1. Cette étude est largement inspirée d'un article original de Keith Morrison, intitulé Swamp Gas: Holocaust Deniers and Their Unique Interpretation of the Geology of Auschwitz 2. Ksiqzkiewicz, M., Samsonowicz, J. Ruhle, E. Zarys Geologii Polski. Wydawnictwa Geoloiczne, 1965. Trans. An Outline of Geology of Poland, The Scientific Publication Foreign Cooperation Center of the Central Institute for Scientific, Technical and Economical Information, 1968, p. 46. 3. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 206. 4. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 208. Dès la fin de la guerre, des survivants avaient décrit avec précision ces caractéristiques. Ainsi Joseph Désirée Hafner qui en 1946, rappellelait que la région Auschwitz consistait en «une plaine argileuse». Joseph-Désiré Hafner, Aspects pathologiques du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, Imprimerie Union Coopérative, Tours, 1946, p. 15 5. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 335, Fig. p. 40. 6. Dictionary of Geological Terms, Third Edition. AGI, 1983. 7. D.E. Sugden et B.S. John, Glaciers and Landscapes, Edward Arnold, 1976. 8. Roger Jan van Pelt et Deborah Dwork, Auschwitz 1270 to the Present, W.W. Norton and Co Inc, 1996. p. 174. 9. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 343, Fig. p. 42. 10. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 191. 11. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 192. 12. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 192-193. 13. La période estivale est par ailleurs, dans la région d'Auschwitz, une saison chaude et sèche, pendant laquelle il pleut très rarement. Joseph-Désiré Hafner rapportait dès 1946 que le climat d'Auschwitz était «continental, excessif, avec des étés très chauds et secs, des hivers très froids [...] et des pluies abondantes au printemps et en automne» (Aspects pathologiques du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, op. cit., p. 15) 14. «En 1965, Hydrokop, une société minière et chimique sise à Cracovie s'est vue commander une étude par le musée d'état d'Auschwitz-Birkenau. Il s'agissait d'effectuer des tests géologiques à Birkenau dans le but de déterminer l'emplacement des fosses d'incinération et des bûchers. Les spécialistes d'Hycrokop ont effectué 303 carottages jusqu'à 3 mètres de profondeur. Des traces de cendres humaines, d'ossements humains, de cheveux furent retrouvées pour 42 emplacements. La documentation relative à ces prélèvements ainsi que les diagrammes de leur distribution sont disponibles au département Conservation du Musée.» Fanciszek Piper, "Gas Chambers and Crematoria", in Ysrael Gutman et Michael Berenbaum, Anatomy of the Auschwitz death camp, Indiana University Press, 1994, p. 179. Outre les échantillons d'Hydrokop, outre les témoignages sur les fosses d'incinération, il existe aussi des photos de ces incinérations de plein air.

Géologie d'Auschwitz

Origine des marais et drainage1


Auschwitz se trouve dans une région réputée « marécageuse ». Mais ce que cet aspect « marécageux » recouvre est largement ignoré. Le destin de nombreux prisonniers-esclaves d'Auschwitz fut marqué par les épuisants travaux de drainage. La nature même des « marais » de la région d'Auschwitz explique pourquoi ils pouvaient être, et furent, asséchés. Des fosses d'incinération destinées à incinérer des dizaines de milliers de victimes des assassinats de masse furent creusées et utilisées sans difficulté. Nous expliquons ici pourquoi.

Selon Zarys Geologii Polski, la région d'Auschwitz repose sur des sédiments marins du Miocène qui furent déposés au nord des montagnes des Carpathes2. Ces dépôts sont dus à un affaissement de la région3 qui a permis une irruption marine durant le Miocène (entre 25 millions et 4 millions d'années en arrière). Des couches d'argile épaisses de 40 à 70 mètres se sont alors déposées4.

Le principal événement géologique qui suivit fut la période traditionnellement désignée sous le nom de "glaciation". Pour ce qui concerne la région d'Auschwitz la période de glaciation fut celle dite du Danube, durant le Pléistocène. Cette glaciation fixa des dépôts glaciofluviaux et glaciolacustres sur une épaisseur de 25 à 75 mètres5.

Le Dictionary of Geological Terms, Third Edition, de l'American Geological Institute définit ainsi les dépôts glacio-fluviaux:

«relatif aux eaux de la fonte issues des glaciers ou aux dépôts laissés par ces eaux».

Les dépôts glaciolacustres sont définis ainsi:

«Relatif à ou dérivant de, ou déposés par les lacs glaciaires6»

Les dépôts glaciofluviaux sont caractérisés par les sables et les graviers, tandis que les dépôts glaciolacustres sont caractérisés par des argiles organisées en fines couches7. Les argiles sont, en général, imperméables à l'eau.

Qu'en est-il de la région d'Auschwitz ?

Une des raisons pour lesquelles Auschwitz fut choisi pour installer un camp était l'accès aisé aux matériaux requis pour la fabrication du béton nécessaire aux constructions des bâtiments en zones industrielles. La région était renommée pour ses carrières de sables et de graviers8 que l'on trouvait typiquement dans les épaisses régions de dépôts glaciofluviaux. Et, effectivement, juste au nord de la ville d'Auschwitz se trouve le lit d'un ancien fleuve qui transportait des alluvions glaciaires du nord en direction de la ville9. La région d'Auschwitz elle-même fut recouverte par les eaux au moment où l'eau de la fonte des glaciers qui se précipitait vers le sud fut bloquée aux pieds du massif des Carpathes. Ainsi des alluvions glaciolacustres, principalement des argiles, se sont déposées dans la région même du camp. Ce qui peut-être vérifié dans la mesure où il y a une couche imperméable de marne sur 61 mètres de profondeur sous le camp10.

La marne désigne un mélange d'argile et de calcaire ainsi que de quelque minéraux accessoires souvent utilisée comme engrais dans les sols acides (le calcaire neutralise l'acidité).

L'étude commandée par le gouvernement nazi au Professeur Zunker11 indiquait que la région était humide et marécageuse, ce qui a créé une confusion, intentionnelle ou non, sur le véritable sens de la réalité désignée.

Un marais situé dans un terrain qui a traversé une période glaciaire, ou dans les pays septentrionaux, ne désigne pas du tout la même réalité que des marais en Louisianne ou en Floride. Dans ce dernier cas, les marais sont des régions de très basse altitude qui sont humides en permanence. Dans les pays septentrionaux, un marais est également une régions humide, mais pas forcément de basse altitude. Il existe des marais en altitude, à flancs de montagne. La différence entre marais de basse altitude et marais « glaciaires » réside dans la façon dont ils se sont formés. Les marais de basse altitude sont des régions que traversent des cours d'eau. Des marais tels que ceux d'Auschwitz sont dus à un déficit de drainage.

A Auschwitz, la couche imperméable d'argile ne permet pas à l'eau de s'évacuer. Elle est piégée en surface et ne peut s'absorber dans le sol vers les eaux souterraines ou vers les cours d'eau proches. On peut visualiser aisément ce qu'il en est avec de la pâte à modeler arrangée en colline avec une dépression, un creux, au sommet de la colline. Si l'on verse de l'eau sur la colline, elle rempli le creux et le surplus déborde et s'évacue. Drainer de tels marais nécessite l'existence d'une faille dans le matériaux qui empêche l'eau de s'évacuer (la couche d'argile), ou une forte évaporation ou encore de pratiquer une brèche latérale afin de laisser l'eau s'évacuer.

Cette dernière solution, créer une voie sur le coté de la dépression afin d'évacuer l'eau, est principalement utilisée dans les cas de marais élevés. Ce qui est le cas d'Auschwitz. Les fossés de drainage furent en construction et en maintenance permanente à Auschiwtz. On en voit aujourd'hui les vestiges. Les travaux de drainage furent parmi les plus importants effectués à Auschwitz. Des dizaines de milliers d'esclaves, principalement des femmes, sous-alimentées et constamment battues devaient déplacer pierres et argile à la main. Le drainage d'Auschwitz coûta la vie à des milliers de déportés. L'entretien du système de drainage ne s'interrompit jamais. Photos et témoignages existent, notamment dans l'ouvrage de Déborah Dwork et Robert Jan van Pelt12.

La source de l'eau des marais ne se trouvait donc pas dans le sol; c'est l'eau des précipitations qui était piégée au dessus du sol. Autrement dit, le phénomène du marais n'a jamais été du à des problèmes d'infiltrations d'eau mais à un déficit d'évacuation. En dotant le camp d'un système de drainage on prévenait l'accumulation de l'eau et on éliminait les marais. Dans la mesure où la raison de l'accumulation de l'eau était avant tout l'imperméabilité des sols, une fois l'eau évacuée et la région asséchée, il n'y existait aucune cause de renouvellement de l'eau en quantité. A moins d'un déluge. Une fois le travail de drainage effectué, dans la mesure où les fossés de drainage étaient entretenus, il n'y avait aucune raison que les marais se reforment. Par la suite, de l'eau pouvait pénétrer dans des trous par des imperfections de la couche d'argile, ou de l'eau de pluie y tomber. Mais il n'y a aucune raison qu'il s'y forme une mare durant une période raisonnable, pendant laquelle, qui plus est, le système de drainage était entretenu.

On remarquera donc ici qu'à partir du moment où un système de drainage était entretenu à Auschwitz, on pouvait creuser des fosses relativement profondes sans risque de les voir envahi par de l'eau. De telles fosses furent effectivement aménagées pour incinérer les milliers de cadavres des victimes gazées notamment durant l'été 194413, pendant lequel les Juifs Hongrois étaient assassinés en de telles proportions que les fours crématoires de Birkenau ne suffisaient pas à incinérer tous les corps14.



Notes.

1. Cette étude est largement inspirée d'un article original de Keith Morrison, intitulé Swamp Gas: Holocaust Deniers and Their Unique Interpretation of the Geology of Auschwitz est disponible à l'URL suivante: http://groups.google.com/groups?ic=1&selm=338FBAC8.1759%40nbnet.nb.ca

2. Ksiqzkiewicz, M., Samsonowicz, J. Ruhle, E. Zarys Geologii Polski. Wydawnictwa Geoloiczne, 1965. Trans. An Outline of Geology of Poland, The Scientific Publication Foreign Cooperation Center of the Central Institute for Scientific, Technical and Economical Information, 1968, p. 46.

3. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 206.

4. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 208. Dès la fin de la guerre, des survivants avaient décrit avec précision ces caractéristiques. Ainsi Joseph Désirée Hafner qui en 1946, rappellelait que la région Auschwitz consistait en «une plaine argileuse». Joseph-Désiré Hafner, Aspects pathologiques du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, Imprimerie Union Coopérative, Tours, 1946, p. 15

5. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 335, Fig. p. 40.

6. Dictionary of Geological Terms, Third Edition. AGI, 1983.

7. D.E. Sugden et B.S. John, Glaciers and Landscapes, Edward Arnold, 1976.

8. Roger Jan van Pelt et Deborah Dwork, Auschwitz 1270 to the Present, W.W. Norton and Co Inc, 1996. p. 174.

9. Ksiqzkiewicz et al, op. cit., p. 343, Fig. p. 42.

10. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 191.

11. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 192.

12. van Pelt et Dwork, op. cit., p. 192-193.

13. La période estivale est par ailleurs, dans la région d'Auschwitz, une saison chaude et sèche, pendant laquelle il pleut très rarement. Joseph-Désiré Hafner rapportait dès 1946 que le climat d'Auschwitz était «continental, excessif, avec des étés très chauds et secs, des hivers très froids [...] et des pluies abondantes au printemps et en automne», op. cit., p. 15.

14. «En 1965, Hydrokop, une société minière et chimique sise à Cracovie s'est vue commander une étude par le musée d'état d'Auschwitz-Birkenau. Il s'agissait d'effectuer des tests géologiques à Birkenau dans le but de déterminer l'emplacement des fosses d'incinération et des bûchers. Les spécialistes d'Hycrokop ont effectué 303 carottages jusqu'à 3 mètres de profondeur. Des traces de cendres humaines, d'ossements humains, de cheveux furent retrouvées pour 42 emplacements. La documentation relative à ces prélèvements ainsi que les diagrammes de leur distribution sont disponibles au département Conservation du Musée.» Fanciszek Piper, "Gas Chambers and Crematoria", in Ysrael Gutman et Michael Berenbaum, Anatomy of the Auschwitz death camp, Indiana University Press, 1994, p. 179. Outre les échantillons d'Hydrokop, outre les témoignages sur les fosses d'incinération, il existe aussi des photos de ces incinérations de plein air.

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