QER 32
Une réponse à la "Q&A" 32 par Nizkor
32.
Höss a dit dans sa confession que ses hommes fumaient des cigarettes pendant qu’ils tiraient les juifs morts des chambres à gaz, dix minutes après le gazage. Le Zyklon B n’est-il pas explosif ?
[Cette page réfute le vieux mensonge de Robert Faurisson sur l’explosibilité du Zyklon B]
Les négationnistes de l’IHR répondent :
« Hautement. La confession de Höss est de toute évidence fausse. »Nizkor répond :
Voilà qui relève du non-sens absolu. [N.d.T.: il s’agit d’ailleur d’une falsification majeure et avant tout d’un vieux mensonge au premier degré dont l’origine se trouve chez le négationniste Robert Faurisson qui n’a cessé de le répéter, de le marteler ad nauseam pendant quarante ans, dès 1977 et jusqu’à sa mort. Ce mensonge est tellement omniprésent dans les écrits et les interviews de Faurisson — c’est bien un argument fondamental dans son dispositif rhétorique "technique" —, tellement recopié par ses émules, qu’il est parfaitement inutile d’en dresser l’inventaire].
La concentration minimale à partir de laquelle l’HCN acquiert un pouvoir explosif est de 56 000 parties par million. Une concentration de 300 parties par million suffit à tuer des humains en quelques minutes. Comme référence, on pourra se reporter au "Merck Index" et au "CRC Handbook of Chemistry and Physics," ou consulter n’importe quel manuel qui traite de la toxicité et du caractère explosif des produits chimiques. Il n’y aurait pas eu le moindre risque d’explosion même s’il y avait eu un feu de camp dans la chambre à gaz pendant que le gazage avait lieu.
En fait, la propre littérature nazie sur le Zyklon B, le document de Nuremberg NI-9912, le souligne :
« Danger d’explosion : 75 grammes d’HCN par mètre cube d’air. Concentration normale d’application approx. 8-10 grammes par mètre cube. Donc non explosif. »(Notons au passage qu’une concentration de 8-10 grammes par mètre cube est celle nécessaire pour venir à bout des poux et autres insectes, et non pas pour tuer des êtres humains. Les mammifères requièrent une concentration bien plus faible et une durée d’exposition beaucoup plus courte. Remarquons également que le chiffre donné par le document — un gramme par mètre cube correspond approximativement à 1000ppm — est supérieur à la valeur aujourd’hui communément admise comme seuil minimal de risque d’explosion. Cela ne change rien au fonds et aux ordres de grandeur.)
D’ailleurs, une retranscription du document NI-9912 est disponible sur le site web du négationniste Bradley Smith; elle inclue évidemment la citation ci-dessus. Ainsi les "révisionnistes" en ont de toute évidence connaissance. Ils choisissent simplement de l’ignorer. M. Smith dit que ce document est "dérangeant", — ce qu’il est peut-être... mais pour qui ?
[Il faut souligner ici que Robert Faurisson a insisté dès ses premières sorties négationnistes à la fois sur l’importance, à ses yeux, du documents NI-9912 qui, selon lui, démontrait l’impossibilité technique des assassinats par gazages au Zyklon B, en invoquant dans le même temps le caractère explosif du Zyklon B (enfin de l’acide cyanhydrique dégagé), alors même que le document qu’il prétendait brandir disait explicitement qu’il n’y avait aucun risque d’explosion! Non seulement Faurisson a toujours menti en parlant d’un risque d’explotion, mais en plus il savait pertinemment qu’il mentait puisque la réfutation de sa contre-vérité se trouvait dans le document même qu’il ne cessait de brandir. Ajoutons que les autres éléments, recopiés par les négationnistes de l’IHR (voir plus bas), que Faurisson avançait pour affirmer qu’en se basant sur NI-9912, les assassinats par gazages d’êtres humains auraient été impossibles ne s’appliquaient justement pas à ce cas. En effet, ce document parle de gazages domestiques de désinfestation, c’est-à-dire de l’usage dans des maisons et appartements à fins de destruction des poux et autres insectes nuisibles, lesquels requéraient des quantités beaucoup plus élevées de Zyklon B (plusieurs fois supérieures à celles nécessaires pour l’assassinat d’êtres humains), utilisées pendant des durées sans commune mesure (jusqu’à 24 heures, alors que seulement quelques minutes sont nécessaires pour tuer des êtres humains). Les durées induites de ventilation, très élevées dans le cas domestique, étaient dues à ces quantités et à ces durées de gazages et au fait que les pièces gazées étaient le plus souvent meublées, équipées de tissus divers (rideaux, litteries, linges dans des armoires) dont il fallait évidemment prendre soin qu’ils fussent correctement ventilés. Dans les chambres à gaz d’assassinats d’êtres humains, ni meubles, ni tissus: il s’agissait de pièces totalement nues sans aucun équipement risquant de s’imprégner d’acide cyanhydrique. Ces pièces étaient donc, en fin de gazages (de quelques minutes, avec des quantités faibles par rapport aux gazages domestiques) très facilement, et très rapidement ventilables. Toutes ces données étaient évidemment connues de Faurisson qui a menti pendant quarante ans en toute connaissance de cause. Ce mensonge dont Faurisson avait suggéré l’utilisation à l’escroc Fred Leuchter était de plus explicitement réfuté depuis 1988 par Jean-Claude Pressac, dans un texte dont Faurisson connaissait évidemment l’existence. Faurisson a donc, pendant trente ans, continué d’utiliser un mensonge grossier que non seulement il savait être un mensonge grossier, mais qu’il savait également avoir été explicitement réfuté. L’incroyable malhonnêteté radicale de Faurisson apparaît ici de façon spectaculaire. On visualisera parfaitement l’imposture faurissonienne sur un simple graphique où l’on placera les différentes concentrations suivantes: le seuil minimal d’explosion, une concentration maximale de désinfestation de 16000 ppm, la concentration maximale atteinte dans une chambre à gaz d’assassinat à Auschwitz où les opérations de gazages étaient très rapides, jamais plus de 20 minutes (on connaît la vitesse d’évaporation de l’acide cyanhydrique et les quantités utilisées), à savoir 9000 ppm et la concentration mortelle en 5 minutes 300 ppm:
Faurisson est l’inventeur de l’«argument» négationniste réfuté sur la présente page. Il a fait de l’ironie pendant quarante ans sur le récit du commandant d’Auschwitz Rudolf Hoess, qui rapportait qu’il arrivait que des membres des Sonderkommandos, chargés de vider les chambres à gaz des corps des victimes pour les incinérer, fument en menant à bien leur terrible travail. Selon Faurisson, une explosion aurait nécessairement découlé d’un tel comportement, ce qui rendait selon lui — mais en suivant de toutes façons une méthode hypercritique anti-historienne — la totalité du récit de Rudolf Hoess impossible et mensonger. Compte tenu de la réalité scientifique, connue de Faurisson, les membres des Sonderkommandos seraient-ils entrés immédiatement après la fin des gazages, même sans attendre la ventilation, avec des torches enflammées, que le risque aurait été tout simplement nul, inexistant. Le mensonge de Faurisson et des négationnistes qui n’ont cessé de le recopier est tout simplement pitoyable.]
De toute façon, est-ce que le gaz serait encore explosif après dix minutes de ventilation, après que la plus grande partie ait été évacuée de façon à faire baisser la concentration dans la chambre à gaz sous le seuil de toxicité ? Pas la moindre chance! Si les Sonderkommandos fumaient des cigarettes, c’est que, de toute évidence, ils ne portaient pas de masque à gaz. De sorte qu’ils seraient de toute façon morts si la concentration n’était bien en dessous de 100 parties par millions, [inférieure à cinq cent fois moins que le seuil d’explosibilité…]!
Pourquoi, au nom du ciel, l’IHR prend-elle seulement la peine de prétendre qu’une explosion était possible ? S’il y avait, où que ce soit, assez d’HCN pour causer une explosion, n’importe quel fumeur serait déjà mort depuis longtemps!
Le fait est que l’IHR [et avec eux tous les négationnistes] ignorent les travaux de référence de base, qu’ils ont été incapables de relever la propre réfutation des nazis sur ce point et pris le sens commun par dessus la jambe. Tout cela en dit long sur leur niveau "universitaire".
Permettons nous une brève digression...
En effet, tout cela semble également en dire long sur leur honnêteté. Bien qu’ils ignorent le document NI-9912, lorsque cela leur convient, ils l’utilisent en fait dans une autre publication de l’IHR! Le prétendu rapport Lüftl, disponible sur le site web de Greg Raven, extrait des chiffres de ce document, sans les mettre en contexte dans la moindre citation, lorsqu’il dit :
« L’évaporation du Zyklon B [N.d.T : c’est à dire l’émission d’HCN] requiert jusqu’à 32 heures, et au moins 6 heures, selon que la température ambiante varie de cinq à 30 degré Celsius. »Donc, ils citent le NI-9912 quand cela sert, croient-ils, leur propos, mais l’ignorentdans le cas contraire. Cela est un excellent raccourci pour présenter l’attitude "révisionniste".
D’autant plus, puisque nous y sommes, qu’il convient de souligner que l’affirmation en question, sur la durée d’évaporation du Zyklon B, relève en soit de la plus parfaite malhonnêteté. Il est effectivement fait mention dans le NI-9912 d’une durée allant de 6 à 32 heures, selon les conditions de température. Cependant ces chiffres décrivent la durée nécessaire pour tuer les insectes. Ils n’ont absolument rien à voir avec la durée d’évaporation du Zyklon B. Voici la traduction du texte original du document nazi capturé :
« Durée nécessaire pour prendre effet : 16 heures, à moins qu’ils n’y ait des circonstances spéciales, comme un bâtiment de type hermétique, qui requiert moins de temps. Si le temps est chaud il est possible de réduire cette durée à un minimum de 6 heures. La période peut être étendue jusqu’à 32 heures si la température est inférieure à 5 degrés Centigrade.
La force et la durée ci-dessus sont à appliquer dans les cas de : punaises, poux, puces, etc., avec oeufs, larves et chrysalides. »
Une fois encore, le texte ci-dessus est disponible sur le site web de Bradley Smith; et est appelé "dérangeant" —, une fois encore, dérangeant pour qui ?
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