entfernt, und die Offiziere dieses Lagers haben es ihm als absolut sicher berichtet. Ausserdem haben sie ganz phantastische Geschichten über einige der dort eingesetzten Herren erzählt.» (Helmuth James von Moltke, Briefe an Freya: 1939-1945, Munich: C. H. Beck, 2007, p. 420).
189. Paul Morand, Journal de Guerre. Tome I. Londres, Paris, Vichy (1939-1943), édité par Bénédicte Vergez-Chaignon, Paris: Gallimard, «Les Cahiers de la NRF», p. 564. Le fait que Morand parle des Juifs de Pologne se déduit des propos qui précèdent le passage cité: «Il [Drieu la Rochelle] a rencontré […] des ingénieurs français qui avaient des contrats en Pologne […] Le bruit court depuis quelques temps que les Polonais sont très durement traités […]» (ibid.).
190. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 632. Original (complet): «Diese Verfolgungen waren unverkennbar von zentraler Stelle gewollt. Sie führten nicht nur zu unzähligen Zwangsverschickungen, bei denen viele Juden umkamen. Hunderttausende von Menschen sind lediglich wegen ihrer jüdischen Abstammung systematisch umgebracht worden.» (Helmut Thielicke et Philipp von Bismarck (éd.), In der Stunde Null. Die Denkschrift des Freiburger “Bonhoeffer Kreise”: Politische Geselischaftsordnung. Ein Versuch zur Selbstbesinnung des christlichen Gewissens in den politischen Nöten unserer Zeit, Tübingen: Mohr, 1979, p. 149. Le texte original complet du Mémorandum de Constantin von Dietze se trouve dans cet ouvrage).
191. Ibid.
192. Cité par Walter Laqueur, op. cit., p. 47. Original italien: «stati eliminati mediante l’impiego di gas tossico» (Giuseppe Mayda, Ebrei sotto Salo. La persecuzione antisemita 1943-1945, Milan: Feltrinelli Editore, 1978, p. 23).
193. Ibid.. Sur Giuseppe Pieche, voir aussi Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 75-77. Le fac-similé de la note de Ciano est tiré de Jonathan Steinberg, op. cit., p. 2.
194. «Am 15. und 16.10.42 wurde in Brest-Litowsk die Judenaktion durchgeführt. Anschliessend erfolgte auch die restlose Umsiedlung der Juden im Kreisgebiet Brest-Litovsk. Im ganzen sollen bis jetzt etwa 20 000 Juden umgesiedelt worden sein», Tätigkeitsbericht 372/42, cité par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 221, p. 533). Wolfgang Curilla cite le même document en relevant, note 251, que le début du texte du document serait en fait «Am 15. und 16.11.42», mais qu’il s’agit d’une faute de frappe, ce que la date du document et la suite confirment de toute évidence (Wolfgang Curilla, Die Deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland 1941-1944, 2e éd., Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2006, p. 379. Curilla fournit la cote du document: BAR 94 Bd. 7). Ernst Deuerlein (1897-1956) qui signe ce rapport ne doit pas être pas être confondu avec ses homonymes, le professeur de chimie né en 1893 et l’historien né en 1918.
195. «Einsatz bei der Aktion gegen die Juden in der Stadt und im Kreisgebiet Brest-Litowsk vom 15.10.42 ab. Bis jetzt sind etwa 20 000 Juden erschossen worden», cité par Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 221, p. 535 et Wolfgang Curilla, ibid.).
196. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 13, p. 483.
197. Martin Holler, «Deadly Odyssey: East Prussian Sinti in Białystok, Brest-Litovsk, and Auschwitz-Birkenau», dans Alex J. Kay and David Stahel (éds.), Mass violence in Nazi-occupied Europe, Bloomington: Indiana University Press, 2018, p. 117 note 59. Martin Holler semble avoir consulté un document plus complet que celui cité par John Garrard & Carol Garrard («Barbarossa’s first victims: The Jews of Brest», East European Jewish Affairs, 1998, 28/2, p. 33). Garrard et Garrard ne mentionnent pas les 959 Juifs résidents temporaires relevés par Martin Holler qui utilise la même archive. On peut d’ailleurs constater que le fac-similé fourni en annexe de leur article par John & Carol Garrard présente bien le chiffre 16 934 barré mais pas 959. Ce document n’en demeure pas moins glaçant: le total de 41 091 du nombre d’habitants de Brest-Litovsk au 16 octobre est barré et remplacé le jour suivant par le quasi résultat de l’abjecte soustraction, 24 157. Leur étude demeure fondamentale. Marcin Zaremba reste légèrement imprécis lorsqu’il mentionne que 16 000 Juifs furent assassinés (ibid., note 24).
198. Marcin Zaremba cite deux autres courriers envoyés à peu près à la même date mentionnant un nombre de victimes juives évoquant le bilan de Brest-Litovsk (mais sans que Brest soit explicitement mentionné, raison pour laquelle nous plaçons ces deux extraits en note plutôt que dans le corps de notre page). Vers le 12 novembre, le soldat Boiek (no. 34448) écrit à Berlin: «17 000 Juifs ont été tués. Cela a été un tel plaisir!» (ibid, document 20, p. 485). Vers 12 novembre 1942 également, le soldat Hunwald (no. 34446) écrit à Fritz Bieten: «Cette fournée de Juifs est finalement morte. En fait, il n’y en avait pas tant que ça, juste environ 17 000. Il était plus que temps que cette racaille soit liquidée. Ils nous auraient sûrement apporté encore plus de malheur» (ibid, document 22, p. 485). Bronna Góra (ou Bronnaya Gora) était une clairière entourée de barbelés dans une forêt située à la frontière du Reichskommissariat Ostland et du Reichskommissariat Ukraine, à mi-chemin entre Brest-Litovsk et Baranovitchi, à 117 kilomètres de Brest-Litovsk sur la ligne de chemin de fer Brest-Minsk. Ce fut le lieu de l’assassinat par balles d’environ 50 000 personnes, dont une majorité de Juifs, qui y étaient transportés des villes et villages environnant en train dans des wagons à bestiaux (Marie Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah. L’extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944, Paris: Passés/Composés, 2020, p. 306). Outre les Juifs de Brest-Litovsk, y furent assassinés ceux de Kobrin, Pinsk, Domachevo, Tomashevka, etc. (John Garrard & Carol Garrard, «Barbarossa’s first victims: The Jews of Brest», East European Jewish Affairs, 1998, 28/2, p. 32). Bronna Góra constitue un véritable centre de mise à mort, au même titre que les centres de mise à mort industrielle par gaz.
199. Cité par Jan Grabowski, Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, Bloomington: Indiana University Press, 2013, p. 41. Voir également, Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 9, p. 481.
200. Marcin Zaremba, ibid., p. 481, note 22.
201. Cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing, op. cit., p. 77.
202. Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, Lincoln: University of Nebraska Press, 2009, p. 267.
203. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 16, p. 483-484.
204. Marcin Zaremba, ibid., document 14, p. 483.
205. Pour quelques exemples de ces édulcorations, frisant parfois le mensonge, voir Richard J. Evans, «The German Foreign Office and the Nazi Past», Neue Politische Literatur, vol. 56 (2011), no 2, p. 165-167. À toutes fins utiles, signalons que les sévères critiques qu’Evans adresse au rapport d’historiens sur l’histoire du Ministère des Affaires étrangères allemand pendant le nazisme (Eckart Conze, Norbert Frei, Peter Hayes & Moshe Zimmermann, Das Amt und die Vergangenheit: Deutsche Diplomaten im Dritten Reich und in der Bundesrepublik, Munich: Karl Blessing Verlag, 2010) trouvent des réponses dans Norbert Frei et Peter Hayes, «The German Foreign Office And The Past», Bulletin of the German Historical Institute, no 49, fall 2011.
206. Le passage apparaît tel quel, en français, dans l’original, cité (pour la première fois) par le fils de Curt Prüfer, Olaf Herbert Prüfer, dans Der Spiegel, 10, 5 mars 1979, p. 14. Il est cité dans sa version originale par Donald M. McKale & Judith M. Melton, Rewriting History: The Original and Revised World War II Diaries of Curt Prüfer, Nazi Diplomat, Kent: Kent State University Press, 1988, p. 11, ainsi que Hans-Jürgen Döscher, SS und Auswärtiges Amt im Dritten Reich: Diplomatie im Schatten der “Endlösung”, Berlin: Siedler Verlag, 1991, p. 253. Il est cité (en anglais) par Donald M. McKale, «Traditional Antisemitism and the Holocaust: The Case of the German Diplomat Curt Prüfer», Simon Wiesenthal Center Annual, vol. 5, 1988 (en ligne). L’original contient trois fautes de français que nous n’avons pas fait apparaître dans la citation. Prüfer écrit en fait: «massacres [sans é] par des gas [au lieu de gaz] asphysiants [au lieu de asphyxiants]» (Olaf Herbert Prüfer a d’ailleurs corrigé, sans doute involontairement les deux premières dans sa lettre au Spiegel, mais la version originale triplement fautive apparaît bien chez McKale, Rewriting History…, op. cit. Döscher a lui «corrigé» les trois fautes dans sa version de la citation. Remarquons que «asphysiant» se trouve parfois dans la presse et les textes du XIXe siècle et début XXe). Florent Brayard consacre plusieurs pages à l’entrée du journal de Curt Prüfer du 22 novembre 1942 (Auschwitz, enquête sur un complot nazi, Seuil, 2012, p. 308-311). Brayard rapporte que selon la version remaniée après la guerre, Prüfer précise qu’il aurait été renseigné lors d’un dîner privé la veille, le 21 novembre (Brayard, op. cit, p. 310). Bizarrement, Brayard omet le mot «gas» de sa citation (p. 309), sans doute une coquille. Sur la carrière de Curt Prüfer on pourra consulter Donald M. McKale, Curt Prüfer. German Diplomat from the Kaiser to Hitler, Kent: Kent State University Press, 1987. Les premières années de Prüfer comme arabisant espion/diplomate brillant au service du Reich Wilhelmien au moyen-orient sont survolées par Arnoud Vrolijk, «From Shadow Theatre to the Empire of Shadows. The Career of Curt Prüfer, Arabist and Diplomat», Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, Vol. 156, No. 2 (2006). Arnoud Vrolijk tente de nuancer l’image négative de Curt Prüfer par Donald M. McKale en rappelant la proximité de Prüfer avec des Juifs lors de ses années arabes. Toutefois, les documents produits par Donald M. McKale peuvent difficilement être édulcorés et font remonter une vision antisémite/complotiste de Prüfer à 1915 au plus tard (voir encore, du même, «From Weimar to Nazism: Abteilung III of the German Foreign Office and the Support of Antisemitism, 1931-1935», Leo Baeck Institute Yearbook, vol. 32, no. 1, 1987). Des informations sur cette première carrière sont fournies dans un ouvrage du journaliste Scott Anderson, Lawrence in Arabia: War, Deceit, Imperial Folly and the Making of the Modern Middle East, New York: Doubleday, 2013. Une partie des notes de Prüfer sur cette période a fait l’objet d’une publication en anglais par le journaliste Kevin Morrow: Curt Prüfer, Germany’s Covert War in the Middle East: Espionage, Propaganda and Diplomacy in World War I, Londres: I.B. Tauris, 2016. Voir également Marc Hanisch, «Curt Prüfer – Orientalist, Dragoman und Oppenheims “man on the spot”», in Wilfried Loth & Marc Hanisch (éd.) Erster Weltkrieg und Dschihad. Die Deutschen und die Revolutionierung des Orients, Munich: Oldenbourg Verlag, 2014.
207. «Dies weiß jedes Kind in allen Details», Der Spiegel, 1979, ibid.
208. «Ich war damals zwölf Jahre alt. Im Jungvolk und in der Hitlerjugend in Baden-Baden, wo ich damals lebte, waren Aussprüche wie “Wende nicht gehorhest, kommste in KZ und wirst vergast”, völling an der Tagesordung», Der Spiegel, 1979, ibid. La littérature historienne sur le génocide et sa connaissance par la société allemande sous le nazisme ne semble pas avoir relevé avant nous (2018), cette réflexion de Olaf Herbert Prüfer.
209. David Rodogno, «La politique des occupants italiens à l’égard des Juifs en France métropolitaine. Humanisme ou pragmatisme ?», Vingtième siècle, 2007, no 93, p. 66.
210. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy, The Italians and Jews in Occupied Europe, Bologna, 1984, p. 8; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 85.
211. Voir notamment Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 446.
212. Cité par par Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 14. Original en allemand: «Die von Ihnen im Einvernehmen mit dem Chef des Reichssicherheits-Hauptamtes, SS-Obergruppenführer Heydrich, genehmigte Aktion der Sonderbehandlung von rund 100 000 Juden in meinem Gaugebiet wird in den nächsten 2-3 Monaten abgeschlossen werden können. Ich bitte Sie um die Genehmigung, mit dem vorhandenen und eingearbeiteten Sonderkommando im Anschluß an die Judenaktion den Gau von einer Gefahr befreien zu dürfen, die mit jeder Woche katastrophalere Formen annimmt. Es befinden sich im Gau etwa 230 000 bisher erkannte Tbc-Kranke polnischer Volkszugehörigkeit. Von diesen wird die Zahl der mit offener Tuberkulose behafteten Polen auf etwa 35 000 geschätzt. […] Wenngleich auch im Altreich mit entsprechend drakonischen Maßnahmen gegenüber dieser Volkspest nicht durchgegriffen werden kann, glaube ich es doch verantworten zu können, Ihnen vorzuschlagen, hier im Warthegau die Fälle der offenen Tbc. innerhalb des polnischen Volkstums ausmerzen zu lassen» (Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer Verlag GmbH, Francfort-sur-le-Main, 1983, p. 18). Le texte intégral est disponible en ligne: http://www.ns-archiv.de/nmt/no0001-no0500/no-246.php. Une reproduction du document original est également en ligne.
213. Cité par Nobert Frei, L’état hitlérien et la société allemande, Seuil, 1994, p. 271-272. Norbert Frei (ou l’édition française) date de façon erronée ce courrier du 22 juillet 1942. L’original mentionne bien le 27 juin. Original en allemand: «Lieber Parteigenosse Greiser, Es ist mir leider erst heute möglich, abschließend auf Ihren Brief vom 1.5.1942 zu antworten. Ich habe keine Bedenken dagegen, daß die im Gebiet des Reichsgaues Wartheland lebenden, mit offener Tuberkulose behafteten Schutzangehörigen und Staatenlosen polnischen Volkstums, soweit ihre Krankheit nach amtsärztlicher Feststellung unheilbar ist, der Sonderbehandlung im Sinne Ihres Vorschlages unterzogen werden. Ich würde jedoch bitten, daß die einzelnen Maßnahmen vorher mit der Sicherheitspolizei eingehend besprochen werden, damit die Durchführung möglichst unauffällig erfolgen kann. Heil Hitler! Ihr gez. H. Himmler» (Document Nuremberg NO-244, également Centre de Documentation de Berlin, dossier personnel de Greiser.
214. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 447. Version originale complète du passage cité dans Benno Müller-Hill, Tödliche Wissenschaft: die Aussonderung von Juden, Zigeunern und Geisteskranken, 1933-1945, Rowohlt, 1984, p. 57 (traduction française dans Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 56). Version originale en allemand: «Bei einer Regierungsbesprechung über die Tuberkulosebekämpfung wurde uns von dem Leiter der Abteilung Bevölkerungswesen und Fürsorge, Oberwaltungsrat Weirauch, als Geheime Reichssache mitgeteilt, es sei beabsichtigt oder werde erwogen, bei der Umsiedlung von 200 000 Polen im Osten des Generalgouvernements zwecks Ansiedlung deutscher Wehrbauern mit einem Drittel der Polen - 70 000 alten Leuten und Kindern unter 10 Jahren so zu verfahren, wie mit den Juden, das heißt sie zu töten». Ce document est connu depuis longtemps. La version intégrale en allemand de la lettre de Wilhelm Hagen a été publiée au plus tard en 1958 dans la revue d’histoire polonaise Przegląd Zachodni (Karol Marian Pospieszalski, «Protest dra Wilhelma Hagena przeciw zamierzo nemu wymordowaniu czesci ludnosci zamojszczyzny w latach 1942-1943» [La protestation du Dr Hagen contre l’assassinat collectif d’une partie de la population de Zamosc en 1942-1943], Przegląd Zachodni, mars 1958, vol. 14 no 1, p 120 pour le passage cité). Dès octobre 1958 l’article en question est mentionné en français («Bibliographie», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, no 32, p. 106). Début 1959 la correspondance de Hagen est spécifiquement présentée dans la même revue (Jean B. Neveux, «Sur la Pologne occupée», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, janvier 1959, no 33, p. 106) et de nouveau en 1960 (K. M. Pospieszalski, «Le statut du peuple polonais sous l’occupation allemande», Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, janvier 1960, no 40, p. 20). En juin 1959, l’article de Przegląd Zachodni et la protestation de Hagen sont présentées en allemand dans Historische Zeitschrift (section «Neueste Geschichte (1871-1945)», Historische Zeitschrift, Bd. 187, H. 3, p. 724). Une traduction complète de la lettre de Wilhelm Hagen publiée par Karol Marian Pospieszalski apparaît dans le numéro 2 (juillet-août-septembre 1959) de la revue Cahiers Pologne Allemagne (p. 92-96). D’autres mentions suivent dans d’autres langues (notamment en anglais), mais le passage que nous citons de la lettre de Wilhelm Hagen fait vraiment l’objet d’une large diffusion à partir de 1965 avec la publication du très connu Anatomie des SS-Staates - Gutachten des Instituts für Zeitgeschichte. La lettre de Hagen est citée dans le premier volume, Hans Buchheim, Martin Broszat, Hans-Adolf Jacobsen, Helmut Krausnick (éds.), Anatomie des SS-Staates, vol. 1, Hans Buchheim. Die SS, das Herrschaftsinstrument, Befehl und Gehorsam, Olten: Walter-Verlag, 1965, p. 358).
215. En juillet 1941 Hagen avait préconisé à Hans Frank l’exécution pour raisons sanitaires de tout Juif pris hors du ghetto de Varsovie (Nicolas Berg, The Holocaust and the West German Historians. Historical Interpretation and Autobiographical Memory, Madison: University of Wisconsin Press, 2015, p. 220). Wilhelm Hagen est décédé en 1982.
216. «Juden kommen hier, das heißt in Auschwitz, wöchentlich 7-8000 an, die nach kurzem den “Heldentod” sterben». Cité par Walter Manoschek, éd., »Es gibt nur eines für das Judentum: Vernichtung«: Das Judenbild in Deutschen Soldatenbriefen, 1939-1944, Hamburger Edition, 1995 p. 63. Traduction française dans Walter Manoschek, «“Il n’y a qu’une seule solution pour les Juifs: l’extermination”. L’image du Juifs dans les lettres des soldats allemands (1939-1944).», Revue d’Histoire de la Shoah, no 187, juillet-décembre 2007, p. 48.
217. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 454. Le texte de la conférence est reproduit par Hans Frank lui-même dans son journal. Original: «Es ist klar, daß der Arbeitsprozeß erschwert wird, wenn mitten in dieses Arbeitsprogramm des Krieges der Befehl kommt, alle Juden sind der Vernichtung anheim zu stellen. Die Verantwortung hierfür trifft nicht die Regierung des Generalgouvernements. Die Weisung der Judenvernichtung kommt von höherer Stelle» (Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Präg und Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 588). Ce passage est connu au plus tard en 1946, puisqu’il fait partie du document PS-2233 produit lors du procès de Nuremberg (et cité dans dans l’édition française des Actes du Procès de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 14 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome XXIX (29), p. 582). Il ne cesse d’être cité depuis dans des ouvrages bien diffusés (édition de 1963 du journal de Frank par Stanisław Piotrowski, aussi dans Martin Broszat, Hans-Adolf Jacobsen, Helmut Krausnick (éds.), Anatomie des SS-Staates, vol. 2, Konzentrationslager. Kommissarbefehl. Judenverfolgung, Olten: Walter-Verlag, 1965, p. 407, réédité de nombreuses fois, etc.).
218. Rapport du SS-Untersturmführer Heinrich Kinna «sur le transport de 644 Polonais (de Zamosc) au camp de travail d’Auschwitz le 10 décembre 1942», cité par Götz Aly, «Endlösung». Völkerverschiebung und der Mord an den europäischen Juden, Fischer Taschenbuch Verlag, 1995, p. 381. Une traduction polonaise intégrale du rapport apparaît dès 1947 dans Biuletyn Głównej Komisji Badania Zbrodni Niemieckich w Polsce (Warszawa: Wydawnictwo), II, 1947, p. 114-115 (il est aussi mentionné p. 55). Le passage que nous mentionnons est cité en allemand en 1957 par Jan Sehn, dans Konzentrationslager Oświe̜cim-Brzezinska (Auschwitz-Birkenau), Wydawn. Prawnicze: 1957, p. 134. Le rapport Kinna est connu dans version originale complète depuis 1960 au plus tard (reproduit en fac-similés dans Biuletyn Glównej Komisji Badania Zbrodni Hitlerowskich w Polsce, Warszawa: Wydawnictwo Prawnicze, 1960, vol XIII, Dokument 6, p. 18 F-19 F. Nous fournissons les fac-similés du document original). Il est accessible à un public francophone depuis 1961 puisque les fac-similés sont publiés cette année-là dans un ouvrage en français (Janusz Gumkowski & Kazimierz Leszczyński, L’occupation hitlérienne en Pologne, Varsovie: Polonia, 1961, cahier de photos précédant la p. 193), proposant sa propre traduction en français du passage cité ici (p. 182).
219. Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich, 1998, partie II, vol. 6, p. 445-446.
220. Hilberg, op. cit., p. 172.
221. Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 297. Original: «Dauernde unaussprechliche Judenmorde in größen Gebinden. SS-Leute fahren mit Maschinenpistolen nach der Stunde, die als Aufhören der Ausgehfreiheit festgesetzt ist, durchs Ghetto und schießen auf alles, was sich zeigt, zum Beispiel spielende Kinder, die sich unglücklicherweise etwas länger auf der Straße befinden […] [Weil] Groscurth als Chef des Stabes gegen des Befehl, Tausende von Kindern umzubringen, remonstriert habe, sei er von Reichenau schwer gerüffelt und strafversetzt worden.» (Ulrich von Hassell, Friedrich Hiller von Gaertringen (éd.), Die Hassell-Tagebücher 1938-1944. Aufzeichnungen vom Anderen Deutschland, Munich: Siedler Varlag, 1989, p. 339-340. Rappelons que le journal de von Hassell a été publié dès 1946, et une première traduction française dès 1948).
222. Original en allemand: «Eine der stärksten Beunruhigungen in kirchlich gebundenen Kreisen und in der Landbevölkerung bilden z. Z. [zur Zeit] Nachrichten aus Rußland, in denen von Erschießung und Ausrottung der Juden die Rede ist. Diese Mitteilung hinterläßt in den genannten Bevölkerungskreisen vielfach große Angst, Kummer und Sorgen. Nach Ansicht weiter Kreise der Landbevölkerung steht es heute noch nicht fest, daß wir den Krieg gewinnen und daß dann einmal, wenn die Juden wieder nach Deutschland kommen, [diese] fürchterliche Rache an uns nehmen»: K/J 3545, SD-Außenstelle Schwabach, 23.12.1942 (StA Nü, LRA Hilpoltstein Abg. 1971 Nr. 1972), cité par Peter Longerich, »Davon haben wir nichts gewusst!« Die Deutschen und die Judenverfolgung 1933-1945, Pantheon Verlag, 2007, p. 221. Ce rapport avait également été cité par Ian Kershaw en 1979, «Antisemitismus und Volksmeinung. Reaktionen auf die Judenverfolgung», in Martin Broszat & Elke Frohlich (eds.), Bayern in der NS-Zeit Band II. Herrschaft und Gesellschqft im Konflikt, Munich-Vienna 1979, p. 339. Traduction en anglais dans Ian Kershaw «The Persecution of the Jews and German Popular Opinion in the Third Reich», Leo Baeck Institute Yearbook, 1981, vol. 28 no. 1, p. 284. Traduction en français, légèrement différente de la nôtre dans Laurence Rees, Auschwitz. Les nazis et la «Solution finale», Albin Michel, Paris, 2005.
223. Herbert et Sibylle Oberhausen, «Schreiben wie es wirklich war…», Aufzeichnungen Karl Dürkefäldens aus den Jahren 1933-1945, Hanovre: Fackelträger, 1985, p. 126 (nous restituons le passage en entier): «Im Dezember 1942 brachte der engl[ische] Sender Zahlen über die bisher ermordeten Juden. Da war zum Beispiel von Serbien gesagt worden, daß die Deutschen dort von 75 000 oder 85 000 Juden 5000 bislang übrig gelassen hätten. Polen sei das große Schlachthaus, in das die meisten Juden gebracht würden. Nach früheren Angaben dortiger deutscher Rundfunksender müsse das Gros der Juden auf Befehl bis Ende 1942 vernichtet sei. ».
224. Josef Sommerfeldt, «200 Jahre Abwehrkampf gegen das Ostjudentum», Deutsche Post aus dem Osten 15, Heft 2/3, p. 12, cité par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hambourg: Hoffmann und Campe, 1991, p. 218.
225. Robert Ley, Die grosse Stunde. Das Deutsche Volk im totalen Kriegseinsatz. Reden und Aufsätze aus den Jahren 1941-1943, Zentralverlag der NSDAP, Franz Eher Nachf, München, 1943, p. 51.
226. Avraham Barkai, «Volksgemeinschaft, ‘Aryanisation’ and the Holocaust», dans David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 42-43. Le journal de Karl Dürkefälden a été publié en Allemagne en 1985 par Herbert et Sibylle Oberhausen, «Schreiben wie es wirklich war…», Aufzeichnungen Karl Dürkefäldens aus den Jahren 1933-1945, Hanovre, 1985. Les informations sur les Juifs de Vilna et sur les gazages sont fournie à Dürkefäldens le 17 janvier 1943 par un ancien collègue à présent soldat stationné à Vilna («17. Januar 1943. Bei mir im Büro war ein früherer Angestellter der Firma, jetzt schon lange Soldat in Wilna», p. 126). Le passage figure page 127: «Über die Juden gefragt, sagte der Soldat: Nach Angaben der Juden gab es vor diesem Kriege 70 000 bis 80 000 Juden in Wilna 8000 sind nur noch vorhanden. Der Soldat fügte hinzu, daß die Juden aus Frankreich und anderen besetzten Ländern nach Polen geholt und dort teils erschossen, teils vergast wurden».
227. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy, The Italians and Jews in Occupied Europe, Bologna, 1984, p. 9; cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 93.
228. Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, op. cit., p. 119.
229. Christian Ingrao, Croire et détruire: Les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris: Fayard, 2010, p. 337. La carrière de Strauch ne s’est pas limitée à la Biélorussie. à partir du 23 mai 1944 il dirige le Sipo-SD de Liège (Belgique). Sur cette période, voir Fabien Theofilakis & Patrice Arnaud, Gestapo et polices allemandes - France, Europe de l’ouest 1939-1945, Paris: CNRS Éditions, 2017.
230. On trouve dans la littérature des orthographes très hétérogènes, selon les langues et les habitudes des auteurs, Slutzk, Sluzk, Sluck, Slutsk, Slusk…
231. Voir notamment le rapport du Gebietskommissar de Sloutsk, Heinrich Carl du 30 octobre 1941, dans Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 161sq, qui fournit l’intégralité de ces documents — «Schöne Zeiten»: Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, Fischer, 1988, p. 164sq pour la versions originales en allemand. Nous reproduisons les deux versions sur PHDN accompagnées d’une introduction et d’une bibliographie. Le bilan de 5900 victimes est fourni par Hannes Heer, «Killing Fields. Die Wehrmacht und der Holocaust», in Klaus Naumann et Hannes Heer, Vernichtungskrieg. Die Verbrechen der Wehrmacht 1941-1944, Hambourg: Hambourg Edition, 1995, p. 57; traduction française: «Killing Fields. La Wehrmacht et l’Holocaust», in Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 151. Cette traduction est en ligne sur PHDN…
232. Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 19, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, 1968, p. 198-200. Voir aussi Wolfgang Curilla, Die deutsche Ordnungspolizei und der Holocaust im Baltikum und in Weissrussland: 1941 - 1944, München: Ferdinand Schöningh, 2006, p. 257-259. Curilla précise que le nombre de victimes déterminé lors de procès tenus en Allemagne (1600) est sous-estimé et propose un bilan de 3300 victimes (ibib., p. 259). Gert Röbel avance le même chiffre dans «Sowjetunion», in Wolfgang Benz, Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich: R. Oldenbourg Verlag, 1991, p. 546. Des mentions explicites de la liquidation du ghetto de Sloutsk figurent dans des lettres envoyées à Efim Temtchine, originaire de Sloutsk, en 1944 (publiées en 1947), citées dans Vassili Grossman & Ilya Ehrenbourg (éd.), Le Livre Noir. Textes et témoignages, Actes Sud, 1995. Ainsi son voisin Soulkovski lui écrit le 29 août 1944: «Pinhas avait réussi à devenir ouvrier et il a échappé au premier groupe des condamnés. Il a été transféré avec toute la famille en ville, où il est resté jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire jusqu’au 8 février 1943, date à laquelle le ghetto de la ville a été totalement liquidé» (Le Livre Noir…, op. cit., p. 410). Leïzer Temtchine écrit à son frère le 23 octobre 1944: «Je rentre de Sloutsk où j’étais en permission. La ville a été presque entièrement brûlée […] Mère, Pinhas, Freïda, Rosa et Nekhama ont été fusillés en février 1943» (ibid., p. 411-412). Mania Temtchine écrit à son frère Efim le 28 octobre 1944: «Le lundi 6 février 1943, tout le quartier a été encerclé et on a commencé à charger les gens dans des camions. Pinhas a été pris le premier, ensuite maman avec les enfants. C’était à neuf heures du matin. Moi, on m’a embarquée à une heure de l’après-midi. J’ai encore dans les oreilles les cris de mes petites sœurs quand on les a emmenées pour les fusiller. Rosa a été touchée par une balle. Il y avait avec moi dans le camion des enfants et des hommes qui avaient été blessés en tentant de résister. On a pris la route de Bobrouïsk. Le camion était recouvert d’une bâche. Deux Allemands étaient avec nous. J’ai décidé de sauter. Il valait encore mieux mourir sur la route. Le camion roulait très vite. J’avais un canif, j’ai fait une fente dans la bâche en partant de la fenêtre vers le bas, et j’ai sauté»(ibid., p. 413).
233. Notre traduction d’après l’original allemand: «Am 8. und 9. Februar 1943 wird in der Stadt Sluzk von dem hiesigen Kommando eine Umsiedlung der dortigen Juden vorgenommen. An der Aktion nehmen die unten namentlich aufgeführten Angehörigen des Kommandos sowie rund 110 Angehörige der lettischen Freiwilligenkomp. […] Umsiedlungsgelände: Auf dem Umsiedlungsgelände befinden sich 2 Gruben. An jeder Grube arbeitet je eine Gruppe von 10 Führern und Männern, die sich alle 2 Stunden ablösen. Zeiten 8–10 Uhr, 10–12 Uhr, 12–14 Uhr, 14–16 Uhr.[…] Grube I: […] Grube II: […] Die Sicherung auf dem Umsiedlungsgelände übernimmt SS-Untersturmführer Pierre mit 10 Letten. Für das Kraftfahrwesen während der Vorbereitungen in Minsk, während des Transportes nach Sluzk und für die Aufsicht der Transporte der Juden vom Ghetto zum Umsiedlungsgelände ist SS-Unterstuf. Wiechert verantwortlich. Gleichzeitig ist Vorgenannter für die Gestellung der Munition zuständig. Als Patronenausgeber auf dem Umsiedlungsgelände sind SS-Mann Kraft und Rottwachtmeister Altmann zuständig. […] Der Abtransport der Juden zum Umsiedlungsplatz geschieht mittels 6 Lkws, die von je 4 Letten begleitet werden.[…] An der Sonderaktion nehmen sämtl. Führer und Männer der hiesigen Dienststellen, außer folgenden Führern und Männern, die in Minsk bleiben,…», cité dans Justiz und NS-verbrechen: Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, vol. 19, Fritz Bauer (ed.), University Press/K.G. Saur, 1968, p. 199-200, ainsi que dans Bert Hoppe et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 8: Sowjetunion mit annektierten Gebieten II, München: Oldenbourg Verlag, 2016, dok. 242, p. 581-583). On trouvera des informations complémentaires sur Strauch et des extraits de ses dépositions dans Trials of War Criminals before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10, October 1946 – April 1949, volume IV: The Einsatzgruppen Case, Washington, D.C.: Nuernberg Military Tribunals, United States Government Printing Office, 1952, p. 564-565. En 1948, par exemple Strauch confirme évidemment que les Juifs étaient massacrés parce que juifs (p. 565). Ce documents est cité très partiellement dans Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 22 dans une traduction erronée, qui ne nuit pas cependant au propos.
234. Journal du Capitaine Lucio Merci, 21 mars 1943, cité par Joseph Rochlitz, «Excerpts from the Salonika Diary of Lucillo Merci (February-August 1943)», Yad Vashem Studies, 18, 1987, p. 303-304.
235. Luca Pietromarchi, «Estratti del diario private» in Joseph Rochlitz, The Righteous Enemy. The Italians and Jews in Occupied Europe 1941–43. A collection of notes and research materials for the documentary film, Rome, 1988, p. 10, cité par Jonathan Steinberg, All or Nothing: The Axis and the Holocaust, 1941-1943, Routledge, 1990, p. 126. La source, non publiée, de Jonathan Steinberg est constituée par les notes préparatoires du documentariste Joseph Rochlitz pour son film de 1987 sur les tentatives de sauvetages de certains Juifs par des fascistes italiens (dont une version française, plus courte, existe). Jonathan Steinberg ne produit pas la version originale en italien et sa traduction en anglais comporte une erreur que nous corrigeons à partir de cette version originale italienne (publiée en fait en 1987, voir ci-après). Il traduit «Essi vengono tutti gassati, senza distinzione, di vecchi, donne e bambini» par «They will all be gassed without distinction, the old women, babies» alors que cela signifie «Ils sont tous gazés sans distinction, des vieux jusqu’aux femmes et aux bébés». Voici la version originale italienne (passage complet): «Bastianini si e riservato di parlare di nuovo al Duce della cosa con elementi piu precisi. Ed infatti ha avuto da Vidau le ultime notizie ricevute da Berlino degli orrendi massacri perpetrati contro gli ebrei e le ha portate al Duce. “La vera ragione dell’atteggiamento dei nostri ufficiali, non vi è stata detta da Ambrosio ma ve la dirò io Duce, i nostri sanno quale la sorte che attende gli ebrei che verranno consegnati ai tedeschi. Essi vengono tutti gassati, senza distinzione, di vecchi, donne e bambini. È perciò che i nostri non permetteranno mai che con la loro connivenza si compiano simili atrocità. E Voi, Duce, non dovete acconsentirvi. Perché volete assumervi questa responsabilità che ricade interamente su di Voi?” Questo è stato il coraggioso di Bastianini» (Luca Pietromarchi, «Frammenti delle memorie dell’ambasciatore Luca Pietromarchi. La difesa degli ebrei nel ’43», Nuova Antologia, 2161, janvier-mars 1987, p. 245-246).
236. Ciano rapporte dans son journal ce que Goering lui a confié: «Dans les camps de prisonniers russes après avoir mangé tout ce qui était possible, y compris les semelles de leurs souliers, ils ont maintenant commencé se manger entre eux, et ce qui est plus grave, ils ont mangé aussi une sentinelle allemande. Cette année 20 à 30 millions de personnes mourront de faim en Russie. Peut-être est-il bien qu’il en soit ainsi car certains peuples doivent être décimés». Les archives secrètes du comte Ciano 1936-1942, trad fr., Paris, Plon 1948, p. 479; cité par Jean Stengers «Himmler et l’extermination de 30 millions de Slaves», Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2001, no. 71, p. 8. Ciano précisera que Goering lui avait dit cela «avec indifférence la plus absolue» (Comte Galeazze Ciano, Journal politique 1939-1943, t. 2, Neuchâtel, La Baconnière, 1946, p. 86; cité par Jean Stengers, ibid.)
237. La présentation la plus accessible et à jour de l’émergence de ces discours au sein du RSHA est proposée par Christian Ingrao, Croire et détruire: Les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris: Fayard, 2010. Une partie du passage de la conférence de Hans Ehlich est d’ailleurs citée par Ingrao, qui le mentionnait déjà dans «Entre mémoire de guerre et génocide. La planification SS des déplacements de populations», in Anne Duménil, Nicolas Beaupré & Christian Ingrao (éds.), 1914-1945 L’ère de la guerre, Tome 2, 1939-1945, Nazisme, occupations, pratiques génocides, Paris: A. Viénot, 2004, p. 35. Nous tirons l’original en allemand de Klaus Bochmann, «Racism and/or Nationalism: Minorities and Language Policy under Fascist Regimes», dans Guðmundur Hálfdanarson (dir.), Racial Discrimination and Ethnicity in European History, Pisa: PLUS, Università di Pisa, 2003, p. 137-138. Il convient de préciser que ce document est signalé (et cité) au plus tard en 1975 dans Tradition und Neubeginn: internat. Forschungen zur dt. Geschichte im 20. Jh., Referate u. Diskussionen e. Symposiums d. Alexander von Humboldt-Stiftung Bonn-Bad Godesberg, veranst. vom 10. bis 15. September 1974 in Bad Brückenau Alexander von Humboldt-Stiftung, Heymann, 1975 (p. 340). Il est depuis régulièrement cité dans l’historiographie. La conférence de Hans Ehlich a pour titre Die Behandlung des fremden Volkstums. Elle sera publié en mars 1943 (Reichsstudentenführer, Vertrauliche Berichte no 1, 31 mars 1943). Voici notre traduction du passage le plus intéressant de ce document: «Les développements politiques et militaires depuis 1938 ont eu pour conséquence l’occupation et l’incorporation de tous les territoires de l’Est et du Sud-Est du Reich. Ce qui a introduit dans le Reich, outre un nombre considérables d’Allemands, de nombreux peuples étrangers. […] Quelles sont les possibilités générales de relations mutuelles lorsque deux peuples se rencontrent? Les relations entre les peuples sont fondées sur des forces ethno-raciales. Les relations entre le peuple allemand et les groupes ethniques étrangers sur son territoire souverain sont donc un problème de politique nationale et raciale et seulement secondairement de droit constitutionnel ou de politiques de pouvoir. Il y a quatre façons d’affronter cette situation: 1. Une coexistence avec des groupes ethniques égaux sur le plan racial et ethnique; 2. Une incorporation du peuple étranger dans le peuple allemand; 3. Une expulsion territoriale du peuple étranger et 4. l’anéantissement physique des étrangers indésirables dans les zones de pouvoir du Reich allemand. Ces quatre possibilités peuvent être mises en œuvre et elles peuvent l’être simultanément. Il est cependant crucial qu’une fois la voie choisie, elle soit suivie jusqu’au bout sans compromis et que l’on ne soit pas obligé de faire marche-arrière à cause d’une préparation et d’une réflexion préalables insuffisantes. Il est clair qu’un tel renoncement sera toujours interprété comme un signe de faiblesse par les peuples étrangers.». Version originale en Allemand: «Die politische und militärische Entwicklung seit dem Jahr 1938 hat es mit sich gebracht, dass die Besetzung und Eingliederung alle Gebiete im Osten und Südosten des Reiches ausser einer erheblichen Anzahl deutscher Menschen im wesentlichen aber dem Reiche Menschen fremden Volkstums zugeführt hat. […] Welche Möglichkeit ergeben sich nun, ganz allgemein gesehen, bei dem Zusammentreffen zweier Völker in ihrem gegenseitigen Verhältnis? Die Beziehungen zwischen den Völkern beruhen auf völkisch-rassischen Kräften. Die Beziehungen zwischen dem deutschen Volke und fremdvölkischen Gruppen in seinem Hoheitsbereich sind daher ein völkisches und rassenpolitisches Problem und erst in zweiter Linie ein staatsrechtliches oder machtpolitische. 4 Möglichkeiten der Auseinandersetzung sing gegeben: 1. ein Zusammenleben mit rassisch und völkisch gleichen Volksgruppen; 2. eine Umvolkung fremden Volkstums in das deutsche Volkstum; 3. eine räumliche Verdrängung fremden Volkstums und 4. die physische Vernichtung des fremden, in Machtbereiche des Deutschen Reiches unerwünschten Volkstums. Alle 4 Wege können beschritten werden, sie können auch nebeneinander gegangen werden. Entscheidend aber ist, das einmal eingeschlagene Wege auch kompromisslos bis zum Ende durchmarschiert werden und dass man nicht gezwungen ist, auf Grund ungenügender vorheriger Vorbereitungen und Überlegungen auf halbern Wege umzukehren. Es ist klar, dass ein solches Ausweichen von dem fremden Volkstum immer als Schwäche ausgelegt werden muss.» (Klaus Bochmann, p. 137-138).
238. Mémorandum de Friedrich Gollert du 29 mars 1943, cité (partiellement) par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung: Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europäische Ordnung, Hoffman und Campe, Hamburg, 1991, p. 430. Voir également Benno Muller-Hill, Science nazie, science de mort: l’extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, Odile Jacob, 1989, p. 56. Le mémorandum de Friedrich Gollert est cité intégralement par Léon Poliakov, Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Denker, Arani Verlags-GmbH, 1959 (réed. 1978) p. 508-514 (p. 510 pour le passage cité) et Wolfgang Michalka, Das Dritte Reich: Dokumente zur Innen- und Aussenpolitik, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1985, p. 218. Le passage original est le suivant: «Eine zweite Lösung würde darin bestehen, diese 15 Millionen durch eine Radikalkur auszumerzen. Auch diese Lösung ist abzulehnen. Gewiß kann es vor der Geschichte gerechtfertigt werden, einmal aus biologischen Gründen zu derartigen Radikalmaßnahmen zu schreiten, wie es beispielsweise gegenüber dem Judentum notwendig gewesen ist. Aber ein fremdes Volkstum von 15 Millionen einfach auf diese Weise zu beseitigen, ist einer Kulturnation unwürdig». Léon Poliakov et Josef Wulf mentionnent (p. 508) l’existence dans les archives du YIVO d’une seconde version du mémorandum de Friedrich Gollert. Malgré des différences minimes, cette version mérite d’être citées notamment pour l’équivalence – certes évidente pour un germanophone – entre ausmerzen et ausrotten (exterminer). La solution, rejetée par Gollert est formulée ainsi dans sa seconde version: «die Polen radikal auszurotten. Wenn es gewiß auch einmal vor der Geschichte gerechtfertigt werden kann, aus biologischen Gründen zu derartigen Radikalmaßnahmen zu schreiten, wie es beispielsweise gegenüber den Juden notwendig gewesen ist, so scheint doch eine solche Lösung bei einem Volke, von dem große Bestandteile noch innerhalb der Reichsgrenzen wohnen, der Tradition des deutschen Volkes unwürdig», ce qui a la même signification que la première version citée. On soulignera que Gollert rejette de «durch eine Radikalkur auszumerzen» les Polonais, c’est-à-dire de les «radikal auszurotten» (les exterminer radicalement) comme ce qui a été, selon Gollert, «gegenüber den Juden notwendig», nécessaire contre les Juifs… Le mémorandum de Friedrich Gollert a été signalé dès 1946 par Max Weinreich dans son Hitler’s professors, the part of scholarship in Germany’s crimes against the Jewish people, New York: Yiddish scientific institute-Yivo, 1946 (rééd New Haven: Yale University Press, 1999 – trad. française: Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013), p. 181. Max Weinreich a également remarqué l’existence des deux versions mentionnées par Wulf et Poliakov. De plus, Weinreich fournit le fac-similé d’une partie du document original (de la partie que nous citons).
239. Ce passage vaut d’être cité. Après avoir décrit longuement les catégories – et leurs usages – de Polonais racialement assimilables ou, à défaut, exploitables comme main d’œuvre servile, Gollert en arrive à une troisième catégorie (ni assimilable ni utilisable donc) dont rien ne saurait être espéré, ou plutôt dont le pire est à craindre. Il écrit: «Pour ce qui est de la troisième catégorie restante d’environ 2 à 3 millions, qui comprend tous ceux qui sont sans aucune valeur pour nous autres Allemands: il ne s’agit pas seulement des fanatiques polonais, qui doivent évidemment être totalement exterminés, mais également de tous les éléments associaux, de tous les malades et autres à exclure qui ne présentent pour nous qu’un intérêt médiocre en terme de valeur laborieuse. Contre cette troisième catégorie, numériquement beaucoup moins importante que les deux autres, on ne pourra éviter l’emploi de moyens radicaux» («Zur restlichen dritten Kategorie von etwa 2-3 Millionen gehören alle diejenigen, die für uns Deutsche ohne jeden Wert sind. Das sind nicht nur die polnischen Fanatiker, die natürlich restlos ausgemerzt werden müssen, sondern es sind weiter alle asozialen Elemente, alle Kranken und sonstigen Personen, die auch arbeitsmäßig für unsere Interessen nicht in Frage kommen. Gegenüber dieser dritten Kategorie, die zahlenmäßig erheblich kleiner als die beiden anderen Kategorien ist, werden Radikalmittel nicht zu vermeiden sein», cité par Léon Poliakov & Josef Wulf, Das Dritte Reich un seiner Denker, Berlin-Grunewald: arani-Verlag-GmBH, 1978 p. 511 ainsi que par Wolfgang Michalka, Das Dritte Reich: Dokumente zur Innen- und Aussenpolitik, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1985, p. 219 ou encore Susanne Heim et Götz Aly, Bevölkerungsstruktur und Massenmord. Neue Dokumente zur deutschen Politik der Jahre 1938-1945, Berlin: Rotbuch, 1991, p. 149.
240. Cité par Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung…, op. cit., p. 431: «[…] verbreitete sich das Gerücht von einer angeblich beabsichtigten 3-Klassen-Teilung der polnischen Bevölkerung […] 3. Klasse sei zur Vernichtung bestimmt». Max Weinreich avait signalé ce rapport dès 1946 (Hitler’s professors…, op. cit.).
241. Marcin Zaremba. «“That load of Jews is finally dead.” Extermination of Jews as presented in 1942 letters of German soldiers», Holocaust Studies and Materials 4, 2017, document 11, p. 482.
242. Nous nous écartons de la traduction française fournie d’après Deutscher Wochendienst, 5 février 1943, NG-4714, cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 880, en nous appuyant sur la version originale en Allemand: «Betonen: Würden wir diesen Krieg verlieren, so fallen wir nicht in dir Hände irgendwelcher anderer Staaten, sondern werden alle vom Weltjudendum vernichtet. — Das Judentum fest entschlossen, alle Deutschen auszurotten. — Völkerrecht und Völkerbrauch schützen nicht vor dem totalen Vernichtungswillen der Juden.» (que nous tirons de l’original que nous avons consulté: Deutscher Wochendienst du 5 février 1943, 8314, «Wenn der Juden an der Macht ist», NG 4714, Prosecution exhibit no 1265, NARA, Record Group 238 (Collection of World War II War Crimes Records), Prosecution Exhibits in Case No. 11, United States v. Ernst von Weizsaecker, et al., Prosecution Exhibits 1211 thru 1365, M 897, roll 34, frame 324). Cette version originale en allemand avait déjà été citée en 1969 dans Norman Cohn, Die Protokolle der Weisen von Zion: der Mythos von der jüdischen Weltverschwörung, Kiepenheuer & Witsch, 1969, p. 264, d’après Hilberg, dans son édition de 1961 en anglais (ce qui est suprenant, Hilberg ne citant pas l’original en entier). A toutes fins utiles, la version en anglais de l’ouvrage de Raul Hilberg: «Stress: If we lose this war, we do not fall into the hands of some other states but will all be annihilated by world Jewry. Jewry firmly decided [fest entschlossen] to exterminate all Germans. International law and international custom will be no protection against the Jewish will for total annihilation [totaler Vernichtungswille der Juden]» (Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, third edition, volume III, New Haven: Yale University Press, 2003, p. 1094).
243. Notre traduction d’après l’original en allemand que nous avons consulté: «Juden sind Verbrecher. […] ist zu betonen, daß es im Judentum nicht, wie das in anderen Völkern der Fall ist, einzelne Verbrecher gibt, sondern daß das Judentum als Ganzes aus verbrecherischer Wurzel stammt und seiner Anlage nach verbrecherisch ist. Die Juden sind kein Volk wie andere Völker, sondern Träger einer zum Scheinvolk zusammengeschlossenen Erbkriminalität. Das Verbrechertum aller Länder spricht eine Fachsprache, deren wichtigste Bestandteile hebräisch sind. Die Vernichtung des Judentums ist kein Verlust für die Menschheit, sondern für die Völker der Erde ebenso nützlich wie Todesstrafe […] für kriminelle Verbrecher» («Themen die Zeit» 8615, Zeitschriften-Dienst, 204/73, 2 avril 1943, no. 8613-8647, p. 2, NG 4710, Prosecution exhibit no 1266, NARA, Record Group 238 (Collection of World War II War Crimes Records), Prosecution Exhibits in Case No. 11, United States v. Ernst von Weizsaecker, et al., Prosecution Exhibits 1211 thru 1365, M 897, roll 34, frame 330). Tout le passage mérite d’être cité: «Juden sind Verbrecher. In Fortsetzung seiner augekündigten Beitragsreihe über die kriminellen Elemente in den Reihen der Feinde Deutschlands und seiner Verbündeten (vgl. „DW“ 8513 und 8575) beschäftigt sich der „Deutsche Wochendlenstienst“ abermals mit dem Judentum. Als aktueller Anlaß für die Behandlung können die Erwähnung des Judentums in der letzten Führerrede genommen werden, weiter die Verbrechen des Bolschewismus und die jüdischen Haß-Orgien gegen Deutschland in Großbritannien und den USA. In den Arbeiten, für die der „Deutsche Wochendlenstienst“ umfangreiche Anregungen und Themenvorschläge bringt, ist zu betonen, daß es im Judentum nicht, wie das in anderen Völkern der Fall ist, einzelne Verbrecher gibt, sondern daß das Judentum als Ganzes aus verbrecherischer Wurzel stammt und seiner Anlage nach verbrecherisch ist. Die Juden sind kein Volk wie andere Völker, sondern Träger einer zum Scheinvolk zusammengeschlossenen Erbkriminalität. Das Verbrechertum aller Länder spricht eine Fachsprache, deren wichtigste Bestandteile hebräisch sind. Die Vernichtung des Judentums ist kein Verlust für die Menschheit, sondern für die Völker der Erde ebenso nützlich wie Todesstrafe oder Sicherungsverwahrung für kriminelle Verbrecher. Auch machen wir keine Unterschiede zwischen dem biblischen Volk Israel und den heutigen Juden, denn beide sind kriminell. Sittlich wertvolle Stellen der jüdischen Ueberlieferung erwähnen wir nicht, weil sie Lehngut aus dem aëgyptischen und babylonischen Kulturkreis sind» (ibid.). Le même document est cité plus partiellement par Jeffrey Herf («Juden sind Verbrecher», Zeitschriften-Dienst, 204/73, no 8615 (2 avril 1943), cité par Jeffrey Herf, The Jewish Enemy: Nazi Propaganda During World War II and the Holocaust, Harvard University Press, 2006, p. 199). Voir également, Randall L. Bytwerk, «The Argument for Genocide in Nazi Propaganda», Quarterly Journal of Speech, Vol. 91, No. 1, February 2005, p. 49. Ce document avait déjà été signalé par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Denker, Berlin: arani-Verlag, 1959, p. 455. Il convient ici de relever qu’il y a deux publications hebdomadaires de directives, les Zeitschriften-Dienst et les Deutscher Wochendienst, toutes deux confidentielles, destinées aux rédacteurs de publications allemandes, qui devaient les garder sous clé et les utiliser pour les guider dans leur travail. Les Deutscher Wochendienst reprenaient le contenu des Zeitschriften-Dienst les complétant d’informations généralement (mais pas systématiquement) plus détaillées pour guider la rédaction préconisée dans ces dernières. On va donc retrouver dans la littérature des passages proches ou identiques mais tirés, selon les auteurs plutôt des Zeitschriften-Dienst ou des Deutscher Wochendienst, selon les sources qu’ils ont consultées. Ainsi Raul Hilberg cite, dès 1961 le passage équivalent tiré des Deutscher Wochendienst du 2 avril 1943 (Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, Chicago: Quadrangle Books, 1961, p. 656). En note 2 (même page), Hilberg précise bien qu’il s’agit des directives «Deutscher Wochendienst» du 2 avril 1943, présentées lors de la seconde série des procès de Nuremberg dans le document NG-4713. Dans les éditions ultérieures, à partir de 1985, Raul Hilberg introduit une erreur d’une année sur la date, donnée pour le 2 avril 1944 et non le 2 avril 1943; c’est notamment le cas pour les éditions françaises de 1988, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 880, note 81 et 2006, Gallimard, Folio Histoire, tome III, p. 1890, note 128. Nous avons vérifié sur l’original, le document NG-4713 (NARA, RG 238, M897, roll 34, frame 335): le passage cité par Hilberg est bien tiré des directives du 2 avril 1943. Un large extrait de l’original en allemand des directives du 2 avril 1943 (dans leur formulation des Zeitschriften-Dienst, incluant le passage que nous citons) est fourni au public dès 1950, dans la publication en Allemand du jugement du onzième procès de la deuxième série des procès de Nuremberg, dit «procès de la Wilhelmstraße», durant lequel Otto Dietrich figurait parmi les accusés. La directive du 2 avril y est longuement citée, malheureusement avec une erreur de date (elle y est datée du 5 février 1943), Robert M. W. Kempner & Carl Haensel, Das Urteil im Wilhelmstrassen-Prozess, Schwäbisch Gmünd, 1950, p. 133. La version en anglais du jugement du «procès de la Wilhelmstraße» mentionne bien le 2 avril 1943 (et non le 5 février 1943 comme le fait la version publiée en allemand). C’est d’ailleurs bien le texte des directives du 2 avril 1943 et non de celles du 5 février 1943, ce que nous avons soigneusement vérifié sur les originaux figurant dans la fameuse bobine 34. On retrouvera en conséquence, hélas, souvent dans la littérature cette seconde date erronée, en référence à cette citation. C’est le cas dans Joseph Billig, «The Launching of the “Final Solution”», The Holocaust and the Neo-Nazi Mythomania, New York: The Beate Klarsfeld Foundation, 1978, p. 69 et 103a, qui reprend tout le passage publié en 1950; ou encore chez Bernward Dörner «Der Holocaust. Die „Endlösung der Judenfrage“», in Wolfgang Benz (éd.), Vorurteil und Genozid. Ideologische Prämissen des Völkermords, Vienne: Böhlau, 2010, p. 110. D’autres auteurs citent directement le document (NG 4710), mais sans en fournir ni la date ni le contexte (Josef Ackermann, Heinrich Himmler als Ideologue: Nach Tagebüchern, stenographischen Notizen, Briefen und Reden, Göttingen: Musterschmidt, 1970, p. 162 dont note 27). Le recueil de Jacob Robinson et Henry Sachs (éds), The Holocaust: The Nuremberg Evidence - Part One: Documents (Jerusalem: YIVO and Yad Vashem, 1976), mentionne, p. 73, pour l’entrée 0520 «NG 4713. Apr. 2, 1943. Instruction for the exploitation of anti-Semitism in the press» et pour l’entrée 0521 «NG 4714. Feb. 5, 1943. Ditto»), ce qui est conforme au recueil des documents que nous avons consultés (NARA, RG 238, M897 roll 34). Il faut relever que peu d’auteurs fournissent une source archivistique permettant de remonter aux documents originaux et de procéder à des vérifications. C’est le cas de Stefan Krings qui, pour les directives du 2 avril 1943, qu’il cite, mentionne les Bundesarchiv de Coblence: «Zeitschriftendienst v. 2.4.1943, in: BArch Koblenz, AllProz 2/417, NG 4710» (Stefan Krings, Hitlers Pressechef. Otto Dietrich (1897-1952). Eine Biografie, Wallstein Verlag, 2011, p. 436, note 67), et une autre pour la même date: «Deutscher Wochendienst vom 2.4.1943, in: IfZ, NG 4713» (ibid., note 105). Tous ces documents figurent dans le recueil de documents numéro 13 du onzième procès, comme cela est mentionné par Alexander G. Hardy, Hitler’s Secret Weapon: The “Managed” Press and Propaganda Machine of Nazi Germany, New York: Vantage, 1967, qui cite une traduction en anglais de la directive du 2 avril 1943, p. 292, et en fournit l’origine: «Periodical Press Directive — excerpts from Wochendienst, Series 8613-8630, Document NG-4713, Prosecution Exhibit 1267, Document Book 13 C, Case No. 11, NWCT», note 18, p. 326. Jeffrey Herf mentionne également leur origine archivistique dans les collections de documents des National Archives, à savoir «War Crimes Records Collection, U.S. Nuerenberg War Crimes Trials, United States of America v. Ernst von Weizsäcker et al., case 11, in NARA, RG 238, M 897, roll 34) War Crimes Records Collection, M 897, roll 34» (Jeffrey Herf, The Jewish Enemy, op. cit., p. 342). Ce sont ces références qui nous ont mis sur la piste des originaux que nous avons consultés (voir plus haut) en nous procurant la bobine 34 déjà mentionnée. A toutes fins utiles, au sein du rouleau 34 (NARA, RG 238, M897 roll 34) on a, pour ce qui nous occupe ici: Zeitschiften-Dienst, 196./65., 5 februar 1943, nummer 8312-8351: doc NG-4715 - Prosecution exhibit no. 1264, frames 320-321 (reproduction partielle); Deutscher Wochendienst, 196./65., 5 februar 1943, nummer 8312-8337: doc NG-4714 - Prosecution exhibit no. 1265, frame 324-326 (reproduction partielle); Zeitschiften-Dienst, 204./73., 2 april 1943, nummer 8613-8647: doc NG-4710 - Prosecution exhibit no. 1266, frames 329-330 (reproduction partielle); Deutscher Wochendienst, 204./73., 2 april 1943, nummer 8613-8630: doc NG-4713 - Prosecution exhibit no. 1267, frames 333-338 (reproduction complète).
244. Cité par Helmut Krausnick & Hans-Heinrich Wilhelm, Die Truppe des Weltanschauungskrieges: die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD, 1938-1942, Stuttgart: Deutsches Verl, 1981, p. 539. Original en allemand: «Zur Judenfrage wurde schon Stellung genommen. Ich brauche nicht mehr zu sagen nur noch das: Als die Zivilverwaltung kam, fand sie Betriebe vor, die von der Wehrmacht mit Juden in Gang gebracht waren. Während die Weißruthenen die Juden totschlagen wollten, hat die Wehrmacht die Juden an die Spitze gebracht. So kamen die Juden in Schlüsselstellungen, und es ist heute schwierig, sie wieder völlig herauszubekommen, denn sonst werden Betriebe von heute auf morgen zerschlagen, und das können wir uns nicht leisten. Ich glaube, wir können trotzdem beruhigt sein, denn vorhanden waren schätzungsweise 150.000, und es sind nun schon 130.000 verschwunden. Wir haben noch etwa 22.000 im Bereich des Generalkommissariates. Meines Wissens ist allein diese Anzahl in Kauen vorhanden. Immerhin bitte ich Sie dahin zu wirken, daß der Jude zum mindesten da verschwindet, wo er überfällig ist. Wir können nicht einsehen, daß es jüdische Putzfrauen, Telefonistinnen usw. geben soll, und können auch nicht einsehen, daß so viele Stiefelputzer gebraucht werden; diese sind überflüssig und müssen daher verschwinden. Wir kommen auch da ohne Juden weiter. Wir werden die Zahl auf die Hälfte erniedrigen, ohne wirtschaftliche Schwierigkeiten zu haben» (nous corrigeons la transcription fautive Generalkommisariats par Generalkommissariates qui figure dans l’original). Le document est également cité par Wolfgang Benz, Konrad Kwiet, Jürgen Matthäus, Einsatz im “Reichskommissariat Ostland”: Dokumente zum Völkermord im Baltikum und in Weissrussland, 1941-1944, Berlin: Metropol Verlag - 1998 (doc 221 qui commence p. 234; la cote archivistique fournie est «ZSA Minsk, 370-1-53, fol. 137, 144; Kopie im Archiv des USHMM, RG 53.002M, Rolle 11».). Le fac-similé du document complet que nous proposons est tiré des archives de Yad Vashem. Le passage cité y figure à la huitième page.
245. Cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 200-201: «Mit dem Antisemitismus ist es genauso wie mit der Entlausung. Es ist keine Weltanschauungsfrage, daß man die Läuse entfernt. Das ist eine Reinlichkeitsangelegenheit. Genauso ist der Antisemitismus für uns keine Weltanschauungsfrage gewesen, sondern eine Reinlichkeitsangelegenheit, die ja jetzt bald ausgestanden ist. Wir sind bald entlaust.»
246. Marc Knobel, «L’ethnologue à la dérive: George Montandon et l’ethnoracisme», Ethnologie française, avril-juin 1988, t. 18, n. 2, p. 112. En ligne…
247. George Montandon, La Question juive en France et dans le monde, no 9, avril-mai 1943, p. 3-5, 6-14; également publié dans Montandon, «Ethno-raciologie judaïque (Sociologie de l’ethnie juive)», L’Ethnie Française, no 8, mai 1943, p. 5-9, cité par Asher Cohen, Persécutions et sauvetages: juifs et français sous l’occupation et sous Vichy, Paris: Cerf, 1993, p. 354. Le passage est également cité par Marc Knobel, «George Montandon et l’ethno-racisme», in Pierre-André Taguieff (dir.), L’antisémitisme de plume. 1940-1944: études et documents, Paris: Berg international éd., 1999, p. 284; également dans Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour, Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, Paris: Fayard, 2017, p. 398.
248. Pierre-André Taguieff & Annick Duraffour, Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique, op. cit., p. 398-399.
249. Susan Zuccotti, Under His Very Windows. The Vatican and the Holocaust in Italy, New Haven, 2000, p. 108-109 ; cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 564.
250. Notre traduction d’après l’original en allemand: «Aber wir wollen sagen – Juda und Kapitalisten und Bolschewisten, hört es – wir wollen, daß Juda vernichtet wird und Juda wird vernichtet werden, das wissen wir. (langanhaltender Beifall) Wir schwören, wir werden nicht eher den Kampf aufgeben, bis der letzte Jude in Europa vernichtet ist und gestorben ist. (langanhaltender Beifall)»: Robert Ley: Ansprache in einem Berliner Rüstungsbetrieb zum 10. Jahrestag der Deutschen Arbeitsfront, Deutsches Rundfunkarchiv Frankfurt DRA 52.8918 (3.5.1943), retranscrit dans Walter Roller & Susanne Höschel (eds), Judenverfolgung und jüdisches Leben unter den Bedingungen der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft, vol. 1, Tondokumente und Rundfunksendungen 1930-1946, Potsdam: Verlag für Berlin-Brandenburg, 1996, no 142, p. 229. On peut remarquer que la transcription effectuée dans les Tondokumente diffère très légèrement du discours prononcé par Ley (): «Auch wir wollen sagen – Juda und Kapitalismus Bolschewisten […]». Nous traduisons ici Juda par les Juifs car c’est bien à ce collectif que renvoie toujours Robert Ley lorsqu’il emploie ce terme. L’ensemble du discours de 40 minutes est remarquable tant il décline tous les thèmes de la propagande antisémite nazie à fin de justifier l’extermination des Juifs. Ce discours fut d’ailleurs remarqué et cité, notamment en Grande-Bretagne où il est mentionné quelques jours plus tard. Le Jewish News de Londres du 10 mai 1943 rapporte ainsi les propos de Robert Ley: «We swear we are not going to abandon the struggle until the last Jew in Europe has been exterminated and is actually dead» (Cité par C. C. Aronsfeld, The Text of the Holocaust. A Study of the Nazis’ Extermination Propaganda: 1919-1945, Micah Publications, Marblehead 1985, p. 44). Relevons que, en dehors du recueil de discours dont notre citation est tirée, la littérature historienne s’est contentée de citer seulement la seconde partie du passage («Wir schwören, wir werden nicht eher den Kampf aufgeben, bis der letzte Jude in Europa vernichtet ist und gestorben ist»). C’est le cas par exemple de Wolfgang Benz, «Vernichtung als politische Kategorie im Denken des 20. Jahrhunderts», dans Mihran Dabag & Kristin Platt (ed), Genozid und Moderne, Band 1, Strukturen kollektiver Gewalt im 20. Jahrhundert, Leske + Budrich, Opladen 1998, p. 134. Enfin, on aura remarqué (une évidence pour tout germaniste) que vernichten (anéantir, exterminer) signifie bien la mise à mort (gestorben ist).
251. Cité par Christian Gerlach et Götz Aly, Das Letzte Kapitel. Der Mord an den ungarischen Juden, Stuttgart München, DVA, 2002, p. 87-88, notamment note 271, p. 88. Version originale: «Judentum muß in Europa ausgerottet werden. Was sich dem entgegenstellt, muss fallen […] Bei Juden aber kein Mitleid […] Nicht entschuldigen die die sich gegen Juden nicht verteidigen.»
252. Original en allemand: «Dieser Krieg ein Krieg der jüdischen Rasse und ihrer Hilfsvölker gegen die arische Menschheit […] Denn dieser Krieg ist ein Rassenkrieg. Er ist vom Judentum ausgegangen und verfolgt in seinem Sinne und nach seinem Plan kein anderes Ziel als die Vernichtung und Ausrottung unseres Volkes. Wir stehen dem Judentum doch als einziges Hindernis gegenüber auf seinem Wege zur Weltherrschaft […] Kein prophetisches Wort des Führers bewahrheitet sich mit einer so unheimlichen Sicherheit und Zwangsläufigkeit wie das, wenn das Judentum es fertig bringen werde, einen zweiten Weltkrieg zu provozieren, dieser nicht zur Vernichtung der arischen Menschheit, sondern zur Auslöschung der jüdischen Rasse führen werde. […] Es handelt sich hier um ein Weltproblem erster Ordnung, das von der heute lebenden Generation gelöst werden kann und auch gelöst werden muss […] « Als sie [die Juden] gegen das deutsche Volk den Plan einer totalen Vernichtung fassten, unterschrieben sie damit ihr eigenes Todesurteil»: cité par Peter Longerich, »Davon haben wir nichts gewusst!« Die Deutschen und die Judenverfolgung 1933-1945, München: Siedler Verlag, 2006, p. 271-272. Une traduction plus complète du même passage est fournie en ligne…
253. Ce passage très connu sur les Protocoles des Sages de Sion est le suivant: «J’étudie de nouveau les Protocoles sionistes [Les Protocoles des Sages de Sion]. Jusqu’à présent, ils ne semblaient pas aptes à faire l’objet d’une propagande effective. Je déduis de ma lecture que nous pouvons très bien les utiliser. Les Protocoles des Sages de Sion sont aussi modernes aujourd’hui qu’au jour de leur première publication. On est étonné de voir la cohérence extraordinaire avec laquelle y est décrite la poursuite juive de la domination mondiale. Si les Protocoles des Sages de Sion ne sont pas authentiques, ils ont été élaborés par un génial critique de l’époque. J’aborde ce thème à midi avec le Führer. Le Führer soutient le point de vue que les Protocoles des Sages de Sion peuvent prétendre à une authenticité absolue.» (notre traduction d’après l’original en allemand: «Ich studiere noch einmal eingehend die Zionistischen Protokolle. Bisher war mir immer entgegengehalten worden, sie eigneten sich nicht für die aktuelle Propaganda. Ich stelle bei meiner Lektüre fest, daß wir sie sehr wohl gebrauchen können. Die Zionistischen Protokolle sind heute so modern wie an dem Tage, an dem sie zum ersten Mal publiziert wurden. Man ist erstaunt über die außerordentliche Konsequenz, mit der hier das jüdische Weltherrschaftsstreben charakterisiert wird. Wenn die Zionistischen Protokolle nicht echt sind, so sind sie von einem genialen Zeitkritiker erfunden worden. Ich komme mittags beim Führer auf dies Thema zu sprechen. Der Führer vertritt den Standpunkt, daß die Zionistischen Protokolle absolute Echtheit beanspruchen könnten..», Journal de Goebbels, 13 mai 1943: Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 287).
254. Journal de Goebbels, 13 mai 1943 (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 287-288). Pour le contexte et une citation (partielle) voir Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, p. 847. Voir également Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008, p. 589. Le passage cité est le suivant: «Die Natur ist vom Gesetz des Kampfes beherrscht. Immer wieder wird es parasitäre Erscheinungen geben, die den Kampf beschleunigen und den Ausleseprozess zwischen den Starken und den Schwachen intensivieren. […] In der Natur handelt das Leben immer gleich gegen den Parasitismus; im Dasein der Völker ist das nicht ausschließlich der Fall. Daraus resultiert eigentlich die jüdische Gefahr. Es bleibt also den modernen Völkern nichts anderes übrig, als die Juden auszurotten». Ce passage est partiellement cité en 1977 par Martin Broszat, «Hitler und die Genesis der „Endlösung“. Aus Anlaß der Thesen von David Irving», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 25, no 4, 1977, note 68, p. 771-772. La dernière phrase est citée en français dès 1949 dans Droit et Liberté, no 34, 1er septembre 1949, p. 7. Compte tenu de l’intérêt de l’entrée du journal de Goebbels de ce 13 mai 1943 (voir notamment la suite ci-après), l’auteur des présentes lignes demeure perplexe sur le fait que l’édition française (Journal de Goebbels, Paris: Tallandier, 4 tomes, 2006-2009) fasse presque complètement l’impasse dessus. Non seulement elle n’a pas été jugée digne d’être publiée dans le quatrième tome (1943-1945), mais Florent Brayard, dans son très pertinent «Goebbels et l’extermination des Juifs» (troisième tome, 1939-1942) n’y fait même pas allusion. Seule Elke Fröhlich en cite en passant une seule phrase (les peuples modernes etc.) dans son «Joseph Goebbels, un propagandiste profiteur de guerre» (troisième tome, 1939-1942, p. XLV).
255. Journal de Goebbels, 13 mai 1943 (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, éd. Elke Fröhlich, Munich: K.G. Saur, 1993, partie II, vol. 8, p. 288-290). Le passage vaut d’être cité plus complètement: «Ils [les Juifs] luttent par tous les moyens contre ce processus d’anéantissement en cours. Un de ces moyens est la guerre. Nous devons donc comprendre que dans ce conflit entre l’humanité aryenne et la race juive, nous devons encore mener des batailles très difficiles, car la Juiverie a réussi à amener des membres importants de la race aryenne, consciemment ou inconsciemment, à son service. Quoi qu’il en soit, le Führer pense que la Juiverie a souvent été au bord de la domination absolue du monde. Mais à chaque fois qu’elle était proche de son but, elle a connu un échec qui l’a ramenée au point de départ de sa vie raciale la plus primitive. Ce sera également le cas cette fois-ci. Nous n’avons qu’à continuer le travail avec patience et ténacité et ne devons pas nous laisser décourager par des revers occasionnels. Il est presque incompréhensible que leurs déboires n’assagissent pas les Juifs […] Il n’y a donc aucun espoir de ramener les Juifs dans le cercle de l’humanité civilisée au moyen d’un châtiment extraordinaire. Ils resteront juifs pour toujours, tout comme nous sommes éternellement membres de l’humanité aryenne. […] Le Führer est fermement convaincu que la Juiverie mondiale est confrontée à une chute historique. […] Telle est notre mission historique, qui ne peut être arrêtée par la guerre, mais seulement accélérée. La Juiverie mondiale pense qu’elle est sur le point de remporter la victoire mondiale. Cette victoire mondiale ne viendra pas, mais une chute mondiale. Les peuples, qui ont le mieux compris le Juif et sont le plus susceptibles de le combattre, prendront sa place comme maître du monde» (notre traduction d’après l’original en allemand: «Sie werden sich mit allen Mitteln gegen diesen allmählichen Vernichtungsprozeß zur Wehr setzen. Eines dieser Mittel ist der Krieg. Wir müssen uns also darüber klar sein, daß wir in dieser Auseinandersetzung zwischen der arischen Menschheit und der jüdischen Rasse noch sehr schwere Kämpfe zu bestehen haben, weil das Judentum es verstanden hat, große Völkerschaften aus der arischen Rasse bewußt oder unbewußt in seine Dienste zu bringen. Jedenfalls meint der Führer, daß das Judentum schon oft vor der absoluten Weltherrschaft gestanden habe. Aber auch jedesmal, wenn es nahe am Ziel war, erlebte es einen Engelssturz, der es wieder auf die primitivsten Anfänge seines rassischen Lebens zurückwarf. Das wird auch diesmal wieder der Fall sein. Wir müssen nur mit Geduld und Zähigkeit am Werke bleiben und dürfen uns durch gelegentliche Rückschläge nicht beirren lassen. Es ist fast unverständlich, daß die Juden niemals durch Schaden klug werden. […] Es besteht deshalb auch nicht die Hoffnung, die Juden durch eine außerordentliche Strafe wieder in den Kreis der gesitteten Menschheit zurückzuführen. Sie werden eben ewig Juden bleiben, so wie wir ewig Mitglieder der arischen Menschheit sind. […] Das Weltjudentum steht nach der festen Überzeugung des Führers vor einem geschichtlichen Sturz […] Das ist unsere geschichtliche Mission, die durch den Krieg nicht aufgehalten, sondern nur beschleunigt werden kann. Das Weltjudentum glaubt vor einem Weltsieg zu stehen. Dieser Weltsieg wird nicht kommen, sondern ein Weltsturz. Die Völker, die den Juden am ehesten erkannt haben und ihn am ehesten bekämpfen, werden an seiner Stelle die Weltherrschaft antreten»).
256. Robert N. Proctor, The Nazi War on Cancer, Princeton University Press, 1999, p. 46.
257. Voir rapport de Rudolf Brandt du 8 juillet 1942, cité dans Andrea Rudorff et alii, (ed.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945, Band 16: Das KZ Auschwitz 1942−1945 und die Zeit der Todesmärsche 1944/45, Berlin: Walter de Gruyter GmbH, 2009, p. 137. Ce document constitue avant tout la lettre de mission autorisant Carl Clauberg à pratiquer des expériences de stérilisation sur des femmes juives à Auschwitz. Il est connu sous la référence Nuremberg NO-216, disponible en ligne. Brandt y insiste sur le secret le plus absolu qui doit entourer ce sujet. Voir notamment Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, III, Éditions Gallimard, 2006, p. 1740 (passage reproduit en ligne). Dans la documentation, Holfelder est très souvent orthographié Hohlfelder.
258. Son nom apparaît dans un célèbre corpus de documents tirés de la correspondance entre Himmler, Greiser et différents services nazis impliqués, que nous reproduisons, et l’implication de Holfelder est confirmée par les témoignages des acteurs de ce projet, notamment pendant le procès dit «des médecins». Voir, par exemple, la déclaration de Rudolf Brandt du 24 octobre 1946, document NO-441, cité dans Trials of War Criminals Before the Nuernberg Military Tribunals, Volume I: The Medical Case, Washington D.C.: U.S. Government Printing Office, 1950, p. 775.
259. Notre traduction d’après l’original en allemand, ci-après le passage complet «Am Abend noch einmal mit Hollfelder. Er ist ein erbitterter Gegner der katholischen Kirche, verteidigt mit äusserster Schärfe die Ausrottung der Juden und findet es humaner, auch Kinder zu töten, als sie als Juden leben zu lassen. Er hat bei diesem Gespräch, bei dem ich die Gegenpartei mit Vorsicht einnehme, etwas grausam Fanatisiertes» (Udo von Alvensleben, Lauter Abschiede. Tagebuch im Kriege, Frankfurt am Main: Propyläen, 1971, p. 273).
260. Cité par Eugen Kogon, Herrmann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’état, Seuil, Points Histoire, 1987, p. 83. Sur cet épisode et cette entrée du journal de von Thadden, voir aussi Christopher Browning, The Final Solution and the German Foreign Office, Holmes & Meier Publishers, Inc., 1978, p. 150-151. Fac-similé en ligne. Version originale: «Auf die Frage der Italiener, was die kleinen Pakete und Koffer, die dort aufgestapelt waren, bedeuteten, habe Kube erklärt, das seien die einzigen Überbleibsel nach Minsk deportierter Juden. Anschließend habe Kube den Italienern eine Gaskammer gezeigt, in der angeblich die Tötung der Juden durchgeführt würde. Die Faschisten sollen auf das Tiefste erschüttert gewesen sein» (Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer Verlag GmbH, Francfort-sur-le-Main, 1983, p. 92). Compléments: http://holocaustcontroversies.blogspot.fr/2010/01/thereafter-kube-had-shown-italians-gas.html.
261. Ulrich von Hassell, Friedrich Hiller von Gaertringen (éd.), Die Hassell-Tagebücher 1938-1944. Aufzeichnungen vom Anderen Deutschland, Munich: Siedler Varlag, 1989, p. 365: «Erschütternde Berichte des braven Zähringer [Frauendorfer] aus Polen. Während Frank öffentlich erklärt, man wolle Polen ein menschenwürdiges freies Dasein geben und während man – vergeblich – die Welt durch die bolschewistischen Morde in Katyn abzulenken sucht, haust die SS in Polen weiter in unvorstellbarer beschämendster Weise. Unzählige Juden werden in besonders dazu gebauten Hallen vergast, jedenfalls Hunderttausende. Aber auch die Polnische “intelligenz” wird nach wie vor systematisch dezimiert. Zähringer [Frauendorfer] und sein Freund [Berthold] haben sich, außerstande im Generalgouvernement weiter mitzuarbeiten, als einfarte Soldaten gemeldet. Während Fr[ank] eklärte, das sehr begreiflich zu finden, und sie nur ermahnte, zum Heer, aber nicht zur SS zu gehen, hat die Z[ähringer] amtlich und schriftlich zur Rede gestellt, weil er sich zum Heere gemeldet habe, obwoher SS-Mann sei, und hat ihm schärfste Maßnahmen angekündigt. Das sind Zunstände, die unglaublich klängen, wenn man nich schon so abgestumpf wäre. Inzwischen setzte sich der unglückliche Judenrest im Warschauer Ghetto zur Wehr, und es kam zu schweren Kämpfen, die wohl mit völliger Ausrottung durch die SS führen [= enden] werden. Hitler hat den deutschen zum verabscheuten wilden Tier in der ganzen Welt gemacht». Notre traduction se démarque légèrement de celle de la traduction française qui par endroit dénature l’original (Ulrich von Hassell, Journal d’un conjuré 1938-1944, l’insurrection de la conscience, Belin, 1996, p. 323). La toute première édition, dès 1946, du journal de von Hassell présente de très légères différences par rapport au texte publié dans des versions plus tardives. Ainsi «die wohl mit völliger Ausrottung durch die SS führen werden» de l’édition 1989 y figure comme «die wohl zur völligen Ausrottung durch die SS führen werden» (Ulrich von Hassell, Vom anderen Deutschland. Aus den nachgelassenen Tagebüchern 1938-1944, Zürich: Atlantis Verlag, 1946, p. 314).
262. Notre traduction d’après l’original en Allemand de l’article intitulé «Schuld ist der Jude», que nous reconstituons d’après deux sources: Peter Longerich, «NS-Propaganda in Vergangenheit und Gegenwart Bedeutung der nationalsozialistischen Tagespresse für Zeitgenossen und Nachgeborene», dans Christian Kuchler (éd.), NS-Propaganda im 21. Jahrhundert Zwischen Verbot und öffentlicher Auseinandersetzung, Köln Weimar Wien: Böhlau Verlag GmbH, 2014, p. 16-17, et Martin Finkenberger, Johann von Leers (1902–1965). Propagandist im Dienste von Hitler, Perón und Nasser, Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2023, p. 445-446. Martin Finkenberger fournit les différentes éditions de l’article: Lippische Staatszeitung du 16.05.1943, Bremer Zeitung du 16.05.1943, Neue Leipziger Tageszeitung du 17.05.1943, Freiheitskampf du 25.05.1943, Westfälische Landeszeitung du 28.05.1943 (ibid., p. 446). Original en allemand: «Die Judenfrage [ist die] Kern- und Zentralfrage unseres Volkes geworden. Es gibt heute Menschen genug, die sich darüber beklagen, dass wir die Juden aus Europa ausrotten – sie sollten sich erst einmal darüber beklagen, in welch namenloses Elend die Juden mit dem Zusammenbruch 1918 unser Volk und ganz Europa hineingetrieben haben. Ja, aber die Methoden? Wer Methode sagt, hat immer Unrecht. Es kommt auf das Ergebnis an. Das Ergebnis für den Arzt muss die restlose Ausschaltung der Cholera sein, das Ergebnis für unser Volk die restlose Ausschaltung der Juden sein. Der Kampf steht “Spitz auf Knopf”. Es geht zwischen uns und den Juden darum, wer wen überlebt. Wenn die Juden siegen, wird unser ganzes Volk so nieder- gemetzelt wie die polnischen Offiziere im Walde von Katyn – und wenn wir den Juden die Möglichkeit nehmen wollen, nach diesem Krieg wieder einen Krieg und noch einen neuen Krieg und immer neue Kriege und Revolutionen zusammenzubrauen, von denen sich jeder gegen uns richtet und alle nur den Zweck haben, jüdische Rache an uns zu vollziehen – dann dürfen wir das Judentum zwischen uns nicht existieren lassen. Mögen diese Dinge schrecklich sein. Sie sind aber unausweichlich. Wir haben uns die Zeit nicht ausgesucht, in der wir leben, aber wir stehen mit dem Rücken gegen die Wand. Das Judentum, dem wir bis zum Weltkrieg nichts als Gutes erwiesen haben, […] ist uns damals in den Rücken gefallen wie ein Mörder. Und es ist wieder dabei und möchte uns ermorden. Die Feindschaft ist von ihm ausgegangen – und es kann nicht wundern, dass für uns seiner Mordlust gegenüber Notwehrrecht gilt. Es hat es selbst gewollt».
263. Klemperer résume aussi l’article de Leers en notant que pour celui-ci «Tout est donc de la faute du juif, nous devons l’exterminer en Europe», que «ils ont commencé» et que «notre extermination des Juifs n’est pas du tout populaire en Allemagne même» («An allem also nur der Jude schuld, wir müssen ihn in Europa ausrotten», «Sie haben angefangen», «Unsere Judenvertilgung ist in Deutschland selber gar nicht populär», Victor Klemperer, Ich will Zeugnis ablegen bis zum letzten. Tagebücher 1933-1945, Walter Nowoski (éd.), Band 2, Tagebücher 1942-1945, Berlin: Aufbau-Verl., 1996, entrée du 29.5.1943, p. 385).
264. Preußische Zeitung, numéro 136 du 18 mai 1943: «Entweder siegt der internationale Jude, dann stirbt Deutschland. Wir glauben aber, daß Adolf Hitler siegt und der internationale Jude sterben wird, weil er sterben muß! […] Wenn wir in Treue und Gehorsam unsere Pflicht tun, dann steht am Ende der Sieg des Guten über das Böse, der Sieg Adolf Hitlers über den internationalen Juden.», cité dans Ralf Meindl, Ostpreußens Gauleiter. Erich Koch – eine politische Biographie, Einzelveröffentlichungen des DHI Warschau, no 18, Osnabrück: fibre Verlag, 2007, p. 413.
265. Rapport Stroop, page 34, fac-similé en ligne. L’ensemble du rapport et des fac-similés ont été publiés dans «Es gibt keinen jüdischen Wohnbezirk in Warschau mehr!», Andrzej Wirth (éd.), Neuwied, Hermann Luchterhand Verlag, 1960, ainsi que dans Jürgen Stroop, The Stroop Report: The Jewish Quarter of the Warsaw Ghetto is no More !, Sybil Milton (éd. et trad. en anglais), New York, Pantheon Books, 1979. Reproduction partielle dans le Document 1061-PS, Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, vol. XXVI, p. 628 et suiv., p. 656 pour l’entrée du 25 avril. Des extraits du rapport Stroop sont publiés dans «Le rapport Stroop», Le Monde Juif, 1993 (no 147-148), en ligne…, ainsi que dans «Télémessages quotidiens de Stroop durant les combats (extraits)», ibid, en ligne…
266. Rapport Stroop, page 75, fac-similé en ligne.
267. «Wegen der Judenaktionen als solcher soll der Angeklagte nicht bestraft werden. Die Juden müssen vernichtet werden, es ist um keinen der getöteten Juden schade. Wenn sich auch der Angeklagte hätte sagen müssen, daß die Vernichtung der Juden Aufgabe besonders hierfür eingerichteter Kommandos ist, soll ihm zugute gehalten werden, daß er sich befugt gehalten haben mag, auch seinerseits an der Vernichtung des Judentums teilzunehmen». Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, «Schöne ZeitenZeiten». Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 1988, p. 186-187. Version française dans Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux «C’était le bon temps», La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990, p. 188, en ligne sur phdn…
268. Original partiel en allemand: «Über die Judenfrage hörten wir ganz eindeutige und lapidare Feststellungen. Unter den 16 Millionen Einwohnern des Zivilverwaltungsgebietes Ukraine gab es 1,1 Mill. Juden. Sie sind restlos liquidiert. Wir sahen tatsächlich auf unserer ganzen Reise nur 4 Juden.» cité par Dieter Pohl, Verfolgung und Massenmord in der NS-Zeit 1933-1945, Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2003, p. 93. Le même passage est cité par David Luck, «Use and Abuse of Holocaust Documents: Reitlinger and “How Many?”», Jewish Social Studies, vol. 41, no 2 (spring 1979), p. 119. Le passage est plus complètement cité par Max Weinreich dès 1946 (voir ci-après). Kausch ajoute: «Lors de certaines exécutions, des officiers hongrois ou slovaques ont pris des photos qui se sont retrouvées ensuite en Amérique. Cela a été considéré comme particulièrement inopportun.» Rapport de Hans-Joachim Kausch du 26 juin 1943 (500/43 g) cité par Max Weinreich, Hitler’s professors, the part of scholarship in Germany’s crimes against the Jewish people, New York: Yiddish scientific institute-Yivo, 1946, p. 165-166 (réed. New Haven: Yale University Press, 1999, également p. 165-166). Notre traduction, qui s’appuie notamment sur l’original allemand, se démarque légèrement de la traduction française (Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013, p. 235). Le rapport de Hans Joachim Kausch est longuement cité, sans ses passages relatifs à l’extermination des Juifs, à propos du traitement des Ukrainiens par le Reichskommissar Erich Koch, dans Wolodymyr Kosyk, L’Allemagne national-socialiste et l’Ukraine, Paris: Publications de l’Est européen, 1986, p. 374-378. Il s’agit toutefois d’un ouvrage militant (nationaliste ukrainien) qui aborde très marginalement le sort des Juifs en Ukraine. Son aspect documentaire est cependant tout à fait pertinent (plusieurs dizaines de documents figurent en annexe) malgré des interprétations orientées. Max Weinreich cite le document d’après l’original conservé au YIVO (comme Raul Hilberg, voir note suivante). Les autres auteurs citent la copie de cet original conservée aux Archives fédérales d’Allemagne (Bundesarchiv), sous la cote BA R 55/1463.
269. «Juden wurden wie die Wanzen vertilgt». Rapport du Dr Hans-Joachim Kausch du 26 juin 1943 (Occ E-14-11), cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 330. On peut trouver dans la littérature le même document avec la cote Occ E-4-11.
270. Outre le document que nous citons, le conflit entre Strauch et Kube a laissé une abondante traînée documentaire. La plupart des documents ont été publiés, précédés par une longue introduction par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Heft 1, 1956, en ligne…. On en trouve certains traduits en français dans Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 167-170 (principalement un très long rapport de Strauch à charge contre Kube du 25 juillet 1943).
271. Traduit par nous d’après l’original en allemand: «Am Dienstag, den 20. Juli 1943, habe ich befehlsgemäß gegen 7.00 Uhr die beim Generalkommissar Weißruthenien beschäftigten 70 Juden in Haft genommen und der Sonderbehandlung zugeführt. […] Er befragte mich, wie ich dazu käme, die bei ihm beschäftigten Juden festzunehmen. Ich erklärte, daß ich strikten Befehl gehabt habe, diese Aktion durchzuführen. Er verlangte von mir einen schriftlichen Befehl. Ich entgegnete, mir genüge ein mündlicher Befehl, da ich diesen ebenso korrekt durchzuführen hätte, wie einen schriftlichen. […] Er müsse daher annehmen, daß in diesem Zusammenhang die Judenaktion als besonderer Affront ihm gegenüber gedacht sei. […] Ich betonte, daß es mir unverständlich sei, daß deutsche Menschen wegen einiger Juden uneins würden. Ich könne immer wieder feststellen, daß man meinen Männern und mir Barbarei und Sadismus vorwerfe, während ich lediglich meine Pflicht täte. Sogar die Tatsache, daß Juden, die sonderbehandelt werden sollten, ordnungsmäßig durch Fachärzte Goldplomben entfernt worden seien, sei zum Gegenstand von Unterhaltungen gemacht worden. Kube entgegnete, diese Art unseres Vorgehens sei eines deutschen Menschen und eines Deutschlands Kants und Goethes unwürdig. Wenn der deutsche Ruf in aller Welt untergraben würde, so sei es unsere Schuld. Im übrigen sei es auch richtig, daß meine Männer sich an diesen Exekutionen geradezu aufgeilen würden. Ich habe gegen diese Darstellung energisch protestiert und betont, daß es bedauerlich sei, daß wir über diese üble Arbeit hinaus auch noch mit Schmutz übergossen würden. Damit war die Unterredung beendet.». La source est le document Nuremberg NO-4317, souvent transcrit dans la littérature, notamment par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», art. cit., p. 78-79, repris par Walther Hofer, Der Nationalsozialismus Dokumente 1933-1945, Frankfurt am Main: Fischer Bucherei, 1957, dok. 156, p. 277-279 (réed. Frankfurt am Main: Fischer Taschenbuch Verlag, 1982, même pages, traduction française dans Walther Hofer, Le national-socialisme par les textes, traduit de l’allemand par G. et L. Marcou, Paris: Plon, 1962). Raul Hilberg cite (traduit différemment) une partie de notre passage dans Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Paris: Gallimard, Folio Histoire, 2006, tome I, p. 693. La transcription complète du document est en ligne…. Le fac-similé que nous proposons provient des archives du procès Eichmann. Le document est intégralement traduit en anglais dans Trials of War Criminals before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10, October 1946 – April 1949, volume XIII: The Ministries Case, Washington, D.C.: Nuernberg Military Tribunals, United States Government Printing Office, 1952, p. 523-525.
272. Il s’agit du document déjà mentionné plus haut, connu depuis longtemps puisqu’il a été produit lors des procès de Nuremberg sous le cote NO-2262 et cité par de nombreux ouvrages depuis 1946. Il est cité ici d’après le texte original en allemand, cité par Helmut Heiber, «Aus den Akten des Gauleiters Kube», Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Heft 1, 1956, p. 87, 91, en ligne…. On le trouve traduit en français dans Ernst Klee, Willi Dressen, Volker Ries (éd.), Pour eux «c’était le bon temps» La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1989, p. 167-170 (notre traduction s’en écarte très légèrement). Version originale des passages cités: «Bei einer Ghetto-Großaktion war durch V-Männer bekannt geworden, daß der Ordnungsdienst der deutschen Juden, der vorwiegend aus ehemaligen Kriegsteilnehmern bestand, gewillt war, mit der Waffe Widerstand zu leisten. Um Blutvergießen auf deutscher Seite zu vermeiden, wurde der Ordnungsdienst an anderer Stelle zusammengezogen. Ihm wurde erklärt, in der Stadt sei ein Brand ausgebrochen, sie hätten sich zur Löscharbeit zur Verfügung zu stellen. Die Juden wurden dann auf Lkw verladen und sonderbehandelt. Auch diese Angelegenheit kam dem Gauleiter auf unerfindliche Art zu Ohren. Er hat sich einmal darüber aufgeregt, daß es brutal sei, diese ehemaligen Frontkämpfer zu beseitigen, daß zum anderen aber die Art des Vorgehens unerhört sei […] Am 1.3.1942 sollte eine Aktion gegen das russische Ghetto in Minsk stattfinden. Der Generalkommissar war vorher benachrichtigt worden. Die Aktion sollte dadurch getarnt werden, daß dem Ältestenrat mitgeteilt wurde, 5000 Juden des Minsker Ghettos würden umgesiedelt. Sie seien vom Ältestenrat auszusuchen und bereitzustellen. Jeder Jude dürfe 5 kg Gepäck mit sich führen. Die tatsächlichen Absichten der Sicherheitspolizei sind nachweislich durch das Generalkommissariat verraten worden. Die im G. K. beschäftigten Juden wurden durch mehrere Tage hindurch nicht in das Ghetto gelassen, sondern im G. K. zurückbehalten. Schon dadurch wurde den Ghetto-Juden klar, daß die Darstellung der Sicherheitspolizei nicht richtig sei. Darüber hinaus sind aber weitere Indiskretionen begangen worden, wie aus V-Mann Meldungen hervorgeht. Eine einwandfreie Klärung dieser Vorgänge war damals nicht möglich. Fest steht aber, daß der Gauleiter sein Wissen dazu benutzt hat, seine Juden zu retten. Infolge des Verrats war kein Jude zum angegebenen Termin zur Stelle. Es blieb nun nichts mehr übrig, als mit Anwendung von Gewalt die Juden zusammenzutreiben. Hierbei wurde Widerstand geleistet. und es mußte von den eingesetzten Kräften von der Schußwaffe Gebrauch gemacht werden. In der schlimmsten Situation, als alles daran gesetzt werden mußte, um den Widerstand zu brechen, erschien der Gauleiter».
273. Amin al-Husseini, Mudhakkirat al-hajj Muhammad Amin al-Husayni, présenté par Abd Al Karim al Umar, Al Ahali, Damas, 1999, p. 126, cité par Wolfgang G. Schwanitz, «Amin al-Husaini und das Dritte Reich - Neues vom und zum Jerusalemer Großmufti», Kritiknetz.de, 7 avril 2008. Husseini rédige ses mémoires dans les années 1950 et elles paraissent d’abord en feuilleton en 1957-1958 (Muhammad Amin Al-Husayni, «Mudhakkirat», Akhbar al-Yawm, nos 673-690). Voir également Henry Laurens, La Question de Palestine, Tome deuxième 1922-1947, Une mission sacrée de civilisation, Fayard, 2002, p. 469. L’historiographie sur le rôle de al-Husseini pendant la Seconde Guerre Mondiale, notamment en relation avec l’extermination des Juifs, demeure un champ très polémique, dont le spectre s’étend des thèses délirantes autant qu’indignes faisant de l’ancien Mufti de Jérusalem à la fois l’incarnation des Arabes globalement et l’instigateur du génocide (afin de disqualifier la cause palestinienne toute entière comme entâchée d’un péché originel), à celles de ses hagiographes ou d’auteurs cherchant à tout prix à épurer la cause palestinienne du personnnage, qui en font un responsable arabe mineur peu représentatif voire méconnu, mû par le seul intérêt de son peuple, n’agissant que par opportunisme politique mal avisé certes, mais dont on prend grand soin d’éculcorer radicalement les sentiments et discours antisémites (par exemple en évitant soigneusement de les citer), en passant par toutes les nuances intermédiaires qui voient parfois adhérer de bons auteurs à des thèses qui servent leur préjugés politiques et non la réalité historique. La prudence et la mesure ne doivent cependant pas inciter à jeter le bébé documentaire avec l’eau du bain des interprétations excessives. L’auteur de la présente page a constaté que dans l’abondante littétature qui tente de limiter les dégats à propos du Mufti, des auteurs anti-mufti (pour faire court) sont bien souvents disqualifiés par le seul usage de l’adjectif «sioniste» à leur endroit, comme si cela permettait de passer sous silence l’intégralité du corpus documentaire qu’ils produisent. D’autre part le jugement qu’on porte sur telle publication doit prendre en compte la date et l’état de l’historiographie au moment où elle est parue. On ne saurait reprocher à Maurice Pearlman de tirer, dans son ouvrage polémique de 1947 violemment anti-mufti mais très rigoureusement documenté (Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947) des conclusions absolument fausses quant au rôle de al-Husseini dans la genèse du génocide. On peut par contre en faire légitimement le reproche à Barry Rubin et Wolfgang G. Schwanitz (Nazis, Islamists, and the Making of the Modern Middle East, New Haven: Yale University Press, 2014) dans leur ouvrage, à utiliser avec précaution à bien des égards, paru plus de soixante ans après, sans parler des nombreux ouvrages dûs à des auteurs qui sont hors de leur domaine de compétence. Pour une critique souvent justifiée, mais malheureusement elle-même partisane, de cette littérature, voir l’important article de Michael A. Sells, «Holocaust Abuse. The Case of Hajj Muhammad Amin al-Husayni», Journal of Religious Ethics, 2015, vol. 43, n. 4. Nous ne pouvons absolument pas suivre M. A. Sells lorsqu’il veut ramener les excès qu’il dénonce légitimement au négationnisme, position qui révèle son propre parti pris et édulcore de façon scandaleuse la nature et les objectifs du discours négationniste. L’auteur des présentes lignes est par ailleurs très surpris de voir qualifier par M. A. Sells de «vigoureux» («robust», p. 726) l’antisémitisme de al-Husseini qui n’est rien moins que radical et délirant. Du côté des évitements spectaculaires et du refus documentaire, on peut mentionner Taysir Jbara, Palestinian Leader Hajj Amin alHusayni, Mufti of Jerusalem, Princeton, NJ: Kingston Press, 1985 ou Philip Mattar, The Mufti of Jerusalem: Al-Hajj Amin Al-Husayni and the Palestinian National Movement, Columbia University Press, 1988 qui, tous deux traitent de façon parfaitement désinvolte la collaboration de al-Husseini avec le régime nazi. Plus récemment, Gilbert Achcar (Les Arabes et la Shoah: la guerre israélo-arabe des récits, Arles: Sindbad-Actes Sud, 2009) tente d’affronter le problème plus sérieusement, y parvient le plus souvent, mais se fourvoie en tentant à tout prix d’ôter (contre la propre documentation qu’il produit) à al-Husseini l’importance politique qui fut la sienne ou en faisant de mauvais procès aux auteurs avec lesquels il est en désaccord (voir sur ces points le compte-rendu acéré de Jeffrey Herf, «Not in Moderation», The New Republic, 1er novembre 2010, en ligne…), ou en évitant très soigneusement de citer verbatim les discours nazis du Mufti. La synthèse la plus équilibrée présentant à la fois les aspects polémiques et l’interprétation la plus proche de la réalité historique nous semble l’article déjà ancien de Philip Mendes, «A Historical Controversy: the Mufti of Jerusalem, the Palestinians and the Holocaust», Australian Journal of Jewish Studies, Vol. 12, 1998, en ligne… Enfin on peut signaler une bonne synthèse de la trajectoire du Mufti (même si on peut s’étonner de l’absence de la moindre mention de son antisémitisme) chez Chantal Metzger, «Amine el Husseini, Grand Mufti de Jérusalem, et le Troisième Reich», Les Cahiers de la Shoah, no 9, 2007, en ligne…
274. D’après le texte original en allemand, Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal, IMT Nuremberg, PS 1919, vol. XXIX, p. 110-173 (p. 133, 145-146 pour les passages cités) et enregistrement original: US National Archives document, Himmler, Heinrich. "Speech to the SS Officers" ("Rede zu den SS Fuhrern"). Posen, Oct. 4, 1943. Approx. 190 min. Item 242-256, 242-259, 242-257, 242-251, 242-252, 242-249, 242-264, 242-263, 242-250, 242-266, 242-180.
275. Voir Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 253-255.
276. D’après l’original en allemand, Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 167-169.
277. «Was die Judenfrage anlangt, so gibt er darüber ein ganz ungeschminktes und freimütiges Bild. Er ist der Überzeugung, daß wir die Judenfrage bis Ende dieses Jahres für ganz Europa lösen können. Er tritt für die radikalste und härteste Lösung ein, nämlich dafür, das Judentum mit Kind und Kegel auszurotten. Sicherlich ist das eine wenn auch brutale, so doch konsequente Lösung. Denn wir müssen schon die Verantwortung dafür übernehmen, daß diese Frage zu unserer Zeit ganz gelöst wird. Spätere Geschlechter werden sich sicherlich nicht mehr mit dem Mut und mit der Besessenheit an dies Problem heranwagen, wie wir das heute noch tun können.», Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II, Diktate 1941-1945, Band 10, Oktober - Dezember 1943, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1995, p. 72. Nous suivons d’assez près (bien que nous nous en écartions) la traduction donnée par Florent Brayard, «Goebbels et l’extermination des juifs, 1939-1943», introduction au Journal de Joseph Goebbels, 1939-1942, Paris: Tallandier, 2009, p. LYYYVI. Nous traduisons par exemple Besessenheit par détermination et non conviction. Brayard traduit mit Kind und Kegel par avec leur marmaille. Nous restituons cette expression idiomatique par toute leur descendance. Dans une version plus ancienne de la présente page nous nous fondions sur Saul Friedländer, Les Années d’Extermination, Editions du Seuil, 2008, p. 670, qui donnait pour date, erronée, de cette entrée du Journal de Goebbels, le 9 octobre 1943. Friedländer (ou son traducteur…) propose une traduction légèrement différente (et parfois erronée): «Pour ce qui concerne la question juive, il [Himmler] brosse un exposé franc et sans fard. Il est convaincu que nous pouvons résoudre la question juive à travers l’Europe d’ici la fin de la guerre. Il propose la solution la plus dure et la plus extrême: exterminer les Juifs radicalement. C’est assurément une solution logique même si elle est brutale. Nous devons prendre sur nous de résoudre complètement ce problème à notre époque. Les générations ultérieures ne traiterons certainement pas ce problème avec l’ardeur et le courage qui sont les nôtres.»
278. Cité par Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 692. Original: «Obersturmbannführer Kappler hat von Berlin den Auftrag erhalten, die achttausend in Rom wohnenden Juden festzunehmen und nach Oberitalien zu bringen, wo sie liquidiert werden sollen.» (Akten zur deutschen auswärtigen Politik, 1918-1945. Serie E, 1941-1945. 7, 1. Oktober 1943 bis 30. April 1944, Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht, 1979, p. 31).
279. Mentionné par l’annonceur radio nazi présentant Amin al-Husseini et son public avant le discours de celui-ci, cité par Joel Fishman, «The Recent Discovery of Heinrich Himmler's Telegram of November 2, 1943, the Anniversary of the Balfour Declaration, to Amin al-Husseini, Mufti of Jerusalem», Jewish Political Studies Review, 2016, Vol. 27, No. 3/4, p. 80.
280. «Au Grand Mufti Amin El Husseini, Berlin. Depuis ses débuts, le mouvement national-socialiste de la Grande Allemagne a inscrit la lutte contre la Juiverie mondiale sur son étendard. En conséquence, il a toujours suivi avec une sympathie particulière le combat des Arabes épris de liberté contre les envahisseurs juifs, surtout en Palestine. La reconnaissance partagée de cet ennemi et notre lutte commune contre lui forment les solides fondations d’une alliance naturelle entre la Grande Allemagne nationale-socialiste et les Arabes épris de liberté du monde entier. À l’occasion de l’anniversaire de la misérable déclaration de Balfour, je vous envois dans cet esprit mes salutations et mes vœux pour la poursuite heureuse de votre combat jusqu’à son inéluctable victoire finale. Signé le Reichsführer-SS Heinrich Himmler», cité (traduit directement du télégramme original en Allemand) par Joel Fishman, «The Recent Discovery of Heinrich Himmler's Telegram of November 2, 1943, the Anniversary of the Balfour Declaration, to Amin al-Husseini, Mufti of Jerusalem», art. cit., p. 79. Ce télégramme est cité partiellement pour la première fois en 1947 (en anglais), traduit le plus probablement de sa version radio-diffusée en Arabe, par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 50. Pearlman tirait sa citation des transcriptions des écoutes des fréquences radio effectuées par les alliés pendant la guerre (il le dit explicitement p. 53). On peut faire l’hypothèse que le caractère partiel de cette version reflète une lecture raccourcie de Husseini qui a sans doute résumé le propos du télégramme. L’original du télégramme de Himmler au mufti n’est retrouvé qu’en 2016, confirmant de façon spectaculaire le travail de Maurice Pearlman. Joel Fishman en propose le fac-simile (et donc le texte original allemand) dans son article cité plus haut, p. 78. Soulignons que la matérialité du télégramme était certaine puisqu’il est produit à l’ONU en 1947 par Edgar Mowner, avec une traduction complète manifestement directe de l’Allemand, très proche de celle proposée par Joel Fishman (United Nations. General Assembly, and New York Nation Associates, The Palestine problem and proposals for its solution; memorandum submitted to the General Assembly of the United Nations, April, 1947, New York: Nation Associates, 1947, p. 50). Cet original était donc connu, mais avait été en quelque sorte perdu pendant près de soixante-dix ans. La publication de l’ONU que nous citons permet d’ailleurs de connaître l’origine du document: le télégramme a été retrouvé parmi des papiers appartenant à El Husseini dans sa villa de Oybin à Bad Gastein (ibid.). Notons enfin que l’existence du télégramme n’était nullement sujette à caution dans la mesure où Husseini le mentionne dans une lettre adressée à Himmler le 27 juillet 1944, lui rappelant qu’il y affirmait que «l’anéantissement du soi-disant foyer national juif en Palestine était un élément inaltérable de la politique du Grand Reich allemand („die Vernichtung des sogenannten jüdischen Nationalheimes in Palästina ein unabänderlicher Bestandteil der Politik des Grossdeutschen Reiches ist“)» (Gerhard Höpp (éd.), Mufti-Papiere: Briefe, Memoranden, Reden und Aufrufe Amin al-Husainis aus dem Exil, 1940-1945 Berlin: K. Schwarz, 2001, p. 216). Il convient de souligner que le télégramme de Himmler ne contenait pas cette affirmation spécifique: elle figurait cependant dans un autre télégramme adressé à Husseini le 2 novembre 1943, par Joachim von Ribbentrop (que Husseini avait également lu publiquement ce jour là: voir Maurice Pearlman, op. cit., p. 50). Toutefois, dans sa lettre à Himmler du 27 juillet 1944, Husseini cite également un autre passage du télégramme de Himmler qui y figure bien (Gerhard Höpp, ibid.).
281. Cité par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 49. Ce passage est souvent cité d’après Joseph B. Schechtman, The Mufti and the Fuehrer. The rise and fall of Haj Amin al-Husseini NY: Thomas Yoseloff, 1965 (p. 149, ou 152 selon l’édition) qui cite en fait Pearlman. Ce dernier précise explicitement qu’il cite d’après les transcriptions/traductions des alliées (p. 53), ce que confirme la mention des applaudissements. Nous présentons donc ici une traduction en français de la traduction en anglais de la version originale radio-diffusée en arabe («The Treaty of Versailles was a disaster for the Germans as well as the Arabs. But the Germans know how to get rid of the Jews. That which brings us close to the Germans and sets us in their camp is that up to today, the Germans have never harmed any Moslem, and they are again fighting our common enemy (applause) who persecuted Arabs and Moslems. But most of all they have definitely solved the Jewish problem»). Une version quelque peu modifiée du discours tenu par Husseini à la radio est imprimée en Allemand et en Arabe et largement diffusée (voir ci-après). La version allemande imprimée a fait l’objet d’une réédition complète en 2001 (dans Gerhard Höpp (éd.), Mufti-Papiere: Briefe, Memoranden, Reden und Aufrufe Amin al-Husainis aus dem Exil, 1940-1945 Berlin: K. Schwarz, 2001, p. 192-197). Sont absentes de la version imprimée l’introduction du Mufti par un présentateur allemand, citée par Pearlman ainsi que la lecture par le Mufti du télégramme de Himmler (voir plus bas). Cette version, probablement amendée, adaptée directement de la version arabe, contient bien une variante du passage que nous citons («Die Schande von Versailles war ebenso ein Unglück für die Deutschen wie für die Araber, aber das nationalsozialistische Deutschland wußte, wie es sich von dem Unheil der Juden erretten konnte. […] Das, was die Deutschen uns nähert und uns auf ihre Seite bringt, ist die Tatsache, daß Deutschland in kein arabisches oder islamisches Land eingefallen ist und seine Politik seit altersher durch Freundschaft den Mohammedanern gegenüber bekannt ist. Deutschland kämpft auch gegen den gemeinsamen Feind, der die Araber und Mohammedaner in ihren verschiedenen Ländern unterdrückte. Es hat die Juden genau erkannt und sich entschlossen, für die jüdische Gefahr eine endgültige Lösung zu finden, die ihr Unheil in der Welt beilegen wird», Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit., p. 197) dont voici notre traduction: «Le honteux traité de Versailles a constitué un malheur aussi bien pour les Allemands que pour les Arabes, mais l’Allemagne nationale-socialiste a su se délivrer de la calamité juive. […] l’Allemagne n’a jamais envahi de pays arabe ou musulman et sa politique se caractérise depuis l’antiquité par l’amitié envers les Musulmans. L’Allemagne se bat également contre l’ennemi commun qui a opprimé les Arabes et les Musulmans dans leurs différents pays. Elle a parfaitement démasqué les Juifs et a décidé de trouver une solution définitive au danger juif, qui en règlera les effets catastrophiques dans le monde.». On y retrouve, in fine, bien le propos cité par Pearlman. La fiabilité de Pearlman est renforcée par le fait que le même passage est cité par le document onusien de 1947 que nous citons précédemment (The Palestine problem and proposals for its solution…, op. cit., p. 50, qui mentionne le 3 novembre, date de rediffusion du discours du Mufti). Notons que Pearlman était également seul à citer le télégramme de Himmler dont le même document onusien confirmait l’existence physique jusqu’à l’article de Joel Fishman de 2016. Le discours du 2 novembre est le plus souvent cité d’après la version imprimée (voir ci-après) sans que jamais les auteurs ne relèvent qu’elle diffère (comme nous pensons l’avoir établi) de la version radio-diffusée. Il pourrait être intéressant de retrouver la transcription complète afin de procéder à une comparaison fine des versions et de faire de même avec la version arabe imprimée.
282. L’Institut Central Islamique (Islamische Zentral-Institut) de Berlin a imprimé et diffusé une version en allemand du discours de al-Husseini du 2 novembre 1943, tandis que le Ministère des Affaires étrangères en imprime une version arabe qu’il fait diffuser à des milliers d’exemplaires au Moyen Orient. Husseini y mélange antisémitisme nazi et antisémitisme islamiste. Il déclare: «[les Juifs] vivent comme des éponges parmi les peuples en suçant leur sang, en s’appropriant leurs biens, en minant leurs valeurs tout en exigeant les mêmes droits que les autochtones. Ils veulent tous les avantages sans assumer d’obligations! Tout cela a suscité l’hostilité du monde à leur encontre et la haine des Juifs […] contre tous les peuples depuis deux mille ans». Cette partie proprement nazie de son discours est suivie de son pendant «musulman». Al-Husseini explique en effet: «[Les Juifs qui ont] tourmenté le monde depuis la nuit des temps ont été les ennemis des Arabes et de l’Islam depuis son émergence. Le Saint Coran a exprimé cette vieille opposition en ces termes “vous constaterez que ceux qui sont le plus hostile aux croyants sont les Juifs”. Ils ont tenté d’empoisonner les grands et nobles prophètes. Ils leur ont résisté, leur ont été hostiles, ont intrigué contre eux. Cela se passant il y a 1300 ans. Depuis lors, ils n’ont cessé de tisser des intrigues contre les Arabes et les Musulmans» (cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 732). Un autre passage de ce discours, non cité par Herf, confirme de façon spectaculaire que l’hostilité au sionisme n’est chez Husseini qu’une modalité de son antisémitisme radical. Il déclare en effet: «Il est du devoir de tout Musulman en général et des Arabes en particulier de se fixer un objectif dont ils ne doivent pas dévier et qu’ils doivent poursuivre de toutes leurs forces. C’est l’expulsion de tous les Juifs des pays arabes et musulmans. C’est l’unique remède. C’est ce que le Prophète a accompli il y a treize siècles» (cité par Gilbert Achar, The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives, New York: Metropolitan Books, Henry Holt and Company, 2009, p. 157; traduction revue par nous d’après l’original en Allemand cité par Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit., p. 196: «Den Arabern im besonderen und den Mohammedanern im allgemeinen obliegt es, sich ein Ziel vorzunehmen, von dem sie nicht abweichen und das sie mit allen ihren Kräften erlangen müssen. Es ist die Vertreibung aller Juden aus allen arabischen und mohammedanischen Ländern. Dies ist das einzige Heilmittel, und es ist das, was der Prophet vor 13 Jahrhunderten getan hat»). Ce n’est donc pas la seule Palestine que Husseini appelait à vider de ses Juifs. Force est de constater qu’un peu plus de trente ans plus tard, le souhait de Husseini était exaucé: les communautés juives millénaires des pays arabes et musulmans, qui comptaient des centaines de milliers de membres, avaient bel et bien disparu, sauf en Palestine… Il convient de relever que al-Husseini avait exprimé cette injonction à faire disparaître tous les Juifs des pays arabo-musulmans dès 1937 (Amin al-Husaini, «Islam-Judentum: Aufruf des Großmuftis an die islamische Welt 1937», in Muhammad Sabri, Islam-Judentum-Bolschewismus, Berlin: Juncker & Dünnhaupt, 1938, p. 22-32, cité par Barry Rubin & Wolfgang G. Schwanitz, Nazis, Islamists, and the Making of the Modern Middle East, New Haven: Yale University Press, 2014, p. 94). Husseini répète ensuite en substance ce qu’il a déja dit (voir plus haut): «[L’Allemagne] a très clairement identifié les Juifs pour ce qu’ils sont et a résolu de trouver une solution définitive [endgültige Lösung] au danger juif qui supprimera le fléau que les Juifs représentent dans le monde» (ibid.). On notera le caractère global («dans le monde») et définitif de cette «solution» louée par al-Husseini. Enfin on peut remarquer que Jeffrey Herf cite d’après la source originale («Haj Amin el-Husseini, Rede S. Em. [Sein Eminenz] Des Grossmufti anlasslich der Protestkundgebung gegen die Balfour-Erklärung am 2. November 1943, Berlin: Islamische Zentral-Institut, 1943, PAAA R27327», cité par Herf, ibid., p. 723, note 77) alors que Achcar cite d’après Gerhard Höpp, Mufti-Papiere…, op. cit.. Achcar ne semble d’ailleurs pas clair (il ne le mentionne pas) sur le fait que la version du discours qu’il cite est la version imprimée et non la version radio-diffusée puisque Höpp ne le précise pas dans sa mention de source, se contentant de donner la cote archivistique de sa source («PArchAAB, R 27327, Bl. 297878-297886; BArchB, NS 19/2637, Bl. 24-28», p. 198) bien qu’il fasse précéder le discours lui-même du fac-similé de la première page de la brochure allemande (p. 191), mais sans explication. «PAAA» et «PArchAAB» désignent les Politisches Archiv des Auswärtigen Amtes de Berlin conservées au Archives fédérales (Bundesarchiv, BArch) allemandes.
283. Cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 730. Cette vision paranoïaque des Juifs est partagée et diffusée par Amin al-Husseini depuis Berlin.
284. Julius Streicher, «Jüdische Neuordnung. Was die Juden für sich fordern», Der Stürmer, 4 novembre 1943, p. 2, notre traduction d’après l’original. Pour les passages cités, original en allemand: «Das Schweizer Judenblatt schreibt weiter [Israelitische Wochenblatt, 27.8.1943]: „Sozusagen verschwunden sind die Juden Europas, mit Ausnahme von England und den unbedeutenden jüdischen Gemeinden in den wenigen neutralen Ländern. Das jüdische Reservoir des Ostens, das imstande war, die Assimilationserscheinungen des Westens auszugleichen, besteht nicht mehr”. Das ist kein Judenschwindel. Es ist wirklich Wahrheit, daß die Juden, „sozusagen” aus Europa verschwunden sind und daß das jüdische „Reservoir des Ostens”, aus dem die Judenseuche seit Jahrhunderten über die europäischen Völker gekommen ist, aufgehört hat, zu bestehen. Wenn das Schweizer Judenblatt behaupten will, daß die Juden eine solche Entwicklung nicht in Rechnung gestellt hatten, als sie die Völker in den zweiten Weltkrieg stürzten, so ist dies ihnen zu glauben. Aber, der Führer des deutschen Volkes hat schon zu Beginn des Krieges das nun Gekommene prophezeit. Er sagte, daß der zweite Weltkrieg die verschlingen werde, die ihn haben wollten […] Man vernichte also die Ursache, den Juden, und die Welt ist von Judenfeindschaft befreit. Es ist begreiflich, daß die Juden eine solche Lösung nicht wünschen. Sie verlangen vielmehr die Ausrottung jender Nichtjuden, die durch das Vorhandensein der Juden zwangsläufig zu Judengegnern geworden sind». Cet article du Stürmer constitue la pièce PS-1965 au procès de Nuremberg, et est cité intégralement dans Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international: Nuremberg, 14 novembre 1945 - 1er octobre 1946, vol. XXIX, p. 182-183. Une traduction française partielle (différente de la nôtre) figure dans le vol. XII, p. 378. Cet article de Streicher avait été signalé en 1977 par Joseph Billig, dans La Solution finale de la Question juive. Essai sur ses principes dans le IIIe Reich et en France sous l’Occupation, Paris: Serge et Beate Klarsfeld, 1977, p. 82 (dans une traduction légèrement différente). L’original en allemand figure également dans Joseph Billig, «The Launching of the “Final Solution”», in Serge Klarsfeld (ed.), The Holocaust and the Neo-Nazi Mythomania, New York: Beale Klarsfeld, 1978, p. 104a. Une traduction en anglais figure dans le même ouvrage à la page 71. L’orginal en allemand est partiellement cité par Bernward Dörner, Die Deutschen und der Holocaust. Was niemand wissen wollte, aber jeder wissen konnte, Berlin: Propylaën Verlag, 2007, p 484 et par Daniel Roos, Julius Streicher und „Der Stürmer” 1923-1945, Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2014, p. 486.
285. Cité par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 201. Edition française: p. 205. Original: «Wenn ich irgendwo gezwungen war, in einem Dorfe gegen Partisanen und gegen jüdische Kommissare vorgehen zu lassen — ich spreche dies in diesem Kreise aus, als lediglich für diesen Kreis bestimmt —, so habe ich grundsätzlich den Befehl gegeben, auch die Weiber und Kinder dieser Partisanen und Kommissare umbringen zu lassen. Ich wäre ein Schwächling und ein Verbrecher an unseren Nachkommen, wenn ich die haßerfüllten Söhne dieser von uns im Kampfe von Mensch gegen Untermensch erledigten Untermenschen groß werden ließe. Glauben Sie mir: Dieser Befehl ist nicht so leicht gegeben und wird nicht so einfach durchgeführt, wie er konsequent richtig gedacht und in der Aula ausgesprochen ist. Aber wir müssen immer mehr erkennen, in welch einem primitiven, ursprünglichen, natürlichen Rassenkampf wir uns befinden.» (Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 201).
286. Cité par Peter Longerich, Heinrich Himmler: Biographie, Pantheon Verlag: Berlin, 2010, p. 697. Original en allemand: «Was sollte den die Muselmane in europa und in der ganzen Welt von uns Deutschen trennen! Wir haben gemeinsame Ziele. Es gibt keine solidere Grundlage für ein Zusammenleben als gemeinsame Ziele und gemeinsame Ideale Deutschland hat seit 200 Jahren mit dem Islam nicht die geringste Reinbungfläsche gehabt. […] Heute haben wir Deutschen und Ihr in dieser Division, Ihr Mohammedaner, ein einziges gemaeinsames Gefühl des Dankes an das Schicksal das der Herrgott — Ihr sagt Allah, es ist doch dasselbe — diesen gequälten Völkern Europas den Führer geschenkt hat, den Führer, der zunächst einmal Europa und später die ganze Welt von den Juden befreien wird, diesen Feinden unseres Reiches, die uns im Jahre 1918 den Sieg aus den Händen wanden und das Opfer von zwei Millionen Toten umsonst sein ließen. Sie sind auch die Feinde von Euch, denn der Jude war von jeher Euer Feind».
287. Cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 732-733.
288. «Weekly Review of Foreign Broadcasts, F.C.C., No. 118, 3/4/44, Near and Middle East,» NARA, RG165 MID, «Regional File.» 1922-1944 Palestine, Folder 2930, cité par Jeffrey Herf, «Nazi Germany’s Propaganda Aimed at Arabs and Muslims During World War II and the Holocaust: Old Themes, New Archival Findings», Central European History, décembre 2009, vol. 42, n. 4, p. 733.
289. Cité par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und die Juden, Dokumente und Aufsätze, Arani Verlag, Berlin, 1955, p. 185.
290. Robert Ley, «Von Moses bis Stalin», Der Angriff, 19 mars 1944, cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», op. cit., p. 46.
291. Cité par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 714.
292. Cités par Benno Müller-Hill, «The idea of the final solution and the role of experts», David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 66-67. La source est le document PS-3319 présenté à Nuremberg. L’original en allemand est intégralement cité par Léon Poliakov et Josef Wulf, Das Dritte Reich und seine Diener, Dokumente, Berlin-Grunewald, Arani Verlags-GmbH, 1956, p. 158-168 (p. 161 pour le passage cité). Disponible en ligne. Le document PS-3319 est reproduit dans les Actes du Procès de Nuremberg (édition française), tome YYYII (32), notamment p. 165-166 pour les passages cités. Une traduction en anglais (approximative) se trouve dans Nazi Conspiracy and Aggression ("Red Series"), Nuremberg, Germany (1945-1946), vol. VI, p. 12-13 pour les passages cités. L’original de la seconde partie de notre citation est «Da die von dem Referenten vorgetragenen Einzelheiten über den Stand der Exekutiv-Maßnahmen in den einzelnen Ländern geheim zu halten sind, ist von der Aufnahme ins Protokoll abgesehen worden». Nous reproduisons ici les scans du documents original effectués par Hans Metzner pour Holocaust Controversies à partir de la copie conservée aux archives de Yad Vashem (cote O.18/117) et mises en lignes en 2017 («Seminar Talk of SS leader Franz Six on "the Physical Elimination of the Jewry in the East», Holocaust Controversies, 12 mars 2017).
293. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 202. Le passage intégral est intéressant par les protestations de bonté qu’Himmler multiplie et pour son côté alambiqué, habituel dans la prose d’Himmler: «Le Führer l’avait annoncé aux Juifs, au début de la guerre ou avant la guerre. “Si vous poussez encore à la guerre les peuples d’Europe, cela ne signifiera pas l’extermination du peuple allemand, mais l’extermination des Juifs.” La question juive est résolue en Allemagne et dans l’ensemble des pays occupés par l’Allemagne. Elle a été résolue sans aucun compromis, conformément au combat pour la vie de notre peuple où il en va de l’existence de notre sang. Je m’en ouvre à vous comme camarades. Nous sommes tous des soldats, quel que soit l’uniforme que nous portons. Vous pouvez comprendre combien il m’a été difficile d’exécuter cet ordre que j’ai reçu en soldat, et auquel j’ai obéi et que j’ai exécuté par sens du devoir et par la plus absolue conviction. Si vous me dites: “nous admettons cela pour les hommes, mais pas pour les enfant”, je dois vous rappeller ce que je disais lors de mes premiers exposés: dans cette confrontation avec l’Asie, nous devons passer par pertes et profits les règles et coutumes des guerres européennes passées, que nous chérissions et préférions de loin. Je pense que nous n’avions pas le droit non plus en tant qu’Allemands, quelque profonde que puisse être notre bonté d’âme, de laisser grandir des vengeurs remplis de haine, que nos enfants et nos petits-enfants auraient été obligés d’affronter plus tard parce que nous, les pères ou les grands-pères, aurions été trop faibles et trop lâches pour leur épargner un tel héritage. (Den Juden war es vom Führer angekündigt worden, bei Beginn des Krieges oder vor dem Kriege: “Wenn ihr noch einmal die europäischen Völker in einen Krieg gegeneinander hetzt, dann wird das nicht die Ausrottung des deutschen Volkes bedeuten, sondern die Ausrottung der Juden.” Die Judenfrage ist in Deutschland und im allgemeinen in den von Deutschland besetzten Ländern gelöst. Sie wurde entsprechend dem Lebenskampf unseres Volkes, der um die Existenz unseres Blutes geht, kompromißlos gelöst. Ich spreche das zu Ihnen als Kameraden aus. Wir sind alle Soldaten, ganz gleich, welchen Rock wir tragen. Sie mögen mir nachfühlen, wie schwer die Erfüllung dieses mir gegebenen soldatischen Befehls war, den ich befolgt und durchgeführt habe aus Gehorsam und aus vollster Überzeugung. Wenn Sie sagen: “Bei den Männern sehen wir das ein, nicht aber bei Kindern”, dann darf ich an das erinnern, was ich in meinen ersten Ausführungen sagte. In dieser Auseinandersetzung mit Asien müssen wir uns daran gewöhnen, die Spielregeln und die uns lieb gewordenen und uns viel näher liegenden Sitten vergangener europäischer Kriege zur Vergessenheit zu verdammen. Wir sind in E. auch als Deutsche bei allen so tief aus unserer aller Herzen kommenden Gemütsregungen nicht berechtigt, die haßerfüllten Rächer groß werden zu lassen, damit dann unsere Kinder und unsere Enkel sich mit denen auseinandersetzen müssen, weil wir, die Väter oder Großväter, zu schwach und zu feige waren und ihnen das überließen.»)». Une autre traduction est proposée dans la version française de l’ouvrage citée, Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 206.
294. Wilhelm Loebsack, «Juda vor dem Fall», Der Danziger Vorposten, 13 mai 1944, p. 1: notre traduction d’après l’original cité par Ingo Loose, «Das Reichswirtschaftsministerium und die nationalsozialistische Judenverfolgung 1933-1945», in Werner Abelshauser, Stefan Fisch, Dierk Hoffmann, Carl-Ludwig Holtfrerich, Albrecht Ritschl, Wirtschaftspolitik in Deutschland 1917–1990, Band 1, Carl-Ludwig Holtfrerich, Das Reichswirtschaftsministerium der Weimarer Republik und seine Vorläufer — Strukturen, Akteure, Handlungsfelder, Oldenbourg: De Gruyter, 2016, p. 524: «Das Judentum hat in Deutschland seit der Machtübernahme vernichtende Schläge erlitten. Ein jüdisches Problem gibt es im Reich nicht mehr. […] Das Judentum hat weitere schwere Einbußen in anderen Räumen Europas zu verzeichnen. Die Kerngebiete jüdischer Zusammenballung, die wir in Polen, wie in Warschau oder Lublin fanden, sind heute ebenso neutralisiert, wie das zur Zeit mit den Siedlungen der 1½ Millionen Juden in Ungarn geschieht. Damit sind allein in diesen Ländern fünf Millionen Juden ausgeschaltet». Cité également (partiellement, le passage après l’incise) par Bernward Dörner, Die Deutschen und der Holocaust. Was niemand wissen wollte, aber jeder wissen konnte, Berlin: Propylaën Verlag, 2007, p. 190. Une reproduction de l’article de Loebsack se trouve dans Frank Bajohr & Dieter Pohl, Der Holocaust als offenes Geheimnis. Die Deutschen, die NS-Führung und die Alliierten. München: Beck, 2006, p. 58. Il est remarquable que cet article ait été mentionné dès 1951 par Léon Poliakov dans son Bréviaire de la Haine, Paris: Calmann-Lévy, p. 318. Cette citation n’avait pas échappé à Saul Friedlander qui la mentionne dans son Kurt Gerstein ou l’Ambiguité du Bien, Paris: Casterman, 1967, p. 125. Entre 1967 et 2005, cet article, pourtant spectaculaire par son franc-parler et sa monstrueuse précision, semble avoir échappé à la perspicacité de la plupart des historiens. On peut toufefois signaler que quelques auteurs de langue anglaise relèvent l’article dans la traduction en anglais de l’ouvrage de Poliakov (Harvest of Hate, New-York: 1956, plusieurs rééditions), ainsi Eugen Weber, The Western tradition: a book of readings from the Renaissance to the atomic age, Boston [Mass.]: D.C. Heath, 1959, p. 787 ou John C. Zimmerman , dans Holocaust denial: demographics, testimonies, and ideologies, Lanham, Md.: University Press of America, 2000, p. 10, 310.
295. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 203: «Eine andere Frage, die maßgeblich für die innere Sicherheit des Reiches und Europas war, ist die Judenfrage gewesen. Sie wurde nach Befehl und verstandesmäßiger Erkenntnis kompromißlos gelöst. [Applaus] Ich glaube, meine Herren, daß Sie mich so weit kennen, daß ich kein blutrünstiger Mensch bin und kein Mann, der an irgendetwas Hartem, was er tun muß, Freude oder Spaß hat. Ich habe aber andererseits so gute Nerven und ein so großes Pflichtbewußtsein — das darf ich für mich in Anspruch nehmen —, daß ich dann, wenn ich eine Sache als notwendig erkenne, sie kompromißlos durchführe. Ich habe mich nicht für berechtigt gehalten — das betrifft nämlich die jüdischen Frauen und Kinder —, in den Kindern die Rächer groß werden zu lassen, die dann unsere Väter und unsere Enkel umbringen. Das hätte ich für feige gehalten. Folglich wurde die Frage kompromißlos gelöst.»). La suite du discours est également intéressante: «Cependant, en ce moment même — c’est sans précédent dans cette guerre —, nous conduisons des Juifs mâles de Hongrie en camps de concentration: 100 000 pour commencer, puis 100 000 autres, qui seront affectés à la construction d’usines souterraines. Mais pas un seul d’entre eux ne sera aperçu par le peuple allemand. Je suis cependant convaincu que j’aurais vu d’un sale œil le front à l’est du Gouvernement Général, si nous n’avions pas résolu la question juive dans ce secteur, si existaient encore le ghetto de Lublin et surtout le ghetto géant de Varsovie, avec ses 500 000 personnes, dont le nettoyage, messieurs, nous a coûté l’année dernière, cinq semaines de combats de rue, avec des chars et de toutes sortes d’armement. A l’intérieur de ce Ghetto clôturé, nous avons pris d’assaut environ 700 maisons bunkerisées. (Zur Zeit allerdings — es ist eigenartig in diesem Krieg — führen wir zunächst 100000, später noch einmal 100000 männliche Juden aus Ungarn in Konzentrationslager ein, mit denen wir unterirdische Fabriken bauen. Von denen aber kommt nicht einer irgendwie in das Gesichtsfeld des deutschen Volkes. Eine Überzeugung aber habe ich, ich würde für die im Osten des Generalgouvernements aufgebaute Front schwarz sehen, wenn wir dort die Judenfrage nicht gelöst hätten, wenn also das Ghetto in Lublin noch bestünde und das Riesenghetto mit 500.000 Menschen in Warschau, dessen Bereinigung, meine Herren, uns im vorigen Jahr fünf Wochen Straßenkampf gekostet hat mit Panzerwagen und mit allen Waffen, wo wir inmitten dieses abgezäunten Ghettos rund 700 Häuserbunker gestürmt haben)».
296. «Für die Bekämpfung der Juden war es unerläßlich, daß wir Polen bekamen; denn hier in Polen lebte ja die natürliche Fruchtbarkeit des jüdischen Volkes, sie bestand ja sonst nirgendwo mehr. Seit der Ausrottung der Juden in Polen ist es, rein blutsmäßig gesehen, mit der jüdischen Zukunft vollkommen vorbei; denn nur hier gab es Juden, die Kinder hatten.», cité dans Hans Frank, Das Diensttagebuch des deutschen Generalgouverneurs in Polen 1939-1945, Werner Prag et Wolfgang Jacobmeyer (eds), Stuttgart: Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 869. Fac-similé en ligne.
Le 25 janvier 1944, Hans Frank avait déjà fait le constat public de la disparition des Juifs de Pologne. Lors d’un discours donné à Berlin, retranscrit dans son journal, il déclarait: «Il y a peut-être encore 100 000 Juifs en ce moment dans le Gouvernement général» (original en allemand: «Juden haben wir im Generalgouvernement zur Zeit vielleicht noch 100.000», document PS-2233, Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international. Nuremberg, 14 novembre 1945-1er octobre 1946, tome 29, Nuremberg, 1947, p. 678). Il faut se souvenir que dans un discours du 16 décembre 1941, Hans Frank mentionnait qu’il y avait 2,5 millions de Juifs dans le Gouvernement Général.
297. Notre traduction d’après l’original cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 203-204. Le passage mérite d’être cité dans son intégralité: «Il était nécessaire de résoudre également une autre question importante. Ce fut la tâche la plus affreuse et la mission la plus terrible qui furent jamais assignées à une organisation: la mission de résoudre la question juive. J’ai également quelques paroles à adresser en toute franchise à ce cercle. Il est bon que nous ayons eu la force d’exterminer les Juifs sur notre territoire. Ne vous demandez pas à quel point cela fut pénible, même si en tant que soldats, je dois dire que vous êtes capable de comprendre à quel point il est difficile d’exécuter un tel ordre. Vous voyez cependant à la lumière d’un examen critique, en tant que soldat ne pensant qu’à l’Allemagne, que la conclusion logique à tirer est que cela était nécessaire. Rien que les bombardements auraient été insupportables si nous avions eu encore le peuple juif dans nos villes. J’ai aussi la conviction que nous n’aurions pas pu tenir le front à Lemberg dans le Gouvernement Général, si les grands ghettos de Lemberg, de Cracovie, de Lublin et de Varsovie avaient encore existé. Au moment où nous avons vidé le dernier grand ghetto à Varsovie — je vous indique le chiffre en toute sérénité — de plus de 500 000 Juifs après cinq semaines de combats de rue à l’été 1943, ce fut vraiment le point final. […] Je veux également répondre à une question que vous devez sûrement aussi vous poser. Cette question, la voici: oui, certes, que vous tuiez les Juifs adultes, je le comprends, mais les femmes et les enfants, comment pouvez vous…? — il faut que je vous dise quelque chose: un jour, les enfants seront devenus grands. Voulons nous pousser l’indécence jusqu’à dire: non, non, nous sommes trop faibles pour faire ça, mais nos enfants, eux, pourront s’en occuper. Ils devront lutter à leur tour. Alors, la haine juive de ces vengeurs, petits aujourd’hui et plus tard devenus grands s’en prendra à nos enfants et petits-enfants, de telles sorte qu’ils devront une nouvelle fois résoudre ce problème. Je suis convaincu que cela se produirait ainsi, même si Hitler ne survivait pas. Non, nous ne pouvons pas répondre cela. Ce serait être lâche et c’est pour cela que nous préférons une solution nette, aussi dure doit-elle.» («Eine andere große Frage war noch notwendig zu lösen. Es war die furchtbarste Aufgabe und der furchtbarste Auftrag, den eine Organisation bekommen konnte: der Auftrag, die Judenfrage zu lösen. Ich darf dies auch in diesem Kreis wieder in aller Offenheit mit ein paar Sätzen sagen. Es ist gut, daß wir die Härte hatten, die Juden in unserem Bereich auszurotten. Fragen Sie nicht, wie schwer das war, sondern haben Sie als Soldaten — ich möchte fast sagen - Verständnis dafür, wie schwer ein solcher Befehl durchzuführen ist. Ziehen Sie aber auch bei kritischster Prüfung, nur als Soldaten für Deutschland denkend, den logischen Schluß, daß es notwendig war. Denn allein der Bombenkrieg wäre nicht durchzuhalten wenn wir das jüdische Volk noch in den Städten gehabt hätten. Ich habe auch eine Überzeugung, die Front bei Lemberg im Generalgouvernement nicht zu halten gewesen, wenn die großen Ghettos in Lemberg, in Krakau, in Lublin und in Warschau noch da gewesen wären. Der Zeitpunkt, zu dem wir das letzte große Ghetto in Warschau — ich nenne Ihnen ruhig die Zahl — mit über 500.000 Juden in fünf Wochen Straßenkämpfen ausgeräumt haben im Sommer 1943, war gerade der letzte Zeitpunkt. […] Ebenso will ich auch gleich einen Gedanken, der sicherlich gedacht wird, gleich beantworten. Die Frage heißt: Ja, wissen Sie, daß Sie die erwachsenen Juden umbringen, das verstehe ich, aber wie können Sie die Frauen und Kinder…? — Da muß ich Ihnen etwas sagen: Die Kinder werden eines Tages groß werden. Wollen wir so unanständig sein, daß wir sagen: nein, nein, dazu sind wir zu schwach dazu, aber unsere Kinder, die können sich mit ihnen mal abgeben. Die sollen das auch einmal auskämpfen. Daß dann dieser jüdische Haß heute kleiner und später groß gewordener Rächer sich an unseren Kindern und Enkeln vergreifen, daß sie neumal das Problem zu lösen haben. Dann haben überzeugt, wenn kein Adolf Hitler überlebt. Nein, das können wir nicht beantworten. Das wäre feige gewesen und deswegen haben wir eine klare Lösung vorgezogen, so schwer wie sie war.»). Une autre traduction est proposée dans la version française de l’ouvrage citée, Heinrich Himmler, Discours secrets, édités par Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson. Introduction de Joachim C. Fest. Paris, Gallimard, 1978. Collection Témoins, p. 207.
298. D’après les fac-similés reproduits dans «Documents», Le Monde Juif, no 146, 1993, p. 31-33 (en ligne). Catherine Nicault qui cite partiellement ce document, en fournit la cote archivistique («MAE — à savoir Ministère des Affaire Etrangères —, Guerre 1939-1945, Vichy Europe, vol. 412»), dans son étude «Que savaient les diplomates de Vichy?», Les Cahiers de la Shoah, no 3, 1995-1996, en ligne sur PHDN. Outre Catherine Nicault et Jean-Marc Dreyfus (voire note suivante), seul l’historien Carol Iancu cite, en 1998, lui aussi (partiellement) ce document (La Shoah en Roumanie: les Juifs sous le régime d’Antonescu (1940-1944): documents diplomatiques français inédits, Montpellier: Université Paul-Valéry Montpellier III, 1998, p. 46, 63, 186-187). Il en fournit la cote «MAE, V.E., v. 412, fo 78-79» (p. 187).
299. Selon Henri de Montety, La Nouvelle revue de Hongrie et ses amis français (1932-44), Thèse de Doctorat en Histoire religieuse, politique et culturelle, sous la direction de Régis Ladous et Ignác Romsics, 10 avril 2009, p. 184 (Henri de Montety donne la cote «MAE (France Libre)- 1420-245/247» pour le document) et Jean-Marc Dreyfus, L’Impossible Réparation: Déportés, biens spoliés, or nazi, comptes bloqués, criminels de guerre. Quand le Quai d’Orsay négociait avec l’Allemagne (1944-2001), Paris: Flammarion, 2015. Jean-Marc Dreyfus donne la cote «MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Hongrie, no 412, dépêche no 19 a.s.: Le gouvernement hongrois et les juifs, 1er juillet 1944».
300. Cité par Sybille Steinbacher, "Musterstadt" Auschwitz. Germanisierungspolitik und Judenmord in Ostoberschlesien (Darstellungen und Quellen zur Geschichte von Auschwitz, Institut für Zeitgeschichte, Band 2), K. G. Saur Verlag, Munich, 2000, p. 302. Également cité par Gerald Reitlinger, Endlösung: Hitlers Versuch der Ausrottung der Juden Europas, 1939-1945, Colloquium Verlag, 1956, p. 321. Cette citation se trouve également, en anglais, dans Sybille Steinbacher, «In the Shadow of Auschwitz. The Murder of the Jews of East Upper Silesia», in Ulrich Herbert (ed.), National Socialist Extermination Policy. Contemporary German Perspectives and Controversies, Bergham Books, 2000, p. 293.
301. Politische Aussprache. Führungsunterlagen Folge 3. Herausgeber: Nationalsozialistischer Führungsstab der Wehrmacht, [septembre 1944], p. 55-56, cité par Max Weinreich, Hitler et les professeurs: le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif, Paris: les Belles lettres, 2013, p. 301. Le gras figure dans le document original. Citation complète et original en allemand sur PHDN, «les Juifs comme parasite des peuples, à exterminer»:
https://phdn.org/histgen/nazisme/juifsparasites.html302. Cité par Maurice Pearlman, Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, London: Victor Gollancz, 1947, p. 68. On a vu plus haut que Pearlman cite de façon tout à fait fiable d’après les écoutes des fréquences nazies en Arabe pratiquées par les alliés.
303. The American Jewish Year Book, Vol. 41, September 14, 1939 to October 2, 1940 / 5700, p. 583.
304. Ibid.
305. L’historien allemand Klaus Gensicke relève le même passage dans son ouvrage, Der Mufti von Jerusalem. Amin el-Husseini, und die Nationalsozialisten, Frankfurt/Main: Verlag Peter Lang, 1988, p. 163, mais il interprète le chiffre de «onze millions de Juifs» dans le monde, comme celui du fameux total des statistiques proposées dans le compte-rendu arrangé par Eichmann de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, sans fournir d’ailleurs d’autre argument qu’un très tautologique «il devait connaître les décisions de la conférence de Wannsee» (ibid.). Gensicke semble privilégier cette hypothèse — d’ailleurs mal formulée: avoir connaissance de décisions n’implique nullement une connaissance détaillée du déroulement ou du contenu de la conférence ou de son compte-rendu — à celle d’une connaissance par al-Husseini du nombre de victimes arguant — assez faiblement — que «il était possible qu’il ne connaisse pas le nombre exact de personnes assassinées», que Gensicke ne justifie nullement (et qui prétend qu’il s’agirait d’un «nombre exact»? Sans compter que Gensicke s’exprime d’une façon qui laisse penser qu’il n’était pas moins «possible» que al-Husseini soit au courant des chiffres…), et qui est d’autant plus erroné que nous savons, justement, que Himmler n’hésitait pas à faire connaître à al-Husseini où il en était de l’extermination des Juifs. Il faut ajouter qu’il est au contraire extrêmement improbable que al-Husseini ait eu une connaissance suffisante de la conférence de Wannsee, événement ultra-secret dans les cercles dirigeants nazis, et encore moins de son compte-rendu, classé Geheime Reichssache! (secret d’état du Reich), pour qu’il puisse utiliser plus de deux ans et demi plus tard un chiffre qu’il aurait su parfaitement erroné à ce moment là (puisque, a minima, il aurait fallu en retrancher les trois millions que Himmler lui avait confié avoir déjà exterminé à l’été 1943). Nous n’avons du reste aucun exemple de circulation du chiffre de onze millions de Juifs de Wannsee en dehors de cercles dirigeants nazis très restreints. Enfin, il nous faut souligner que les pays énumérés dans les statistiques présentées à Wannsee ne couvrent que très partiellement les pays arabes. En tout état de cause, notre propre interprétation des propos de l’ancien Mufti nous semble beaucoup plus solide que celle de Klaus Gensicke.
306. Abdul-Karîm al-‘Umar (éd.), Mudhakkirât al-Hâj Amîn al-Husayni, Damas: Al-Ahâli, 1999, p. 170, cité par Gilbert Achcar, The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives, New York: Metropolitan Books, 2010, p. 151.
307. Cité par Tal Bruttmann, «Du militantisme à l’action. L’activisme antisémite des ultras de la Collaboration», Revue d’Histoire de la Shoah, no 198, mars 2013, p. 186-187. En ligne…
308. Frédéric Stroh, «MÜLLER-HILL (Werner Otto), „Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert“, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45», Revue d’Alsace, 139, 2013, 469-472. En ligne…
309. Entrée du 29 mars 1944 (voir note suivante).
310. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012, p. 92 (30. September 1944). Original en allemand: «Dass das Judentum dem wir so übel mitgespielt haben, alttestamentarische Rache zu üben entschlossen ist, ist klar. Wenn es nach ihnen ginge, würden ebenso viele Deutsche ermordet, wie wir kalten Blutes Juden in Polen und Russland umgelegt haben. Hauptmann S., der in Polen eine Bahnhofskommandantur befehligte, erzählte mir, dass in dem betreffenden Ort jeden Tag ein Güterzug mit etwa 50 Waggons voller Juden ankam, die vergast und verbrannt wurden. Diese Züge hatten auf Befehl des Führers das Vorrecht vor Wehrmachtstransporten. Beim Vormarsch in Russland kam in Welisch ein sog. Sonderkommando zum Korpsstab (wirtschaftlich zugeteilt). Ihre Aufgabe war, wie einer der Führer meinem Quartierkameraden Oberstleutnant Kohlscharfer erzählte, die Erledigung sämtlicher Juden; in einem kleinen Städtchen hinter der Front, woher sie gerade kamen, hatten sie 200 Juden umgelegt. So ist die Wahrheit […]. Und angesichts dieser Gräuel, die unheldisch, unmilitärisch und absolut undeutsch sind, nun Jammergesänge über unser Los bei der Niederlage anzustellen, ist einfach zum Erbrechen widerwärtig». Notre traduction se démarque légèrement de la version française publiée en 2011, Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 117-118.
311. Déposition de Jean Vernières du 13 octobre 1944, citée par Gilles Lévy, L’Auvergne des années noires, Clermond-Ferrand: Éditions Gérard Tisserand, 2000, p. 25. L’ensemble des informations que nous présentons sur Jean Vernières sont tirées de cet ouvrage.
312. Rapport reproduit dans Hans-Adolf Jacobsen (éd.), Opposition gegen Hitler und der Staatsstreich vom 20. Juli 1944. Geheime Dokumente aus dem ehemaligen Reichssicherheitshauptamt, Stuttgart: Mundus Verlag, 1989, vol. 2, p. 449-450, cité par Jeremy Noakes et Geoffrey Pridham (éd.), Nazism 1919-1945. A documentary reader, University of Exceter Press, 1998, vol. 4, p. 633 (doc. 1366). On trouvera une traduction en français d’autres passages du même rapport dans Saul Friedländer, Les Années d’Extermination…, op. cit., p. 776-777.
313. David Bankier, «German public awareness of the Final Solution» David Cesarani, The Final Solution, Origins and Implementation, Routledge, 1994, p. 215.
314. «In Oberschlesien haben sie Leute einfach fabrikmässig abgeschlatet. In einer großen Halle sind sie vergast worden […] Über diesen Dingen schwebt tiefes Geheimnis». CSDIC (UK) SR Report, SRGG 1093(C) [TNA, WO 208/4169], cité par Sönke Neitzel, Abgehört - Deutsche Generäle in britischer Kriegsgefangenschaft 1942 - 1945, Propyläen Verlag, Berlin, 2005, p. 177 (document 120, p. 176). Il s’agit de la retranscription de 167 de ces conversations. Cet ouvrage a fait l’objet d’une traduction en anglais: Tapping Hitler’s Generals. Transcripts Of Secret Conversations 1942-45, edited by Sonke Neitzel with an introduction by Ian Kershaw, Barnsley, St. Paul (Frontline Books, MBI Publishing), 2007. On trouvera une recension en français de cette traduction par Olivier Wieviorka, dans Francia-Recensio, 2008 no. 1. Voir également Andrew Roberts, «The Genocide Generals: secret recordings explode the myth they knew nothing about the Holocaust», Daily Mail, 21 juillet 2007. En ligne.
315. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012 (entrée du 6 février 1945). Original en allemand complet: «Dies wird dem Volke aber wohlweislich nicht mitgeteilt, es wird vielmehr im Glauben gelassen und bestärkt, dass nach der Kapitulation eine formidable Ausrottung stattfinden wird. Und wenn es so wäre, haben wir es mit den Juden in Deutschland und Europa nicht in den schauerlichsten Formen getan? Wir haben sie – was kein Dementi der Welt verleugnen kann – zu Hunderttausenden ermordet, denn die »Erledigung« der Juden, die sich ja nicht wehren konnten, war Mord!». Notre traduction se démarque de la version française publiée (Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 159). Commentant un discours de Joseph Goebbels, le 28 février 1945, Werner Otto Müller-Hill remarque encore: «Quel culot! Il parle des atrocités commises contre les femmes et les enfants alors que que nous avons nous-même facilement tué des centaines de milliers de femmes et d’enfants juifs en Pologne et en Russie (Welche Stirn hat dieser Mann! Er redete von Gräueln an Frauen und Kindern angesichts der Tatsache, dass wir Hunderttausende jüdischer Frauen und Kinder in Polen und Russland glatt umgebracht haben)» (ibid.). Traduction française publiée légèrement différente (Müller-Hill, Journal…, op. cit., p. 176).
316. Traduit par nous d’après l’original en allemand: Heinrich May, III. Kapitel, Der große Judenmord (tiré de son récit, Die grosse Luege. Der Nationalsozialismus, wie ihn das deutsche Volk nicht kennt. Ein Erlebnisbericht), publié par Karol Marian Pospieszalski, «Niemiecki nadleśniczy o zagładzie Żydów w Chełmnie nad Nerem», Przeglad Zachodni, 1962, vol. 18, n. 3, p. 104 pour le passage cité: «Im Frühjahr 1944 tauchte plötzlich Bothmann mit dem Sonderkommando wieder auf und forderte erneut grössere Brennholzmengen. Die Opfer wurden nunmehr mit der Kleinbahn nach Wiederherstellung einer gesprengten Kleinbahnbrücke bis in die unmittelbare nähe der Grabstätten gefahren. Die Vergasung erfolgte auf dem Platze selbst.». Nous avons pu consulter un fac-similé de l’original auquel est conforme l’édition du texte par Karol Marian Pospieszalski. Pour l’intégralité de l’original, notre traduction et des informations complémentaires, voir la page du récit de Heinrich May sur PHDN.
317. Werner Otto Müller-Hill, »Man hat es kommen sehen und ist doch erschüttert«, Das Kriegstagebuch eines deutschen Heeresrichters 1944/45, München: Siedler, 2012 (entrée du 18 février 1945). Original en allemand: «Er ist zwar ein Bursche von unendlichem Humor, aber er ist wohl voll “der herrlichsten Einfälle”, beginnend mit dem Volksaufstand gegen die Juden am 9. Nov. 1938, dem Tag tiefster Schande über Deutschland, und weitergehend mit der Liquidierung der Juden in Europa durch Kugel und Vergasung, die wir jetzt blutig auszubaden haben […] Ob man nun noch mehr oder weniger Deutsche “gehobener Stellung” liquidiert, wie wir die Juden liquidiert haben, hat damit nichts zu tun und ist nur eine Beigabe, die wir unserer Blutschuld zu verdanken haben. Vielleicht werde auch ich als Exponent nationalsozialistischer Willkür und Blutherrschaft liquidiert werden, was weiß ich? Es wird mich niemand fragen, ob ich diese schauerlichen Dinge gebilligt habe oder ob ich womöglich an ihnen beteiligt war. Das ist das Infame unserer Maßnahmen: Sie machen das ganze Volk zu einer einzigen Gesamtschuldnerschaft und wir dürfen uns nicht beklagen, wenn sie erklären: Ihr habt aus weltanschaulichen Gründen zur Erhaltung des Weltfriedens die Juden liquidiert durch Kugel und Gas, wir erlauben uns nun, Euch aus weltanschaulichen Gründen ebenso zur Erhaltung des Weltfriedens zu liquidieren». Notre traduction se démarque de la version française publiée (Werner Otto Müller-Hill, Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, Paris: Michalon, 2011, p. 170-172).
318. Notre traduction d’après l’original: «Diese Juden muß man einmal, wenn man die Macht dazu besitzt, wie die Ratten totschlagen. In Deutschland haben wir das ja Gott sei Dank schon redlich besorgt. Ich hoffe, daß die Welt sich daran ein Beispiel nehmen wird» (Joseph Goebbels, Die Tagebücher von Joseph Goebbels, Teil II, Diktate 1941-1945, Band 15, Januar - April 1945, éd. Elke Fröhlich, München: K. G. Saur, 1995, p. 498). Cité également (traduction légèrement différente) par Florent Brayard, Auschwitz, enquête sur un complot nazi, Seuil, 2012, p. 448. Le passage mentionné ici est précédé par «Die Juden melden sich wieder. Ihr Wortführer ist der bekannte und berüchtigte Leopold Schwarzschild, der jetzt in der amerikanischen Presse dafür plädiert, daß Deutschland unter keinen Umständen eine mildere Behandlung zuteil werden dürfte» (ibid.): «Les Juifs s’affichent de nouveau. Leur porte-parole est le célèbre et infâme Leopold Schwarzschild, qui plaide aujourd'hui dans la presse américaine pour que l'Allemagne ne bénéficie en aucun cas d'un traitement clément». Cette entrée du journal de Goebbels est connue depuis au moins 1977, quand furent publiées les entrées de l’année 1945 (Joseph Goebbels, Tagebücher 1945: die letzen Aufzeichnungen, Hamburg: Hoffmann und Campe Verlag, 1977, p. 223 pour notre passage) y compris en traduction française (Derniers Carnets. Journal, 28 février-10 avril 1945, trad. J.-M. Gaillard-Paquet, Paris: Flammarion, 1977, p. 148 pour notre passage, traduit différemment). Le même passage est republié en français, traduit depuis l’édition de Elke Fröhlich, dans Joseph Goebbels, Journal, 1943-1945, Paris: Tallandier, 2005, p. 717-718, dans la traduction qui suit: «Les Juifs réapparaissent au grand jour. Leur porte-parole est ce Léopold Schwarzschild, de sinistre réputation, qui plaide dans la presse américaine pour que l’Allemagne n’ait droit sous aucun prétexte à un traitement de faveur. Ces Juifs, il faut les éliminer comme des rats dès qu’on en a le pouvoir. En Allemagne, Dieu merci! nous y avons déjà franchement pourvu. J’espère que le monde prendra exemple là-dessus».