Le récit du SS-Hauptsturmführer Heinrich May

garde forestier à Chelmno - 1945


Première page du chapitre III du récit de Heinrich May
Première page du chapitre III du récit de Heinrich May

Introductiontraduction en françaistranscription de l'original allemandSources et informations

Introduction

Né le 28 novembre 1896, Heinrich May, s’il était trop âgé pour combattre en 1939 (il avait 44 ans) n’en était pas moins, semble-t-il, un nazi convaincu. Membre de la SS avec le grade de SS-Hauptsturmführer, officier de la police politique du parti nazi (Politischer Leiter du NSDAP), Heinrich May n’avait rien d’un tiède (ces informations nous ont été communiquées par Hans Metzner, membre de Holocaust Controversies et se trouvent sur le fichier d’officier SS de May, que Hans Metzner nous a très aimablement communiqué).

En 1940 Heinrich May (parfois appelé improprement Heinz May. Hans Metzner confirme le prénom Heinrich), est transféré dans les territoires polonais annexés où il est nommé garde forestier en chef du district de Koło. Dans le cadre de cette affectation, il est responsable de la forêt où les victimes du centre de mise à mort de Chelmno – d’abord gazées dans des camions – furent enterrées dans un premier temps, avant que leurs corps ne soient exhumés et incinérés. Malgré son engagement nazi, Heinrich May est très profondément choqué par ce à quoi il a assisté. Avant même la fin de la guerre, dès février 1945, il rédige des mémoires, et consacre un chapitre entier à Chelmno. Il ne s’agit pas d’un témoignage de commande, ou d’un récit fait à l’occasion d’un procès, mais de la relation immédiate et spontanée d’un témoin qui appartenait au camp des bourreaux, travailla auprès d’eux, avec eux.

Si l’original allemand a été publié au plus tard en 1962 (voir sources), ce récit n’a jamais été traduit en français auparavant (seuls quelques extraits sont proposés par Patrick Montague, Chełmno. Prologue à l’industrie du meurtre de masse, Paris: Calmann-Lévy, 2016). Nous le proposons ici dans son intégralité, suivie de la version originale complète, jamais mise en ligne jusqu’ici.


Le récit du SS-Hauptsturmführer Heinrich May

Chapitre III
Le grand massacre des Juifs

A l’automne 1941, un garde forestier de la région de Ladorudz, Staegemeir, m’a informé qu’un Sonderkommando était arrivé à Chełmno. Ils avaient besoin de bois de chauffage. Staegemeir avait un air sérieux que je ne remarquais pas au début. Comme Hermann Goering, le commandant en chef de la Luftwaffe et président du Reichstag devait venir dans le district de Koło pour une partie de chasse, j’ai pensé que le commando était là pour le protéger. J’ai demandé à l’agent de donner du bois à Staegemeir.

Un peu plus tard, j’étais en voiture avec Becht, le Landrat [administrateur du district de Koło] et Kreisleiter [chef du parti du district de Koło] entre Chełmno et Koło. Alors que nous traversions la forêt, Becht m’a dit, en pointant le doigt en direction de le secteur 77 [secteur de la forêt], «bientôt, les arbres pousseront mieux.» Comme je lui lançais un regard interrogatif, il ajouta: «les Juifs font un bon engrais.»

Je voulais en savoir plus mais le visage de Becht se fit mystérieux et il changea de sujet. Je pensais longtemps à ces allusions mais ne trouvais aucune explication.

J’abandonnais le soupçon que quelqu’action horrible contre les Juifs était sur le point d’avoir lieu car cela défiait tout bon sens. Je me souvenais du comportement du garde forestier Staegemeir que je n’avais pu expliquer, aussi j’essayais d’oublier tout cela. J’ignorais encore combien le régime national-socialiste pouvait être brutal et cruel.

Quelques semaines plus tard, mon plus jeune fils revint à la maison pour les vacances scolaires. Je lui fis faire le tour de Koło et Chełmno. Près du secteur 77 (la route traversait la partie nord du secteur), il y avait un gros camion fermé pris dans un fossé. il était attaché à un second véhicule qui essayait de le ramener sur la route et qui finit également coincé. La route était interdite. Mon fils est sorti de la voiture et est allé voir les hommes, vêtus d’uniformes de police, occupés auprès des véhicules. Je les entendis s’adresser durement à mon fils, aussi je sortis également et marchais dans leur direction. Le véhicule dans le fossé était à peu près long de quatre mètres et haut de deux mètres, fermé à l’arrière par une barre de fer et un cadenas. Une odeur étrange et désagréable émanait du véhicule et des hommes.

Quand je demandais si la route serait bientôt dégagée, on m’a répondu sèchement qu’ils allaient conduire le véhicule un peu sur le côté jusqu’à ce que je puisse passer.

Quelques jours plus tard, mon fils se trouvait à Koło. A son retour, il m’a dit que les Juifs y étaient rassemblés par des officiers de gendarmerie et emmenés dans des camions. Je me suis immédiatement souvenu de la déclaration de Becht et je n’eus plus aucun doute que quelque chose de terrible chose allait se produire dans la forêt de Ladorudz, quelque chose que je n’avais pu croire lors de mes premiers soupçons.

Je m’enquérais immédiatement par téléphone auprès du garde forestier Staegemeir sur ce qui se passait dans sa forêt. Il me répondit que le secteur 77 été entièrement réservé par la gendarmerie. Lorsque lui-même s’était approché d’un poste de garde [du secteur], on lui a dit de faire demi-tour immédiatement et de quitter les lieux sous peine d’être abattu.

Les gardes avaient l’ordre de tirer sur quiconque s’approchait du secteur 77.

Staegemeir ne pouvait m’en dire plus au téléphone. Je lui demandais de rester chez lui et pris la voiture pour me rendre à son bureau.

Sur la route, je vis d’autres camions cadenassés qui allaient en direction du secteur 77. Dans le secteur 77, se trouve une forêt de pins dense et un bois de jeunes arbres d’environ 12 à 15 ans.

Staegemeir m’expliqua que Chelmno était doté d’une forte compagnie de gendarmerie. L’ancien château situé à la sortie ouest de Chelmno était entouré d’une haute clôture en bois. Il y avait des postes de gendarmerie avec des fusils à l’entrée. Des camions remplis de Juifs arrivent sans cesse dans la cour du château puis, ces camions de haute taille complètement verrouillées partent du château vers le secteur 77 dans la forêt.

Lorsque je l’interrogeais sur la signification de tout cela, Staegemeir haussa les épaules et répondit qu’il n’en savait rien. Une rumeur circulait selon laquelle les Juifs du château étaient empoisonnés au gaz et enterrés dans le secteur 77. C’était juste une rumeur. Il ne savait pas si c’était vrai, mais il m’a exhorté à n’en parler à personne, car quiconque en parlerait serait immédiatement fusillé.

Sur le chemin du retour à l’office forestier, je suis passé par Kulmhof et j’ai eu la confirmation des informations de Staegemeir concernant la clôture de bois et les poteaux. À Kulmhof même, plusieurs camions se tenaient l’un derrière l’autre et étaient provisoirement recouverts de toiles. Dans les camions mêmes se tenaient des hommes, des femmes et aussi des enfants. Comme je me suis arrêté un instant, un gendarme est immédiatement venu vers moi et m’a dit d’une voix rauque que toute staionnement était interdit, que je devais immédiatement repartir. Ces fonctionnaires m’ont fait une mauvaise impression, ils avaient l’air cruel et brutal.

Quand je me suis arrêté brièvement, j’ai vu que le camion devant moi se dirigeait vers la clôture et que les deux gardes ont ouvert la barrière. Le véhicule a disparu dans la cour, et immédiatement après un autre camion cadenassé a quitté la cour et s’est dirigé vers la forêt, après quoi les deux gardes ont immédiatement refermé la porte.

Il n’y avait plus le moindre doute que quelque chose de terrible se déroulait ici, comme jamais cela ne s’était produit dans l’histoire de l’humanité.

Plusieurs nuit, je ne parvenais pas à dormir. Et je n’avais personne à qui en parler. Il était tellement clair pour moi que Becht était au courant de ces événements. Il serait également en mesure de faire des déclarations importantes comme témoin.

J’ai été indigné qu’une partie de mon domaine forestier ait été fermée sans me le demander ou même sans m’en informer du tout. J’en fis part à l’inspecteur lorsqu’il rendit visite au bureau forestier. Il a également trouvé ce comportement scandaleux et m’a conseillé de me plaindre à l’administrateur du district. Lui-même voulait en informer le maître garde forestier de Poznan.

Je renonçais à me plaindre auprès de l’administrateur du district, car les chances de succès me paraissaient minces après la conversation que j’avais eue avec l’inspecteur. J’ai préféré attendre l’intervention de l’Office national des forêts. Mais rien n’est venu de là non plus. J’ai pris conscience que ce qui se déroulait ici l’était sur ordre des plus hautes autorités.

Lors de ma visite suivante à la forêt de Ladorudz, j’ai longuement parlé avec Staegemeir de ce qui s’était passé et je lui demandais s’il avait appris quelque chose de nouveau.

Staegemeir me raconta que le secrétaire du commissaire du bureau de Kulmhof (le bâtiment était près de l’ancien château) avait été arrêté par le commandement et avait disparu sans laisser de traces. Il aurait apparemment mentionné dans une lettre quelque chose sur les événements en cours.

Sur le chemin du retour, j’ai encore traversé Kulmhof en voiture, bien que cela signifiât pour moi un détour, et je vis au passage que les portes de l’église catholique à côté du château étaient grandes ouvertes et qu’il y avait de grandes piles de vêtements usagés dans l’église. Pour le reste de ce que je voyais, c’était le même que ce que j’avais vu auparavant. A Kulmhof même, une série de bus pleins de gens et sur la route menant à la forêt, de gros camions cadenassés. Partout flottait dans l’air la même odeur dégoûtante que j’avais remarquée pour la première fois près du véhicule renversé, qui provenait, comme je l’appris beaucoup plus tard, d’un agent protecteur contre le typhus.

Autour du château et à Kulmhof même, vivaient des paysans allemands et polonais qui vaquaient à leurs occupations et observaient chaque jour les mystérieux événements.

Entre-temps, le bâtiment du bureau du commissaire avait été libéré et occupé par une partie du Sonderkommando.

Alors que je traversais Chełmno pour la seconde fois, je vis quatre jeunes gens, attachés aux chevilles par de minces chaînes en acier, accompagnés d’un officier de gendarmerie armé d’un fusil. Ces quatre personnes étaient émaciées et traversaient la rue avec un air hébété.

La population ne prononçait pas un mot sur ce qui se passait à l’intérieur du vieux château, bien que ce qui s’y déroulait était devenu un secret de Polichinelle.

Le Sonderkommando organisait de grandes beuveries. Le schnaps et le cognac coulaient à flots.

Les Juifs du district de Kolo furent tués les premiers. Beaucoup ont fui vers d’autres districts, mais seuls quelques-uns ont échappé à leur terrible destin, car celui-ci atteignait chaque district l’un après l’autre. Au même moment, les Juifs rassemblés dans le camp [Ghetto] de Lodz, atteints ou supectés d’être atteints du typhus, ont été conduits à Kulmhof.

Quand il n’y eut plus de Juifs dans les villages environnants, d’autres furent amenés par le chemin de fer ordinaire jusqu’à Kolo. De là, ils marchaient jusqu’à un vieux bâtiment près de la forêt de Powierzy [Powiercie], d’où les Juifs étaient transportés à Kulmhof en camions.

Durant le rigoureux hiver 1941/1942, il y eut des scènes horribles. J’ai vu un convoi de ces malheureux traversant Kolo, des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées. Un véhicule tiré par un cheval fermait la colonne, de toute évidence destiné à ramasser ceux qui étaient incapables de marcher. À proximité du bureau de poste, j’ai vu une femme qui portait dans ses bras un nourrisson, probablement âgé de quelques mois seulement ; elle a trébuché et est tombée. L’enfant devait être déjà à moitié gelé parce que je n’ai pas entendu le moindre cri. Un membre de l’escorte s’est emparé de l’enfant par une jambe et l’a jeté sur le véhicule comme un morceau de bois.

Certains, dont les genoux tremblaient de peur et de froid et qui ne parvenaient pas à suivre le convoi, étaient poussés en avant à coups de crosse de fusil.

J’ai vu deux jolies jeunes filles bien habillées qui tenaient une femme émaciée entre elles. C’était probablement leur mère. Toutes deux traînaient la femme avec difficulté. Lorsqu’elle n’a plus pu avancer davantage et s’est effondrée sur la route, les deux jeunes filles se sont efforcées de la remettre sur pied. Ce faisant, elles se sont retrouvées un peu en arrière des autres. L’un des gendarmes de l’escorte a immédiatement bondi vers le groupe en hurlant: «Vous, espèces de sales Juives, vous voudriez peut-être une voiture?»

Pendans plusieurs nuits je me tournais et me retournais d’angoisse dans mon lit sans parvenir à dormir. Encore et encore j’avais cette image terrible devant les yeux.

Les gens se tenaient silencieux dans les rues et contemplaient ce triste convoi. Allemands et Polonais. Je ne parviens pas à comprendre que ces gens n’aient pas tous hurlé leur indignation et chassé ces animaux [les gendarmes].

Mais ai-je droit de m’en étonner? Je n’ai moi-même rien fait. Un mot de travers signifiait la mort. Toute justice avait disparu du Warthegau. Le bavard aurait été immédiatement interpellé par le Sonderkommando et mis à mort sur le champ.

Mais je sais une chose, c’est que je ne croirai plus jamais en Dieu, si ce régime devait gagner cette guerre.

Plus tard, probablement pour soustraire ces scènes à l’attention du public, les gens étaient emmenés de la gare de Koło au domaine de Powierzy par le chemin de fer à voies étroites, débarquées ici et emmenés dans le bâtiment isolé mentionné plus tôt.

Un jour, alors que j’avais à faire à l’administration de Powiercie, j’ai traversé le parc domanial jusqu’à l’aire de déchargement du chemin de fer à voie étroite et, debout derrière une haie, j’ai observé un moment ce qui se passait. Les gens étaient rassemblés en colonne sur le chemin de terre à l’arrière du domaine. Des malades étaient allongés dans l’herbe près de la voie ferrée. D’autres personnes les aidaient, leur apportaient à boire et tentaient d’alléger leurs souffrances. Lorsque la colonne fut formée, deux policiers sont apparus et firent lever les malades à coups de crosse. L’un de ceux qui s’était porté au secours des malades lança, indigné: «Même le bétail, on ne le traite pas ainsi». A la langue qu’il avait utilisée je sus qu’il s’agissait d’un Allemand. L’un des agents leva son pistolet en direction du protestataire. Je crus qu’il voulait seulement lui faire peur, mais soudain un coup de feu retentit. L’homme s’effondra. Il tenta de se relever mais retomba et resta allongé la tête sur les rails. Du sang rouge vif et mousseux coulait de sa bouche. Terrifiés, les malades se mirent péniblement debout et titubèrent vers la colonne. L’un d’eux n’y parvint pas et retomba. Un autre coup de feu, et lui non plus ne se reléva plus.

Les agents firent sortir quatre Juifs de la colonne. Ils durent charger ceux qui avaient été abattus dans le camion garé à proximité. J’entendis un agent dire alors: «Bande de sales porcs».

Au printemps 1942, j’ai été officiellement promu à l’office provincial des forêts de Posen Là, j’ai été informé que je devrais me présenter au bureau du procureur du Reich, au SS-Oberführer Dr. Mehlhorn. Je m’y suis rendu. Le SS-Oberführer Dr. Mehlhorn m’a dit que je devais savoir ce qui se passait à Kulmhof. Alors, il a de nouveau souligné la nécessité du secret absolu, faute de quoi la peine de mort serait inévitable. Puis il m’a dit que le chef du Sonderkommando, le SS-Sturmbannführer Bothmann avait reçu pour instruction de me contacter pour le reboisement des lieux des fosses à cadavres aménagées dans le secteur 77. Mehlhorn m’a dit que ces tombes devaient être camouflées de la façon la plus sûre en toutes circonstances. Il a ajouté: «Dans le pire des cas, nous devrons prétendre qu’il s’agit de Volksdeutsche assassinés».

Soudain, à ces propos, je réalisai clairement comment Goebbels était arrivé à 60 000 Volksdeutsche assassinés. Les photographies et images de Volksdeutsche abattus publiées dans les journaux illustrés étaient pour la plupart des Polonais et des Juifs qui avaient été abattus dans les bois.

Un jour, le forestier en chef Kranold de l’Office des forêts de Posen, me dit que 30 000 Polonais avaient été abattus dans les bois du district sous son autorité.

Mehlhorn m’a aussi dit que le secteur 77 devait être entourée d’une clôture à poteaux. Le camouflage était des plus urgents et devait être effectué immédiatement.

Apparemment, l’ordre venait des plus hautes autorités. C’était peut-être lié à Katyn. Mais c’est juste mon hypothèse.

Après quelques jours, le chef du Sonderkommando, le SS-Sturmbannführer Bothmann, vint me voir pour discuter avec moi des travaux de camouflage. Je vis que Bothmann portait la Croix du Guerre de Première Classe [Kriegsverdienstkreuz I Klasse mit Schwertern].

Je roulais avec Bothmann vers le secteur 77 et j’étais terrifié en pénétrant pour la première fois en ces lieux épouvantables.

Dans l’une des clairières agrandies par déboisement, je vis d’abord une fosse [une tombe] d’environ 200 mètres de long sur 5 mètres de large. La fosse est recouverte d’un monticule de terre d’environ 2 mètres de haut. Un peu pus loin se trouve un fosse identique longue d’environ 50 mètres. Dans une autre clairière, il y avait une autre fosse d’environ 150 mètres de long. Cette fosse était recouverte sur les 3/4 de sa longueur. La partie de mon côté était toujours ouverte. Je n’ai pas osé y aller et jeter un coup d’œil. Peu après, un camion cadenassé est apparu, en marche arrière jusqu’à l’endroit ouvert de la fosse.

On ouvrit le camion et je vis un tas de corps nus s’en échapper. J’étais à environ 80 mètres du véhicule. Un groupe de travailleurs torses nus sous l’autorité d’un des policiers, se sont précipités pour jeter les corps dans la fosse. Bothmann me dit qu’ils étaient strictement placés sans quoi on ne pouvait en mettre assez. Perpendiculairement à cette fosse, une excavatrice à moteur et bande convoyeuse creusait une autre fosse. Une convoyeuse motorisée était également utilisée pour couvrir les fosses de terre.

Environ 30 personnes travaillaient là, jeunes et d’âge moyen. Ils travaillaient tous torse nu.

Bothmann me dit qu’il changeait de travailleurs chaque semaine. On s’en «débarassait» [umgelegt est une expression idiomatique imagée pour «tuer»] et il était constamment à la recherche de nouveaux travailleurs parmi les Juifs nouvellement arrivés. Les travailleurs étaient attachés aux chevilles par de minces chaînes d’acier de sorte qu’ils pouvaient marcher mais pas courir.

Bothmann raconta qu’il arrivait souvent que ces hommes lui demandent de les tuer après un ou deux jours car ils n’étaient plus capabable d’accomplir un tel travail. Dans ce cas, on leur dessinait une croix rouge au crayon dans le dos. C’était un signal pour que les gardes leur tirent dessus le soir-même. Ils devaient s’allonger face contre terre et étaient tués d’une balle dans la tête. Bothmann réservait la même croix rouge à ceux qui ne travaillaient pas avec suffisamment d’empressement. Je vis les travailleurs manger du pain sec pendant une pause. A la fin de la pause, ils furent remis au travail à coups de bâtons.

Un homme en uniforme de capitaine a traversé la place et a donné son nom. Je ne l’ai pas retenu. L’homme avait le visage bouffi d’un ivrogne et d’un débauché. Il portait aussi la Croix du Guerre de Première Classe [Kriegsverdienstkreuz I Klasse mit Schwertern]. Bothmann m’a dit qu’il était responsable du «travail» dans le château. Lui, Bothmann, supervisait l’ensemble.

Le capitaine de la police déclara qu’il avait donné des instructions strictes pour fermer les voitures avec un cadenas avant de quitter le château. Un jour, en chemin, les portes arrière se sont ouvertes et les «petits pains chauds» [„warmen Brötchen”] sont tombés sur la route. Bien que la route ait été immédiatement fermée, la population civile pu voir bien des choses et c’est ainsi que l’information s’est diffusée dans le public.

Il y avait des gardes avec des fusils et des mitraillettes partout dans les clairières. Bothmann me confia que c’étaient d’excellents tireurs. Il a ajouté qu’il était arrivé à plusieurs reprises que certains tentent de s’enfuir. Mais ils n’allaient pas loin avant que la balle d’un de ces excellents tireurs ne les frappe. Un soir, l’appel précédent le départ révéla qu’il manquait un travailleur. Les gardes assurèrent que personne ne s’était échappé. Après une longue recherche, on le découvrit couché sous un tas de broussailles. Bien sûr, il a été tué immédiatement.

J’ai commandé une grande quantité de graines de genévriers chez un grainetier pour ensemencer l’endroit. Entre temps des pins et des bouleaux devraient être plantés.

Je ne pus m’empêcher de raconter à ma femme ce que j’avais vu et entendu. Elle me reprocha le lendemain de le lui avoir dit, que désormais elle ne pourrait plus dormir. J’étais désolé de ne pas avoir gardé le silence. Mais il fallait que j’en parle à quelqu’un.

En compagnie de Bothmann, il y avait un autre homme en uniforme de sergent-chef [Hauptwachtmeister] nommé Plaate, qui me donnait une très désagréable impression de sournoiserie.

Quand j’ai revu les fosses avec Bothmann lors de la construction d’une clôture de bois à l’été 1942, une odeur forte, doucâtre et dégoûtante se répandait partout. J’ai dû me boucher le nez et je quittai cet endroit aussi vite que possible. Bothmann me montra des renflements de terre arrondis qui s’étaient formées sur les longues fosses, au dessus desquelles on voyait flotter des nuages de vapeur que le soleil faisait briller. Bothmann me dit que 250 000 personnes y avaient déjà été ensevelies et que 100 000 autres allaient l’être bientôt.

Un jour, Bothmann s’est présenté au bureau forestier et m’a dit qu’il avait reçu l’ordre d’une haute autorité de brûler tous les corps. Il avait ordonné l’ouverture de certaines fosses et essayé de brûler les corps avec des bombes thermites. Il voulait à présent essayer avec du bois de chauffage et en exigeait de grandes quantités. L’utilisation de bombes de thermite avait provoqué un incendie qui avait détruit une partie de la forêt qui camouflait les fosses. Les arbres calcinés ne pouvaient être retirés car il aurait alors été possible de voir les fosses depuis la route.

Je fis la demande de bois de chauffage auprès de l’Office national des forêts [Landesforstamt] qui me le fis remettre à Bothmann.

J’ai d’abord fait livrer toutes sortes de jeunes troncs et de grandes quantités de branchages. Ce n’était pas suffisant et je dus livrer du bois massif. La consommation est finalement devenue si importante que je fus obligé de faire abattre des secteurs entiers avec des stocks plus rares! Il semble qu’au plus haut niveau, on accordait la plus grande importance à une action rapide, puisque la crémation s’effectuait jour et nuit.

Une odeur horrible a flotté sur toute la région pendant des mois. Avec un vent d’ouest, on pouvait percevoir l’odeur nauséabonde jusqu’à la maison forestière de Bilice. C’est à peu près 15 km à vol d’oiseau des fosses.

Lors de la fabrication de la clôture, j’ai eu une conversation avec un sergent-chef des policiers. Si je me souviens bien, il s’appelait Lenz. Il donnait l’impression d’un homme simple et honnête. Je voulais savoir comment lui-même, qui avait été impliqué dans cette terrible activité pendant de nombreux mois, s’en tirait. Il a parlé de cette entreprise comme s’il accomplissait le travail le plus décent et le plus honnête qui soit. Il m’a dit, entre autres choses, que lors du premier hiver rigoureux de 1941-1942, c’était très difficile, car la terre était alors complètement gelée et il n’y avait ni excavatrice ni moteur. Au début, les malades atteints du typhus avaient été éliminés. Ces malades ne pouvaient pas être utilisés pour décharger les cadavres car ils étaient trop faibles. Il ne restait plus rien d’autre à faire qu’à faire travailler les garçons de 14 à 16 ans. Pour éviter la contagion, ils ont dû y travailler sans vêtements. On a mesuré des températures inférieures à moins 20 degrés Celsius à ce moment-là. À l’ouverture des camions, les garçons à moitié gelés montaient à l’intérieur et s’allongeaient sur les cadavres encore chauds pour se réchauffer. Il devait les en chasser avec une matraque.

Le profane pourrait penser que seul un fou ferait de telles descriptions. Mais je peux vous assurer que je suis prêt à répéter toutes ces déclarations sous serment

Lors de ma deuxième visite aux fosses, j’ai pris un petit appareil photo pour réaliser furtivement des photos sur la place. Cependant, il fut impossible de réaliser mon projet car, quelque fut la position, un tireur d’élite vous observait et son exécution aurait inévitablement entraîné la mort. J’ai pensé au secrétaire de Chełmno [qui avait disparu pour avoir mentionné les événements dans une lettre].

J’ai longtemps cru qu’Hitler n’avait pas connaissance de ces terribles crimes, jusqu’à ce qu’il se vante, dans un discours à destination du monde entier au Reichstag, qu’il avait exterminé les Juifs dans toute l’Europe ou qu’il continuait à les exterminer. Jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité un crime d’une telle ampleur n’avait été commis sur terre.

A Koło, dans le restaurant «Riga», quelques soirées entre camarades du Sonderkommando ont été organisées, en présence du Gauleiter Greiser lui-même. L’alcool coulait à flots. Il y avait profusion de tabacs. Greiser a accordé à chacun un congé spécial et une prime pour les vacances.

Après de nombreux essais, l’incinération des cadavres a été réalisée dans un trou circulaire dans la terre d’environ 4 mètres de diamètre et d’environ 3 mètres de profondeur, renforcé de pierres sur les cotés. Un violent foyer a été allumé dans le trou et les corps y étaient simplement jetés. Les os les plus longs non incinérés étaient retirés et réduits en poussière par un broyeur à meule motorisée installé dans une baraque en bois. Je ne sais pas ce qu’on a fait de cette farine d’os. Il dut y en avoir de grandes quantités.

Lors de ma dernière visite au fosses, là où les graines de genévriers avaient été semées, Bothmann m’a montré le moulin à os [le broyeur à meule dont il est question ci-dessus]. Il y avait un certain nombre de sacs remplis dans les baraques. Bothmann a dit à l’un des hommes qui y était posté: «Izig, sors une poignée de farine du sac». Le vieil homme se précipita vers un sac et apporta deux mains pleines de farine d’os blanc comme neige, finement moulue. Bothmann lui demanda: «Sais-tu ce que c’est?» L’homme restait silencieux et Bothmann a dit: «Ce sont tes frères de race». L’homme dit doucement, résigné: «Et donc, qu’est-ce qu’on peut y faire?» J’ai entendu à sa façon de parler qu’il était lui aussi allemand.

Au cours de cette conversation, j’ai entendu des coups feu à l’autre bout des fosses, là où le feu brûlait toujours. Lorsque j’y suis passé, je vis 5 personnes qui venaient d’être abattues à côté du trou du foyer. Ils gisaient allongés sur le dos. Un mince filet de sang coulait sur leur visage. Ils avaient été tués d’une balle dans la tête.

Alors que brûlaient les corps dans les fosses à ciel ouvert, l’un des hommes chargé de jeter les corps dans le foyer a soudainement sauté dans les flammes, sans doute pris de folie. L’un des policiers à proximité a crié «Tirez, tirez». Peut-être que c’en était un qui avait encore une minuscule étincelle d’humanité en lui. Un autre a crié: «Ne tirez pas, voyons combien de temps il crie». Montre en main, on a pu voir combien de temps l’homme a crié jusqu’à ce qu’il se taise. (Déclaration personnelle de Bothmann; témoin: Becht, administrateur et directeur de district).

Toutes ces bêtes sauvages, on ne peut les appeler autrement, avaient été des gens ordinaires. Enfants, ils priaient le Seigneur avec leur maman, ont reçu une instruction religieuse et reçu la confirmation.

Qu’en a fait le national-socialisme? Dans l’ancien château de Chełmno, 250 000 citoyens allemands et polonais ont été assassinés. Cela s’est passé ainsi:

Après s’être déshabillés, les gens étaient conduits selon leur sexe dans une pièce, où on leur disait de se déshabiller pour prendre un bain. Puis, après d’être déshabillés, ils étaient entassés, serrés les uns contre les autres, dans une petite pièce voisine éclairée par une petite ampoule électrique. Ensuite les deux portes de la pièce étaient verrouillées et la lumière éteinte. Cette petite pièce n’était autre que le camion spécialement construit à cet effet. Dans le véhicule il y avait des bouteilles de monoxyde de carbonne qu’on diffusait dans le camion en ouvrant une soupape.

Les premières personnes à avoir pénétré dans cette petite pièce étaient probablement convaincues d’entrer dans une salle de bains primitive. Cependant, ceux qui sont arrivés plus tard étaient bien conscients de ce qui les attendait. D’après ce qu’a raconté Plaate, ils devaient parfois être poussés dans la pièce à coups de matraques.

Bothmann m’a un jour raconté qu’en période de forte activité, ils «crevaient» 3000 personnes par jour. Est-ce que tous ces gens étaient vraiment morts quand ils étaient jetés dans les fosses? Personne ne peut répondre à cette question.

Quand les fosses furent toutes vidées et que les travailleurs juifs eurent semé les graines de genévriers, des pins et des bouleaux plantés, on se «débarassa» de tous ceux qui étaient encore en vie. Le Sonderkommando se retira alors, à l’exception de quelques hommes. On fit sauter l’ancien château de Kulmhof et on rasa tout jusqu’au sol, les pierres furent débarrassées et les débris nivelés de telle sorte qu’une personne non initiée ne puisse imaginer qu’un grand bâtiment s’était tenu là. Peut-être qu’à cet endroit ou un quart de million d’êtres humains ont perdu la vie, un mémorial sera un jour érigé afin de nous souvenir d’une des événements les plus terribles de l’histoire de l’humanité.

Au printemps 1944, Bothmann réapparut soudain avec le Sonderkommando et demanda à nouveau de très grandes quantités de bois de chauffage. Les victimes ont été à présent conduites à proximité immédiate des fosses par le chemin de fer à voie étroite après la réparation d’un pont de chemin de fer qui avait sauté. Le gazage avait lieu sur le site même. Je n’ai pas connaissance de tous les détails, car je n’avais pas accès à l’endroit. Le Kommando ne s’appelait plus Sonderkommando Kulmhof, mais Sonderkommando Bothmann, comme l’indiquait l’entête des formulaires.

Je mentionne ici un autre un incident qui s’est produit lors des assassinats par gaz près des fosses en 1944 et qui met en lumière toute la brutalité animale de Bothmann.

Une jeune femme qui devait entrer dans la pièce de gazage se met à hurler et à pleurer sans s’arrêter:

«Je ne veux pas être gazée, je préfère être abattue».

«ça c’est possible, ma fille», dit Bothmann qui leva son pistolet et l’abattit.

Une vieille femme accompagnée de sa fille, terrorisée et horrifiée, l’air anéanti, implore qu’on les laisse se suicider. Elle demande une corde. Bothmann lui jette un soutien-gorge extrrait d’un des tas de vêtements qui traînaient alentour. La fille se couche sur le sol et sa mère enroule le tissu autour de son cou. Lorsqu’elle commence à serrer, la fille se met à hurler de terreur. Bothmann et ses bourreaux regardaient la scène avec un rictus diabolique. Alors Bothmann a dit: «Et bien, nous sommes plus humains que ça, alors montez dans le camion!» (Déclarations personnelles de M. Bothmann ; témoin: Becht, administrateur de district et directeur de district).

Comme je l’ai déjà mentionné, le supérieur direct du Sonderkommando Bothmann. Son supérieur et son principal responsable était le SS-Oberführer Ramzoch [en fait Damzog]. J’ai essayé à plusieurs reprises, dans les cercles de hauts fonctionnaires, de parler de cet horrible processus d’anéantissement. L’indifférence ostensible qu’on m’y opposait m’est incompréhensible. Peut-être que cette indifférence était un masque derrière lequel se tenait la peur de se trahir et d’affronter un tribunal. Toute justice a disparu depuis longtemps du Warthegau. Seule la loi des ordres donnés par Greiser et ses bourreaux existait.


Original

Kapitel III
Der große Judenmord

Im Herbst 1941 teilte mir der in der Försterei Ladorudz stationierte Revierförster Staegemeir mit, dass in Kulmhof (Chelmo) ein Sonderkommando eingetroffen sei, welches Brennholz beantragt habe. Staegemeir machte bei der Mitteilung ein merkwürdig ernstes Gesicht, was ich zunächst nicht weiter beachtete. Da der Reichsmarschall Goering zu einer Treibjagd in den Kreis Kolo kommen sollte nahm ich an, es handelt sich um ein zum Schutze des Reichsmarschalls eingetroffenes Kommando. Ich sagte dem Beamten er solle das Brennholz abgeben.

Einige Zeit später fuhr ich mit dem Landrat und Kreisleiter Becht von Kulmhof nach Kolo. Als wir durch den Wald fuhren sagte Becht, mit der Hand nach der Abteilung 77 deutend: Bald werden Ihre Bäume besser wachsen. Als ich ihn darauf fragend ansah antwortete er, die Juden geben einen guten Dung. Ich wollte Näheres wissen, Becht tat aber sehr geheimnisvoll und fing ein anderes Gespräch an.

Ich habe lange über die geheimnisvollen Andeutungen nachgedacht, fand aber keine Erklärung dafür.

Einen aufdämmernden Verdacht, dass hier eine furchtbare Aktion gegen die Juden durchgeführt werden sollte, wies ich vor mir selbst zurück, da der gesunde Menschenverstand hier nicht mitmachen konnte. Mir fiel wieder das Benehmen des Revierförsters Staegemeir ein, aber ich fand keinerlei Erklärung dafür und versuchte die Sache zu vergessen. Ich kannte ja noch nicht das nationalsozialistische Regime in seiner ganzen Brutalität und Grausamkeit.

Einige Wochen später kam mein jüngster Sohn von der Schule auf Urlaub. Ich nahm ihn auf einer Dienstfahrt, welche über Kolo und Kulmhof führte mit. Bei dem Jagen 77 (die Strasse führt an der Nordgrenze des Jagens vorbei) lag ein grosser, verschlossener Lastkraftwagen im Graben. Ein zweiter Wagen war davorgehaengt und versuchte den Wagen wieder auf die Strasse zu ziehen. Die Strasse wa hierbei gesperrt. Mein Sohn stieg aus dem Wagen und ging zu den Männern, welche in Polizeiuniform gekleidet, mit den Fahrzeuge beschäftigt waren. Ich hörte kurz darauf, dass mein Sohn von den Beamten angeschnauzt wurde, stieg aus und begab mich ebenfalls zu den Fahrzeugen. Der im Graben liegende Wagen war ein etwa 4m langer und 2 m hoher auf der Rückseite mit einer eisernen Schiene und einem Vorhaengeschloss verschlossener Wagen. Ein eigentümlicher, unangenehmer Geruch strömte von dem Wagen und den Männern aus.

Auf meine Frage, ob die Strasse bald wieder frei sein würde, wurde mir in unfreundlicher Weise geantwortet, sie würden mit dem Fahrzeug etwas zur Seite fahren und ich solle sehen, dass ich weiter komme {durchkomme}.

Einige Tage später war mein Sohn in Kolo. Bei seiner Rückkehr sagte er mir, dort würden die Juden durch Gendarmeriebeamte zusammengetrieben und mit Lastwagen weggefahren. Mir fiel sofort wieder die Äusserung von Becht ein und ich hatte nun keinen Zweifel mehr, dass sich im Walde von Ladorudz jenes Furchtbare abspielen würde, was ich bei dem ersten auftauchenden Verdacht nicht glauben konnte.

Auf eine sofortige telephonische Anfrage bei dem Revierförster Staegemeir was in seiner Försterei los sei, sagte mir der Gendarmerie Beamte das Jagen 77 sei durch Gendarmerie vollkommen abgesperrt. Als er bei einem Dienstgang in die Naehe der Posten gekommen sei, haben ihm diese bedeutet, sofort umzukehren und diesen Ort zu verlassen, da er andernfalls mit Erschiessung zu rechnen habe.

Die Posten hatten den Auftrag auf jeden Menschen, der sich der Abteilung 77 nähere, zu schiessen.

Weiter konnte mir Staegemeir am Telefon nichts sagen. Ich forderte ihn aufzu Hause zu bleiben und fuhr sofort mit meinem Wagen zu seiner Dienststelle.

Auf der Strasse sah ich weitere verschlossene Wagen welche gerade in die Abteilung 77 einbogen. Bei der Abteilung 77 handelt es sich um einen dichten Kiefernwald und Jungbestand von etwa 12 bis 15 Jahren.

Staegemeir erklärte mir, dass in Kulmhof eine starke Gendarmerieabteilung untergebracht sei. Das an dem Westausgang von Kulmhof stehende alte Schloss sei mit einem hohen Bretterzaun umgeben worden. Am Eingang stuenden Gendarmerieposten mit Gewehr. Ununterbrochen führen Lastautos mit Juden in den Hof des Schlosses und in gleicher Reihenfolge führen wieder diese hohen, völlig verschlossenen Wagen von dem Schlosse nach dem Jagen 77.

Auf meine Frage, was dieses denn alles zu bedeuten habe zuckte Staegemeir mit den Achseln und sagte, er wisse es nicht. Ein Gerücht laufe um, dass in diesem Schlosse Juden mit Gas vergifter und in der Abteilung 77 begraben würden. Es sei dieses ein Gerücht. Ob es der Wahrheit entspreche, wisse er nicht, bat mich aber dringend über die Sache zu keinem Menschen zu sprechen, da jeder, der davon rede, sofort erschossen würde.

Auf der Rückfahrt zum Forstamt fuhr ich über Kulmhof und fand die Angaben Staegemeirs bezueglich des Bretterzaunes und der Posten bestätigt. In Kulmhof selbst standen hintereinander mehrere Lastwagen, welche mit Tüchern provisorisch verkleidet waren. Auf den Wagen befanden sich dicht gedrängte Männer, Frauen und auch Kinder. Als ich einen Augenblick verhielt, kam sofort ein Gendarm auf mich zu und sagte im groben Ton das Halten sei verboten, ich solle sofort weiterfahren. Die Beamten machten keinen guten Eindruck, sie sahen roh und grausam aus.

Bei meinem kurzen Halten hatte ich gesehen, dass der vordere Lastwagen an den Bretterzaun fuhr worauf die beiden Posten das Tor öffneten. Der Wagen verschwand im Schlosshof, unmittelbar darauf verliess ein anderer verschlossener Wagen den Hof und fuhr in der Richtung nach dem Wald, worauf die beiden Posten das Tor sofort wieder verschlossen.

Es bestand nun nicht mehr der geringste Zweifel, dass sich hier etwas in der Menschheit noch nie dagewesenes Grauenvolles abspielte.

Viele Nächte konnte ich nicht schlafen. Ich hatte auch keinen Menschen mit dem ich mich dadarüberrueber unterhalten konnte. Soviel war mir klar, dass Becht über diese Vorgänge unterrichtet war. Er würde auch als Zeuge wichtige Aussagen machen können.

Ich war empört darüber, dass man einen Teil meines Forstamtes absperrte ohne mich zu fragen oder auch mir überhaupt nur eine Mitteilung davon zu machen und teilte dieses dem Inspektionsbeamten bei seiner nächsten Anwesenheit im Forstamt mit. Auch er fand dieses Verhalten empörend und riet mir, mich beim Landrat zu beschweren. Er selbst wolle die Sache dem Landforstmeister in Posen vortragen.

Ich selbst sah von einer Beschwerde beim Landrat ab, da ich mir nach der stattgefundenen Unterhaltung keinerlei Erfolge davon versprach. Ich wartete vielmehr ein Einschreiten des Landesforstamtes ab. Aber auch von dort hörte ich nichts mehr. Ich war mir klar dass das, was hier geschah, von hohen Dienststellen veranlasst wat.

Bei meiner nächsten Anwesenheit in der Försterei Ladorudz unterhielt ich mich eingehend mit Staegemeir über die Vorgänge und fragte ihn, ob er noch etwas erfahren habe.

Staegemeir teilte mir mit, dass der Sekretär des Amtskommissars von Kulmhof (das Gebäude befand sich in der Nähe des alten Schlosses) von dem Kommando verhaftet und spurlos verschwunden sei. Er solle von den Vorgängen etwas in einem Brief geschrieben haben.

Ich fuhr auf dem Rückweg wieder durch Kulmhof, obwohl dieses für mich einen Umweg bedeutet, und sah im Vorbeifahren, dass die Türen der neben dem Schlosse gelegenen katholischen Kirche weit geöffnet waren und in der Kirche grosse Haufen von getragenen Kleidungsstücken lagen. Das übrige Bild war dasselbe wie ich es vorher gesehen hatte. In Kulmhof selbst eine Reihe von Omnibussen vollgepfercht mit Menschen und auf der Strasse nach dem Walde die verschlossenen grossen Lastkraftwagen. Überall lag in der Luft der gleiche widerliche Geruch, den ich zuerst bei dem umgestürzten Wagen wahrgenommen hatte, Wie ich viel später erführ war es ein Schutzmittel gegen Flecktyphus.

Um das Schloss herum und in Kulmhof selbst wohnten deutsche und polnische Bauern welche ihrer Arbeit nachgingen und die geheimnisvollen Vorgänge täglich beobachteten.

Das Gebäude des Amtskommissars war inzwischen geräumt und von einem Teil des Sonderkommandos bezogen worden.

Bei dieser zweiten Fahrt durch Kulmhof sah ich vier junge Menschen welche an den Knöcheln mit dünnen Stahlketten gefesselt waren und von einem Gendarmerie-Beamten mit Gewehr begleitet wurden. Die vier Menschen waren abgemagert und trotteten mit stumpfsinnigem Gesicht über die Strasse.

In der Bevölkerung sprach man über das, was sich im Inneren des alten Schlosses abspielte kein Wort und doch war es ein öffentliches Geheimnis geworden, was sich hier abspielte.

Von dem Sonderkommando wurden grosse Saufgelage durchgeführt. Schnaps und Cognac floss in Strömen.

Es wurden zunächst die im Kreise Kolo befindlichen Juden umgebracht. Viele flüchteten in andere Kreise, aber dem grauenvollen Schicksal entgingen ja nur wenige, da ja ein Kreis nach dem anderen an die Reihe kam. Zugleich wurden die im Lager Lodz zusammengepferchten Juden, welche Flecktyphuskrank oder verdächtig waren, nach Kulmhof gebracht.

Als sich in den umliegenden Dörfern keine Juden mehr befanden erfolgte der Abtransport mit der Vollspurbahn bis Kolo. Von dort ging es im Fussmarsch zu einem alten Gebäude bei dem Gutswald Powierzy [Powiercie], von wo die Juden mit Lastkraftwagen nach Kulmhof befördert wurden.

In dem strengen Winter 1941/1942 gab es grauenvolle Bilder. Ich sah einen Zug dieser unglücklichen Menschen durch Kolo marschieren, Männer, Frauen, Kinder und Greise. Hinter der Kolonne fuhr ein Pferdewagen, welcher anscheinend die Marschunfähigen aufnehmen sollte. Ich sah in der Nähe des Postamtes, wie eine Frau, die ein kleines, anscheinend erst einige Monate altes Kind auf dem Arm trug, ausglitt und hinfiel. Das Kind war wohl schon halb erfroren, denn ich hörte kein Schreien. Ein Mann von der Begleitmannschaft packte das Kind an einem Bein und schleuderte es wie ein Stück Holz auf den Wagen.

Einige, denen vor Angst und Kälte die Knice schlotterten und mit dem Zuge nicht mehr richtig Schritt halten konnten, wurden durch rohe Kolbenstösse vorwärts getrieben.

Ich sah zwei hübsche gutgekleidete Mädel, welche eine abgemagerte Frau in ihre Mitte genommen hatten. Es war wohl ihre Mutter, Die beiden Mädel schleppten die Frau mühsam weiter. Als es nich mehr ging und die Frau auf der Strasse zusammenbrach, bemühten sich die beiden Mädel um sie wieder auf die Beine zu bringen. Dabei blieben sie etwas hinter dem Zug zurück. Einer der begleitenden Gendarmen sprang sofort auf die Gruppe zu und schrie: »Dreckiges Judenpack. ihr wollt wohl gefahren sein.«

Viele Nächte wälzte ich mich ruhelos auf meinem Lager. Ich konnte nicht schlafen. Immer wieder stand dieses furchtbare Bild vor meinen Augen.

Stumm stehen die Menschen auf den Strassen und sehen diesem traurigen Zuge nach. Deutsche und Polen. Ich kann es nicht verstehen dass diese Menschen nicht alle aufschreien in wilder Empörung und diese Bestie auseinanderschlagen.

Aber habe ich ein Recht mich darüber zu wundern. Ich selbst tue ja auch nichts. Ein falsches Wort bedeutet den Tod. Eine Rechtssprechung hat im Warthegau aufgehört. Der Betreffende wird von dem Sonderkommando geholt und bleibt für alle Zeiten ausgelöscht.

Aber eines weiss ich, ich werde nie mehr an einen Herrgott glauben, wenn dieses Regime diesen Krieg gewinnen sollte.

Später wurden, wohl um der Öffentlichkeit diese Bilder zu entziehen, die Menschen von dem Bahnhof Kolo aus mit der Kleinbahn bis zu dem Gut Powierzy gefahren, hier ausgeladen und in das vorher erwähnte, einsam gelegene Haus gebracht.

Als ich einmal dienstlich bei der Gutsverwaltung Powierzy zu tun hatte, ging ich durch den Gutspark zu der Ausladestelle der Kleinbahn und beobachtete das Treiben, hinter einer Hecke stehend einige Zeit. Die Menschen wurden auf einem Feldweg hinter dem Gut zu einem Zuge zusammengestellt. Einige Kranke lagen neben dem Kleinbahngeleise im Gras. Sie wurden von anderen betreut, die ihnen etwas zu trinken brachten und versuchten ihnen Erleichterung zu verschaffen. Als der Zug zusammengestellt war, erschienen zwei Gendarmerie-Beamte und trieben die Kranken mit Kolbenstössen auf. Einer, welcher sich um die Kranken bemüht hatte, ruft empört: „So geht man ja nicht mit Vieh um”. An der Sprache hörte ich, dass es ein Deutscher war. Der eine Beamte hebt die Pistole gegen den Rufenden. Ich denke er will ihm Angst machen, aber da fällt auch schon der Schuss. Der Mann fällt zusammen. Er versucht sich wieder zu erheben, fällt aber wieder um und bleibt mit dem Kopf auf dem Geleise ruhend. liegen. Hellrotes, schaumiges Blut quoll aus seinem Munde. Entsetzt raffen sich die Kranken auf und wanken zu dem Zuge. Einer schafft es nicht und fällt wieder hin. Wieder ein Schuss, auch er erhebt sich nicht mehr

Die Beamten holen vier Juden aus dem Zug. Sie müssen die beiden Erschossenen auf einen dabeistehenden Lastkraftwagen laden. Ich höre wie der eine Beamte sagt: „Dreckige Schweine”.

Im Frühjahr 1942 wurde ich dienstlich an das Landesforstamt Posen befördert [beordert?]. Dort wurde mir mitgeteilt, ich solle mich in der Reichsstatthalterei bei SS-Oberführer Dr. Mehlhorn melden. Ich begab mich dorthin. SS-Oberführer Dr. Mehlhorn sagte mir, ich wisse ja wohl, was in Kulmhof gemacht würde. Zugleich wies er mich nochmal auf strenge Geheimhaltung hin, da im anderen Falle die Todesstrafe unvermeidlich sein würde. Dann sagte er mir, dass der Leiter des Sonderkommandos SS-Sturmbannführer Bothmann, beauftragt sei, sich mit mir in Verbindung zu setzen zwecks Aufforstung der in der Abteilung 77 angelegten Gräberfelder. Mehlhorn sagte mir, diese Gräber müssten unter allen Umständen sicher getarnt werden. Er setzte noch hinzu: „Im schlimmsten Falle müssen wir auch die noch als ermordete Volksdeutsche ausgeben.”

Aus diesem Ausspruch wird mir klar, wie Goebbels zu den ermordeten 60 000 Volksdeutschen gekommen ist. Bei den Fotographien und in den Illustrierten Zeitungen veröffentlichten Bildern von erschossenen Volksdeutschen hat es sich zum grössten Teil wohl um Polen und Juden gehandelt, welche man in den Wäldern erschossen hat.

Oberforstmeister Kranold vom Landesforstamt Posen erzählte mir einmal, dass in den Waldungen seiner Inspektion 30 000 Polen erschossen worden seien.

Mehlhorn sagte mir noch, das Jagen 77 müsse mit einem Stangenzaun umgeben werden. Die ganze Tarnung eile sehr und müsse sofort durchgeführt werden.

Die Anweisung kam scheinbar von höherer Stelle. Vielleicht steht sie im Zusammenhang mit Katyn. Es ist dieses jedoch nur eine Vermutung von mir.

Nach einigen Tagen erschien der Leiter des Sonderkommandos, SS-Sturmbannführer Bothmann bei mir um die Durchführung der Tarnungsarbeiten mit mir zu besprechen. Ich sehe, dass Bothmann das Kriegsverdienstkreuz I. Klasse mit Schwertern trägt.

Ich fahre mit Bothmann zusammen nach dem Jagen 77 und betrete mit Grauen zum ersten Male diese furchtbare Stätte.

Auf einer Blösse, welche durch Abholzung erweitert war, sehe ich zunächst ein Grab von etwa 200 Meter Länge und 5 Meter Breite. Das Grab ist mit einem etwa 2 Meter hohen Erdaufwurf bedeckt. Etwas weiter befindet sich ein gleiches Grab von etwa 50 Meter Länge. Auf einer anderen, etwa 50 Meter abseits gelegenen Blösse befindet sich ein Grab von etwa 150 Meter Länge. Dieses Grab war etwa 3/4 seiner Länge bedeckt. Das mir abgewandte Ende war noch offen. Ich wagte nicht dorthin zu gehen und einen Blick hineinzuwerfen. Bald darauf erschien wieder ein verschlossener Wagen, welcher an die offene Stelle des Grabes furh und rückwärts bis dicht an das Grab heranstiess.

Der Wagen wurde geöffnet und ich sah einen Haufen nackter Menschenleiber herauskollern. Ich stand etwa 80 Meter von dem Wagen entfernt. Unter Führung eines Beamten eilten eine Anzahl beschäftigter Arbeiter mit nacktem Oberkörper hinzu um die Leichen in das Grab zu werfen. Bothmann sagte mir dass sie genau geschichtet würden, da sonst zu wenig hineingingen. Senkrecht zu diesem Grab arbeitete ein Bagger mit Motorantrieb und Förderband an der Ausschachtung eines weiteren Grabes. Das Abdecken der Gräber erfolgte ebenfalls mit einem durch Motor angetriebenen Förderband.

Auf dem Platz arbeiteten etwa 30 Menschen jungen und mittleren Alters. Sie arbeiteten alle mit entblösstem Oberkörper.

Bothmann sagte mir, dass er jede Woche die Arbeiter auswechsle. Sie würden „umgelegt” und er suche sich immer wieder neue Arbeitskräfte aus den neuantransportiert Juden. Die Arbeiter waren mit dünnen Stahlketten gefesselt an den Knöcheln, das sie gehen, aber nicht schnell laufen konnten.

Bothmann sagte, es komme öfter vor dass Menschen schon tel einem oder mehreren Tagen sagen würden, sie könnten die Arbeit nicht weiter ausführen und bäten um ihre Erschiessung. Er mache ihnen mit eiriem Rotstift ein Kreuz auf den Rücken. Das sei für die Wachmannschaft ein Zeichen dieselben abends zu erschiessen. Sie müssten sich mit dem Gesicht der Erde zugewandt auf den Boden legen und würden mit einem Kopfschuss von hinten erledigt. Ein Kreuz bekämen auch von ihm diejenigen, welche nicht fleissig arbeiteten, Ich sah die Arbeiter während einer Pause trockenes Brot essen. Mit Stöcken wurden sie nach Beendigung der Pause wieder zur Arbeit getrieben.

Über den Platz kam noch ein Mann in Hauptmannsuniform hinzu und nannte seinen Namen. Ich habe ihn nicht behalten. Der Mann hatte das aufgedunsene Gesicht eines Säufers und Wüstlings. Er trug ebenfalls das Kriegsverdienstkreuz I. Kl. mit Schwertern. Bothmann sagte zu mir, derselbe sei für die „Arbeit” im Schlosse verantwortlich. Er, Bothmann habe die Leitung des Ganzen.

Der Polizeihauptmann erzählte, dass er strenge Anweisung gegeben habe die Wagen vor der Ausfahrt aus dem Schloss mit einem Vorhängeschloss zu verschliessen. Unterwegs seien die rückwärtigen Türen aufgegangen und die „warmen Brötchen” seien auf die Strasse gefallen. Man habe die Strasse zwar sofort abgesperrt, aber die Zivilbevölkerung habe doch Verschiedenes gesehen und dadurch sei manches in die Öffentlichkeit gekommen.

Auf den Blössen standen überall Posten mit Gewehr und Maschinenpistolen. Bothmann sagte mir, es seien hervorragende Schützen. Er sagte weiter, es sei mehrmals vorgekommen, dass welche versuchten wegzulaufen. Aber sie seien nicht weit gekommen, da habe sie die Kugel dieser sicheren Schützen erreicht. Einmal habe abends beim Abmarsch bei der Abzählung einer gefehlt. Die Posten behaupieten niemand sei weggelaufen. Nach langem Suchen habe man entdeckt er habe unter einem Reisigbündel gelegen. Er sei selbstverständlich sofort umgelegt worden.

Ich bestellte bei einer Sammelstelle eine grössere Menge Ginstersamen um den Platz damit einzusäen. Dazwischen sollten Kiefern und Birken gepflanzt werden.

Ich konnte mich nicht enthalten, meiner Frau von dem Geschehenen und Gehörten zu erzählen. Sie sagte mir am nächsten Tage warum hast du mir das erzählt, jetzt kann ich nachts nicht mehr schlafen. Es tat mir leid, dass ich nicht geschwiegen hatte. Aber ich musste zu irgend einem Menschen einmal über die Dinge sprechen.

In der Begleitung von Bothmann befand sich noch ein Mann in der Uniform eines Hauptwachtmeisters namens Plaate, welcher einen sehr ungünstigen und verschlagenen Eindruck machte.

Als ich bei der Herstellung eines Stangenzaunes im Sommer 1942 mit Bothmann zusammen die Grabstätten wieder sah, lag Uber dem ganzen Platz ein widerlicher süsslich-starker Geruch. Ich musste mir die Nase zuhalten und verliess so schnell wie möglich wieder den Platz. Bothmann ziegte mir noch grosse runde Wülste, die sich auf den langen Gräbern gebildet hatten, aus diesen sah man im Sonnenschein bei genauem Hinsehen einen hellen Dunst aufsteigen. Bothmann sagte mir, dass 250 000 dort begraben lagen. Es gingen aber noch mindestens 100 000 auf den Platz.

Eines Tages erschien Bothmann auf dem Forstamt und sagte mir er habe von hoher Stelle Anweisung, sämtliche Leichen zu verbrennen. Er habe einen Tell der Gräber bereits freilegen lassen und versucht die Leichen mit Termit-Bomben zu verbrennen. Er wolle nun versuchen die Sache mit Brennholz durchzuführen und forderte grosse Mengen Brennholz. Bei dem Abbrennen mit Thermit-Bomben wurde ein Waldbrand verursacht bei dem ein Stück der das Gräberfeld umgebenden Dickung abbrannte. Die verkohlten Bestände durften nicht abgeholzt werden, da sonst ein Einblick auf das Gräberfeld von der Strasse her möglich gewesen wäre.

Wegen Abgabe des beantragten Brennholzes wandte ich mich an das Landesforstamt, wo mir bedeutet wurde, das Holz abzugeben.

Ich liess erst alle nur möglichen Jungbestände durchforsten und lieferte grosse Mengen Stangen und Astreisig. Dieses reichte jednoch nicht aus und ich musste Derbholz liefern. Der Verbrauch wurde schliesslich so gross, dass ich dazu überging Kahlschäge in selteren Beständen durchzuführen! An hoher Stelle legte man auf die schnelle Durchführung allem Anschein nach den grössten Wert, da die Verbrennung bei Tag und Nacht durchgeführt wurde.

Über der ganzen Umgebung lag monatelang ein furchtbarer Geruch. Bei Westwind konnte man den widerlichen Geruch bis zum Forsthaus Bilice wahrnehmen. Dieses liegt etwa 15 km Luftlinie von den Grabstätten entfernt.

Bei der Herstellung des Stansenzaunes unterhielt ich mich einmal mit einem Gendarnerie- Hauptwachtmeister. Wenn ich mich recht entsinne. hiess er Lenz. Derselbe machte den Eindruck eines einfachen biederen Mannes. Es interessierte mich, zu erfahren, wie er, der seit vielen Monaten bei dieser furchtbaren Beschäftiigung tätig war, zu der ganzen sache stünde. Er sprach von diesem Dienst so, als ob er die anständigste und ehrlichste Arbeit verrichtete. Er erzählte mir unter anderem, dass in dem ersten strengen Winter 1941/42 es sehr schwer sewesen sei, da damals die Erde sehr tief gefroren war und man noch keinen Bagger und Motor hatte. Zuerst seien damals die Flecktyphuskranken beseitigt worden. Zum Ausladen der Leichen habe man diese Kranken nicht verwenden können, da sie zu schwach waren. Es sei nichts anderes übrig geblieben, als zuletzt Jungen von 14 bis 16 Jahren dazu heranzuziehen. Sie hätten wegen Übertragung der Krankheit ohne Kleidung auf dem Platz arbeiten müssen. Es wurden zu der Zeit Temperaturen von 20 Grad Kälte und darunter gemessen. Bei der Öffnung der Wagen seien die halberstarrten Jungen in den Wagen geklettert und haben sich auf die warmen Leichen gelegt um Wärme zu finden. Mit einem Stock habe er sie heraustreiben müssen.

Der Laie wird vielleicht glauben die Niederschrift eiens Wahnsinnigen vor sich zu haben. Aber ich Kann nur versichern, dass ich bereit bin sämtliche Aussagen unter Eid zu wiederholen.

Bei meinem zweiten Betreten der Grabstätte nahm Ich einen kleinen Fotoapparat mit um auf dem Platz verstohlen einige Au!nahmen zu machen. Es wa,· mir Jedoch unmöglich mein Vorhaben durchzuführen da man, ganz gleich wo man stand, von einem Scharfschützen beobachtet wurde und die Durchftlhrun g unweigerlich den Tod bedeutet hätte. Ich dachte an den Sekretär von Kulmhof.

Ich hatte lange Zeit geglaubt, dass Hitler von diesen furchtbaren Verbrechen keine Kenntnis habe bis er sich dann in einer Reichstagsrede vor aller Welt brüstete die Juden In ganz Europa ausgerottet zu haben bzw. noch ausrotte. Es ist wohl noch nie in der Menschengeschichte ein Verbrechen von solchem Ausmass über die Erde gegangen.

In Kolo in der Gaststätte „Riga” wurden einige Male kameradschaftliche Abende des Sonderkommandos durchgeführt bei denen Gauleiter Greiser persönlich anwesend war. Der Alkohol floss dabei in Strömen. Rauchwaren waren unbeschränkt. Greiser gab Sonderurlaub jedem eine grössere Geldsumme für den Urlaub.

Die Durchführung der Leichenverbrennung erfolgte nach mancherlei Versuchen in einem etwa 3 Meter tiefen kreisrunden Erdloch von etwa 4 Meter Durchmesser, welches rundum mit Steinen ausgemauert war. In dem Loch wurde ein starkes Feuer errichtet und die Leichen einfach hineingeworfen. Die nicht verbrannten Röhrenknochen wurden herausgeholt und auf einer, in einer errichteten Holzbaracke aufgestellten Kunstmühle mit Motorantrieb zu Staub vermahlen. Wohin dieses Knochenmehl verbracht wurde, ist mir nicht bekannt. Es mussten grosse Mengen gewesen sein·

Bel meiner letzten Anwesenheit aur dem Gräberfeld bei welcher die Aussaat des Ginstersamens durchgeführt wurde, zeigte mir Bothmann die Knochenmühle. In der Baracke standen eine Anzahl gefüllter Säcke. Bothmann sagte zu einem der dort gefesselt beschäftigten Männer: „Izig, hol mal eine Hand voll Mehl aus dem Sack”. Der ältere Mann eilte zu einem Sack und brachte zwei Hände voll schneeweisses, feingemahlenes Knochenmehl. Bothmann sagte zu Ihm: „Weisst du auch was das ist”. Der Mann schwieg und Bothmann sagte ihm: „Das sind deine Rassegenossen”. Der Mann sagte still und ergeben: „Nun, was kann man machen”. Ich hörte an der Stimme, dass auch er ein Deutscher war.

Während dieser Unterhaltung hörte ich am anderen Ende des Platzes wo sich das Feuer noch befand einige Pistolenschüsse. Als ich nachher dort vorbeikam lagen neben dem Feuerloch 5 soeben erschossene Menschen. Sie lagen mit dem Gesicht nach oben. Quer über das Gesicht lief ein dünner Blutstreifen. Sie waren durch Kopfschuss getötet worden.

Bei dem Verbrennen der Leichen in den offenen Gruben sprang, vielleicht vom Wahnsinn befallen, einer von den Männern, welcher die Leichen in das Feuer werfen musste, plötzlich von dem Rande der Grube aus in das Feuer. Einer von den umstehenden Beamten schrie auf „schiessen, schiessen”. Vielleicht war es einer der noch ein winziges Fünkchen von Menschlichkeit besasss. Ein anderer schrie: „nicht schiessen, wir wollen sehen wie lange er schreit”. Mit der Uhr in der Hand stellte man fest, wie lange der Mann schrie, bis er verstummte. (Eigene Aussage von Bothmann; Zeuge: Landrat und Kreisleiter Becht.)

Alle diese vertierten Rohlinge, anders kann man sie unmöglich bezeichnen, sınd doch wohl einmal ordentliche Menschen gewesen. Sie haben doch wohl einmal als Kinder Unter Anleitung ihrer Mutter zum Herrgott gebetet, haben Religionsunterricht gehabt und sind konfirmiert worden.

Was hat der Nationalsozialismus aus ihnen gemacht. In dem alten Schloss in Kulmhpf erfolgte der Mord an 250 000 Menschen des Deutschen und Polnischen Staates. Die Sache spielte sich wie folgt ab:

Die Menschen wurden nach Geschlechtern getrennt in einen mit Brettern verkleideter Raum gebracht, und ihnen gesagt, sie sollten sich entkleiden und zum Baden fertig machen, Nachdem sie sich entkleidet hatten, wurden sie in einen nebenan befindlichen kleinen Raum getrieben, in dem eine kleine elektrische Birne brannte. Dicht zusammengepfercht wurder sie in einen Raum geschoben. Darauf die beiden Türen des Raumes verschlossen und das elektrische Licht verlöscht. Dieser kleine Raum war nichts anderes als der für diesen Zweck speziell gebaute Lastwagen. In dem Wagen waren Flaschen mit Kohlenoxydgas angebrach, welches nach Öffnen von einem Ventil durch enge Röhren in das Innere des Wagens strömte.

Die ersten Menschen waren, als sie diesen kleinen Raum betraten wohl wirklich der Meinung einen primitiven Baderaum zu betreten. Den später angekommenen war es jedoch wohl bekannt, was ihnen bevorstand. Nach einer Aussage von Plaate mussten sie manchmal mit Stôcken in den Raum getrieben werden.

Bothmann sagte einmal, dass sie in Zeiten des Hochbetriebes täglich 3000 Mensche: „erledigt” hätten. Ob diese Menschen auch alle wirklich tot waren, als sie in die Grube gelegt wurden. Niemand, kann diese Frage beantworten.

Als die Gruben alle geleert waren und von den arbeitenden Juden der Ginstersamen gesät, die Kiefern- und Birkenpflanzen gesetzt waren, wurden diese restlichen Menschen ebenfalls „umgelegt” und verbrannt. Das Sonderkommando rückte daraufhin bis auf wenige Männer ab. Das alte Schloss in Kulmhof wurde gesprengt und dem Erdboden vollkommen gleichgemacht, die Steine wurden weggebracht und der Schutt so eingeebnet, dass ein Uneingeweihter niemals auf den Gedanken kommen kann, dass dort ein grösserer Bau gestanden hat. Vielleicht wird an dieser Stelle, an welcher eine viertel Million unschuldiger Menschen ihr Leben liessen ein Mal errichtet werden, dass an eines der furchtbarsten Geschehen der Menschengeschichte erinnert.

Im Frühjahr 1944 tauchte plötzlich Bothmann mit dem Sonderkommando wieder auf und forderte erneut grössere Brennholzmengen. Die Opfer wurden nunmehr mit der Kleinbahn nach Wiederherstellung einer gesprengten Kleinbahnbrücke bis in die unmittelbare nähe der Grabstätten gefahren. Die Vergasung erfolgte auf dem Platze selbst. Einzelheiten hierüber sind mir nicht mehr bekannt, da ich keinen Zutritt zu dem Platz hatte. Das Kommando führte, wie aus dem Kopf vorgedruckter Briefbogen hervorging, nicht mehr die Bezeichnung Sonderkommando Kulmhof, sondern Sonderkommando Bothmann.

Eine Begebenheit welche sich bei der Vergiftung auf dem Gräberfeld im Jahre 1944 abspielte und die ganze tierische Rohheit des Bothmann beleuchtet, möchte ich noch erwähnen.

Eine junge Frau welche den Vergiftungsraum betreten soll bricht in wilde Schreie aus und ruft immerwieder:

„Ich will nicht ersticken ich will lieber erschossen werden.”

„Das kannst du haben, Mädchen”, sagt Bothmann, erhebt die Pistole und schiesst sie nieder.

Eine ältere Frau mit ihrer Tochter bittet vor Grauen und Entsetzen aschgrau im Gesicht, sich selbst umbringen zu dürfen. Sie bat um einen Strick. Bothmann warf ihr aus einem herumliegenden Kleiderbündel einen Büstenhalter zu. Die Tochter legt sich auf die Erde während ihr die Mutter die Bänder um den Hals schlang. Als die Mutter nun zuzog schreit die Tochter entsetzt auf. Mit diabolischen Grinsen sahen Bothmann und seine Henkersknecht dem Vorgang zu „Nicht wahr, da sind wir doch humaner, also nichts als rein in den Wagen” sagte er. (Eigene Aussagen des Bothmann; Zeuge: Landrat und Kreisleiter Becht.)

Der unmittelbare Leiter und Ausführer des Sonderkommandos war, wie bereits erwähnt, Bothmann. Sein Dienstvorgesetzter und Hauptverantwortlich er war der SS-Oberführer Ramzoch? Ich habe öfter versucht in Kreisen höherer Beamten die Sprache auf dieses grauenvolle Vernichtungswerk zu bringen. Unbegreiflich war mir die stets zur Schau getragene Gleichgultigkeit mit der man darüber hinwegging. Vielleicht war die Gleichgültigkeit nur Maske und dahinter stand die Angst sich zu verraten und selbst dort gerichtet zu werden. Jedes Recht hat ja im Warthegau längst aufgehört. Es gab nur ein Recht und dieses waren die Anordnungen von Greiser und seinen Henkersknechten.


Sources

L’original en allemand, que nous avons retranscrit et traduit, Heinrich May, III. Kapitel, Der große Judenmord (tiré de son récit, Die grosse Luege. Der Nationalsozialismus, wie ihn das deutsche Volk nicht kennt. Ein Erlebnisbericht) a été publié par Karol Marian Pospieszalski, «Niemiecki nadleśniczy o zagładzie Żydów w Chełmnie nad Nerem», Przeglad Zachodni, 1962, vol. 18, n. 3). La transcription complète est de nouveau publiée dans Manfred Struck (éd.), Chelmno / Kulmhof. Ein vergessener Ort des Holocaust?, Berlin: Gegen Vergessen – Für Demokratie e.V., 2001, p. 99-111 (sans mention de source). Une autre transcription, partielle, figure dans Shmuel Krakowski, Das Todeslager Chełmno, Kulmhof: der Beginn der "Endlösung", Göttingen: Wallstein Verlag, 2007, p. 39-40. Krakowski fournit (p. 208) la cote de l’original dans les archives de Yad Vashem, YVA M.21/477. Nous avons confronté la transcription de Karol Marian Pospieszalski à cet original dont une copie nous a été transmise par le remarquable Hans Metzner de l’équipe de Holocaust Controversies. Le découpage en paragraphes est conforme à cet original. Par rapport à cet original, nous avons effectué (commme K.M. Pospieszalski) quelques adaptations typographiques (notamment en remplaçant les ae, ue, oe par ä, ü et ö lorsqu’il s'agissait de l’orthographe allemande habituelle). Les très rares divergences entre Pospieszalski et l’original sont signalées entre {} contenant la version Pospieszalski.

On trouvera une traduction en anglais complète (tiré de Lucja Pawlicka-Nowak (ed.), Chelmno witnesses speak, Konin: Council for the Protection of Memory of Combat and Martyrdom in Warsaw/District Museum in Konin, 2004, reproduite sur le site de Holocaust Controversies:
http://holocaustcontroversies.blogspot.com/2011/09/great-lie.html

Aucune traduction française n’a été publiée auparavant mais des extraits figurent dans l’ouvrage fondamental de Patrick Montague, Chełmno. Prologue à l’industrie du meurtre de masse, Paris: Calmann-Lévy, 2016. La présente traduction a été effectuée par Gilles Karmasyn.

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