QER 33

Une réponse à la "Q&A" 33 par Nizkor


33. 

Quelle était la procédure exacte que les nazis utilisaient prétendument pour exterminer les juifs ?

Les négationnistes de l’IHR répondent :

« Les récits vont du lâcher de boîtes de gaz dans une pièce bondée depuis un trou dans le plafond, à sa sortie par des pommeaux de douche en passant par des "chambres à vapeur", des "machineries d’électrocution". "Des millions" de juifs ont prétendument été tués de cette façon. »

Nizkor répond :

La méthode exacte dépendait du camp. Différents moyens de tuer -- parfois seulement légèrement différents -- étaient utilisés dans les différents camps, et même dans différents endroits d’un même camp.

A Auschwitz, spécifiquement dans les Krema I à III, le Zyklon B était lâché au travers d’orifices pratiqués dans le plafond. Les orifices sont visibles depuis des photos aériennes prises par des avions de reconnaissance alliés. Dans les camps de l’Action Reinhard, les gaz d’échappement de moteurs puissants, souvent des moteurs extraits de tanks russes capturés, étaient envoyés dans les bâtiments.

Il y avait effectivement des pommeaux de douche dans plusieurs chambres à gaz, ainsi que l’ont attesté plusieurs témoins et que le confirment des documents nazis contemporains comme des inventaires. (Cf. la photographie du document, ou Pressac, Auschwitz : Technique and Operation, 1989, p. 231 & p. 438). On pense cependant que dans tous les cas, les pommeaux de douche n’avaient qu’une fonction "décorative", qu’ils n’étaient pas reliés à quoi que ce soit, et qu’aucun gaz toxique n’en sortait. Ils étaient destinés à rassurer les victimes, à les convaincre que tout était normal, à empêcher le déclenchement d’une panique pendant qu’on les faisait pénétrer dans la chambre à gaz; les nazis ont témoigné de tout cela après la guerre.

Environ trois millions de juifs ont été assassinés par les gaz, sur une période de trois ans, dans les six principaux camps d’extermination. Les autres ont été assassinés dans de très nombreuses exécutions de masse, principalement dans les territoires occupés de l’Est, ou tués par les mauvais traitements et l’esclavage dans les innombrables camps plus petits et les ghettos.

En ce qui concerne les "chambres à vapeur" et les "machineries d’électrocution", il s’agit là de témoignages donnés par les témoins oculaires déroutés. Dans certains cas, les polonais espionnaient les camps depuis l’extérieur. Par exemple, une personne assistant de loin au processus d’assassinat dans un des camps de l’Opération Reinhard pouvait voir la fumée des gaz d’échappement, utilisés pour asphyxier les victimes, s’échappant des chambres à gaz, au moment de leur ouverture, et les confondre avec de la vapeur. Jamais un nazi, ou un témoin direct ayant assisté de près entièrement au processus de tuerie, n’a repris ces récits erronés.

De tels récits n’étaient corroborés par aucune preuve ni aucun autre récit, et n’ont jamais été pris en compte dans les charges retenues contre les nazis lors des procès de crimes guerre. En d’autres termes, ces récits erronés ne sauraient servir de preuve comme quoi les nazis ont été faussement accusés, mais sont plutôt la preuve que les procès ont été équitables et que le système judiciaire a correctement fonctionné.

[Note de PHDN: L’affirmation par Nizkor que la mention de la vapeur comme moyen d’assassinat à Treblinka n’apparaît pas lors des procès des nazis est fausse. Un document, un seul (constamment invoqué par les négationnistes d’ailleurs), utilisé lors du principal procès de Nuremberg mentionne la vapeur à Treblinka. Il s’agit du document PS-3311. Ce document a été soumis au tribunal par le gouvernement polonais, comme constituant l’accusation numéro 6 contre Hans Frank, accusation consistant en l’occurrence en l’extermination en masse des Juifs à Treblinka. Il occupe environ cinq pages dans les actes du procès de Nuremberg (Tribunal international de Nuremberg, vol. XXXII, p. 153-158. Il n’est d’ailleurs mentionné et cité que le jour où il est soumis au Tribunal, le 14 décembre 1945). La vapeur est mentionné à deux reprises comme le moyen d’assassinat, ce qui est manifestement une erreur. Néanmoins, le reste du documents, calendrier, emplacement, fonctionnement général, nombre de chambres (en l’occurrence à gaz) utilisées, est relativement exact. Les raisons probables de l’erreur concernant la vapeur ont été exposées plus haut. Il s’agit de savoir si cette erreur a été acceptée lors du procès. Le document PS-3311 est également évoqué dans le chapitre XII du premier volume de la série rouge, qui présente une partie de la documentation utilisée à Nuremberg, sans indiquer d’ailleurs la valeur qui fut accordée à chaque pièce durant le procès. Le deux premiers volumes sont une présentation général des documents de la série rouge et la mention du document PS-3311 dans le chapitre consacré aux persécutions contre les Juifs n’a pas de signification juridique particulière. Il importe donc de souligner qu’il s’agit d’un document faisant partie de l’accusation et ne préjugeant pas du contenu du procès ni des conclusions des juges. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de droit poussées pour comprendre qu’un procès consiste justement à faire la part des choses concernant le contenu de l’accusation. Le déroulement du procès et le jugement démontrent parfaitement que la précision très particulière de la vapeur n’a pas été retenue contre Frank ni contre qui que ce soit d’autre. Les modalités de l’assassinat de masse des Juifs ont en effet été abordées lors du procès à l’occasion du témoignage de Samuel Rajzman fait devant la cour le 27 février 1946 (en anglais: http://avalon.law.yale.edu/imt/02-27-46.asp). Une étude très fouillée de l’origine des récits sur la vapeur à Treblinka, leur place, tout à fait marginale, dans l’ensemble des récits sur les assassinats à Treblinka, et l’utilisation malhonnête qu’en font les négationnistes a été mise en ligne par la brillante équipe de Holocaust Controversies.]


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