Cliquez pour suivre le lien. 1. PHDN est heureux d’accueillir un nouveau contributeur, Max Ou qui intervient depuis quelques années sur twitter sur les sujets chers à PHDN. Nous tenons à signaler que les opinions qu’il exprime sur twitter n’engagent que lui. Il avait publié une première version de la présente analyse sur pastebin, dont Vincent Reynouard a eu connaissance, mais auquel il n’a jamais jugé utile de répondre. Nous avons revu ensemble de fond en comble cette version pour élaborer le présent texte; il s’agit donc d’un travail collectif, qui a cependant une dette majeure envers la version séminale de Max Ou. Vincent Reynouard a bloqué Max Ou sur twitter devant la mention répétée par ce dernier des présentes démonstrations… 2. Nous ne nous inspirons pas ici de la désormais célèbre «Loi de Brandolini» formulée en 2013 pour décrire la disproportion entre l’énergie, le temps, la longueur (considérables) nécessaires pour réfuter les inepties de toutes natures et celles (dérisoires) pour produire ces dernières, mais de notre propre constat, équivalent mais bien antérieur, relatif aux discours négationniste. Nous avons exprimé ce constat publiquement, pour la première fois le 28 février 1999 (quatorze ans avant Alberto Brandolini) sur les forums de discussion Usenet. Nous écrivions alors: «Un mensonge négationniste s'énonce en une phrase mais se réfute en 20 lignes» (Gilles Karmasyn, «Re: Les impasses d'une chercheuse : c.q.f.d.», Usenet, fr.soc.politique, 28 février 1999, Message-ID: <gilkarm-2802992014490001@wn16-041.paris.worldnet.fr>). 3. Le 15 juin 2011, Vincent Reynouard accorde un long (très long, près de deux heures…) entretien au conspirationniste d’extrême droite Franck Abed («Franck Abed reçoit Vincent Reynouard»). Peu après la 52e minute, après avoir affirmé son hostilité radicale à l’existence d’Israël, interrogé par Franck Abed sur la destination des Juifs, Reynouard affime que «Ils [les Juifs] ont une condamnation à être errants, c’est ainsi, c’est leur châtiment […] Pour moi un pays sain, où les gens sont sains, n’a pas à crainde les Juifs. Souvent les gens me disent, ah les Juifs c’est des bacilles, j’aime pas cette façon de faire parce que pour moi on ne compare jamais un homme à un animal ou à une créature quelconque, dire les Juifs sont des bacilles, ça me plaît pas, mais, ah vous dites ça? Mais le bacille, quand est-ce qu’il est dangereux. Quand le corps est affaibli. Un corps non affaibli, le bacille n’est pas dangereux. Vous avez en permanence des microbes partout, mais vous avez votre système immunitaire. Si une société est faite de gens sains qui ont des idéaux sains, hé bien même si il y a des choses malsaines — même à supposer que les Juifs soient intrinsèquement malsains, ce que je ne crois pas tout à fait, mais enfin bon, supposons… — si ils sont dans une société saine avec les barrières qu’il faut y aura aucun problème.». Malgré des précautions maladroites, on comprend bien que pour Reynouard les Juifs sont des bacilles, intrinsèquement malsains (la dénégation est ici un aveu), menaçant toute société qui n’érigerait pas «les barrières qu’il faut». Un discours nazi. Reynouard en confirme d’ailleurs les termes et le sens en 2024, lors d’un dialogue avec le militant néo-fasciste et négationniste Yvan Benedetti (le 1er mai 2024, dans une vidéo intitulée «30 ans de combat»). Déclarant, à partir de la 43e minute que l’esprit de la franc-maçonnerie, l’esprit de la religion juive «influent sur nos sociétés» parce que «au départ, les peuples sont déjà affaiblis, gangrénés […] la judéo-maçonnerie […] est un symptôme plutôt qu’une cause, le corps étant malade, les traditions occidentales étant oubliées de plus en plus, les gens se retrouvent avec une ignorance de ce que sont les vérités éternelles, et à ce moment là, les forces de dissolution peuvent s’imiscer et faire progresser leurs idées qui sont des idées de dissolution. Je m’estime judéo-indifférent parce que même si vous pouvez exclure les Juifs, fermer les loges maçonniques, un siècle plus tard vous serez dans la même position parce que vous n’aurez pas guéri le peuple de ses travers. Je pense qu’aujourd’hui le peuple étant matérialiste, parce qu’il a oublié toutes les réalités spirituelles profondes […] les forces de dissolution peuvent en profiter. Je dis: guérissez-vous d’abord vous-mêmes et ensuite, ensuite, vous pourrez songer à vous débarrasser de certains bacilles qui infectent votre corps. Si vous vous débarrassez des bacilles sans pour autant refaire vos défenses immunitaires le bacille reviendra. Voilà pourquoi je m’estime judéo-indifférent [sic]». Les précautions hypocrites de 2011 ne sont plus de mise. Ici, les Juifs sont bel et bien assimilés à des bacilles (terme utilisé par Hitler et les nazis). Bref, Reynouard tient un discours complètement nazi, imprégné de d’une forme radicale d’antisémitisme sanitaire, mais prétend ne pas être antisémite… 4. Vincent Reynouard a publié pour la première fois sa vidéo sur youtube le 15 septembre 2015 puis sur son site web, sansconcessiontv. Elle a été disséminée sur internet, notamment sur archive.org devenue plateforme de diffusion négationniste, par une militante conspirationniste et antisémite délirante, Valérie Dewonck, très active sous le pseudo de didi18 dans le relais et la traduction des textes et vidéos négationnistes. 5. Richard J. Green, «Leuchter, Rudolf et les bleus de Prusse», tHHP, 1998, traduction française 2012, en ligne sur PHDN. 6. Il est assez amusant de constater qu’en 1993, dans une revue d’extrême droite américaine raciste, antisémite et négationniste, un contributeur, lui-même raciste, antisémite et négationniste, s’énervait très vivement du caractère grotesque de ce même postulat, déjà posé par l’escroc Fred Leuchter. Il signe un long article au nom de l’organisation suprémaciste «aryenne» et antisémite FAEM (First Amendment Exercise Machine). Il s’agit en fait de son créateur, le vieux militant suprémaciste Robert Frenz (cela se déduit des éléments biographiques qui émaillent l’article), ancien proche de George Lincoln Rockwell (le fondateur du parti nazi américain) puis un temps membre de la National Alliance de William Pierce. Robert Frenz fut un infatigable militant négationniste, avant tout raciste, créateur d’un des premiers et d’un des pires sites web raciste et antisémite sur internet (faem.com). Il s’agit d’un antisémite et d’un négationniste archarné. Mais Robert Frenz a une très solide formation scientifique. Il a exercé ses activités professionnelles dans le domaine des sciences dures, notamment dix années dans la chimie des processus dans l’industrie aéronautique, ou pour l’armée américaine comme ingénieur chimiste dans le domaine des gaz de combat. Malgré son biais (c’est le moins que l’on puisse dire) négationniste, Robert Frenz ne parvient pas à renier son authentique bagage scientifique, aussi il se penche longuement sur, et réfute en termes méprisants les inepties scientifiques du rapport Leuchter, notamment sur le postulat, repris par Germar Rudolf et ici par Reynouard, d’une nécessaire formation de bleu de Prusse dans les chambres à gaz d’assassinat (FAEM, «Hi ho, hi ho, a-revisioning we will go», Liberty Bell, february 1993, p. 32-44). Quelques extraits nous semblent édifiants: «Est-ce que la durée, les températures, l’humidité, les concentrations en acide cyanhydrique étaient identiques sur les deux sites? En d’autres termes, est-ce que les chambres de fumigation et les chambres d’“extermination” étaient utilisées de la même façon? Si ce n’était pas le cas, alors comment peux-tu tirer une conclusion aussi définitive, Fred?» (p. 35). Ou encore: «Lors de la formation de bleu de Prusse, le bleu est initialement un composé stable plutôt SOLUBLE (le précipité n’est pas techniquement “soluble” mais c’est en pratique un colloïde qui peut être facilement dispersé). Dans cet état, on peut rincer ce composé», c’est à dire qu’un lavage l’entraîne et empêche la formation définitive de bleu de Prusse. Cela confirme qu’un rinçage est suffisant pour faire disparaître tout début de bleu de Prusse qui aurait pu se former! Frenz écrit encore: «Une autre question qui doit trouver une réponse est celle de la fréquence. Est-ce que les chambres à “gaz” étaient utilisées dans les mêmes proportions [c’est-a-dire aussi souvent et aussi longtemps] que les chambres de fumigation?» (p. 39). Deux mois plus tard, Robert Frenz en repasse une couche dans un article qui, tout en réitérant les convictions négationnistes de son auteur, souligne à nouveau l’incompétence radicale et les inepties de Fred Leuchter (Robert Frenz, «Gas Guessing», Liberty Bell, april 1993, p. 22-25). En voici un extrait croustillant: «Le RL [rapport Leuchter] est rempli de matériel stupide qui pourrait donner du grain à moudre au moulin des “réfuteurs” […] Toutefois, le rapport Leuchter contient tellement de contradictions internes qu’aucune aide extérieure n’est vraiment nécessaire» (sous-entendu: pour ridiculiser le rapport Leuchter…). (p. 25). Remarquons enfin que la solubilité par l’eau du Bleu de Prusse, évoquée par Robert Frenz, était déjà mentionnée dans un ouvrage spécialisé en 1903 (R Robine & M. Lenglen, L’industrie des Cyanures, Paris: C. Béranger, 1903, p. 400). 7. On dispose évidemment d’informations sur la durée de dégagement total de l’acide cyanhydrique lors de la réaction entre du cyanure de sodium et de l’acide sulfurique: il prend entre 10 et 15 minutes, comme cela est mentionné, par exemple, dans M. H. Violle, «Deuxième rapport sur la dératisation des navires par l'acide cyanhydrique», Revue d'hygiène, 1926 no 48, p. 50. Nous sommes très loin du mensonge «instantané» de Reynouard. En 1931 on trouve encore mentionné que, spontanément, la dissolution du cyanure de sodium «n’est pas rapide» (R. Bouhelier, «Les Cochenilles nuisibles aux plantes cultivées du Maroc», La Terre marocaine: supplément agricole de “La Vie marocaine illustrée”, no 47, janvier 1934, p. 22). On lit dans le même article que dans le cas de l’utilisation du Zyklon B, «l’acide cyanhydrique se dégage immédiatement» (ibid.). Précisons toutefois que dans tous les cas, les vitesses de réaction dépendent fortement de la témpérature ambiante, voire de la température à laquelle les réactifs sont portés. Sans information sur ces différents aspects, toute généralité n’est que pure spéculation sans fondement. Reynouard ne tient évidemment aucun compte de ces points fondamentaux. 8. La notion de mort clinique est tout à fait explicite dans la page mentionnée par Reynouard puisque dans le paragraphe même qu’il ne cesse de citer relatif à la concentration (finale) de 7500 ppm et la durée de dix minutes, il est précisé qu’un médecin examine le signal d’un stéthoscope équipant le condamné afin de le déclarer mort. Il n’y a aucune ambiguïté sur la signification de la durée de dix minutes: elle correspond bien à une mort clinique. Visiblement soit Reynouard comprend ce qu’il lit, et c’est un menteur éhonté, soit il ne comprend vraiment rien. Nous penchons dans ce cas pour la seconde hypothèse. C’est Richard J. Green qui fait cette distinction entre coma mortel et mort clinique dans une réfutation aux élucubrations de Germar Rudolf, sollicité en 2000 par le négationniste David Irving dans le procès qu’il avait intenté à l’historienne Deborah Lipstadt (Richard J. Green, Report of Richard J. Green, PHD — Expert Report submitted in support of Deborah Lipstadt’s defense in David Irving’s lawsuit, 2000, notamment page 26 et 60-63. On constate aisément que Vincent Reynouard ne fait que piller les mensonges de Rudolf. Non seulement Vincent Reynouard est un menteur et/ou un incompétent, c’est aussi un vulgaire plagiaire. Merci à Miloslav Bilik de m’avoir rappelé l’antériorité de Richard J. Green. Il n’est pas anodin de signaler que David Irving a finalement renoncé à présenter devant la justice les mensonges que Germar Rudolf avaient écrits pour lui, un rare éclair de lucidité de la part d’Irving… 9. Robert L. Lauwerys rappelle les quatre phases de l’«intoxication suraiguë» (Robert L. Lauwerys, Toxicologie industrielle et intoxications professionnelles, Masson, 3e édition, 1992, p. 423):
  1. phase d’excitation, céphalées intenses, saveur amère et brûlure de la bouche et de la gorge, l’haleine a une odeur d’amande amère, vertiges et chute, nausée parfois vomissements, polypnée […]
  2. phase de dépression, dyspnée inspiratoire et expiratoire avec phases d’apnée, le sujet est stuporeux, angoissé, les téguments restent rosés
  3. phase de convulsions convulsions tonico-cloniques, perte de connaissance.
  4. coma profond. Collapsus cardio-vasculaire, le pouls est faible et irrégulier, la tension artérielle est effondrée. La dyspnée s’intensifie; finalement la respiration s’arrête.
Merci à Miloslav Bilik pour nous avoir signalé cette source. Il faut également souligner que des informations de même nature figurent dans le document toxicologique invoqué par Reynouard (le document de l’INERIS). Reynouard ne lit visiblement pas ses propres sources.
10. La mortalité varie évidemment selon les individus, leur corpulence, leur santé. Ainsi on lit dans un ouvrage spécialisé récent: «Un certain nombre de cas d’expositions industrielles a été documenté. Ils permettent une estimation de la toxicité aigüe mortelle de vapeur d’acide cyanhydrique pour l’être humain. Dans un cas, une personne ayant fait l’objet d’un traitement médical intensif a survécu à trois minutes d’exposition à environ 500 ppm d’acide cyanhydrique […], mais dans d’autres cas, 270 ppm a causé une mort immédiate, 181 ppm a été mortel en une minute et 135 ppm après trente minutes […] Hall and Rumack (1998) ont affirmé que l’inhalation de concentrations élevées de vapeurs d’acide cyanhydrique (200-500 ppm) pouvait causer une perte brutale de conscience après une ou deux respirations» (Brian J. Lukey, James A. Romano & Jr. Harry Salem (éd.), Chemical Warfare Agents Biomedical and Psychological Effects, Medical Countermeasures, and Emergency Response, Third Edition, Boca Raton, FL: CRC Press, 2019, p. 187). On peut ici remarquer que le premier cas mentionné se serait probablement soldé par mort si la personne n’avait pas été soignée de façon intensive. Les valeurs mentionnées ici confirment l’ordre de grandeur que nous avons utilisé jusqu’ici comme seuil létal pour l’acide cyanhydrique, 300 ppm. On peut préférer utiliser l’estimation statistique de la dose létale à 50%, LC50, qui mesure la concentration à partir de laquelle la moitié d’une population donnée trouve la mort (pour une durée donnée). Un survol récent de la littérature scientifique portant sur la toxicité de l’acide cyanhydrique se trouve dans l’ouvrage précédemment cité, Chemical Warfare Agents Biomedical…. Lukey, Romano et Salem semblent accorder le plus de confiance à une valeur LC50 de 680 ppm sur 5 minutes, mais mentionnent une étude de 2004 qui conclut à une mortalité immédiate dès 270 ppm (conforme à la valeur que nous connaissons de 300 ppm). Leur conclusion (sur des valeurs entraînant des effets dans tous les cas) est la suivante: «Globalement, les différentes estimations concernant la toxicité aigüe mortelle pour les vapeurs d’acide cynhydrique suggèrent que pour une durée d’exposition de 5 à 10 minutes, une concentration de 455–546 ppm serait fatale, mais que pour une minute d’exposition, il faudrait une concentration d’acide cyanhydrique d’environ 3640 ppm» (ibid.). On reste évidemment très loin de la fable délirante de Vincent Reynouard exigeant de maintenir 7500 ppm pendant dix minutes pour parvenir à tuer des êtres humains. Soulignons également que, si l’on fait l’économie des autres mensonges de Vincent Reynouard, dans une chambre à gaz de Birkenau, une concentration de 3640 ppm est atteinte (voir plus bas la courbe réelle d’évaporation) en 6 minutes! Les 600 ppm sont atteints dès la deuxième minute… Même à considérer le seuil de mortalité de 300 ppm comme trop bas (ce qui reste à démontrer compte tenu des cas connus ou du fait que la note sur l'acide cyanhydrique de la United States Environmental Protection Agency Office of Pollution Prevention and Toxics considérait en 2000 qu’une concentration de 27 ppm pendant 10 minutes pouvait entraîner la mort), la littérature scientifique la plus récente confirme évidemment ce que nous savons du déroulement des assassinats par gazages et le fait que Vincent Reynouard est un menteur délirant. Enfin soulignons de nouveau que les concentrations et durées à partir desquelles les victimes entraient dans un coma irréversible sont évidemment inférieures aux chiffres que nous venons de mentionner. 11. Cité dans Irene Sagel-Grande, H.H. Fuchs & C.F. Rüter (éd.), Justiz und NS-Verbrechen. Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, Band XIII, Die vom 17.11.1954 bis zum 27.06.1956 ergangenen Strafurteile Lfd. Nr. 410-438, Amsterdam: University press, 1975, Verfahren Nr. 415: Die Urteile gegen die Lieferanten des Zyklon-B, Lfd.Nr.415b, 2. Die Giftgaslieferungen an das KZ Auschwitz, 415 b-8, p. 137. Le passage cité est en ligne. Les références du brevet sont les suivantes: Reichspatentamt. Patentschrift Nr 438818. Klasse 45l Gruppe 3. Ausgegeben am 27. Dezember 1926. Deutsche Gesellschaft für Schädlingsbekämpfung m.b.H. in Frankfurt a.M. Verfahren zur Schädlingsbekämpfung. Patentiert im Deutschen Reiche vom 20. Juni 1922 ab. Von dem Patentsucher ist als der Erfinder angegeben worden: Dr. Walter Heerdt in Frankfurt a.M.-Eschersheim. La série Justiz und NS-Verbrechen contient des informations, témoignages et documents inestimables, notamment le volume XIII que nous citons ici. 12. Gerhard Peters, Blausäure zur Schädlingsbekämpfung, Verlag von Ferdinand Enke in Stuttgart, 1933. En ligne. 13. Peters écrit: «Die Gasentwicklung aus dem Zyklon setzt unmittelbar nach dem Ausstreuen mit großer Heftigkeit ein» (Peters, op. cit., p. 64) ce qui signifie «Le dégagement à partir du Zyklon se produit très violemment [avec une grande violence] dès [immédiatement après] la dispersion [du Zyklon]». 14. Déposition de Herbert Rauscher du 19/04/1948, citée par Hervé Joly, «L’implication de l’industrie allemande et la Shoah. Le cas du Zyklon B», Revue d’histoire moderne et contemporaine, 47-2 avril-juin 2000, p. 392. Je remercie vivement Hervé Joly qui m’a fait parvenir la transcription de la déposition de Herbert Rauscher. À notre connaissance, Hervé Joly est le premier à citer ce document, dont la mention n’est jamais apparue non plus sur internet. 15. Cette précision n’est pas mentionnée dans son article par Hervé Joly mais figure bien dans la déposition de Herbert Rauscher que nous avons consultée (NARA M892 roll 64, Degesch defense Dokumentbuch III, Dokument Degesch NR. 74), et qui correspond d’ailleurs à la transcription que nous a fait parvenir Hervé Joly. Herbert Rauscher accompagne ses chiffres de la précision «wie aus Laboratoriumsversuchen bekannt ist» (soit: «comme le montrent les tests de laboratoire»). On ne peut être plus explicite sur la matérialité scientifique des données qu’il fournit. On est loin des inventions et de l’incompétence de Vincent Reynouard… 16. Cette ordre de grandeur est confirmé par Rudolf Höss lui-même (le commandant d’Auschwitz) dans sa déposition du 20 mai 1946 (NI-034). Il déclare en effet: «Le gazage de 1500 personnes nécessitait entre 5 et 7 boîtes de Zyklon B d'un kilo chacune» («Von Zyklon B wurden zwischen 5 und 7 Büchsen von je einem Kilo für die Vergasung von 1500 Menschen benötigt»). Le Zyklon B qui existait en conditionnements de 500 grammes, un kilo ou un kilo et demi était régulièrement utilisé sous ces deux dernières formes. Lorsque quatre boîtes étaient utilisées, il s’agissait très probablement du conditionnement de 1,5kg, soit 6kg en tout, ce qui correspond à ce que Höss rapporte. 17. Par exemple, ce témoignage cité dans Justiz und NS-Verbrechen, Band XIII, op. cit., p. 134: «Nach Füllung der Kammern mit Menschen hätte man noch etwa 10 Minuten gewartet, um eine bestimmte Temperatur zu bekommen.» à savoir: «Après le remplissage de la chambre avec les gens, on attendait encore environ 10 minutes, afin qu’une température adéquate soit atteinte». 18. Voir note 6. 19. Germar Rudolf, «Polish Pseudo-Scientists», dans Germar Rudolf & Carlo Mattogno, Auschwitz Lies. Legends, Lies, and Prejudices on the Holocaust, Chicago: Theses & Dissertations Press, 2005, p. 48. Original: «The three Polish authors used an analytical method that is unable to detect the most important long-term stable cyanide compounds of the type of Iron Blue». Remarquons que Rudolf ne peut s’empêcher de présenter lui aussi l’étude polonaise de façon frauduleuse. Ce n’est pas par incompétence ou ignorance, comme le suggère Rudolf, que Markiewicz et son équipe ont utilisé une méthode qui ne détecte par les bleus de Prusse, c’est par choix. Rudolf n’est jamais parvenu à accepter qu’il s’était fourvoyé et avait raté sa vie parce qu’il avait été incapable de faire la distinction entre une condition nécessaire et une condition suffisante…

Quatre mensonges
de Vincent Reynouard
sur les chambres à gaz

Max Ou1 & Gilles Karmasyn

Copyright © PHDN 2016
Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

I. Introduction
II. Contexte
III. Les mensonges de Vincent Reynouard
  1. Du bleu de Prusse devrait se former lors de toute utilisation d’HCN
  2. Il faut des concentrations très élevées d’HCN pour assassiner des être humains
  3. La vitesse d'évaporation de l'HCN est lente
  4. L’expertise polonaise de 1994 a cherché, et prétendu trouver des résidus cyanurés de la famille du bleu de Prusse (des ferrocyanures)
IV. Conclusion
I. Introduction

La présente page fournit une démonstration détaillée, via l’analyse serrée d’une vidéo du négationniste Vincent Reynouard, du caractère mensonger de ses principales affirmations relatives aux propriétés de l’acide cyanhydrique (le poison émis sous forme de gaz par le Zyklon B). Nous relevons notamment une falsification spectaculaire et répétée de Reynouard concernant une expertise scientifique polonaise de 1994 ayant établi l’utilisation d’acide cyanhydrique dans tous les lieux où témoignages et documents placent l’assassinat des Juifs par gazages à Auschwitz. On verra comment Reynouard ment en toute connaissance de cause et use de grossières falsifications à seule fin de nier le génocide des Juifs.

Il convient cependant de souligner que le fait que Reynouard ment découle plus simplement, plus naturellement, plus spectaculairement du fait que l’extermination des Juifs est un événement massivement connu et étudié par les historiens, massivement documenté par les nazis eux-mêmes comme l’illustrent les très nombreux documents que PHDN met en ligne: https://phdn.org/histgen/documents/ (pour la plupart systématiquement passés sous silence par les négationnistes). La démonstration que nous proposons ici sert d’abord à souligner le caractère mensonger et pervers des «arguments» négationnistes mais aussi la nécessaire longueur et minutie de leur réfutation qu’imposent leur perversité (mais aussi leur bêtise): si le mensonge négationniste s’énonce en une phrase, il en faut dix pour le réfuter2. C’est la raison pour laquelle le meilleur outil pour le contrer demeure la connaissance historique rigoureuse.

Vincent Reynouard revendique son adhésion à l’idéologie nazie et à son projet de société. Depuis près de 30 ans il produit du matériel imprimé où il égrène tous les poncifs du négationnisme, le plus souvent en s’inspirant (voire en recopiant purement et simplement) des négationnistes anglophones. La mauvaise foi et l’incompétence spectaculaire de Vincent Reynouard éclatent notamment lorsque l’on examine les critiques que lui et ses collaborateurs ont essayé de porter contre PHDN. Il tente avec une efficacité incertaine de camoufler son antisémitisme mais n’a pas résisté à l’occasion à comparer les Juifs à des bacilles (en prétendant ne pas le faire qui plus est), renouant ainsi avec une imagerie nazie classique (justifiant évidemment le meurtre collectif) et reprenant dans le même élan la thèse d’une condamnation divine du peuple juif3.

Sa méthode consiste en une ignorance radicale des travaux des historiens et de la documentation. Il présente notamment l’histoire du nazisme comme celle d’une réussite socio-économique éclatante alors qu’une très abondante production historiographique démontre que les quelques réussites n’ont été possibles que par un recours à un endettement délirant qui rendit nécessaire la guerre et le pillage de l’Europe, notamment en volant et en assassinant les Juifs d’Allemagne et d’Europe mais aussi les populations «inférieures» de l’Est et en pillant sans limite les pays de l’Ouest de l’Europe.

Depuis quelques années, Vincent Reynouard a abandonné l’écrit pour la vidéo. Cela flatte évidemment un narcissisme hypertrophié et sa tendance à se prendre pour une sorte de messie (il invoque régulièrement la «providence» qui l’aurait investi d’une mission. Il semble croire en cette «providence» qui visiblement ne le lui rend pas). Ce sont des centaines d’heures de vidéos répétitives qui ont été ainsi mises en ligne. Cette forme vidéo lui permet d’être moins vulnérable à la critique, puisqu’il cite généralement très incomplètement ses «sources» et en rend la vérification très difficile. Il peut ainsi les présenter de façon absolument tronquée sinon falsifiée. Avec les vidéos, toute entreprise d’étude et réfutation des propos tenus devient particulièrement ardue. Outre les sources rarement citées correctement, il faut retranscrire les propos tenus afin d’être rigoureux. Cela est humainement impossible pour l’ensemble des interminables loggorhées reynouardiennes. Si aucun Hercule ne peut venir à bout de ces écuries d’Augias, il nous suffira cependant de nous intéresser à une vidéo tout à fait représentative des falsifications de Vincent Reynouard.

Reynouard se pique en effet de «sciences», s’inscrivant dans une ligne classique inaugurée par Faurisson, qui n’en avait pas la compétence, et poursuivie notamment par l’escroc Fred Leuchter ou l’imposteur néo-nazi Germar Rudolf. Nous nous penchons dans la présente page sur une vidéo intitulée «“Chambres à gaz” d’Auschwitz: une supercherie évidente»4. Y figurent notamment quatre mensonges particulièrement spectaculaires de Vincent Reynouard qui vont nous permettre d’illustrer à la fois sa malhonnêteté radicale et son incompétence.

II. Contexte

L’acide cyanhydrique (ou cyanure d’hydrogène) — formule HCN (H-C≡N) — est le poison violent dégagé (sous forme gazeuse) par le produit qui en est imprégné (sous forme liquide), le Zyklon B, le produit utilisé à Auschwitz pour l’assassinat en masse par gazage. Les ferrocyanures d’hydrogène (principalement le bleu de Prusse) sont une famille de composés cyanurés qui peut, dans certaines conditions, être chimiquement formée lors d’interractions HCN/parois. Ce fut le cas notamment dans des locaux qui, à Auschwitz, servaient à la désinfestation (principalement des poux) des vêtements au Zyklon B (dont c’était la destination officielle). Cela donne une coloration bleue à certains endroits des parois sur lesquels des bleus de Prusse se sont formés.

Cependant cette formation ne découle pas nécessairement de ces interractions car les conditions de formation des bleus de Prusse sont sensibles à de nombreux paramètres, lesquels différaient radicalement entre les locaux de désinfestation (nombreux gazages très longs — plusieurs heures — à des concentrations très élevées, pas de nettoyage des parois) et les chambres à gaz d’assassinat (peu de gazages, très rapides — entre 20 et 30 minutes au maximum — à des concentrations beaucoup moins élevées, rinçage des parois à grande eau après les gazages).

Reynouard postule le contraire, sans le démontrer, reprenant ainsi un mensonge classique du négationniste allemand Germar Rudolf. Germar Rudolf en effet, à la suite de l’imposteur négationniste Fred Leuchter, a prétendu analyser des fragments prélevés à Auschwitz dans les lieux de gazage à la recherche de ferrocyanures d’hydrogène. N’en n’ayant pas trouvé, il en a conclu qu’il n’y avait pas eu d’utilisation d’acide cyanhydrique, donc pas d’assassinats par gazages, donc pas de génocide. L’erreur fondamentale de Rudolf (outre de nombreuses falsifications) réside dans le fait de n’avoir recherché qu’un composé dont rien n’assurait qu’il était certain qu’il se forme5. Bref, l’absence de ce composé-là ne pouvait être invoqué pour conclure à une absence d’utilisation de l’acide cyanhydrique. Pour tenter de légitimer une thèse, par ailleurs scientifiquement non démontrée, Vincent Reynouard sera obligé de prétendre que les conditions de gazages dans les chambres à gaz d’assassinat auraient dû être proches de celles des locaux de désinfestation. Les contorsions auxquelles il se livre à cette fin sont à l’origine de plusieurs des falsifications qu’il commet, souvent mêlées d’incompétence scientifique.

Il y a d’autres moyens de détecter l’utilisation d’HCN que le dosage des ferrocyanures (pas nécessairement présents). D’autres composés cyanurés peuvent se former à la suite de l’utilisation d’acide cyanhydrique. Des scientifiques polonais ont, en 1994, mesuré les résidus cyanurés présents dans des échantillons pris en divers lieux d’Auschwitz-Birkenau, dont les emplacements connus pour avoir été utilisés pour des assassinats de masse par gazage. Ils ont explicitement exclu de leurs mesures les résidus de la famille des ferrocyanures dont rien ne permettait d’affirmer qu’ils se formaient nécessairement. Ils ont trouvé d’autres résidus cyanurés en quantités significatives là où justement les assassinats par gazages avaient eu lieu. Cette étude corroborre de façon impressionnante les très nombreux témoignages de déportés (notamment les sonderkommandos), de nazis et de tiers qui attestaient déjà de façon irréfutable des assassinats par gazages. Cette expertise de 1994 est une grosse épine, pour ne pas dire un pieu, dans le pied des négationnistes. Elle se trouve, traduite en français, ici:
https://phdn.org/negation/markiewicz.html

III. Les mensonges de Vincent Reynouard

Dans la vidéo qui nous occupe, Reynouard va falsifier de façon éhontée la nature de cette expertise dans le but de la disqualifier. Bien que confus, son exposé aligne surtout quatre contre-vérités. Trois d’entre elles sont des poncifs négationnistes réfutés depuis longtemps. La quatrième est inédite et hallucinante:

  1. Selon Vincent Reynouard, du bleu de Prusse doit se former lors de toute utilisation d’HCN, notamment lors des assassinats par gazages. C’est faux.
  2. Selon Vincent Reynouard, il faut des concentrations très élevées d’HCN pour assassiner des être humains. C’est faux.
  3. Selon Vincent Reynouard, la vitesse d’évaporation de l’HCN est lente. C’est faux.
  4. Vincent Reynouard affirme de façon répétée que l’expertise polonaise de 1994 dosait les ferrocyanures: c’est un mensonge au premier degré, une incroyable falsification que n’avait osée aucun négationniste avant lui!

Il y en a bien d’autres, mais, par essence les négationnistes produisent beaucoup plus de mensonges qu’il n’est possible d’en réfuter. Aussi nous contenterons-nous de faire la seule démonstration du caractère mensonger de ces quatre affirmations là, en étudiant la façon dont elles se déploient dans la vidéo. Cela suffit pour illustrer que nous avons affaire à un vulgaire délinquant qui ne maîtrise même pas le sujet dont il se gargarise. Il y aura malheureusement de fastidieuses répétitions qui tiennent au fait que Reynouard semble étranger à la construction d’une argumentation équilibrée, qu’il se répète sans cesse, anticipe, conclut cinq fois, revient en arrière, fait trois pas sur le côté, le tout avec une enflure satisfaite qui touche au comique.

Le début de la vidéo (les quatre premières minutes) n’a aucun intérêt. Vincent Reynouard prend prétexte d’une stupidité produite par les journalistes du journal Bild (un sous Paris-Match allemand) qui prétendait que des plans inédits des chambres à gaz d’Auschwitz avaient été découverts. Ces inepties journalistiques n’avaient évidemment été reprises par aucun historien, aucun scientifique, aucune autre publication sérieuse mais vaguement répétées par certains médias sans vérification. Reynouard se sert de ce matériel frelaté pour servir de très vieux bobards négationnistes, qu’il sait être réfutés depuis longtemps. Il monte en épingle un moulin à vent puis prétend s’attaquer à des géants… In fine, cela ne sert à Reynouard qu’à introduire (ou plutôt répéter) ses «thèses». Venons en au fait:

1. Selon Reynouard, du bleu de Prusse devrait se former lors de toute utilisation d’HCN.

A partir de 4 minutes 30, La vidéo annonce une partie intitulée «Les taches bleues sur les murs». Pendant six minutes, Reynouard glose sur le fait que du bleu de Prusse est visible à certains endroits des parois des locaux de désinfestation, puis propose une explication exposant qualitativement comment du bleu de Prusse peut se former. Cette explication ne vaut scientifiquement rien et ne constitue nullement une démonstration que du bleu de Prusse devrait toujours se former. Il invoque (8'38) «l’ingénieur chimiste Germar Rudolf» dont, en fait, Vincent Reynouard restitue les mensonges. Le premier d’entre eux est que le négationniste Germar Rudolf n’est pas et n’a jamais été ingénieur, que s’il a bien une formation de chimiste, il a abondamment fait la preuve de son incompétence.

A partir de 10 minutes 30, La vidéo annonce une partie intitulée «Pas de traces bleues dans les “chambres à gaz” homicides». Pendant deux minutes Vincent Reynouard martelle une évidence que personne ne conteste: on ne distingue nulle tache bleue dans ce qui est encore visible des locaux d’assassinats par gazages. Reynouard insiste :

(11'17) «Plusieurs centaines de milliers de personnes ayant été gazées avec de l’acide cyanhydrique, on s’attend à trouver des taches bleues sur les parois.»

Or, le nombre total de personnes assassinées n’a évidemment, seul, aucun rapport avec la formation du bleu de Prusse. Il n’est invoqué par Reynouard que pour l’effet qu’il espère produire sur le spectateur.

Il y eut de 1941 à 1945 huit lieux différents d’assassinats par gazages à Auschwitz-Birkenau. Certains permettaient le meurtre de plusieurs centaines voire de plusieurs milliers d’êtres humains simultanément. La plupart de ces locaux n’étaient le théâtre de ces assassinats, donc exposés à de l’acide cyanhydrique, qu’une ou deux fois par jour (au maximum), pendant une durée très courte et à des concentrations très basses (par rapport à celles des locaux de désinfestation), ce dont attestent de façon cohérente l’ensemble des témoignages, de même qu’est attestée le rinçage des murs des chambres à gaz après chaque opération d’assassinat (contrairement aux paroies des locaux de désinfestation). Par ailleurs, la vitesse de formation du bleu de Prusse (compte tenu notamment de la complexité des mécanismes proposés) est probablement très lente. Si, sur des paroies soumises plusieurs dizaines d'heures par semaine (dont systématiquement plusieurs fois plus de dix heures d’affilée) à des concentrations très élevées d’acide cyanhydrique, non rincées, du bleu de Prusse a pu se former, des paroies soumises à des concentrations beaucoup plus faibles pendant seulement trente minutes d’affilée avant d’être rincées, pour un total (grand maximum) de quelques heures (non continues) par semaine, n’offrent pas du tout des conditions favorables à cette formation. Il faut aussi relever que dans les photographies publiées par les négationnistes eux-mêmes de paroies maculées de bleu de Prusse, il s’agit de taches qui ne recouvrent pas toute la surface: il y a de nombreux endroits totalement dépourvus de coloration, sur lesquels donc, du bleu de Prusse ne s’est pas formé. Si le principe de formation était aussi absolu, dans le cas qui lui est ici favorable, la formation de bleu de Prusse aurait dû être systématique et relativement homogène. C’est très loin d’être le cas, ce qui démontre que même dans les circonstances en théorie propices à une telle formation, celle-ci est loin d’être automatique. A fortiori, là où ces conditions sont très loin d’être favorables à une telle formation… Il était donc particulièrement peu probable que du bleu de Prusse stable puisse se former, contrairement à ce que soutient Vincent Reynouard.

On comprend vite où il veut en venir. Il poursuit en effet:

(11'57) «On a beau chercher, chercher encore, chercher toujours, pas la moins trace de bleu, ni sur les briques murales, ni aux plafonds, ni sur les piliers […] La conclusion s’impose: ces pièces n’ont pas pu servir de chambre à gaz.»

Vincent Reynouard n’est scientifiquement pas fondé à aller directement à une telle conclusion: il n’a jamais été prouvé que des bleus de Prusse se formeraient toujours en cas d’utilisation d’HCN, mais seulement qu’ils peuvent se former (dans des conditions très éloignées de celles des locaux d’assassinats). L’absence de bleu de Prusse ne peut être invoquée pour prétendre qu’il n’y a pas eu utilisation d’acide cyanhydrique c’est à dire prétendre qu’il n’y a pas eu d’assassinats par gazages. Reynouard résume ici sa malhonnêteté et son incompétence. Ensuite, il entre dans une boucle et répète ce qu’il vient déjà de dire. Relevons quelques perles.

(13'10) «Je ne vais pas entrer dans une controverse de nature chimique.»

On touche ici au comique. Reynouard prétend démontrer à l’aide d’arguments physico-chimiques l’impossibilité des assassinats par gazages et dans le même temps refuse de considérer l’aspect chimique de ses arguments! La raison est simple. Non seulement Vincent Reynouard n’a pas la compétence scientifique relative au domaine qu’il prétend explorer, mais surtout, il sait que sur le plan strictement scientifique, son postulat a été réfuté depuis longtemps. Comme le dit le proverbe, il cherche ici à avoir le beurre, l’argent du beurre et le portefeuille de la crémière. Poursuivons.

(13'20) «Je note juste que dans les faits, à Birkenau, les briques des chambres à gaz ayant fonctionné au Zyklon B, ONT PU être maculées de bleu de Prusse, preuve que la réaction était POSSIBLE et qu’elle a eu lieu.» (souligné par nous).

Il y a ici un véritable aveu. Reynouard sait que la seule information dont il dispose, c’est que du bleu de Prusse peut se former dans les conditions qui règnaient dans les locaux de désinfestation, car en effet, cette formation a eu lieu. Le saut logique autant que scientifique qui passe d’une possibilité dans les locaux de désinfestation à une nécessité dans les chambres à gaz d’assassinats est évidemment une aberration, en l’absence de toute démonstration scientifique. Reynouard sait que la soupe qu’il sert à ses spectateurs est moisie. Il poursuit dans une mise en scène narcissique de son «inspection» des chambres à gaz, à la vaine recherche de taches bleues et conclut (ne faisant que répéter ce qu’il a déjà dit):

(14'20) «Malgré mes recherches, je n’ai pas vu la moindre tache bleue, pas la moindre trace, rien. J’y vois la confirmation que ce local n’a pas pu être utilisé comme une chambre à gaz homicide.»

La proposition de Reynouard, qui n’a absolument rien de scientifique (même dans sa formulation), comme quoi «on s’attend à trouver des taches bleues sur les parois» est un pur postulat asséné mais non démontré. Or tout son raisonnement est construit sur ce postulat (la formation obligatoire du bleu de Prusse) qui est faux, ce qui a été établi depuis longtemps6, notamment dans une étude disponible en ligne depuis longtemps par le chimiste (professionnel, docteur en chimie, contrairement à Germar Rudolf) Richard J. Green:
https://phdn.org/negation/rudolf/green_cyanures/index.html

Le résumé introductif de cette étude permet de comprendre certaines manipulations de Reynouard. Le lecteur est invité à en lire au moins cette introduction.

Résumons: si du bleu de Prusse peut se former lors de l’utilisation d’HCN, cela ne signifie aucunement (et cela n’a jamais été démontré) que du bleu de Prusse doit nécessairement se former (nombreuses raisons, mentionnées notamment par Richard Green, cf. lien ci-dessus), notamment dans les lieux d’assassinats où les conditions (rares durées d’expositions très brèves, concentrations très basses, rinçage des paroies) différaient radicalement de celles des locaux de désinfestation (fréquentes durées d’expositions d’affilée de plusieurs heures, concentrations très élevées, pas de rinçage des paroies).

Reynouard parle d’une «confirmation» de façon à faire croire qu’il aurait été préalablement «prouvé» qu’il n’y avait pas eu d’assassinats par gazages, ce qui constitue une première tromperie. La tromperie principale de Reynouard est de déduire de l’absence de taches bleues (c’est-à-dire de l’absence de bleu de Prusse) qu’il n’y aurait pas eu utilisation d’acide cyanhydrique: comme on l’a dit, non seulement il n’est pas établi du tout que du bleu de Prusse doive toujours se former, mais dans les locaux d’assassinat une telle formation était très improbable, compte tenu des différences avec les locaux de désinfestation.

2. Selon Reynouard, il faut des concentrations très élevées d’HCN pour assassiner des être humains.

Vincent Reynouard est parfaitement conscient de ces différences. Ausssi, afin d’étayer une «démonstration» dont la partie scientifique est totalement absente, il va tenter d’effacer ces différences. Il commence par les concentrations d’acide cyanhydrique utilisées. C’est un fait établi que les concentrations d’acide cyanhydrique nécessaires pour venir à bout des poux (un minimum de 5000 parties par millions — ppm en abbrégé — à maintenir plusieurs heures) est très largement supérieure à celles pouvant provoquer la mort d’un être humain, 300 ppm en quelques minutes. Cette donnée est d’ailleurs connue de tous les professionnels qui manipulent le Zyklon B, ainsi qu’on peut le constater sur ce mode d’emploi américain d’une variante de Zyklon qui date de 1938:

L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies qui propose des textes de références relatifs aux substances utilisées dans l’agriculture stipule sur son site web que «200 ppm tue rapidement êtres humains et autres mamifères». Reynouard, qui ne craint aucun ridicule, entreprend de réfuter une réalité scientifiquement établie, qui fait consensus chez les scientifiques du monde entier! On a là un exemple caractéristique de l’hubris permanent qui possède les négationnistes, ici dans le domaine scientifique. Aucun déni de la réalité la mieux établie ne les fait reculer, y compris dans les domaines où ils sont incompétents. Vincent Reynouard énonce d’abord la réalité qu’il entend dénoncer: «Des gazages trop rapides pour qu’il y ait réaction» (14'35). Il commence par rappeller que tous les témoignages (toujours traités sur le ton de l’ironie afin de jeter évidemment le doute sur leur authenticité) ont mentionné des durées de gazage très courtes. Reynouard enchaîne alors:

(15'55) «Un gazage si rapide est-il possible? Ma réponse est, dans la pratique, non. Je l’ai rappelé: l’évaporation de l’acide cyanhydrique hors du granulé de Zyklon B est un phénomène lent.»

Ici, Vincent Reynouard énonce l’un des mensonges les plus éculés, les plus répandus par les négationnistes, nous y reviendrons. Dans la mesure où Vincent Reynouard mêle constamment les deux problématiques (quantité d’acide cyanhydrique et durée des gazages) en une rhétorique alambiquée, nous devons détricoter afin de traiter les deux sujets séparément.

La toxicologie de l’acide cyanhydrique est parfaitement connue: la concentration létale d’acide cyanhydrique pour l’homme est établie par l’ensemble des toxicologues pratiquant ou ayant pratiqué (et dans le monde entier) à 300 ppm, mortelle en quelques minutes. Cela se trouve partout, dans les ouvrages de toxicologie ou sur internet, dans les cours, dans des rapports de toutes natures. C’est, par exemple, établi par un organisme spécialisé, l’Institut National de l’EnviRonnement Industriel et des RisqueS (INERIS):
https://substances.ineris.fr/fr/substance/getDocument/2655
Ainsi que:
https://substances.ineris.fr/fr/substance/getDocument/3063

Ces deux documents de référence stipulent: «Il est possible de résumer dans le tableau suivant les effets observés chez l’homme en cas d’exposition à l'acide cyanhydrique […] 280 ppm: Létal immédiatement ou dans un délai de 6-7 minutes» (p. 11 pour le premier et p. 24 pour le second).

Seuils de toxicité de l'HCN selon INERIS 2011

Pour tordre le cou à la réalité, Reynouard va recourir à un vieux poncif négationniste, la comparaison avec les exécutions capitales par gazage à l’acide cyanhydrique aux États-Unis, dont les conditions sont sans le moindre rapport avec celles des assassinats par gazages par les nazis. Surtout Vincent Reynouard va multiplier les manipulations et les falsifications. Il explique:

(17'37) «A l’écran un article technique sur l’exécution des condamnés à mort dans une chambre à gaz américaine. Les auteurs donnent la réaction quasi instantanée qui permet de produire les vapeurs mortelles d’acide cyanhydrique. La réaction achevée, la teneur en acide cyanhydrique dans l’atmosphère de la chambre monte à 7500 parties par million [ppm]. Avec de telles teneurs, le condamné meurt en 10 minutes en moyenne.»

Une première remarque: Reynouard fait tout pour empêcher la vérification de ses affirmations. L’adresse de la page web qu’il cite est illisible. Il ne s’agit pas d’un «article technique» mais d’une page web qui accumule les informations sur les exécutions par gazage, sans jamais donner la moindre source: l’ensemble des informations que reprend Reynouard est donc parfaitement invérifiable. Elle est tirée d’un site web personnel consacré à la peine de mort en Grande-Bretagne. La page citée est précisémment celle-ci:
http://www.capitalpunishmentuk.org/gascham.html

Après sa présentation malhonnête de la nature du texte qu’il fait défiler, Reynouard enfonce le clou de la mise en scène en parlant «des auteurs» alors même que la présentation du site web en question explique qu’il s’agit du site web d’une personne, Richard Clark. Par ailleurs, aucun nom d’«auteur» (encore moins d’«auteurs») ne figure sur la page en question. Ce petit tour de passe-passe mesquin vise à ancrer dans l’esprit de son public que l’on a affaire à une publication sérieuse, voire scientifique, ce qui n’est pas le cas puisqu’aucune source ni référence ne figure dans la page en question. Cela montre que sur le plus petit des aspects de son discours Reynouard est toujours dans la manipulation malhonnête.

Il s’agit malheureusement des manipulations les moins graves de la part de Reynouard. Nous n’avons pas encore abordé le plus gros mensonge de Reynouard dans ce passage. Reynouard fait défiler le texte, qu’il ne lit pas, mais dont il propose une paraphrase, dont la vérification est ardue à moins de faire une pause toutes les deux secondes et de plisser les yeux. Mais cette paraphrase est mensongère. En effet, Reynouard prétend que «Les auteurs [sic] donnent la réaction quasi instantanée qui permet de produire les vapeurs mortelles». Ce «quasi instantanée» est une invention de Reynouard, un pur mensonge, qui ne figure absolument pas dans la page qu’il prétend citer. La réaction chimique décrite (dégagement d’acide cynahydrique par réaction entre du cyanure de sodium et de l’acide sulfurique) n’est évidemment pas «intantanée». A part les explosions et les combustions, peu de réactions chimiques le sont! La réaction est peut-être rapide (et aucune information sur cette rapidité ne figure dans la page en question), mais prétendre qu’elle serait instantanée ferait se plier de rire n’importe quel chimiste de profession7. On est là au cœur des pratiques de falsifications de Vincent Reynouard: paraphraser de façon mensongère des sources qui en l’occurrence sont par ailleurs difficilement vérifiables.

Reynouard a besoin de prétendre que la réaction serait instannée pour affirmer qu’il faut maintenir une concentration de 7500 ppm de HCN pendant dix minutes pour tuer un être humain. Or il n’est même pas dit que 7500 ppm serait la concentration atteinte en dix minutes, mais seulement que c’est celle atteinte «quand la réaction est achevée» (when the reaction has finished). c’est une concentration éventuelle finale, en fin de réaction. Aucune information n’est fournie sur la vitesse de réaction, la cinétique de création de l’HCN. La page web citée par Reynouard ne dit nulle part à quelle vitesse cela se produit, quelle concentration est atteinte en 1 minute ou 3 minutes. C’est un comble d’hypocrisie de la part de Reynouard qui falsifie par ailleurs les vitesses d’évaporation d’HCN à partir du Zyklon B: il «oublie» soudainement cet aspect fondamental puisque ça l’arrange... La paraphrase par Reynouard des données très partielles de cette page web (qui ne donne pas ses sources et ne constitue pour le coup pas une source sérieuse) est tout simplement falsifiée. Tout ce qu’on peut tirer de ce que dit vraiment cette page, c’est, dans un cas (il n’est rien dit des autres lieux d’exécution), la quantité totale d’acide cyanhydrique qui peut être dégagé (mais pas la loi de dégagement pendant la réaction) et que la mort clinique du condamné peut survenir en dix minutes en moyenne, en partant de concentrations évidemment plus basses, mais largement suffisantes comme l’établissent toutes les études diponibles sur l’acide cyanhydrique.

Il faut par ailleurs souligner — il s’agit d’une autre malhonnêteté de Reynouard — que la mort apparente (suivie immanquablement lors d’une inhalation suffisante de poison par la mort réelle) précède significativement la mort réelle, la mort clinique qui peut être constatée par un médecin8. Si les conditions d’exécutions capitales induisent la nécessité d’une mort clinique en une dizaine de minutes, il suffisait évidemment aux nazis que les Juifs soient plongés dans le coma causé par l’asphyxie due à l’HCN, sans nécessité qu’ils soient cliniquement morts. La toxicologie de l’acide cyanhydrique connaît bien ces phénomènes où le sujet décède de l’inhalation de poison sans avoir repris conscience même si il n’est plus exposé à l’HCN, ce décès pouvant survenir beaucoup plus tardivement que la perte de conscience définitive qui l’a précédée9. La durée mentionnée par Reynouard à propos des chambres à gaz américaines concerne le moment où un médecin peut déclarer le condamné cliniquement mort, mais il ne s’agit pas du tout de la durée d’exposition nécessaire pour provoquer la mort à coup sûr, laquelle peut être significativement plus courte. Reynouard le sait car cela figure explicitement sur la page web qu’il prétend citer, qui mentionne que le condamné perd conscience très rapidement, entre 1 et 3 minutes. Or ce coma (mort apparente) est différent de la mort clinique et clairement plus rapide. Comme Reynouard est un falsificateur, il se garde de mentionner ce passage et d’opérer cette distinction. Il est évident que des concentrations plus élevées sont requises pour provoquer une mort clinique en 10 minutes que pour provoquer en quelques minutes un coma qui aboutira à la mort après une durée éventuellement supérieure à 10 minutes, mais de façon inéluctable (en l’absence de traitement).

Les seuils donnés par les toxicologues ne sont pas des chiffres «théoriques» comme le prétend (sans le prouver) Reynouard, mais le résultat d’études nombreuses et concordantes. La dose létale et les durées d’exposition associées sont fiables et ces durées ne sont pas des durées de prononcé de mort clinique, mais des durées d’exposition au bout desquelles la mort sera inéluctable, si aucun soin n’est prodigué.

Un exemple tiré d’un cas exposé en 1984 (tiré du rapport de l’ineris cité plus haut) porte plusieurs enseignements. On peut y lire:

«Au cours d’une inspection d’une citerne […], un travailleur perdit connaissance après 3 minutes. Mis sous respiration artificielle après sortie de la citerne, la durée d’exposition a été évaluée à six minutes. Après treize minutes, l’individu était toujours inconscient et présentait une mydriase et une respiration superficielle. En présence d’eau, cette substance se décompose en acide cyanhydrique et en acétone. Bien qu’aucune trace d’acide cyanhydrique n’ait été détectée avant l’incident, les mesures effectuées immédiatement après ont déterminé une concentration d’environ 450 ppm. Une heure après exposition, un traitement approprié a été administré à l’individu comateux. La sortie du coma a été effective 72 heures après l’accident.»

Ce cas est intéressant: de l’HCN s’est dégagé dans la citerne où cette personne travaillait, passant de de 0 à 450 ppm, ce qui a suffit à lui faire perdre connaissance très rapidement. Pris en charge immédiatement il n’est sorti du coma que 72 heures plus tard. Il est évident que si on l’avait laissé sans soin, il serait resté dans le coma puis aurait décédé peut-être au bout de quelques dizaines de minutes. La dose inhalée était suffisante pour le plonger très rapidement dans un coma profond, à terme évidemment fatal. Pas besoin qu’il soit cliniquement mort pour se débarrasser du corps… La confusion entretenue par Reynouard constitue en l’occurrence un mensonge à part entière.

Relevons de nouveau que le chiffre de 7500 ppm (en fin de processus…), ainsi que le procédé chimique de génération de l’acide cyanhydrique (le tout cité sans source) ne valent que pour un seul des établissements décrits dans la page en question mais que Reynouard fait comme si c’était une donnée universelle valant pour toutes les exécutions. C’est évidemment une généralisation tout à fait abusive. D’autant plus qu’il bâtit ensuite sur son mensonge des scénarios extravagants, où il se plaît à rappeler les quelques cas limites et exceptionnels pour lesquels, évidemment, aucune information sur les conditions concrètes d’exécution n’est fournie. Reynouard n’a tout simplement pas le droit de considérer que son chiffre de 7500 ppm peut leur être appliqué, d’autant plus qu’il a falsifié le texte invoqué pour lui faire dire ce qu’il ne dit pas. Tout ceci est totalement farfelu et malhonnête.

Ensuite Reynouard glose longuement sur des tentatives des condamnés à mort de ne pas respirer, quelques cas marginaux de survie plus longue que 10 minutes (dont rien dans le texte invoqué ne précise les conditions exactes d’exécution!) et répète son mensonge sur une concentration de 7500 ppm pendant dix minutes. Passons. Il passe en effet ensuite à un registre répugnant. Il déclare:

(20'30) «les gens dans les chambres à gaz de Birkenau auraient instatannément du comprendre qu’on allait les tuer par empoisonnement. Dès lors, dans un réflexe ultime de survie, un bon nombre aurait retenu leur respiration et se serait comporté comme ces condamnés à mort américains. Il est donc légitime d’affirmer qu’à Birkenau, seule une teneur en acide cyanhydrique voisine de 7500 ppm aurait permis de perpétrer un gazage en 10 minutes environ.»

On touche ici du doigt l’une des difficultés rencontrées dans la réalisation d’un exercice de réfutation des négationnistes. Il y a un effet de sidération devant l’ignominie et la bêtise du discours tenu, sidération qui paralyse la pensée ou induit l’évitement. Ici, faisant évidemment fi de tous les témoignages, le nazi Vincent Reynouard, qui écrit ici en nazi, se permet de gloser sur ce qu’«auraient dû comprendre» et faire les Juifs assassinés dans les chambres à gaz. Il est naturellement insupportable de voir ainsi instrumentalisée l’expérience réelle de la souffrance tant morale que physique des victimes, du désarroi, du désespoir des mères et des enfants sur le point d’être assassinés, par un nazi qui nie la réalité de cette expérience. Cela ne doit pas nous empêcher de progresser dans l’analyse. Suggérer, comme le fait Reynouard dans un pur jeu de langage, qu’une masse affolée de 1500 à 2000 personnes, qui viennent de se faire hurler dessus et tabasser, compressées nues les unes contre les autres dans une pièce de faible hauteur, va avoir conscience de ce qui survient et la présence d’esprit de retenir sa respiration est tout simplement ridicule, immensément stupide et évidemment répugnant. Les témoignages (des sonderkommandos, des SS) ont très souvent mentionné la panique, les cris, les poussées qui agitaient cette foule épouvantée, des comportements qui ne peuvent qu’entraîner une respiration accélérée, une surventilation propice à un empoisonnement plus rapide. Mais ces témoignages là, Reynouard se garde d’en parler.

La conclusion que Reynouard répète n’est construite que sur la falsification de la réalité et des textes ainsi que sur des jeux d’hypothèses aussi mensongers qu’abjects.

Encore une fois, ce qui importe c’est que la dose mortelle en quelques minutes de l’acide cyanhydrique est connue comme 300 ppm en quelques minutes10. Reynouard multiplie ce chiffre par 25 en usant de grotesques falsifications du texte d’une page web qui ne fournit aucune source. Autant prétendre que la température d’ébullition de l’eau est de 2500 oC! L’exemple des condamnés à mort américains est tout à fait trompeur: les conditions n’ont rien à voir avec les gazages de masse à Auschwitz. La mention dans ce contexte très particulier d’un exemple (un seul, non sourcé) d’une concentration, en fin de processus, de 7500 ppm (dont Reynouard affirme sans source de plus qu’il devrait être maintenu pendant 10 minutes) ne saurait être invoquée pour remettre en cause la réalité des seuils létaux, établis scientifiquement et internationalement (cf liens ineris plus haut), 25 fois inférieur. Bref, Reynouard ment comme un arracheur de dents sur tous les aspects de cette question.

Soulignons de nouveau que la vieille technique, inaugurée par Faurisson, de la comparaison avec une chambre à gaz d’exécution est une ineptie d’une monstrueuse mauvaise foi. Il est évident que lors de ces exécutions, où les contraintes légales, sanitaires et médicales sont sans rapport avec les assassinats de masse des Juifs par les nazis, des concentrations beaucoup plus élevées que nécessaires ont très probablement du être utilisées, des mesures de sécurité drastique employées. En tirer des conclusions sur ce qu’auraient dû être les concentrations utilisées par les nazis est aussi stupide que prétexter du fait que lors des exécutions capitales par chaise électrique, l’utilisation de tensions de plusieurs milliers de volts prouverait qu’on ne peut tuer avec 220 volts…

3. Selon Reynouard, la vitesse d’évaporation de l’HCN est lente.

Rappelons ce que déclarait Reynouard:

(15'55) «l’évaporation de l’acide cyanhydrique hors du granulé de Zyklon B est un phénomène lent.»

Il s’agit d’une contre-vérité absolue, un mensonge classique proféré par les négationnistes depuis que Faurisson l’a inauguré en 1979. Il a été repris par l’escroc Fred Leuchter et connu sa forme la plus élaborée sous la plume du négationniste allemand Germar Rudolf. c’est un point d’une importance fondamentale aux yeux des négationnistes car ils l’utilisent pour deux objectifs distincts. Le premier consiste à prétendre, une fois qu’ils pensent avoir convaincu leur public de la lenteur du dégagement de l’acide cyanhydrique, que tous les témoins ont menti puisqu’ils attestent tous de durées de gazages très courtes: 5 à 10 minutes avant que le silence se fasse (on aura compris que c’est la durée au bout de laquelle toutes les victimes sont plongées dans un coma profond qui aboutira à la mort). Le second objectif est plus tordu: les négationnistes tirent de leur prémisse de la lenteur du dégagement d’HCN la conclusion que si des assassinats par gazages avaient eu lieu, alors ils auraient duré très longtemps, ce qui les rapprocherait des gazages pratiqués dans les locaux de désinfestation, rapprochement d’autant plus valide si, comme Reynouard tente de le démontrer avec beaucoup d’énergie et une formidable malhonnêteté, les concentrations utilisées doivent être extrêmement élevées. Tout cela leur sert in fine à justifier leur hypothèse que du bleu de Prusse devrait se former dans les lieux d’assassinats de la même façon qu’il s’en est formé dans les locaux de désinfestation.

Les efforts déployés par les négationnistes autour de cette question de la vitesse d’évaporation de l’acide cyanhydrique du Zyklon B sont surtout l’occasion de mensonges, falsifications et démonstrations d’incompétence scientifique tout à fait spectaculaires. Le cas de Germar Rudolf sur ce sujet est particulièrement édifiant. Il est traité complètement sur PHDN:
https://phdn.org/negation/rudolf/rudolfincompetencefalsifications.html

Il nous faut ici souligner que la réalité documentée et attestée relative à la vitesse de dégagement de l’acide cyanhydrique dans les conditions qui régnaient dans les chambres à gaz est à l’opposée absolue des affirmations négationnistes: ce dégagement est très violent et extrêmement rapide. Nous y reviendrons. Comment Reynouard traite-il concrètement de la vitesse de dégagement de l’HCN? Il déclare:

(16'05) «Ici mes contradicteurs me répondront en invoquant cette courbe [une courbe apparaît à l’écran] sur laquelle tout le monde s’accorde, révisionnistes et anti-révisionnistes. On y apprend qu’à 15 oC en 30 minutes, 45% de l’acide cyanhydrique s’est évaporé des granulés. La courbe étant linéaire, pour cette première demi-heure, on en déduit qu’en deux minutes, soit 15 fois moins, 3% de l’acide cyanhydrique s’est évaporé. Bien. d’après les autorités du musée d’Auschwitz, 5 à 7 kg de Zyklon B étaient utilisés pour gazer 1500 personnes. Prenons la plus grande valeur, 7 kilos. On en déduit qu’en une minute [sic: un panneau dans la vidéo mentionne bien 2 minutes] 3% de 7 kg s’étaient évaporés, soit 210 g. Sachant que le volume libre de la chambre à gaz était de 450 m3 [Reynouard soustrait au volume à vide d’environ 500 m3 le volume occupé par les victimes] cela donne une concentration de 467 mg par m3. Or d’après les fiches officielles diffusées en France, 314 mg/m3 suffisent pour tuer quelqu’un instantanément ou dans un délais de 6 à 7 minutes. On en déduit qu’en deux minutes à Birkenau, on avait dépassé la dose suffisante pour tuer les gens en un maximum de 7 minutes. d’où un gazage qui durait une dizaine de minutes, ce qui contredit ma conclusion.»

C’est après ce passage que, afin de justifier malgré tout ses «conclusions», Reynouard tente de démontrer — on a vu comment — qu’il faut une concentration de 7500 ppm pour tuer des êtres humains. Nous comprenons que, compte tenu des propres hypothèses de Reynouard (c’est à dire même si on utilise la loi de dégagement très lente qu’il propose) de ses propres calculs, si on se fonde sur les vraies concentrations létales universellement établies (et non sur les chiffres délirants de Reynouard), les assassinats par gazages sont très faciles à mener à bien dans les durées indiquées par tous les témoins. Comme le dit lui-même Reynouard: sa conclusion (des durées très longues de gazages) est contredite! Reynouard a donc un besoin impératif de prétendre que la concentration requise est extrêmement élevée, mais il ne peut le faire qu’au prix de multiples falsifications. Dans la mesure où cette affirmation est totalement erronée, on pourrait s’arrêter là et rappeler que les témoins sont donc tout à fait fiables. Il est cependant instructif de poursuivre notre examen des falsifications de Reynouard.

Au passage on aura relevé une autre de ses marottes: il joue son propre rôle certes, mais est tellement obsédé par l’idée d’un «débat» qu’il endosse aussi (de façon purement rhétorique) l’habit de ses «contradicteurs», et même parfois celui de son public. Il fait les questions, les réponses (c’est pratique puisqu’il ne se sert ainsi que des arguments qu’il croit pouvoir réfuter) et énonce le tout à grand renforts d’effets de manches et de trémolos dans la voix. Le procédé est à la fois transparent et lamentable.

Ayant «établi» la nécessité de concentrations pour le moins délirantes, il reste à Reynouard à «prouver» que la durée des assassinats par gazages aurait dû être très longue. C’est là qu’intervient la thèse martelée d’un dégagement lent de l’acide cyanhydrique. Reynouard déclare en effet:


(20'47) «Il est donc légitime d’affirmer qu’à Birkenau, seule une teneur en acide cyanhydrique voisine de 7500 ppm aurait permis de perpétrer un gazage en 10 minutes environ. À 15 degrés, 7500 ppm c’est environ 8600 mg d’acide cyanhydrique par mètre cube [m3]. La question est: lors d’un gazage à Birkenau, tel que le raconte l’histoire officielle, avait-on atteint cette teneur dans les tous premiers instants, ce qui aurait permis de tuer les victimes en dix minutes environ. Si l’on reprend ce graphique incontesté, alors on peut tracer cette courbe qui donne la concentration d’acide en fonction du temps. Suivons cette évolution. On s’aperçoit qu’àprès 30 minutes, on n’a même pas encore atteint cette concentration fatale pour tuer les gens en 10 minutes. […] Bref, loin de tuer en une dizaine de minutes, un tel gazage aurait au contraire duré plus de trois quarts d’heure. A cela, il aurait fallu ajouter ensuite le temps de ventilation. l’argument qui invoque des gazages trop rapides pour qu’il y ait réaction avec les murs, s’effondre donc, et avec lui toute l’histoire officielle basée sur les témoignages.»

Avant de passer au fond, il nous faut relever une autre marque de l’incompétence scientifique de Reynouard. Il affirme: «À 15 degrés 7500 ppm c’est environ 8600 mg d’acide cyanhydrique par m3». Cette façon de présenter les choses est tout simplement ridicule: la température n’a pas d’influence significative sur l’équivalent en masse d’une concentration donnée (le facteur de 1,1 varie si peu avec la température que les toxicologues appliquent régulièrement un facteur 1 pour simplifier les calculs, sans se coucier de la température). C’est de la pure esbrouffe de la part de Reynouard, et surtout une façon de marteler «15 degrés», on verra pourquoi plus bas.

On comprend que c’est bien la double hypothèse frelatée d’une concentration très élevée et d’un dégagement lent qui permet à Reynouard d’arriver à cette première conclusion qui prétend disqualifier «l’histoire officielle» et les témoignages. Le mensonge de Reynouard sur le caractère «instantané» du dégagement de l’acide cyanhydrique dans un cas d’exécution capitale aux USA est ici utilisé implicitement dans la question qu’il pose («avait-on atteint cette teneur dans les tous premiers instants»). La question n’a évidemment aucune pertinence compte tenu de la réalité des teneurs létales, 25 fois inférieures à celle avancée par Reynouard.

Examinons toutefois de plus près le seul argument avancé par Reynouard pour étayer un dégagement lent. Celui-ci est fondé sur un graphique dont il prétend que ce sont ses «contradicteurs» qui le lui opposeraient. Fidèle à son habitude, Reynouard ne fournit pas la moindre indication sur l’origine de ce graphique. c’est une illustration de son manque absolu de sérieux, pour ne pas dire de sa volonté de maintenir son public dans le flou. Fidèle à notre habitude, nous faisons le travail à sa place. Cette courbe n’est pas, à l’inverse de ce que Reynouard suggère, tirée d’un argumentaire des personnes qui réfutent les négationnistes, non, elle est tirée d’un passage des falsifications de Germar Rudolf relatives, justement, à la vitesse de dégagement du Zyklon B.

Il s’agit d’un graphique tiré d’une étude de l’ingénieur de la DEGESCH (la société qui fabriquait le Zyklon B), Richard Irmscher, datant de 1942 relative au dégagement de l’HCN du Zyklon B à de faibles températures. Il est utilisé par Germar Rudolf pour valider certaines affirmations (en l’occurrence tout aussi mensongères que celles de Reynouard) relatives à la vitesse de dégagement du l’HCN, notammment que 50% est dégagé en 30 minutes à 20 oC dans les conditions qui régnaient dans les locaux d’assassinats par gazages. Visiblement Germar Rudolf n’avait pas bien examiné la courbe ni réfléchi puisque la courbe à 15 oC donne 45% (comme l’a bien noté Reynouard) à 30 minutes et non 50%. Voici ce graphique:

graphique Rudolf, teneur totale de HCN dégagé, avec graduations

Il indique la quantité totale en pourcentage d’acide cyanhydrique dégagée en fonction de la durée écoulée. Seule la courbe à 15 oC semble intéresser Reynouard. En effet le graphe présente plusieurs courbes distinctes selon les températures de la situation envisagée (-18, -6, 0 et à 15 oC). Cela permet de faire un premier constat dont Reynouard ne parle pas: la température a une influence déterminante sur la vitesse de dégagement. Cette vitesse est d’autant plus grande que la témpérature est élevée. Or une température de 15 oC n’est pas une température ambiante, une température classique d’utilisation du Zyklon B et elle est surtout très inférieure aux températures réelles qui régnaient dans les chambres à gaz (voir plus bas). Vincent Reynouard n’est absolument pas fondé de suggérer que cette courbe est représentative de ce qui se passait dans les lieux d’assassinats par gazages. Contrairement à Vincent Reynouard qui semble incapable d’exploiter la vraie courbe (il propose une approximation linéaire qui n'est pas nécessaire), nous avons projeté la seule courbe intéressante (la courbe 4) sur un graphe quadrillé, en nous limitant aux 90 premières minutes, les données en heures ne présentant ici aucun intérêt.

graphique Rudolf, teneur totale de HCN dégagé, avec graduations

Reynouard compte sur le fait que son public n’y connaît sans doute pas grand-chose en cinétique chimique et thermodynamique des changements de phase pour — qu’on nous pardonne l’expression — l’enfumer. Rappelons plusieurs éléments de la réalité.

Le texte même du brevet de 1922 décrivant le principe du Zyklon stipule:

«Wenn man den Inhalt der Büchse in dünner Schicht Überstreut, verdunstet die Blausäure in etwa 10 Minuten, so dass die Höchstkonzentration des Gases im Raum mit ausserordentlicher Schnelligkeit erreicht wird.11»

Ce qui signifie:

«L’acide prussique [l’acide cyanhydrique] s’évapore en environ 10 minutes si le contenu de la boite est répandu en une couche fine, de sorte que la concentration maximale du gaz dans la pièce est atteinte avec une rapidité extraordinaire.»

Qui doit-on croire? Les inventeurs du Zyklon B ou le nazi et négationniste Vincent Reynouard? Ce n’est pas tout. Gerhard Peters est co-inventeur du Zyklon B. Il a dirigé un temps la firme Degesch qui le commercialisait. Dans son ouvrage de 1933, Blausäure zur Schädlingsbekämpfung12, Peters décrit le processus de dégagement de l’acide cyanhydrique depuis le Zyklon B d’une façon qui contredit de façon spectaculaire la thèse négationniste d’un dégagement lent. Peters déclare, à la page 64 de sa publication que dès que le contenu d’une boite de Zyklon est répandu, l’HCN se dégage «très violemment»13. Rien à voir avec le dégagement lent avancé par Reynouard…

Et ce n’est pas tout. Toujours à la page 64, Peters écrit:

«In der Regel, […] der größte Teil der Blausäure bei Zimmertemperatur bereits nach einer halben Stunde entwickelt ist».

Ce qui signifie:

«En règle générale, à température ambiante, la plus grande partie du cyanure s’est déjà dégagée au bout d’une demi-heure».

Ce document est tellement explicite que le négationniste Germar Rudolf l’a tout simplement falsifié en prétendant que Peters avait écrit qu’en une demi-heure seulement 50% de l’acide cyanhydrique s’était évaporé. On notera évidemment que l’affirmation de Peters (la vraie, pas la version falsifiée de Rudolf) contredit la courbe utilisée par Reynouard, selon laquelle en 30 minutes, seulement 45% de l’acide cyanhydrique s’est évaporé. Peters parle de «la plus grande partie». Dans toutes les langues, «la plus grande partie» est toujours plus proche de 100% que de 50% (mais pas pour les négationnistes, qui ont l’habitude de falsifier même le langage). Il est en fait évident que Peters évoque des situations de température ambiante, donc largement supérieure à 15 oC.

Il se trouve qu’en réalité, on dispose de données précises relatives à la vitesse de dégagement du Zyklon B à 20 oC, une température sans doute plus proche — bien que probablement inférieure à la réalité — de celle qui régnaient dans les chambres à gaz. Herbert Rauscher était un chimiste au sein de la Heli, une des sociétés spécialisées dans la distribution du Zyklon B pendant la guerre. Il a fait une déposition après la guerre, dans le contexte du procès qui concernait la société Degesch, en tant que témoin pour la défense. C’était un spécialiste de l’HCN et du Zyklon B: il maîtrisait donc son sujet. Il fournit des chiffres précis pour les vitesses d’évaporation de l’HCN du Zyklon B à 20 oC, notamment un chiffre particulièrement intéressant: à 20 oC, 28 % de l’HCN se dégage en 5 minutes14. Herbert Rauscher apporte une information d’une importance extrême: les chiffres qu’il avance sont le fruit de mesures effectuées lors d’expériences; il s’agit bien ici de la réalité mesurée de la vitesse d’évaporation de l’acide cyanhydrique à partir du Zyklon B15.

Pour visualiser à quel point on s’écarte d’un dégagement lent, on peut tracer la courbe de dégagement correspondant à 28% en 5 minutes (en utilisant une cinétique classique exponentielle de degré 1 que préconise le négationniste Germar Rudolf lui-même) et comparer avec la courbe que prétend utiliser Reynouard. Cette dernière, c’est la courbe noire, la réalité c’est la courbe bleue:

graphique Rudolf, teneur totale de HCN dégagé, avec graduations

En 5 minutes 28% de l’acide cyanhydrique s’est dégagé contre 10% pour la version Reynouard. En 30 minutes on en est à 86%, ce qui correspond tout à fait à «la plus grande partie» dont parle Gerhard Peters. Si l’on s’essaie au petit jeu du calcul des concentrations qu’affectionne tellement Reynouard, cela devient encore plus probant. Dans le cas de la chambre à gaz du crématoire II de Birkenau, la plupart des témoignages font état du versement de quatre boîtes de Zyklon B, probablement de 1,5 kg d’acide cyanhydrique, environ 6 kg au total16. En 5 minutes, 1680 g sont évaporés. Considérant que le volume de la chambre à gaz est de 500 m3 (inutile de retrancher l’espace occupé par les victimes), cela donne une concentration (arrondie) de 3,4 g/m3 soit, 3400 mg/m3, soit plus de 3000 ppm. En 5 minutes on a atteint dix fois la dose mortelle. Et si on utilise la courbe proposée par Reynouard (bien qu’il soit aberrant de se servir de données pour une témpérature de 15 oC, voir ci-dessous), on obtient une concentration de 1200 ppm en 5 minutes, une dose immédiatement mortelle pour l’être humain. Même si la quantité de Zyklon déversé avait été inférieure, les seuils létaux auraient été atteints très rapidement. Cela confirme évidemment de façon éclatante la validité des nombreux témoignages qui font état de durées de gazages très courtes. Cela montre que Vincent Reynouard est un pitre malhonnête et incompétent.

Il y a pire: la négligence volontaire et anti-scientifique de la température.

On vient de le voir, la réalité du dégagement de l’acide cyanhydrique du Zyklon B à température ambiante, vers 20 oC est celle d’un dégagement très rapide. Reynouard qui est censé avoir une formation scientifique essaie de faire passer une courbe à 15 oC comme représentative de ce qui se déroulait dans les chambres à gaz. Cette ignorance volontaire de l’influence de la température est la plus grande manipulation de Reynouard relative à la vitesse d’évaporation de l’HCN. Il marche évidemment dans les pas boueux de Germar Rudolf.

L’acide cyanhydrique sous forme liquide (la forme sous laquelle il est stocké dans le Zyklon B) s’évapore spontanément à température ambiante (et même à des température très basse comme le prouve l’étude de Richard Irmscher), un peu comme l’éther, ou même tout simplement l’eau (de l’eau à température ambiante s’évapore, assez rapidement même, dès qu’on dépasse 30 oC, assez loin pourtant de la température d’ébullition). Or la température d’ébullition de l’acide cyanhydrique est de 26 oC! C’est ici que le contexte de notre étude de l’évaporation de l’acide cyanhydrique doit être rappelé: l’assassinat de masse par gazage d’êtres humains.

On sait aujourd’hui qu’un préchauffage avait été envisagé pour certaines chambres à gaz. Cela ne s’est pas avéré nécessaire car, lorsqu’on force à coup de crosses et de hurlements des centaines d’êtres humains nus, dont le corps est a minima au dessus de 30 oC et l’air exhalé à 37 oC, à s’accumuler dans une pièce où elles finiront par être écrasées les unes contre les autres, la température augmente extrêmement rapidement, largement au dessus de 26 oC. Que l’on pense aux occasions où l’on est confiné dans un espace clos à plusieurs personnes serrées les unes contre les autres pour imaginer l’augmentation de température rapide et importante qui en découle… c’est une évidence quotidienne. Ce phénomène est d’ailleurs connu et pris en compte par les spécialistes de la climatisation. On dispose d’ailleurs de témoignages explicites stipulant qu’après avoir fait pénétrer les Juifs dans la chambre à gaz on attendait, avant de verser le Zyklon B, que la température soit suffisamment élevée17! Les nazis connaissaient et utilisaient les propriétés physiques de l’acide cyanhydrique.

La température de la pièce dans laquelle le Zyklon B était déversé était donc très certainement supérieure à 30 oC, en tous cas significativement supérieure à la température d’ébullition de l’acide cyanhydrique. Or la cinétique de changement de phase (passage de l’état liquide à l’état gazeux) en dessous et au dessus de la température d’ébullution change radicalement comme on peut le constater en observant de l’eau dans une casserole à 30 oC, voire 50 oC (c’est calme, même si ça s’évapore), ou à 105 oC: ça bout, c’est violent, ça s’évapore très rapidement. c’est un phénomène d’évaporation au moins aussi violent qui se produit pour l’acide cyanhydrique liquide du Zyklon B soumis à une température supérieure à sa température d’ébullition. Dans les chambres à gaz, l’acide cyanhydrique du Zyklon B exposé à des températures significativement supérieures à sa température d’ébullition s’évaporait extrêmement rapidement, plus rapidement encore que ce que Peters ou Rauscher décrivaient, comme de l’eau qui bout! Cela est évidemment passé sous silence, «oublié» par Vincent Reynouard et rend risibles l’ensemble de ses arguties sur les vitesses d’évaporation de l’HCN. Aucun scientifique digne de ce nom n’oserait négliger la question de la température dans une étude relative à une problématique d’évaporation! Ce serait comme discourir des heures sur l’évaporation de l’eau à 70 oC pour appréhender ce qui se passe quand on la chauffe à 120 oC! Reynouard est donc soit un idiot clinique soit un escroc absolu qui ne cherche qu’à tromper sont public, dans les deux cas, un pitre sordide et malfaisant.

On l’aura compris: la marge est énorme. Même si on ne dépasse pas la température d’ébullition de l’acide cyanhydrique, la vitesse de dégagement est amplement suffisante pour permettre un gazage extrêmement rapide (voir notre calcul avec les chiffres de Herbert Rauscher). Pire, en utilisant la propre courbe du négationniste Reynouard, il est démontré, en faisant l’économie de sa grotesque falsification sur les seuils létaux, que les gazages d’êtres humains de masse sont très aisément et très rapidement mortels!

In fine, il ne fait évidemment aucun doute que l’acide cyanhydrique s’évaporait à très grande vitesse dans le contexte du gazage d’êtres humains par les nazis et qu’il atteignait très rapidement la concentration (300 ppm) létale. Comme nous l’avons souligné plus haut, ce sont même des concentrations très largement supérieures qui sont atteintes: 1200 ppm en 5 minutes avec les propres courbes de Reynouard (qui ne prend pas du tout en compte la température), une concentration évidemment mortelle de façon instantannée, en réalité plus de 3000 ppm. En se fondant sur les témoignages (tous concordants sur l’ordre de grandeur des durées de gazages, quelques minutes, éventuellement une attente supplémentaire avant d’aérer puis d’ouvrir, ne dépassant pas en tout vingt minutes), la concentration en toute fin de processus (au maximum 20 minutes) aurait atteint plus de 3500 ppm avec les chiffres de Reynouard, plus de 8000 ppm en réalité. Même dans le cas réel, le plus élevé, il convient de souligner que ces concentrations n’existaient dans les chambres à gaz que de brefs instants, puisque on passait ensuite à l’aération qui faisait rapidement baisser ces taux. Ainsi, jamais n’étaient maintenus de fortes concentrations d’acide cyanhydrique sur de longues durées (comme c’était le cas — plusieurs heures — pour les locaux de désinfestation où des ferrocyanures ont pu se former).

Toute cette présentation de Reynouard sur les seuils létaux et la vitesse de dégagement de l’acide cyanhydrique est une vaste fumisterie, qu’un bagage scientifique minimal et un peu de travail permet de démonter facilement. Reynouard compte évidemment sur la paresse de ses adeptes. Invoquer les exécutions américaines (en sollicitant et en falsifiant beaucoup la page web citée) c’est comme prétendre démontrer l’impossibilité de la traite négrière transatlantique en utilisant les voyages sur un paquebot de luxe pour montrer qu’on ne pouvait pas transporter tant d’Africains entre l’Afrique et l’Amérique…

Les assassinats par gazages duraient peu de temps et utilisaient de faibles concentrations (par rapport aux locaux de désinfestation) d’acide cyanhydrique, comme l’ont toujours décrit les nombreux témoins. Ceux-ci ne mentaient donc pas, contrairement à ce qu’affirme le négationniste Reynouard en se fondant sur ses falsifications et ses raisonnements frelatés. Par ailleurs, comme cela est rappelé par de nombreux témoins, les chambres à gaz etaient rincées après chaque opération. Conclusion: les conditions qui régnaient dans les lieux d’assassinats par gazages différaient radicalement de celles qui régnaient dans les locaux de désinfestation (expositions très longues à de grandes quantités d’acide cyanhydrique, pas de rinçage, plus grande fréquence des opérations de désinfestation). Non, malgré les tentatives désespérées de Reynouard, ce n’est pas parce que du bleu de Prusse a pu se former dans les locaux de désinfestation que cette formation aurait nécessairement du avoir lieu dans les chambres à gaz, bien au contraire.

Ceci nous amène au dernier, énorme et hallucinant mensonge de Vincent Reynouard.

4. Selon Reynouard, l’expertise polonaise de 1994 a cherché, et prétendu trouver des résidus cyanurés de la famille du bleu de Prusse (des ferrocyanures).

Il s’agit bien ici d’une énorme falsification (que Reynouard sait évidemment être telle): contrairement à ce qu’il affirme, l’expertise de 1994 ne mesure PAS les résidus ferrocyanurés (dont le bleu de Prusse).

Ainsi que le montre l’étude de Richard Green déjà citée, il est très peu probable que, dans les conditions qui régnaient dans les chambres à gaz d’assassinat, du bleu de Prusse ait pu se former. Le postulat négationniste (jamais démontré) est que lors de l’utilisation d’HCN, du bleu de Prusse doit se former. Cela est faux. C’est la raison pour laquelle, l’expertise de 1994 a dosé d’autres types de résidus cyanurés, mais pas les ferrocyanures.

Reynouard va affirmer, répéter, marteler très explicitement le contraire en s’appuyant sur la mention (et non la reproduction), montrée brièvement, sans moyen aisé d’y accéder (c’est tellement pratique pour ça, les vidéos…), par un certain Loupi Smith, de cette expertise. Si Reynouard était honnête, il aurait donné le moyen d’accéder à cette expertise dans sa version complète, qui figure sur le site phdn.org (que Reynouard connaît bien) depuis 1997:
https://phdn.org/negation/markiewicz.html

À 23'30, un panneau annonce une partie de la vidéo intitulée «L’expertise polonaise de 1994: un travail dénué de valeur historique». Reynouard prend ensuite à partie un de ses détracteurs qui répond à ses vidéos sour le nom de «Loupi Smith» et publie des pages de réfutations des élucubrations négationnistes. Reynouard déclare:

(24'00) «Comment croire qu’avec tous ces gazages, quasiment aucune molécule d’acide cyanhydrique ne soit entrée en contact avec les murs? Ici, Loupi Smith me répondra en invoquant l’expertise de Cracovie, publiée en 1994. Cette expertise, il en donne toutes les références, ainsi que l’origine de son financement. Cela impressionne. Puis il en livre les conclusions.»

Ce qui n’impressionne pas par contre, c’est que Vincent Reynouard qui connaît bien le site phdn.org se garde de mentionner la version française de l’étude polonaise de 1994, intégralement disponible sur le site, et préfère citer une autre source qui n’en mentionne que des extraits (tout en mentionnant phdn.org comme sa source). Reynouard enfume une fois de plus son public en ne fournissant aucun moyen de vérification de ses élucubrations. On voit apparaître en vidéo un passage surligné en jaune, quasiment illisible (ça arrange bien Reynouard; voir copie d’écran ci-après) que prétend lire Reynouard. Cette page de Loupi Smith, Reynouard n’en fournit évidemment pas l’adresse (on ne sait jamais, quelqu’un pourrait vouloir vérifier!).

Voici le verbatim du début des propos de Reynouard (qui prétend citer/lire Loupi Smith). En gras, ce qui ne figure pas dans le texte de la page de Loupi Smith.:

(24'25) «Non seulement l’on peut conclure qu’un local de désinfection avéré possède des concentrations DE FERROCYANURES DANS LES MURS du même ordre de grandeur que la chambre à gaz homicide la mieux préservée.»

Le passage «DE FERROCYANURES DANS LES MURS» (on entend un léger changement de ton chez Reynouard) ne figure PAS dans le texte original de Loupi Smith! Cela peut se voir sur la vidéo (en faisant beaucoup d’efforts) et plus facilement encore à la page même de Loupi Smith (dont l’URL est illisible dans la vidéo): REYNOUARD FOURNIT UNE PRÉCISION QUI EST UN MENSONGE AU PREMIER DEGRÉ! En effet, Loupi Smith n’écrit absolument pas que l’expertise de 1994 dose des ferrocyanures. Et pour cause, cette expertise, non seulement ne le fait pas, mais ses auteurs précisent explicitement qu’elle ne le fait pas! Mais comme Reynouard prend bien soin de ne pas fournir l’URL de l’expertise complète, il pense qu’il peut mentir en toute impunité. Citons le texte original de l’expertise:

«Nous avons décidé par conséquent de doser la teneur en ions de cyanure par une méthode qui ne dégrade pas le complexe composé de ferrocyanure (c’est le bleu [de Prusse] dont nous avons discuté)»

C’est là: https://phdn.org/negation/markiewicz.html

Loupi Smith avait pourtant indiqué au début de sa page que l’expertise était tirée de phdn.org (malheureusement, Loupi Smith ne fournit pas l’URL exacte de ses sources, mais il est certain que Reynouard savait pertinemment où se trouvait le texte complet de l’expertise en question sur phdn, lui qui a détourné le nom du site de façon répugnante en phdnm pour tromper les internautes).

Reynouard répète son mensonge en continuant sa lecture des concentrations rapportées par Loupi Smith:

(24'50) «Block 11 russes — où l’on a fait que des tests homicides: 28 microgrammes Chambre à gaz du crématoire 1, où il y aurait eu peu de gazages: 292 microgrammes. Chambre à gaz du crématoire 2 où il y aurait eu énormément de gazages: 640 microgrammes DE FERROCYANURES DANS LES MURS»

Or, une fois de plus, cet ajout «DE FERROCYANURES DANS LES MURS» ne figure pas dans le texte de Loupi Smith dont Reynouard prétend offrir la lecture en poussant le toupet jusqu’à surligner le passage qu’il falsifie en direct! Pourtant l’expertise de 1994 dit bien très explicitement qu’elle dose les ions de cyanure SANS DÉGRADER LES FERROCYANURES (c’est-à-dire sans doser les ferrocyanures!) et les tableaux de résultats disent explicitement ce qui est mesuré: «concentration de CN- en µg/kg»; nulle trace de «FERROCYANURES». Reynouard le sait. Reynouard falsifie. Reynouard ment. En toute connaissance de cause. Le premier ajout de Reynouard n’était évidemment ni accidentel ni fortuit. La falsification est ici répétée.

Vincent Reynouard est obligé de mentir en affirmant que l’expertise de 1994 doserait des ferrocyanures pour dénoncer une incohérence qui n’existe pas (à savoir le fait qu’on ne voit pas de bleu de Prusse dans les locaux d’assassinats par gazages). une telle énormité dans le mensonge est à peine croyable. L’hypocrisie de Reynouard qui choisit de citer un internaute qui résume l’étude de 1994 alors que celle-ci est en ligne sur PHDN depuis près de 20 ans est la signature de sa mauvaise foi absolue. Il fait tout ce qu’il peut pour rendre toute vérification difficile car il sait que quiconque vérifiera et travaillera un minimum trouvera le pot au rose de ses falsifications. Les négationnistes ne sont pas là pour informer, ils sont là pour tromper.

Dans la suite, Reynouard répète encore, encore et encore le même mensonge:

(25'15) «Puisqu’il y a des FERROCYANURES, DONC DU BLEU DE PRUSSE DANS LES MURS des chambres à gaz homicides…»

Incroyable! Ni Loupi Smith, ni l’expertise de 1994 ne disent une telle chose, au contraire. Reynouard est un menteur, un falsificateur halluciné qui tente ne nous faire prendre sa vessie pour une lanterne. l’étude polonaise de 1994 a effectivement trouvé des résidus cyanurés en quantités significatives, mais il ne s’agissait pas de ferrocyanures. La belle affaire! Cela prouve quand même l’utilisation massive d’acide cyanhydrique dans les chambres à gaz.

Reynouard révèle pourquoi il insiste tant (et remet le couvert, un festival):

(25'25) «Seulement, un problème survient évident. Quand je lis qu’un local de désinfection avéré possède des concentrations EN FERROCYANURE DANS SES MURS du même ordre de grandeur que la chambre à gaz homicide la mieux préservée, une question me vient tout de suite à l’esprit. Pourquoi toutes ces traces de bleu de Prusse dans les locaux de désinfection avérés, alors que sur le béton de ces prétendues chambres à gaz homicides, où il y aurait la même teneur EN FERROCYANURE, on ne voit rien. Et oui Loupi, si les taux DE FERROCYANURES sont les mêmes [sauf que justement Loupi Smith et l’expertise 1994 ne disent pas cela] alors comment expliquer cette différence ra-di-ca-le? Plein de taches ici, dans la chambre à gaz de désinfection avérée, et aucune là, dans la prétendue chambre à gaz homicide.»

Pas une, ni deux, ni trois, ni quatre, ni cinq, non, SIX fois, le même ÉNORME mensonge.

On a compris le «raisonnement» de Reynouard. Si des experts prétendent (selon le mensonge martelé de Reynouard) trouver une substance (des bleus de Prusse) dont la manifestation (des taches bleues) devrait être parfaitement visible et que l’on ne voit pas ces taches, c’est qu’ils ne sont pas sérieux, que l’expertise est «bidonnée». Voici comment il l’exprime:

(26'14) «Il ne m’en faut pas plus pour conclure que cette expertise de Cracovie est erronée, voire FRAUDULEUSE»

On reste abasourdi… On comprend pourquoi Reynouard ment à répétition sur la nature de l’expertise de 1994. Comme cette expertise ne dose pas les ferrocyanures, il n’y a pas d’incohérence, de «différence ra-di-cale», le «raisonnement» de Reynouard s’effondre et révèle son auteur pour ce qu’il est: un falsificateur sans scrupule, un escroc minable: bref que la seule «fraude» à laquelle nous assistons, c’est celle dont Reynouard est l’auteur.

Les résidus cyanurés trouvés par Markiewicz et son équipe en 1994 n’appartenant pas à la famille des bleus de Prusse, ils n’ont aucune raison de se manifester sous la forme de taches bleues et l’absence de ces taches n’est aucunement la preuve de l’absence de résidus cyanurés. Les niveaux des composés cyanurés détectés ne représentent en rien une quantité de bleu de Prusse présente ou absente, mais représentent bien le degré d’exposition des différents matériaux/lieux testés à de l’acide cyanhydrique. Il en ressort que tous les lieux connus pour avoir été utilisés pour des assassinats par gazage à l’HCN avaient bien été massivement exposés à de l’HCN.

Depuis des décennies, l’absence de bleu de Prusse est invoquée par les négationnistes à gros coups de falsifications répétées ad nauseam pour prétendre qu’il n’y a pas eu gazages. Reynouard s’inscrit dans cette lamentable tradition. L’expertise polonaise de 1994 est parfaitement sérieuse et probante: elle a bel et bien trouvé en quantités remarquables des résidus cyanurés (mais pas des bleus de Prusse, qui ne sont pas l’objet des dosages parce qu’ils ne se forment pas nécessairement — est-ce que c’est clair?) là où les assassinats par gazage avaient eu lieu. Les négationnistes sont contraints de mentir de façon éhontée pour traiter cette expertise de «supercherie».

Les quelques mensonges sur lesquels Reynouard enchaîne ensuite sont de peu d’importance. Mentionnons toutefois qu’il invoque le nazi et négationniste Ernst Zündel; qu’il glose sur ce qu’il ose appeler «la première véritable expertise des chambres à gaz d’Auschwitz et de Maidanek» de l’escroc (et maître-chanteur) Fred Leuchter. C’est tout simplement pitoyable: quand on connaît un peu le sujet on se demande comment Reynouard fait pour ne pas avoir honte de seulement prononcer le nom de celui qui fut ridiculisé et dont il fut démontré qu’il avait menti en se faisant passer pour un ingénieur et surtout qu’il était, dans chacun des domaines qu’il abordait (toxicologie, chimie, physique, etc.) un incompétent absolu (de l’avis même d’ailleurs du négationniste Robert Frenz18). Reynouard dont la devise semble être «toujours plus bas» tente de légitimer son jugement sur l’expertise de 1994 en invoquant le négationniste Germar Rudolf. Il suffit pourtant de se référer à la section que nous lui avons consacrée sur PHDN pour constater qu’il s’agit là aussi d’un falsificateur sans scrupule, de plus parfaitement incompétent. Reynouard prétend que Rudolf a réfuté l’étude de 1994, ce qui est évidemment faux. Il faut cependant citer Reynouard:

(28'10) «depuis bien longtemps, Germar Rudolf l’a réfutée. Je renvois le spectateur à cet ouvrage [apparaît une couverture à l’écran] et plus particulièrement à la page 45 où l’auteur développe une critique très sévère contre cette expertise.»

Nous n’allons pas ici expliquer pourquoi Rudolf est de mauvaise foi. Par contre, Reynouard est particulièrement culotté de citer cet ouvrage. Lisons un passage qui figure dans la «critique» même que Reynouard invoque. Rudolf y écrit:

«Les trois auteurs polonais ont utilisé une méthode […] qui ne peut pas détecter […] la famille des bleus de Prusse19»

C’est bien d’ailleurs ce que Rudolf leur reproche et son texte n’est pas une réfutation mais une critique (d’ailleurs infondée) de ce choix. Il y a ici de quoi éclater de rire: pour appuyer ses sarcasmes sur l’étude polonaise de 1994, Reynouard cite un texte qui dit exactement le contraire de ce que lui Reynouard n’a cessé de marteler dans sa vidéo! La malhonnêteté et la pitrerie ont rarement été poussées si loin de concert. Rappelons que les négationnistes n’agitent leurs «sources» en faisant les gros yeux que pour impressionner les gogos. Ils comptent bien qu’on ne vérifiera jamais ce qui s’y trouve vraiment. Quand on vérifie on est toujours ébahi devant la façon dont ils ont travesti leur contenu, même quand il s’agit de sources négationnistes.

Voici la conclusion de Reynouard (Reynouard parsème toutes ses vidéos de nombreuses «conclusions»):

(28'50) «Autant dire que du point de vue historique, cette contre-expertise de 1994 ne vaut rien. Tout ce qu’elle prouve c’est la FRIPOUILLERIE des gardiens du dogme des chambres à gaz. »

Relevons que Reynouard raconte n’importe quoi: l’expertise polonaise de 1994 apporte des preuves d’un point de vue scientifique avant tout et non historique. Le lapsus est amusant quand on se souvient que Reynouard prétend n’utiliser ici que des arguments «scientifiques». Au-délà de cette incohérence ridicule, ce qui frappe c’est évidemment la véhémence du menteur et falsificateur Reynouard accusant de «fripouillerie» les auteurs d’une étude scientifique dont il vient de falsifier spectaculairement le contenu à plusieurs reprises. Cet acharnement à falsifier les travaux de Markiewicz et ses collaborateurs et à les insulter de façon répétée démontre le problème radical que créent ces travaux pour les négationnistes: ils prouvent bien de la façon même que les négationnistes prétendent réclamer, en recourant à la science dure, que des gazages ont eu lieu dans les chambres à gaz où tous les témoins ont attesté des assassinats par gazages. Ce sont bien les négationniste qui sont alors contraints de recourir, eux, à des «fripouilleries» afin de falsifier cette réalité.

Un peu plus loin Reynouard s’attelle à faire son propre éloge (on dirait du Soral):

(30'45) «Je laisse libre quiconque de croire aux expertises polonaises, mais pour ma part je travaille sur du sérieux et sur du solide.»

On ne sait plus s’il faut rire ou pleurer. «pour ma part je travaille sur du sérieux et sur du solide»… Il fallait oser. Reynouard ose, poursuit, et répète:

«Or les faits se présentent à nous de façon très claire: là où les allemands ont pratiqué des gazages de désinfection, de nombreuses traces de bleu de Prusse subsistent issues des réactions entre le gaz utilisé et l’oxyde ferrique des briques. Là où les Allemands auraient gazé des centaines de milliers de personnes, aucune trace de bleu de Prusse ne peut être vue.»

Cela est étonnant mais ces constats sont en effet exacts. Ce qui ne l’est pas c’est que l’expertise polonaise aurait cherché des bleus de Prusse (elle a cherché et trouvé d’autres résidus cyanurés), c’est que du bleu de Prusse devrait se former dans les lieux d’assassinat comme il s’est formé dans les locaux de désinfestation, c’est que les conditions qui y régnaient auraient été comparables (elles étaient radicalement différentes, notamment parce que les assassinats duraient peu temps, nécessitant des concentrations peu élevées — contrairement aux affirmations de Reynouard toutes construites sur des falsifications et une lamentable incompétence — et que les parois étaient rincées après les assassinats). Aussi la conclusion (annoncée pompeusement par un panneau «Conclusion») de Reynouard n’est-elle que le résumé de ses mensonges précédents:

(31'20) «La conclusion s’impose: les prétendues chambres à gaz homicides allemandes n’ont pas existé. c’est confirmé en premier lieu par la physique et par la chimie. Nos adversaires pourront tout faire, multiplier les arguties, aggraver les persécutions, ils n’y pourront rien. Car on ne peut rien contre la vérité, la simple vérité, celle qui s’impose dès qu’on analyse objectivement les faits, sans chercher à tout prix à les éluder.»

Nous laissons le lecteur juger de cette «conclusion» et de cette profession de foi de Reynouard sur son amour de la «vérité», sur l’usage de la physique et de la chimie et sur ceux qui éludent et usent d’arguties…

IV. Conclusion

Nous avons clairement établi que Vincent Reynouard est avant tout un imposteur, un menteur, un falsificateur, un pitre et un incompétent. Si on ne doit pas le prendre au sérieux, on ne doit pas non plus le sous-estimer. Il sait parfaitement ce qu’il fait. Il sait qu’il s’adresse à un public qui ne vérifiera pas ses mensonges, ses citations tronquées ou trafiquées. Le réfuter ne demande que du travail et de la rigueur, mais l’exercice auquel nous nous sommes ici astreints, sur une seule vidéo d’environ une demi-heure montre qu’il ne saurait être question de «débattre» avec un individu d’une telle mauvaise foi. Il faut songer que Reynouard a produit des centaines d’heures de vidéos comparables à celle que nous venons d’étudier, que la densité, de bêtise certes, mais aussi de mensonges et de falsifications y est toujours aussi élevée.

Rappelons enfin une chose fondamentale: toutes les arguties (pour le coup) de Reynouard passent évidemment à coté du principal. Il tente de nier la partie (les chambres à gaz d’Auschwitz) pour le tout (le génocide et le caractère criminel du régime nazi, qui a évidemment commis bien d’autres crimes que l’assassinat collectif des Juifs). En se concentrant ainsi sur des aspects techniques (qu’il falsifie ou comprend de travers, mais encore faut-il être outillé pour détecter ses mensonges et son incompétence), il évite de faire de l’histoire, ce dont, par ailleurs, il est incapable. Or le génocide des Juifs est ultra-documenté, contrairement à ce que martèle Reynouard et tous les négationnistes. De nombreux documents (contemporains, émamant principalement des nazis et de leurs complices) sont disponibles tant dans une immense production historienne qu’en ligne. Reynouard et sa bande les fuient comme les vampires fuient la lumière du soleil, car ces documents sont sans ambiguïté sur le désir des nazis d’assassiner les Juifs, sur leur volonté de passer à l’acte, sur le fait qu’ils l'ont accompli.

Voir notamment:
https://phdn.org/histgen/documents/nazisdoc.html

Cette collection de documents réduit à néant les inepties négationnistes. Seuls les lâches et les paresseux évident d’en prendre connaissance. Il y en a encore:
https://phdn.org/histgen/documents/index.html
https://phdn.org/histgen/hitler/declarations.html

Evidemment, en usant de falsifications négationnistes, certains sont tout à fait capables de se saisir de passages de quelques uns de ces documents, de les isoler, de les triturer afin de les édulcorer ou d’en falsifier radicalement la signification, mais il faut considérer ces documents ensemble, sans tronquer ni ignorer leur cohérence et ne jamais oublier l’immense corpus de témoignages qui les accompagne.

Pour terminer sur une note à la fois lamentable et comique, un pot-pourri (c’est le cas de le dire):


Notes

1. PHDN est heureux d’accueillir un nouveau contributeur, Max Ou qui intervient depuis quelques années sur twitter sur les sujets chers à PHDN. Nous tenons à signaler que les opinions qu’il exprime sur twitter n’engagent que lui. Il avait publié une première version de la présente analyse sur pastebin, dont Vincent Reynouard a eu connaissance, mais auquel il n’a jamais jugé utile de répondre. Nous avons revu ensemble de fond en comble cette version pour élaborer le présent texte; il s’agit donc d’un travail collectif, qui a cependant une dette majeure envers la version séminale de Max Ou. Vincent Reynouard a bloqué Max Ou sur twitter devant la mention répétée par ce dernier des présentes démonstrations…

2. Nous ne nous inspirons pas ici de la désormais célèbre «Loi de Brandolini» formulée en 2013 pour décrire la disproportion entre l’énergie, le temps, la longueur (considérables) nécessaires pour réfuter les inepties de toutes natures et celles (dérisoires) pour produire ces dernières, mais de notre propre constat, équivalent mais bien antérieur, relatif aux discours négationniste. Nous avons exprimé ce constat publiquement, pour la première fois le 28 février 1999 (quatorze ans avant Alberto Brandolini) sur les forums de discussion Usenet. Nous écrivions alors: «Un mensonge négationniste s'énonce en une phrase mais se réfute en 20 lignes» (Gilles Karmasyn, «Re: Les impasses d'une chercheuse : c.q.f.d.», Usenet, fr.soc.politique, 28 février 1999, Message-ID: <gilkarm-2802992014490001@wn16-041.paris.worldnet.fr>).

3. Le 15 juin 2011, Vincent Reynouard accorde un long (très long, près de deux heures…) entretien au conspirationniste d’extrême droite Franck Abed («Franck Abed reçoit Vincent Reynouard»). Peu après la 52e minute, après avoir affirmé son hostilité radicale à l’existence d’Israël, interrogé par Franck Abed sur la destination des Juifs, Reynouard affime que «Ils [les Juifs] ont une condamnation à être errants, c’est ainsi, c’est leur châtiment […] Pour moi un pays sain, où les gens sont sains, n’a pas à crainde les Juifs. Souvent les gens me disent, ah les Juifs c’est des bacilles, j’aime pas cette façon de faire parce que pour moi on ne compare jamais un homme à un animal ou à une créature quelconque, dire les Juifs sont des bacilles, ça me plaît pas, mais, ah vous dites ça? Mais le bacille, quand est-ce qu’il est dangereux. Quand le corps est affaibli. Un corps non affaibli, le bacille n’est pas dangereux. Vous avez en permanence des microbes partout, mais vous avez votre système immunitaire. Si une société est faite de gens sains qui ont des idéaux sains, hé bien même si il y a des choses malsaines — même à supposer que les Juifs soient intrinsèquement malsains, ce que je ne crois pas tout à fait, mais enfin bon, supposons… — si ils sont dans une société saine avec les barrières qu’il faut y aura aucun problème.». Malgré des précautions maladroites, on comprend bien que pour Reynouard les Juifs sont des bacilles, intrinsèquement malsains (la dénégation est ici un aveu), menaçant toute société qui n’érigerait pas «les barrières qu’il faut». Un discours nazi. Reynouard en confirme d’ailleurs les termes et le sens en 2024, lors d’un dialogue avec le militant néo-fasciste et négationniste Yvan Benedetti (le 1er mai 2024, dans une vidéo intitulée «30 ans de combat»). Déclarant, à partir de la 43e minute que l’esprit de la franc-maçonnerie, l’esprit de la religion juive «influent sur nos sociétés» parce que «au départ, les peuples sont déjà affaiblis, gangrénés […] la judéo-maçonnerie […] est un symptôme plutôt qu’une cause, le corps étant malade, les traditions occidentales étant oubliées de plus en plus, les gens se retrouvent avec une ignorance de ce que sont les vérités éternelles, et à ce moment là, les forces de dissolution peuvent s’imiscer et faire progresser leurs idées qui sont des idées de dissolution. Je m’estime judéo-indifférent parce que même si vous pouvez exclure les Juifs, fermer les loges maçonniques, un siècle plus tard vous serez dans la même position parce que vous n’aurez pas guéri le peuple de ses travers. Je pense qu’aujourd’hui le peuple étant matérialiste, parce qu’il a oublié toutes les réalités spirituelles profondes […] les forces de dissolution peuvent en profiter. Je dis: guérissez-vous d’abord vous-mêmes et ensuite, ensuite, vous pourrez songer à vous débarrasser de certains bacilles qui infectent votre corps. Si vous vous débarrassez des bacilles sans pour autant refaire vos défenses immunitaires le bacille reviendra. Voilà pourquoi je m’estime judéo-indifférent [sic]». Les précautions hypocrites de 2011 ne sont plus de mise. Ici, les Juifs sont bel et bien assimilés à des bacilles (terme utilisé par Hitler et les nazis). Bref, Reynouard tient un discours complètement nazi, imprégné de d’une forme radicale d’antisémitisme sanitaire, mais prétend ne pas être antisémite…

4. Vincent Reynouard a publié pour la première fois sa vidéo sur youtube le 15 septembre 2015 puis sur son site web, sansconcessiontv. Elle a été disséminée sur internet, notamment sur archive.org devenue plateforme de diffusion négationniste, par une militante conspirationniste et antisémite délirante, Valérie Dewonck, très active sous le pseudo de didi18 dans le relais et la traduction des textes et vidéos négationnistes.

5. Richard J. Green, «Leuchter, Rudolf et les bleus de Prusse», tHHP, 1998, traduction française 2012, https://phdn.org/negation/rudolf/green_cyanures/.

6. Il est assez amusant de constater qu’en 1993, dans une revue d’extrême droite américaine raciste, antisémite et négationniste, un contributeur, lui-même raciste, antisémite et négationniste, s’énervait très vivement du caractère grotesque de ce même postulat, déjà posé par l’escroc Fred Leuchter. Il signe un long article au nom de l’organisation suprémaciste «aryenne» et antisémite FAEM (First Amendment Exercise Machine). Il s’agit en fait de son créateur, le vieux militant suprémaciste Robert Frenz (cela se déduit des éléments biographiques qui émaillent l’article), ancien proche de George Lincoln Rockwell (le fondateur du parti nazi américain) puis un temps membre de la National Alliance de William Pierce. Robert Frenz fut un infatigable militant négationniste, avant tout raciste, créateur d’un des premiers et d’un des pires sites web raciste et antisémite sur internet (faem.com). Il s’agit d’un antisémite et d’un négationniste archarné. Mais Robert Frenz a une très solide formation scientifique. Il a exercé ses activités professionnelles dans le domaine des sciences dures, notamment dix années dans la chimie des processus dans l’industrie aéronautique, ou pour l’armée américaine comme ingénieur chimiste dans le domaine des gaz de combat. Malgré son biais (c’est le moins que l’on puisse dire) négationniste, Robert Frenz ne parvient pas à renier son authentique bagage scientifique, aussi il se penche longuement sur, et réfute en termes méprisants les inepties scientifiques du rapport Leuchter, notamment sur le postulat, repris par Germar Rudolf et ici par Reynouard, d’une nécessaire formation de bleu de Prusse dans les chambres à gaz d’assassinat (FAEM, «Hi ho, hi ho, a-revisioning we will go», Liberty Bell, february 1993, p. 32-44). Quelques extraits nous semblent édifiants: «Est-ce que la durée, les températures, l’humidité, les concentrations en acide cyanhydrique étaient identiques sur les deux sites? En d’autres termes, est-ce que les chambres de fumigation et les chambres d’“extermination” étaient utilisées de la même façon? Si ce n’était pas le cas, alors comment peux-tu tirer une conclusion aussi définitive, Fred?» (p. 35). Ou encore: «Lors de la formation de bleu de Prusse, le bleu est initialement un composé stable plutôt SOLUBLE (le précipité n’est pas techniquement “soluble” mais c’est en pratique un colloïde qui peut être facilement dispersé). Dans cet état, on peut rincer ce composé», c’est à dire qu’un lavage l’entraîne et empêche la formation définitive de bleu de Prusse. Cela confirme qu’un rinçage est suffisant pour faire disparaître tout début de bleu de Prusse qui aurait pu se former! Frenz écrit encore: «Une autre question qui doit trouver une réponse est celle de la fréquence. Est-ce que les chambres à “gaz” étaient utilisées dans les mêmes proportions [c’est-a-dire aussi souvent et aussi longtemps] que les chambres de fumigation?» (p. 39). Deux mois plus tard, Robert Frenz en repasse une couche dans un article qui, tout en réitérant les convictions négationnistes de son auteur, souligne à nouveau l’incompétence radicale et les inepties de Fred Leuchter (Robert Frenz, «Gas Guessing», Liberty Bell, april 1993, p. 22-25). En voici un extrait croustillant: «Le RL [rapport Leuchter] est rempli de matériel stupide qui pourrait donner du grain à moudre au moulin des “réfuteurs” […] Toutefois, le rapport Leuchter contient tellement de contradictions internes qu’aucune aide extérieure n’est vraiment nécessaire» (sous-entendu: pour ridiculiser le rapport Leuchter…). (p. 25). Remarquons enfin que la solubilité par l’eau du Bleu de Prusse, évoquée par Robert Frenz, était déjà mentionnée dans un ouvrage spécialisé en 1903 (R Robine & M. Lenglen, L’industrie des Cyanures, Paris: C. Béranger, 1903, p. 400).

7. On dispose évidemment d’informations sur la durée de dégagement total de l’acide cyanhydrique lors de la réaction entre du cyanure de sodium et de l’acide sulfurique: il prend entre 10 et 15 minutes, comme cela est mentionné, par exemple, dans M. H. Violle, «Deuxième rapport sur la dératisation des navires par l'acide cyanhydrique», Revue d'hygiène, 1926 no 48, p. 50. Nous sommes très loin du mensonge «instantané» de Reynouard. En 1931 on trouve encore mentionné que, spontanément, la dissolution du cyanure de sodium «n’est pas rapide» (R. Bouhelier, «Les Cochenilles nuisibles aux plantes cultivées du Maroc», La Terre marocaine: supplément agricole de “La Vie marocaine illustrée”, no 47, janvier 1934, p. 22). On lit dans le même article que dans le cas de l’utilisation du Zyklon B, «l’acide cyanhydrique se dégage immédiatement» (ibid.). Précisons toutefois que dans tous les cas, les vitesses de réaction dépendent fortement de la témpérature ambiante, voire de la température à laquelle les réactifs sont portés. Sans information sur ces différents aspects, toute généralité n’est que pure spéculation sans fondement. Reynouard ne tient évidemment aucun compte de ces points fondamentaux.

8. La notion de mort clinique est tout à fait explicite dans la page mentionnée par Reynouard puisque dans le paragraphe même qu’il ne cesse de citer relatif à la concentration (finale) de 7500 ppm et la durée de dix minutes, il est précisé qu’un médecin examine le signal d’un stéthoscope équipant le condamné afin de le déclarer mort. Il n’y a aucune ambiguïté sur la signification de la durée de dix minutes: elle correspond bien à une mort clinique. Visiblement soit Reynouard comprend ce qu’il lit, et c’est un menteur éhonté, soit il ne comprend vraiment rien. Nous penchons dans ce cas pour la seconde hypothèse. C’est Richard J. Green qui fait cette distinction entre coma mortel et mort clinique dans une réfutation aux élucubrations de Germar Rudolf, sollicité en 2000 par le négationniste David Irving dans le procès qu’il avait intenté à l’historienne Deborah Lipstadt (Richard J. Green, Report of Richard J. Green, PHD — Expert Report submitted in support of Deborah Lipstadt’s defense in David Irving’s lawsuit, 2000, notamment page 26 et 60-63. On constate aisément que Vincent Reynouard ne fait que piller les mensonges de Rudolf. Non seulement Vincent Reynouard est un menteur et/ou un incompétent, c’est aussi un vulgaire plagiaire. Merci à Miloslav Bilik de m’avoir rappelé l’antériorité de Richard J. Green. Il n’est pas anodin de signaler que David Irving a finalement renoncé à présenter devant la justice les mensonges que Germar Rudolf avaient écrits pour lui, un rare éclair de lucidité de la part d’Irving…

9. Robert L. Lauwerys rappelle les quatre phases de l’«intoxication suraiguë» (Robert L. Lauwerys, Toxicologie industrielle et intoxications professionnelles, Masson, 3e édition, 1992, p. 423):

  1. phase d’excitation, céphalées intenses, saveur amère et brûlure de la bouche et de la gorge, l’haleine a une odeur d’amande amère, vertiges et chute, nausée parfois vomissements, polypnée […]
  2. phase de dépression, dyspnée inspiratoire et expiratoire avec phases d’apnée, le sujet est stuporeux, angoissé, les téguments restent rosés
  3. phase de convulsions convulsions tonico-cloniques, perte de connaissance.
  4. coma profond. Collapsus cardio-vasculaire, le pouls est faible et irrégulier, la tension artérielle est effondrée. La dyspnée s’intensifie; finalement la respiration s’arrête.
Merci à Miloslav Bilik pour nous avoir signalé cette source. Il faut également souligner que des informations de même nature figurent dans le document toxicologique invoqué par Reynouard (le document de l’INERIS). Reynouard ne lit visiblement pas ses propres sources.

10. La mortalité varie évidemment selon les individus, leur corpulence, leur santé. Ainsi on lit dans un ouvrage spécialisé récent: «Un certain nombre de cas d’expositions industrielles a été documenté. Ils permettent une estimation de la toxicité aigüe mortelle de vapeur d’acide cyanhydrique pour l’être humain. Dans un cas, une personne ayant fait l’objet d’un traitement médical intensif a survécu à trois minutes d’exposition à environ 500 ppm d’acide cyanhydrique […], mais dans d’autres cas, 270 ppm a causé une mort immédiate, 181 ppm a été mortel en une minute et 135 ppm après trente minutes […] Hall and Rumack (1998) ont affirmé que l’inhalation de concentrations élevées de vapeurs d’acide cyanhydrique (200-500 ppm) pouvait causer une perte brutale de conscience après une ou deux respirations» (Brian J. Lukey, James A. Romano & Jr. Harry Salem (éd.), Chemical Warfare Agents Biomedical and Psychological Effects, Medical Countermeasures, and Emergency Response, Third Edition, Boca Raton, FL: CRC Press, 2019, p. 187). On peut ici remarquer que le premier cas mentionné se serait probablement soldé par mort si la personne n’avait pas été soignée de façon intensive. Les valeurs mentionnées ici confirment l’ordre de grandeur que nous avons utilisé jusqu’ici comme seuil létal pour l’acide cyanhydrique, 300 ppm. On peut préférer utiliser l’estimation statistique de la dose létale à 50%, LC50, qui mesure la concentration à partir de laquelle la moitié d’une population donnée trouve la mort (pour une durée donnée). Un survol récent de la littérature scientifique portant sur la toxicité de l’acide cyanhydrique se trouve dans l’ouvrage précédemment cité, Chemical Warfare Agents Biomedical…. Lukey, Romano et Salem semblent accorder le plus de confiance à une valeur LC50 de 680 ppm sur 5 minutes, mais mentionnent une étude de 2004 qui conclut à une mortalité immédiate dès 270 ppm (conforme à la valeur que nous connaissons de 300 ppm). Leur conclusion (sur des valeurs entraînant des effets dans tous les cas) est la suivante: «Globalement, les différentes estimations concernant la toxicité aigüe mortelle pour les vapeurs d’acide cynhydrique suggèrent que pour une durée d’exposition de 5 à 10 minutes, une concentration de 455–546 ppm serait fatale, mais que pour une minute d’exposition, il faudrait une concentration d’acide cyanhydrique d’environ 3640 ppm» (ibid.). On reste évidemment très loin de la fable délirante de Vincent Reynouard exigeant de maintenir 7500 ppm pendant dix minutes pour parvenir à tuer des êtres humains. Soulignons également que, si l’on fait l’économie des autres mensonges de Vincent Reynouard, dans une chambre à gaz de Birkenau, une concentration de 3640 ppm est atteinte (voir plus bas la courbe réelle d’évaporation) en 6 minutes! Les 600 ppm sont atteints dès la deuxième minute… Même à considérer le seuil de mortalité de 300 ppm comme trop bas (ce qui reste à démontrer compte tenu des cas connus ou du fait que la note sur l'acide cyanhydrique de la United States Environmental Protection Agency Office of Pollution Prevention and Toxics considérait en 2000 qu’une concentration de 27 ppm pendant 10 minutes pouvait entraîner la mort), la littérature scientifique la plus récente confirme évidemment ce que nous savons du déroulement des assassinats par gazages et le fait que Vincent Reynouard est un menteur délirant. Enfin soulignons de nouveau que les concentrations et durées à partir desquelles les victimes entraient dans un coma irréversible sont évidemment inférieures aux chiffres que nous venons de mentionner.

11. Cité dans Irene Sagel-Grande, H.H. Fuchs & C.F. Rüter (éd.), Justiz und NS-Verbrechen. Sammlung deutscher Strafurteile wegen nationalsozialistischer Tötungsverbrechen 1945-1966, Band XIII, Die vom 17.11.1954 bis zum 27.06.1956 ergangenen Strafurteile Lfd. Nr. 410-438, Amsterdam: University press, 1975, Verfahren Nr. 415: Die Urteile gegen die Lieferanten des Zyklon-B, Lfd.Nr.415b, 2. Die Giftgaslieferungen an das KZ Auschwitz, 415 b-8, p. 137. Le passage cité est en ligne. Les références du brevet sont les suivantes: Reichspatentamt. Patentschrift Nr 438818. Klasse 45l Gruppe 3. Ausgegeben am 27. Dezember 1926. Deutsche Gesellschaft für Schädlingsbekämpfung m.b.H. in Frankfurt a.M. Verfahren zur Schädlingsbekämpfung. Patentiert im Deutschen Reiche vom 20. Juni 1922 ab. Von dem Patentsucher ist als der Erfinder angegeben worden: Dr. Walter Heerdt in Frankfurt a.M.-Eschersheim. La série Justiz und NS-Verbrechen contient des informations, témoignages et documents inestimables, notamment le volume XIII que nous citons ici.

12. Gerhard Peters, Blausäure zur Schädlingsbekämpfung, Verlag von Ferdinand Enke in Stuttgart, 1933. En ligne.

13. Peters écrit: «Die Gasentwicklung aus dem Zyklon setzt unmittelbar nach dem Ausstreuen mit großer Heftigkeit ein» (Peters, op. cit., p. 64) ce qui signifie «Le dégagement à partir du Zyklon se produit très violemment [avec une grande violence] dès [immédiatement après] la dispersion [du Zyklon]».

14. Déposition de Herbert Rauscher du 19/04/1948, citée par Hervé Joly, «L’implication de l’industrie allemande et la Shoah. Le cas du Zyklon B», Revue d’histoire moderne et contemporaine, 47-2 avril-juin 2000, p. 392. Je remercie vivement Hervé Joly qui m’a fait parvenir la transcription de la déposition de Herbert Rauscher. À notre connaissance, Hervé Joly est le premier à citer ce document, dont la mention n’est jamais apparue non plus sur internet.

15. Cette précision n’est pas mentionnée dans son article par Hervé Joly mais figure bien dans la déposition de Herbert Rauscher que nous avons consultée (NARA M892 roll 64, Degesch defense Dokumentbuch III, Dokument Degesch NR. 74), et qui correspond d’ailleurs à la transcription que nous a fait parvenir Hervé Joly. Herbert Rauscher accompagne ses chiffres de la précision «wie aus Laboratoriumsversuchen bekannt ist» (soit: «comme le montrent les tests de laboratoire»). On ne peut être plus explicite sur la matérialité scientifique des données qu’il fournit. On est loin des inventions et de l’incompétence de Vincent Reynouard…

16. Cette ordre de grandeur est confirmé par Rudolf Höss lui-même (le commandant d’Auschwitz) dans sa déposition du 20 mai 1946 (NI-034). Il déclare en effet: «Le gazage de 1500 personnes nécessitait entre 5 et 7 boîtes de Zyklon B d'un kilo chacune» («Von Zyklon B wurden zwischen 5 und 7 Büchsen von je einem Kilo für die Vergasung von 1500 Menschen benötigt»). Le Zyklon B qui existait en conditionnements de 500 grammes, un kilo ou un kilo et demi était régulièrement utilisé sous ces deux dernières formes. Lorsque quatre boîtes étaient utilisées, il s’agissait très probablement du conditionnement de 1,5kg, soit 6kg en tout, ce qui correspond à ce que Höss rapporte.

17. Par exemple, ce témoignage cité dans Justiz und NS-Verbrechen, Band XIII, op. cit., p. 134: «Nach Füllung der Kammern mit Menschen hätte man noch etwa 10 Minuten gewartet, um eine bestimmte Temperatur zu bekommen.» à savoir: «Après le remplissage de la chambre avec les gens, on attendait encore environ 10 minutes, afin qu’une température adéquate soit atteinte».

18. Voir note 6.

19. Germar Rudolf, «Polish Pseudo-Scientists», dans Germar Rudolf & Carlo Mattogno, Auschwitz Lies. Legends, Lies, and Prejudices on the Holocaust, Chicago: Theses & Dissertations Press, 2005, p. 48. Original: «The three Polish authors used an analytical method that is unable to detect the most important long-term stable cyanide compounds of the type of Iron Blue». Remarquons que Rudolf ne peut s’empêcher de présenter lui aussi l’étude polonaise de façon frauduleuse. Ce n’est pas par incompétence ou ignorance, comme le suggère Rudolf, que Markiewicz et son équipe ont utilisé une méthode qui ne détecte par les bleus de Prusse, c’est par choix. Rudolf n’est jamais parvenu à accepter qu’il s’était fourvoyé et avait raté sa vie parce qu’il avait été incapable de faire la distinction entre une condition nécessaire et une condition suffisante…

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