Cliquez pour suivre le lien. 2015 (information importante) Fabrice Nouyrigat a longtemps travaillé avec Vincent Reynouard. En 2015, nous avons eu un long échange par mail. Il nous a confié avoir été amené pour des raisons à la fois éthiques et personnelles, qu’il ne nous appartient pas de divulguer, à reconsidérer sa position et son militantisme relatif à la réalité du génocide des Juifs. Fabrice Nouyrigat nous a autorisé à citer cet extrait:

«Tout cela m’a logiquement et inéluctablement conduit à regarder avec un œil de plus en plus distant, défiant et critique le bien fondé des thèses dites "révisionnistes" et j’ai donc commencé à étudier de bien plus près tout ce qui les combattait. J’ai donc eu l’honnêteté de lire dans son intégralité l’étude que vous avez consacré en 2012 (que je n’ai découvert que dernièrement) contre Vincent Reynouard et moi et intitulée Les "critiques" adressées à PHDN par Reynouard et ses sbires, ainsi que la réponse d’un internaute à V. R. concernant la chimie et la contre-expertise de Cracovie: Reynouard gros gros mensonges sur le bleu de Prusse et l’HCN, dont voici le lien: http://pastebin.com/ur9qvkZe. J’avais déjà été ébranlé au téléphone lorsque, après avoir suggéré à Vincent Reynouard de faire une vidéo contre le Dr en chimie Richard Green, il m’avait avoué n’avoir pas les compétences en chimie afin de répondre au Dr Green. Stupéfait après avoir raccroché, je me demandais bien comment V. R. pouvait bien alors qualifier le "Rapport Rudolf" d’irréfutable… mais le mécanisme de la "désintoxication négationniste" étant engagé en moi, la seule réponse valable à mes légitimes interrogations ne pouvait être que la vérité n’étant pas dans le camp de V. R. et autres (Faurisson - que j’ai connu brièvement un temps - Guilaume, Mattogno, Leuchter, Rudolf, Graff, etc.), il ne pouvait être dans celui de ce qui les combat, c’est-à-dire, la démocratie, les historiens de métiers,[…] et bien entendu votre site que je me suis mis à lire avec un regard entièrement neuf, ce qui signifie désembrumé de la rhétorique pro-fasciste et négationniste que j’adoptais jusqu’alors.»

Fabrice Nouyrigat nous affirme en avoir tiré les conséquences logiques et avoir renoncé à ses convictions et à son militantisme négationnistes. Nous ne doutons pas un instant de sa sincérité. Ajoutons que le pastebin mentionné a fait l’objet d’une adaptation publiée désormais sur PHDN.

Les pitreries de Reynouard

Les «critiques» adressées à PHDN

par Reynouard & ses sbires

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Sommaire

Introduction

La mission de PHDN n’a jamais été de «débattre» avec les négationnistes. Nous avons déjà abordé ailleurs cette impossibilité. Les négationnistes sont obsédés par l’idée d’organiser un «débat» public sur la réalité du génocide des Juifs et multiplient les provocations puériles pour tenter de trouver des interlocuteurs. C’est le cas d’un de leur représentant particulièrement actif, à défaut d’être pertinent, Vincent Reynouard. Nazi assumé, admirateur d’Hitler et du IIIe Reich qu’il pare de toutes les vertus, Vincent Reynouard se veut, se met en scène en héros et martyr de la cause «révisionniste». Lui, ou ses collaborateurs (dont un certain Fabrice Nouyrigat2015), ont apostrophé PHDN à plusieurs reprises, déplorant (du moins en apparence) notre volonté de ne pas discuter avec eux. A l’évidence, PHDN pose un problème aux négationnistes. Vincent Reynouard a ainsi détourné le nom, le logo et l’adresse de notre site pour créer en novembre 2011 un site négationniste, phdnM.org («pour une histoire débarrassée des nombreux mensonges». Reynouard y promettait 5000 euros de récompense à qui lui prouverait l’existence des chambres à gaz, esbrouffe négationniste hypocrite déjà pratiquée par l’IHR). Le procédé est répugnant et malhonnête, mais ne surprend pas. A l’évidence, il faut tromper l’internaute pour l’amener à s’intéresser au matériel négationniste.

L’objet de la présente page est d’étudier la structure et la méthode des critiques adressées par Vincent Reynouard et ses sbires (abrégé désormais en VRS) à PHDN. Pendant longtemps nous n’avions pas jugé utile d’y consacrer du temps, tant cela relève des techniques habituelles de mauvaise foi et de falsification négationnistes. Nous n’avons pas pour but de faire mumuse avec les négationnistes en tentant de vider leur tonneau des Danaïdes de mensonges et de falsifications. Néanmoins, à certains internautes utilisant PHDN pour réfuter des mensonges négationnistes, on a opposé ces critiques pour «montrer» que PHDN ne serait pas fiable. Il s’agit donc de rassurer, si besoin était, ces internautes quant à l’inanité de l’argumentaire de VRS, et d’en profiter pour démontrer, one more time, l’indigence et la perversion de la rhétorique négationniste. Compte tenu du caractère dérisoire des «critiques» en question, c’est bien dans la section «bac à sable» que devait se trouver la présente page.

Sa longueur illustre malheureusement ce constat que nous avons effectué il y a bien longtemps: une falsification négationniste s’énonce en une phrase, il en faut vingt pour la réfuter…

VRS fournit une liste des reproches faits à PHDN, intitulée «Malhonnêtetés et tricheries relevées sur le site PHDN». En ligne ici: http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/3001973/phdn_mensonges_index.htm. Nous allons les aborder dans l’ordre.

1. PHDN ment sur Faurisson

Cette page est présentée sous plusieurs titres, «Sur R. Faurisson qui aurait soi-disant été démasqué par Nadine Fresco: PHDN dénature totalement les faits et cache la vérité» et «Sur le professeur Faurisson, PHDN ment par omission»

Une première surprise nous attend: aucune page spécifique de PHDN n’est mentionnée dans cette critique! La page commence par le paragraphe suivant:

«Il serait beaucoup trop long de répondre à tous les mensonges que PHDN diffuse afin de présenter le professeur Faurisson comme un individu très malhonnête. J’en prendrai un, particulièrement net. PHDN cite un texte publié en 1980 par Nadine Fresco: http://www.anti-rev.org/textes/Fresco80a/.»

In fine, aucune citation de PHDN n’est produite. Le lecteur en est réduit à croire sur parole (ou pas) VRS sur les mensonges que PHDN diffuserait sur Faurisson. On n’en saura pas plus sur ces mensonges. La mauvaise foi et l’hypocrisie de VRS sont ici spectaculaires. Ils se gardent en effet de fournir l’adresse de la page de PHDN consacrée à Faurisson: https://phdn.org/negation/faurisson/index.html. On le comprend. Les falsifications et le racisme de Faurisson y sont illustrés par des exemples concrets, factuels, référencés, que jamais aucun négationniste n’a su, ni même tenté, de réfuter. Ce sont ces exemples là qu’il aurait été pertinent de la part de VRS de scruter et critiquer. Mais non, ils sont tous laissés de côté parce que cela «serait beaucoup trop long». Quand on connaît le syndrome logorrhéique de VRS qui pond des centaines d’heures de vidéos et des centaines de pages de ratiocinations négationnistes, l’excuse «serait beaucoup trop long» fait sourire. La réalité est que VRS est dans l’incapacité de trouver des mensonges dans ce que PHDN a publié en son nom.

Mais alors, cette page de près de dix mille signes, de plus de mille cinq cent mots, de quoi parle-t-elle? D’un texte évoqué par PHDN, en lien dans la page sur Faurisson, à savoir une étude de l’historienne Nadine Fresco, parue en 1980, «Les redresseurs de morts». Ce lien apparaît dans notre page sur Faurisson, sans commentaire particulier et occupe une ligne. En fait, hors l’ouvrage de Maxime Steinberg, la quantité publiée par PHDN sur Faurisson représente plus de quinze mille mots. Sur ces quinze mille mots, VRS en choisit cinq concernant un texte même pas écrit par PHDN. Soit moins de 0,04%.

Cela ne s’arrête pas là. Le reproche adressé à PHDN est de ne pas mentionner que Faurisson a répondu au texte de Nadine Fresco, voire de le «cacher» ce qui suggère que nous aurions explicitement agi ou écrit pour dissimuler une réponse de Faurisson – le ridicule ne tue pas VRS. La mention du texte de Nadine Fresco équivaut à moins de 0,04% du matériel de PHDN sur Faurisson… Et VRS de se déchaîner contre Nadine Fresco. Il n’est évidemment pas question ici d’examiner ce qu’en écrit VRS qui s’acharne sur un paragraphe du texte de Nadine Fresco (représentant moins de 2% du texte complet). PHDN ne cache évidemment rien. Le fait que Faurisson ait répondu ou pas à Nadine Fresco est hors sujet. Il se trouve que les négationnistes, compte tenu de leurs méthodes, sont toujours capables de «répondre» en multipliant les mensonges, en répondant à coté, en chargeant des moulins à vent, comme le fait ici VRS avec PHDN. Il est dans l’ADN négationniste d’ensevelir contradicteurs et lecteurs sous des tombereaux de nouvelles falsifications en réponse à la moindre critique. Cette guerre d’attrition argumentative n’illustre que le caractère obsessionnel des négationnistes, certainement pas leur bonne foi ou leur pertinence. Ici les plus de mille six cent mots que VRS consacre au sujet évitent très soigneusement de parler de ce que PHDN a écrit. Un comble pour une page qui prétend dénoncer des «mensonges» de PHDN. La technique de VRS, qui sera utilisée ad nauseam c’est de considérer que tout texte mentionné par PDHN est de la responsabilité intégrale de PHDN et que la non mention de tout ce qui a pu être écrit (par des négationnistes) à propos d’un texte mentionné par PHDN équivaut à une dissimulation, une tromperie, un mensonge. Une seconde partie de la page en question est encore plus hors sujet et est juste le prétexte à déployer un argumentaire négationniste en citant un échange entre Nadine Fresco et l’avocat négationniste Eric Delcroix (dont les convictions extrêmes lui avaient valu le sobriquet utilisé par ses confrères de Eric Delcroix gammée). Le lien avec PHDN? Aucun.

On mesure ici la malhonnêteté négationniste. Elle devient comique et spectaculaire lorsque l’on songe que le sujet sur lequel VRS reproche à PHDN d’avoir caché la réponse de Faurisson à Nadine Fresco est le journal du médecin SS Johann-Paul Kremer, témoin de gazages à Auschwitz. Il se trouve que la falsification de la signification de ce journal est une marotte faurissonienne décortiquée avec brio par Nadine Fresco. PHDN serait inexcusable de ne pas avoir mentionné la réponse de Faurisson? Son honnêteté gravement mise en cause par cette horrible dissimulation? Ah? Mais alors que dire de VRS qui cache, dissimule, passe sous silence, le massacre de Faurisson justement sur le sujet de Johann-Paul Kremer par l’historien Maxime Steinberg dans son ouvrage Les yeux du témoin et le regard du borgne, pourtant signalé sur la page de PHDN consacrée et Faurisson, pourtant en ligne sur PHDN? Le mensonge de VRS est ici, selon ses propres critères, énorme! Quelle hypocrisie!

VRS n’a évidemment en rien trouvé un «mensonge» de PHDN sur Faurisson. Et pour cause.

2. PHDN ment à propos du crématoire 1 d’Auschwitz

Cette page est présentée sous plusieurs titres, «Crématoire 1 d’Auschwitz: PHDN ment sur le compte des révisionnistes» et «PHDN ment à propos des révisionnistes (1)»

Elle critique un passage de la FAQ sur l’escroc américain Fred Leuchter auquel VRS semble accorder de la crédibilité. On s’y reportera pour comprendre en quoi cela n’est pas à l’honneur de VRS. Ce qui est intéressant c’est que ce texte est une traduction. PHDN n’en est pas l’auteur. L’auteur principal en est Kenneth N. McVay, le responsable du site web Nizkor. Cet aspect semble avoir complètement échappé à VRS, qui une fois de plus trépigne à propos d’un texte que n’a pas écrit PHDN, même si nous le considérons particulièrement intéressant. PHDN ne peut être critiqué pour son contenu comme s’il en était l’auteur.

Examinons néanmoins les reproches de VRS. Le paragraphe cité par VRS est relatif à la chambre à gaz du crématoire I d’Auschwitz I. Cette chambre à gaz a été utilisée de l’automne 1941 à fin 1942 puis a subi diverses transformations par les SS. Après la guerre, les Polonais tentèrent de la remettre dans son état initial (de chambre à gaz) mais commirent quelques erreurs, dont certains négationnistes ont argué pour prétendre qu’elle était une «fabrication soviétique», une supercherie (les deux expressions se trouvent facilement sous la plume du négationniste Faurisson). La Faq Leuchter mentionne en passant (ce n’est vraiment pas le cœur du texte) la posture contradictoire de certains négationnistes adhérant au élucubrations de Leuchter (nécessitant d’admettre que la pièce correspondant à la chambre à gaz du crématoire I d’Auschwitz I est approximativement dans son état original – se reporter à la FAQ pour le contexte) mais qui dans le même temps glapissent à la «fabrication». Voyons la critique de VRS:

«PHDN laisse donc croire que, suivant les besoins de leur thèse (fausse, naturellement), les révisionnistes affirment que le Krema I serait dans son état d’origine et, en même temps, qu’il aurait été totalement [souligné par PHDN] reconstruit par les Soviétiques pour servir leur propagande. C’est cependant faux. Jamais les révisionnistes n’ont prétendu que le Krema I aurait été totalement [souligné par VRS] reconstruit après la guerre.»

Toute la malhonnêteté et la perversion de VRS se trouve dans ces «totalement»… qui ne figurent pas dans le texte publié sur PHDN! Le texte traduit par PHDN n’a jamais prétendu que tous les négationnistes affirmaient que le Krema I serait une «totale» reconstruction. Il est bien pratique et hypocrite de dénoncer une thèse qui n’est ni celle du texte original ni celle de PHDN et d’exciper d’un exemple de négationniste qui dirait le contraire. C’est une fois de plus la technique du moulin à vent qui est utilisé.

En l’occurrence, c’est VRS qui présente de façon frauduleuse le contenu de PHDN, qui plus est en attribuant à PHDN la responsabilité pour un texte qui est une traduction. Deuxième flop. Ajoutons enfin que l’avant-propos à la version française (pour le coup sous la responsabilité de PHDN) contient un paragraphe qui aurait dû refroidir les ardeurs critiques de VRS:

«Il ne s’agit pas d’affirmer que tous les négationnistes soutiennent les arguments ici réfutés (initialement ceux de Leuchter), mais qu’un nombre significatif d’entre eux le font ou l’ont fait. Des négationnistes prétextent de cette hétérogénéité bien connue (il est notoire que les négationnistes soutiennent souvent des thèses contradictoires) pour critiquer le présent document en sélectionnant tel ou tel contre-exemple. Par ailleurs, la première version du présent document date de 1993 (et les critiques qu’il consolide avaient été émises sur les forums usenet encore avant) aussi le monde négationniste a essayé de raffiner ses falsifications en les présentant de manière moins caricaturale. La production post-leuchter a donc parfois pris en compte les réfutations qui figurent ci-après en évitant de réitérer les contre-vérités les plus grossières. Les présentes réfutations s’appliquant avant tout au rapport Leuchter, elles n’en sont pas moins valables. Quelques énervés négationnistes arguent de ces révisions post-leuchter pour critiquer le présent document. Il s’agit évidemment d’un procédé extrêmement malhonnête puisque ces corrections ont une dette évidente envers ledit document…»

3. PHDN ment à propos des crématoires 2 et 3 d’Auschwitz

Cette page, très courte, est présentée sous plusieurs titres, «Crématoires 2 et 3 d’Auschwitz: PHDN ment encore et toujours» et «PHDN ment à propos des révisionnistes (2)»

VRS ne semble pas avoir les idées claires: est-ce que PHDN ment à propos des crématoires 2 et 3 ou à propos des négationnistes? Ce n’est pourtant pas la même chose. Mais il est plus spectaculaire de faire comme si PHDN «mentait» à propos de faits, alors que ce qui est réellement reproché (à mauvais escient comme on va le voir) c’est une présentation par PHDN (en fait même pas!) du discours que tiennent les négationnistes à propos des crématoires 2 et 3… A y regarder de plus près, la gravité de la chose se dissout déjà…

En fait, une fois de plus VRS va trépigner sur un contenu dont PHDN n’est pas l’auteur, mais que nous avons reproduit. Il s’agit d’une exposition d’images relatives aux crimes nazis, dont les commentaires sont dus à son créateur, François Schmitz, en 1995. C’est un de ces commentaires qui déclenche l’ire de VRS. Il se trouve que cette exposition avait disparu d’internet et que nous avons jugé intéressant de la remettre en ligne, dans son état original, sans en altérer le contenu, comme cela est d’ailleurs clairement expliqué…

L’une de ces images est accompagnée du commentaire (de François Schmitz!) suivant: «Le système d’extraction d’air (dont les révisionnistes nient l’existence) est clairement visible». VRS reproche à PHDN:

«les révisionnistes n’ont jamais nié l’existence de cette ventilation mécanique. [VRS cite Faurisson à cet effet] Encore une fois, PHDN ment effrontément à propos des révisionnistes afin de les faire passer pour des menteurs»

Soit, mais ce n’est pas PHDN qui commente et nous pensons que François Schmitz a commis une erreur. C’est la raison pour laquelle, nous accompagnons le texte de François Schmitz d’un ajout de PHDN:

«laisser entendre que tous les négationnistes nient la présence de la ventilation est excessif. Nous laissons, pour des raisons historiques, le texte original de François Schmitz, mais il aurait été plus exact d’écrire que certains négationnistes en nient l’existence».

Il faut mentionner un élément de contexte. Au moment où François Schmitz élabore son exposition, la propagande négationniste en ligne se fait avant tout sur les forums de discussion Usenet où sévissent des négationnistes peu raffinés usant d’argumentaires très grossiers. Ce sont notamment ces argumentaires que les commentaires de François Schmitz visaient. PHDN n’a fait que les préserver. Une fois de plus, l’accusation portée contre PHDN de «mentir» tombe lamentablement à plat.

4. L’incohérence de PHDN

Cette page, également assez courte, est présentée sous plusieurs titres, «Sur les prétendues «chambres à gaz» des crématoires 2 et 3 d’Auschwitz: l’incohérence de PHDN» et «Morgue ou chambre à gaz? L’incohérence de PHDN»

Une fois encore, VRS va s’acharner contre des textes dont PHDN n’est pas l’auteur, mais le traducteur! Qui plus est d’une façon particulièrement malhonnête. Un peu de contexte: parmi les sept lieux qui servirent pour les gazages à Auschwitz, figurent les crématoires II et III de Birkenau, dont un certain nombre de plans nous sont parvenus. Les pièces de ces bâtiments utilisées comme chambres à gaz sont identifiés sur certains plans comme des morgues. Une question historiographique assez pointue est de savoir si dès leur conception ces pièces avaient été conçues comme des chambres à gaz ou si c’est plus tardivement, à un stade avancé de l’élaboration des plans, voire de la construction, que les aménagements permettant leur utilisation pour l’assassinat industriel d’êtres humains par gazage ont été conçus et effectués. VRS prétend relever des contradictions de la part de PHDN quant à la présentation de cette question.

VRS mentionne trois pages de PHDN. Deux d’entre elles, la FAQ Leuchter et la QER 14 sont des traductions de textes publiés par Nizkor. PHDN n’est évidemment pas responsable du contenu de ces textes. Lorsque nous souhaitons ajouter une remarque, nous le faisons entre crochets en signalant explicitement qu’il s’agit d’une note du traducteur (N.d.T). Ces remarques sont évidemment de notre responsabilité. Mais en l’occurrence c’est du texte original que se plaint VRS. Et comme on va le voir, même cette critique est malhonnête. En effet, VRS rappelle que dans la FAQ Leuchter la thèse d’une conception criminelle initiale est présentée (par Nizkor…) et dénonce une contradiction par rapport à la QER 14 dont un extrait est cité:

«Pour être tout à fait exhaustif, il faut citer le cas d’un chercheur amateur respecté et talentueux du nom de Pressac, qui croit que les deux plus grands Kremas ont été initialement mis au point comme morgues, puis convertis en chambres à gaz tout de suite après leur construction. Il fait partie d’une minorité dans cette opinion»

Apparemment il y a une contradiction. Mais en fait, la citation de VRS est partielle et passe la phrase précédent le passage cité sous silence. Or elle est fondamentale. Quelle est cette phrase?

«Les quatre autres [crématoires, dont le II et le III] ont été étudiés pour être des chambres à gaz dès le départ»

La thèse assumée par la QER 14 est donc la même que celle exposée par la FAQ Leuchter, à savoir une conception initiale comme chambre à gaz. Par honnêteté, les auteurs de la QER 14 (en l’occurrence, il ne s’agit même pas de PHDN) mentionnent que Jean-Claude Pressac est en désaccord. Il n’y a donc pas de contradiction, seulement un exposé «exhaustif» des différentes thèses. VRS le sait très bien puisqu’il ne bâtit sa fiction d’une contradiction que sur une citation tronquée présentant frauduleusement la QER 14. C’est de la méthode négationniste classique.

Venons-en à la troisième page mentionnée par VRS, pour le coup – enfin! – une page originale de PHDN. Cette page consacrée à une obsession négationniste, à savoir les orifices d’introduction du Zyklon B dans le Krema II, rédigée en 2000 (trois ans après la mise en ligne des deux autres textes traduits de Nizkor) par l’équipe de PHDN, mentionnait en effet alors à propos de la chambre à gaz du crématoire II: «c’était initialement la morgue du crématoire», suivant en cela la thèse de Jean-Claude Pressac. En toute rigueur, PHDN aurait dû alors mentionner l’existence de la thèse de la conception initiale comme chambre à gaz, mais ce point étant accessoire par rapport au sujet de la page, cela nous avait paru superflu. PHDN n’exposait pas de thèses contradictoires sur ce sujet, même si entre la FAQ Leuchter et la QER 14 d’un côté (cohérents, contrairement à ce que prétend frauduleusement VRS) et la page sur les orifice d’introduction du Zyklon B, les deux versions étaient présentées. Voilà de quoi se gargarise VRS (qui en passant ment, pour le coup, de façon éhontée sur le contenu réel de la QER 14). Nous laissons au lecteur le soin de juger de la gravité de cet état de chose.

Ajoutons cependant qu’entre temps, les travaux de l’historien Michael Thad Allen (notamment ceci) nous ont convaincu de la validité d’une conception initiale des crématoires comme devant abriter des chambres à gaz. Nous avons donc modifié (depuis un moment déjà) le contenu de la page concernée en conséquence. S’il n’y jamais eu d’incohérence par PHDN, il n’y a depuis longtemps plus d’incohérence sur PHDN.

5. Portes étanches au gaz: le culot de PHDN

Cette page, très longue pour le coup, est présentée sous plusieurs titres, «Portes étanches au gaz: le culot de PHDN qui prétend que les révisionnistes entretiennent la confusion» et «Le culot de PHDN».

Et que croyez-vous que VRS fit? Non? Si! Encore une fois, VRS s’acharne sur un texte dont PHDN n’est pas l’auteur! Ce qui est pitoyable c’est que le paragraphe critiqué, un passage de la FAQ Leuchter, est précédé par la présentation suivante qu’en fait VRS:

«Dans sa section consacrée à la réfutation du rapport Leuchter, Gilles Karmasyn, au cours de quelques apartés, explique doctement»

VRS enchaîne par la citation d’un paragraphe traduit de la version originale! Il ne s’agit pas d’«apartés» de Gilles Karmasyn (le traducteur)! C’est la présentation de VRS qui est mensongère au premier degré.

Sur le fond, VRS se plaint que les auteurs de la FAQ Leuchter (pas PHDN donc) accusent les négationnistes de confondre les portes des chambres à gaz d’assassinat et les portes de chambres à gaz d’épouillage. VRS s’éloigne encore plus de PHDN en citant moult négationnistes, en fustigeant Pressac, bref, en faisant du hors sujet. In fine la FAQ Leuchter ne prétend pas que tous les négationnistes entretiennent la confusion. A l’époque où elle fut rédigée, au début des années 1990, de nombreux négationnistes s’exprimaient sur des forums de discussion Usenet et y déployaient les thèses les plus abracadabrantes, notamment en confondant les différents types de portes. La formulation de Nizkor est peut-être dénuée de subtilité, mais elle n’est pas imputable à PHDN et surtout, trouver des exemples de négationnistes qui ne confondent pas ne réfute en rien le fait que d’autres confondent. Sur le fond donc, VRS est tout aussi malhonnête que sur la forme. Il faut cependant voir à quel point VRS se gargarise de la prose de Faurisson dont les mensonges et les falsifications sont pourtant exposés clairement sur PHDN, sans que VRS ait pu réfuter une seule de ces démonstrations. Remarquons également le grand cas que fait VRS de «l’ingénieur chimiste G. Rudolf et de son «Rapport qui fait autorité. Là encore, il se réfère à un imposteur (Rudolf n’a aucunement le titre d’ingénieur) dont le rapport a été réfuté par bien plus compétent que lui depuis longtemps. PHDN consacre une section à Germar Rudolf. Mauvaise pioche.

Pour ce qui est du «culot» PHDN, VRS se bat encore contre des moulins à vent et le seul «culot» que l’on perçoit c’est bien le sien.

6. Durée d’un gazage: PHDN ment

Cette page, est présentée sous plusieurs titres, «Durée d’un gazage: PHDN ment par ignorance ou par malhonnêteté» et «Gilles Karmasyn, ignorant ou menteur?».

Cela devient vraiment lassant, car une fois de plus, VRS s’en prend à la FAQ Leuchter (décidément, ils n’ont jamais fait le tour de PHDN? Il y a pourtant des dizaines d’autres pages!), dont ni PHDN ni Gilles Karmasyn ne sont les auteurs. Pourtant VRS ment une fois de plus en écrivant:

«Dans la section 2.01 consacrée à «la réfutation du rapport Leuchter», Gilles Karmasyn affirme:»

Encore une fois, non! Gilles Karmasyn n’affirme rien. Il a traduit! VRS est donc incapable de trouver un contenu rédigé par PHDN et qui serait vraiment criticable? Là où cela devient pitoyable, c’est que sur le fond, VRS se montre également d’une malhonnêteté spectaculaire. En effet, Nizkor (l’auteur) reproche à Leuchter et à ses thuriféraires des ignorances et des confusions relatives à l’action de l’acide cyanhydrique sur les êtres humains. VRS prétend que cela est scandaleux parce que Germar Rudolf ne commet pas, lui, ces erreurs. Il y a de quoi se rouler par terre de rire. NIZKOR réfute LEUCHTER et VRS reproche à PHDN de ne pas parler de RUDOLF? Nous sommes face à une mauvaise foi sans pareil! La présentation de la version française de la FAQ Leuchter comprend pourtant un paragraphe très explicite:

«Il ne s’agit pas d’affirmer que tous les négationnistes soutiennent les arguments ici réfutés (initialement ceux de Leuchter), mais qu’un nombre significatif d’entre eux le font ou l’ont fait. Des négationnistes prétextent de cette hétérogénéité bien connue (il est notoire que les négationnistes soutiennent souvent des thèses contradictoires) pour critiquer le présent document en sélectionnant tel ou tel contre-exemple. Par ailleurs, la première version du présent document date de 1993 (et les critiques qu’il consolide avaient été émises sur les forums usenet encore avant) aussi le monde négationniste a essayé de raffiner ses falsifications en les présentant de manière moins caricaturale. La production post-leuchter a donc parfois pris en compte les réfutations qui figurent ci-après en évitant de réitérer les contre-vérités les plus grossières. Les présentes réfutations s’appliquant avant tout au rapport Leuchter, elles n’en sont pas moins valables. Quelques énervés négationnistes arguent de ces révisions post-leuchter pour critiquer le présent document. Il s’agit évidemment d’un procédé extrêmement malhonnête puisque ces corrections ont une dette évidente envers ledit document…»

La malhonnêteté et l’incompétence de VRS sont ici patentes.

7. PHDN cite hors contexte les propos antijuifs de Hitler

Cette page, est présentée sous plusieurs titres, «PHDN cite hors contexte les propos antijuifs de Hitler» et «Ce que valent les petites phrases de Hitler».

Nous avons ici, enfin, affaire à une critique concernant un contenu produit par PHDN, à savoir une liste de déclarations mortifères d’Hitler à l’encontre des Juifs. Notons que VRS ne semble pas, dans un premier temps, accuser PHDN de mentir, d’être incohérent, mais seulement de citer «hors contexte». En fait, l’accusation de mensonge réapparaît dans le texte…

Quelques constats pour commencer. La page originale de citations par PHDN fournit trente-quatre (34) citations de Hitler. VRS en étudie trois (trois autres sont seulement citées sans être véritablement «étudiées»), moins de 10%. Or l’ensemble fourni par PHDN présente une cohérence et une progression (explicitement décrite dans l’introduction, totalement ignorée par VRS). Jamais, par exemple, nous ne prétendons qu’Hitler annonce dès le début de sa carrière un massacre généralisé des Juifs. VRS fait comme si c’était le cas, et dénonce de façon amphigourique que «PHDN ment», ce qui est une fois encore se battre contre des moulins à vent. VRS dénonce des thèses qui ne sont pas celles de PHDN.

La première citation étudiée par VRS est tirée de Mein Kampf et date de 1926. Sur les onze citations précédentes d’Hitler qui voient pourtant s’étaler un désir pathologique d’Hitler de faire subir aux Juifs les violences les plus radicales sinon de les assassiner, VRS n’a strictement rien à dire. Or ces citations qui précèdent offrent, justement, un contexte au discours présent dans Mein Kampf. Effectuer une lecture, une interprétation des propos d’Hitler sans prendre en compte ce qu’il a pu dire des Juifs avant est une méthode typiquement négationniste: la convergence des citations, preuves, témoignages n’est jamais étudiée. Chaque élément est soigneusement scruté en ignorant consciencieusement le contexte. Hors ce problème méthodologique flagrant, VRS produit à propos de cet extrait de Mein Kampf des contorsions assez intéressantes. Voici d’abord la citation en question:

«Aucun d’eux [les peuples dominés par les Juifs] ne peut écarter cette main [celle des Juifs] de sa gorge autrement que par le glaive. Seule, la force rassemblée et concentrée d’une passion nationale peut, d’un sursaut, braver les menées internationales qui tendent à réduire les peuples en esclavage. Mais un tel geste ne saurait aller sans effusion de sang».

VRS prétend altérer le sens de cette citation en citant un passage qui précède. Hitler écrivait:

«il ne saurait faire question pour personne que même le rétablissement des frontières de 1914 ne puisse être atteint sans verser le sang. Seuls, les esprits puérils et naïfs peuvent se bercer des [sic] l’idée d’amener une révision du traité de Versailles par l’humilité et les supplications […] ce ne sont plus les princes et les maîtresses des princes qui marchandent les frontières des États, mais c’est maintenant l’inexorable Juif cosmopolite qui combat pour la domination des autres peuples»

Le commentaire de VRS, qui n’est qu’une paraphrase est le suivant:

«Présenté dans le contexte, le vrai sens de cet exposé apparaît. Hitler disait: vous voulez revenir aux frontières de 1914? Soit, mais sachant que les nouvelles frontières ont été données à l’Allemagne par la juiverie internationale avec pour objectif de réduire notre peuple en esclavage, on ne pourra jamais obtenir une révision de cet état de fait par la négociation. Dès lors, seule une guerre (donc une effusion de sang) pourra le permettre. On le voit, l’effusion de sang dont parlait Hitler était sans rapport avec un pogrom généralisé.»

Il faut lire attentivement pour découvrir les altérations subtiles et perverses que VRS fait subir au texte de Hitler. Hitler ne parle pas du seul peuple allemand. Hitler mentionne bien un antagonisme qui opposerait les Juifs (quelle qu’en soit la dénomination, Juif cosmopolite chez lui, Juiverie internationale chez VRS qui reprend ainsi le vocabulaire nazi) aux autres peuples. VRS prétend ramener cela au seul peuple allemand, mais ce n’est pas ce qu’écrit Hitler. L’opposition, le conflit décrit par ce dernier est de nature ontologique, et non simplement politique. Cela découle d’ailleurs également des autres citations de Hitler que VRS passe sous silence.

VRS ne commente absolument pas le fait que Hitler nage en plein délire antisémite en prétendant que les Juifs manipuleraient la diplomatie internationale pour humilier les Allemands. Cela ne surprend pas. La lecture de la prose de VRS montre qu’il souscrit à cette vision antisémite de l’histoire. L’ordre international imposé par «l’inexorable Juif cosmopolite» ne peut être secoué par la négociation. Hitler parle de glaive et d’effusion de sang, à l’évidence contre ces Juifs. PHDN ne fait pas de commentaire particulier et notamment, contrairement à ce que suggère frauduleusement VRS, ne parle pas de «pogrom généralisé». Il suffit de comprendre qu’Hitler est obsédé par les Juifs, qu’il voit comme des persécuteurs universels et dont on ne peut se défaire que par la violence et par le sang, ce qui suggère, évidemment des tueries. Il n’y a de la part de PHDN nulle spéculation sur la nature des effusions de sang envisagées par Hitler, sinon que les Juifs en seront les victimes. VRS ne parvient pas à tordre le cou au texte pour édulcorer cet aspect et se contente de le paraphraser, sans rien apporter, et à contester un sens de «pogrom généralisé» que PHDN ne prête même pas à la citation.

En l’occurrence, le contexte ne change rien à la signification de la citation. VRS tente d’en changer la nature (ontologique et non politique) en ignorant les autres citations d’Hitler et en falsifiant légèrement ce qu’écrit Hitler. Pour finir VRS dénonce un sens que PHDN n’a pas donné à la citation. Il n’y a aucun contre-sens. Le bilan est clairement nul pour cette première citation.

Passons à la deuxième citation, toujours extraite de Mein Kampf. La voici:

«Si l’on avait, au début et au cours de la guerre, tenu une seule fois douze ou quinze mille de ces Hébreux corrupteurs du peuple sous les gaz empoisonnés que des centaines de milliers de nos meilleurs travailleurs allemands de toute origine et de toutes professions ont dû endurer sur le front, le sacrifice de millions d’hommes n’eût pas été vain. Au contraire, si l’on s’était débarrassé à temps de ces quelques douze mille coquins, on aurait peut-être sauvé l’existence d’un million de bons et braves Allemands pleins d’avenir»

Elle est précédée du bref commentaire suivant par PHDN:

«Toujours dans Mein Kampf, Hitler a clairement exprimé ce qui aurait justifié le sacrifice de millions d’Allemands, voire aurait pu en sauver certain»

Ce commentaire de PHDN ne donne en fait aucune interprétation particulière à la citation de Hitler. Voici ce que VRS écrit:

«PHDN nous demande donc de croire que, pour Hitler, la première guerre mondiale et ses millions de morts eut été justifiée si elle avait pu permettre l’extermination de douze à quinze milliers de juifs. C’est entièrement faux! Dans ces deux pages, Hitler voulait justifier la guerre d’extermination (p. 678) que [sic] l’Allemagne au marxisme. Il reprenait sa thèse selon laquelle la première guerre mondiale avait été perdue à cause des chefs marxistes juifs qui avaient trahi le pays et poussé les masse à faire de même. Son message était: si l’on avait supprimé ces chefs marxistes (juifs) en 1914 ou 1915, alors la guerre aurait eu une autre fin et le sacrifice de millions d’Allemands n’aurait pas été vain.»

VRS s’énerve pour commencer d’un «C’est entièrement faux!» qui signale surtout la réelle impossibilité de travestir la signification très claire de cette citation. VRS entreprend ensuite de paraphraser Hitler pour admettre qu’en fait si, Hitler a bien dit ce qu’il a dit, mais avec une différence qui semble fondamentale pour VRS. Ce ne serait pas en tant que Juifs qu’Hitler aurait souhaité gazer douze à quinze mille Hébreux (VRS concèdera sans doute qu’il est difficile de contester qu’il s’agit de Juifs pour Hitler…), mais en tant que chefs marxistes. Remarquons immédiatement qu’il suffirait de prendre en compte la citation précédente – les Juifs, qui y sont accusés d’être collectivement les ennemis des autres peuples et de manipuler la diplomatie internationale pour humilier l’Allemagne, n’y sont pas dénoncés comme «marxistes» – pour comprendre que peu importe les oripeaux dont Hitler les charge: ce sont bien les Juifs en tant que tels qui sont sa cible. Mais VRS, comme tous les négationnistes, ne sait pas, ne veut pas, lire et interpréter les traces historiques ensemble. Ils les isolent les unes de autres afin de produire dans chaque cas une interprétation éloignée du sens réel, que permet évidemment de comprendre l’examen de bonne foi de la trace elle-même, mais surtout sa mise en perspective, en contexte, pratique que fuit radicalement VRS, symptôme caractéristique de la méthode négationniste.

Laissons de côté l’incapacité de VRS de penser le scandale que représente l’assassinat collectif de milliers d’êtres humains tel que le conçoit ici Hitler. C’est évidemment un signal de l’autisme moral qui vérole la pensée négationniste. Sur le fond, il s’agit une fois de plus pour VRS de travestir en conflit politique, ce qui est d’une nature toute différente pour Hitler. Ici aussi, VRS peut se permettre ce tour de passe-passe parce qu’il passe sous silence l’obsession antisémite d’Hitler illustrée par bien d’autres citations (fortuitement négligées par VRS) ainsi que de nombreuses études historiques (historiographie jamais mentionnée par VRS). La nature, raciste, hygiéniste, ontologique et même cosmique de la haine d’Hitler à l’égard des Juifs est ramenée, édulcorée à la seule manifestation de son opposition politique aux marxistes dont les chefs seraient (quel hasard!) tous, peu ou prou, juifs. Or c’est l’inverse qui est vraie: la rage anti-marxiste de Hitler n’est qu’un avatar de son antisémitisme et non le contraire. Il s’agit ici d’un classique de la rhétorique négationniste sur lequel il convient de s’attarder tant il ignore la réalité du nazisme et sa colossale historiographie.

Jamais les négationnistes ne parlent de l’antisémitisme et du racisme nazi. L’un des titres choisi par VRS pour la présente critique le montre bien. VRS parle de «propos antijuifs» d’Hitler alors qu’il s’agit bien d’antisémitisme, en l’occurrence d’une haine radicale et irrationnelle. Les négationnistes se raccrochent toujours à l’aspect bolchevique de la question juive. Or l’antisémitisme précède l’anti-bolchevisme dans l’idéologie nazie, dans la Weltauschauung hitlérienne, comme l’ont démontré, parmi beaucoup d’autres, les historiens Saul Friedländer (voir ci-dessous) ou Eberhard Jäckel (Hitler idéologue). Un exemple suffira. Saul Friedländer écrit:

«La récente collection de tous les textes de Hitler des débuts et jusqu’à la rédaction de Mein Kampf permet de mieux évaluer l’importance relative de l’antijudaïsme et de l’antimarxisme: les références aux Juifs sont environ trois fois plus nombreuses que celles qui ont trait au bolchevisme, au communisme ou au marxisme»

(Saul Friedländer, «De l’antisémitisme à l’extermination. Esquisse historiographique et essai d’interprétation», dans les Actes du Colloque de l’École des Hautes Études en sciences sociales (1982), L’Allemagne nazie et le génocide juif, Le Seuil/Gallimard/EHESS, 1985, p. 15-16, en ligne sur PHDN…)

Bormann qui s’y connaissait en matière de nazisme a déclaré:

«La doctrine nationale-socialiste est totalement antijuive, ce qui signifie anticommuniste et antichrétienne. Tout se tient dans le national-socialisme et tout concourt au combat contre le judaisme»

(Martin Bormann, cité par Saul Friedländer, op. cit., p. 16)

L’anticommunisme d’Hitler et des nazis découle principalement de l’antisémitisme qui les anime et non le contraire. Jamais les négationnistes ne parlent de l’antisémitisme raciste qui existait en Allemagne depuis le XIXe siècle et dans la dialectique duquel la notion d’extermination n’était pas une nouveauté. Quand on lit les négationnistes, on a l’impression que l’antisémitisme, tant dans sa forme raciste, que dans sa forme paranoïaque, ne serait qu’un effet de bord du nazisme, alors qu’il y occupe une place centrale. Il s’agit bien d’un mensonge par omission.

Ici, VRS se permet d’ignorer toutes les études portant sur Hitler qui démontrent que ceux qu’ils percevaient comme son ennemi principal, étaient les Juifs, quel que soit le visage qu’il donne à cette menace, bolchevisme, cosmopolitisme, capitalisme, etc. Le fantasme de meurtre collectif par gazage, qu’Hitler exprime dans la citation évoquée, s’il n’est pas, évidemment (et PHDN ne prétend nullement le contraire), un projet d’extermination global, concerne bien des Juifs parce que juifs. PHDN considère cette citation comme une manifestation du désir intense d’Hitler de tuer des Juifs qui se transformerait en désir (puis en projet, puis en fait) de tuer tous les Juifs. Une fois encore, c’est uniquement en ignorant volontairement les autres citations d’Hitler et la masse d’études consacrées à son antisémitisme que VRS peut espérer minimiser la signification de la citation étudiée. Quant à prétendre que PHDN ferait un «contre-sens» ou même «mentirait» (sur quelle affirmation puisque PHDN n’interprète pas la citation en question?) comme il finit par l’écrire, c’est tout simplement grotesque.

Passons à la troisième citation. Le 30 janvier 1939, Hitler déclare dans un discours au Reichstag:

«Aujourd’hui, je serai encore un prophète: si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la Bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race juive en Europe.»

Cette citation spectaculaire n’est pas isolée et une fois de plus VRS la traite sans évoquer celles qui précèdent, notamment la déclaration d’Hitler de quelques jours plus tôt, le 21 janvier au ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque František Chvalkovský. Par souci de concision nous renvoyons le lecteur à la page des déclarations d’Hitler. Nous disposons de trois témoignages contemporains différents de cette déclaration, qui concordent pour dire l’obsession absolue d’Hitler contre les Juifs et sa volonté radicale de les anéantir. Il est évident qu’une telle déclaration éclaire celle du 30 janvier. C’est évidemment la raison pour laquelle VRS la passe sous silence.

Par ailleurs, la portée radicale de ces paroles d’Hitler se comprend d’autant mieux qu’on le voit et qu’on l’entend. On dispose de l’enregistrement audio/video de ce passage qui va crescendo, accompagné d’une gestuelle à la fois nerveuse et emphatique. Plusieurs secondes d’acclamations et d’applaudissements se font entendre immédiatement après la menace «d’anéantissement de la race juive en Europe»

Mais, VRS ne commente pas le passage cité, ce qu’une démarche un tant soit peu sérieuse aurait exigé. A défaut de sérieux, VRS n’hésite pas à recourir à des procédés bizarres autant qu’inutiles. Il fait en effet suivre son rappel de la citation d’Hitler par une citation complète de la note qui l’accompagne (note 16 dans la version actuelle). Cette note qui mentionne la source, la version originale en Allemand et discute d’un point particulier de traduction est assez longue, mais n’apporte rien sur la teneur de la citation elle-même. VRS en conteste-t-il quelque élément? Pas du tout. Il ne fait aucun commentaire sinon une remarque ironique sans fondement:

«Impressionnant, n’est-ce pas? On se dit qu’avec des gens si sérieux et si minutieux, il n’y a aucun risque de tromperie. L’ennui est qu’au lieu de nous entretenir pendant des lignes et des lignes sur un problème (réel, certes) de traduction, les auteurs auraient plutôt dû citer la suite du discours de Hitler.»

Bref, il n’ a rien à dire sur la note en question. A quoi sert de citer longuement un passage qui n’apporte rien à l’interprétation qui est contestée? Il s’agit en fait d’un procédé que nous avons déjà rencontré chez VRS dans les critiques précédentes. Les négationnistes font souvent de très longues citations qui n’apportent le plus souvent pas grand-chose à leur argumentaire, voire contiennent du matériel qui le réfute, mais qu’ils ne commentent pas. VRS reprend telle citation d’Hitler dénuée d’ambiguïté et pense qu’il suffit d’affirmer en gras et en italique qu’elle ne signifie pas ce qu’elle signifie pour emporter la conviction de son lecteur. Il est assez difficile d’interpréter les motivations négationnistes derrière cette logorrhée. Espoir d’hypnotiser le lecteur? De le dissuader de lire pour faire, in fine, confiance aux négationnistes impressionnants de «bonne foi» et d’érudition? Peut-être de diluer les passages gênants en les noyant dans une masse destinée à en faire oublier la radicalité. En outre, ce remplissage se substitue souvent aux arguments et le recours à l’ironie gratuite marque une forme d’impuissance.

Cependant, VRS avance ensuite un argument (sans lien avec la note citée évidemment, et évitant toujours de commenter le passage cité). VRS annonce que la suite du discours d’Hitler change radicalement la signification de la citation fournie par PHDN. L’examen de ce qui suit laisse pantois: non seulement le passage mentionné par VRS ne change aucunement le sens radical de la citation qui le précède, mais l’interprétation que VRS propose de ce passage n’a tout simplement aucun rapport avec ce qui est dit par Hitler! C’est tellement ridicule qu’il est presque difficile de répondre à quelque-chose qui n’a, in fine, aucun sens. C’est une des raisons qui nous avaient fait repousser le présent travail…

VRS cite la suite du discours d’Hitler. Voici cette suite, telle que citée par VRS:

«En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne national-socialiste et l’Italie fasciste possèdent à présent des institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener sa campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature etc. Cependant, pour le cas où les juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser la juiverie.»

La source citée par VRS est plutôt atypique (La Documentation Catholique, n° 895, 20 avril 1939, col. 502), mais la traduction correspond presque à la version originale du discours. Presque car la «campagne» prétendument menée par la «Juiverie» que dénonce Hitler est dans la version originale allemande évoquée de façon plus précise comme une «campagne de calomnies» (les anglo-saxons ont traduit par «campagne de haine»). Il s’agit d’un classique retournement d’accusation: les nazis n’ont cessé de porter contre les Juifs des accusations correspondant très exactement, non au comportement des Juifs, mais à celui des nazis vis à vis des Juifs. Nous citons de très nombreux exemples de cette rhétorique très perverse ailleurs sur PHDN.

Il faut savoir que le discours de Hitler du 30 janvier 1939 fut une longue logorrhée de plus de deux heures et demie. Ce n’est pas une nouveauté de la part d’Hitler. Lors de telles performances, il aborde le même sujet plusieurs fois, se répète, voire se contredit, varie les approches. La logique n’est pas toujours au rendez-vous. Chez Hitler, c’est avant tout l’émotion qui commande le déroulement de telles interventions. Cela a longtemps empêché les historiens de voir qu’il y avait aussi chez Hitler une très forte cohérence idéologique. Mais celle-ci se déploie sur l’ensemble de sa production écrite et orale, et non au sein de tel ou tel discours. La suite du passage sur l’anéantissement de la race juive en Europe reprend deux thèmes qu’Hitler affectionne, la propagande et les avertissements contre les Juifs. De nouveau Hitler décrit ce qui se passerait en cas de guerre, dont il impute par avance, évidemment, la responsabilité aux Juifs. Son propos n’est d’ailleurs pas très clair. Il commence par dire que les peuples non juifs sont désormais capables de contrer la propagande juive, comme ont su le faire l’Allemagne et l’Italie. Puis il avertit qu’en cas de guerre, se manifestera l’efficacité d’une propagande éducatrice. On devine facilement qu’il s’agit d’une propagande contre les Juifs, mais Hitler, en utilisant une forme passive reste vague quant aux auteurs de cette propagande. On peut comprendre qu’elle n’émanerait pas nécessairement de l’Allemagne, mais de ces peuples non juifs évoqués juste au-dessus.

Si Hitler parle de nouveau d’une guerre provoquée par les Juifs et de ses conséquences, il est ici plus didactique, moins émotif que dans le passage sur l’anéantissement de la race juive en Europe. Surtout, on comprend clairement que cette propagande renouvelée contre les Juifs serait en quelque sorte une réaction immédiate au déclenchement du conflit (par les Juifs dans le discours d’Hitler). D’autre part ce qui est décrit ici par Hitler est un moyen et non une fin. Dans le passage qui le précède, Hitler, sur un ton de plus en plus énervé, parle du résultat (le Ergebnis allemand a cette connotation d’aboutissement qui marque ce qui se passe à la fin). Ce résultat, cet aboutissement est pour Hitler, inéluctablement «l’anéantissement de la race juive en Europe.». Il n’y a aucune contradiction entre les deux passages et le second qui décrit, de façon didactique, un moyen (parmi d’autres sans doute), en début de processus ne contredit en rien la description très émotive du premier, d’une fin funeste pour le peuple juif.

Avant d’en venir à l’interprétation de ce passage par VRS, il faut s’attarder sur la vision du monde d’Hitler, sur laquelle, étrangement (ou pas), VRS n’a rien à dire. Dans ces passages, Hitler livre sa vision radicalement antisémite et paranoïaque du monde. Il s’agit d’un discours haineux sans rapport avec la réalité. Voir les Juifs aux commandes de médias, journaux, radios, tous hostiles à l’Allemagne parce que sous la coupe des Juifs est une vision délirante de la réalité. La première propagande n’est pas une propagande «juive» contre les autres peuples (au premier rang desquels Hitler place les Allemands), mais la propagande antisémite nazie qui depuis le début du parti et de la carrière politique d’Hitler diffame les Juifs allemands et les Juifs en général. Par ailleurs, la volonté de pouvoir d’Hitler et des nazis leur faisait désirer, et leur ont fait provoquer, la guerre en Europe. C’est une évidence historique et historiographique que seule une ignorance volontaire et massive des documents et des études historiques permet d’éluder. Des Juifs, les Juifs n’ont aucune responsabilité dans la guerre. Ils ne constituaient d’ailleurs absolument pas une catégorie homogène dotée d’un projet autonome, et encore moins du pouvoir de le mener à bien. Les Juifs étaient citoyens de leurs pays respectifs, plus ou moins persécutés d’ailleurs, plus ou moins intégrés (particulièrement bien intégrés en Europe centrale et occidentale d’ailleurs). Ils s’étaient faits la guerre les uns aux autres entre 1914 et 1918, comme citoyens de leurs pays respectifs. Ils avaient des statuts sociaux et des opinions politiques et religieuses extrêmement divers. Hitler martèle un discours tout à fait ignoble et mensonger à propos des Juifs. Entre 1933 et 1939, ce sont plus de 1500 mesures que les nazis ont prises pour persécuter les Juifs allemands, les dépouiller de leurs droits, de leurs métiers, de leurs biens. Des centaines de citoyens allemands puis autrichiens juifs ont été physiquement agressés, tués, torturés. En dehors même de tout projet d’extermination ces horreurs sont une réalité dont jamais les négationnistes ne prennent acte. Ils citent les discours antisémites et orduriers d’Hitler sans commentaire, semblant en approuver les mensonges. Et lorsque le propos est transparent, ils ont recours à la négation et à la falsification de l’évidence.

Venons-en à la façon dont VRS présente ce passage d’Hitler. VRS écrit:

«Cette suite est capitale. Elle démontre que dans l’esprit du Führer, il n’était pas question d’un anéantissement physique par l’assassinat systématique, mais d’un anéantissement social (expulsion de la vie économique) grâce à une propagande éducatrice orchestrée en direction des goyim. C’est effectivement ce qui s’était passé en Allemagne à partir de 1935, avec les lois de Nuremberg et leurs suites, lorsque les juifs avaient été, en partie seulement, mis au ban de la société»

VRS procède par affirmations péremptoires, en déformant ce qu’Hitler a dit de façon à lui faire dire ce qu’il ne dit pas. Il ne s’agit pas ici d’une démonstration. VRS décrète d’emblée que cette suite serait capitale et donne son verdict: il ne serait pas question d’anéantissement physique. Mais en fait Hitler ne réfute nullement son passage sur l’anéantissement de la race juive en Europe (l’aboutissement d’un conflit). Il parle d’autre chose, un moyen (la propagande) utilisé en réaction au déclenchement du conflit. Il n’y a aucune analyse de ce que dit vraiment Hitler par VRS mais une reformulation qui falsifie son propos. Il est important de souligner de nouveau que VRS se garde bien d’analyser le passage principal sur l’anéantissement de la race juive en Europe! Celui-ci est trop violent, trop explicite. VRS doit s’appuyer sur un autre passage dont il peut, croit-il, essayer de déformer le sens plus facilement. Mais le sujet d’Hitler n’est pas le sort qu’ont subi les Juifs en Allemagne, présenté (frauduleusement, voir plus bas) comme une simple mort sociale par VRS, mais la propagande comme moyen de réaction au déclenchement d’un conflit. Hitler ne dit rien qui exclurait l’anéantissement physique. Les expressions «anéantissement social», «expulsion de la vie économique» ne sont nullement utilisées par Hitler. Hitler parle d’avoir «terrassé la juiverie», comme exemple de ce que la propagande a réussi, par le passé, en Allemagne. Le sujet de Hitler est la propagande, mais Hitler n’explicite pas ce que cette propagande pourrait susciter dans l’avenir. Ou plutôt si! Il vient justement de le dire juste avant, cette propagande serait évidemment au service de l’objectif final qu’il a énoncé: «l’anéantissement de la race juive»! VRS fait dire à Hitler ce qu’il ne dit pas et place dans ses propos un objectif, alors qu’Hitler ne parle que d’un moyen, et que l’objectif, justement, a été clairement énoncé juste avant. Nous sommes ici témoins d’une falsification assez perverse de la part de VRS, qu’une lecture attentive peut toutefois démonter.

Ce n’est pas la seule malhonnêteté de VRS. Nous venons de le voir, Hitler parle d’avoir «terrassé la juiverie» en Allemagne. VRS de façon très malhonnête prétend qu’Hitler parle simple d’«anéantissement social» alors qu’il s’agit d’une interprétation par VRS des propos d’Hitler. Interprétation d’ailleurs elle-même réinterprétée en «expulsion de la vie économique». VRS n’a pas le moindre commentaire à faire sur cette «expulsion de la vie économique», dont on devine qu’elle est sans doute, à ses yeux, légitime. C’est une première ignominie. La principale toutefois est de présenter les persécutions dont furent victimes les Juifs allemands ou autrichiens de la part des nazis, seulement sous un angle économique. La brutalité, l’injustice, de ce qu’ont subi les Juifs, bien avant la mise en œuvre des politiques d’extermination va bien au-delà de l’euphémisme «économique» de VRS. De nombreux Juifs se sont fait dépouiller de tout ou partie de leurs biens. Ils ont été privés de la plupart de leurs droits, exclus de leurs professions, exclus des lieux publics, interdits de fréquenter de nombreux magasins, d’utiliser de nombreux services (sinon la quasi-totalité), le tout accompagné d’humiliations permanentes. Il n’y avait aucun fondement objectif à de telles persécutions. Les délires racistes nazis traduisaient en termes pseudo-scientifiques une paranoïa antisémite qui exigeait, pour construire une Allemagne «pure» l’élimination des Juifs. Il existe une vaste littérature historienne qui illustre d’exemples concrets les extorsions, les meurtres, les violences inouïes qu’une population, dont les membres n’avaient commis aucun crime ni collectivement, ni individuellement, a enduré avant même le début de la Seconde Guerre mondiale. VRS pleurniche sur le sort de Reynouard «persécuté» par la justice française, mais les Juifs arrêtés arbitrairement et envoyés en camp de concentration avant 1939 pouvaient y être assassinés sans conséquence pour leurs meurtriers. Ils n’avaient généralement enfreint aucune loi. Prétendre qu’Hitler n’aspirait qu’à des mesures raisonnables et non violentes est une falsification de la réalité de ce que les Juifs d’Allemagne et d’Autriche vécurent avant même le début de la guerre. Ce point accessoire permet de souligner la malhonnêteté de VRS.

Encore une fois, il convient de rappeler que les contorsions de VRS ne sont possibles qu’à deux conditions. D’abord s’il conteste le sens de la citation fournie par PHDN sur l’anéantissement de la race juive en Europe, c’est parce qu’il évite très soigneusement d’examiner la citation elle-même. L’eût-il fait qu’il aurait été très difficile de nier l’évidence. Quand on parle de race juive à anéantir, la dimension biologique du terme implique que l’anéantissement en question ne saurait être une métaphore, et ce d’autant plus que le terme allemand utilisé, Vernichtung est très violent et radical. Nous fournissons sur PHDN de très nombreuses utilisations de ce terme signifiant sans ambiguïté une mise à mort collective. La seconde condition indispensable consiste pour VRS à passer sous silence les autres citations d’Hitler, dont une particulièrement significative, celle où en 1922, Hitler préconisait l’extermination des Juifs d’Allemagne par pendaison, précisant qu’il faudrait laisser les cadavres «pendus jusqu’à ce qu’ils puent». La radicalité et la violence des sentiments d’Hitler à l’égard des Juifs ont bel et bien été exprimées clairement. Et VRS prétend que PHDN cite partiellement? Quelle hypocrisie!

Enfin, si VRS ose travestir à ce point le sens du discours d’Hitler c’est aussi parce qu’il compte sur la paresse et l’inculture de son lectorat. En effet, les historiens ont depuis longtemps entrepris un travail de publication de réflexions, écrits, des contemporains mêmes de Hitler sur ce qu’ils avaient compris de la déclaration du 30 janvier 1939. Les nazis, comme les Juifs avait tous compris la même chose: cette déclaration était une menace de mort collective parfaitement concrète. VRS compte sur le fait qu’il s’adresse à un public qui ne lit pas de livre d’histoire. On peut aussi faire l’hypothèse réaliste que VRS lui-même ignore tout de cette historiographie et de ces documents contemporains. Dans cette immensité historiographique délibérément négligée par VRS, on peut signaler l’ouvrage récent de Alon Confino, A world Without Jews. The Nazi Imagination from Persecution to Genocide, New Haven, Yale University Press, 2014. A titre d’exemple, parmi bien d’autres, voici ce qui était publié en novembre 1941 dans une feuille d’information nazie à destination de l’Armée allemande en Moselle, la Mitteilungen des Gauringes für nationalsozialistische Propaganda u. Volksaufklärung NSDAP. Gau Moselland:

«Le Führer l’a affirmé dans un de ses principaux discours avant la guerre: si les Juifs devaient une fois encore plonger l’Europe dans une guerre sanglante, ces nations et ces peuples ne périraient pas mais ce serait les Juifs qui seraient détruits. C’était une déclaration dure, sans pitié que beaucoup ne prirent pas sérieusement, en l’interprétant seulement dans un sens allégorique. Mais les Juifs savaient que cette prophétie signifiait un arrêt de mort qui serait inévitablement implémenté» (cité par Randall L. Bytwerk, «The Argument for Genocide in Nazi Propaganda», Quarterly Journal of Speech, Vol. 91, No. 1, février 2005, p. 52).

Cela signifie évidemment que ce que les Juifs avaient compris était, d’après l’auteur nazi de l’article en question, bien ce qu’il fallait comprendre. Le nazi contemporain d’Hitler ne cherchait pas, lui, à travestir le sens des paroles d’Hitler comme le fait le nazi Reynouard.

La suite de la page de VRS sur les citations d’Hitler a quelque chose de comique. Convaincu (ou pas…) d’avoir neutralisé la véritable signification du discours d’Hitler du 30 janvier 1939, en réduisant à un «anéantissement social», la promesse de destruction physique des Juifs par Hitler, VRS entreprend de citer trois autres déclarations d’Hitler avec très peu de commentaires, sinon pour marteler de nouveau que, lorsqu’il promet d’exterminer les Juifs, Hitler ne vise qu’un «anéantissement social».

Il y a quelque chose de navrant à voir les négationnistes contredire le sens évident des citations qu’ils reproduisent. Une fois encore c’est ce même procédé bizarre qui est à l’œuvre. Attardons-nous néanmoins sur les rares commentaires de VRS. D’abord, VRS choisit trois citations postérieures au 30 janvier 1939, sur vingt que propose encore notre page sur les déclarations d’Hitler! Quid des dix-sept autres, dont deux qui font également référence au discours du 30 janvier 1939? De nouveau, VRS se tient misérablement à distance de l’examen d’un corpus cohérent de citations qui, prises ensemble autant qu’individuellement, ont un seul sens: annonce puis constat de la réalité du meurtre des Juifs en masse.

On ne peut évidemment recopier ici toutes ces citations, mais j’invite le lecteur à les consulter, notamment celle du 17 avril 1943, où les propos d’Hitler sont particulièrement explicites. Le lecteur peut se demander (ou pas…) pourquoi VRS évite avec tant de soin de commenter ces propos-là.

Comment VRS glose-t-il sur les trois citations qu’il reproduit? Il parle de «vrai sens» (sous-entendu: le sens qui saute aux yeux ne serait pas le vrai…), en traduisant en passant le verbe ausrotten (dans sa forme passive ausgerottet) par éradiquer. VRS répète à trois reprises cette traduction qu’il ajoute ou substitue à notre traduction de ausrotten (exterminer, dans sa forme passive, exterminé). Compte tenu de la précision du vocabulaire utilisé par Hitler (Vernichtung/anéantissement, Ausrottung/extermination) VRS a recours à un poncif éculé du discours négationniste, la négation (ici prudente) de la signification du terme Ausrottung. Ce terme qui, lorsqu’il concerne des êtres vivants, signifie leur «extermination», c’est-à-dire leur mise à mort en masse, est très largement utilisé par Hitler, de nombreux nazis et de nombreux témoins. Aussi les négationnistes (mais pas les négationnistes germanophones qui reconnaissent évidemment le ridicule de cette falsification) en falsifient-ils la signification. Nous avons consacré une page réfutant cette falsification. Nous y reviendrons puisque VRS en fait sa dernière critique de PHDN. Quoiqu’il en soit, hors cette contestation du sens de ausrotten, VRS ne commente guère les trois citations d’Hitler, si ce n’est pour tenir le raisonnement spécieux suivant: puisque la déclaration du 30 janvier 1939 est anodine, alors les déclarations de Hitler revenant dessus ne peuvent être qu’anodines… Outre que la démonstration initiale de l’innocuité des propos initiaux d’Hitler est tout à fait déficiente, une approche normalement intelligente de ce corpus aurait plutôt du être que le constat (évident, sauf à falsifier les traductions…) du caractère radical et meurtrier des propos d’Hitler lorsqu’il évoque sa déclaration de janvier 1939 confirme le caractère radical et meurtrier de cette déclaration. Mais les négationnistes font marcher la raison sur la tête.

Enfin, la phrase par laquelle se termine le commentaire de VRS est des plus croustillante. VRS écrit:

«Dans ces discours, Hitler rappelait celui du 30 janvier 1939 (qu’il plaçait par erreur le 1er septembre), preuve qu’il évoquait toujours un anéantissement social (une éradication) de la juiverie. »

On reste abasourdi que VRS omette de rappeler ce que tous les historiens qui étudient les déclarations d’Hitler mentionnent: si Hitler se trompe de date, il le fait en toute connaissance de cause et associe sa déclaration à la date de déclenchement de la guerre par l’Allemagne nazie, le 1er septembre 1939. Pour Hitler, c’est la guerre qui permettra l’extermination des Juifs. Pour Hitler cette guerre est aussi, sinon avant tout, une guerre contre les Juifs. Que VRS passe la signification de cette date sous silence en dit long sur son incapacité à penser (ou plutôt sa volonté de ne pas penser), à réfléchir à la nature véritable de l’antisémitisme hitlérien.

VRS n’hésite pas alors à sombrer dans le ridicule en faisant comme si cette prétendue erreur de date «prouvait» l’innocuité de la déclaration du 30 janvier 1939, «prouvait» qu’il ne s’agissait que d’un «anéantissement social». Rappelons que la notion d’«anéantissement social» ne figure dans aucun des propos d’Hitler, contrairement à celle (très explicite) d’extermination. La construction de VRS pour remplacer le sens premier et authentique d’extermination des Juifs dans le discours d’Hitler pour lui en substituer un autre anodin (quoique pas tant que ça tout de même) et sans rapport avec la réalité, est complètement bancale, comme nous l’avons démontré plus haut. Enfin, et surtout, le raisonnement par lequel une erreur de date (et quelle date!) «prouverait» cette interprétation est entièrement laissée à l’imagination du lecteur. On rencontre ici une fois de plus l’incapacité des négationnistes (et pour cause) à démontrer quoi que ce soit. Chez eux, l’interprétation précède, voire se substitue complètement à, l’examen de la réalité. Ils ne font que marteler des affirmations sans preuve et juxtaposer des affirmations en prétendant avoir construit une démonstration.

Il nous reste à constater que la page que VRS consacre aux citations d’Hitler est constituée à plus de 50% de citations de PHDN, à 25% d’autres citations d’Hitler ou de paraphrases et à moins de 25% de ce qui tente de se présenter comme de l’analyse, mais qui in fine est tissé d’affirmations gratuites ou de falsifications sans aucune articulation logique. Surtout, VRS passe sous silence 90% des citations d’Hitler fournies par PHDN, ce qui illustre clairement la mauvaise foi négationniste. Hitler a rêvé, désiré, prophétisé, annoncé, constaté l’extermination des Juifs. Le corpus fourni par PHDN l’illustre de façon éclatante, nonobstant les arguties de VRS.

8. PHDN ment sur le sens du mot «Ausrottung»

Cette page, est présentée sous plusieurs titres, «PHDN ment sur le sens du mot Ausrottung» et «PHDN ment sur les discours de Himmler».

Comme indiqué plus haut, la traduction de Ausrottung (extermination), ausrotten (exterminer), ausgerottet (exerminé-s) représente un énorme problème pour les négationnistes. VRS prétend ici réfuter notre démonstration sur la signification de ce terme. Néanmoins, dans la mesure où il passe plus des deux tiers de sa page à ne pas discuter du contenu offert par PHDN, il n’y a en fait ni démonstration ni réfutation réelle. Surtout, il est évident que VRS n’a pas lu notre page sur Ausrottung car il avance des affirmations qui s’y trouvent très clairement réfutées. Tout lecteur qui s’intéresse de bonne foi à la prétendue critique de PHDN par VRS doit donc lire au préalable cette page relative à la signification de Ausrottung: https://phdn.org/negation/ausrottung.html), pour se convaincre de l’inanité des propos de VRS. Examinons cependant ce que VRS écrit.

VRS commence par inciter ses lecteurs à aller lire notre page. Il sait bien que seule une minorité le fera. Sinon il n’oserait pas enfiler les perles comme il entreprend de le faire ensuite. VRS ne produit en fait pas du tout une critique de notre page. Il prétend s’attacher à deux citations de Himmler. En réalité, VRS consacre la quasi-totalité de sa page à son discours du 4 octobre 1943 et très accessoirement à son discours du 6 octobre 1943. VRS nous passe la bande annonce de 2001, l’Odyssée de l’Espace, mais le film diffusé est plutôt Les Shadoks font de l’histoire.

Il est important de souligner que VRS ne va citer aucun dictionnaire de langue pour tenter de réfuter que Ausrottung signifie extermination, contrairement à PHDN qui fournit de très nombreux exemples tirés tant de l’allemand que de l’anglais et du français, établissant la légitimité de cette traduction, sans changement durant tout le XXe siècle. Il faut également souligner que, suivant une méthode négationniste éprouvée, VRS prétend étudier le discours d’Himmler du 4 octobre 1943 comme s’il s’agissait d’une trace documentaire isolée. C’est évidemment un mensonge par omission pour deux raisons. La première est que Himmler a multiplié les mentions très claires à l’assassinat collectif des Juifs, ce dont PHDN rend parfaitement compte (1er août 1941, 18 décembre 1941, 24 avril 1943, 6 octobre 1943, 16 décembre 1943, 11 janvier 1944, 5 mai 1944, 24 mai 1944, 21 juin 1944). La seconde c’est que sur la page même que prétend réfuter VRS, figurent de nombreuses autres citations émanant d’autres nazis qu’Himmler, employant Ausrottung dans un sens parfaitement clair qui signifie toujours une mise à mort en masse. Aucune de ces citations n’est mentionnée par VRS! Quand Himmler déclare qu’il faut éliminer les Juifs comme des poux, il n’y a nul Reynouard pour prétendre qu’Himmler conçoit la lutte contre les poux par leur évacuation… Il faut ajouter enfin que de nombreux autres exemples d’utilisation de Ausrottung/ausrotten/ausgerottet relatifs à l’extermination des Juifs figurent également sur PHDN au sein d’une importante collection de citations contemporaines. Isoler, comme le fait VRS, une citation d’un tel environnement est une pratique totalement anti-historienne et relève de procédés frauduleux habituels chez les négationnistes.

Examinons cependant ce qu’écrit VRS pour démontrer que PHDN «ment»

VRS commence par s’étendre sur les deux tiers de sa page sur l’utilisation qui fut faite à Nuremberg du discours d’Himmler du 4 octobre 1943 et prétend citer les propos d’Himmler d’après la façon dont ils furent rapportés lors du procès de Nuremberg. PHDN ne parle pas de Nuremberg dans sa page sur Ausrottung. Pourquoi, dans une page qui prétend critiquer PHDN, passer deux tiers du texte à faire du hors sujet? Cela montre évidemment le très grand inconfort de VRS à traiter vraiment de ce qu’écrit PHDN à propos de Ausrottung. Encore une fois VRS en fait des tonnes (notamment en fournissant, comme d’habitude, de très longues citations qui ne servent à rien), mais dans le hors sujet. Car peu importe comment les discours d’Himmler furent traités à Nuremberg. Ce qui compte c’est leur signification et leur présentation par PHDN. L’exposé de VRS sur l’utilisation à Nuremberg du discours d’Himmler du 4 octobre est d’ailleurs dépourvu de pertinence. VRS se gargarise d’une incohérence et une maladresse de traduction (que VRS présente comme une falsification délibérée, ce qui est tout simplement ridicule, compte tenu du fait que la bonne traduction a été aussi utilisée et que le terme Ausrottung figure bien dans le texte) et présente comme une «découverte» la mention de l’évacuation des Juifs dans l’original. Outre que cette mention figure dans l’écrasante majorité des citations faites par les historiens de ce discours, elle figure aussi évidemment sur PHDN. VRS fait des gorges chaudes de détails qui ne concernent pas le discours lui-même ni son traitement par PHDN.

Un procédé pitoyable utilisé par VRS au cours de ce long exposé (qui ne concerne pas PHDN) est celui d’une mise en doute hypocrite de la fiabilité du discours. VRS procède par insinuation sans oser exprimer clairement ce doute. VRS parle de supercherie là où une erreur de traduction a été relevée. Mais un tel mot semble suggérer quelque chose de bien plus grave. VRS donne un indice clair en écrivant «si l’on admet qu’Himmler a bien prononcé cette phrase», insinuant ainsi qu’il aurait pu ne pas la prononcer… Ce genre de circonlocution est typique des négationnistes lorsqu’ils sont confrontés à des documents explicites. Il leur faut d’une façon ou d’une autre remettre en cause l’authenticité du document. On les voit ainsi jouer des partitions dissonantes où ils essaient, d’une part de jeter le doute sur le document et, d’autre part de contester sa signification (sans évidemment se demander pourquoi un document anodin aurait dû être fabriqué ou pourquoi on n’a pas fabriqué de documents parfaitement dénués d’ambiguïté….). Cela est ici d’autant plus incongru qu’on dispose de l’enregistrement du discours, ce que Vincent Reynouard sait parfaitement: il utilise cet enregistrement dans une de ses vidéos.

L’une des caractéristiques du discours d’Himmler du 4 octobre est d’offrir un décodage explicite d’une des expressions nazies utilisées pour camoufler l’extermination des Juifs, à savoir «l’évacuation des Juifs». Himmler dit notamment «Je parle de l’évacuation des juifs, de l’extermination du peuple juif». Il vient d’évoquer l’assassinat des SA par leurs collègues nazis en 1934 ainsi que, un peu plus tôt, la mort à la tâche des esclaves russes et, peu après, Himmler ajoute explicitement: «nous avions le devoir envers notre peuple, de tuer (umbringen) ce peuple qui voulait nous tuer. […] nous exterminons un bacille». Notez l’accusation antisémite nazie classique qui prétend que les Juifs auraient souhaité tuer les Allemands, accusation qui justifie le meurtre de «ce peuple». VRS évite très soigneusement de mentionner ces passages et c’est notamment la raison pour laquelle il glose sur Nuremberg plutôt que de se confronter à ce que PHDN écrit. Compte tenu du contexte (mais aussi évidemment, de nombreux autres documents, dont de nombreuses déclarations d’Himmler lui-même), la signification de l’Ausrottung des Juifs est absolument dénuée d’ambiguïté et signifie leur extermination, leur assassinat en masse. Dans tout ce qui suit il ne faut pas oublier que Himmler lui-même explique dans ce discours même qu’il fallait tuer tous les Juifs, ce qui confirme ce que tout germanophone sait: Ausrottung signifie extermination, mise à mort en masse. VRS ne cite jamais ce passage et Reynouard ne le cite quasiment jamais (une seule fois cependant, mais pas ici, pour contester que umbringen signifie «tuer» ce qui est tellement ridicule qu’il a évité de répéter cette affirmation grotesque, équivalent à prétendre que dog serait le mot anglais pour chat…).

VRS qui vient de se gargariser à fort mauvais escient de ce que tel discours d’Hitler ne signifierait pas ce qu’il signifie parce qu’on «cache» un autre passage du discours a pourtant recours à des dissimulations bien plus graves de passages qui confirment le sens des paroles d’Himmler. Ce genre d’hypocrisie et de malhonnêteté est une fois de plus très représentative des méthodes négationnistes. S’y ajoute ici une incroyable bêtise. Car, alors que le sens des paroles d’Himmler – il parle bien de la mise à mort collective des Juifs – décode de façon spectaculaire l’expression «évacuation des Juifs», VRS ose prétendre (grâce notamment à l’oubli opportun des autres passages du discours) le contraire: le caractère plus anodin (aux yeux d’un VRS) de l’expression «évacuation» diluerait la signification de Ausrottung. C’est tout simplement ahurissant de malhonnêteté et de bêtise dans le renversement de la logique.

En passant, VRS tente de nous convaincre – en enrôlant pour cela un autre négationniste (W. Stäglich, que VRS oublie d’identifier pour ce qu’il est) – qu’il n’aurait pas été logique que Himmler décode devant un parterre de nazis le langage habituellement utilisé pour parler du génocide. C’est une des plus pitoyables méthodes des négationnistes du point de vue de la pratique du métier d’historien. Quand une situation ou une interprétation les gêne, ils font appel à un pseudo bon sens et, par des raisonnements simplistes sinon frelatés, disent que la réalité n’a pas été telle qu’elle a été parce que, en théorie, elle aurait dû être (selon des logiques négationnistes généralement déficientes) différente. Il n’y a généralement derrière ce genre d’argument aucun élément documentaire, de contexte concret ou d’analyse sérieuse. Il s’agit toujours d’un pur jeu de langage sans lien avec la réalité. Il se trouve ici que de nombreux historiens se sont penchés sur les raisons qu’Himmler a eu, à plusieurs reprises en 1943 et 1944 (pas seulement le 4 octobre 1943), de parler explicitement à des responsables nazis de l’assassinat en masse des Juifs, en procédant parfois au décodage d’expressions usuelles (habituellement codées): il s’agissait de mouiller tout le monde, de couper les ponts, d’interdire tout compromis car, à l’instar d’Hitler qui le proclamait clairement, rien n’est plus fort que la complicité dans le crime. Hitler le déclarait le 1er août 1923: «Il y a deux choses qui peuvent unir les hommes les idéaux communs et la criminalité partagée» (cité par David Bankier, «The Use of Antisemitism in Nazi Wartime Propaganda», dans Michael Berenbaum et Abraham J. Peck (éditeurs), The Holocaust and History. The Known, the Unknown, the Disputed and the Reexamined, Indiana University Press, 1998, p. 49). En appelant chat un chat, publiquement, Himmler interdisait tout espoir aux cadres présents d’espérer camoufler un jour leur complicité. Il savait que leur détermination en serait renforcée. Mais comme à son habitude, VRS feint d’ignorer une historiographie très abondante et de très grande qualité qui contredit évidemment avec brio ses tentatives de travestissement de la réalité.

L’enfumage prend des proportions étouffantes quand VRS enrôle Jean-Claude Pressac (un ancien négationniste qui a changé d’avis et étudié Auschwitz) pour prétendre que l’utilisation d’un langage codé par les nazis serait un mythe. Il y a dans ce passage plusieurs malhonnêtetés. Quoi qu’ait pu écrire Pressac, cela se rapporte à Auschwitz. C’est le sujet dont il traite. Il ne parle pas du langage codé en général dont les nazis usaient pour désigner l’extermination des Juifs en Europe. VRS falsifie le propos de Pressac en généralisant. Les négationnistes ont souvent recours à des extraits d’ouvrages d’historiens du génocide ou de spécialistes tels Pressac pour les tordre dans le sens de leurs travestissements de la réalité. Pourtant 99% de ces ouvrages contredisent les mensonges négationnistes. Cette utilisation hypocrite (nécessitant le plus souvent des manipulations plus ou moins graves du texte original) ne gêne pas les négationnistes.

Il faut donc rappeler que l’utilisation du langage codé par les nazis est une réalité parfaitement étudiée (et établie) par les historiens. Dans la masse de documents rédigés par les nazis, un certain nombre (dont les discours d’Himmler) révèlent et décodent les significations réelles de ces codes. Un exemple parmi d’autre: le 6 septembre 1944, le Comité exécutif (Oberpräsidium) de Kattowitz (en Haute-Silésie) fait état de ce qu’il est advenu des Juifs dans la région. Le document explique que «L’élément juif [.] a été réinstallé, c’est-à-dire éliminé (ausgesiedelt bzw. beseitigt worden)» (source). Cette citation figure sur PHDN dans une collection de documents et citations contemporains que VRS évite soigneusement tant elle contient d’exemples concrets illustrant la volonté et la politique d’extermination des Juifs par les nazis, y compris le langage codé. Cette page existe depuis l’année 2000. En 13 ans, jamais Reynouard ou Faurisson n’y ont fait la moindre allusion!

Afin de souligner l’hypocrisie et l’incompétence de VRS, il nous faut ici examiner brièvement un second corpus documentaire qui décode de façon spectaculaire le langage codé utilisé par Himmler. Ces documents se trouvent évidemment sur PHDN. Afin de désigner l’assassinat des Juifs, les nazis ont beaucoup utilisé l’expression «traitement spécial». Le 1er mai 1942, le chef nazi du district du Warthegau (une partie de la Pologne annexée au Reich), Arthur Greiser, écrit à Himmler pour lui proposer le «traitement spécial» des quelques 35 000 tuberculeux recensés dans son Gau, comme mesure sanitaire destinée à protéger les Allemands de souche dans le territoire incorporé. Les termes de sa demande éclairent le sort réservé aux Juifs. Il mentionne en effet l’achèvement du «traitement spécial» des cent mille Juifs se trouvant sur son district par le commando spécial Lange, traitement autorisé par Himmler. Greiser demande à Himmler de pouvoir utiliser ce même commando pour exterminer (ausmerzen) 35 000 tuberculeux polonais (non juifs) qui menacent, selon lui, de créer une catastrophe sanitaire. Dans une lettre du 27 juin 1942, Himmler accepte «le traitement spécial tel que [Greiser] l’entend» en insistant d’une part sur le fait que les tuberculeux concernés soient incurables et que cela se fasse le plus discrètement possible. Cet échange absolument ignoble est parfaitement clair: le «traitement spécial» désigne l’a mise à mort et c’est ce qui a été appliqué à cent mille Juifs. Une confirmation éclatante est fournie par un courrier du responsable de la santé publique de Varsovie, le docteur Wilhelm Hagen, apparemment pas sur la même longueur d’onde, qui se plaint directement à Hitler de ce qu’il a appris que des Polonais «pourraient être traités de la même façon que les Juifs, autrement dit qu’on projette ou qu’on envisage de les tuer»! On ne saurait être plus clair. Ces trois documents confirment (ce qui est connu par bien d’autres sources) qu’un langage codé est bien utilisé par les nazis pour désigner l’assassinat des Juifs, et que dans ce langage codé, «traitement spécial» est l’une des expressions utilisées. Une fois encore, il faut insister sur le fait que ces documents ne sont pas des traces isolées, ni chez Himmler, ni chez d’autres nazis. Jamais Vincent Reynouard n’a osé affronter ces documents et Faurisson ne les a jamais non plus mentionnés dans aucune des milliers de pages qu’il a pu rédiger. Il s’agit pourtant de documents très connus des historiens. Prétendre, comme le fait VRS de façon pitoyable, que le langage codé serait un mythe ou que nous ne disposerions pas de documents qui permettent de le décoder relève de l’absurdité et d’une hypocrisie des plus répugnante.

Le 4 octobre 1943, Himmler a donc sciemment choisi d’utiliser une expression très courante du langage codé nazi, l’«évacuation» et décide pour des raisons que les historiens ont très bien décrites, de le décoder explicitement pour son auditoire et d’utiliser la version décodée, «l’extermination des Juifs». Les contorsions de VRS qui passe sous silence l’énorme corpus documentaire disponible (et les nombreuses autres déclarations d’Himmler!) ne convaincront que les aveugles volontaires.

VRS continue par un paragraphe qui glose sur le fait que les versions écrites du discours d’Himmler mentionnent pour titre de la partie consacrée à l’extermination des Juifs, non pas extermination mais évacuation. Par un raisonnement tautologique affligeant, VRS en déduit qu’Himmler n’a pu parler que… d’évacuation puisqu’il parle d’évacuation. Le raisonnement est indigent et refuse de considérer le texte dans son ensemble ainsi que les autres discours où Himmler parle de l’assassinat des Juifs (1er août 1941, 18 décembre 1941, 24 avril 1943, 6 octobre 1943, 16 décembre 1943, 11 janvier 1944, 5 mai 1944, 24 mai 1944, 21 juin 1944). Pour Himmler, évacuation signifie extermination et le fait qu’il utilise le premier terme plutôt que le second pour désigner une partie de son discours ne saurait être invoqué pour prétendre le contraire. S’il utilise l’expression évacuation c’est tout simplement parce que c’est celle qui est habituelle pour désigner l’opération d’extermination des Juifs. VRS (et Reynouard dans une video sur le même sujet d’ailleurs) ont également recours à ce tour de passe-passe indigent, qui une fois encore néglige les autres passages du discours, le fait que Himmler en a prononcé bien d’autres, et évidemment la signification première et principale de Ausrottung, extermination.

VRS n’a toujours pas parlé de PHDN ni des mensonges de PHDN à propos du discours d’Himmler ou de la signification de Ausrottung

Néanmoins, VRS entreprend de parler du sens du mot Ausrottung. VRS écrit «Personnellement, je crois que si Himmler l’a bien prononcée». Cette affirmation n’est que du théâtre destiné à montrer à quel point VRS est de «bonne foi», mais il ne s’agit pas ici de croire ou de ne pas croire. Le document est authentique. Mais VRS insinue en passant qu’il pourrait ne pas l’être ou que certains documents ne le sont pas. Nous avons affaire ici, en toile de fond, à l’ultime bouée de sauvetage des négationnistes. En dernier recours, tout document qui les gêne peut être déclaré comme étant un faux. Mais ici, le généreux VRS veut bien en concéder l’authenticité… Pour contester le sens de Ausrottung, VRS présente un article de 1943 qui traduit Ausrottung une fois par «extermination» et une fois par «extirpation». Personne n’a jamais évidemment contesté que Ausrottung signifiait aussi «extirpation» et il n’est pas surprenant qu’on trouve parfois cette traduction (même si elle est mauvaise). Mais le sens premier, le sens principal a toujours été, rapporté à des êtres vivants, leur «extermination», notamment lors de son utilisation par les nazis. VRS semble d’ailleurs négliger volontairement le fait que «extirpation» (notamment en anglais) a également le sens de extermination (l’extinction d’une espèce est communément désignée par extirpation of species. Difficile de faire plus radical). Aussi, lorsqu’il produit un exemple de traduction anglaise de Ausrottung par extirpation, il ne réfute en rien la signification de Ausrottung. Il se trouve que dans notre page sur le sens du mot Ausrottung, nous multiplions les exemples établissant le bien-fondé de la traduction «extermination». Mais VRS ne prend absolument pas la peine d’essayer de discuter ces exemples et ces démonstrations…

Enfin, VRS parle de PHDN. Comment? En affirmant: «Dans son texte sur le sens du mot Ausrottung, PHDN a caché tout cela». Tout cela? Le traitement et l’utilisation du discours d’Himmler à Nuremberg n’ont pas la moindre importance quant à la signification intrinsèque de ce discours! PHDN n’en parle pas parce que cela n’a aucun intérêt relatif à la signification de Ausrottung. Il se trouve que PHDN ne passe aucun des passages cités par VRS sous silence et qu’évidemment VRS ne peut reprocher à PHDN d’avoir camouflé un passage. PHDN commence sa citation par «Je parle de l’évacuation des juifs». Mais VRS reproche à PHDN de ne pas dire qu’à Nuremberg, ce passage a été mal rapporté? On rêve! Par ailleurs si nous ne donnons qu’un court extrait à la page même sur Ausrottung, nous renvoyons à une version beaucoup plus longue qui inclue des passages que VRS omet. De plus, contrairement à ce que VRS suggère, le sens de «extirpation» est parfaitement présent dans notre page sur Ausrottung. Au contraire, nous fournissons plusieurs extraits de dictionnaires de langues, Allemand-Français et Allemand-Anglais qui explicitent très précisément dans quels cas on peut traduire par «extirper» (botanique et figuratif) et dans quels cas on peut traduire par «exterminer» (êtres vivants, animaux, peuples!). C’est VRS qui ment au premier degré en affirmant que nous aurions camouflé quoi que ce soit. Et une fois encore VRS prétend critiquer PHDN en mentionnant des éléments hors sujet et en accusant PHDN de les cacher. La répétition de ce procédé lamentable démontre dans quelle situation désespérée les négationnistes se trouvent.

Ensuite VRS, toujours selon la même technique (ne surtout pas aborder les éléments de preuve irréfutables apportés par PHDN établissant que Ausrottung signifie extermination), à savoir parler d’autre chose que ce dont PHDN parle, VRS donc, mentionne le cas d’Alfred Rosenberg à Nuremberg. Mauvaise pioche, comme on va le voir. Celui qui fut l’un des principaux idéologues nazis, un antisémite fanatique et le responsable administratif des territoires conquis en URSS, fut également le premier à essayer de minimiser sa propre responsabilité en falsifiant le sens de Ausrottung. En effet, confronté à un document de sa main, en date du 16 décembre 1941, très incriminant (que nous citons sur PHDN), mentionnant l’extermination (Ausrottung) des Juifs, Rosenberg prétend arguer que le mot a plusieurs significations dont certaines anodines et qu’il n’assume pas le sens d’extermination. Cela donne lieu à un échange surréaliste et très hypocrite de la part de Rosenberg (le juge ne le prend visiblement pas au sérieux). Mais Rosenberg ment et il sait qu’il ment. Même si cela n’a pas été rigoureusement démontré sur le moment, nous disposons d’un corpus documentaire émanant de Rosenberg lui-même (disponible sur PHDN) qui établit que celui-ci appelait bien à l’assassinat en masse des Juifs, et que c’est bien de cela qu’il parlait lorsqu’il utilisait Ausrottung. Le 18 novembre 1941, Rosenberg adresse une note confidentielle à la presse, suite à un entretien avec Himmler le 15 novembre précédent. Il y écrit que la «question [des Juifs] ne peut être résolue que par une éradication biologique de la Juiverie (biologischen Ausmerzung des gesamten Judentums) en Europe»! (source). Cinq jours après son document du 16 décembre 1941, le 21 décembre 1941, Rosenberg récidive publiquement dans un discours reproduit par la presse nazie, en des termes encore plus violents et concrets. Il déclare à propos des Juifs: «on ne traite pas avec des trichines et des bacilles. Les trichines et les bacilles, on ne les éduque pas, on les anéantit (vernichten) aussi rapidement et aussi radicalement que possible»! Ainsi, en moins de dix jours, Rosenberg dit de trois façons différentes ce qui doit advenir aux Juifs, à savoir leur «anéantissement» (Vernichtung) le plus complet et le plus rapide possible, comme des «bacilles» (un VRS n’osera sans doute pas avancer qu’on «évacue» les bacilles…), leur «éradication biologique», leur «Ausrottung». Dans ce contexte, la signification de Ausrottung est parfaitement claire, nonobstant les dénégations ridicules du nazi Rosenberg et nonobstant les misérables falsifications d’un VRS: il s’agit d’extermination, de meurtre de masse. Invoquer Rosenberg est une belle façon de se tirer une balle dans le pied puisque le corpus documentaire dont il est l’auteur (documents cités par PHDN, mais évidemment jamais évoqués par un VRS…) permet de démontrer de façon très efficace que lorsqu’il parle de l’Ausrottung des Juifs, il faut comprendre qu’il préconise leur assassinat en masse. Voilà pour Rosenberg…

La suite revient sur le passage du discours d’Himmler où celui-ci mentionne des «tas de cadavres», comme illustration de que l’«Ausrottung» des Juifs donne à voir aux nazis. 90% de cette section consiste en citations du discours et en paraphrases. Le raisonnement par lequel VRS prétend contester l’évidence de l’évocation de tas de cadavres est assez obscur. VRS prétend proposer deux interprétations du passage qui se distinguent à peine mais, prétend VRS, permet dans le second cas de contester que l’évocation de tas de cadavres puisse attester qu’Himmler parle de l’extermination des Juifs. Il est en réalité assez ardu de réfuter un raisonnement complètement tordu et obscur. Les deux interprétations/paraphrases de VRS ont deux points commun: elles répètent (inutilement, mais ça fait du remplissage) ce qu’Himmler dit et inventent des propos qu’il ne tient pas. En effet, VRS insiste sur le fait que Himmler, en parlant des cadavres, désignerait avant tout les «saboteurs judéo-bolcheviques» (l’expression est de VRS, pas de Himmler). L’examen des propos d’Himmler permet pourtant de constater que ce dernier n’utilise pas le concept «judéo-bolchevique» (même si c’est un poncif de la rhétorique antisémite nazie) et surtout qu’il parle des Juifs en général, quand bien même pour des raisons rhétoriques et psychologiques, il prétend justifier l’extermination en parlant de saboteurs, mais aussi d’agitateurs et de provocateurs: trois termes mis sur le même plan par Himmler, ce qui illustre le caractère dogmatique de son propos, mais dont VRS ne reprend qu’un seul, le seul qui justifie, aux yeux d’un VRS, des assassinats collectifs. Par un travail de réécriture (la paraphrase falsifiante est un outil classique des négationnistes), VRS transforme le sens du discours d’Himmler. Cette réécriture n’est absolument pas justifiée, mais c’est sur cette dernière que VRS prétend appuyer son raisonnement. Une fois de plus, nous avons affaire à un pur jeu de langage dont l’objectif est d’éloigner le lecteur de la source originale et de sa signification évidente. Ce jeu de langage évite soigneusement de mentionner les très nombreux documents relatifs aux assassinats de civils juifs lors des opérations mobiles de tueries, notamment effectuées par les Einsatzgruppen. PHDN fournit des exemples qui réfutent les falsifications négationnistes et confirment évidemment que Himmler parle des Juifs en général.

Plusieurs éléments doivent être également relevés: prendre pour argent comptant (et resservir) le poncif antisémite et nazi du juif «judéo-bolchevique» ou du juif partisan, alors qu’il s’agit d’une pure rhétorique nazie, sans lien avec la réalité des populations juives exterminées, est pour le moins hallucinant, mais pas surprenant. In fine les négationnistes utilisent toujours les arguments que les nazis ont utilisés pour exterminer les Juifs afin de nier cette extermination. Par ailleurs, prétendre comme le fait VRS que les tas de cadavres invoqués par Himmler désignerait non pas des Juifs mais des «saboteurs» est une pure falsification à deux étages, d’une part cela falsifie le propos même d’Himmler (ce qui est évident) et d’autre part cela falsifie la réalité des massacres de masse par les nazis. Nous avons de plus ici un argument négationniste classique tout à fait éculé, relatif à la présentation/justification des massacres de Juifs comme étant ceux de «partisans». Sur ce point, PHDN fournit depuis longtemps une réfutation complète: https://phdn.org/negation/partisans.html, notamment sur un aspect ignoble du discours négationniste, présent chez VRS, la justification de l’assassinat de femmes et d’enfants.

VRS prétend avoir démontré que Himmler ne parle pas, dans son discours du 4 octobre 1943, de l’extermination des Juifs. L’examen de ses arguments révèle un enfumage systématique et une ignorance volontaire des documents. L’élément le plus spectaculaire est évidemment est qu’Himmler lui-même déclare explicitement dans son discours «nous avions le devoir envers notre peuple, de tuer (umbringen) ce peuple qui voulait nous tuer. […] nous exterminons un bacille». Ce passage est évidemment passé sous silence par VRS qui signe ainsi son incompétence et sa malhonnêteté. Himmler, dans ce discours, explique bien très clairement que «évacuation» est un mot codé pour «extermination». Ausrottung n’a jamais désigné en allemand, pour des êtres vivants, que leur extermination. VRS n’a toujours en rien réfuté notre page sur Ausrottung

On s’attend ensuite à une démonstration équivalente sur le discours d’Himmler du 6 octobre 1943, qui contient des passages tout aussi clairs sur l’extermination des Juifs. Mais non: en un court paragraphe et deux arguments incroyablement indigents, VRS évacue ce discours pourtant tout aussi probant et spectaculaire que le premier. Premier argument: si le discours du 6 octobre était une preuve de l’extermination des Juifs, il aurait été produit à Nuremberg de préférence à celui du 4 octobre. Ce genre de raisonnement est typiquement négationniste. Il fonctionne à vide sur un pseudo-bon sens que ne vient jamais étayer le moindre élément concret. C’est ici d’autant plus ridicule que seuls des négationnistes peuvent considérer que le discours du 4 octobre n’est pas probant et qu’il aurait fallu lui préférer un autre discours! Prétendre que le discours d’Himmler du 6 octobre est à écarter parce qu’il ne fut pas utilisé à Nuremberg est tout simplement pitoyable. La réalité historique, la signification de tel ou tel document, ne découlent en rien du traitement qui fut opéré à Nuremberg. PHDN cite un document original non utilisé à Nuremberg. Cela ne lui enlève rien à sa signification. Encore une fois, un pur jeu de langage tient lieu de démonstration. Avec ce tour de passe-passe qui tient de l’escroquerie: le discours du 6 octobre ne peut pas évoquer l’extermination des Juifs, selon VRS, puisque celui du 4 octobre ne le ferait pas (au terme de mensonges et falsifications nombreuses de la part de VRS, évidemment). Ensuite VRS va de nouveau servir le poncif éculé et mensonger de la «lutte anti-partisans». Cela est déjà largement réfuté ailleurs. Là où cela devient surréaliste, c’est que VRS paraphrase en le falsifiant complètement un passage extrêmement clair du discours d’Himmler. Voici ce qu’écrit VRS:

«Himmler parle de l’expulsion des Juifs d’Allemagne («Qu’il n’y ait plus de Juifs dans votre province est pour vous une chose satisfaisante et évidente» lit-on dans le discours du 6 octobre) ;»

«Himmler parle de l’expulsion des Juifs d’Allemagne»? Pardon? Est-ce que VRS a lu le même discours que nous? Himmler ne parle pas d’expulsion. Il affirme simplement qu’il n’y a plus de Juifs «dans votre province», sans préciser dans cette phrase par quel moyen. Et ce passage est immédiatement suivi par ceci:

«La phrase les Juifs doivent être exterminés (Die Juden müssen ausgerottet werden) comporte peu de mots, elle est vite dite, messieurs. Mais ce qu’elle nécessite de la part de celui qui la met en pratique, c’est ce qu’il y a de plus dur et de plus difficile au monde.»

Himmler parle bien d’extermination, non d’expulsion, sinon pourquoi sa mise en pratique serait-elle «ce qu’il y a de plus dur et de plus difficile au monde»? La malhonnêteté de VRS atteint ici des sommets, qui seront pourtant bientôt dépassés… VRS poursuit en effet:

«Il [Himmler] évoque les horreurs de la lutte anti-partisans à l’Est, avec les représailles qui touchaient également les femmes et les enfants («La question suivante nous a été posée: Que fait-on des femmes et des enfants? Je me suis décidé et j’ai là aussi trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer les hommes ― dites, si vous voulez, de les tuer ou de les faire tuer ― et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre. », Id.)»

«Himmler évoque les horreurs de la lutte anti-partisans à l’Est»? Justement non! Une fois encore: VRS a-t-il bien lu le même discours que nous? Il s’agit ici d’un mensonge au premier degré. Car Himmler dit lui-même de quoi il parle: il parle de la «question juive» et de la nécessité d’exterminer les Juifs, tous les Juifs. Il n’évoque nullement un problème de partisans. Le mot ne figure même pas dans le passage sur la question juive! En dehors du fait même que VRS falsifie purement et simplement le discours d’Himmler, VRS use et abuse d’une falsification négationniste largement réfutée à propos de la lutte anti-partisans et des représailles.

Ce qui laisse perplexe, c’est que VRS ose citer un passage du discours d’Himmler qui contredit sans ambiguïté le mensonge qu’il vient de proférer. Mais avant d’y revenir, il faut souligner que VRS omet une phrase pourtant importante d’Himmler. En effet, Himmler déclare:

«Je vous demande avec insistance d’écouter simplement ce que je dis ici en petit comité et de ne jamais en parler.»

Cette demande d’Himmler n’a évidemment aucun sens si ce dont il parle n’était un crime absolu, dont même les nazis connaissaient le caractère criminel. Tout comme VRS évidemment. Néanmoins, comme nous le disions, on reste perplexe que VRS ose citer ce qu’Himmler ajoute ensuite:

«La question suivante nous a été posée: Que fait-on des femmes et des enfants? – Je me suis décidé et j’ai là aussi trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer (auszurotten) les hommes – c’est à dire, donc, de les tuer (umbringen) ou de les faire tuer – et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître CE PEUPLE de la terre (dieses Volk von der Erde verschwinden).»

«Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre»! Dans un passage qui parle de la question juive, de la nécessaire Ausrottung des Juifs! L’expression «ce peuple» désigne évidemment les Juifs! Vraiment, comment peut-on penser convaincre un lecteur que ce passage signifie autre chose que la description concrète de la politique nazie d’extermination des Juifs? Ce passage explicite une fois de plus de façon absolue que l’Ausrottung des Juifs est bien leur mise à mort collective et complète, leur extermination! Son utilisation par VRS relève du mystère tant sa signification est claire. Les négationnistes pensent-ils être doués d’un pouvoir hypnotique par lequel ils parviendraient à convaincre leurs lecteurs qu’une phrase signifie son contraire? C’est le sentiment que cela donne. C’est strictement comme si ils affirmaient «La phrase suivante signifie que la voisine de Jeanne d’Arc s’est légèrement brûlée avec une casserole: Jeanne d’Arc a péri brulée sur un bûcher». On ne sait ce qui domine, la malhonnêteté ou la bêtise.

Remarquons enfin à propos de ce même discours, que Himmler a ajouté (non cité par VRS):

«Pour l’organisation qui dut accomplir cette tâche, ce fut la chose la plus dure que nous ayons eu jusqu’à présent. Cela a été accompli.»

C’est la seconde fois qu’Himmler mentionne que cette tâche a été la plus dure à accomplir. Cela ne semble pas le moins du monde gêner VRS qui ne prend pas la peine de discuter de cet aspect. D’ailleurs, il faut souligner que VRS ne discute pas, ne réfléchit pas sur le contenu des discours d’Himmler, il en assène une paraphrase mensongère qui s’éloigne le plus possible de leur sens réel, quitte à avoir recours à des termes et à des notions qui n’y figurent pas, ainsi qu’à la falsification de la langue allemande.

Le court paragraphe sur le discours d’Himmler du 6 octobre 1943 est une pure escroquerie de la part de VRS, tant ce discours est clair, dénué d’ambiguïté. Il est d’ailleurs corroboré par Joseph Goebbels qui avait assisté à la conférence d’Himmler du 6 octobre, dans son journal en date du 9 octobre 1943 qui confirme la teneur exterminatrice et radicale de propos d’Himmler (source). Rappelons encore que les deux discours d’Himmler des 4 et 6 octobre 1943 ne sont pas le moins du monde isolés, mais font partie d’autres déclarations d’Himmler tout aussi claires (1er août 1941, 18 décembre 1941, 24 avril 1943, 6 octobre 1943, 16 décembre 1943, 11 janvier 1944, 5 mai 1944, 24 mai 1944, 21 juin 1944). Les négationnistes ne prennent jamais en compte l’ensemble des traces, témoignages et corpus documentaires et font comme si chaque document existait de façon isolée, ce qui est une aberation en matière de méthode historique.

Enfin, VRS prétend conclure «pour les discours d’Himmler», ce qui est un comble dans la mesure où le second discours est à peine effleuré, et de quelle manière… VRS assène une fois de plus que PHDN a menti, mais on n’a toujours pas vu l’ombre d’une citation précise émanant de PHDN qui aurait fait l’objet d’une démonstration rigoureuse qu’il s’agirait d’un mensonge, d’une tromperie délibérée. Finalement, à part falsifier très grossièrement deux discours d’Himmler, VRS n’effectue aucun réel travail de réfutation argumentée et le contenu de notre page consacrée à la signification de Ausrottung n’est même pas abordé!

Conclusion

Un mensonge ou une falsification négationniste s’énonce en une phrase. Il en faut vingt pour le réfuter. Asséner une contre-vérité, ignorer la masse documentaire, la convergence et la cohérence des preuves, c’est non seulement un travail d’escroc mais aussi un travail de feignant (volontaire). Aucune des prétendues critiques adressées à PHDN par VRS ne tient la route. Aucun «mensonge» de PHDN n’a été mis au jour. Au contraire, ce sont les négationnistes Reynouard & Co qui mentent sciemment, falsifient crûment les documents et prennent soin de passer sous silence l’énorme corpus documentaire qui illustre la volonté et la réalité de l’extermination des Juifs par les nazis. Pour effectuer concrètement ce constat, il aura hélas été nécessaire de procéder au décorticage et à l’analyse des procédés négationnistes. C’est une opération finalement aisée sur le fonds (il suffit de puiser dans les documents), mais qui requiert de la minutie et surtout est démesurément longue. Nous sommes persuadés qu’aucun sympathisant négationniste ne prendra la peine de lire la présente page et de comparer réellement les stupidités et les malhonnêtetés de VRS avec le contenu de PHDN et les documents. Nous espérons néanmoins que cette étude mettra en garde les personnes de bonne foi qui seraient tentées de croire des propos négationniste: même lorsqu’ils ne font pas l’objet d’une réfutation en bonne et due forme, il s’agit toujours de falsifications plus ou moins perverses. Quant à ceux qu’auraient pu gêner les «critiques» de Reynouard et sa bande, ils pourront renvoyer leurs interlocuteurs à la présente page.  



 

Addenda 2015

Fabrice Nouyrigat a longtemps travaillé avec Vincent Reynouard. En 2015, nous avons eu un long échange par mail. Il nous a confié avoir été amené pour des raisons à la fois éthiques et personnelles, qu’il ne nous appartient pas de divulguer, à reconsidérer sa position et son militantisme relatif à la réalité du génocide des Juifs. Fabrice Nouyrigat nous a autorisé à citer cet extrait:

«Tout cela m’a logiquement et inéluctablement conduit à regarder avec un oeil de plus en plus distant, défiant et critique le bien fondé des thèses dites "révisionnistes" et j’ai donc commencé à étudier de bien plus près tout ce qui les combattait. J’ai donc eu l’honnêteté de lire dans son intégralité l’étude que vous avez consacré en 2012 (que je n’ai découvert que dernièrement) contre Vincent Reynouard et moi et intitulée Les "critiques" adressées à PHDN par Reynouard et ses sbires, ainsi que la réponse d’un internaute à V. R. concernant la chimie et la contre-expertise de Cracovie: Reynouard gros gros mensonges sur le bleu de Prusse et l’HCN, dont voici le lien: http://pastebin.com/ur9qvkZe. J’avais déjà été ébranlé au téléphone lorsque, après avoir suggéré à Vincent Reynouard de faire une vidéo contre le Dr en chimie Richard Green, il m’avait avoué n’avoir pas les compétences en chimie afin de répondre au Dr Green. Stupéfait après avoir raccroché, je me demandais bien comment V. R. pouvait bien alors qualifier le "Rapport Rudolf" d’irréfutable… mais le mécanisme de la "désintoxication négationniste" étant engagé en moi, la seule réponse valable à mes légitimes interrogations ne pouvait être que la vérité n’étant pas dans le camp de V. R. et autres (Faurisson - que j’ai connu brièvement un temps - Guilaume, Mattogno, Leuchter, Rudolf, Graff, etc.), il ne pouvait être dans celui de ce qui les combat, c’est-à-dire, la démocratie, les historiens de métiers,[…] et bien entendu votre site que je me suis mis à lire avec un regard entièrement neuf, ce qui signifie désembrumé de la rhétorique pro-fasciste et négationniste que j’adoptais jusqu’alors.»

Fabrice Nouyrigat nous affirme en avoir tiré les conséquences logiques et avoir renoncé à ses convictions et à son militantisme négationnistes. Nous ne doutons pas un instant de sa sincérité.

Ajoutons que le pastebin mentionné a fait l’objet d’une adaptation publiée désormais sur PHDN.


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