Le négationnisme en France
Par Pierre MILZA
Relations internationales, no 65, printemps 1991
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Que l’on me permette tout d’abord d’expliciter le titre de cet article. Je me range, sans le moindre complexe, dans la catégorie des historiens qui refusent aux falsificateurs du passé le droit de se poser en artisans d’une simple «révision» de l’histoire. Pris dans son sens littéral, le révisionnisme est consubstantiel à notre discipline et il n’y a guère d’historiens dignes de ce nom qui ne passent une partie de leur vie à reconsidérer leurs propres écrits à la lumière de ce que de nouveaux matériaux documentaires, ou de nouveaux instruments d’interprétation peuvent apporter à la compréhension de l’objet historique qu’ils ont choisi d’examiner. Seraient-ils tentés de se fossiliser sur des positions épistémologiques apparemment inexpugnables, que de nouvelles générations de chercheurs seraient là pour leur rappeler qu’il n’existe pas en histoire — comme d’ailleurs dans les autres sciences sociales, et dans la science elle-même — de certitude définitive.
Ce n’est donc pas le révisionnisme historique stricto sensu qui est en cause dans cet article, mais bel et bien la falsification de l’histoire par un petit nombre d’individus qui, contre l’évidence même d’un fait universellement établi, s’appliquent à en nier l’existence sur le seul critère de contradictions ponctuelles relevées dans certains témoignages de quelques-uns des protagonistes — victimes et bourreaux — de l’holocauste1. L’intérêt du sujet serait nul si, depuis qu’ils ont commencé à se manifester, c’est-à-dire au lendemain même de la guerre, ceux que je préfère avec André Kaspi désigner par le vocable de négationnistes n’entretenaient une relation privilégiée avec les nostalgiques de Vichy et avec les justificateurs posthumes de la collaboration, en fournissant aux uns et aux autres des «arguments» destinés à réhabiliter les vaincus de 1945.
Sans doute est-ce cette spécificité du négationnisme hexagonal qui fait que, depuis un peu plus de dix ans, ce qui ne constitue ailleurs qu’un courant marginal (par exemple en Angleterre ou en Allemagne) trouve en France une audience qui dépasse de beaucoup le cercle exigu des «faurissonniens» de stricte obédience. Il y a, me semble-t-il, dans ce phénomène quelque chose qui ne relève en effet que très partiellement du rôle amplificateur attribué aux médias. En Angleterre comme en Allemagne, aux États-Unis comme au Canada, c’est-à-dire dans des pays où la diffusion des thèses «révisionnistes» est restée cantonnée à des milieux très restreints, le système médiatique ne diffère guère du nôtre et ne répugne pas moins à tirer parti de la provocation quand elle peut permettre de réaliser un «coup» éditorial.
Si le discours négationniste n’y a rencontré que peu d’échos, c’est parce qu’il ne répond pas, comme chez nous, à un souci de réhabilitation de la collaboration avec le nazisme opéré par les héritiers de la Révolution nationale et de sa dérive fasciste ou fascisante. C’est dans ce secteur en effet que les thèses négationnistes se sont développées prioritairement depuis la guerre et ont été l’objet d’une instrumentalisation systématique. Ce qui ne signifie pas qu’elles soient l’apanage exclusif de l’ultra-droite, comme en témoigne l’intérêt que portent aux écrits des Rassinier, Faurisson et autres Roques les tenants d’un «trotskysme» tiers-mondiste et pro-arabe qui se meuvent dans l’orbite de la «Vieille Taupe».
Préhistoire du «révisionnisme»
Que l’on parle de négationnisme ou de «révisionnisme», au sens étroit que ce mot a pris en France depuis une douzaine d’années, on ne doit pas oublier que l’émergence médiatique du phénomène a été précédée d’une longue période de maturation au cours de laquelle l’essentiel des thèses avancées par Faurisson et par ses disciples a été exposé dans un certain nombre d’ouvrages et d’articles qui n’ont pas éveillé à l’époque d’échos très considérables, mais qui ont permis néanmoins aux cercles dont ils étaient issus de tester le degré de résistance de la démocratie française au retour feutré de l’antisémitisme.
Le branle a été donné, quelques années seulement après la fin de la guerre, par Maurice Bardèche, ancien condisciple à l’Ecole Normale supérieure et beau-frère de Brasillach, devenu, après la mort de ce dernier, le défenseur inlassable des anciens collaborationnistes et le théoricien du néo-fascisme à la française. L’article que Ghislaine Desbuissons consacre dans ce numéro à l’auteur de Qu’est-ce que le fascisme?2 est suffisamment complet et dense pour que je ne m’attarde pas longuement sur son cas. Je me contenterai donc de souligner ici le rôle joué par Bardèche en tant qu’initiateur et que premier diffuseur en France des thèses «révisionnistes», et de rappeler dans quelle perspective stratégique s’est inscrite son action.
Lorsque paraît en 1948 Nuremberg ou la terre promise3, livre qui vaudra à son auteur — non sans tergiversations d’ailleurs de la part de l’appareil judiciaire — une condamnation à la prison ferme4, l’enjeu pour les anciens collaborationnistes est de se réinsérer dans la société française à la faveur de la guerre froide et de la fièvre anticommuniste qui accompagne celle-ci. Pour les moins compromis d’entre eux, pour ceux qui se sont contentés d’être les spectateurs plus ou moins silencieux de la dérive fascisante du vichysme, pour ceux qui peuvent arguer d’un «double jeu» visant à éviter le pire à leurs compatriotes, l’opération est relativement facile. La guerre idéologique bat son plein et la menace communiste est alors suffisamment forte pour que la classe politique manifeste quelque mansuétude à l’égard des bonnes volontés qui s’offrent.
Il n’en va pas tout à fait de même pour les autres, qu’il s’agisse des croisés de la LVF et de la Waffen-SS française, des supplétifs de la police allemande dans la chasse aux «terroristes», ou des simples combattants de la plume passés au service des purificateurs de la race, bref des survivants d’une épuration contre laquelle Bardèche avait prononcé en 1947 un violent réquisitoire en publiant sa Lettre à François Mauriac5. Pour blanchir ces champions de la collaboration idéologique avec les nazis, et pour réhabiliter en même temps le principe de la collaboration d’État voulue par les hommes de Vichy, l’auteur de Nuremberg ou la terre promise va s’appliquer à démontrer que les crimes dont se sont rendus responsables les dirigeants nazis et leurs auxiliaires français n’étaient en rien différents des atrocités ordinaires imputables au fait guerrier. Ni les morts d’Oradour, ni les exécutions d’otages ne suffisent à classer les crimes de guerre nazis dans une autre catégorie que ceux perpétrés par les Alliés, par exemple à l’encontre des centaines de milliers de civils innocents pris en otages par ceux qui ont ordonné les bombardements d’Hiroshima ou de Dresde «Ce qui s’est passé pendant ces années — écrira Bardèche — témoigne surtout du caractère atroce des guerres modernes, puisque les crimes des démocraties, bien qu’ils aient eu un caractère différent, n’ont pas été moins graves que ceux qu’elles ont dénoncés»6.
Tout l’argumentaire des défenseurs de Klaus Barbie, lors du procès du chef de la Gestapo lyonnaise en 1987, est déjà contenu dans ce propos. Une seule chose peut faire la différence entre les «crimes de guerre», dont tout belligérant peut un jour ou l’autre se rendre coupable, et ce crime suprême contre l’humanité que constitue l’élimination physique, dans des conditions horribles, d’une population entière: l’assassinat de millions d’êtres humains froidement prémédité et décidé au sommet, programmé avec une rigueur mécanique par les technocrates du système et sadiquement exécuté à la base.
Cette distinction constitue le fondement même du «révisionnisme». Pour que le nazisme devienne historiquement supportable, pour que ceux qui s’étaient réclamés de son idéologie et qui continuent après la guerre d’en exalter les aspects «positifs» Puissent à la fois s’exprimer au grand jour et exiger leur réhabilitation, il faut convaincre l’opinion que l’Holocauste n’a jamais existé, que les camps de la mort ne sont qu’une invention des vainqueurs, une «falsification» de l’histoire, une mise en scène de surcroît orchestrée par les juifs, redevenus les maîtres du jeu dans les démocraties victorieuses.
«On a eu la bonne fortune — écrit le fondateur de Défense de l’Occident — de découvrir en janvier 1945 des camps de concentration, dont personne n’avait entendu parler jusqu’alors, et qui devinrent la preuve dont on avait précisément besoin, le flagrant délit à l’état pur, le crime contre l’humanité qui justifiait tout. On les photographia, on les filma, on les publia, on les fit connaître par une publicité gigantesque, comme une marque de stylo»7. Le motif de cette falsification étant, selon Bardèche, de prouver la barbarie de l’Allemagne, de liquider ses principaux dirigeants et de dédouaner les vainqueurs de leurs propres crimes.
«Mensonge», «machinerie», «admirable montage technique», voilà ce que dit l’auteur de Nuremberg ou la terre promise, voilà ce que répéteront après lui les figures de proue du négationnisme, lesquels auront pour eux cette chance, si l’on veut, que les concepteurs et les exécutants de la «solution finale de la question juive» ont effectivement, quand ils l’ont pu, essayé de faire disparaître toute trace de leurs atrocités. A la question: que sont devenus les millions de disparus? ils ne donnent pas de réponse. Ou s’ils répondent, c’est pour évoquer, que ce soit Bardèche ou les autres, le manque d’hygiène des détenus, les épidémies, la sous-alimentation due à la pénurie ambiante, bref «des conditions qui ont été indépendantes de la volonté des Allemands»8, ou pour dire avec Arthur Butz, le chef des «révisionnistes» américains, que beaucoup de ménages ne tenant que pour des raisons de conventions, mari et femme ont «refait leur vie chacun de son côté» après leur libération des camps et ont «préféré ne plus donner de nouvelles à leur époux légitime»9. Les témoins? Les centaines de milliers de rescapés de l’enfer? Ils mentent, affirme le beau-frère de Brasillach, suggérant au passage que les horreurs commises l’ont été par les juifs eux-mêmes, responsables des baraquements.
Ainsi, en dédouanant le IIIe Reich, Maurice Bardèche rejetait sur les Alliés la responsabilité d’un mal pire que le crime, la falsification du crime, et surtout il plaçait au centre de la conspiration ceux qui n’avaient pas hésité avant la guerre «à combattre tout esprit de conciliation, c’est-à-dire à entraîner notre pays dans une guerre désastreuse, mais souhaitable parce qu’elle était dirigée contre un ennemi de leur race»10: autrement dit les juifs. De l’application à l’Holocauste de la classique théorie du complot, il résultait:
1. que l’Holocauste lui-même était un «mensonge» forgé de toutes pièces dans l’entourage «judaïsé» des décideurs américains et britanniques;
2. que s’il n’y avait pas eu d’élimination voulue et systématique des juifs, les «erreurs» et les «excès» qui pouvaient être imputés aux nazis relevaient de la catégorie ordinaire du «crime de guerre» et qu’il n’y avait pas de différence de nature entre ces produits de la «guerre moderne» et les «atrocités» commises par les Alliés ;
3. que par conséquent il était légitime de considérer que le peuple allemand et son Führer avaient accompli, «d’une façon maladroite, mais avec beaucoup de courage», la mission de «défenseurs de l’Europe tout entière contre l’invasion russe»11, et qu’il avait été tout aussi légitime de collaborer avec eux pendant la guerre;
4. que les juifs enfin méritaient doublement d’être condamnés, en tant qu’initiateurs du second conflit mondial et qu’inspirateurs de la «plus grande machination de l’histoire».
Rassinier ou la déportation trahie par l’un des siens
C’est donc de la fraction la plus radicale de l’ultra-droite, de celle qui avait lié son sort à celui de l’Europe hitlérienne, qu’est venue la première mise en forme élaborée des thèses négationnistes. Celles-ci ont cependant reçu presque aussitôt un renfort inespéré, surgi d’un tout autre horizon politique, en la personne de Paul Rassinier, un ancien socialiste libertaire qui, arrêté pour faits de résistance, avait personnellement connu les horreurs de Buchenwald et de Dora et avait publié coup sur coup, deux «témoignages» sur l’univers des camps nazis: Le passage de la ligne ou l’expérience vécue en 1949, et Le mensonge d’Ulysse en 1950.
Rassinier a longtemps servi d’alibi à l’extrême-droite «révisionniste», en ce sens qu’originaire de la famille politique adverse et résistant authentique, il pouvait être cité à la barre comme non coupable du péché de fascisme, ce qui était probablement vrai au moment où l’ancien déporté de Buchenwald avait publié son premier livre, mais moins évident semble-t-il une décennie plus tard. L’illusion de l’objectivité était d’autant plus grande que l’auteur du Mensonge d’Ulysse affichait des prétentions de «chercheur» et «d’historiens» et émaillait ses écrits de quelques critiques adressées à la politique hitlérienne: ce qui rendait son propos plus crédible auprès de ceux qui se cherchaient des raisons d’avoir ou d’avoir eu des tendresses pour le national-socialisme.
Que celui que les «révisionnistes» français considèrent comme le véritable fondateur de leur «école» soit issu de l’extrême-gauche n’a rien de surprenant, si l’on se réfère aux précédents illustres de ce que Philippe Burrin a appelé la «dérive fasciste»12. Il n’en reste pas moins qu’au moment où Rassinier donne une suite à ses premiers écrits, avec Ulysse trahi par les siens en 196113 suivi du Véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles en 196214, du Drame des juifs européens en 196415, l’ancien socialiste libertaire est devenu un homme de la droite extrême et qu’il s’aventure beaucoup plus que Maurice Bardèche dans son entreprise de réhabilitation de l’Empire SS et de dénonciation du «mensonge historique» que constitue à ses yeux l’évocation de l’’Holocauste.
D’abord, il n’y a pas eu, selon Rassinier, six millions de juifs morts en déportation, mais un million tout au plus. Sur ce un million de victimes reconnu — il faut quand même bien expliquer certains vides manifestes — nombreuses sont celles qui ont succombés à des souffrances «ordinaires» (les fatigues du voyage, le froid, la maladie) ou mieux, qui ont subi les sévices des «bureaucraties concentrationnaires» c’est-à-dire des «Kapos» et autres responsables issus de la masse des déportés. Les Allemands en effet n’ont jamais eu l’intention d’exterminer un peuple ou une «race», et par «solution finale de la question juive» il faut entendre «émigration des juifs d’Europe vers l’Est»16. D’ailleurs, écrit Paul Rassinier dans l’un de ses livres en forme de témoignage vécu, «le IIIe Reich nous fournit cependant tout dont nous avons besoin: la nourriture, les moyens d’une hygiène impeccable, un logement confortable dans un camp modernisé au possible, des distractions saines, de la musique, de la lecture, des sports, un sapin de Noël, etc. Et nous ne savions pas en profiter»17.
La solution finale? Elle constitue pour Rassinier «la plus tragique et la plus macabre imposture de tous les temps»18, un mythe exploité par Israël pour que l’Allemagne continue à lui verser des indemnités19. Les aveux de Nuremberg? Ils ont été extorqués par la force, à la suite de «pénibles emprisonnements». Les expériences médicales? Une affabulation du Centre de Documentation juive contemporaine. Les chambres à gaz? Elles n’ont jamais existé. Ou lorsqu’elles ont existé, «elles étaient annexées aux blocs sanitaires de la désinfection». Le zyklon B? — Si l’on ne peut nier qu’il a été employé à Auschwitz, on ne sait pas très bien dans quelles circonstances, ni à quelles fins, car là où il existait près des douches des cabines destinées à l’«assainissement» des prisonniers, «les gaz utilisés étaient des émanations de sels prussiques, produits qui entrent dans la composition des matières colorantes»20.
La génération des «faurisonniens»
Tous les «arguments», tous les fantasmes, tous les poncifs que vont développer dans les années 1980 les tenants d’un «révisionnisme» à la française sont donc présents, une vingtaine d’années plus tôt, dans les écrits d’un Bardèche et d’un Rassinier. Le second notamment a servi de modèle à tous ceux qui, niant la réalité de l’Holocauste, plaçaient au centre de leur argumentaire la question des chambres à gaz, devenue le symbole de la négation du génocide, comme elle est restée pour les gardiens de la mémoire d’Auschwitz celui du massacre programmé. Robert Faurisson, dont les écrits occupent depuis dix ans une place centrale dans la littérature «révisionniste», a lui-même souligné l’influence qu’avait eue sur sa «réflexion» et sur ses «recherches» la piste ouverte par l’auteur du Passage de la ligne. «Jusqu’en 1960 — écrivait-il en janvier 1979 dans une lettre publiée par Le Monde —, j’ai cru à la réalité de ces gigantesques massacres en “chambres à gaz”. Puis, à la lecture de Paul Rassinier, ancien déporté résistant et auteur du Mensonge d ’Ulysse, j’ai commencé à avoir des doutes. Après quatorze ans de réflexions personnelles, puis quatre ans d’une enquête acharnée, j’ai acquis la certitude, comme vingt autres auteurs révisionnistes, que je me trouvais devant un mensonge historique»21.
Comment expliquer que le disciple ait effectué une percée dans les médias que le maître n’avait pas connue, et ceci à un moment où les écrits de l’ancien déporté converti au «révisionnisme» paraissaient devoir entrer dans un oubli définitif? Il y a à cela plusieurs raisons. Contemporaine de celle de la nouvelle droite, l’émergence du phénomène Faurisson fait son apparition à la fin des années 1970 dans un contexte européen et mondial qui est celui du retour à la guerre froide. Après le scandale, au demeurant très limité, qu’avaient provoqué la publication de Nuremberg ou la terre promise, puis celles des ouvrages les plus ouvertement antisémites de Paul Rassinier, le négationnisme n’avait plus rencontré en France qu’une audience confidentielle, comme celle de la famille politique qui lui servait de bouillon de culture. Le filon n’avait certes pas disparu, mais il était surtout constitué par la traduction d’ouvrages étrangers, diffusés par de petites maisons d’édition proches de l’extrême-droite (celle de Bardèche par exemple) et dont les auteurs s’appelaient Thies Cristophersen et Heinz Roth (l’un et l’autre anciens SS), Richard Harwood, Manfred Roeder, Udo Walendy ou Arthur Butz. Leur diffusion ne dépassait guère le cercle groupusculaire des nostalgiques de l’Ordre nouveau. A l’heure de la détente, l’instrumentalisation du passé nazi, revisité et réhabilité par. les «historiens» révisionnistes, ne s’imposait plus avec la même prégnance dans certains milieux que quinze ou vingt ans plus tôt.
Or, on le sait, le contexte change au milieu de la décennie 1970, révélant aux Occidentaux les illusions de la détente et substituant à celle-ci un climat de guerre froide propice à la radicalisation du discours anticommuniste. La menace des SS 20, les craintes suscitées par l’ampleur de la vague pacifiste et l’effet Soljénytsine jouant dans le même sens, l’idée de croisade reprend corps dans certains secteur de l’opinion et avec elle la volonté de réinsérer le passé nazi dans l’histoire de l’Occident et de sa résistance millénaire aux dangers venus de l’Est.
L’entreprise faurissonnienne s’est glissée dans cette brèche, en même temps que celle du GRECE22, qui visait elle aussi, quoique de manière plus feutrée, à «historiciser» le nazisme, et que l’initiative de certains historiens allemands (Ernst Nolte, Joachim Fest, etc.) dont le discours passablement provocateur, en ce sens qu’il faisait d’Auschwitz une réponse cohérente au bolchevisme et à la «déclaration de guerre» sioniste, devait déboucher sur l’Historikerstreit étudiée dans ce numéro par Georges Henri Soutou.
A cette raison fondamentale et qui tient à l’«ambiance» du temps, s’en ajoutent d’autres: l’éloignement temporel de l’Holocauste qui fait que de moins en moins nombreux sont ceux qui peuvent encore témoigner, ou simplement se souvenir ; la dépolitisation croissante d’une opinion qui, la crise aidant, focalise son attention sur des préoccupations d’ordre strictement matériel; la tendance manifestée par les médias à rechercher à tout prix le scoop et à promouvoir le spectacle, quelles qu’en soient les conséquences sur l’évolution du sentiment public; enfin l’aggravation et l’élargissement du conflit israélo-arabe, dont la responsabilité est attribuée à Israël — donc au «sionisme», donc en fin de compte aux juifs — par les partisans les plus outranciers d’un tiers-mondisme devenu, avec la débâcle de l’orthodoxie marxiste, l’ultime refuge des inconditionnels de la lutte des classes.
C’est dans ce contexte qu’a éclaté, à la fin de 1978, la «bombe» faurissonnienne, sous la forme d’une lettre adressée au journal Le Monde par le disciple de Rassinier, maître de conférences à l’université de Lyon-II et spécialiste pointu de la «mystification» littéraire. Titre de l’article publié par le quotidien de la rue des Italiens, après vingt-deux tentatives infructueuses en quatre ans23, «Le problème des chambres à gaz» ou «la rumeur d’Auschwitz». Dans sa version intégrale, il avait paru quelques mois plus tôt dans la revue de Maurice Bardèche, Défense de l’Occident24. Robert Faurisson y développait une thématique à peu près semblable à celle des écrits les plus virulents de Rassinier, et qui, de façon plus manifeste encore que ne l’avait fait ce dernier, plaçait la question des chambres à gaz au cœur de l’argumentaire.
D’entrée, il était clair cependant que le problème de l’élimination des juifs par le Zyklon B n’était que le prétexte choisi par Faurisson, comme il l’avait été par ses prédécesseurs, pour mettre en cause l’authenticité même de l’Holocauste. Après avoir, écrivait-il, «visité et revisité Auschwitz et Birkenau où l’on nous présente une “chambre à gaz reconstituée” et des ruines dites de “crématoires avec chambres à gaz”, puis «examiné des locaux présentés comme des “chambres à gaz en état d’origine”, et enfin «analysé des milliers de documents, en particulier au Centre de documentation juive contemporaine de Paris», il pouvait affirmer urbi et orbi que l’extermination des juifs par le gaz n’avait jamais existé et que, par conséquent, conformément à ce qu’avaient affirmé Bardèche et Rassinier, il y avait eu en 1945 une immense machination visant à «déconsidérer l’Allemagne hitlérienne» et à légitimer, au profit du sionisme, «une gigantesque escroquerie politico-financière» .
Du «mensonge» sur les chambres à gaz, on passe tout naturellement à la «mystification» constituée, selon Faurisson et consorts, par l’évocation même du génocide. On voit ici à quel point l’accent mis sur les modalités du massacre constitue un enjeu capital, en ce sens que la récusation — opérée nous le verrons par un raisonnement tordu — de cette seule pièce du dossier entraîne pour les «révisionnistes» la négation globale du crime contre l’humanité dont les nazis se sont rendus coupables: ce qui leur permet et de réhabiliter Hitler et de nourrir le discours antisémite résurgent, tout en protestant de l’innocence en ce domaine, non par tendresse philosémite, mais parce que la loi en France punit les manifestations publiques du racisme et de l’antisémitisme, et qu’il est dès lors indispensable — telle est également la stratégie adoptée par les fondateurs du GRECE25 — d’avancer à visage couvert.
Le cas Faurisson ne présente d’intérêt, pour qui cherche à comprendre la genèse du négationnisme, que dans la mesure où il révèle une structure mentale pathologique, porteuse de sa logique propre, complètement déconnectée du réel et qui présente les signes cliniques clairement repérables de la paranoïa. Ne faut-il pas rappeler qu’avant de se lancer dans la «révision» de l’histoire récente, celui que ses partisans ont baptisé «le professeur» avait consacré la majeure partie de ses «travaux» à repérer quelques-unes des grandes «mystifications» de l’histoire littéraire, donnant dès 1961 du sonnet des voyelles de Rimbaud une interprétation érotique26, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle dénotait chez son auteur une forte aptitude à l’autotorture mentale27, puis une dizaine d’années plus tard une thèse de doctorat consacrée à l’œuvre de Lautréamont, dont Faurisson disait en introduction qu’il n’était pas d’exemple «d’une mystification littéraire aussi grave et aussi prolongée»28. Comme l’a montré Nadine Fresco, dans un article paru en 1980 dans Les Temps modernes, il n’est pas besoin de procéder à une analyse lexicale très poussée de la prose faurissonnienne pour constater à quel point elle fourmille de références à des termes tels que «mystification», «supercherie», «leurre», «énigme», «faussaire», etc.29. Tout cela relève à l’évidence d’un délire interprétatif qui, appliqué successivement à Rimbaud, à Nerval, à Lautréamont, voire à Victor Hugo, a fini par conduire l’ancien maître de conférences de Lyon-II à une interprétation paranoïaque des témoignages sur le génocide nazi30.
Comment, dans ces conditions, un individu dont la pensée procède de l’idée fixe et du délire a-t-il pu, en quelques années, devenir le pape du «révisionnisme» hexagonal et faire figure d’«expert» auprès de ses homologues français et étrangers, et ceci dès la réunion en 1979 à Los Angeles de la première «Convention révisionniste»31? Poser la question revient à se demander comment fonctionne dans une société le délire antisémite, et comment les Vacher de Lapouge, Jules Soury et autres Drumont ont pu en leur temps capter l’attention d’une clientèle nombreuse, voire comment Hitler lui-même a put mobiliser tout un peuple sur des fantasmes déments. Au moins les uns et les autres avaient-ils, qu’on me pardonne le mot, le mérite de proposer une construction idéologique cohérente: folle, criminelle, mais visant à une explication globalisante. Ce n’est le cas ni de Robert Faurisson, ni de son principal disciple, Henri Roques, auteur d’une «thèse» soutenue à Nantes en 1985 dans les conditions que l’on sait et annulée un an plus tard, pour graves irrégularités administratives, par le ministre délégué, chargé de la Recherche, Alain Devaquet32. Le premier se refuse à prendre le problème de la solution finale autrement que par le petit bout de la lorgnette. Hitler, écrit-il, ne l’intéresse «pas plus que Napoléon Bonaparte», et à un lecteur frustré qui lui demande d’élargir ses horizons, il répond: «Je me sens incapable d’entreprendre une critique plus exhaustive de l’histoire du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale. Je ne suis pas un aigle, mais une petite fourmi qui ne se sent à l’aise que dans la vétille»33. Le second consacre les deux volumes de sa thèse d’université à l’étude comparative des différentes versions des «Confessions» de Kurt Gerstein, un officier SS qui avait été chargé de livrer des produits chimiques au camp de Belzec où il assiste au gazage des déportés, et il tire argument des différences et des contradictions entre les versions successives de ce texte pour conclure que le témoignage ne vaut rien, et pour suggérer (de manière allusive) en conclusion que les chambres à gaz n’ont pas existé. Travail de «fourmi» donc, comme celui de Faurisson, travail parcellaire visant à prendre l’adversaire en défaut sur un point particulier, de manière à produire une fissure dans l’édifice des certitudes et des évidences, puis à ébranler l’ensemble par des raisonnements inductifs tortueux, en laissant à d’autres le soin d’en tirer des enseignements pour le présent et des gains politiques immédiats.
Instrumentalisation et récupération politique du négationnisme
Ce qui a compté, dans la France des années 1980 et ce qui compte encore à l’heure actuelle, ce ne sont pas les délires, fantasmatiques d’une poignée de professionnels de la négation. C’est la manière dont leurs «recherches» et leurs «travaux» ont été instrumentalisés par des organisations politiques pour lesquelles l’Holocauste constitue un verrou qu’il convient à tout prix de faire sauter, dans une perspective de légitimation du discours et de l’action antisémites, ou simplement de réhabilitation d’une culture politique dont se réclament plus ou moins explicitement les complices des falsificateurs de l’histoire.
A l’extrême-gauche, parmi les rescapés d’un gauchisme tiers-mondiste qui n’en finit pas de régler ses comptes avec le «grand capital», et qui a transféré sa vision en noir et blanc de la lutte des classes sur le plan des relations internationales, l’argumentaire négationniste sert de cheval de bataille à un combat «antisioniste» dans lequel tous les moyens sont bons pour déconsidérer l’adversaire. Le phénomène n’est pas nouveau. Il y a un siècle, il a donné naissance à un antisémitisme populaire et gauchisant qui a constitué l’une des matrices du préfascisme français. Aujourd’hui, il s’exprime par le truchement du petit groupe qui s’est structuré autour de la maison d’édition La Vieille Taupe, dirigée par un ancien militant de Socialisme et Barbarie, Pierre Guillaume, et qui après avoir réédité deux livres de Rassinier, Le mensonge d’Ulysse en 1979 et Ulysse trahi par les siens en 1980, a publié en 1980 également un ouvrage intitulé Vérité historique ou vérité politique? Le dossier de l’affaire Faurisson.
La question des chambres à gaz, et dont l’auteur Serge Thion, se présente comme un militant des luttes anti-impériaiistes. Pierre Guillaume lui-même, qui sera interpellé quelques années plus tard par la police pour avoir distribué des tracts révisionnistes à la porte d’un cinéma où l’on projetait Shoah de Claude Lanzmann, déclarera dans une interview en 1987: «J’estime que le révisionnisme, qui est tout simplement la critique des délires liés à la guerre et à la propagande de guerre, est absolument dans la tradition du mouvement révolutionnaire»34.
Soyons clair. L’existence d’un «révisionnisme» anarcho-trotskyste (Jean-Gabriel Cohn-Bendit, qui a participé à l’édition du livre de Serge Thion, ne se présente-t-il pas comme «juif d’extrême-gauche, libertaire pour tout dire?») organisé autour de La Vieille Taupe, et le rôle que celle-ci a joué dans la diffusion en France et à l’étranger des thèses négationnistes, n’autorisent personne à renvoyer purement et simplement dos à dos les deux franges extrêmes du spectre politique français. Les Pierre Guillaume, Serge Thion et autres Jacob Assous ne représentent en effet qu’une fraction extrêmement minoritaire de l’ultra-gauche, celle des intégristes du marxisme antistalinien35. Leur dérive «anti-impérialiste» les a déjà conduits très loin de leurs options originelles, comme celle de certains syndicalistes révolutionnaires «soréliens» de la fin du siècle, que le thème corradinien de la nation prolétaire avait fini par transformer en ultra-nationalistes et à projeter dans l’antichambre du fascisme. A l’extrême-droite au contraire, qu’il s’agisse de la fraction ultraciste de cette famille politique ou du courant majoritaire national-populiste qui s’incarne dans le Front national, c’est la grande majorité des groupes qui la composent qui, à des degrés divers, se trouve impliquée dans l’entreprise négationniste.
Celle-ci s’opère tantôt au grand jour, par l’écho qui est donné des thèses et des «travaux» de Faurisson et de ses émules dans les colonnes d’organes comme Rivarol, Présent ou Minute, tantôt en usant de l’euphémisation et de la litote pour faire passer en douceur dans le public un certain nombre de messages dont il est clair qu’ils ont pour enjeu de battre en brèche le consensus de l’Holocauste. C’est ainsi que, depuis 1987, Jean-Marie Le Pen s’est laissé aller à quelques dérapages du verbe, dont il est peu probable qu’ils n’aient pas été calculés, tant il est vrai qu’après une courte période d’indignation et de recul dans les sondages, le coup porté a régulièrement permis à son auteur de rebondir un peu plus haut.
N’en a-t-il pas été ainsi de l’affaire du «point de détail» sur les chambres à gaz, à l’automne 1987? Interrogé lors d’un «Grand Jury RTL — Le Monde» sur sa position dans le débat ouvert par les «révisionnistes», le leader du Front national a cru bon d’afficher en ces termes le peu de cas qu’il faisait de cet «épisode» de la Seconde Guerre mondiale, ce qui revenait sinon à nier ouvertement l’existence des chambres à gaz, du moins à considérer qu’il s’agissait d’un problème «dépassé», au même titre que l’était le comptage des victimes. Il y a eu, expliquait-il, des centaines de milliers, peut-être des millions de morts («les historiens en débattent»), juifs et autres: ce qui impliquait de sa part une banalisation du phénomène, considéré comme un crime de guerre «ordinaire», non comme le crime majeur commis contre l’humanité. Prononcée sur le mode goguenard dont est familier l’ancien député poujadiste, la petite phrase sur le «point de détail» avait une fonction identique à celle des longues diatribes d’un Rassinier ou d’un Faurisson, à cette différence près qu’elle était assénée devant des millions de téléspectateurs par un remarquable tacticien du verbe. On connaît d’ailleurs le résultat de l’opération.
Après une forte baisse dans les sondages (7% d’intentions de vote au lendemain de l’émission contre 12% lors du sondage précédent), Le Pen battait six mois plus tard, à l’occasion des présidentielles du printemps 1988, tous les records du vote d’extrême-droite.
De même, la levée de boucliers qui avait suivi, en septembre 1988, la «maladresse de langage» à propos de Michel Durafour («Durafourcrématoire»), si elle avait à court terme provoqué quelque flottement sur le front des troupes et dans l’état-major lepéniste36, n’a pas empêché l’organisation d’extrême-droite de conserver ses positions lors des consultations électorales de mars et juin 1989. La preuve est ainsi faite que l’on peut désormais en France tourner en dérision la mémoire du génocide, ou en nier plus ou moins explicitement l’existence, sans se couper durablement d’une partie de l’opinion oscillant à l’heure actuelle entre 15 et 18% du corps électoral.
Depuis les premiers écrits de Bardèche, la stratégie de l’extrême droite n’a pas changé. A cette différence près qu’il ne s’agit plus seulement de blanchir quelques milliers de «rêveurs casqués» et d’épurés de la Libération, en affirmant que la cause pour laquelle ils avaient combattu était pure de toute compromission avec le Diable, Hitler n’ayant jamais eu l’intention d’exterminer les juifs et les crimes de l’armée allemande étant dépassés en horreur par ceux des Alliés, mais de refaire une virginité à l’idéologie qui, depuis un siècle, sert de support à l’ultra-droite française.
Suggérer que les chambres à gaz n’ont «peut-être pas existé», que l’Holocauste est un mythe, que le Reich hitlérien n’a été après tout qu’un rempart contre la barbarie stalinienne et que les juifs sont à la fois coupables d’avoir poussé à la guerre contre lui, et de l’avoir ensuite diabolisé par une «machination» sans précédent, voilà ce qui permet de réhabiliter toute la tradition, toute la culture politique qui a triomphé, avec Vichy, de la démocratie décadente. Et, par conséquence de rattacher l’entreprise actuelle de la droite extrême à un versant de l’idéologie française que la tache collaborationniste avait passablement terni. On voit qu’au-delà du délire interprétatif et des obsessions morbides de quelques individualités à l’équilibre fragile, c’est d’un formidable enjeu de mémoire dont est porteur le débat engagé depuis plus de quarante ans avec les falsificateurs de l’histoire.
Pierre MILZA, Institut d’Études Politiques de Paris.
Notes
1. Cf F. Bédarida, Le nazisme et le génocide. Histoire et enjeux, Paris, Nathan, 1989, et du même auteur: La politique nazie d’extermination, Paris, Albin Michel, 1989; ainsi que EHESS, L'Allemagne nazie et le génocide juif, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1985.
2. M. Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme?, Paris, Les Sept Couleurs, 1961.
3. M. Bardèche, Nuremberg ou la terre promise, Paris, Les Sept Couleurs, 1948.
4. Bardèche fut condamné pour «apologie de crimes de guerre» après une longue procédure judiciaire, à un an de prison ferme. Amnistié par le président Coty, il ne sera en fait incarcéré que pendant trois semaines.
5. M. Bardèche, Lettre à François Mauriac, La Pensée libre, 1947.
6. Qu’est-ce que le fascisme?, op. cit., p. 54.
7. Nuremberg ou la terre promise, op. cit., p. 23.
8. Comme Bardèche le dira lors d’un entretien avec joseph Algazy en 1981. Cf. J. Algazy, La tentation néo-fasciste en France, Paris, Fayard, 1984, p. 210.
9. A. R. Butz, The Hoax of the Twentieth Century, 2o éd. Chapel Ascote, 1977, p. 242-243.
10. M. Bardèche, Nuremberg ou la terre promise, op. cit., p. 188.
11. Entretien de M. Bardèche avec J. Algazy, op. cit., p. 208.
12. Philipppe Burrin, La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery, Paris Seuil, 1986.
13. P. Rassinier, Ulysse trahi par les siens, Paris, Documents et témoignages, 1961.
14. Id., Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles, Paris, Les Sept Couleurs, 1962.
15. Id., Le drame des juifs européens, Paris, Les Sept Couleurs, 1964.
16. Ulysse trahi par les siens, op. cit., p. 79.
17. Le mensonge d’Ulysse. Regard sur la littérature Concentrationnaire, Bourg-en-Bresse, Éditions Bressanes, 1950, p. 123.
18. Le véritable procès..., op. cit., p. 112.
19. Ibid., p. 40.
20. Le mensonge d’Ulysse, op. cit.
21. Le Monde, 16-1-1979.
22. C’est au cours de l’été 1979 que s’est développée dans la presse française la polémique autour de la nouvelle droite.
23. Nadine Fresco, «Les redresseurs de morts. Chambres à gaz: la bonne nouvelle. Comment on révise l'histoire», Les Temps modernes, no 407, juin 1980, p. 2150-2211.
24. Défense de l’Occident, juin 1978.
25. P. Milza, Fascisme français. Passé et présent, Paris, Flammarion, 1987, p. 370-373 et 390-392.
26. R. Faurisson, «A-t-on lu Rimbaud?», numéro spécial de la revue Bizarre, 4e trim. 1961.
27. Le A était de toute évidence le triangle renversé du pubis; le E, qu’il fallait imaginer en écriture manuscrite et posé horizontalement, les deux seins blancs de la femme…; le reste était à l’avenant.
28. R. Faurisson, «A-t-on lu Lautréamont?», Gallimard, 1972.
29. N. Fresco, «Les redresseurs de morts», op. cit., p. 2151 sq.
30. Cf. O. Mannoni, «Le besoin d’interpréter», Les Temps modernes, mars 1962.
31. A l’occasion de ce congrès auquel assistaient plusieurs négationnistes venus du mode entier, il fut offert une prime de 50 000 dollars à toute personne qui ferait la preuve que les nazis avaient utilisé des chambres à gaz pour éliminer des juifs.
32. Voir sur la question la mise au point publiée par la Revue d’Histoire de moderne et contemporaine dans son numéro de janvier-mars 1987. M. Cointet et R. Riemenschneider, «Histoire, déontologie et médias. A propos de l’Affaire Roques», p. 174 sq.
33. Annales d’Histoire révisionniste, no 4, printemps 1988, p. 181.
34. Dans Zéro, avril 1987.
35. A. Finkielkraut, L’Avenir d’une négation. Réflexion sur la question du génocide, Paris, Seuil, 1982.
36. François Bachelot, ancien député de la Seine-Saint-Denis, a été exclu du Front national en même temps que Yann Pialat, député du Var, pour avoir mis en cause la crédibilité du leader, et Pascal Arrighi, ancien député des Bouches-du-Rhône, s’est «suspendu pour toujours» de la formation lepéniste.
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10/06/2010