Précisons que, contrairement à ce que dit Susanne Scheidt dans son texte original, Shamir n’a pas évolué dans ses opinions. Il n’a fait que laisser un peu plus transparaître des opinions qu’il exprimait depuis la fin des années 1980 dans la presse russe sous le pseudonyme de Robert David (voir plus bas). 19. On reste parfois pantois. Shamir considère par exemple que les Juifs sont «ceux qui ont rejeté le Christ [ce pourquoi ils] ont été condamnés à errer jusqu’à ce qu’ils comprennent leur erreur.» (Israel Shamir, L’autre visage d’Israël, Editions Balland/Editions Blanches, 2003, trad. fr. Marcel Charbonnier, texte établi par Maria Poumier, p. 56). Le texte intitulé «Ode à Farrès ou le retour du chevalier» avait été publié dans une première version anglaise le 10 mai 2001 («Ode to Farris»). La phrase citée ici n’y figurait pas. Shamir a profité de la publication, en 2002, d’un florilège de ses articles pour rajouter que «those who rejected Christ were doomed to wander until they see the error of their ways». Signalons encore que Maria Poumier qui a établi le texte de l’édition française des textes de Shamir, est très proche des milieux négationnistes français, dont elle assure à l’occasion la publicité ou la défense… Poumier est une groupie de Shamir («le meilleur juif russo-palestino-israélien au monde, très très très important écrivain, et il vous expliquera que les gens qui vous traitent d’antisémites, c’est eux, qu’on doit et qu’on peut ratatiner» écrivait-elle en juin 2002 sur la liste de diffusion «CubaSolidarityProject») de longue date. Elle n’hésite pas à l’occasion à relayer des «lettres d’information» d’extrême-droite à ses amis procastristes (Message de Maria Poumier le 13 février 2003, relayant Faits&Documents 110). Elle y retransmet également à l’occasion la Gazette du Golfe et des Banlieues du négationniste Serge Thion (message du 2 avril 2003). 20. Ali Abunimah & Hussein Ibish, «Serious Concerns about Israel Shamir», 16 avril 2001. 21. Comme il le confia lors d’une «très chaleureuse soirée» passée avec les négationnistes de l’aaargh en 2001, aaargh, Actualités de septembre 2001. 22. Depuis la fin des années quatre-vingt, Shamir prétend avoir été correspondant de Ha’aretz à Moscou. Il s’agit là d’une imposture dénoncée dès 1990 par Mikhail Agursky («Weizman in the soviet minefield», Jerusalem Post, 15 janvier 1990, p. 4). Mikhail Agursky rapportait que jamais Ha’aretz n’avait mandaté Shamir pour quoi que ce soit à Moscou. Ses contributions pour Ha’aretz se limitent à quelques piges (voir aussi Tor Bach, Sven Johansen and Lise Apfelblum, «Israeli writer is Swedish anti-Semite», Searchlight, mai 2004). De même, le succès et le caractère prolifique de sa production littéraire semblent ne devoir concerner ni l’hébreu, ni l’anglais. Peut-être le Russe. La plupart de ses exploits littéraires semblent invérifiables… Voir également Tor Bach, Sven Johanse, Lise Apfelblum, Stieg Larsson and Daniel Poohl, «RV member to be expelled?», Monitor, février 2004 (original en norvégien). 23. Mikhail Agursky, «We mustn’t shun the russian right» Jerusalem Post, 15 août 1991, p. 6. 24. Mikhail Agursky, «We mustn’t shun the russian right» Jerusalem Post, 15 août 1991, p. 6. 25. Mikhail Agursky, «We mustn’t shun the russian right» Jerusalem Post, 15 août 1991, p. 6. Dans ce même article, Mikhail Agursky mentionne la glorification de Saddam Hussein par Shamir (nous sommes en 1991!), ses appels à la destruction d’Israël et ses liens avec des organisations terroristes. 26. Israel Shamir, «Agen “Mossad” Rasskasivact», Pravda, 18 octobre 1994, cité par Vadim Rossman, Russian Intellectual Antisemitism in the Post Communist Era, University of Nebraska Press, 2002, p. 111. 27. Message envoyé sur plusieurs forums de discussion Usenet le 18 octobre 2000, Message-ID: <8sjfs5$5a6$1@news.netvision.net.il>. le 21 octobre, Shamir postait un article de Prochanov [Prokhanov], un intellectuel extrémiste fasciné par la «Nouvelle Droite» française (voir Walter Laqueur, Histoire des droites en Russie. Des centuriesnoires aux nouveaux extrémistes, Michalon, 1996) responsable de Zavtra; La posture idéologique de Prokhanov et Zavtra relève en fait de l’idéologie «rouge-brun». Parmi les forums choisis par Shamir figurait alt.revisionism, connu comme le défouloir des négationnistes: Message-ID: <8srvfo$8oj$2@news.netvision.net.il>. Le 23 mai 2001, le «Point Information Palestine», de l’AMFP, publiait une lettre de Shamir faisant une fois de plus la publicité de Zavtra, mais également un texte de Prochanov. 28. Vadim Rossman, Russian Intellectual Antisemitism in the Post Communist Era, University of Nebraska Press, 2002, p. 142, n. 118. En fait, Israel Shamir écrit sous le pseudonyme de «Robert David» depuis au moins 1989, voir ibid, p. 98, n. 73. Dans le numéro de mars 1994 de Zavtra il pousse jusqu’à nier qu’il existât de l’antisémitisme dans les milieux nationalistes russes (Yury Poslky, «Russian Nationalists’ Worldview», Soviet ans Post-Soviet Review, 23, no. 1, 1996, p. 118). Compte tenu de la teneur des articles de Robert David/Israel Shamir entre 1989 et 1996, il est clair qu’Israel Shamir vient d’un horizon idéologique «national-bolchevique»: Au moment où il écrit pour des organes de la droite ultra-nationaliste, Israel Shamir se dit communiste et écrit pour la Pravda (ibid.). Outre les passages déjà cités de Vadim Rossman, voir Talal Nizameddin, Russia and the Middle East: towards a new foreign policy, New York, St. Martin’s Press, 1999, p. 133:; ainsi que Commonwealth of Independent States and the Middle East, Volume 21, 1996, The Marjorie Mayrock Center for Soviet and East European Research, The Hebrew University, p. 31-37. Sur le «national-bolchevisme», voir Mikhail Agursky, The third Rome: national Bolshevism in the USSR, Boulder, Westview Press, 1987. 29. Le 15 décembre 2000 Ukar (Ukrainian Archive) site ukrainien antisémite, publie sous le titre «The Lousiness test», un article de Shamir paru dans Zavtra le 31 octobre précédent, qui deviendra connu dans une autre traduction sous le titre «Acid test failed». 30. Début février 2001, le négationniste Michael Hoffman publie sur son site un autre article, «The Jews of Russia and Palestine: A Comparison», de Shamir paru dans Zavtra, le 31 octobre 2000. Hoffman est un fanatique raciste illuminé, proche des Aryan Nations, adepte des théories de conspiration et d’OVNIs, ayant fait de la prison pour attaque à main armée sur une pharmacie de Geneva, NY, pour vol de produits stupéfiants. 31. «L’effondrement de l’Union soviétique a été pour moi une gigantesque tragédie personnelle» déclare Shamir en 2003, lors d’une interview dont la traduction française est donnée dans la parution du négationiste Serge Thion, la Gazette du Golfe & des Banlieues, nouvelle série n°28 (25 août 03), reproduit sur geostrategie.com 32. «Les oreilles de Midas». L’hypocrisie de Shamir et de ses diffuseurs francophones, est consommée: sur le site de celui-ci, on retrouve bien le texte en anglais, en espagnol, mais pas en français, pourtant traduit par le même personnage que les autres textes… 33. Tor Bach, Sven Johansen and Lise Apfelblum, «Israeli writer is Swedish anti-Semite», Searchlight, mai 2004. 34. Voir la reproduction de son nouveau passeport suédois, dans l’article de Manfred Ropschitz, «Israel Shamir exposed! A fake or a plant?», Indymedia Uk, 26 avril 2005. 35. Pour un exemple paradigmatique, voir un certain François Xavier, écrivain et grand thuriféraire de Shamir dont il reproduit certains textes sur son propre site web. L’auteur de la présente page a eu avec lui un échange édifiant en novembre 2003. Après que François Xavier eût publié un texte de Shamir sur le site du journal en ligne Le Mague, dont il est un contributeur régulier, nous avons rédigé un commentaire rappelant l’antisémitisme de Shamir. Un échange particulièrement violent est exemplaire s’en est suivi. Le site du Mague a, involontairement n’en doutons pas, effacé cet échange, tout en conservant l’article original de François Xavier… Il est conservé ailleurs: le voici en entier. Il faut également signaler Régine Deforges, qui a apporté un soutien scandaleux à Shamir dans sa chronique parue dans l’Humanité le 5 novembre 2003. Enfin on reste atterré qu’un intellectuel comme Edward Said ait pu faire des remarques élogieuses sur Israel Shamir («Dignity, Solidarity and The Penal Colony», in Alexander Cockburtn & Jeffrey St Clair, The Politics of Anti-Semitism, CounterPunch, 2003, p. 154).J’ai le regret de confirmer qu’Israel Shamir a choisi de […] justifier le National-Socialisme allemand et le régime d’Hitler, ses persécutions raciales et ses invasions militaires incluses. A mon grand regret, je dois constater qu’Israel Shamir soutient réellement que «les Juifs» sont une sorte de cancer qui doit être éliminé de façon à ouvrir de meilleures perspectives pour le monde, parce que, d’après lui, «les Juifs» sont l’élément moteur de l’impérialisme américain qui tente de réduire le monde en esclavage (il justifie de la même façon les épurations staliniennes pour avoir permis de débarrasser le leadership soviétique des dangereux Juifs qui en faisaient partie).
Pour Shamir, à la lumière de ce genre de vision de l’histoire, les lois raciales des Nazis (les «Lois de Nuremberg» de 1935) qui dépouillaient les Allemands juifs de leur citoyenneté, étaient parfaitement compréhensibles, puisque les Juifs auraient constitué une sorte de corps étranger dans les sociétés chrétiennes dans lesquelles elles auraient agi comme une force d’aliénation tendant à les détruire de l’intérieur. D’après Israel Shamir, les Juifs haïssent l’Eglise et se servent de l’impérialisme américain, dont ils sont le moteur et les instigateurs, afin de parvenir à la domination du monde où les Juifs seraient les prêtres dirigeants dominant une masse de goyim.
Israel Shamir: «Juif israélien»…
et antisémite virulent
«Certains diffusent via Internet des textes ouvertement antisémites, comme ceux de l’intellectuel juif russo-israélien Israël Shamir: ils ne peuvent, ce faisant, que susciter la réprobation générale et discréditer le combat pour le droit à l’autodétermination du peuple palestinien dont ils se réclament.»Dominique Vidal, Rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique, le 12 avril 20031«Qu’Israël Shamir, journaliste russo-israélien récemment converti au christianisme, et qui semble avoir, par la même occasion, basculé de l’antisionisme le plus radical à l’antijudaïsme chrétien le plus banal, reprenne ces inepties [celles des Protocoles des Sages de Sion] en accusant les juifs d’avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale, voilà qui ne devrait tromper personne»Ilan Halevi, conseiller du président Yasser Arafat, représentant de l’OLP et du Fatah auprès de l’Internationale socialiste, le 28 mai 20032Depuis le début de l’année 2001, un Israélien d’origine russe, Israel Shamir est devenu, sur l’Internet, le héros de militants pro-palestiniens et des «antisionistes» en général. Il distille une critique radicale d’Israël, appelant à la disparition de cet Etat et multipliant les charges contre les Juifs et le Judaïsme. Systématiquement présenté comme un auteur majeur, collaborateur de tout ce qui se compte de meilleurs organes de presse en Israël, Shamir est brandi («Juif israélien»), et ses nombreux textes reproduits, sur quasiment tous les sites web hostiles à Israël. Son succès est particulièrement éclatant sur les sites antisémites et négationnistes, même si le premier à faire la promotion de Shamir en France dès l’année 2000 est un universitaire spécialiste des mondes musulmans, Michel Gilquin3. Pour autant, ses thuriféraires «seulement» antisionistes récusent toute idée selon laquelle Shamir puisse être un antisémite; pensez donc: un Juif! Israélien de surcroit! Le succès de Shamir sur les sites antisémites ne semble ni les gêner, ni les interpeler.
Seulement voilà, des Juifs antisémites, cela existe. Des Israéliens également. Certes ils ne courent pas les rues, mais la judéité n’a jamais protégé de l’antisémitisme (cf. Otto Weininger) ni un passeport de l’hystérie contre son propre pays, quoique, en l’occurrence, l’appel à la disparition pure et simple du pays honni est plutôt rare. Pour autant faut-il accabler Shamir d’une accusation infâmante pour le seul fait qu’il produit une critique radicale d’Israël? Certainement pas.
Si, de fait, Israel Shamir est bien un antisémite, un antisémite hystérique, ce n’est pas parce qu’il critique Israël, mais bien parce qu’il reprend quasi intégralement tous les poncifs de l’antisémitisme, avec une virulence proportionnelle à son talent. Sous sa plume, les Juifs deviennent les responsables d’un des attentats terroristes anti-israélien les plus meurtriers de ces dernières années4. Le reste est à l’avenant: complaisance de plus en plus marquée envers les négationnistes5, finalement jusqu’au soutien pur et simple6; adhésion à la théorie du complot de domination juive mondiale véhiculée par les Protocoles des Sages de Sion7, diffamations issues de l’antisémitisme chrétien tels que le recyclage du fantasme des crimes rituels8, l’accusation de déicide (les Juifs en assassins du Christ9); insultes de rabbins10; accusation globale contre «les Juifs» d’être responsables de la Seconde Guerre mondiale11, toute la panoplie y passe. Shamir va même, à l’occasion des élections présidentielles en France de 2002, appeler à voter Le Pen, dont il explique le succès par le fait que «le peuple de France ne [veut] pas goûter une occupation judéo-nazie»12. La dérive nazie, pourtant, c’est bien Shamir qui la commet lorsqu’il déclare que «les Israéliens représentent une forme virale d’êtres humains»13. Les militants palestiniens qui ont mentionné cette déclaration de Shamir ont confirmé que lors d’un entretien privé, Shamir avait de nouveau usé de la comparaison des Juifs avec un virus14. Un scandale? Une surprise? Même pas. Shamir n’hésitera pas en effet à appeler en 2002 à s’allier avec la «National Alliance» un groupe néo-nazi américain très influent chez les racistes les plus radicaux, dont les discours sont un appel implicite au génocide des Juifs, entre autres15. Shamir, a un temps mis son appel sur son site web officiel. Il l’en a depuis retiré. Malgré ce «retrait», la sincérité de Shamir ne fait aucun doute puisqu’il a depuis mis en ligne un texte appelant à une alliance avec les «White nationalists»16, autrement dit avec les «White supremacists»17, c’est-à dire les extrémistes racistes américains.
L’antisémitisme de Shamir ne connaît en fait aucune limite. Susanne Scheidt, militante pro-palestinienne radicale qui fut à la pointe de la diffusion des premiers textes de Shamir en italien — elle en traduisit elle-même certains — a eu un entretien avec Shamir dont elle a rendu compte. Son enthousiasme shamirien a été quelque peu ébranlé. Outre que Shamir s’est vantée auprès d’elle de son amitié pour l’ancien terroriste d’extrême gauche passé au néo-nazisme et au négationnisme, Horst Mahler, Shamir a défendu le régime nazi, les guerres qu’il mena, ainsi que les persécutions raciales contre les Juifs, sous prétexte que ces derniers représenteraient un corps étranger dans les sociétés chrétiennes, cherchant à les détruire de l’intérieur. Shamir justifie de la même façon les épurations antisémites staliniennes et a confirmé à Susanne Scheidt, qu’à ses yeux, les Juifs constituaient un cancer dont la disparition est la condition d’un avenir meilleur pour un monde, qu’autrement, ils aspirent à dominer au moyen de l’impérialisme américain dont ils sont les instigateurs et le moteur18. Rien de moins.
Au final, voilà un drôle de «Juif» qui reprend à son compte les pires poncifs de la théologie chrétienne antijuive19, qui en privé se dit chrétien20 et s’est d’ailleurs récemment converti au chritianisme (en l’occurence à l’orthodoxie grecque), voit les Juifs comme un cancer ou un virus et justifie les persécutions antisémites nazies et staliniennes, mais aussi drôle d’Israélien, qui ne se considère pas comme israélien, mais comme «Palestinien russe»21…
Israel Shamir n’est en fait pas tout à fait celui qu’il prétend être. Arrivé en Israël d’URSS à la toute fin des années 1960, il y acquiert rapidement — ou la possédait-il déjà? — une excellente maîtrise de l’hébreu et collabore à plusieurs journaux, notamment Ha’aretz et le Jerusalem Post, bien que pas de la façon spectaculaire dont il se prévaut frauduleusement22. Il travaille même pour le Mapam, parti politique proto-communiste23. Très à gauche donc. A la fin des années 1980, il publie dans le Jerusalem Post un article très critique envers les nationalistes russes proches de Soljénitsyn, qu’il qualifie de «pires ennemis du peuple juif». C’est pourtant le même Shamir, qui en 1991 publie sous le pseudonyme de «Robert David» dans une revue russe ultra-conservatrice, Politika, un article où il dénonce Shakharov comme un «agent sioniste»24. C’est le même Shamir qui dans la plupart de ses articles parus sur Internet évoque aujourd’hui souvent Soljénitsyn en termes élogieux, surtout quand ce dernier critique les Juifs. C’est le même Shamir qui, lorsqu’il vivait de nouveau à Moscou au début des années 1990, dénonçait, en une rhétorique tout droit sortie de l’antisémitisme soviétique des années 1960, les libéraux russes comme des agents sionistes et le sionisme comme pire ennemi de la Russie25, ou voyait, en 1994, dans le Mossad israélien «un véritable soviet des Sages de Sion», dont le complot semble bien alors avoir été avéré aux yeux de Shamir26. Il n’était point question de Palestiniens alors.
Comment le même auteur peut-il d’une part dénoncer les proches de Soljénitsyn comme «pires ennemis du peuple juif», et faire l’éloge de Soljénitsyn dix ans plus tard dans le cadre de critiques très violentes des Juifs? Le vrai Shamir semble bien être le dernier, celui qui est assez paranoïaque pour voir en Shakharov un «agent sioniste». Le vrai Shamir est celui dont la première intervention sur Internet consiste à faire la publicité d’une publication russe d’extrême-droite connue pour sa virulence antisémite, Zavtra, pour laquelle il a produit plusieurs articles27, notamment sous son pseudonyme «Robert David» depuis plusieurs années28. Le vrai Shamir est celui dont les premiers articles publiés sur le web le sont, à la fin de l’année 2000, par un site web violemment antisémite29 puis, début 2001 sur un site négationniste30. Ce Shamir-là, peut-il être, comme l’hypothèse en a été faite, un ancien agent soviétique chargé en Israël de faire de l’entrisme dans les formations de gauche et faire de l’agit-prop de l’intérieur en servant les intérêts soviétiques (disqualifier les nationalistes russes autour de Soljénitsyn comme ennemis des Juifs, par exemple)? Aujourd’hui Shamir est orphelin de l’Union Soviétique31, mais ni de ses contacts dans les milieux antisémites russes, ni sans doute de contacts dans les milieux du renseignement: n’a-t-il pas, en 1998, proposé au négationniste britannique David Irving, de jouer un rôle d’intermédiaire pour la vente de documents nazis que des «amis» russes détenaient? Seuls d’anciens membres des renseignements soviétiques pouvaient être en possession de tels documents. Mais ce n’est pas un musée, ni une bibliothèque ou un centre d’archives que Shamir a contacté; c’est un négationniste connu pour son admiration pour Hitler… C’est d’ailleurs encore sur un site négationniste que l’on trouve le seul exemplaire de la traduction française de l’article de Shamir qui a révélé l’antisémitisme de ce dernier au public français32.
Les aspects douteux de la biographie de Shamir ne s’arrêtent pas à ses liens avec les services secrets soviétiques ou avec des extrémistes de tout poil. Il n’habite pas simplement à Jaffa, contrairement à ce qu’il se plait à affirmer, mais également à Stockholm en Suède avec sa seconde épouse, comme d’ailleurs sa première femme et ses deux fils. Shamir s’est installé en Suède au plus tard en 1984. Il possède aujourd’hui la nationalité suédoise. En 1993 il retourne, après un passage par la Russie, en Israël où il épouse une seconde femme en 1994, avant de revenir en Suède en 1998 où il demeure en grande partie aujourd’hui33. C’est d’ailleurs de Stockolm qu’il contacte le négationniste David Irving en 1998 pour lui vendre des documents nazis. Par ailleurs, en 2001, Israel Shamir change de nom et adopte le patronyme de Jöran Jermas34. Pourquoi cette nouvelle identité, au moment même où, sous le nom d’Israel Shamir, il se fait connaître par ses diatribes «antisionistes» ? Pourquoi Shamir ne mentionne-t-il jamais son autre, sinon principal, lieu de résidence et continue de prétendre résider en Israël ? Qui est-il vraiment ? Lorsqu’en 2005, son identité suédoise est révélée, Israel Shamir/Joran Jermas change de nouveau de nom et se fait appeler Adam Ermash. Jamais il ne fera de commentaire sur ces identités multiples et les raisons qui le poussent à changer de nom…
Même si Shamir n’avait laissé aucune de ces traces, même s’il n’avait pas de lien avec l’extrême droite antisémite russe, même s’il ne mentait pas sur son lieu de résidence et son identité, il n’en demeurerait pas moins que sa prose est un catalogue d’ignominies antisémites. Mais parce que cette prose contient une critique radicale d’Israël, de nombreux militants «antisionistes» refusent de voir l’antisémitisme hystérique de Shamir. Cette cécité volontaire les rend complices de l’antisémitisme de Shamir35. Elle est d’autant plus impardonnable, et signe d’une dérive antisémite, que des militants palestiniens irréprochables, Ali Abunimah et Hussein Ibish dénonçaient les «dérives de Shamir» dès 2001.
Liens et compléments:
Henri Pasternak, «Notre ami Israël Shamir», L’Arche, n° 543, mai 2003. Article remarquable qui développe les éléments exposés dans la présente page. Une lecture indispensable. Lire… Quelques citations extraites de la compilation d’articles de Shamir parue en français en septembre 2003, retirée depuis par l’éditeur étant donnée la teneur violemment antisémite de nombreux passages. La réédition de l’ouvrage en 2004 par les Editions Al Qalam a été sévèrement condamnée par la justice en novembre 2005 et l’ouvrage interdit à la vente. Lire… La notice Israel Shamir sur Conspiracy Watch. Ajoute des informations très intéressantes plus à jour que la présente page. Suivre le lien… Ali Abunimah & Hussein Ibish, «Serious Concerns about Israel Shamir», 16 avril 2001. Suivre le lien… Nigel Parry, «The enemy of our enemy is not our friend», 20 avril 2001. Suivre le lien… «Anti-semitism has no place in the Palestine solidarity movement», correspondance de Tim Hall avec Israel Shamir à propos du soutien apporté par Shamir à Le Pen. Suivre le lien… Notre lettre à Régine Deforges, suite à sa chronique parue dans l’Humanité le 5 novembre 2003, critique à l’égard du retrait de l’ouvrage de Shamir. Lire… «Israël Shamir, l’antisioniste qui venait du froid», article de Henri Pasternak, Jean Vidal et Benyamin Adad, paru dans L’Arche n° 551-552 janvier-février 2004, complétant et développant l’article du numéro 543 ainsi que la présente page. Suivre le lien… «Israël Shamir: faux ami de la cause palestinienne et vrai antisémite», article de Jean-Yves Camus, paru dans Politis du 28 octobre 2005. Suivre le lien… Sur Maria Poumier, la principale thuriféraire de Shamir en France: «Mais qui c’est, cette Poumier que personne ne connaît?», L’Arche, no 551-552, janvier-février 2004. Lire… A propos d’un texte d’un certain Vincent Despres. Lire…
Notes.
1. Propos recueillis par Naziha Mayoufi pour Saphirnet.info: http://www.saphirnet.info/article_563.html
2. Ilan Halevi, «Encore une fois à propos du sionisme et de l’antisémitisme», 28 mai 2003, site web «Solidaires du peuple palestinien», http://www.solidarite-palestine.org/rdp-int-030522-2.html
3. Michel Gilquin, «Mythes et réalités du sionisme», CEMOTI, Cahiers d'Études sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien, 2000, no 30, p. 336. Dans ce texte critique envers un numéro précédent de cette même revue (no 38, 1999) consacré à la Turquie et à Israël, trop favorable au sionisme selon Michel Gilquin, et trop insistant sur l’antisémitisme de certaine association turque antisioniste, l’auteur fait en passant la publicité (la toute première en français à notre connaissance) d’Israel Shamir dont il cite un texte, «le viol de Dulcinée», dont on peut se demander comment Michel Gilquin fait pour ne pas y déceler l’antisémitisme qu’il charrie et où il a bien pu trouver ce texte qui, à cette date, n’avait pas été traduit en français et circulait en anglais sur des sites extrémistes.
4. Le 1er juin 2001, Said Khutari, membre du Djihad Islamique, se fait exploser à l’entrée de la discothèque le Dolphinarium. Il assassine ainsi 20 adolescents et en blesse plus d’une centaine. Shamir, plutôt que de condamner les vrais responsables, préfère attribuer ce massacre collectif aux Juifs, dans un texte intitulé «Doute et certitude» daté du 3 juin 2001. On retrouve la rhétorique ignoble de José Bové qui faisait porter au «Mossad» la responsabilité d’agressions antisémites en France. Dans le même texte (dans la version originale en anglais du moins, la traduction ayant été édulcorée) Shamir suggère que la responsabilité du pogrom de Kielce incombe aux «sionistes». Bizarrement, en 2005, la version française de ce texte a été supprimée du site web d’Israel Shamir, mais demeure disponible dans sa version originale en anglais. Par contre la version française reste disponible sur le site web négationniste de l’aaargh ou sur le site communautaire Oumma.com (sous le titre modifié de «Attentat de la discothèque de Tel Aviv: manipulation?»).
5. En 2001, d’après des négationnistes de l’aaargh avec lesquels il s’est entretenu «Sur la question du révisionnisme, Shamir [professait] un agnosticisme complet» (aaargh, Actualités de septembre 2001). Une telle profession d’«agnosticisme» concernant la réalité de la Shoah est évidemment une forme d’adhésion à la rhétorique négationniste. Lorsque Shamir écrit que l’«H[olocauste] est un concept religieux destiné à remplacer la Crucifixion du Christ» («Clement on deniers», message posté le 22 mai 2002 sur la liste de discussion de Shamir, Togethernet, cité dans «Actualités de Juillet 2002» de l’aaargh) Shamir ne se contente pas de tourner autour du marigot antisémite: il y patauge. Shamir se coule encore dans une rhétorique négationniste lorsqu’il écrit en août 2003 que le bilan d’Auschwitz est passé de 4 millions à trois cent mille, dans un message où il donne la parole à l’extrémiste antisémite allemand, Horst Mahler, «Mahler goes to Auschwitz». Shamir invoque le négationniste David Irving, improprement qualifié d’«historien», pour comparer le sort médiatique qui est fait à Ben Laden avec celui fait aux Juifs par Goebbels («Gynécée et valeureux guerriers», 16 décembre 2001). Dans un texte du 14 mars 2001, «Chasseurs de vampires», Shamir, déplorant apparemment les pressions d’organisations juives américaines pour faire annuler un «congrès» négationniste à Beyrouth, prétend, en déplorant cet état de fait, que le génocide des Juifs serait un «dogme sacré», usant du même vocalulaire que les négationnistes. Il qualifie d’ailleurs ceux-ci d’«historiens révisionnistes» que «leurs adversaires qualifient de négationnistes» («Holocaust deniers», bizarrement traduit par Marcel Charbonnier par «renégats de l’holocauste»…). Faut-il rappeler que les négationnistes ne sont justement pas des historiens, mais bien des fanatiques antisémites qui falsifient la réalité historique?
6. Shamir reproduit en effet sur son site une longue diatribe pernicieusement antisémite de Paul Eisen, «Holocaust Wars», datée de décembre 2004, entièrement consacrée à la gloire du nazi et négationniste Ernst Zündel, ainsi qu’à une défense et illustration du négationnisme. Avec ce texte, la complicité de Shamir avec le négationnisme est consommée.
7. La plupart des textes de Shamir sont imprégnés d’une théorie du complot de domination mondiale juive. Dans un texte du 11 novembre 2002, «Les Sages de Sion et les Maîtres du Discours», Shamir explique en substance, que s’il admet, du bout des lèvres, le caractère apocryphe des Protocoles, ceux-ci restituent cependant bien les objectifs des Juifs et leurs méthodes. La stratégie rhétorique qui consiste à admettre le caractère non authentique des Protocoles tout en martelant leur caractère intrinsèquement véridique est un vieux poncif antisémite. Un de plus recyclé par Shamir.
8. En mars 2001, Shamir déclarait publiquement que «les Juifs n’existent que pour faire couler le sang des enfants palestiniens dans leurs matzot» (cité par Jonathan Rosenblum, «The Jewish student - a minnow among sharks», Jerusalem Post, 29 mars 2001, p. 9). On reconnaît sans peine le motif de l’accusation de crimes rituels que l’antisémitisme médiéval portait contre les Juifs. Dans un texte d’une violence antisémite inouïe, «Diffamations sanglantes» du 20 juillet 2003, Shamir excuse et justifie les accusations de crimes rituels portées contre les Juifs au moyen-âge, selon une approche rhétorique proche de celle qu’il emploie à propos des Protocoles des Sages de Sion: les accusations sont fausses, mais justifiables, et finalement méritées… Cela est d’une monstrueuse perversité. Shamir prend moins de gants pour reprendre, entre autres, les accusations de sorcellerie à l’encontre des Juifs. Pour faire bon poids, Shamir n’hésite pas à écrire «à l’occasion, les juifs tuaient des prêtres et des nonnes». Ce texte, traduit en français par Marcel Charbonnier, qu’on trouve sur le site de Shamir, figure évidemment sur des sites islamistes et des sites d’extrême-droite.
9. Shamir multiplie les références à la crucifixion de Jésus, souvent pour en faire porter la responsabilité aux Juifs. Voir notamment «Take Two», 15 avril 2001. Il y écrit que «les forces de la suprématie juive et les adorateurs de la cupidité se sont de nouveau unis pour crucifier le Christ». Dans ce texte, Shamir prétend que la situation actuelle au Moyen Orient est la répétition («Take two», «la seconde prise», en terme cinématographique) de la crucifixion de Jésus. Shamir présente cette situation comme une «seconde chance» pour les Juifs, qui cette fois, doivent ne pas laisser faire, sans quoi ils mériteront d’être qualifiés de «tueurs du Christ». Il est clair que pour Shamir, les Juifs méritent déjà cette désignation pour la «première» mort de Jésus.
10. Invité à parler à l’Université McGill au Canada en 2001, Shamir traita de «singe» un rabbin présent, Antisemitism Worldwide 2001/2, Canada, http://www.tau.ac.il/Anti-Semitism/asw2001-2/canada.htm. Sans doute Shamir n’a-t-il jamais entendu parler du texte ultra-antisémite de Brasillach en 1939, «La question Singe».
11. Shamir a répété la même ignominie à plusieurs reprises. Le 14 août 2002, dans un texte intitulé «take the money and run», Shamir a écrit que les Etats-Unis ont bombardé «l’Allemagne et la France parce qu’elles avaient offensé les Juifs». Shamir tente de suggérer par la même occasion que le bombardement de, c’est-à-dire la guerre contre, l’Allemagne n’aurait pas été justifié. Dans les «Les oreilles de Midas» (11 mars 2003), Shamir déclare que les Juifs de France, ayant «acheté et subverti» les médias français, ont précipité la France dans la Seconde Guerre mondiale. Ce texte, trop visiblement antisémite, ne se trouve que sur quelques rares sites, dont évidemment, le site négationniste de l’aaargh.
12. «Liaisons dangereuses. Est-ce le commencement de la fin pour l’ascendant juif d’après-guerre?», 23 avril 2002.
13. Ali Abunimah & Hussein Ibish, «Serious Concerns about Israel Shamir», 16 avril 2001, http://www.abunimah.org/features/010416shamir.html
14. «Réponse de Ibish/Abunimah», 18 avril 2001, http://nigelparry.com/issues/shamir/ibishabunimah2.html.
15. «Rock of Dissent», 15 août 2002,. Shamir avance sans rire que ce qu’on a à reprocher aux nazis de la National Alliance relève plus du vocabulaire que des idées. La National Alliance a été fondée par William Pierce, un ancien collaborateur du Führer de l’American Nazi Party, Georges Lincoln Rockwell. Pierce a également cotoyé l’un des plus féroces racistes américains, Willis Carto (par ailleurs fondateur du principal groupe négationniste américain). Auteur des Turner Diaries, une fiction faisant l’apologie de la guerre raciale, qui inspira l’action violente d’un groupe paramilitaire nazi issu des Aryan Nations, Pierce demeure l’idéologue de référence des extrémistes racistes et antisémites américains, et la National Alliance, l’un des groupes néo-nazis les plus représentatifs. Voir James Ridgeway, Blood in the face, The Ku Klux Klan, Aryan Nations, Nazi Skinheads and the Rise of a New White Culture, Second edition, Thunder’s Mouth Press, 1995. Jeffrey Kaplan et Leonard Weinberg, The Emergence of a Euro-American Radical Right, Rutgers University Press, 1998; notamment pour les délires antisémites de la National Alliance — appels implicites au génocide —, voir p. 69-70.
16. Joh Domingo, «White Nationalits - A possible ally», non daté mais probablement de novembre ou décembre 2003, site web d’Israel Shamir. Dans ce texte affligeant, Joh Domingo prétend notamment rien moins que l’antisémitisme n’est pas une forme de racisme.
17. C’est Shamir lui-même qui le précise dans l’introduction dont il fait précéder le texte de Domingo à l’occasion de sa diffusion sur la liste de discussion de Shamir, shamirreader, le 8 décembre 2003 (message 174). Cette introduction montre bien l’adhésion de Shamir au concept d’une alliance avec les White Supremacists américains.
18. Susanne Scheidt, «A note on Israel Shamir and the controversies surrounding him», listes de discussion Al-Awda-C-C, al-awda-reps, 22 septembre 2004 (cité par Roland Rance, «RE: [JustPeaceUK] Re: GILAD ATZMON AT DYD2005», liste de discussion yahoo groups JustPeaceUK, 4 avril 2005). Il convient de citer l’extrait du message de Susanne Scheidt que nous avons résumé:
J’ai le regret de confirmer qu’Israel Shamir a choisi de […] justifier le National-Socialisme allemand et le régime d’Hitler, ses persécutions raciales et ses invasions militaires incluses. A mon grand regret, je dois constater qu’Israel Shamir soutient réellement que «les Juifs» sont une sorte de cancer qui doit être éliminé de façon à ouvrir de meilleures perspectives pour le monde, parce que, d’après lui, «les Juifs» sont l’élément moteur de l’impérialisme américain qui tente de réduire le monde en esclavage (il justifie de la même façon les épurations staliniennes pour avoir permis de débarrasser le leadership soviétique des dangereux Juifs qui en faisaient partie).
Pour Shamir, à la lumière de ce genre de vision de l’histoire, les lois raciales des Nazis (les «Lois de Nuremberg» de 1935) qui dépouillaient les Allemands juifs de leur citoyenneté, étaient parfaitement compréhensibles, puisque les Juifs auraient constitué une sorte de corps étranger dans les sociétés chrétiennes dans lesquelles elles auraient agi comme une force d’aliénation tendant à les détruire de l’intérieur. D’après Israel Shamir, les Juifs haïssent l’Eglise et se servent de l’impérialisme américain, dont ils sont le moteur et les instigateurs, afin de parvenir à la domination du monde où les Juifs seraient les prêtres dirigeants dominant une masse de goyim.
Précisons que, contrairement à ce que dit Susanne Scheidt dans son texte original, Shamir n’a pas évolué dans ses opinions. Il n’a fait que laisser un peu plus transparaître des opinions qu’il exprimait depuis la fin des années 1980 dans la presse russe sous le pseudonyme de Robert David (voir plus bas).
19. On reste parfois pantois. Shamir considère par exemple que les Juifs sont «ceux qui ont rejeté le Christ [ce pourquoi ils] ont été condamnés à errer jusqu’à ce qu’ils comprennent leur erreur.» (Israel Shamir, L’autre visage d’Israël, Editions Balland/Editions Blanches, 2003, trad. fr. Marcel Charbonnier, texte établi par Maria Poumier, p. 56). Le texte intitulé «Ode à Farrès ou le retour du chevalier» avait été publié dans une première version anglaise le 10 mai 2001 («Ode to Farris»). La phrase citée ici n’y figurait pas. Shamir a profité de la publication, en 2002, d’un florilège de ses articles pour rajouter que «those who rejected Christ were doomed to wander until they see the error of their ways». Signalons encore que Maria Poumier qui a établi le texte de l’édition française des textes de Shamir, est très proche des milieux négationnistes français, dont elle assure à l’occasion la publicité ou la défense… Poumier est une groupie de Shamir («le meilleur juif russo-palestino-israélien au monde, très très très important écrivain, et il vous expliquera que les gens qui vous traitent d’antisémites, c’est eux, qu’on doit et qu’on peut ratatiner» écrivait-elle en juin 2002 sur la liste de diffusion «CubaSolidarityProject») de longue date. Elle n’hésite pas à l’occasion à relayer des «lettres d’information» d’extrême-droite à ses amis procastristes (Message de Maria Poumier le 13 février 2003, relayant Faits&Documents 110). Elle y retransmet également à l’occasion la Gazette du Golfe et des Banlieues du négationniste Serge Thion (message du 2 avril 2003).
20. Ali Abunimah & Hussein Ibish, «Serious Concerns about Israel Shamir», 16 avril 2001, http://www.abunimah.org/features/010416shamir.html
21. Comme il le confia lors d’une «très chaleureuse soirée» passée avec les négationnistes de l’aaargh en 2001, aaargh, Actualités de septembre 2001.
22. Depuis la fin des années quatre-vingt, Shamir prétend avoir été correspondant de Ha’aretz à Moscou. Il s’agit là d’une imposture dénoncée dès 1990 par Mikhail Agursky («Weizman in the soviet minefield», Jerusalem Post, 15 janvier 1990, p. 4). Mikhail Agursky rapportait que jamais Ha’aretz n’avait mandaté Shamir pour quoi que ce soit à Moscou. Ses contributions pour Ha’aretz se limitent à quelques piges (voir aussi Tor Bach, Sven Johansen and Lise Apfelblum, «Israeli writer is Swedish anti-Semite», Searchlight, mai 2004). De même, le succès et le caractère prolifique de sa production littéraire semblent ne devoir concerner ni l’hébreu, ni l’anglais. Peut-être le Russe. La plupart de ses exploits littéraires semblent invérifiables… Voir également Tor Bach, Sven Johanse, Lise Apfelblum, Stieg Larsson and Daniel Poohl, «RV member to be expelled?», Monitor, février 2004 (original en norvégien).
23. Mikhail Agursky, «We mustn’t shun the russian right» Jerusalem Post, 15 août 1991, p. 6.
24. Ibid.
25. Ibid. Dans ce même article, Mikhail Agursky mentionne la glorification de Saddam Hussein par Shamir (nous sommes en 1991!), ses appels à la destruction d’Israël et ses liens avec des organisations terroristes.
26. Israel Shamir, «Agen “Mossad” Rasskasivact», Pravda, 18 octobre 1994, cité par Vadim Rossman, Russian Intellectual Antisemitism in the Post Communist Era, University of Nebraska Press, 2002, p. 111.
27. Message envoyé sur plusieurs forums de discussion Usenet le 18 octobre 2000, Message-ID: <8sjfs5$5a6$1@news.netvision.net.il>. le 21 octobre, Shamir postait un article de Prochanov [Prokhanov], un intellectuel extrémiste fasciné par la «Nouvelle Droite» française (voir Walter Laqueur, Histoire des droites en Russie. Des centuriesnoires aux nouveaux extrémistes, Michalon, 1996) responsable de Zavtra; La posture idéologique de Prokhanov et Zavtra relève en fait de l’idéologie «rouge-brun». Parmi les forums choisis par Shamir figurait alt.revisionism, connu comme le défouloir des négationnistes: Message-ID: <8srvfo$8oj$2@news.netvision.net.il>. Le 23 mai 2001, le “Point Information Palestine”, de l’AMFP, publiait une lettre de Shamir faisant une fois de plus la publicité de Zavtra, mais également un texte de Prochanov: http://yalla.free.fr/infospal/149_23-05-2001.html
28. Vadim Rossman, Russian Intellectual Antisemitism in the Post Communist Era, University of Nebraska Press, 2002, p. 142, n. 118. En fait, Israel Shamir écrit sous le pseudonyme de «Robert David» depuis au moins 1989, voir ibid, p. 98, n. 73. Dans le numéro de mars 1994 de Zavtra il pousse jusqu’à nier qu’il existât de l’antisémitisme dans les milieux nationalistes russes (Yury Poslky, «Russian Nationalists’ Worldview», Soviet ans Post-Soviet Review, 23, no. 1, 1996, p. 118). Compte tenu de la teneur des articles de Robert David/Israel Shamir entre 1989 et 1996, il est clair qu’Israel Shamir vient d’un horizon idéologique «national-bolchevique»: Au moment où il écrit pour des organes de la droite ultra-nationaliste, Israel Shamir se dit communiste et écrit pour la Pravda (ibid.). Outre les passages déjà cités de Vadim Rossman, voir Talal Nizameddin, Russia and the Middle East: towards a new foreign policy, New York, St. Martin’s Press, 1999, p. 133:; ainsi que Commonwealth of Independent States and the Middle East, Volume 21, 1996, The Marjorie Mayrock Center for Soviet and East European Research, The Hebrew University, p. 31-37. Sur le «national-bolchevisme», voir Mikhail Agursky, The third Rome: national Bolshevism in the USSR, Boulder, Westview Press, 1987.
29. Le 15 décembre 2000 Ukar (Ukrainian Archive) site ukrainien antisémite, publie sous le titre «The Lousiness test», un article de Shamir paru dans Zavtra le 31 octobre précédent, qui deviendra connu dans une autre traduction sous le titre «Acid test failed».
30. Début février 2001, le négationniste Michael Hoffman publie sur son site un autre article, «The Jews of Russia and Palestine: A Comparison», de Shamir paru dans Zavtra, le 31 octobre 2000. Hoffman est un fanatique raciste illuminé, proche des Aryan Nations, adepte des théories de conspiration et d’OVNIs, ayant fait de la prison pour attaque à main armée sur une pharmacie de Geneva, NY, pour vol de produits stupéfiants.
31. «L’effondrement de l’Union soviétique a été pour moi une gigantesque tragédie personnelle» déclare Shamir en 2003, lors d’une interview dont la traduction française est donnée dans la parution du négationiste Serge Thion, la Gazette du Golfe & des Banlieues, nouvelle série n°28 (25 août 03), reproduit sur http://www.geostrategie.com/cogit_content/verbatim/QuestionsIsralShamir.shtml
32. «Les oreilles de Midas». L’hypocrisie de Shamir et de ses diffuseurs francophones, est consommée: sur le site de celui-ci, on retrouve bien le texte en anglais, en espagnol, mais pas en français, pourtant traduit par le même personnage que les autres textes…
33. Tor Bach, Sven Johansen and Lise Apfelblum, «Israeli writer is Swedish anti-Semite», Searchlight, mai 2004.
34. Voir la reproduction de son nouveau passeport suédois, dans l’article de Manfred Ropschitz, «Israel Shamir exposed! A fake or a plant?», Indymedia Uk, 26 avril 2005: http://www.indymedia.org.uk/en/regions/world/2005/04/309818.html.
35. Pour un exemple paradigmatique, voir un certain François Xavier, écrivain et grand thuriféraire de Shamir dont il reproduit certains textes sur son propre site web. L’auteur de la présente page a eu avec lui un échange édifiant en novembre 2003. Après que François Xavier eût publié un texte de Shamir sur le site du journal en ligne Le Mague, dont il est un contributeur régulier, nous avons rédigé un commentaire rappelant l’antisémitisme de Shamir. Un échange particulièrement violent est exemplaire s’en est suivi. Le site du Mague a, involontairement n’en doutons pas, effacé cet échange, tout en conservant l’article original de François Xavier… Il est conservé ailleurs: le voici en entier. Il faut également signaler Régine Deforges, qui a apporté un soutien scandaleux à Shamir dans sa chronique parue dans l’Humanité le 5 novembre 2003. Enfin on reste atterré qu’un intellectuel comme Edward Said ait pu faire des remarques élogieuses sur Israel Shamir («Dignity, Solidarity and The Penal Colony», in Alexander Cockburtn & Jeffrey St Clair, The Politics of Anti-Semitism, CounterPunch, 2003, p. 154).